sur les secrets d'état
L’intégralité du texte du serment des ministres
Je jure fidélité, loyauté et dévouement au Président de la République qui, en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m’a gratifié de sa confiance et m’a confié des responsabilités au sein du Gouvernement. Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serai amené à être dépositaire dans le cadre de mes fonctions. Et notamment la substance des délibérations du Conseil des ministres ou des Conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions. Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et biens de l’Etat dont j’aurai la responsabilité et de servir la Nation avec désintérêt et dévouement. »
WALFAJRI ;
Prestation de serment au palais : L'acte de soumission du gouvernement au président de la République
Hier, les membres du gouvernement dirigés par leur capitaine sont passés devant le président de la République pour prêter serment et faire ainsi acte d’allégeance au chef de l’Etat. Ils ont juré fidélité et dévouement à Me Wade et se sont engagés à garder les secrets d’Etat et à bien gérer les deniers publics à eux confiés.
Chose inédite ou pour le moins rare dans nos Etats, le gouvernement de la République du Sénégal a prêté serment, hier, devant le président de la République. Plus qu’un serment, il a fait acte de soumission au chef de l’Etat, devenu ainsi un élément de droit divin auprès de qui le Premier ministre et son équipe ont fait du djebëlu (acte d’allégeance). Comme dans un tribunal, tous les ministres, à l’exception de Cheikh Tidiane Gadio absent du pays, ont collectivement dit, la main levée, “Je le jure” à la suite de la lecture, par le Secrétaire général du gouvernement, du texte de serment.
Lequel était ainsi libellé : “Je jure fidélité, loyauté et dévouement au président de la République qui, en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m’a gratifié de sa confiance et m’a confié des responsabilités au sein du gouvernement. Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serai amené à être le dépositaire dans le cadre de mes fonctions et notamment la substance des délibérations du Conseil des ministres ou conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions. Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et biens de l’Etat dont j’aurai la responsabilité et de servir la nation avec désintérêt et dévouement”.
Ils n’auront prêté serment de soumission ni sur le Coran, ni sur la Bible, ni sur la Constitution. Ils l’ont fait sur le nom du président de la République qui pousse ainsi le culte de la personnalité à un niveau qu’il n’avait jamais atteint sous nos cieux.
Expliquant les raisons d’une telle initiative, le président de la République soutient que ‘tous les secrets d’Etat ne sont pas bons à divulguer sur la place’. Selon lui, ‘c’est pour mettre fin à tout cela - parce que l’engagement par un serment a des conséquences et la violation de serment est punie par la loi. Et les ministres ne sont pas au-dessus des lois’. Et Me Wade de mettre en garde quiconque trahirait son serment. Ce cas de figure pourrait même coûter au contrevenant son poste ministériel. Le fait de ne pas respecter son engagement peut, selon Me Wade, ‘donner lieu à des sanctions, je ne dirai pas administratives mais gouvernementales’. Pour lui, ‘il faut que les gens apprennent à garder les secrets’. Et le locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor de confier qu’’il fut des temps où, au moment où on délibérait, les radios diffusaient ce qu’on était en train de se dire parce que certains avaient leurs radios dans les poches, et nous le savons mais en principe tout cela c’est fini’. De l’avis du président Abdoulaye Wade, le travail gouvernemental requiert du sérieux et beaucoup de rigueur. ‘Qu’on sache que nous gérons une Nation, nous gérons des vies humaines, nous gérons des citoyennes et des citoyens qui ont leurs sensibilités et qu’on peut animer ou aiguillonner dans un sens ou dans un autre simplement sur la base de déclarations’, explique-t-il.
Commentant cette prestation de serment, un cadre de la présidence trouve qu’il est important que les premiers responsables de l’Etat, en l’occurrence les membres de l’Exécutif, aient une haute idée de leur mission. Selon lui, les actes que ces derniers posent quotidiennement doivent être conformes aux exigences de la République. Concernant le devoir de réserve exigé, dorénavant de chaque membre du gouvernement, notre interlocuteur est d’avis que la mesure vient à son heure parce que, soutient-il, “il est anormal que des ministres censés être des hommes d’Etat en se gardant de certaines déclarations se mettent à livrer des secrets d’Etat à tout bout de champ”. Et notre interlocuteur d’espérer qu’en sortant de la salle des banquets hier, les ministres du gouvernement auront davantage conscience des exigences de leur fonction. Autrement, dit-il, se reférant aux propos de Wade, ‘la porte de sortie est tout près puisqu’il n’est plus question pour le président d’admettre n’importe quoi’.
Aguibou KANE
Sénégal: les ministres ont prêté serment pour garder les secrets d'Etat22 Juin 2007 16:50 heure de DakarDAKAR (AFP)-Les ministres sénégalais ont prêté serment devant le président Abdoulaye Wade, une première dans l'histoire du Sénégal, lors d'une cérémonie où ils ont juré de garder les secrets d'Etat et de bien gérer les deniers publics, a appris l'AFP vendredi auprès de la présidence.
"Je jure fidélité, loyauté et dévouement au président de la République, qui en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m'a gratifié de sa confiance et m'a confié des responsabilités au sein du gouvernement", ont dit en choeur, jeudi soir, les 37 membres du gouvernement, selon le texte transmis à l'AFP."Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serai amené à être le dépositaire dans le cadre de mes fonctions et notamment la substance des délibérations du Conseil des ministres ou des conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions", ont-ils poursuivi."Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et biens de l'Etat dont j'aurai la responsabilité et de servir la Nation avec désintérêt et dévouement", ont-ils ajouté, en levant la main droite, selon des images de la télévision publique sénégalaise.Cette prestation de serment s'est déroulée au Palais présidentiel, devant le chef de l'Etat sénégalais, après la formation lundi de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par l'ex-ministre du Budget, Cheikh Hadjibou Soumaré"Etant donné la fuite des délibérations du Conseil des ministres et des conseils interministériels, nous sommes obligés de demander à tous les membres (du gouvernement) de jurer", a indiqué le président Wade, 81 ans, récemment réélu pour un mandat de cinq ans."Un Etat vit de ses secrets, (...) on ne peut pas comprendre que dès la fin des délibérations, la presse raconte ce que nous nous sommes dit. Les secrets d'Etat ne sont pas bons à publier sur la place publique", a-t-il dit, avant d'annoncer des sanctions contre les ministres qui violeront ce serment.C'est la première fois que des ministres prêtent serment depuis l'indépendance du pays en 1960, selon plusieurs juristes. En vertu de la constitution sénégalaise, cette disposition ne s'appliquait qu'au chef de l'Etat.
CHRONIQUE DE BABACAR JUSTIN N DIAYE Génération des conquérants
Article Par BABACAR JUSTIN NDIAYE,
Paru le Vendredi 22 Juin 2007
Si le philosophe n’avait pas enseigné que « le verbe est là pour masquer la pensée », on aurait pris pour des extraits de la Bible, le communiqué de la présidence de la République qui bannit toute propension à propulser un dauphin au sommet de l’Etat.
Mais avec un leader féru de stratégie politique, comme Abdoulaye Wade, les démentis les plus abrupts rendent les doutes plus bruts. Me Wade qui est plus malin qu’une section de sioux des armées indiennes, a un parcours censé lui apprendre qu’en politique, dès qu’on sort de l’ambiguïté, on meurt. Avant l’épisode vrai ou imaginaire des conversations Wade – Karim – Sarko de l’Elysée, on a eu sous les yeux, un fait très expressif. Tenez : au lendemain d’une campagne électorale triomphalement bouclée par Macky Sall et pour Abdoulaye Wade, le Président fraîchement réélu, tresse une couronne de fleurs autour de la tête de Karim (non membre du directoire de campagne), dévoile le cursus de son fils, souligne ses performances professionnelles et vante l’ampleur de ses relations internationales singulièrement tissées dans les pétromonarchies du Golfe. Ambiance totalement surréaliste mais lourdement significative : durant la conférence de presse, le Président a parlé abondamment de Karim, absent des corvées électorales, et très peu de Macky Sall qui, en vingt et un jours, a écumé toutes les provinces du Sénégal. Et dès la réélection de Wade qui a retenti comme une sorte de signal, la Génération du concret qui était dans les limbes, s’est installée gaillardement sur le haut du pavé : interview fleuve de Karim à la Rts, obtention du récépissé et belles constructions théoriques (en guise de bréviaire) du très fertile d’esprit Cheikh Diallo, le « concrétologue » ou idéologue de la fameuse Génération. Bref, la Génération du concret – et des conquérants du Pouvoir – a pris son envol du nid présidentiel et commencé son ascension vers le sommet. L’atteindra-t-il avec ou sans le soutien de Wade ? Ce qui frappe de prime abord, c’est le bégaiement d’une certaine Histoire qui cherche furieusement à se répéter à travers le culte de la dissimulation bien partagée entre le PDS, hier, et la Génération du concret, aujourd’hui. Faut-il rappeler que la formation libérale était originellement un parti de contribution puis un parti de combat et enfin un parti de conquête. Manifestement, les animateurs de la Génération du concret veulent être concrets dans le béton (les infrastructures) concrets dans le compagnonnage politique (les mouvements de soutien subtilement suscités ou spontanément opportunistes) et concrets dans la conquête du pouvoir au moyen d’une botte secrète – électorale ou institutionnelle ? – soigneusement cachée. Sous cet angle, le gouvernement de Cheikh Aguibou Soumaré apparaît, à la fois, comme une équipe de travail chargée d’adoucir la demande sociale et un commando politiquement projeté à l’avant, pour tenir une tête de pont puis chauffer la place, en attendant le débarquement du bataillon de la Génération du concret. Mais le hic, c’est que l’Histoire ne se répète pas. Elle fait plutôt des culbutes, de terribles galipettes ou cabrioles. Et malheur à ceux qui ne seront pas solidement accrochés à ses flancs par la ceinture de l’expérience. Il faut vraiment être le premier adhérent au Club des cancres, le fondateur du Cercle des écervelés ou un pionnier de la Génération des crétins, pour s’efforcer de loger le Sénégal à la même enseigne que le Congo et le Togo. Comment, à titre d’exemple, un homme comme Iba Der Thiam qui a payé de sa personne, du long combat pour l’approfondissement de la démocratie et l’éclat des institutions républicaines (il a obtenu son bac en prison) peut-il souscrire à une évolution politique qui – quel que soit le degré de perfectibilité imprimé à la formule – n’en dégagera pas moins, une odeur pestilentielle de duvaliérisme. Certes, on ne fait pas de politique avec de la morale et de l’esthétique; mais il y a des politiques sans charme. De ce point de vue, on peut rappeler que l’article 35 qui n’était pas un chef d’œuvre de schéma démocratique de succession, loin s’en faut, n’avait pas profité à Adrien Senghor mais plutôt à Abdou Diouf non natif de Joal. Le second péché que traîne la Génération du concret, est d’ordre théorique. En effet, les connotations principalement ou subsidiairement biologiques fondent mal une politique. La génération n’est pas une panacée. Par conséquent, aucune génération n’a le monopole de l’efficacité et de la performance. Le Général De Gaulle qui a tiré la France de l’ornière, en conduisant habilement la décolonisation, en créant le nouveau franc et en dotant son pays de la bombe nucléaire, est revenu au pouvoir à l’âge de 68 ans. Antoine Gizenga, ancien compagnon de Lumumba puis de Pierre Mulélé et Che Guevara dans la jungle congolaise en 1960, est aujourd’hui à 80 ans, le Premier ministre de son petit fils Joseph Kabila. Mieux, la vocation des générations n’est pas de se cloisonner ni de se télescoper. Elles doivent se passer le relais sur le pont des expériences emboîtées. Si le savoir-faire de la Police française est si légendaire, c’est parce qu’elle a de qui tenir : Joseph Fouché et Raymond Marcellin ayant été tout au long de l’Histoire, les meilleurs ministres de l’Intérieur de l’Hexagone. Et sans Metternich, on n’aurait pas eu Kissinger. Dans le même ordre d’idées, ose-t-on placer Me Lamine Guèye (maire de Dakar) dans la Génération de l’abstrait, lui qui a octroyé des bourses municipales à l’instituteur Abdoulaye Wade, au comédien Douta Seck et au futur directeur de Dakar- Marine, Faly Bâ. Bien entendu, la république démocratique qui est aux antipodes de la dynastie, ne crucifie nullement les ambitions des fils de Princes (avec ou sans guillemets) en les vouant à l’inéligibilité. Au contraire ! Mais elle récuse farouchement toute astuce institutionnelle ou tout suffrage biaisé. Et pour veiller sur cela, vivement que la Génération des cerbères, véritables gardes-chiourmes des institutions, se manifeste avec toute la vigilance requise afin de surveiller le gardien de la Constitution. D’autant qu’avec une caisse noire, un décret et une armée, toutes les ambitions politiques prennent corps sur une grande partie du continent. Mais gare aux accouchements aux forceps qui ont parfois valeur d’enterrements. Car le bébé mort-né franchit, comme un météore, la courte distance entre la maternité et la morgue. Sans le moindre doute, le génie sénégalais peut trouver mieux que la recette abrutissante de Gnassingbé Eyadema. Autrement dit, le Sénégal peut éviter le chemin qui mène de l’Etat-nation à l’Etat-maison voire l’Etat-potager.
LE QUOTIDIEN :
CEREMONIE - Solennité, allégeance et atmosphère pesante : Tous les honneurs à… l’empereur Wade
Il ne restait que le Coran ou la Bible pour que la cérémonie boucle sa solennité. Le corps diplomatique, les institutions de la République et la Magistrature ont été conviés pour être des témoins de la prestation de serment des ministres devant Me Wade. Une cérémonie à l’atmosphère pesante, aux allures d’une tyrannie presque monarchique.
«Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres d’Etat, messieurs les ministres, je vous invite à vous lever.» Ainsi, la voie tremblante de la secrétaire générale du gouvernement annonce le début de la prestation de serment des membres du gouvernement. Les ministres, disposés en deux blocs séparés à gauche de la Salle des banquets de la Présidence de la République, s’éjectent de leurs chaises, ajustent leurs vêtements et se tiennent droit comme des poteaux sur leurs jambes. Un silence pesant envahi la salle sous le regard attentif du chef de l’Etat. Me Wade trône majestueusement sur un fauteuil tapissé en blanc et orné de bois rouge. Il fait face à l’entrée principale de la salle. Derrière le chef de l’Etat, se dresse un mât qui supporte le drapeau national. Et à sa droite, sont installés un autel et une petite table basse.
Les regards des ministres sont tournés vers la secrétaire générale du gouvernement qui poursuit son speech : «Je donne lecture du serment que vous aurez à prononcer tout à l’heure.» L’ambiance devient plus mortelle au fur et à mesure que les mots de la dame résonnent dans les baffles installés aux quatre coins de la salle. Sa lecture du serment terminée au bout de quelques petites minutes, la secrétaire générale du gouvernement donne la prochaine séquence de la cérémonie : «Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres d’Etat, messieurs les ministres, je vous invite à lever collectivement la main droite et à déclarer : «Je le jure.» Le bataillon du Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, qui se tient devant, s’exécute. Les paumes des membres du gouvernement sont exhibées. Le mouvement visuel est accompagné d’un concert de voix. Les unes rauques et les autres aiguës, elles entonnent en chœur : «Je le jure». Dernier ordre de la secrétaire du gouvernement : «Vous venez apposer votre signature sur le document qui valide votre serment ! Vous saluez le président de la République avant de vous retirer !» Le Premier ministre passe le premier et se tient debout à côté du chef de l’Etat. Et les autres ministres de griffonner une double signature, à l’appel de leurs noms, sur des documents posés sur la table à droite de Me Wade à qui ils serrent la main respectueusement. De cet exercice, la secrétaire générale, jusque-là préposée au micro, n’est pas épargnée. Elle s’annonce après un long échange entre Wade et son protocole, et quitte la salle. Me Wade salue l’assemblée. La séance est terminée sous des applaudissements.
La Salle des banquets de la Présidence de la République a été aménagée pour l’évènement. Le tapis rouge qui dessine le chemin des invités sent le neuf. Et l’air frais de la climatisation embaume la salle disposée pour la circonstance exceptionnelle, en une sorte de demi-cercle. Les membres du corps diplomatique accrédité au Sénégal, invités à cette cérémonie de prestation de serment, occupent une partie à droite de la salle. Pendant que l’autre partie est réservée au bureau de l’Assemblée nationale conduite par son tout nouveau président, Macky Sall, confortablement assis sur sa chaise. Le désormais ex-Premier ministre discute aisément avec la présidente du Conseil constitutionnel, Mireille Ndiaye.
Juste derrière ces personnalités, se dresse la rangée des autres magistrats comme Abdou Bame Guèye de la Cour des Comptes, l’ancien procureur Abdoulaye Gaye et d’autres personnes qui forment la crème de la famille judiciaire. Les ministres leur font face, en deux blocs, derrière lesquels sont installés les journalistes et les autres invités composés des membres du service privé. Il est dix-sept heures passées de plus d’une demi-heure, quand le protocole annonce l’arrivée du président de la République. Les honneurs lui sont rendus dans une salle où tout le monde se tient debout. Me Wade, dans son costume sombre, s’élance vers l’autel, prononce son discours et s’installe sur son trône. A peine les applaudissements, qui lui sont gratifiés, estompés que le Premier ministre est annoncé au micro. Il revient sur le bilan de Wade après son premier septennat et fait des engagements au nom de l’équipe gouvernementale. Avant que la secrétaire générale du gouvernement ne passe aux séquences qui forment la prestation de serment.
Serment
Je jure fidélité, loyauté et dévouement au président de la République, qui, en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m’a gratifié de sa confiance et m’a confié des responsabilités au sein du Gouvernement.
Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serais amené à être le dépositaire dans le cadre de mes fonctions, et notamment la substance des délibérations du Conseil des ministres ou des Conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions.
Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et biens de l’Etat dont j’aurai la responsabilité et de servir la Nation avec désintérêt et dévouement.
Ndiaga NDIAYE
MINERVE - Le roi, le quinquennat et l’héritage
Un mandat d’incertitudes, de faits graves, de mesures exceptionnelles… Le quinquennat du Président Abdoulaye Wade, et c’est clair maintenant, est parti pour être ce qu’il y a de plus problématique et dangereux de l’histoire politique du Sénégal. Il se prépare des choses dans notre pays. Quoi ? L’avenir, peut-être proche, le dira. A ce moment-là, il sera sans doute trop tard. Mais dès à présent, il faut ouvrir grands les yeux et refuser les postures interrogatives naïves par rapport à ce qui pourrait se passer. Ni superfétatoire, ni farfelue, l’inédite prestation de serment imposée aux ministres de la République par le chef de l’Etat est un acte politique d’allégeance comme on n’en voit que dans les monarchies, empires, émirats…Au sortir de la cérémonie d’hier organisée à la Salle des banquets du Palais présidentiel, en présence des représentants des grandes institutions de la République et des membres du Corps diplomatique, nos ministres ne peuvent plus se réclamer hauts fonctionnaires, cadres politiques ou experts dans leur domaine respectif. Par la force d’une inventivité dévoyée et d’un esprit gâteux, ils sont désormais des sujets du roi empêtrés dans une logique d’enfer où la «haute politique» finira par les transformer en soldats d’une cause qui les dépasse et dans laquelle ils acceptent, d’avance, de se comporter en figurants.
L’extrême solennité dans laquelle s’est tenue la cérémonie est là pour nous dire que le texte du serment, totalement inopérant, n’est qu’un gros prétexte pour préparer des mesures secrètes bonnes à ne pas être sues de l’opinion, et qui vont engager le devenir de l’Etat, de la République et de la Nation. Le devoir d’omerta et de bonne gouvernance que l’on tente d’inculquer aux ministres-sujets ne peut être la vraie bonne raison à cette mesure impériale de Abdoulaye Wade, car la mesure, en elle-même, n’a pas de sens. Qu’est-ce qui peut retenir un ministre victime d’injustice flagrante de dire sa peine, d’une manière ou d’une autre, à travers les canaux insoupçonnés de la presse ? Si c’est tant la bonne gouvernance qui intéresse le président de la République, le Code des marchés publics aurait été promulgué bien plus tôt et sans la pression du secteur privé et des bailleurs de fonds internationaux, et une déclaration de patrimoine généralisée aurait été évidente pour tous ceux qui doivent y être soumis. Or, de cette déclaration de patrimoine, le Président Wade lui-même n’en parle jamais. Sa fortune, si fortune il y a, reste un grand mystère. Les biens supposés de sa famille, tout le monde en pipe mot, mais personne n’est capable d’en montrer le début ou la fin. Bon nombre de ses collaborateurs ne savent plus ce que signifie tirer le diable par la queue. Son fils, Karim Wade, est impliqué dans des projets financièrement très lourds en vigueur dans le pays… A quel serment est-il lié pour ne pas être irresponsable, demain, de turpitudes éventuelles ? On a encore en mémoire le jeu de yo-yo chiffré auquel le chef de l’Etat s’est livré quand il s’est agi de dire l’origine et le montant des frais de réparation de l’avion présidentiel…
C’est vers d’autres horizons qu’il faut orienter le regard pour comprendre ce qui s’est passé, hier, au Palais de la République. Quand on «dépeuple le monde» autour de soi, qu’on «nivelle tout» autour de soi et qu’on devient «infidèle à l’homme par fidélité» à soi-même, on se construit un destin tragique dans lequel sa famille est particulièrement présente. Ainsi était Caligula. Pour ce quinquennat, Wade nous prépare des choses et il appelle ses ministres-sujets à devenir des… «collabos» pour un ordre… nouveau.
Momar DIENG -
JUSTIFICATION - Pertinence et finalité de la prestation de serments : Lame impériale sur la langue des ministres bavards
Me Wade ne veut plus que les délibérations et décisions prises en Conseil des ministres soient distillées dans la presse. C’est l’explication qu’il a donnée pour justifier l’institution de la prestation de serment aux membres du gouvernement. Et de prévenir sur les sanctions qu’encourt tout ministre qui viole son serment.
La décision de faire prêter serment aux membres du gouvernement, seul le président de la République, qui en a eu l’idée, peut en justifier la pertinence et la finalité. C’est à la fin de la cérémonie que Me Wade a donné ses explications. Quelles se justifient par l’existence de fuites «des délibérations du Conseil des ministres et des conseils interministériels», explique Me Wade. «Je suis obligé de demander à tous les membres de jurer qu’ils garderont les secrets professionnels. J’ai beaucoup parlé dans le passé, mais en vain. C’est ainsi que j’en ai fait une loi en prenant un décret», se désole-t-il.
Selon le chef de l’Etat, «un Etat vit de ses secrets. Mais, ce n’est pas possible que, dès la fin de nos rencontres, que la presse raconte ce que nous nous sommes dit. Il faut que les gens apprennent à garder des secrets. En un moment donné, au moment où on délibérait, les radios diffusaient ce que nous étions en train de nous dire. On savait tout cela (sic, parce que des ministres avaient des radios dans leurs poches». Et de raisonner que «tous les secrets d’Etat ne sont pas bons à divulguer sur la place publique. C’est pour mettre fin à cela». Le projet semble être bien pensé, en ce sens que le Président Wade rappelle que «l’engagement par un serment a des conséquences». «La violation des serments est punie par la loi et les ministres ne sont pas au dessus des lois. En plus, cela peut engendrer des sanctions gouvernementales», prévient-il. Tout en espérant que «tout cela est fini, en principe, parce que toutes les violations seront sanctionnées».
De l’avis de Me Wade, «il faut qu’on travaille avec du sérieux et qu’on sache qu’on gère une Nation. Nous gérons des vies humaines, des citoyens et des citoyennes et leurs sensibilités ne doivent pas être aiguillonnées dans un sens ou dans un autre simplement sur la base d’une déclaration».
Autre raison de l’institution de la prestation de serment des ministres, «c’est la qualité des ministres du nouveau gouvernement. Je ne peux pas dire que l’actuel Premier ministre est meilleur que les autres, mais chacun arrive à une époque déterminée et lui (le Premier ministre) est en phase avec son époque». Me Wade fonde son propos sur le profil de Hadjibou Soumaré qui est «un économiste, un financier, ce que je ne peux pas exiger des autres. Mais, si vous êtes du métier, dans beaucoup de choses, vous pouvez réagir instantanément sans le risque de vous tromper». «Mais, s’il faut apprendre tout cela, c’est trop long et il y a toujours le risque de commettre des erreurs.» D’après le chef de l’Etat, les problèmes les plus importants du moment sont «les problèmes économiques et financiers», parce que «nous avons largement dépassé les problèmes d’organisation et des considérations politiques pour le Sénégal». Et de jurer : «La politique fait perdre du temps. On a voté, les institutions sont en place ; ce qu’il faut, c’est la grande bataille économique, financière, la bataille des idées.» C’est fort de cette certitude que le président de la République a «mis en place ce gouvernement composé d’hommes et de femmes de profil élevé et une expérience dans la pratique». Et Et comme dans un défi, de lancer : «Vous les verrez dans la pratique.»
Ndiaga NDIAYE
Hadjibou dans la longue marche vers le Sénégal de demain
Hadjibou Soumaré, en accédant au poste très convoité de Premier ministre de la République du Sénégal, les dés sont jetés et vous êtes le cinquième Premier ministre sous l’ère de l’alternance : le Sénégal vous attend, le monde vous observe et l’histoire est témoin. Pour vous, c’est un rêve devenu réalité ou alors l’opportunité d’écrire les plus belles pages de l’histoire des locataires de la Primature pour qui cette institution n’est pas un legs mais ils en sont simplement les dépositaires
Le moment est venu pour vous d’avoir de l’imagination, pour bien conduire la politique de la nation, concilier les exigences citoyennes et la poursuite de l’intérêt général dans un pouvoir dit du peuple, pour le peuple et par le peuple.
Le moment est venu d’avoir de l’imagination pour garantir la liberté et la démocratie et créer les conditions d’épanouissement de tous les talents de la nation. Ce qui conduira notre cher Sénégal vers cette émergence économique qui loin d’être une utopie, est un rêve réalisable. Mais cela ne sera fera que dans la cohésion, dans l’expression de la commune volonté de tout un peuple à aspirer à des lendemains meilleurs.
C’est le moment d’avoir de l’imagination, de nous édifier sur votre vision propre, de fixer clairement les objectifs de développement, de dégager une véritable dynamique de croissance venant s’ajouter et continuer celles qui sont déjà définies dans la stratégie de croissance accélérée, élaborée par le patronat et les acteurs de l’économie nationale.
C’est le moment d’obliger votre équipe à intervenir pour tirer l’oreille du Sénégal, et de ces citoyens qui ne respectent pas cette dynamique. Ce sera la procédure de coercition vis-à-vis des mauvais élèves qui s’applique, et vous, en toute légitimité, de les mettre en demeure pour contraindre votre gouvernement et les citoyens à se conformer à la «enduring success» nécessaire au Sénégal de demain.
Le moment est venu d’avoir de l’imagination et d’inscrire toutes nos actions dans une dynamique de reprise des «best practices» ou meilleures pratiques, d’intelligence économique et de conformité aux standards de développement internationalement reconnus.
Votre rôle sera de permettre au Sénégal de ne pas rater ce grand tournant de l’histoire marqué par la globalisation libérale, par l’ère de l’information, par l’accélération de la vitesse des échanges et par les nombreuses autres mutations.
Sur les plans de l’économie, de l’éducation, du social, des projets organisationnels majeurs dans le domaine public et des initiatives privées, vous devez avoir de l’imagination.
Vous devez en avoir, car la crise énergétique est l’une des priorités parmi «les plus prioritaires», au point de déformer notre «un peuple, un but, une foi» en un «eau, électricité, gaz» et pourtant une politique de bioénergies est chez vous un alternative pour remplacer le pétrole devenu très rare. Cette situation est particulièrement regrettable, dès l’instant où les biocarburants ont un rôle important à jouer dans la politique publique en matière de transports et d’énergie. Ceci pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et la dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole, les biocarburants vont énormément apporter au Sénégal, surtout quand l’agriculture, malgré les milliards injectés est mal en point. On espère donc que votre gouvernement va enfin se montrer audacieux sur ce dossier. On pourrait, par exemple, autoriser les Pme à se lancer dans ce créneau, car le secteur de l’énergie semble être une chasse beaucoup trop bien gardée au Sénégal.
Le moment est venu d’avoir de l’imagination, car sur le plan de l’éducation et de la recherche, il faudra affecter et encore allouer plus de ressources, de subventions pour les chercheurs et la construction d’infrastructures scolaires, universitaires de nouvelle génération. Ainsi tenir compte des enjeux liés à l’introduction des technologies de l’information avec l’enseignement à distance et la coopération inter-universitaires. La politique de la formation doit être adéquate aux exigences emploi/compétences conformément aux besoins actuels et futurs de nos entreprises mais aussi aux tendances du monde de l’emploi de demain. Sur le plan de la recherche toujours, il faut une plus grande participation des entreprises notamment celles des secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie ou du développement d’applications informatiques, à celles-là il faut ajouter l’introduction d’une politique de mobilisation de fonds appelés «capital risque» pour l’émergence de start-up capables d’exploiter les inventions et les multiples brevets à l’image des pôles comme l’Inde ou la Silicon Valley.
Le moment est venu d’avoir de l’imagination et de mettre en place sur le plan social un véritable Etat Providence qui doit se fera sentir dans le cadre de la politique de subvention des denrées de première nécessité pour soutenir la ménagère. Car l’on est certes dans la logique de l’économie de marché mais rappelons simplement qu’à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle et que bon nombre de pays ont du recourir à Keynes que ce soit pendant la crise économique dans années trente pour l’Europe ou la lutte contre la pauvreté aux Etats sous Lindon B. Johnson. Sur le plan de la santé et de l’hygiène, nous ne voulons plus une santé à plusieurs vitesses mais une santé pour tous, avec un accès égal aux soins pour tous les usagers des services publics de santé et une politique de prévention des grandes endémies.
Le moment est venu d’avoir de l’imagination sur le plan politique et vous devez veiller au traitement impartial de tous les acteurs de la vie politique pour donner plus de gage à notre démocratie, et favoriser le dialogue sur les questions d’intérêt national. Vous devez aussi ouvrir périodiquement des débats nationaux sur les questions qui préoccupent la nation et nous inciter tous à la mobilisation autour de notre devenir commun. La justice doit, quant à elle, punir tous les coupables de crimes, délits et contraventions, pour une justice équitable au service de tous et de toutes sans discrimination de classe sociale, de sexe, de race, ou de confrérie.
Plusieurs autres secteurs doivent aussi connaître des réformes majeures eu égard aux réalités sénégalaises, à la conjoncture économique, aux standards internationaux, aux influences extérieures, aux mutations sociopolitiques et généralement à l’ordre mondial nouveau.
Le moment est venu pour vous d’avoir de l’imagination d’une manière globale pour bien conduire vos troupes, booster votre équipe gouvernementale, créer une mobilisation nationale autour d’un projet de construction nationale pour bâtir un Sénégal fort. Un Sénégal fort dit-on vis-à-vis de nos voisins avec une véritable politique de défense économique basée sur une veille environnementale et une intelligence territoriale pour donner à tous nos concitoyens les guides nécessaires à leur avenir (les métiers, opportunités et les perspectives de demain), à nos entreprises l’information nécessaire et les leviers stratégiques pour leur bonne santé économique et la croissance durable.
Cela permettra sans doute de capitaliser ensemble le pré-requis nécessaire au succès du Sénégal de demain. C’est donc le moment d’avoir de l’imagination.
Aboubacar Sadikh NDIAYE - Consultant / sadihhh@yahoo.fr
SUD QUOTIDIEN /
PRESTATION DE SERMENT
Les ministres jurent devant Wade
Hier, tous les chemins ont mené au Palais de la République du Sénégal où le maître des lieux, le Président Wade, a voulu réécrire l’histoire en imposant aux membres du nouveau gouvernement la prestation de serment.
GOUVERNEMENT WADE II
Notre montre affiche 16h. Le personnel du Palais, le service d’ordre, les conseillers du Chef de l’Etat conduisent les invités à la salle des Banquets où les ministres doivent prêter, pour la première fois dans l’histoire politique de ce pays, serment. Il faut montrer patte blanche pour y accéder.
Chemin faisant, la salle se remplit. Ministres, magistrats, officiers de l’armée, membres du corps diplomatiques, responsables politiques etc, ont pris place, attendant sagement « l’inventeur » de la prestation de serment des ministres au pays de Senghor, Ngalandou Diouf et de Valdiodio Ndiaye. Les chasseurs d’image étaient de la partie. Photographes et cameramen n’avaient qu’un seul souci : immortaliser l’instant pour la postérité. Les choses sérieuses vont bientôt commencer avec l’annonce du maître des lieux. Il s’adresse à l’assistance, puis revient largement sur les raisons qui l’ont poussé à former ce nouveau gouvernement, avant d’insister sur ses priorités.
Le Premier ministre prend à son tour la parole pour soutenir que le gouvernement qu’il a la charge de diriger a suscité beaucoup d’espoir chez des populations, éprouvées, faut-il le rappeler, par le coût de la vie. La toute nouvelle Secrétaire générale du gouvernement, Fatou Diagne est appelée à jouer le rôle presque de maître de cérémonie, invitant le Premier ministre et les membres du gouvernement à se lever. Elle se met alors à lire le texte de serment. A la fin, ils disent en chœur : « Je le jure », en levant la main droite.
Après le serment, les membres du gouvernement sont invités à signer un document, avant de serrer la main du Président Wade et de son Premier ministre.
CONTRIBUTION PROPOSITIONS D’AMELIORATION DU NOUVEAU CODE DES MARCHES PUBLICS
Article Par Ba Oumar Baba, Consultant Expert International,
Paru le Vendredi 22 Juin 2007
Malgré les éloges et soulagements notés çà et là, je me permets de ramer à contre courant et affirmer que le nouveau Code des marchés publics constitue certes une avancée sensible par rapport aux anciennes pratiques, il nécessite cependant des améliorations majeures afin de répondre aux nouvelles exigences. Entre la date de son élaboration et de sa mise en œuvre effective, il s’est écoulé cinq années. Durant cette période, beaucoup de changements ont été opérés et plusieurs améliorations ont vu le jour sur le plan international. Par exemple, le code des marchés publics français a été modifié à trois reprises lors des six dernières années (2001, 2004 et 2006) !
De par ma profession, je travaille sur divers projets d’infrastructures dans différents pays en Europe, en Asie et en Afrique. Le Code des marchés publics de ces pays constitue un des documents essentiels lors de mes prestations de services. Je me permets, à ce titre, d’essayer de partager cette modeste expérience en soulevant ici quelques propositions d’améliorations et de recommandations envisageables sur le nouveau Code.
ELARGISSEMENT DU CHAMP D’APPLICATION
Le champ d’application du nouveau code devra être révisé et élargi aux exigences des nouvelles formes de marchés comme les affermages, les concessions, les projets BOT, le partenariat public-privé, les projets Design and Build (conception - réalisation)…
PUBLICATION DES AVIS D’APPELS D’OFFRES
A défaut de mettre en œuvre un bulletin officiel dédié aux marchés publics, il serait judicieux de prévoir la mise en place d’un portail des appels d’offres publics consistant en un site Internet d’informations sur les marchés publics. Cet outil complètera la publication des avis sur la commande publique et favorisera encore plus le libre accès des soumissionnaires potentiels et la mise en concurrence.
TYPES ET MODES DE PASSATION DES MARCHES
Les différents types de marchés ne sont pas définis de matière satisfaisante. Par exemple, les marchés dits fractionnés (marchés à bons de commande, marchés à tranches fermes et conditionnelles), couramment utilisés dans d’autres pays et chez d’éminents bailleurs de fonds comme la Banque Africaine de Développement, ne sont pas mentionnés dans le Code. Ils sont utiles en particulier lorsque les quantités requises ou le rythme des besoins ne sont pas maîtrisables de manière précise, ou si les coûts globaux d’acquisition risquent d’être supérieurs à l’enveloppe financière disponible. Des garde-fous doivent naturellement être aménagés à cet effet pour contrecarrer d’éventuelles tentatives de fractionnement afin de respecter certains seuils spécifiés de passation de marchés.
Eu égard à certaines pratiques actuelles, il aurait par ailleurs été très utile de mentionner explicitement qu’il n’est pas autorisé de procéder à l’allotissement d’un marché unique durant la phase d’évaluation des offres. En outre, des types de marchés devenus désuets entre temps, en l’occurrence les marchés par adjudication, sont maintenus dans le Code.
La définition de l’appel d’offres restreint (article 48) peut conduire à des abus et à la discrimination. En effet, l’autorité contractante choisit elle-même les candidats qu’elle souhaite consulter en raison de la nature spéciale de la prestation. Il serait préférable de définir les modalités d’établissement d’une liste restreinte sur la base d’une présélection renouvelable périodiquement, afin de ne pas fermer la concurrence.
L’appel d’offre restreint doit plutôt être considéré comme le mode de passation de marché où seuls les candidats satisfaisant à des exigences préalablement définies par l’autorité contractante peuvent soumissionner. Certains codes de marchés exigent même la publication des listes restreintes pour atteindre un degré de transparence presque parfait.
REGIMES PREFERENTIELS
Le nouveau Code autorise, en ses articles 42 à 46, l’application de régimes préférentiels mais n’en fait malheureusement pas une exigence ! A l’instar de ce qui se pratique un peu partout dans certains pays, une marge de préférence pouvant aller jusqu’à 25% doit être accordée au produit d’origine sénégalaise et aux entreprises de droit sénégalais afin de stimuler un transfert efficace de technologies. Certains pays vont même jusqu’à exiger la fabrication d’équipements de haute technologie sur place, participant de la sorte à la création d’emplois et à la formation du personnel local. Ce fut par exemple le cas lors de l’attribution du marché de construction du Train à Grande Vitesse sud-coréen au français ALSTOM, avec comme exigence contractuelle, la fabrication de la grande partie des rames en Corée.
De plus, le texte des articles 42 et 43 est quelque peu maladroit et ne correspond pas à ce qui se fait de mieux en la matière. Il devrait être révisé afin de pouvoir inclure plutôt une « marge de préférence » d’un taux à définir dans le cahier de charges, le maximum possible étant fixé par le Code. Cette marge doit normalement être prise en considération dans le calcul de la note financière des offres et non comme décrit dans le nouveau Code.
OUVERTURE DES PLIS
Les termes du Code en son article 83 ne sont pas assez explicites. Il serait plutôt recommandable de spécifier que la date et l’heure d’ouverture des plis sont concomitantes de la date et de l’heure limites de remise des offres. Cette modification participerait à l’endiguement de toute tentative de manipulation.
EVALUATION ET COMPARAISON DES OFFRES
Le mode d’évaluation des offres est assez confus voire contradictoire en certains passages. Les procédures indiquées doivent être simplifiées pour plus de transparence. Il serait plutôt recommandé d’utiliser la méthode de la sélection basée sur la qualité et le coût. Ainsi l’appel d’offre devra garantir à la personne publique de retenir l’offre jugée économiquement la plus avantageuse en procédant à une pondération entre la qualité et le coût en fonction de la nature et de la complexité des prestations. La plupart des travaux d’infrastructures (ponts, échangeurs, autoroutes, chemins de fer, tramways, transport d’énergie, construction d’aéroports…) constituent des tâches d’ingénierie multidisciplinaires et complexes pour lesquelles les coûts ne doivent pas être le seul critère d’attribution.
Le nouveau Code fait par contre la part belle au « moins disant », c’est-à-dire le moins cher. Il serait plutôt recommandable de trouver un juste consensus entre les deux notions « moins-disant » et « mieux-disant ». Le choix par la règle du moins-disant entraîne assez souvent des surcoûts durant la phase de réalisation du marché initial et d’exploitation des installations (dépassement des délais contractuels, des budgets initiaux, non qualité, coûts de possession démesurément élevés…).
Pour ce qui est de l’évaluation des offres techniques, l’article 86 du nouveau Code n’est pas assez précis. La spécification dans le cahier de charges des critères d’attribution doit être plus explicite. Ces critères doivent être autant que possible objectifs et rigoureusement quantifiés dans le DAO. Il devrait aussi être mentionné dans le nouveau Code qu’aucune négociation avec les soumissionnaires n’est autorisée durant la période d’évaluation des offres.
ATTRIBUTION DU MARCHE ET AUTRES AVIS DE PUBLICATION
La procédure de désignation de l’attributaire du marché nécessite des améliorations afin que le nouveau Code se hisse au niveau de ce qui se fait de mieux en matière de transparence dans le monde. Il s’agira entre autres de prévoir :
- la publication d’un avis d’attribution provisoire du marché ;
- la mise en place d’un droit et d’une période de recours des soumissionnaires non retenus à l’encontre de la décision d’attribution provisoire ;
- la publication d’un avis d’attribution définitive du marché.
L’avis d’attribution à publier doit comporter toutes les données nécessaires à la justification de la sélection du soumissionnaire comme la note technique, la note financière, la note globale après pondération, le montant corrigé de l’offre financière, les délais d’exécution et tout autre élément essentiel pour le choix.
De même, le nouveau Code doit également prévoir, la publication :
- d’avis de prorogation de la date de remise des offres ;
- d’avis de présélection pour les appels d’offres en plusieurs étapes ;
- d’avis d’infructuosité si l’appel d’offres est déclaré infructueux ;
- d’avis argumenté d’annulation de l’appel d’offres ;
- d’avis de mise en demeure du titulaire du marché en cas de non respect des prescriptions contractuelles avant résiliation du contrat.
MEILLEUR ACCES DES PME/PMI AUX MARCHES PUBLICS
Notre pays ne pourra se développer sans une participation accrue des PME locales. Le nouveau Code ne résout pas le problème d’accès des entreprises sénégalaises en général et des PME/PMI en particulier, aux grands marchés publics. Différents ajustements (montants des cautions et des chiffres d’affaires exigés, temps de réponse à l’appel d’offres, coûts d’acquisition des dossiers, obligation de la mise en œuvre de la marge de préférence, obligation de sous-traitance locale, etc.) doivent être prévus afin de faciliter leur accès à la commande publique.
ADAPTATION DU CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL
Pour plus de transparence et d’équité, la mise en œuvre du nouveau Code doit aller de pair avec une adaptation du cadre juridique ainsi qu’une refonte institutionnelle en parfaite adéquation avec les modifications entreprises et en cohérence avec les législations supranationales en vigueur, notamment les dispositions de l’UEMOA et l’OHADA. De plus, il est impérieux de procéder à une amélioration et mise en place effective des organes de surveillance et de contrôle interne, externe et de tutelle.
On note par exemple une certaine faiblesse du nouveau Code dans le domaine de la définition claire de dispositions de lutte contre la corruption (et tentatives de corruption) et de gestion de contentieux au moyen de mécanismes idoines de recours indépendants et non hiérarchiques. Une possibilité de recours avant la remise des offres n’est pas explicitement offerte. Une telle procédure est cependant nécessaire pour faire face à divers cas de figures comme une orientation implicite des termes de référence ou un favoritisme manifeste d’un candidat lors de l’élaboration des spécifications techniques. Il serait ainsi indispensable de prévoir des recours et de définir les conditions de leurs règlements durant toute la phase de passation des marchés (avant la remise des offres, pendant l’évaluation des offres, après l’attribution provisoire, etc.) pour cause de non respect du code et/ou d’autres législations.
D’autres mesures efficientes d’accompagnement sont également nécessaires pour une bonne application du nouveau Code, notamment en termes de renforcement des capacités en matière de passation des marchés. Il n’y a, à ma connaissance, aucun cursus dans un établissement local menant à une carrière de spécialiste en passation et gestion de marchés publics. Il urge aussi de revoir la règlementation d’application en procédant à l’élaboration de documents généraux comme les Cahiers des Clauses Administratives Générales (CCAG) pour les différentes prestations (fournitures, travaux, études ou autres services) et les Cahiers des Clauses Techniques Générales (CCTG), fixant respectivement les dispositions administratives applicables à chaque type de marché et les prescriptions techniques applicables à toutes les prestations de même nature. Ces deux documents généraux sont complétés pour chaque appel d’offres par des dossiers particuliers (CCAP, CCTP), prenant en considération les spécificités du marché correspondant
CONTRIBUTION CES ETERNELS STAGIAIRES PROFESSIONNELS
Article Par IDRISSA TRAORE, Diplômé en Génie Chimique, Professeur d,
Paru le Jeudi 21 Juin 2007
Pourtant, ils ont voté dans l’espoir de voir pour la première fois l’horizon à travers les chantiers du PRESIDENT de la république.
Ils sont aujourd’hui, et des décennies durant, des milliers de diplômés de l’enseignement supérieur, à servir, de société en société, sous l’étiquette de stagiaires le plus souvent non rémunérés.
Les banques, les sociétés de prestation de service, les compagnies pétrolières, les institutions internationales, les sociétés dites multinationales de la place, les industries, les sociétés commerciales, les ministères et leurs démembrements, les hôpitaux, les centres et postes de santé, etc.…, tous se glorifient d’utiliser le plus grand nombre de stagiaires par an.
A voir leur CV, on est à la fois ébailli et épaté : BTS, Licence, Maitrise, Master, Ingénieur, DEA, certificats ou attestations de stages …, six mois de stages par-ci, six mois de stages par-là, ils y sont contraints pour ne pas rester à la maison. Ils sont les victimes des programmes d’ajustement structurel des années 1980. Que de générations sacrifiées !
Il est, aujourd’hui, urgent de penser à ces « VIEUX-JEUNES », à ces victimes innocentes de la société, à ces marchands ambulants, à tous ceux qui n’ont plus de repère et de référence.
Nous sommes tous interpelés. C’est pourquoi les expériences des banques de développement, des opérations maitrisards, de le Délégation à l’Insertion, à la Réinsertion et à l’Emploi (DIRE), du Fond National de Promotion des Jeunes (FNPJ), doivent nous amener à intégrer les politiques de l’emploi et de promotion des PME et PMI dans les programmes de décentralisation.
Les communes, les communautés rurales, les conseils régionaux doivent être structurés dans ce sens. Ils doivent constituer le fer de lance du développement local pour l’atteinte des OMD. Dès-lors la création d’un corps spécial en stratégies et développement s’impose. Il aura pour mission de recenser, de piloter, de gérer les projets, de contrôler, et d’assurer le remboursement des fonds dans les délais requis. Ainsi, les agents Expérimentés de la fonction publique seront les mieux indiqués pour assurer ce rôle. Ils assureront sur le terrain la formation permanente des futurs entrepreneurs et leur encadrement. La préférence sera accordée aux agents proches de la retraite (tout agent âgé de 54 ans peut y aspirer). Ils subiront une année de formation à l’ENA, à l’ENEA ou à l’ESP selon la filière choisie. A l’issue de cette formation, ils intégreront le corps et y travaillerons jusqu’à la retraite.
Pendant ce temps, chaque agent détaché recevra, en plus de son salaire, une indemnité spéciale et sera remplacé dans la fonction publique par un jeune diplômé dont il assurera la formation.
Le dépôt et la sélection des projets se feront au niveau des communes et collectivités locales sous le contrôle des agents du corps spécial. Toutes les initiatives de création d’entreprise seront favorisées et adaptées au programme gouvernemental de développement. Les fonds débloqués pour ce faire par l’état et les bailleurs seront entièrement gérés par les banques de la place sous le contrôle des agents du corps. Les futurs entrepreneurs après leur formation auront pour mission la bonne marche des structures de production. Un agent du corps sera chargé de la gestion et des finances. Pour prévenir les situations de faillite, les agents de contrôle de gestion grâce aux pouvoirs qui leurs seront attribués assureront un rôle de prévention au niveau de toutes les entreprises, PME et PMI.
Les projets doivent concerner tous les secteurs d’activité de la vie et toutes les couches sociales. Ils doivent être dynamiques et spécifiques à chaque région selon ses potentialités et compétences. L’esprit d’initiative sera favorisé et les futurs entrepreneurs garderons le statut de salarié dans le cadre du projet jusqu’au remboursement de l’emprunt.
Une telle expérience permettra au Sénégal d’être mieux présent dans l’AGOA et, grâce au génie créateur du peuple, d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Tous les feux deviendront verts pour l’émergence et l’épanouissement. Le plan REVA pourra ainsi y trouver son essor. Une nouvelle génération d’agriculteur verra le jour. Les artistes, les artisans, les pécheurs, les éleveurs et agropasteurs, les mécaniciens et menuisiers, les musiciens, etc.… s’y épanouiront.
Par cette stratégie, le passage du secteur informel au secteur formel sera automatique et spontané. L’occupation anachronique et anarchique des rues et voies publiques sera abandonnée sans contrainte, le chômage et la précarité de l’emploi feront place à une société de développement. Chaque région se développera selon ses spécificités, Le Sénégal par la même occasion sera apte à intégrer le cercle restreint des nations développées conformément à la vision du PRESIDENT ABDOULAYE WADE.
Flambée des prix des céréales sur le marché mondial : La Banque mondiale craint des émeutes de la faim au Sénégal, en Egypte…
Les rapports pouvaient sembler trop alarmistes. Mais, depuis quelques semaines, les faits semblent donner raison à la Banque mondiale et à la Fao. Les prix des céréales et particulièrement du blé flambent sur les marchés internationaux. Et la Bm craint des émeutes de la faim dans certains pays en voie de développement comme le Sénégal, selon Alain Faujas du quoditien français Le Monde.
Verra-t-on dans les mois qui viennent des émeutes de la faim en Erythrée, au Sénégal, en Arménie ou en Egypte ? La Banque mondiale le craint en raison de la forte hausse des cours des céréales due à la faiblesse des stocks mondiaux, mais également à la fabrication de biocarburants. Le rapport annuel (mai 2007) de la Banque mondiale sur le ‘Financement du développement dans le monde’ s’inquiète de l’envolée des prix des céréales. Le scénario que les experts de cette institution prévoient est celui d’une augmentation de 43 % du prix de la tonne de blé entre la récolte 2006 et la récolte 2007. Les stocks de blé, de maïs et de riz sont tombés à 16 % de la consommation annuelle mondiale, écrivent les auteurs du rapport.
L’envolée des prix serait due au niveau des stocks de blé qui est au plus bas niveau à cause de la sécheresse qui a fait des ravages en 2006 dans les récoltes australiennes et ukrainiennes, mais également parce qu’une part de plus en plus importante des céréales produites dans le monde est affectée à la fabrication de biocarburants. Ces biocarburants sont des carburants d'origine végétale issus de la biomasse (d'où le surnom de ‘carburants verts’). On les produit à partir de déchets végétaux ou de plants cultivés dans ce but. Ils possèdent des propriétés similaires au pétrole et peuvent parfois s'employer dans des moteurs diesel ou des moteurs à essence.
Après la Banque mondiale, c’est la Fao qui a tiré la sonnette d’alarme. Le rapport intitulé ‘Perspectives de l’alimentation’ publié le 7 juin 2007 fait état de la préoccupation de cette agence des Nations-Unies face à la hausse des prix des céréales. La même source pointe également du doigt la forte demande de biocarburants qui dope les prix des céréales sur les marchés mondiaux.
Ces rapports pouvaient sembler trop alarmistes. Mais, depuis quelques semaines, les faits semblent leur donner raison. Les prix des céréales et particulièrement du blé flambent sur les marchés internationaux. Il faut rappeler qu’en 2006, les prix du blé avaient déjà grimpé dans des proportions impressionnantes, passant en quelques semaines de 100 euros (environ 65 600 F Cfa) à 150 euros (plus de 98 000 F Cfa) par tonne. Ces prix n’ont pratiquement pas varié depuis la fin de l’année 2006. Mais ces dernières semaines, ils ont connu une nouvelle poussée de fièvre. Les marchés sont en effet frappés par un flux de mauvaises nouvelles et réagissent en conséquence à la hausse.
Le Département de l’Agriculture des Etats-Unis a revu sensiblement à la baisse ses prévisions de récolte 2007, en raison de la sécheresse. Les plaines de l’Ukraine et du sud de la Russie sont également frappées par la sécheresse.
L’Inde qui, ses dernières années, était exportatrice, vient de se porter acheteuse de 5 millions de tonnes de blé. Les pays d’Afrique du Nord, qui connaissent également la sécheresse, sont aux achats. L’offre mondiale de blé s’annonce faible. Les stocks sont bas et la demande ne faiblit pas. On estime que la demande de céréales destinées à la fabrication de biocarburants devrait amputer les récoltes de 15 % environ. Dans un tel contexte, les prix ne peuvent que monter de manière vertigineuse. De ce fait, en quelques jours, le prix de la tonne de blé est passé de 150 euros (plus de 98 000 F Cfa) à 180 euros (environ 118 00 FCfa) par tonne et cela avant même que les récoltes n'aient été engrangées.
Pour l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), qui est un importateur net de céréales et qui n’a aucune influence sur les prix, la facture alimentaire ne pourra faire que monter. Dans la même lignée, le rapport de la Fao fait part de ses craintes concernant la hausse de la facture mondiale des importations alimentaires pour les pays pauvres. Pour la première fois, la facture des importations alimentaires devrait dépasser les 400 milliards de dollars, soit environ 5 % de plus qu’en 2006. Une hausse que le rapport attribue, lui aussi, à la croissance de la demande en biocarburants.
C’est ce qui expliquerait une prévision de hausse des prix de la baguette de pain au Sénégal. Une mesure qui devrait être effective en début de semaine prochaine.
Johnson MBENGUE
LES SEPT PLAIES DE NOTRE SIECLE ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE Le problème de l’émigration clandestine doit interpeller nos consciences
Article Par El Hadji Gorgui Wade Ndoye,
Paru le Jeudi 21 Juin 2007
«If a free society cannot help the many who are poor, it cannot save the few who are rich » John Fitzgerald Kennedy.
* Par Me Abdoulaye WADE, écrivain, docteur en Droit et en économie, Président du Sénégal.
Redéfinition du concept de pauvreté.
Le travail, vise, dans sa finalité, à libérer l’homme du besoin en faisant reculer les frontières de la pauvreté et créer la richesse. Mais au juste, que recouvre le concept de pauvreté qui continue de rythmer le quotidien de millions d’hommes et de femmes à travers le monde ?
La définition classique, admise par la Communauté internationale, considère comme pauvre toute personne vivant avec moins d’un dollar par jour.
C’est trop simplifier le problème. Le temps est venu, à mon sens, de repenser la définition de la pauvreté.
Peut-on raisonnablement, même avec deux ou trois dollars par jour, se procurer un toit décent, se nourrir, s’habiller, éduquer et soigner sa famille ?
La pauvreté ne s’exprime pas en termes de revenus mais de conditions de vie. Il y a tout un ensemble de facteurs sur lesquels il faut agir pour améliorer durablement ces conditions.
Voilà pourquoi je suggère plutôt d’appréhender le phénomène de la pauvreté par un cumul de déficits dans les besoins individuels et les services sociaux de base.
Je propose donc de définir la pauvreté comme un « bouquet de manques », notion qui se traduirait en anglais par « a cluster of shortages » :
- non accès à un toit décent,
- non accès à l’habillement,
- non accès à l’eau potable,
- non accès à une nourriture en qualité et quantité suffisantes,
- non accès aux soins de santé,
- non accès à l’alphabétisation et à l’éducation pour les enfants,
- non accès à un environnement sain.
Ce sont ce que j’appelle les 7 plaies de l’époque contemporaine pour la majorité de la population mondiale.
Si vous en guérissez une en laissant les autres, pour sortir de la pauvreté, vous aurez fait un progrès mais il vous en restera toujours 6 autres.
On pourrait aussi les appeler les ‘’besoins humains fondamentaux’’, ‘’fundamental human needs’’, en Anglais
Et ce n’est guère avec un, deux ou trois dollars par jour qu’on règlera autant de problèmes indissociables.
Il faut activer plusieurs leviers pour s’attaquer à tous les problèmes à la fois, sortir les couches sociales défavorisées des « bas fonds » de la société en leur offrant des conditions de vie décente.
LA HAUSSE DU PRIX DU PETROLE ET LA DESERTIFICATION.
… Nos efforts se heurtent à quelques grandes difficultés d’origine externe. Je n’en citerai que la hausse du prix du pétrole et la désertification.
S’agissant de la hausse du prix du pétrole, nous avons créé l’Association des Pays non Producteurs de Pétrole et pris position pour que les surcharges que nous subissons en important du pétrole soient prises en charge par la communauté internationale, la Banque Mondiale, l’Union Européenne et d’autre part, nous voulons constituer une OPEP Verte en développant la culture des biocarburants. Le potentiel de l’Afrique est tellement important que notre Continent pourrait, dans l’avenir, être le continent fournisseur des biocarburants.
S’agissant de la désertification et de la sécheresse, le CEN-SAD et l’Union Africaine ont pris deux mesures importantes :
- la création de la Grande Muraille Verte qui est une bande de végétation de 50 km de Dakar à Djibouti
- sur une bande de 150 km sur le même itinéraire, la construction de bassins de rétention d’eau de pluie dont il existe 250 au Sénégal. Ces bassins, qui se remplissent d’eau pendant l’hivernage, changent complètement les conditions de vie des populations qui peuvent, pendant la saison sèche, procéder à des cultures maraîchères et même à un élevage de poissons.
Ces projets ont été soumis à l’Union Européenne et aux autres grands pays comme les Etats-Unis, le Japon, la Chine et l’Inde.
LE TRAVAIL DECENT
… Comme le recommande fortement l’OIT, le travail décent doit être le passage obligatoire pour atteindre l’objectif du développement économique et social.
Le travail décent, c’est d’abord un emploi qui garantit des revenus acceptables.
Le travail décent, c’est la protection sociale pour le travailleur et sa famille.
Le travail décent, ce sont de bonnes conditions de travail et l’accès aux services de santé et de sécurité sociale.
Le travail décent, c’est celui qui assure une bonne pension de retraite.
Le travail décent, c’est enfin le respect des normes de sécurité et de sûreté dans le milieu du travail.
LES EMIGRES CLANDESTINS
… Dans l’enceinte du droit du travail qu’est l’OIT, le problème de l’émigration clandestine sous ses nouveaux aspects dramatiques doit interpeller nos consciences.
Les émigrés clandestins sont en effet des forces vives qui prennent le chemin hasardeux de l’aventure faute d’occupation dans leurs pays d’origine.
Au-delà des mesures nationales ou bilatérales de lutte contre ce fléau des temps modernes, il nous faut mener une concertation multilatérale pour aborder tous les aspects de ce phénomène qui préoccupe à la fois pays riches et pays pauvres.
Prenons comme viatique cette sagesse d’un grand homme d’Etat, John Fitzgerald Kennedy : «If a free society cannot help the many who are poor, it cannot save the few who are rich ».
* Ce texte adapté par El Hadji Gorgui Wade NDOYE ( ContinentPremier.Com), reprend les grandes lignes ( panafricaniste et internationale) du discours du Président Wade prononcé le 12 juin 2007 au BIT.
L’entrée explosive de la Chine en Afrique
Depuis l’époque coloniale, l'Occident a toujours cru devoir revendiquer une mainmise exclusive sur l’Afrique sub-saharienne. Les longues luttes entreprises pour mettre fin au colonialisme et à l'apartheid n'ont pas changé cet état d’esprit. Même indépendants, les pays de la région sont demeurés otages des occidentaux à travers une combinaison d’accords qui se sont révélés spécieux à l’application, de restrictions d’accès à leurs marchés, de manipulations politiques et d’interventions militaires, d’interdiction de lever des fonds sur les marchés financiers internationaux, savourant ainsi l’accoutumance à l’aide et une montagne d'accumulation de dettes relatives à des projets et programmes qui n’étaient ni économiquement viables, ni financièrement justifiés.
L’on constate que ce rapport de force jusqu’ici favorable aux occidentaux est maintenant en train d’être mis en mal par l’entrée tonitruante de la Chine dans l’arène africaine. En l’espace d’une décennie, la Chine a modifié l'équilibre des forces en Afrique. Elle y est parvenue en investissant des milliards de dollars dans les secteurs du pétrole, des mines, des transports, de l'électricité et des télécommunications, ainsi que dans différentes infrastructures. Rien qu'en 2004, sur un total de 15 milliards de dollars des investissements directs dont a bénéficié l’Afrique, la part de la Chine s'est élevée à 900 millions de dollars.
Elle a également déboursé environ 2,3 milliards de dollars pour acquérir une participation à hauteur de 45 % dans l'un des champs pétroliers offshore du Nigeria, et investira 2,25 milliards pour développer des réserves. L'Angola qui exporte 40 % de sa production de pétrole vers la Chine, a bénéficié d'un prêt de 2 milliards de dollars en échange d'un contrat prévoyant la livraison quotidienne de 10 000 barils de pétrole. Le Soudan, qui fournit 7 % des importations pétrolières de la Chine, bénéficie de la plus grande part des investissements chinois. La China National Petroleum Corporation détient 40 % des parts de la Greater Nile Petroleum Company, et a investi 3 milliards de dollars dans la construction d'une raffinerie et d'un pipeline. Quelque 4 000 soldats de l'Armée populaire de libération sont déployés au sud du Soudan pour protéger le pipeline.
La Chine, voyant aussi dans l’industrie du voyage et du tourisme, secteur au potentiel énorme en termes de génération de revenus, de création d’emplois et de soulagement de la pauvreté des masses, n’est pas demeurée en reste. Ainsi a-t-elle entamé dans ce domaine un programme de coopération avec les gouvernements africains pour le développement de ce secteur en encourageant l’investissement dans l’éducation, la culture et le développement des capacités existantes. Cette collaboration a déjà commencé à générer des dividendes sous la forme d’une implication grandissante de la Chine dans le secteur du transport : construction de routes, de chemins de fer, de ports et d’aéroports.
Les données concernant les échanges commerciaux traduisent également l’influence croissante de la Chine en Afrique. Les échanges sino-africains ont été multipliés par sept dans les années 1990. Ils ont doublé entre 2000 et 2003, atteignant 18,5 milliards de dollars. En 2005, ils ont approché les 40 milliards de dollars et ont été de l’ordre de 60 milliards de dollars en 2006. Les échanges commerciaux et les investissements chinois ont favorisé la croissance économique du continent qui a atteint le taux record de 5,2 % en 2005. De surcroît, la Chine a annulé 10 milliards de dollars de dettes bilatérales. A ce jour, elle a accordé le statut commercial de nation la plus favorisée à 41 Etats africains et a exonéré de droits de douanes 190 produits en provenance des 28 nations les moins développées du globe, dont la majorité sont des produits de provenance africaine.
Depuis les années 1960, plus de 15 000 médecins chinois ont exercé leur profession dans 47 pays africains traitant environ 180 millions de patients. La Chine accorde également l’hospitalité à des milliers de travailleurs et d’étudiants dans ses universités et ses centres de formation. En 2004, elle a contribué à hauteur de 1 500 soldats aux forces de maintien de la paix des Nations unies opérant en Afrique, notamment au Liberia et en République démocratique du Congo. De surcroît, Pékin a élargi sa coopération aux domaines militaires. C’est le cas avec l’Ethiopie, le Liberia, le Nigeria et le Soudan.
Le rapprochement sino-africain n’a malheureusement pas que des cotés idylliques. A cet égard, trois préoccupations plutôt inquiétantes sont à relever. La première concerne les déficits démocratiques et le non respect des droits de l’homme observé en Chine et dans nombre de pays africains. La seconde tient au fait que certains pays africains sont devenus des acheteurs boulimiques d'armes et d'équipements militaires chinois. Dans un continent aussi instable que l’Afrique, saturé de matériel de guerre et ensanglanté par des conflits à répétition, l'arrivée d'armes supplémentaires n'est pas ce qu’il y a de plus souhaitable. Mais, comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères chinois, Zhou Wenzhong, ‘les affaires sont les affaires et la Chine ne mêle pas les affaires et la politique’. C’est sur la base de ce credo qu’elle a vendu des armes aussi bien à l’Ethiopie qu’à l’Erythrée durant la guerre frontalière qui a opposé ces deux pays entre 1998 et 2000, pour un coût total estimé à 1 milliard de dollars. Elle vend également, comme déjà mentionné, des armes au gouvernement du Soudan dont une fraction de la population issue d’Arabes et d’esclaves noirs, s’identifie aux Arabes en reniant sa négritude et en commettant sans état d’âme un génocide à l’encontre de leurs citoyens noirs du Darfour, sous la houlette de la classe dirigeante arabe au sein du gouvernement. Sur ce point, force est de constater qu’en raison de ses très importants intérêts dans le secteur pétrolier soudanais, la Chine a allégrement transgressé le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats prôné par elle.
La troisième concerne l’un des traits prédominants du caractère chinois. Fiers à juste titre de leur histoire et de leur culture multi-millénaire, les Chinois tendent à vivre en autarcie partout où ils s’implantent. De ce fait, ils ont pu être de mépris ou de racisme à l’égard des populations au sein desquelles ils vivent. Entrepreneurs hors-pair, ils ont été les vrais architectes du développement des pays du sud-est asiatique. En 1998, bien que ne représentant que 3 % de la population de l’Indonésie, la minorité chinoise n’en contrôlait pas moins 70 % du secteur privé indonésien. Leur organisation de vie qui a des relents d’apartheid, combinée à leurs succès, en ont fait la cible de la vindicte populaire dans quasiment tous les pays de la région. La démission en mai 1998 du président de l’Indonésie Suharto fut, par exemple, accompagnée d’une éruption de violence à l’encontre des Chinois.
Il reste, malgré tout, que la Chine est devenue la grande puissance que nous connaissons aujourd’hui et qu’elle n’aurait jamais cessé d’être si elle ne s’était volontairement confinée dans un isolement qui, selon une croyance ancestrale, était censé la prémunir contre les mauvaises influences des autres peuples du monde, ce qui a pu la conforter dans l’idée qu’elle se fait de sa supériorité. Maintenant qu’elle s’est ouverte au monde et pour une meilleure coopération sino-africaine bénéfique à tous, il serait hautement indiqué que les Africains, de concert avec les Chinois, agissent pour surmonter les handicaps qui font l’objet de nos préoccupations décrites plus haut et qui risquent, si l’on n'y prend garde, de compromettre le bel élan prométhéen que la Chine a amorcé en Afrique, mais qui ne laisse pas de nous inspirer à la fois crainte et admiration.
Sanou MBAYE Economiste sénégalais Ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement http://sanou.mbaye.free.fr