2Stv, Walf Tv, Canal-Info : Peut mieux faire
2Stv, Walf Tv, Canal-Info : Peut mieux faire !
Ce trio majeur de la presse privée vient tout récemment de se signaler à notre attention en posant un acte (inédit !)… novateur dans ce secteur. La signature d’une convention tripartite basée sur la mutualisation de leurs moyens et ressources respectifs, pour ériger un tronc commun technique à partir duquel, les grandes actualités d’ici et d’ailleurs seraient traitées. Ce tronc technique commun devrait procurer au public, des productions d’une qualité et confort audiovisuel homogène. Bref, une pragmatique convergence dans la diversité. Un événement qui, entre autres mérites, atténue cette époustouflante course concurrentielle vers l’audience et l’audimat. Bien que suffisamment relayé, le satisfecit des citoyens lui confère une notation particulière. (C’est bien !), mais la presse peut faire mieux pour le grand bénéfice de la nation.
Elle vient de démontrer qu’entre autres impératifs : collecte, traitement, diffusion de l’information ‘juste, vraie, équilibrée’, elle est capable de détecter, d’initier, d’impulser des vecteurs et alternatives porteurs de germes de développement, de croissance. Nous attendons ce même effort, cette éclaircie participative de la part d’autres corporations dont certaines, pour l’heure ne se signalent que par de sempiternelles revendications et autres doléances.
Ce partenariat ’win win’ nous renseigne qu’au-delà du rouleau compresseur uniforme : interminables plages musicales, talk show, wax sa khalat, revues de presses ’mbalakh’, etc., sans oublier l’incessante et oppressante pollution politico-politicienne savamment entretenue, la presse peut mettre à profit, pour des avantages communs, d’autres types de liens et de relations. Y a-t-il plus ‘réseautée’ que cette corporation ? A ce titre, un de ses éminents membres aime, à chaque occasion propice, décliner son implication citoyenne aux côtés des autorités, en mettant à contribution son capital relationnel dans la sphère du pétro dollars pour la recherche de moyens et solutions à nos problématiques (avec désintéressement ?).
Un autre, plus discret, a depuis très longtemps, troqué ses pertinents et sublimes éditoriaux pour se spécialiser en montage technico-financier de grands projets à faire pâlir un ministère souverain. Il y a bien sûr le cadet qui, s’il s’extirpe de son méandre de genres, occupera une place de choix dans ce gotha.
La célèbre invite de J. F. Kennedy : ’Ne demandez pas ce que votre pays a fait pour vous, mais plutôt, ce que vous pouvez faire pour votre pays !’, ne visait-il pas par ailleurs, ces honorables représentants de ce (4e pouvoir) ?
Lesquels, très souvent, auraient pu marquer de leurs empreintes positives les grands moments de notre nation. Notamment, la gestion de nombreux épisodes post-alternance qui, assurément, auraient contribué à consolider notre position sur le podium africain.
Nous avons le blues, amertume et regrets quand nous repensions à la formidable force qui aurait permis à ces deux principaux acteurs de l’historique 19 mars (politique et presse), de transcender défis et challenges qui se profilaient à nos nouveaux horizons.
Convenons-en, la presse avait la responsabilité citoyenne historique, de sceller un compagnonnage éthique avec les nouveaux gouvernants, afin d’amortir et de maîtriser au mieux, les soubresauts et ruades du mastodonte monolithique quarantenaire qui venait de s’affaisser. Aucun homme seul, aucun groupe seul ne pouvait factoriser cette équation aux multiples variables (tout était quasi unique : parti, gouvernement presse, syndicat société civile). Le statut naturel de facilitateur, qui était le sien, n’était point usurpé. Elle fut vigilante et active pour sécuriser et proclamer le choix du peuple à 18 h (tiens !) déjà, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, elle diffusait le souffle des vents libérateurs. La suite conséquente et logique de cette participation patriotique fut de continuer à tenir le flambeau, à lire les météo pour éviter les écueils, à designer les vierges versants à explorer ; mais surtout à canaliser tous ces torrents de libertés, d’énergies que le big-bang de l’alternance avait charrié.
Très tôt hélas, parmi les acteurs, (des puristes) eurent vite fait de revêtir leurs manteaux de preux cavaliers et gardiens d’une presse libre (indépendante ?) : ‘Notre boulot est terminé, nous retournons à nos plumes, caméras et dictaphones…, le train qui arrive à l’heure ne nous intéresse pas !’ Soit, mais le contexte sociopolitique d’alors, était-il compatible avec l’observance stricte de normes et de dogmes d’une orthodoxie principalement conçus, définis par/pour une presse anglo-saxonne et latine ? Nous avions besoin à l’époque, tout comme présentement, d’une presse d’utilité publique.
Ce mimétisme tropical produisit, bien plus tard, des boulevards de bouleversements et de dérives. Bien sûr, l’option n’est pas restée vaine et improductive. Parler d’une presse libre n’est plus un débat ! C’est l’avis de ce plénipotentiaire français, à la fin de sa visite de travail, coïncidant avec une période de remous social : ‘Au vu de ce que j’ai vu, entendu, écouté et lu, on ne peut point dire que la presse n’est point libre au Sénégal’. C’était lors d’une émission dominicale à grande écoute de la bande Fm.
Mais que de rendez-vous manqués, d’opportunités inexploitées, de préjudices multiformes. Alors que le brave peuple était prêt à tous les sacrifices, le monde du développement disponible pour appuyer nos efforts à la consolidation des acquis naturels de l’alternance. Les étapes séquentielles de sa maturation impliquant la participation de tous. Comme l’avait compris le premier concerné Me Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal. ‘Il est révolu l’ère de la gestion solitaire des affaires publiques’, disait-il dans le cratère du chaud après-midi du stade Léopold Sédar Senghor en posant quelques actes et aménagements encore vivaces dans nos mémoires :
- Mandat à son très républicain prédécesseur pour le représenter à un sommet mondial au Caire (inédit !)
- Cooptation d’un membre de la récente presse privée pour conduire la très stratégique et névralgique cellule de la communication de la présidence.
- Délégation de compétence à la société civile pour concevoir et animer le grand forum de communication nocturne en prélude au référendum relatif à la constitution.
- Réaménagement du dispositif de l’espace présidentiel afin de renforcer les conditions d’accès et de travail de la presse.
- Intégration d’un quota de la presse dans les délégations présidentielles lors de ses déplacements et voyages.
Ces dernières étaient-elles conséquentes et idoines pour que les concernés y souscrivent ? Avait-il suffisamment décrypté le filigrane revendicatif de la presse (Les récurrents rappels de leurs apports à la matérialisation de l’alternance !) ? A quels desseins ? Historique, thématique, pédagogique ?
C’était à l’époque de l’affectation des ressources, de la distribution des rôles. Wade fut impersonnel et généreux, même les plus farouches adversaires furent lubrifiés après une mue. On notait par ailleurs que les espaces de proximité, les termes de réciprocité d’objectifs (d’intérêts ?) entre les grands patrons de presse et l’exécutif furent prématurément abrogés (pour des raisons de transparences et de souverainetés ?). Wade avait-il préjugé les coefficients et motivations des uns et des autres ? L’on se perd en conjectures, du fait qu’aucune étude objective pour des raisons référentielles n’a été commise pour expliciter la non-pérennité de ces dispositions.
C’est ainsi que, graduellement, le clash s’installa. Un mortel combat au round interminable s’en suivit. Le tout dernier eut pour arbitre le Secrétariat d’Etat américain avec comme accesseur (Cpj) le Comité de protection des journalistes ayant son siège à New York. Avec une réponse-diagnostic-thérapie, Wade répondit à l’interpellation de son exécutif director le 8 octobre : ‘Le drame de la presse sénégalaise : trop de titres pour un lectorat limité (…), concurrence par gros titres sensationnels en couleur pour vendre, quitte à inventer ou parfois arranger la vérité.’ ‘600 millions de francs en lieu et place des 150 millions du gouvernement socialiste, projet de réforme du Code de la presse en dépénalisant le délit de presse, érection d’une maison de la presse de 8 étages dont les 4 équipés pour leur fonctionnement, les 4 autres à valeur locative pour assurer leurs revenus et indépendances (sic).’ Wade décline encore clairement, objectivement sa perception pour la résolution de cet anathème qui nous pénalise à tout point de vue.
Nous sommes convaincus que Wade, précurseur visionnaire de la presse libre, indépendante au Sénégal et dans la sous-région, n’ambitionne pas de casser le roseau. Tout comme la presse n’envisage pas de brûler la ’Case Sénégal’. Nous entendons de sa part un autre tronc commun technique pour ses cruciaux rendez-vous qui pointent à l’horizon. Il urge de tout pacifier. Qu’ils rentrent à nouveau dans la case sous l’arbre à palabre.
Moustapha Mbacké DIOP Golf Sud Taphaambakey@yahoo.fr