Le prince à l'école de la Monarchie
Lobservateur : Samedi 7 Mar 2009
Me Ousmane Sèye sur la candidature de Karim Wade « Les détracteurs de Karim Wade méconnaissent l’histoire politique du Sénégal »
La succession du Président de la République alimente de plus belle la polémique. Contexte politique oblige. Pour l’avocat Me Ousmane Sèye, candidat à la commune d’arrondissement de Grand-Yoff, les détracteurs de Karim Wade méconnaissent l’histoire politique du Sénégal.
Selon lui, «dire de quelqu’un, a priori, qu’il ne sera pas élu est antidémocratique dans un pays qui se dit démocratique. Car, c’est aux électeurs de choisir leur maire et aux populations sénégalaises d’élire le Président de la République». Des arguments selon lesquels, Karim Wade est le fils du Président de la République et qu’il bénéficie des largesses du pouvoir et d’autres avantages par rapport aux autres candidats, c’est méconnaître l’histoire politique du Sénégal, répète l’avocat. «Tous ceux qui prétendent à la succession du Président de la République, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir, ont bâti leur fortune dans l’exercice du pouvoir, soutient Me Sèye. «S’ils n’avaient pas accédé au pouvoir, ils n’auraient pas, aujourd’hui, cette fortune pour prétendre diriger le Sénégal. Autant qu’ils sont, ils ont tous accédé au pouvoir pour pouvoir bâtir leur fortune. Sinon, qu’ils disent aux Sénégalais d’où ils ont tiré leur fortune pour battre campagne», insiste le prétendant à la commune d’arrondissement de Grand-Yoff. Pour Me Ousmane Sèye, tous les candidats sont logés à la même enseigne que Karim Méïssa Wade. «Aucun candidat sérieux, qui sollicite le suffrage des Sénégalais pour la Présidence de la République, ne peut dire qu’il n’est pas passé par l’exercice du pouvoir. Ce qui est valable pour Karim Wade l’est pour les autres candidats», persiste Me Sèye.
Auteur: JEAN-PIERRE MANE
LE QUOTIDIEN :
Elections locales et devenir du Sénégal : Dakar seule face à l’histoire
07-03-2009 Ces mots ou phrases sont adressés à mes compatriotes sénégalais mais surtout aux dakarois qui auront sous peu, la chance ou la malchance de décider de l’avenir de tous les Sénégalais.
Ces mots ou phrases sont adressés à mes compatriotes sénégalais mais surtout aux dakarois qui auront sous peu, la chance ou la malchance de décider de l’avenir de tous les Sénégalais, de dessiner les contours du devenir de ce pays le Sénégal qui, il y a moins de 10 ans, était considéré comme le porte-flambeau de la démocratie en Afrique.
Le Sénégal procédera, dans un futur proche, à des élections locales qui auront sans doute, la particularité d’orienter tout l’avenir de notre pays, de rehausser notre système démocratique ou de l’enfoncer plutôt dans sa régression continue. Ces élections auront lieu dans toutes les localités du Sénégal, du plus petit village au plus grand quartier de la capitale, mais elles seront plus déterminantes à Dakar car, c’est dans cette ville que tout va se jouer ; le renouvellement du fauteuil municipal de la capitale sénégalaise risque de secouer fortement la République. Ainsi donc, Dakar a la responsabilité historique de maintenir la République ou de la faire disparaître, la grande responsabilité de jouer pleinement son rôle afin de ne permettre à personne de s’appuyer sur elle pour atteindre des ambitions aux allures monarchiques. La grande et exceptionnelle responsabilité de dire non au moment précis où il faut le faire, bref Dakar est seule face à l’histoire, seule face à sa responsabilité historique devrait-on dire.
Il est maintenant très clair que monsieur Karim Wade descend dans l’arène politique, ce qui passait pour être une rumeur ou même un jeu est devenu, une réalité bien sérieuse ; Monsieur Wade a des ambitions politiques. Peut-on le lui reprocher? Oui et non. Certainement non car c’est bien légitime que n’importe quel citoyen puisse nourrir des ambitions politiques. Oui, parce que le cas Karim est un cas spécifique, un cas vraiment nouveau, un cas d’école. Monsieur Wade est le fils du président de la République, il est aussi son conseiller, il gère les plus important et juteux projets de l’Alternance, on le cite dans toutes les transactions financières de ce pays. De ce point de vue, il n’est pas comme tous les sénégalais, il bénéficie de privilèges plus qu’aucun autre sénégalais.
En plus de cela, Monsieur Karim Wade n’a, jusque là, pas rendu le moindre compte aux sénégalais dont il gère les ressources, aucun bilan alors qu’on lui a confié des travaux extrêmement couteux au frais du contribuable sénégalais.
Et justement pour ces travaux, nous pouvons dire que Monsieur Wade a bien fini d’étaler son incompétence car, n’ayant pas livré le moindre ouvrage digne de ce nom.
Cette incompétence est peut-être héréditaire, le premier constat d’incompétence nous vient de son père, par ailleurs, président de la République du Sénégal qui se trouve être avec sa cour, les plus grands démolisseurs d’institutions, les grands pilleurs de deniers publics et les plus grands tripatouilleurs de Constitution de l’histoire politique du Sénégal.
Si l’ambition du fils est de succéder à son père et que celui-ci se donne les moyens de manipuler encore nos institutions, de re-tripatouiller notre Constitution qui a, d’ailleurs, perdu toute sa sacralité, il est alors grand temps que toutes les forces vives de la Nation se lèvent et expriment par tous les moyens, le niet national.
La grande forfaiture du siècle va passer par la mairie de Dakar dit-on, avec un Pape Diop assez frileux et décidé à céder sa place à monsieur Karim Wade si la Coa-lition Sopi remporte la capitale. Signal ne peut être plus fort et plus parlant, les dérives monarchiques de ce régime qui ont rampé depuis le début de l’Alternance sont entrain de se tenir debout, ainsi donc, notre précieuse liberté est en jeu et c’est précisément la capitale qui est interpellée.
Déjà en 1762 Jean Jacques Rousseau nous parlait de la liberté et de ses principes dans le Contrat social en ces termes : «Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.»
La surprogramation de Karim Wade à la tête de ce pays est une menace sérieuse aux libertés des populations, à la République et à la démocratie. Nous ne sommes nullement pas à l’état de conjecture, nous en sommes certains, il est maintenant clair, le Président veut se faire remplacer par son fils, ça, nous en avons un savoir équilibré.
L’équilibre du savoir est déterminé par le rapport de deux variables. Le premier est l’effet des nœuds de relations qui s’établissent spontanément entre des personnes dans l’emploi d’outils conviviaux. Le second savoir est le fait d’un dressage intentionnel et programmé. La programmation de M. Karim Wade à la tête du Sénégal se fait lentement et surement. Il faut le combattre avec énergie afin de libérer ce peuple d’un groupe de privilégiés qui se joue de lui, de ses institutions, de ses valeurs, de ses marabouts bref, de tout ce qu’on a construit de bien dans ce pays.
Il faut alors un sursaut national, un changement radical de cette dictature qui ne dit pas son nom ; une mutation soudaine n’est de l’ordre ni de la rétroaction ni de la révolution, c’est la prise en charge de sa propre liberté.
Il faut alors, le démantèlement de l’actuel monopole radical de notre pouvoir politique par ce groupe de personnes bien identifiées et pourtant, sans aucun mérite et qui tente, par tous les moyens, de perpétuer cette usure y compris par les moyens répressifs.
Si nous laissons passer, si Dakar laisse passer, la République va disparaitre au Sénégal et réapparaitra alors, le temps de la dynastie qui sera pire que ce que nous avons vécu avec le père. Car, lui au moins s’est battu pendant plusieurs années dans l’opposition. Si cela ne l’a pas empêché de nous installer dans cette crise, c’est sûr, nous le savons, avec le fils, nous partons de la crise à la catastrophe.
Monsieur Karim Wade est certainement le politicien le plus poltron du Sénégal. Lui qui s’est réfugié derrière une liste proportionnelle sans la diriger mais y occupe, certes, une position stratégique pour ensuite usurper le poste de numéro 1 après que les pauvres membres de la liste majoritaire auront abattu un travail énorme.
La capitale est interpellée et on attend d’elle une mobilisation qui va surprendre par le rejet de la Coalition Sopi sans autre forme de procès
«L’effet de surprise affaiblit le contrôle, déroute les contrôleurs et installe au premier rang ceux qui gardent leur sang froid», disait Ivan Illich.
Ce régime, doit être, par tous les moyens sanctionné, car avec lui on a connu la paralysie synergétique de nos systèmes nourriciers, la banalisation du manque, le déséquilibre institutionnel, l’impunité et le faux rôle de la Justice érigés en règle générale.
Dakar doit signer un nouveau pacte social avec le Sénégal et les Sénégalais, il ne s’agira jamais pour des individualités de se lever et de lutter, elles seront battues à plate couture. Car, les hommes ne peuvent engendrer de nouvelles forces, il faut plutôt comme semble le dire Rousseau, unir et diriger celles qui existent c’est-à-dire, former par agrégation une somme de forces qui puisse l’emporter sur la résistance, de les mettre en jeu par un seul mobile et de les faire agir de concert.
Cette somme de forces ne peut naitre que du concours de tous les dakarois et ne peut s’exprimer qu’à travers les urnes.
La déprofessionnalisation à outrance et la promotion de la médiocrité dans un pays qui s’est résolument tourné vers l’indignité, le larbinisme, l’hypocrisie, la cupidité et le mensonge n’ont que trop duré.
Ces hommes sont, en réalité, entrain d’aliéner ce peuple sans aucune forme de résistance, ni même des velléités de refus. Alors, l’aliénation se faisant sans réserve et sans scrupule, l’union doit être aussi parfaite qu’elle peut l’être et leur ambition ou intention ne prospérera jamais.
Dakar, combattant de la liberté, le dernier mot te revient, libére donc ce pays qui est étranglé et étouffé.
Papa Elimane FAYE - Sociologist - Tokyo Metropolitan University Japan - "p.faye7@gmail.com
Enjeux citoyens des élections locales du 22 mars 2009
Le 22 mars 2009, les citoyens sénégalais devront s’exprimer pour élire les personnalités qui auront la charge de gérer leur localité pour une durée de cinq ans. Ils vont ainsi poser le premier acte de participation citoyenne à travers l’exercice d’un droit civil, le vote, qui même s’il ne s’agit pas d’une obligation, est un acte de haute portée démocratique et de responsabilité individuelle et collective.
Esquiver les tentatives de démobilisation
Malgré toutes les péripéties et ruses visant à distraire les populations de l’essentiel et à les détourner de la sérénité nécessaire au suivi du scrutin, elles ne doivent pas pour autant se laisser démobiliser par ces pratiques machiavéliques qui consistent à provoquer des événements, simuler des querelles du genre fiabilité du fichier, discorde sur la liste de la mouvance majoritaire, report éventuel des élections…
Certains politiciens vont même jusqu’à tenter d’émousser l’ardeur des citoyens en essayant de coller une étiquette fausse aux listes initiées par des membres influents de la société civile. Une société civile, maintenant plus que jamais, consciente de son nécessaire engagement dans la gestion des affaires publiques. Ces politiciens qui montrent une peur bleue face à cette levée de bouclier de la part des populations, essaient de stigmatiser les nombreuses listes dites citoyennes qui sont le fruit d’une véritable prise de conscience et d’un ras-le-bol des populations face à la mauvaise gouvernance dont la plupart des collectivités locales du Sénégal sont victimes.
C’est, d’ailleurs, manquer de respect à ces courageux citoyens que de vouloir insinuer que l’émergence de mouvements citoyens organisés et farouchement décidés de passer à une vitesse supérieure du contrôle citoyen n’est que des agissements manipulés par je ne sais qui. Peine perdue car, tout ceci annonce plutôt le début d’une transition politique citoyenne pour l’émergence de la démocratie participative, afin de combler les tares de la démocratie représentative des partis politiques.
Du contrôle citoyen à la transition politique citoyenne
La plupart de ces listes citoyennes est initiée par des regroupements d’associations et des identités remarquables qui ont exercé depuis un certain temps un véritable contrôle citoyen, en tentant le contrôle des conseillers locaux à partir desquels ils pourront impulser de nouvelles politiques et pratiques de bonne gouvernance locale.
Ces citoyens, membres de la société civile, ont réussi à contourner les restrictions antidémocratiques du Code électoral en initiant des partenariats opportunistes, plus ou moins prudents avec des partis ou coalitions de partis. Le jeu en vaut la chandelle.
Pour exemple, nous évoquerons la liste And Defar Mbour initiée par des associations de la société civile mbouroise dont certaines ont été, pour beaucoup d’ailleurs, à l’origine de la dissolution du Conseil municipal par décret présidentiel, le 2 mai 2008, et l’installation d’une délégation spéciale.
Ces associations ont su dénoncer des cas de détournements de deniers publics, de malversations et de dilapidation du patrimoine foncier, avec des plaintes qui ont emmenées la présidence de la République à envoyer une mission de contrôle de l’Inspection générale d’Etat dont le rapport a épinglé l’équipe de gestion en place.
Ces mêmes citoyens, aujourd’hui plus que déterminés à en découdre avec des politiciens véreux, de vieux rapaces et de jeunes parvenus tordus, capables de toutes les bassesses possibles pour se frotter les mains sur le dos des citoyens, ont compris que leur mission n’est pas seulement de dénoncer mais de contribuer à installer aux affaires, les fils de leur localité les plus aptes, les plus dignes, les plus compétents et surtout les plus patriotes.
Le comble de l’aberration dans le cas de Mbour est que la liste de la majorité sortante est composée des mêmes personnes qui ont été sanctionnées par le décret 2008/450. Une vraie hérésie !!!
C’est sans nul doute le même combat qui anime tous ces citoyens conscients de leur obligation morale d’accomplir leur devoir de participer à la régulation de leur groupe d’appartenance. Ce qui laisse croire que l’ère de la nouvelle citoyenne est arrivée. Une nouvelle citoyenneté qui traduit l’envie de participer et d’être dirigé autrement.
Le triomphe de la nouvelle citoyenneté qui a la plénitude de son sens dans son expression au niveau des collectivités locales est même un gage d’un grand changement qualitatif dans la gouvernance politique, économique et sociale de notre pays. Car en fait, comme l’a si bien théorisé Teilhard de Chardin, «tous ceux qui montent convergent». Ainsi donc, les différentes initiatives locales, en essaimant dans le triomphe, finiront forcement par enclencher un vaste mouvement national d’engagement citoyen pour le véritable changement auquel aspire le peuple sénégalais dans son ensemble. C’est à ce titre que nous nous réjouissons des expériences des communes de Gorée et de Ngor, mais également de certaines délégations spéciales qui, en quelques mois, ont réussi dans certaines localités à faire mieux que les conseils locaux en plus de cinq ans.
Pour reprendre le cas de la commune de Mbour, c’est un des leaders locaux du parti au pouvoir qui dit ceci dans une interview parue dans le Matin du mardi 24 février 2009 : «En fait, l’équipe sortante ne faisait que se remplir les poches. Elle ne travaillait pas dans l’intérêt des populations. C’est bien connu. Sinon, on ne les aurait pas renvoyés (…) j’apprécie le travail de la Délégation spéciale, ce qu’elle a réalisé en quatre mois, l’équipe sortante n’a même pas fait le dixième pendant 4 ans.» No comment !
Des expériences de bonnes pratiques qui nous montrent que c’est possible de changer notre quotidien en choisissant ceux qui vont nous diriger les cinq prochaines années. Nous avons la profonde conviction que l’alternative citoyenne dans la gestion de nos cités est une possibilité bien réelle.
La politique de décentralisation qui vise à donner aux collectivités locales des compétences propres et permettre aux populations d’élire leurs autorités a été un acquis démocratique très propice à l’expression des populations à la base. Cependant, elle reste prise en otage par un manque de volonté de la part des pouvoirs centraux et par des élus locaux souvent carrants en compétences et en vision politique et surtout par un déficit d’implication des populations au processus de prise de décision, notamment l’interdiction des candidatures indépendantes. Ce qui peut freiner la participation de citoyens à la gestion de leur localité et entamer sérieusement le processus démocratique. Car, en fait, la citoyenneté n’a de vraies valeurs que dans un espace démocratique garantissant à chacun une liberté, une justice équitable, une dignité personnelle, dans un cadre constitutionnel permettant un débat d’idées, une réforme des mentalités et des comportements.
La responsabilité de chaque citoyen est interpellée
Ces élections révèlent donc des enjeux vitaux et méritent que les populations se mobilisent massivement pour exprimer leur choix pour des hommes et des femmes suffisamment engagés pour leur localité. Car, la politique est devenue une chose bien trop sérieuse, dans son pouvoir d’impacter notre vie, pour qu’on la laisse aux seuls politiciens. C’est une affaire de chacun d’entre nous et de tous en même temps. Personne ne doit se sentir exclue des processus de la démocratie représentative, car elle doit être accompagnée par une démocratie participative. C’est même cela la démocratie !
Malheureusement, beaucoup ne perçoivent pas ces enjeux parce que n’étant pas informés de leurs droits et rechignent à faire face à leurs devoirs. Certains intellectuels et cadres qui ont la responsabilité de défendre et de mobiliser le reste des populations, préfèrent le confort indécent des canapés moelleux de leurs salons, face à l’écran plat, en train de deviser tranquillement au gout de l’«ataya» ou je ne sais plus de quelle autre dose d’avilissement. Ces gens ne sont pas responsables, ni conscients de leur devoir citoyen, encore moins des enjeux citoyens des élections locales. Alors qu’ils ont l’obligation morale de participer aux élections, d’organiser la mobilisation forte des citoyens jusqu’ à défendre la transparence du scrutin.
Bien évidemment, cet engagement doit être rétribué par des résultats probants à savoir l’élection de dignes représentants du peuple, des hommes et des femmes compétents et suffisamment engagés pour défendre et servir les intérêts des populations. Ce qui pose la question de la grille d’appréciation du conseiller à élire.
Quel profil de conseillers devons-nous élire ?
Le Conseiller investi doit observer un certain nombre de règles et principes comportementaux précis à adopter et ceux à éviter dans le but d’intégrer la prise en compte des valeurs démocratiques, républicaines et citoyennes dans les actions et les décisions quotidiennes, contribuant à la réalisation des actions de bonne gouvernance et de développement local. Ceci, dans un esprit et un engagement à protéger les intérêts des citoyens qu’il représente. Le conseiller digne de représenter les populations sénégalaises doit être en mesure de traduire en acte, un certain nombre de valeurs et de vertus comme l’honnêteté, la probité, l’intégrité et surtout la responsabilité et l’imputabilité ; et observer les règles de transparence. Il doit être un bon citoyen, au comportement exemplaire, assez bien implanté dans la localité et disponible à servir ses concitoyens.
Ce type de conseiller n’a pas besoin de distribuer des millions pour se faire élire. Car, celui qui considère l’élection comme un investissement a bien l’intention d’attendre un retour sur investissement et considérera les deniers publics comme les dividendes de ses actions. Nous devons bannir de nos comportements cette forme de corruption et d’achat de conscience qui ne fait que nous maintenir dans les méandres de la cupidité et de l’asservissement.
Choisissez bien la meilleure liste pour votre localité. Surtout ne vous trompez pas car vous aurez à attendre encore cinq ans pour vous rectifier !
Elimane H. KANE - Citoyen sénégalais à Mbour elihkane@gmail.com
La mort de l’Etat républicain au Sénégal
Depuis l’avènement des libéraux au pouvoir en 2000, tous les actes de gouvernance politique et économique posés, concourent à l’expression d’un nihilisme de l’Etat républicain et de l’Etat de droit au Sénégal. Combien de fois notre charte fondamentale a été modifiée dans ses piliers sans consultation du peuple souverain ? Combien de fois les mandats des députés et des élus locaux ont été prorogés au grès du bon vouloir du chef nous faisant penser à Néron qui désirait faire de son cheval un député du peuple ? Combien de fois des rendez-vous électoraux ont été changés selon le vent des contingences pour des intérêts partisans ? Combien de fois Me Wade a battu campagne pour des élections supposées ne pas le concerner, législatives ou locales bafouant les fondements de la République notamment sur la séparation des pouvoirs ? Combien de fois la durée du mandat présidentiel à été retouchée, accréditant la volonté d’instaurer une présidence à vie comme le suggérait le Président Kadhafi en terre Sénégalaise ? Combien de fois les allocations des ressources rares ont travesti l’ordonnancement de la loi des finances pour dépendre de la seule volonté du chef ? Combien de fois les libertés ont été foulées aux pieds dans ce pays ? Combien de fois ? Combien de fois ? Combien de fois ?
Les Sénégalais se souviennent de la présence de l’effigie de Me Wade sur le bulletin de vote de ses partisans à travers son ombre, en dépit de l’interdiction du Conseil constitutionnel d’alors et de la fameuse ordonnance contredisant l’arrêt de la juridiction politique, lors des législatives anticipées de 2001. L’histoire se répète aujourd’hui avec cette présente campagne pour les Locales qui voit Me Wade donner le coup d’envoi des empoignades derrière de supposées visites économiques dans les régions périphériques extrêmement pauvres, comme s’il s’agissait d’élections présidentielles.
Tous ces actes posés participent à la réelle volonté d’instaurer au Sénégal un système censitaire (désignation des sénateurs et généralisation des délégations spéciales) dans lequel les partis politiques constitués n’existent que pour orner un décorum caractérisé par la prééminence d’un seul chef qui incarne tous les pouvoirs. Dans un tel environnement ne permettant pas la désignation par le peuple de ses vrais représentants, les élections sont organisées que pour la forme, en ce qu’elles ne sont jamais sincères, garantissant la substitution de la souveraineté du peuple par la souveraineté d’un chef autoproclamé. Des parodies d’élections seront toujours organisées mettant les forces oppositionnelles qui ne font pas acte d’allégeance à la périphérie du système de manière à permettre leur liquidation progressive par les phénomènes de transhumance et de non participation dans l’exercice des pouvoirs.
Il est manifestement clair que le Sénégal évolue à grandes enjambées vers l’instauration d’un Etat non républicain programmé dans lequel le système de la démocratie représentative n’est que théorique et déboucherait vers une monarchisation institutionnelle à terme. Cette évolution tendancielle est corroborée par la modification de la politique extérieure du Sénégal consistant à considérer les pays monarchiques ou assimilés au monde de Nations les plus favorisées. Cette conception Wadienne du pouvoir relevant d’un despotisme éclairé, trouve ses fondements dans sa volonté, dès l’entame de son magistère, de provincialiser le pays en restaurant la chefferie et en réactivant la semi- féodalité qui a caractérisé anthropologiquement la société sénégalaise dans un passé récent et dont les stigmates survivent jusqu’à nos jours.
Karl Max considérait la révolution française de 1789 comme partie intégrante de la révolution mondiale pour le progrès social de l’humanité et l’élimination des oppressions. En dépit même de la préférence du penseur Allemand pour la dictature du prolétariat, les principes démocratiques de l’Etat républicain issus de la révolution Française à travers la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs, la protection des droits de l’Homme et des droits des peuples à l’autodétermination, les droits économiques et sociaux restent des valeurs universelles inscrites dans le patrimoine commun de l’humanité. En effet, l’internationalisme avec l’avènement des Etats nations a été toujours une réalité depuis les temps immémoriaux. La démocratie représentative considérée par certains Africains, une fois arrivé au pouvoir, de culture étrangère à nos sociétés au point de préconiser le retour de la chefferie et de la provincialisation, voudraient simplement se mettre en marge de la marche de l’histoire et du progrès dans un monde devenu un village planétaire avec la révolution technologique. Pourtant, à la différence du guide de la révolution libyenne qui est le prototype de l’incarnation de cette patrimonialisation du pouvoir en Afrique, le Président Wade est arrivé au pouvoir par la voie démocratique, si bien que cette différence devrait l’écarter des sentiers d’un dirigisme à la place de la souveraineté du peuple.
Kadialy GASSAMA - Economiste- Rue Faidherbe x Pierre - Rufisque
Lettre d'une mère à son fils
«Mon fils, cette lettre est de ta pauvre mère. Je l’ai écrite avec pudeur après une longue hésitation. J’ai pris plusieurs fois le stylo, mais mes larmes l’ont emprisonné. J’ai retenu mes larmes plusieurs fois, mais les blessures du cœur ont surgi. Mon fils, après cette longue vie, je te regarde en tant qu’homme parfait, raisonnable et plein d’émotion… Je considère qu’il est de mon droit que tu prennes le temps de lire ces quelques pages. Après cela, déchire-les comme tu as déchiré mon cœur. Mon fils, il y a 25 ans, c’était un grand jour dans ma vie, quand le médecin m’a affirmé ma grossesse ! Les mères, mon fils, connaissent bien le sens de ces mots ! C’est un mélange de joie et de bonheur et le début de souffrances causées par les changements biologiques et physiques... après cette bonne nouvelle, je t’ai porté pendant 9 mois. J’ai porté la joie dans mon ventre, je me levais avec difficulté, je dormais avec difficulté, mais tout cela n’a rien changé à l’amour que je porte pour toi. Au contraire, l’amour s’est renforcé de plus en plus avec le temps et l’envie de te voir encore plus. Je t’ai porté jour après jour, souffrance après souffrance et peine après peine. Ma joie était grande à chaque mouvement, à chaque prise de poids et tout cela était lourd à supporter.
«Une longue période de souffrance éclairée par une lueur de joie en cette nuit où je n’ai pas dormi, où la douleur, la peur, l’émotion que je n’arrive pas à décrire ni à exprimer m’ont envahie. L’extrême douleur m’a empêchée de pleurer en regardant la mort de près, plusieurs fois. Enfin, venant au monde, tes cris enlevant toute peine et douleur, accompagnaient mes larmes de joie. Je me suis penchée difficilement pour t’embrasser avant que tu ne sois touché par une simple goutte d’eau.
«Mon fils, les années sont passées et je t’ai toujours eu dans mon cœur, je t’ai lavé de mes propres mains, mes jambes et mes bras étaient ton berceau quand je veillais pour que tu puisses dormir. Je me suis fatiguée et je me suis surpassée pour que tu sois heureux ; ma seule joie était de te voir sourire. Et ma joie de tout instant était que tu puisses me demander un service, c’était mon bonheur. Les soirées sont passées ainsi que les jours et moi toujours à tes services, une mère infatigable et ouvrière sans répit, priant Allah toujours pour toi, qu’Il te comble de bonheur et de prospérité.
«Je t’ai observé jour après jour jusqu’à ce que tu sois devenu un jeune homme, prenant par la suite la carrure d’un homme, soudain je me retrouve à te chercher à droite et à gauche la femme que tu as demandée. Le jour de ton mariage est arrivé où le cœur serré, j’ai caché mes larmes de joie pour ta nouvelle vie, ainsi que ma grande tristesse suite à notre séparation. Les heures pesantes sont passées, les moments s’écoulaient doucement. Soudain, j’ai découvert que tu n’étais plus le fils que j’ai connu. Le sourire a disparu, ta voix a disparu, tu es devenu distant, tu m’as oubliée et ignorée. J’ai attendu ton retour ; espérant entendre au moins ta voix, mais ton absence a duré et les jours identiques, se succédaient. J’ai observé longuement la porte, mais tu n’es pas venu. J’ai couru comme une folle après chaque coup de téléphone. Les nuits sont devenues de plus en plus sombres. Les journées s’allongeaient de plus en plus, sans te voir ni t’entendre. Ainsi, tu as ignoré et méprisé celle qui s’est occupée de toi durant tout ce temps. Mon fils, je ne demande que peu de choses, considère-moi comme l’un de tes amis ou du moins comme les moins estimés de tes amis. Ajoutes-moi dans ta liste mensuelle : une visite par mois. Mon fils, mon dos s’est courbé, mes membres commencent à trembler, les maladies m’ont encombrée, les handicaps m’ont visitée de très près car, je bouge difficilement. J’ai du mal à m’asseoir et malgré tout cela, mon cœur ne cesse de battre pour toi. Je pense que si un jour quelqu’un te rendait service, tu l’aurais remercié ! Mais, ta mère l’a fait pendant des années : Alors où est la récompense et la fidélité envers ta mère ?
«Mon fils, tu ne peux pas savoir ma joie quand j’entends dire que tu es heureux. Je suis émerveillée car tu es mon invention. Qu’ai-je fait pour devenir ton ennemie ? Ai-je commis une erreur envers toi ou ai-je refusé de t’aider un jour ? Considères-moi comme une femme de ménage avec un salaire. Offre-moi une part de ta bonté car Allah aime les bienfaiteurs.
«Mon fils, j’espère te revoir, je ne veux que cela. Laisse-moi voir ton visage même dans les moments les plus terribles. Mon fils, mon cœur est brisé, mes larmes ont coulé et toi tu vis ta vie en m’ignorant. Les gens témoignent encore de ta bonne éducation et de ta bonté. Mon fils, n’est-il pas temps pour que ton cœur réagisse face à cette mère affaiblie et pleine d’espoir de te revoir, attristée, renfermée et abandonnée loin des siens. Mon fils, frappe à la porte du Paradis avec le sourire et pardonne ! Pour l’amour d’Allah comme dit le hadith : «Le père est la porte du milieu du Paradis, à toi de choisir de la garder ou de la perdre.» Je te connais depuis si longtemps, tu aimes les bons gestes et tu es toujours à la recherche des bonnes œuvres, mais aujourd’hui tu as oublié le hadith : «Qu’il soit humilié, humilié, humilié celui qui dont le père et la Mère, ou l’un d’eux, atteint la vieillesse auprès de lui et il ne mérite pas d’entrer au Paradis.» Où sont les bons gestes ?
«Mon fils, je ne lèverai pas le ton de plainte afin qu’elle n’arrive pas aux cieux et que la colère d’Allah puisse tomber sur toi comme la foudre. Non, je ne le ferai pas car tu es toujours mon fils. Ma raison d’être dans la vie. Réveille-toi, les cheveux blancs commencent à couvrir ta tête bientôt, tu seras vieux et tes enfants te récompenseront de la même manière et tu écriras avec des larmes ces lettres que je suis en train d’écrire maintenant. Et devant Allah, nous nous retrouverons un jour ! Mon fils, ait crainte d’Allah. Le Paradis se trouve aux pieds de ta mère. Fais un geste envers ta mère afin de la rendre heureuse, sinon déchires cette lettre et rappelles-toi qu’un bon geste est en ta faveur et qu’un mauvais geste te retombera dessus et tu en subiras les conséquences.»
DIALLO Khadijah / yh_khadijah@diallo.com
LE BAL DES CAGOTS
par , samedi 7 mars 2009
Joutes du 22 Mars prochain, c’est parti. Dans à peu près deux (2) semaines, les citoyens sénégalais pourvus de droit de vote vont choisir leurs dirigeants au niveau le plus proche, local. A la base. C’est le juste mot. Et dans cinq cent quarante trois (543) collectivités locales que compte le pays. Comme une meute de chiens à jeun, nos politiciens parcourent le Sénégal et, même des profondeurs. Ils trimballent avec leurs éternelles professions de foi. Ils nous abrutissent à coups de politicailleries. Des promesses à la pelle ! Du papotage et papillotage !
Le peuple souverain est vraiment invité au ressaisissement. Il doit rompre avec ces fantasmagories trompeuses et fumeuses bêlées en pêche… électorale. Il doit refuser d’être réduit à du simple bétail électoraliste. Une modique somme empochée le temps d’une campagne peut – elle valoir ou combler cinq (5) ans de misère noire, d’indifférence, d’abandon et d’oubli ? L’autre nous apprend qu’« un peuple ne dispose que les dirigeants qu’il mérite ».
Ces échéances tant attendues doivent susciter en nous un réveil citoyen en fanfare. Aujourd’hui, face à la prégnance de la demande sociale, à la paupérisation galopante qui happe nos foyers, au système éducatif pris entre mille feux, à la surenchère du désespoir profond qui habite chacun d’entre nous, l’on doit se garder de vendre son âme au diable. « Chat échaudé craint l’eau froide », nous instruit le bon vieil adage. Le citoyen sénégalais qui souffre le martyre et vivote aujourd’hui peut lancer : « citoyen affamé craint bulletin bleuâtre ».
Ibrahima NGOM Damel,
Journaliste – Ecrivain
E – mail : yboupenda@yahoo.fr
CAMPAGNE ELECTORALE POUR LES LOCALES Wade retourne sur le terrain
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN , samedi 7 mars 2009
Le président de la République avait « ouvert » la campagne électorale pour les locales du 22 mars prochain deux jours avant la date officielle. Six jours après, il retourne sur le terrain. Une randonnée de campagne qui devrait, selon des sources généralement bien informées, l’amener à Bakel, à Tambacounda, à Kaolack et finir à Dakar.
Me Abdoulaye Wade, président de la République se rendra, confient diverses sources, mardi prochain en Guinée-Bissau pour assister aux obsèques de l’assassiné chef d’Etat guinéen, Nino Viera prévus ce jour. Sitôt de retour à Dakar, informent des sources proches de son parti, le Parti démocratique sénégalais (Pds), il (re)prendra son bâton de pèlerin électoral pour s’enfoncer en campagne à l’intérieur du pays, même si pour les besoins de la cause, un avion sera affrété. Aux frais de qui en ces périodes de déches et de dépenses hors budget ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que, avancent les mêmes sources, il se rendra dans le Guidimakha (Bakel), le royaume de Abdoulaye Bathily et de Cheikh Cissokho de la coalition « Benno Siggil Sénégaal », à Tambacounda, à Podor, à Kaolack et bouclera sa tournée « électorale » par la capitale nationale, dans la dernière semaine. L’enjeu certainement. Si Paris vaut une messe….
Le Secrétaire général du Pds, c’est à ce titre, disent ses affidés, qu’il bat campagne, retourne ainsi sur le terrain après ses pudiques « tournées économiques » du début pour « fouetter » l’ardeur de ses troupes de la coalition « Sopi 2009 » qui semblent ainsi ahaner déjà en ce début de campagne électorale, minées qu’elles sont par les querelles intestines et les frustrations nées des investitures. Ses troupes buttent aussi sur les tirs groupés de l’opposition et même de fractions issues de leurs propres rangs qui ont fait bandes à part.
Le Pds et sa coalition Sopi 2009 paraissent mal-en-point en l’entame. Est-ce un leurre pour tromper des adversaires rendus ainsi confiants ? Ou plutôt l’expression d’une apathie causée par le rejet d’une greffe mal assortie ? Une situation qui oblige en tout cas, le « Vieux » à rechausser ses bottes de mille lieux et de battre campagne. « Rien ne peut empêcher le Secrétaire général d’un parti et le chef politique d’une coalition de soutenir et la formation et la coalition en campagne électorale », argumentent certains de ses proches joints au téléphone. Soit, mais et l’arbitre institutionnel qu’est-ce qu’on en fait ? Qu’à cela ne tienne simple « Ombre » dans « Sopi ak moom » en 2001, Me Wade a décidé ainsi d’être et de peser de tout son poids pour le triomphe des listes Sopi 2009, quitte à tordre le cou au Code électoral.
L’émancipation, telle que définie par la femme sainte
Le Prophète Mouhamed (Psl) prit l'habitude d'aller s'isoler des journées durant, dans une grotte, située au mont Hira dominant la vallée de la Mecque. Comme il avait d'instinct en horreur les divinités païennes, il s'adonnait, dans sa solitude, à des exercices pieux qu'il dédiait au Maître de l'univers, à l'unique, qu'il révélait par vocation innée. Arrivé au point culminant de sa ferveur, le solitaire se sentait désemparé.
Une vision surtout le hantait, l'accablait, l'étouffait au cours de ses rêves. Un être gigantesque, surhumain, occupant la distance du ciel jusqu'à la terre semblait vouloir l'écraser. Il transpirait, étouffait. Pendant des mois, il se crut en proie à des démons. Il dissimulait à peine son angoisse à ses proches, à son épouse Sokhna Khadidiatou qu'alarmaient tant de symptômes inquiétants. Enfin, vers la dernière décade du mois de Ramadan, en l'an 611, l'ange Djibril, dans une vision saisissante, lui apparut et lui annonça qu'il sera Prophète. En même temps, il lui tendit un papyrus blanc couvert d'écritures et lui enjoignit : lis au nom de ton Seigneur, Celui Qui a créé, Il a créé l'homme d'un caillot adhésif. Lis ! La bonté de ton Maître est infinie, c'est Lui qui fit de la plume l'instrument du savoir. Et enseigne à l'homme ce qu'iI ignorait (116).
Après cette première révélation, une euphorie incomparable, un sentiment de plénitude sans égal s'emparèrent de lui, le transfigurèrent. Puis il entra dans un état de vide intellectuel. Ce premier contact avec l'éternité l'avait extenué. Il s'empressa de rentrer chez lui. Il se mit au lit, il demanda qu'on le couvrît de son manteau. Visiblement ce phénomène supra-naturel le dépassait. Il se remettait de nouveau à penser qu'il était la proie des génies malfaisants. Khadidiatou, en épouse attentionnée, prit soin de relever son moral abattu : Ah j'ai bien cru que j'en mourrais ! Non, répliqua celle-ci rassérénée ; assurément Allah ne voulait pas t'infliger de malheur, car tu es excellent pour ta famille, généreux pour les pauvres, bon pour les faibles, secourable pour toutes les victimes de l'injustice (117). Epuisé par le contact avec l'au-delà, c'est auprès de cette grande figure qu'il trouva le réconfort. Le prophète Mouhamed (Psl) revient palpitant de joie vers sa compagne, et Djibril lui apparaissant dit : enseigne à khadidiatou le salut par l'Islam c'est-à-dire par la résignation absolue à toutes les volontés du créateur. Ô khadidiatou c'est Djibril qui m'ordonne le salut par l'Islam (118). Et Sokhna khadidiatou répondit : Allah est le Salut, de lui vient le Salut soit sur Djibril (119). Elle fut ainsi, de toutes les créatures humaines, la première qui embrassa l'Islam. Et depuis ce jour, Allah le Tout-Puissant se servit de l'admirable femme pour soulager les douleurs de son Prophète (Psl) dans toutes les épreuves qu'il allait subir, le dévouement de celle-ci inspirant au Messager de Dieu (Psl) un immense mépris contre la méchanceté humaine et sa foi inébranlable devant le réconforter, lorsqu'il sera traité surtout d'imposteur. Sokhna khadidiatou était convaincue que la plus haute destinée était réservée à son époux, et elle n'était nullement surprise d'une pareille révélation. Soutien discret, nulle plainte n'émanait d'elle. Elle lui vouait une fidélité dans tous les domaines. Elle assista apparemment imperturbable à l'agitation croissante de la ville, aux épreuves des premiers musulmans, à l'exode de ceux-ci en abyssinie. Sokhna khadidiatou était la confidente intime et la tendre consolation de tous ses espoirs. Le Prophète Mouhamed (Psl) témoignait en faveur de Sokhna Khadidiatou qu'elle avait partagé avec lui ses biens pour la cause islamique et lui avait donné des enfants grâce à Dieu et elle avait cru en lui quand il était rejeté.
Aujourd'hui, la femme lutte dans la société moderne pour trouver sa véritable dignité, mais en dépit de tous les discours, se heurte à de nouvelles formes d'oppression. Mais les sociétés modernes ont aliéné la femme dans des idéologies basées essentiellement sur le matérialisme, l'accès aux plaisirs, la négation de toute spiritualité. Cela ne peut mener qu'à des aberrations. La femme sainte a démontré avec ardeur la voie à suivre, celle de la rectitude. Nous pouvons donc réaffirmer que son rôle dans la société a fait fondre les fausses idées des femmes modernes. Aujourd'hui, dans la plupart des sociétés humaines, le débat sur la place et le rôle de la qualité de sa participation sociale et son effet, sont des sujets d'actualité.
La femme, pendant toute l'histoire, n'a pu jouer un rôle positif, occuper une place digne de ce nom. La femme moderne croit que l'Islam est une religion qui la cloître à la maison. Elle pense que dans l'Islam est une créature prise en cage et une esclave domestique soumise à l'homme. La femme fait preuve de la bravoure. Est-ce que la religion de l'Islam est contre la femme ? L'Islam a retiré la femme de la bourbe et lui a donné l'honneur, le respect et la dignité. Pour qu'une société se développe du point de vue socio-économique, la femme doit respecter la décence et la charge du travail.
Elle est l'éducatrice des grands hommes et femmes vertueux de l'histoire. La femme de la nation sénégalaise doit prendre chaque jour davantage, conscience de son devoir, et considérer sa grande tâche avec clairvoyance. Elle doit déployer ses efforts et user de son intelligence et sa sagacité pour offrir des êtres humains. Efforçons-nous de notre mieux pour notre pays et guidons les hommes vers le salut éternel. La femme fut la raison principale de la bravoure des Prophètes et des hommes saints. Cette religion clairvoyante accorde une place et un rang social digne d'elle, à la femme sans aucune injustice. Nous devons fonder une vraie société à la lumière du saint Coran, sans cela nous ne pouvons créer un cadre équitable et viable. A la lumière des paroles divines nous devons propager la volonté divine dans le milieu où nous vivons. Bien que la mission du Prophète Mouhamed (Psl) s'est achevée, (sourate Maïdah, 3) cela ne signifie point la coupure de relation spirituelle entre la femme et la source du mystère. C'est-à-dire le créateur, la voie menant à la vertu, à la station spirituelle transcendante est toujours ouverte, aucun sexe féminin n'est interdit d'y accéder. La femme géniale symbolisait l'Islam, et était modèle éternel de la femme musulmane. Les qualités d'une femme exemplaire sont des vertus enviables. C'est la preuve qu'aucune douleur, aucune épreuve n'est capable d'arrêter l'action d'une femme bénie.Il n'y a que l'endurance aux épreuves qui puisse apporter le fruit éternel et le confort de la vie future. La femme a joué dans la nation sénégalaise un rôle intellectuel, éducatif et même économique. Se purifier pour acquérir la béatitude suprême est un gage de l'effort personnel. La femme pourra entrer en relation étroite avec le monde du Tout-Puissant, si elle s'efforce d'actualiser toutes ses puissances potentielles qui existent en elle-même sous les dimensions diverses et que la diversité l'a confiées en sa qualité de dépôt sacré. La femme, par sa performance intellectuelle, se montre apte et digne, plus que jamais d'assumer sa lourde tâche et responsabilité pour sauvegarder la société, et d'y donner l'interprétation juste et réaliste.
Cependant, la majorité est celles, dont la vision religieuse est profonde et sublime, qui sont comblées d'une spiritualité resplendissante. Le profit de cette source flamboyante dépend de nos capacités. Nous nous permettons de nous adresser cordialement à toute femme musulmane, pour dire : N'est-ce pas une honte pour chacune de nous, mère, épouse, sœur, talibé aspirant à une place au paradis d'ignorer la vie exemplaire d'une figure sainte ? Toute femme doit avoir une moralité aussi bien dans son culte pour l'amour du Tout Miséricordieux que dans son comportement de vie quotidienne au foyer conjugal et au lieu de travail.
Femmes, épouses, condisciples de Khadimou Rassoul réveillons-nous de notre inconscience et ne détruisons pas notre personnalité humaine. Réveillons-nous de notre sommeil profond et faisons de la voie d'une femme vertueuse, pieuse une image quotidienne en empruntant le chemin d'une femme dans sa mission éternelle, le chemin de la lumière et de la victoire, la voie qui nous permettra d'obtenir le pardon d'Allah le Miséricordieux et de nous offrir un paradis aussi vaste que l'univers, qu'Allah a préparé pour la femme vertueuse, noble d'esprit. Rappelons-nous de notre serment d'allégeance envers Dieu et au serviteur du Prophète (saws) Khadimou Rassoul à savoir que la vie ici-bas ne représente pour nous qu'un ensemble de moyens pratiques nous permettant de préparer notre vie future.
Notre but ultime est de ne pas manquer le rendez-vous du paradis. Soyons fières de notre vocation de mère, de servante au foyer. Nous devons être nobles, parfaites à tout point de vue. Nous devons réaliser notre promotion et concevoir notre personnalité afin d'être capable d'aller de l'avant dans la voie choisie. Si jamais nous nous éloignons de l'axe de la vertu et de la dévotion, nous nous écarterons des principes de Khadimou Rassoul. Femmes, ayez non cette parure extérieure en rapport avec les cheveux tressés, les ornements d'or, ou les habits qu'on revêt, mais la parure intérieure et cachée dans le cœur, la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu.
Nous conseillons à tous nos condisciples dévoués, patients, de toutes les régions de la nation sénégalaise de se référer à la vie exemplaire d'une femme immaculée pour mener à bien leur vie sociale, spirituelle et mystique. Nous encourageons celles aux cœurs purs et dévoués, à remplir davantage le rôle que leur avait attribué l'Islam. Que toutes les femmes musulmanes grâce à la mansuétude divine puissent réaliser nos vœux et nos espoirs. Prions Dieu le Tout Miséricordieux par la Baraka de Sokhna Maïmouna Mbacké, la servante du Coran et de la Nuit du Destin de nous accorder la droiture dans la recherche de la vérité, la pureté dans son attachement et le sérieux dans notre travail. Qu'Allah le Tout-Puissant agrée cet effort par la Baraka de cette femme musulmane éternelle comme un acte visant entièrement la satisfaction. Il est Audient louanges à Dieu, Seigneur de l'univers.
Mme Marième Habib DIAGNE *Extrait du livre : ‘La femme, selon la vision islamique’
Célébration du 8 mars : La communauté se mobilise contre la violence faite aux femmes
‘Les hommes et les femmes unis pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles’, c’est le thème fédérateur qui a été retenu pour la célébration de la Journée internationale de la Femme de cette année. Le secrétaire général des Nations-unies, Ban Ki-moon, à l'occasion du lancement de la série de manifestations prévues dans le cadre du 8 mars 2009, invite la communauté internationale à davantage mettre l’accent sur la lutte contre la violence faite aux femmes et aux jeunes filles. Il a lancé cet appel, le jeudi 5 mars alors qu’il ouvrait les travaux d’une table ronde sur le thème, en prélude à la journée de ce dimanche 8 mars.
Le thème de cette année est lié a la campagne ‘Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes’, lancée en 2008 par Ban Ki-moon. Cette campagne se poursuivra jusqu’en 2015, date butoir des Objectifs du millénaire pour le développement. Ban Ki-moon déclare sur le site du Centre d’information de l’Organisation des Nations-unies que ‘nous devons faire cesser cette violence ordinaire, profondément ancrée dans la société, qui détruit des vies, ruine la santé, entretient la pauvreté et entrave la réalisation de l'égalité entre les femmes et les hommes et l'émancipation des femmes’.
Le Secrétaire général de l’Onu est d’avis que la violence dont les femmes sont victimes est en contradiction ‘flagrante’ avec la promesse de la Charte de l’Onu de favoriser le progrès social et d'instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande. La violence à l’égard des femmes constitue une violation flagrante des Droits de l’homme ; elle comporte d’énormes coûts sociaux et économiques et sape la contribution des femmes au développement, et à la paix et la sécurité, indique le Centre d’information de l’Onu. Ainsi, il a été fait un plaidoyer pour la mise en œuvre de politiques économiques et sociales qui favorisent l'émancipation des femmes. Aussi, les Etats doivent-ils créer des programmes et affecter des budgets à promouvoir la non-violence. Selon Ban ki-moon, il faut, par ailleurs, améliorer l'image des femmes dans les médias, et instaurer des lois qui érigent la violence en crime et qui obligent les auteurs à répondre de leurs actes. La célébration de la Journée internationale de la Femme a été officialisée en 1977 par les Nations unies.
Khady BAKHOUM
Mécanique, transport, vente à la criée… : Les femmes prennent d’assaut les bastions mâles
La célébration du 8 mars, Journée internationale de la Femme est, au Sénégal, le prétexte pour reposer l’éternel débat sur le statut de la femme dans la société. Il est vrai que le discours des sexistes a évolué, allant de l’étape de l’émancipation des femmes à la parité en passant par l’égalité des sexes. La femme sénégalaise, en effet, a gravi les échelons pour se mettre au-devant de la scène, dans tous les sphères de la vie active. Il reste encore des choses à faire parce qu’il n’est pas vrai, partout, qu’à compétences égales, les hommes et les femmes accèdent de façon paritaire aux mêmes postes de responsabilité. Cependant, la constante dans la lutte pour l’émergence de la femme est que le combat semble être mené, dans une large mesure, pour les intellectuelles.
La bonne dame qui compte sur le kilogramme d’arachides grillées qu’elle vend quotidiennement pour subvenir aux besoins de sa famille ne se sent nullement considérée lorsque l’on s’égosille à demander plus de postes de responsabilité. Le monde féminin est fait d’un peu de tout : des intellectuelles, des analphabètes, des femmes au foyer, des femmes battues et maltraitées, des femmes entrepreneurs, d’éternelles assistées, etc. Dans ce lot, figurent des femmes qui se font leur propre avocat, qui défendent leurs intérêts ; celles qui se sont affranchies du tutorat des hommes et qui s’investissent dans le secteur d’activités qu’elles choisissent elles-mêmes. Elles n’hésitent plus à venir toiser les hommes dans leur terrain. A l’occasion du 8 mars, nous sommes allées à la rencontre des femmes qui ont eu l’audace de rivaliser avec les hommes dans un terrain loin d’être neutre car, étant considéré comme celui des hommes.
Chauffeurs de taxi ou mécaniciennes : Elles tracent leurs sillons dans l’automobile
Son père était chauffeur de taxi. Elle a fait des études en techniques mécaniques, elle exerce aujourd’hui le métier du père. Maty Ndour fait partie des Taxi sister’s depuis près de trois ans. A trente ans, Maty Ndour est une jolie femme à la noirceur d’ébène. Célibataire sans enfant, elle vit toujours sous le toit familial. Un ‘sacré caractère’, disent ses voisins. Il en faut. Car les Taxi sister’s, c’est un phénomène relativement nouveau à Dakar.
Ainée de la famille, elle a voulu prendre un raccourci en s’inscrivant très tôt dans une école de formation en mécanique afin de prêter main-forte à son père dont les revenus n’assurent plus les besoins de la famille. ‘Mon père m’a appris à conduire une voiture quand j’avais à peine 15 ans, c’est depuis lors que j’ai souhaité être chauffeur de taxi’, note Maty Ndour qui ajoute : ‘A l’époque, notamment en 1992, il n’y avait pas de filles dans la section mécanique du lycée Maurice de Lafosse. J’avais un professeur très gentil.
C’est lui qui m’a trouvé mon premier stage dans un garage de mécanique de haut niveau’. Son intégration dans une filière où il n’y avait que des garçons ne s’est pas fait sans heurts. Mais tout finit par aller bien. ‘On s’entendait bien. Comme j’étais la seule fille de la salle, ils n’hésitaient pas à venir me prendre chez moi pour rejoindre les cours de l’Ecole de mécanique’, note-t-elle. Preuve qu’on peut être la seule femme et la meilleure de sa classe, Maty Ndour sortira major de sa promotion au brevet de mécanique. La Taxi sister’s semble être une proie facile pour certains hommes qui n’hésitent pas à leur faire la cour dans l’exercice de leur métier. ‘Quand je transporte certains hommes, leurs meilleures réactions est d’essayer de me courtiser, pensant qu’ils ont devant eux une proie facile. De la même façon, certains resteront à côté de moi pour tenter de me donner des leçons de conduite’, rapporte-t-elle.
Forte de ses trois ans de pratique, Maty n’a pas encore rencontré de problèmes majeurs. ‘Il faut bien connaître son métier, on n’a pas le droit à l’erreur, surtout quand on est jeune’, soutient Maty qui indique : ‘Nous sommes la première génération de Taxi-sister’s et nous avons reçu une bonne formation en gestion et en self-defense, avec des cours de Karaté.’ Maty Ndour préfère conduire un taxi plutôt que de faire des travaux domestiques même si son métier exige une bonne condition physique et une santé de fer.
Conduire un taxi est après tout d’un cran plus facile que celui de mécanicienne. Mais là aussi, les femmes n’ont pas rechigner à explorer le créneau. Preuve de leur ambition et de leur amour pour ce qu’elles font, les mécaniciennes, au Sénégal, sont diplômées des centres de formation. Les deux garages de mécanique professionnels, gérés par des femmes, sont Femme auto et Fatou-Fatou Mercedes (pub gratuite). Ces deux micro-entreprises jouissent déjà d’une notoriété publique à Dakar. Ces femmes, qui n’ont pourtant rien d’un homme, ont eu le courage, au milieu des camboui et batteries de voitures, de se salir les mains pour gagner honnêtement leur vie. Pour nombre d’obseravteurs, on peut avoir ou non le complexe d’exercer telle ou telle activité mais il n’y a pas de sot métier. Il n’y a plus, non plus de métier fait pour des hommes ou des femmes. On exerce tout simplement un métier.
Kh. BAKHOUM & P. K. TRAORE
Aminata Ndiongue, vendeuse de cartes de crédit : ‘Il n’y a pas de métier d’hommes, il faut se faire valoir’
En plein cœur de Dakar, le centre-ville bat à son rythme habituel. Les marchands envahissent le trottoir, les piétons pressent le pas et les voitures, à cause des embouteillages, roulent au pas. Au milieu de la cacophonie ambiante, provoquée par les klaxons des voitures, une fille s’active à écouler son lot de cartes de recharge téléphonique. Indifférente au bruit, Aminata Ndiongue aborde le sourire aux lèvres, ses clients potentiels. Active dans le métier depuis six mois, la jeune fille de 19 ans maîtrise les techniques de vente qu’elle applique avec tact.
Enfant, Aminata ne rêvait pas de vendre des cartes de recharge dans la rue. Elle aura touché à tout avant d’en arriver là. Elle s’est d’abord essayée à la coiffure, avant de s’apercevoir que ce métier n’était pas fait pour elle. Elle tente alors le travail domestique. Nouvelle erreur d’aiguillage, soutient-elle. Et par hasard, un de ses voisins se trouve être un vendeur accrédité par la Sonatel. C’est ce dernier qui va l’entraîner dans la vente de carte de recharge. Aminata commence alors à parcourir les ruelles du centre ville pour écouler ses produits, moyennant un pourcentage qu’elle trouve ‘acceptable’.
Mais ce qui motive le plus la jeune fille, c’est la liberté dont elle bénéficie pour gérer son petit commerce comme elle le désire. Et soutient-elle, ‘Il n’y a pas de métier d’hommes, il faut se faire valoir’ Son employeur, Cheikh Dieng, témoigne : ‘Aminata est mon meilleur élément.
Elle a tout de suite démontré des aptitudes à faire un tel boulot. J’étais, sincèrement, très heureux lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle voulait que je lui augmente son lot de cartes.’ Encouragée par son patron, Aminata veut aller plus loin en décrochant une accréditation en qualité de vendeurs de produits de la Sonatel. Elle va aussi donner une chance aux autres filles qui veulent exercer ce métier. ‘Elle est très bien partie. Ça fermerait le clapet de pas mal de monde’, estime son patron. Pour le moment, Aminata assure n’avoir pas encore noté de ‘remarques désobligeantes’. Après tout, Aminata ne prête pas le flanc. A ces débuts, raconte-t-elle, les gens s’étonnaient de voir une fille vendre du crédit. ‘Ce n’est pas très courant de croiser une fille dans ce milieu’, lui lançait-on. Les vendeurs de cartes de recharge téléphonique de l’avenue Léopold Sédar Senghor l’ont très vite adoptée. Aujourd’hui, elles sont plus d’une dizaine de filles à développer ce petit commerce.
Mais si le respect se gagne en partie par le travail, la jeune fille admet qu’ ’avoir du caractère’ facilite les choses. ‘Je préfère bosser avec des hommes’, précise-t-elle. ‘En règle générale, les rapports sont beaucoup plus francs. En cas de conflit ou de désaccord, on se dit les choses en face et le problème est vite réglé’, reconnaît-elle. Ainsi, son patron assure que l’ambiance au travail n’est pas la même lorsque Aminata est sur le terrain. ‘Sa présence, note-t-il, remue un peu les gars et ça détend l’atmosphère.’ Des inconvénients à exercer cette activité perçue par certains comme un ‘métier d’homme’, elle n’en voit pas. Sauf, peut-être, l’absence de toilettes publiques que les revendeurs pourraient utiliser. Mais c’est ‘un détail’, trouve-t-elle. Aminata ne sait pas si elle exercera encore son métier dans deux ans car, ‘c’est un boulot très physique, épuisant’, avoue la jeune fille. ‘Je ne suis pas certaine de tenir le coup, encore des années. Mais une chose est sûre, je resterai dans le commerce’, lance notre interlocutrice.
Paule Kadja TRAORE
Ziguinchor : L’Etat recule devant ‘les porteurs de pancartes’
Pour obtenir maintenant quelque chose au Sénégal, il faut ‘bouger’. Cette réalité, les étudiants semblent l’avoir compris en manifestant devant le chef de l’Etat. Un mouvement d’humeur qui vient de donner ses fruits avec les engagements pris par les autorités en faveur de l’université de Ziguinchor.
(Correspondance) - Ils ont été inspirés en s’invitant à l’accueil du chef de l’Etat. Une semaine après avoir accueilli le président de la République à leur manière avec des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des slogans hostiles, les ‘porteurs de pancartes’ peuvent crier victoire. Car, les autorités se sont désormais inscrites dans une dynamique de prise en charge de toutes les doléances des étudiants. C’est en tout cas ce qui est ressorti de la rencontre nocturne d’avant-hier entre les étudiants de l’université de Ziguinchor et le conseiller technique du chef de l’Etat chargé des questions pédagogiques. Une rencontre à laquelle avait également pris part le secrétaire général de la présidence de la République. C’est d’ailleurs Abdoulaye Baldé qui déclinera face à la presse les fruits de ces discussions.
A en croire le collaborateur du chef de l’Etat, le gouvernement s’engage à apporter des réponses aux sollicitations des étudiants qui avaient d’ailleurs été reçus le jour même par le président de la République. Le premier engagement des autorités permettra de régler la question du transport à l’université. Ainsi, un premier bus déjà disponible à Dakar arrivera dans les prochains jours à Ziguinchor. Un second que l’Etat s’engage à acheter viendra renforcer le parc automobile de l’université de Ziguinchor. Par ailleurs, les autorités s’engagent à augmenter la capacité d’accueil du campus social avec la construction prochaine de dortoirs. Les salles pédagogiques seront à leur tour renforcées grâce à la contribution de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac), à en croire Abdoulaye Baldé.
Mais, pour le moment, les étudiants pourraient utiliser les salles de classe de l’Ecole des agents techniques de l’agriculture (Eata). Aussi, il sera procédé au renforcement du parc informatique de l’université. Il est donc ressorti de la rencontre de jeudi que le ministre de l’Education nationale a promis d’envoyer 80 ordinateurs pour amener le parc à cent unités. A cela s’ajoute un financement canadien qui permettra la construction d’une bibliothèque de trois mille places et d’un bloc scientifique.
Dans un autre registre, les autorités se sont engagées devant les étudiants à aménager dans une semaine un terrain de sport dans l’enceinte de l’université de Ziguinchor. Un geste qui précédera la construction d’un terrain de sport multifonctionnel avec l’appui du ministère des Sports. D’autres questions comme l’accès à Internet et l’avenir de certaines filières ont également fait l’objet d’accord entre les autorités et les ‘porteurs de pancartes’. Autant dire que ces derniers ont bien joué en saisissant l’opportunité de la présence du chef de l’Etat à Ziguinchor pour manifester. Car, toutes les autres initiatives se sont montrées vaines. Seulement, le contexte de campagne électoral dans lequel sont intervenus ces accords est là pour provoquer le scepticisme chez certains.
De toutes façons, un comité de suivi a été mis en place pour poursuivre la concertation afin de tirer l’université de Ziguinchor de la zone de turbulence. Une décrispation qui passe, par ailleurs, par la prise en charge du sort des bacheliers non orientés. Heureusement qu'une rencontre est projetée pour statuer sur cette autre question qui empoisonne le climat à Ziguinchor.
Mamadou Papo MANE