Abdoulaye Wade est il Cabochard Politique ?
Abdoulaye Wade est il Cabochard Politique ?
« On a la jeunesse de ses espoirs et la vieillesse de ses doutes » Paul Valery
Faire face à Abdoulaye Wade serait équivalent à faire face à un mal endémique incurable. Ainsi, à chaque fois que l’on pense que le mal est éradiqué, le mal revient de plus belle. Wade tel un cabochard maintient son entêtement, sans oublier son narcissisme agissant qui le ronge de l’intérieur et son entendement qui est aussi obstrué par le génie du mal. Abdoulaye Wade a été durant son mandat affectueusement appelé par les sénégalais « gorgui ». Cela révèle une marque de respect et de sympathie par rapport à son âge. Cependant, cela sous-entend aussi un conflit de génération car Wade ne semble pas en phase avec la jeunesse sénégalaise. Cela n’est pas lié seulement à une érosion morale au niveau de la jeunesse.
En effet, Abdoulaye Wade a été abandonné par le temps. Il le sait pertinemment et pourtant il veut réitérer sa volonté de continuer. Cette volonté de pérenniser son régime politique montre que l’homme frise la névrose obsessionnelle. Il va sans dire que la pratique du pouvoir politique dans le temps après douze ans finit par s’amenuiser par un effet de lassitude. Wade n’en peut plus ! Wade n’est plus ! Cela devient une réalité évidente car il est rattrapé par le temps. L’homme, toujours dans sa quête de légitimité historique et politique pense appartenir au panthéon politique sénégalais. Que nenni ! Wade s’est investi comme mission de battre les frontières de l’inaccessible par rapport à une temporalité présente. Son visage montre une sorte de résolution à résister dans un sursaut d’orgueil comme un lion blessé. Ce narcissisme ambiant qui le gouverne ne le sauvera pas car il y a des paramètres importants que l’on ne peut dissimuler.
Chemin faisant, il y a des variables qui rendent son départ inévitable, voir même inéluctable. D’abord, il y a une odeur de souffre au Sénégal, il y a eu des morts, des gens blessés, brutalisés car Wade a mis l’appareil répressif de l’état en marche. Réprimer ou périr est une habitude reconnue chez les chefs d’Etat africains. Cela a pour directe conséquence une confrontation avec le peuple. Le peuple exprime sa contestation populaire. Il exprime son désaccord car la candidature de Wade est illégitime et illégale. Nous devons nous rappeler que la constitution est l’instrument juridique qui régît le fonctionnement de l’Etat et sert aussi à définir l’exercice du pouvoir politique. On peut sans ambages affirmer que le droit c ‘est ce qui est ordonné. Par rapport à une hiérarchie des normes, la loi constitutionnelle est une loi fondamentale et suprême. Le conseil constitutionnel a cédé à la séduction du pouvoir en rendant une décision politique. C’est l’un des problèmes de la séparation des pouvoirs car les juges sont nommés par le pouvoir exécutif malgré leur souveraineté morale. Ce conseil constitutionnel est loin d’être un conseil de sages, mais plutôt un conseil de serviteurs. Ces juges ont conforté Wade dans son délire existentiel. Cela va sans dire que Wade a su faire preuve de malice dans le champ politique.
Le champ politique est aussi un champ de force dans lequel interagissent des individus pour conquérir des positions, des places comme dans un jeu d’échecs. Ces alliances politiques se font et se défont au gré des situations. Wade poussé par son instinct grégaire joue la carte du Darwinisme en pensant qu’il est plus fort. Donc les positions et les valeurs de chacun ne valent pas en soi, mais en fonction des positions des uns et des autres. Le champ politique est un champ de bataille ! Wade se perçoit, ainsi, comme l’homme de la situation et persiste dans sa folie de la raison. Cette folie de la raison est motivée par un populisme religieux et politique. Wade tel un tribun verse dans l’affabulation jubilatoire sous les vivats de son parti ! Cela l’aide à se convaincre pour se rassurer. Cependant, il y a une fin d règne qui sonne comme un mauvais clairon. La grogne populaire monte, le rejet est définitif ! Wade s’obstine car imbu de faux idéalisme politique. Cela ressort de cette dualité fonctionnelle qui existe chez lui.
Il y a ce phénomène de dépersonnalisation chez lui. Wade se prend pour une entité agissante sans limite motivé par sa dimension présidentielle alors que l’on note la confusion du genre entre le candidat politique et le président. Le pouvoir politique est comme une drogue qui pousse à l’ivresse de la raison (cas de Mugabe). Il faut ajouter à cette dépersonnalisation, un processus de déification. Wade se sent investi d’une mission divine et sacrée car ayant le sentiment d‘être l’élu de Dieu. Cette vision fantasmagorique n’arrange pas les choses. La déification poussée est basée sur la croyance à la sacralité de sa personne. Cela donne comme un parfum de religiosité à son envergure en tant que autorité morale et publique. A travers les années, Abdoulaye Wade ne s’est pas bonifié, il a été au contraire emmuré dans un exercice d’autoglorification et béatification circonstancielle. Il est évident que la valeur essentielle de Wade n’est pas la bonhomie.
Enfin, la finalité de l’action entreprise par un homme doit être mesurée à travers le temps. Mais cette finalité de l’action doit être basée sur une réalité objective et concrète. Il va sans dire que le processus de démocratisation au Sénégal est soumis à rude épreuve car le peuple sénégalais dans son âme pleure et enterre ses enfants. La probabilité factorielle de la victoire de Wade semble se réduire à petit pas. Wade n’est point résigné car comme un faux utilitariste, il se voue à préserver son pouvoir. Son entêtement dépasse son entendement. Abdoulaye Wade a, aujourd’hui, dans une dernière envolée dithyrambique essayé de tenir la barre mais la marée populaire est déjà haute et se lève comme une immense vague. Le ciel de Wade commence à être couvert par un voile d‘obscurantisme fort noir, d’une noirceur des ténèbres. Cette montée de la saillie populaire sera sans merci et pleine de passion, celle qui terminera à jamais la carrière politique de cet homme. Il partira seul, vieux, rabougri et fatigué comme un vilain cabochard.
Ousmane Toure
Petites leçons ‘provisoires’ du 26 février
Le sang a beaucoup coulé sur une terre dite de paix, pays d’Ahmadou Bamba et d’El Hadj Malik Sy qui ont tant prié de leur vivant pour nous épargner des catastrophes humanitaires. A force de sacraliser ce Sénégal ‘havre de paix’, on en oublie presque les événements sanglants de 1962, 1968, 1988, 1989, 1993. Et le bateau Le Joola ? Alors ! Les organisations des Droits de l’Homme ont rué dans les brancards, appelé à la rescousse la communauté internationale qui a rappliqué dare dare en instrumentalisant un ‘mégaphone’ symbolique pour consacrer l’ironie de l’histoire. Obasango, l’ancien ‘putschiste’ au secours de Wade, le ‘champion’ de la démocratie. Les Africains aiment éteindre le feu, ils ne savent pas le prévenir. Leur solidarité est une solidarité de compassion, pas de nivellement par le haut. ‘Quand je m’ausculte, je me désole. Quand je me compare, je me console’. Ainsi va l’Afrique ! Ainsi ne voulait pas être le Sénégalais! Et pourquoi ?
Parce qu’il est un peuple démocratique, il vote depuis 1848, il a réalisé l’alternance en 2000, offert au reste du monde l’image impressionnante du vaincu qui félicite son vainqueur, confirmant ainsi ‘l’exception sénégalaise’. C’est la peur de voir disparaître cette ‘exception sénégalaise’ qui explique qu’Alioune Tine et Dansokho aient accepté, quelques jours avant l’élection, l’idée d’une négociation avec le Président dont ils connaissent assez les capacités manœuvrières faites de témérité, d’entêtement, de déraison, pour devoir anticiper, par devoir et par patriotisme. Ne leur jetons pas la pierre aujourd’hui qu’on célèbre avec enthousiasme et peu de recul, le génie du peuple sénégalais qui, dit-on, a encore donné une belle leçon de démocratie aux ‘porteurs de malheur qui espéraient du sang le jour du scrutin’. Prudence ! Vigilance ! C’est par ces mots que nous commençons à tirer quelques petites leçons de ce jour du 26 février 2012, mais que nous soumettons modestement au principe de falsifiabilité cher à Popper.
Scénario 1 : accepter les résultats
Wade accepte les résultats sortis des urnes et qui indiquent de façon claire qu’un 2e tour est incontournable. Ce qui signifie qu’il fera face à un candidat de l’opposition qui bénéficiera du report des voix de tout le reste des opposants. Ce qui signifie donc, in fine, une défaite irrémédiable de Wade et de son régime. Mars 2012 viendra ! Et viendra le temps du bilan Wade ! Il reste que ce 26 février, dans la perspective d’une acceptation des résultats, signifie concrètement que la page des Wade commence à être tournée définitivement.
Dans cette même perspective, l’idée qui sous-tend les futures alliances est simple, rappelant même un schéma expérimenté 12 ans avant, en mars 2000 : il s’agit de voter tous contre Wade comme on l’a fait hier contre Diouf. Et voter contre Wade, c’est tuer définitivement dans l’œuf le projet de dévolution monarchique. C’est mettre fin aux pratiques injustifiées d’un ‘prince au cœur du pouvoir’ que l’amateurisme politique poussa à s’imaginer des inimitiés et donc ‘fabriquer’ des ennemis qu’il s’est juré de ruiner : le résultat est là, l’engagement politique et citoyen précipité de Youssou Ndour et de Barra Tall a dopé le sentiment de dégoût du régime, amplifié les voix de la contestation, cristallisé les antagonismes et aidé à la mobilisation électorale. Ceux qui seraient tentés de marchander leur soutien ailleurs que dans cette dynamique de la sanction du régime de l’alternance, subiront les effets de la ‘jurisprudence Djibo Kâ’ : les votes ne sont pas les propriétés des candidats, ils sont les voix des peuples. Ces peuples ont un objectif : le changement. Ceux qui s’en détournent l’apprennent à leurs dépens et supporteront les jugements de l’histoire.
Reste la valse des transhumants sans dignité qui, bientôt, annonceront leur ralliement au potentiel vainqueur. De grâce, que la page de Wade qu’on s’apprête de tourner, puisse aussi entraîner la fin de ces pratiques nomades qui vampirisent ‘l’homo politicus’ sénégalais. Leçon de février : s’ils pouvaient gagner, ils n’auraient jamais perdu ! Que le nouveau vainqueur les aide à exorciser le mal du pouvoir en les laissant vivre dignement une opposition qui aurait valeur de catharsis.
Ce 1er scénario est le plus plausible, le plus positif.
Scénario 2 : refuser les résultats et confisquer le pouvoir
Wade refuse d’envisager un 2e tour, c’est-à-dire l’idée de sa retraite politique et s’arrange donc pour passer au 1er tour avec 50,01 %. La conférence du président sortant que l’on se dépêche d’applaudir en soulignant la sagesse, laisse pourtant pointer la possibilité pour lui de gagner au 1er tour. Rien ne doit plus surprendre, ni de l’homme, ni de son régime et surtout pas de ses collaborateurs à qui l’on colle l’étiquette de ‘faucons’. Ils peuvent même accepter de perdre au 1er tour et refuser de faire de même au 2e tour. Ces gens tiennent à leurs privilèges, craignent le jugement et voient déjà leur sommeil hanté par la vengeance de ceux qui furent victimes de leurs injustices. Ils ne supporteront l’humiliation que s’ils y sont contraints. Alors, vigilance ! Que ne tenteraient pas ceux qui sont persuadés que leurs noms figurent déjà dans les dossiers d’enquêtes de la Cour pénale internationale ? Si cette hypothèse encore peu envisageable s’avérait, que faudrait-il faire ? Combattre ! Le peuple contre la police de Wade, jusqu’à la victoire finale ! A quel prix ? Des dizaines, des centaines de morts ? Si cette hypothèse devait prospérer, on comprendrait alors les précautions d’usage d’Alioune Tine et de Dansokho, dans leur volonté de négocier pour le peuple, à la place du peuple, avant le verdict du peuple. Espérons qu’elle ne se réalise pas. Mais comme on travaille sur des hypothèses, il serait naïf de ne pas l’envisager.
Ce 2e scénario est le plus improbable et le plus négatif
A suivre…
Pr Ndiaga LOUM,
Le temps des négociations
Abdoulaye Wade encore sonné par l’échec de son forcing du premier tour cherche à tout prix à nouer des alliances avec ceux qu’il a toujours méprisés ou écrasés…
Après avoir éliminé tous ceux qui se dressaient sur son chemin…. Tous ceux qui osaient remettre en cause ses opinions, à tort ou à raison.
Aujourd’hui emporté par la vague du 23 juin et du « y’en a marre » au sens large du terme, il s’agrippe à tout ce qu’il trouve… Décidément, le Pape du « Sopi » n’a toujours pas compris qu’il est devenu le pire cauchemar des sénégalais !
Après avoir à plusieurs reprises, tripatouillé la constitution au gré de ses ambitions propres, intégré les militaires dans le fichier électoral, redécoupé la carte électorale avec tous les traumatismes que cela provoque, il ne lui manquait plus que son dernier geste, fatal : le coup de force du troisième mandat en lieu et place des deux prévus par la constitution qu’il s’était lui-même promis de s’appliquer…
Sacré Maitre ! Monsieur WADE qui ne voyait plus rien ni personne est aujourd’hui obligé de ratisser large, priant des jeunes et même vieux de tous bords, particulièrement des libéraux qui lui avaient tourné le dos, de revenir avec lui au second tour…
Cette méthode consistant à couper l’herbe sous les pieds des adversaires en débauchant quelques uns de leurs piliers ne marchera pas…
Le rejet est tel que tous ceux qui se soucient de leur avenir n’oseront pas s’allier avec WADE et compagnie…
Comment peut-on, après avoir tant décrié l’inconstitutionnalité de la candidature de WADE, revenir sur ses positions pour négocier avec lui ou même lui accorder un débat télévisé ? Toute personne qui serait tentée à l’heure actuelle, après ce message que le peuple a fait passer par les urnes le 26 janvier, risquerait un suicide politique purement et simplement…
Il est dégoûtant, voire humiliant de ravaler son vomi…
Dans tous les cas, les consignes d’où qu’elles puissent venir ne font pas effet face à cette détermination du peuple qui s’est dressé comme un seul homme pour faire partir Abdoulaye WADE, définitivement…
Il aurait été salutaire pour les amis d’Abdoulaye BALDE (qui l’ont « aidé à gagner en CASAMANCE malgré les difficultés ») de voter contre au second tour, sauvant ainsi la peau d’un futur agneau du sacrifice si toutefois WADE aurait réussit son coup… Le même sort est certainement réservé à GUIRASSY ou Idrissa SECK au cas où… Le Maître du « Waax Waaxeet » nous a, à plusieurs reprises, démontré que les promesses n’engagent que ceux qui y croient… Surtout quand on les tient à des « obstacles » à la dévolution monarchique du pouvoir…
Le Président en fin de mandat cherche à se maintenir à tout prix mais doit se rendre compte que les citoyens ne monnayeront leurs voix pour rien au monde…
Aussi, la presque totalité des candidats du premier tour ont appelé à voter Macky SALL pour barrer la route à WADE au second tour…
La proposition de sortie que j’avais faite à Maître le lendemain du 26 février semblait être la plus honorable pour lui… Il risque, si la mobilisation au second tour évolue vers les chiffres de 2007 par exemple, de ne même pas avoir le pourcentage qu’il a eu au premier tour !
Je présume qu’une large majorité des 40 % d’abstentionnistes était restée chez elle parce que doutant de la fiabilité du fichier électoral… Une autre partie n’a peut-être pas eu le temps de récupérer la carte d’électeur et dans ce lot on ne compte pas beaucoup d’adeptes du FAL 2012…
Maintenons plus que jamais la vigilance et la mobilisation… La « bête » bien que blessée reste dangereuse…
Rien n’est encore gagné du moins par les urnes… Il faut toujours se méfier… On n’avait récusé l’arbitre qui au départ a manifesté sa partialité en s’habillant aux couleurs des supporters de la coalition FAL 2012… Un penalty peut être sifflé à tout moment… Gardons nous de baisser notre garde et faisons qu’au soir du 18 mars, FAL 2012 devienne « Foli » en 2012… La victoire de tout un peuple, debout, droit dans ses bottes…
Ahmadou FALL
Juriste anthropologue, auteur du livre bilan de la présidentielle 2007