Appel à un effort de paix !
Oh pays mon beau peuple !
Je ne sais vraiment pas par où commencer mon texte, je l'appelle ainsi parce que je ne sais pas à quel genre littéraire il va appartenir quand j’aurai terminé de l’écrire, tant mes idées sont dispersées, tant mes peines sont nombreuses, tant mes craintes sont fondées, tant je ne vois point de solutions. Du moins je n’en voyais pas avant le 23 juin 2011 pour mon pays. J’ai souvent des peines et des craintes personnelles, là j'écris, j’écris comme je sens, je mets mes idées comme je les ressens parce que j'écris pour moi-même et je suis sûre de n’avoir pas souvent à les partager.
J’aurais bien aimé voir mon texte paraître dans un grand journal à la page Une en Guest édito, mais comme je ne suis point une grande éditorialiste, je me contente d’écrire mon texte et de l’envoyer à des rédactions, va-t-il paraître ? Je ne sais guère, mais je suis certaine d’une chose, j’aurais eu au moins le sentiment d’avoir fait une chose qui me tient à cœur, écrire ce que je sentais lors du vote du projet de loi en commission le 22 juin et ce que je ressens au moment où j’écris ce texte.
Aujourd’hui et maintenant, j'écris, j’écris pour mes millions de compatriotes, j'écris pour tous les patriotes qui n'ont pas le temps ou qui n'ont pas les moyens de se prononcer. En prenant mon clavier, je voulais dénoncer dans mon texte tout ce qui ne va pas dans ce pays, dans mon pays, dans notre pays, le Sunugaal. Oui vraiment tout, mais après réflexion, je me suis résolue à baisser mon ambition car malheureusement, il serait plus facile de décrire ce qui va, que de dénoncer ce qui ne va pas dans ce pays. Les idées se bousculent dans ma tête, les axes de réflexion se faufilent entre mes idées : par quoi commencer ou par qui commencer ? Je ne sais pas, mais je suis quand même certaine d’une chose, il faut vraiment commencer. La peine la plus pénible et la plus lancinante que vive les Sénégalais est sans aucun doute les coupures intempestives de courant, vous savez chers frères et sœurs, nous Sénégalais, sommes très impassibles et nous accommodons de tout et de tout le monde. Les imams de Guédiawaye ont manifesté quelque temps, les jeunes ont brûlé des pneus un moment, les journalistes ont écrit, dit et montré quelques éléments sur les coupures ; là, on n’en parle plus. Parce que l'on s'est lassé. Pour les inondations, il en est de même, pour le découpage administratif, c'est encore la même chose, pour les morts de Lopy, Balla Gaye, Malick Ba, Wade Yinghou etc. C'est toujours l’impassibilité. Dans tous ses cas-là, le peuple a frôlé l’échec pour avoir laissé Wade tripatouiller notre constitution à plusieurs reprises pour des intérêts bassement politiciens sans réagir, mais le peuple a aussi et surtout eu du succès ce 23 juin 2011. Je n'aime pas la violence. Mais depuis le jeudi 23 juin 2011, je me suis résignée à accepter l’idée selon laquelle c'est le type de résistance qu'il faut au camp présidentiel.
Je ne suis pas avec Wade, non je ne suis plus avec lui, c’est plus honnête, car comme de nombreux Sénégalais je l’ai adulé et soutenu. Je lui reconnais quand même des résultats. Pertinents et opportuns ? Parfois oui, mais souvent non.
Je suis certaine d’une chose, on aurait eu des regrets si Wade n’avait pas été président de la République, on se serait dit que sûrement, ce monsieur qui s’est battu durant 26 ans pour accéder à la magistrature suprême aurait fait mieux que tous les présidents qui sont succédé. Mais hélas, la déception est le sentiment le plus partagé dans ce pays. Toutes les personnes qui l’ont élu et réélu sont dépitées et amères. Comme disait Jean Jacques Rousseau dans «l’Emile ou de l’éducation», «Pour connaître les hommes, il faut les voir agir», car à l’épreuve, Wade a déçu plus d’un Sénégalais. Vous savez, lors des élections présidentielles de 2000, comme tous les jeunes qui venaient d’avoir la possibilité de voter pour la première fois, j’ai voté et j'ai voté pour Wade, parce qu’il incarnait, à mes yeux l’espoir, sûrement vous aussi. En 2007, j'ai aussi voté pour Wade, je me disais aussi, que c’est vrai qu’il avait fait des choses pas bien, mais il avait quand même commencé des projets, j‘allais lui laisser le temps d’en terminer certains, toutefois, je ne pensais pas qu'il allait nous mener vers l’abîme en 2008, 2009, 2010 et aux abysses profondes et nauséabondes en 2011.
Oh j’allais oublier, j’ai un petit réconfort ; pour le référendum de 2001, j'avais, par contre, voté non, car je trouvais tôt, oui très tôt de donner plein droit à un homme qui venait d’accéder à la présidence de la République la possibilité de changer notre constitution.
Vous savez, Wade est complexe, oui il est complexe dans la mesure où personne ne sait ce qu'il veut, personne ne sait là où il va, là où il veut aller, mais aussi ce dont il est capable. C’est en cela d'ailleurs qu'il est en plus dangereusement complexe. Oui il est dangereux pour tous les Sénégalais donc pour lui-même car étant lui-même Sénégalais. C’est un homme instable et insaisissable, imprévisible et impénétrable.
J’ai particulièrement été chagrinée et meurtrie par une chose, le coup qu’il a fait à Kadhafi, j'ai trouvé cela lâche et inélégant. Pour des intérêts personnels, des intérêts paternels devrai-je plutôt dire, il s’est abaissé et a lâché un ami, son ami, le seul d’ailleurs qu’il avait parmi les Présidents africains, son ami panafricaniste et assoiffé de pouvoir comme lui. Je n’aime pas Wade, c’est vrai, mais je peux lui pardonner certaines choses, non je dirais plutôt que je peux lui tolérer certaines choses. Par contre, son fils Karim, non lui, je ne peux point tolérer ses faits et gestes, «ce garçon» (comme disait un certain Souleymane Ndéné Ndiaye), je pense que je nourris une dégoût viscéral pour ce garçon, ce garçon sorti de nulle part, intolérant et insolent, hautain et arrogant, chauve et dégarni, pingre et impertinent, impopulaire et impudique, ce garçon sans punch, ministre du ciel, de la terre, et de notre énergie.
Vous savez quoi, je suis tout simplement heureuse de remarquer, comme dit une amie, mon amie «ben nit bu am fulla andul ak Karim Wade» il est suivi par des gars comme Cheikh Diallo, Bara Gaye, Bachir Diawara, heureusement d’ailleurs, car ce serait dommage que des gens responsables et intelligents suivent «ce garçon».
J’en veux encore plus à ce garçon parce qu’il est au début et à la fin de tous les déboires de son vieux père. Il ne connaît même pas nos valeurs sociales sénégalaises, car notre éthique, nos coutumes, us et mœurs veulent que les enfants prennent en charge leurs parents et les rassurent lorsqu’ils prennent de l’âge, mais dans son cas, c’est son vieux père de 85 ans qui s’occupe de lui avec ses 42 ans. Il se cache derrière Papa Président pour être Président. C’est vrai que c’est noble, chaque enfant a le droit de vouloir hériter de son père, mais Wade père n’a pas de biens, le bien qu’il a ne s’hérite pas. Il faut juste lui demander, il s’est battu 26 ans et a été aidé par de vaillants compatriotes pour avoir ce bien, qui ne lui appartient pas, qui est, à l’instar de l’air, un bien commun et transcendant. C’est aussi noble de vouloir faire, comme disait Ahmadou Kourouma, dans «Monné, outrages et défis» : «Si tu ne peux pas grimper sur les arbres sur lesquels ton père est monté, mets au moins ta main sur leurs troncs», saches Karim, que dans ce cas, Kourouma parlait de droiture, de kersa, jom et mérite, ces valeurs africaines si chères à nos peuples et nos populations.
Les sénégalais sont des gens paisibles certes, mais ne sont point des poltrons, le poltron c’est celui qui ne se bat pas quand son honneur est bafouée, le poltron c’est celui qui ne se révolte pas quand la révolte reste la seule issue pour sa survie. Et le jeudi dernier, le peuple s’est révolté, c’est vrai que c’était fort, c’était aussi violent, mais cela en valait la peine, car Wade doit savoir que tout un peuple ne pas avoir tort, tout un peuple ne peut pas se tromper, car la violence était le seul remède à la persistance des actes de ce groupe de personnes gourmands et insatiables en matière de pouvoir. Oui Eva Peron avait raison de dire que «la violence aux mains du peuple n'est pas la violence, mais la justice». Justice a été rendue, le peuple a repris sa souveraineté, et a aussi donné un signal fort et audible : il reprendra sa souveraineté chaque fois que quelqu’un, fut il président de la République, veut la confisquer. Et aussi pour rire comme disait Thomas Jefferson «Une petite rébellion de temps en temps, c'est comme un orage qui purifie l'atmosphère». La preuve juste après, le surlendemain de la révolte, beaucoup de localités du pays ont enregistré leurs premières pluies. L’atmosphère s’est sûrement purifiée et les nuages ont pu éclater après la révolte du peuple.
Le jeudi 23 juin 2011, j’étais contente, non j’étais plutôt fière, oui fière d’une fierté rare. Fière de mes frères et de mes sœurs, fière de mes mères et de mes pères, fière de ma classe politique et de ma société civile, fière de mes rappeurs et de mes journalistes, fière de certains de mes députés et de mes policiers, bref, j’étais fière de mon peuple, mais aussi heureuse pour mon peuple. Juste après le retrait du projet de loi, je me suis écriée toute seule dans mon bureau. Oh pays, mon beau peuple ! Comme disait un valeureux fils du peuple, Sembene Ousmane, que Dieu ait pitié de son âme.
Oui j’étais fière, le type de fierté que l’on ne peut pas expliquer, le type de fierté que l’on peut ni qualifier ni quantifier. Oui mon beau et courageux peuple s’est levé comme un seul homme pour combattre l’arbitraire, pour s’ériger contre l’injustice, pour s’offusquer de l’indécence, pour prendre date avec l’histoire, pour prendre date dans sa propre histoire. Il s’est battu pour la seule chose qui vaille : la défense de ses honneurs et de ses hommes car Wade lui-même disait lors de la cérémonie de remise de prix aux lauréats du Concours Général de 2002, dans son discours «nous sommes riches de nos hommes et c’est la seule richesse qui vaille».
Donc la défense des principes et des valeurs auxquels croient ces hommes n’a pas de prix, c’est pour cela d’ailleurs que son peuple s’est battu pour la démocratie, pour préserver sa constitution. Oui il s’est battu au prix de sa vie, car ce peuple sait et est conscient que la liberté n’a pas de prix, elle vaut même parfois la vie, comme je l’habitude de le dire, il n’y a personne de plus libre qu’un mort. Un mort on ne peut point le contrôler, seul Dieu est capable de le faire car Lui seul sait où le trouver, et aussi comme l’a affirmé Marie Joseph Chénier dans Le Chant du départ «Qui meurt pour le peuple a vécu». Allah soit loué, la Gloire est restée entre les mains du peuple, Massa aux com(me)patriotes blessés et aux sénégalais dont les biens ont été endommagés, oui le combat pour le peuple et par le peuple en valait vraiment la peine.
NB : Je suis une légaliste les sénégalais ont élu Wade pour 5 ans laissons le terminer son mandat. Oui Je ne suis pas d’accord avec les gens qui disent qu’ils vont manifester pour qu’il parte maintenant, battons-nous pour qu’il ne se présente pas en 2012 et pour cela laissons la tache au Conseil Constitutionnel en décider. Car sinon, nous affaiblirons nos institutions et de grâce cher Peuple si le Conseil Constitutionnel lui permet de se présenter, attendons 2012. Car 2012 c’est demain et demain inchalla boutons le hors de notre Palais, lui, ses ouailles et les courtisans de son poltron de fils, oui lui c’est un poltron.
Je vais laisser à Wade ces deux tirades, la première celle de Nicolaï Gogol qui allègue que «La voix du peuple est la voix de Dieu. Il est impossible d'imaginer rien de plus sensé que ce qu'a imaginé le peuple», et la seconde celle de Sébastien Lapaque qui disait que «L'homme révolté ne veut pas nécessairement le mal de l'autre. Son désir de vengeance peut être une protestation contre un désordre, une excitation pour le maintien de la justice du bien».
Aminata Ama
Aminata.ama@gmail.com
PS : La révolte a été belle, mais cher peuple n’oublie pas de t’inscrire sur les listes électorales. Ta carte électeur, ta force la plus légale !
Aminata Ama
De l’impossibilité juridique de modifier l’article 27 de la constitution
L’article 27 de la constitution qui traite du renouvellement du mandat présidentiel dispose que ledit mandat, exercé le président de la république exclusivement, ne peut être renouvelé qu’une seule fois. Par ailleurs, le même article précise bien, in fine, que cette disposition ne peut être modifié que par voie référendaire. Pourtant, en dépit de cette interdiction expresse de modification de la disposition par tout autre procédure sauf par voie référendaire, l’article 27 de la constitution se trouve convoqué dans le nouveau projet de loi gouvernemental d’instauration d’une élection simultanée d’un président de la République et de son vice-président aux fins de substituer l’institution «le président de la république» par «le président de la république et le vice-président». Cette substitution introduit une modification fondamentale de l’article 27, dès lors qu’il ne s’agit plus d’un renouvellement du mandat présidentiel exercé par une seule personne, mais, d’un renouvellement du mandat de deux personnes. Si bien que l’interdiction expresse de modifier l’article 27 de la constitution, sauf par voie référendaire, se trouve manifestement violée par le nouveau projet de loi constitutionnel instituant un «ticket» qui instaure l’exercice collectif du pouvoir exécutif.
Il y a lieu, en effet, de se rendre compte que le verrou référendaire de l’article 27 de la constitution s’applique aussi bien pour le fondement juridique qui se trouve atteint par l’introduction insidieuse du «ticket» dans la nouvelle disposition en lieu et place d’une seule personne qui incarnait la légitimité populaire, mais aussi dans la forme procédurale qui précise que pour modifier l’article 27, il est impératif de consulter le peuple. C’est dire que nous assistons, avec ce projet de loi gouvernemental à une double forfaiture sur l’introduction d’une dyarchie à la tête de l’exécutif modifiant fondamentalement l’essence de l’article 27 de la constitution et sur la violation de la procédure de modification quant à l’interdiction d’utiliser la voie parlementaire. Sans épiloguer sur les conflits qui pourraient apparaître dans les rapports entre le président et le vice-président, qui, le cas échéant, ne présenteraient aucune solution de sortie de crise, nous ne pouvons pas dire que l’article 27 de la constitution n’est pas touché dans ses fondements lorsque, notamment, le pouvoir exécutif est désormais exercé par deux personnes.
Il s’y ajoute l’élection du «ticket» dans le nouveau projet de loi constitutionnel va être légitimé par moins de 20% du corps électoral en substitution de la majorité absolue de 50% de votants plus une voix, en raison du fait que les absentions, en plus des bulletins nuls font aussi partie du corps électoral (25% des votants) consacrant un net recul démocratique dans notre pays.
Assurément, avec le régime actuel, nous nous trouvons au summum de l’hérésie, non pas dans le domaine da la création de lois obéissant à un ordre, à une raison des lois, à des principes de droit cohérents, rationnels et intrinsèques, mais, dans le domaine d’un jeu machiavélique où l’élaboration des lois repose sur la ruse pour des motifs exclusifs de conservation du pouvoir et de dauphinat sans l’aval du peuple.
À partir du moment où il devient manifestement clair qu’il y a au Sénégal l’existence d’un système politique censitaire à travers une Assemblée nationale illégitime et un Sénat nommé, les dispositions constitutionnelles relatives à la sacralisation du principe directeur proclamé de la souveraineté du peuple vont être remplacées pour les besoins d’un pouvoir absolu d’un homme qui voudrait se substituer à la volonté populaire pour désigner son successeur et prendre sa revanche sur l’histoire.
Kadialy GASSAMA
Économiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger Rufisque
Maître Wade, pourquoi Senghor, Abdou Diouf, Nelson Mandela et non pas vous
C’est avec un pincement au cœur et une grande amertume que je vous écris cette lettre. L’auteur de cette lettre est un digne citoyen qui essaie de servir son pays à la limite de ses possibilités physiques et intellectuelles. J’ai eu l’occasion de vous rencontrer deux fois en audience à Touba et une fois à Dakar au palais présidentiel avec des dignitaires dont la confidentialité m’oblige à taire les noms. L’objet de cette lettre est de vous sensibiliser et de stimuler votre sens de la responsabilité et votre grandeur d’âme, mais surtout votre sagesse pour faire sortir le Sénégal de ce creuset sociopolitique.
Aujourd’hui, notre cher Sénégal est pris en otage. Oui, le pays est bel et bien entre les mains d’un groupuscule, dont le seul souci est de s’enrichir et de ‘survivre’ quel que soit le prix. Le Sénégal est en otage car vous êtes en otage, Monsieur le Président de tous les Sénégalais. Vous êtes la locomotive du pays et le chauffeur qui conduit ‘la Pirogue Sunugal’. Le Sénégal est en otage parce que vous n’avez plus la possibilité de décider sans faire des calculs politiciens. Vous n’avez plus la liberté d’appliquer sans contrainte vos décisions et vos pensées, car vos collaborateurs vous diront, Monsieur le Président, cette décision X ou Y n’arrange pas le parti. Le Sénégal est en otage car le président n’a plus la latitude de nommer les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Les nominations sont en majorité basées non plus sur la compétence, mais plutôt sur des calculs stratégiques et politiques alors que vous êtes aussi le président des Sénégalais qui sont apolitiques. Le Sénégal est en otage parce que le président n’a plus la bonne information sur la situation de son peuple malgré les actions du service de renseignements généraux.
Monsieur le Président, vos collaborateurs vous dressent un tableau rose concernant le cadre de vie de votre population alors que les Sénégalais sont dans le désarroi. Le Coud n’a plus les moyens de payer les restaurants pour permettre aux étudiants de s’alimenter correctement ; les étudiants de Thiès sont dans des conditions d’études précaires qui ne sont nullement favorables à une réussite. Les jeunes se cassent la tête pour trouver le billet pour aller à l’école ou à ’l’atelier’. Les femmes se retroussent les manches quotidiennement pour remplir le panier ménager afin d’assurer un repas. Les hommes ne savent plus quoi faire pour assurer une vie décente à leur famille.
Le Sénégal est en otage parce que le président est sous le contrôle direct de sa famille et d’un entourage égoïste et non sous la surveillance du service du protocole. Le président a, à tort, impliqué son fils dans la gestion des affaires de l’Etat. Vos collaborateurs vous diront : oui ! Monsieur le Président, Karim est un Sénégalais comme les autres et il a la compétence de diriger un ministère et de vous remplacer. Mais ils oublient que l’affection paternelle est plus forte que les règles rigoureuses de la gestion et du contrôle. Le travail devait se faire à la base de votre parti politique et non pas au sommet de l’Etat pour permettre à Karim de gravir les échelons et de prétendre diriger le Sénégal.
Cette prise d’otage vous oblige, Monsieur le Président, à toucher d’une manière répétitive à la Constitution pour régler des problèmes d’ordre politique. En résumé, le Sénégal est dans un labyrinthe et seule votre sagesse peut lui servir d’issue heureuse.
Monsieur le Président, comme dit le proverbe wolof : ‘Beuss bu nek day fay beuss mbaa mu lepp beuss’, chaque jour paie ou emprunte les actions d’un autre jour. Vous avez emprunté le jour du 19 mars 2000 au peuple sénégalais que vous avez l’obligation de payer le jour du 26 février 2012. Dans cette perspective, l’adage wolof relate que : ‘Kou iniané say ndondo sa dée niaw’, celui qui est jaloux de ses héritiers aura une mort tragique. Je ne parle ni de ton fils biologique ni de ton soi-disant fils spirituel. Je fais allusion à ton fils moral, la nation sénégalaise dont vous êtes le Père. Le Père de la Nation qui a la charge de gérer le Sénégal en bon père de famille et d’assurer un avenir tranquille à la jeunesse actuelle. Dieu parle toujours aux personnes dont le cœur est sensible à l’invocation divine et qui savent interpréter ses signes. Je suis persuadé que l’événement du 23 juin 2011 vous a délivré de cet otage et vous saurez tirer toutes les conséquences et prendre vos responsabilités. J’ai presque la certitude que vous n’accepterez pas de rendre nuls vos 37 ans de lutte pour l’instauration d’une bonne et solide démocratie au détriment de la protection d’une équipe fautive. Je suis sûr que vous êtes aussi intelligent et aussi sage que le président Senghor et le président Diouf pour assurer une sortie honorable au pouvoir.
Je vous supplie, Monsieur le Président, de ne pas détruire votre réputation et votre honneur pour la survie d’un parti politique à qui vous avez donné tout ce qu’un leader peut offrir à ses militants. Aujourd’hui, vous êtes épuisé et abattu. Vous méritez un repos paisible comme Nelson Mandela, donc renoncez à votre forçage de candidature pour un troisième mandat. Pour 2012, c’est aux responsables du Pds de prendre leur courage à bras-le-corps et de s’imposer si les Sénégalais leur font confiance.
Monsieur le Président, vous n’ignorez pas que le monde entier et l’Histoire vous regardent et je sais que si vous faites preuve de sagesse en renonçant à temps à votre candidature pour 2012, vous allez en sortir la tête haute. Votre sagesse vous guidera à faire mieux que le président Diouf en 2000. Vous poserez vous-même les jalons d’une alternative démocratique au Sénégal et allez prendre tranquillement votre retraite et continuez à écrire des œuvres utiles pour les générations futures.
Pour finir Monsieur le Président, sachez qu’aucun homme et même un Saint n’a le privilège d’épuiser ses ambitions. Le Prophète Mouhamad (Psl) a posé les prémices de l’expansion islamique et terminé sa mission 12 ans après sa victoire éclatante (retour à La Mecque). Vous aussi, Monsieur le Président, je vous suggère de terminer paisiblement votre mission après 12 ans d’alternance et d’entrer dans le cercle des grandes figures de l’Humanité.
Omar NDIAYE seydinaomarndiaye@gmail.com
Appel à un effort de paix !
Mes chers compatriotes, j'estime que chacun d'entre nous, fût-il déresponsabilisé de presque tout, reste tout de même tenu d'un minimum d'effort de paix dont nous sommes redevables envers notre pays durant toute notre existence. En temps de guerre, il y a un effort de guerre à fournir... mais pour qu'il n'y ait jamais cette guerre, il nous faut nous acquitter, chacun en ce qui le concerne, d'un effort de paix. Un minimum.
Je m'adresse de façon égale à chaque Sénégalaise et à chaque Sénégalais, à tous les citoyens, sans distinguer l'origine, la race, le sexe, la religion ou les croyances. Je m'adresse aux vaillants syndicalistes, aux braves étudiants, au dévoué personnel du corps médical, aux ambitieux femmes et hommes politiques, aux dignes magistrats, aux précieux journalistes, aux personnes de tous âges, aux victimes et aux coupables de tout et de rien, aux filles et aux femmes, aux personnes sans emplois, aux pères de familles, à la Sénégalaise et au Sénégalais. Je m'adresse à notre président, à ses ministres et leurs équipes, à ses opposants et leurs militants, à son armée sans ses armes, à sa famille et son fils, à son peuple content et mécontent.
Faisons plus attention à nos dires et à nos actes. N'oublions pas que, quelle que soit la légitimité du combat que chacun peut porter, il existera toujours une valeur collective essentielle à sauvegarder qui est la Paix dans notre nation. Alors, aucune autre cause ne pouvant primer sur la paix nationale, nous nous devons de contenir et de mesurer nos faits et gestes qui peuvent être destructeurs de paix. La paix semble s'ébranler partout, au moins autant que se détériore l'état de notre planète terre.
Bien évidemment, de la même sorte que l'effort individualisé de guerre se mesure à la fortune du donneur, pour chaque Sénégalaise ou Sénégalais, l'effort de paix dépendra de son influence et de l'écoute qu'elle ou il a dans notre nation. Nous nous sommes promis, en adoptant notre loi fondamentale, d'assumer un destin commun par la solidarité, le travail et l'engagement patriotique. Alors Abdoulaye, Aminata, Moustapha, Ousmane, Jean Paul, Aïssata, Amath, Sidy, Souleymane, Boukar, Youssou, Coumba, Khoudia, Rokhaya et tous les autres, y compris moi-même, consolidons le ciment de la paix du Sénégal. Que Dieu bénisse le Sénégal. Que Dieu donne et préserve la paix au Sénégal. Que la paix soit et demeure avec chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais.
Michel Simel BASSE Avocat au Barreau du Sénégal Docteur en droit basse@justice.com
Perspectives électorales 2012 : Eviter de se tromper d’époques et d’élections !
Les Assises Nationales du Sénégal, de par ses « Conclusions » et sa « Charte de Bonne Gouvernance », ont marqué le début d’un changement d’époque, celle d’une « Révolution Démocratique de type nouveau », que portent les perspectives électorales de 2012, comme la nuée porte la pluie.
En effet, depuis lors, pour les signataires de ces produits des Assises Nationales, il est révolu l’époque où un Chef de l’Exécutif élu au suffrage universel, régente notre pays, tout en étant hors de portée de tout contrôle durant tout un mandat, qu’il peut, à sa guise, renouveler à volonté, autant de fois qu’il voudra, en manipulant les dispositions constitutionnelles en la matière.
Cette époque est caractérisée par le règne d’un « Homme fort », qui érige la patrimonialisation de l’Etat en mode de gestion de la chose publique, dans le cadre d’un régime dictatorial, qui a progressivement évolué, sous les coups de buttoir de l’opposition démocratique et républicaine, en régime despotique, qui reconnaît, certes, les libertés démocratiques à son peuple, mais use de tous les stratagèmes pour les empêcher d’en jouir pleinement, par des entraves administratives, le recours excessif à la répression, et l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire qu’il s’est assujetti.
Désormais, ce sera un Exécutif, désigné par la majorité à l’Assemblée nationale, qui va définir la Politique de la Nation qu’il soumet à son approbation, et qu’il conduit sous son contrôle strict, avec un pouvoir de le révoquer à tout moment de la mandature par une majorité qualifiée.
C’est ce pouvoir de contrôle du peuple sur l’Exécutif par le biais de ses représentants élus au suffrage universel, que Wade a taxé récemment de « source d’instabilité gouvernementale », au moment où le monde entier est d’accord, que « le régime de concentration excessive du pouvoir entre ses mains, a battu le record mondial d’instabilités gouvernementale et institutionnelle ».
En fait, la véritable source d’instabilité gouvernementale, quelque soit le régime politique, réside dans l’entêtement de l’Exécutif à refuser de conformer sa politique aux préoccupations des citoyens portées par les élus au Parlement, s’il s’agit d’un régime parlementaire, ou par les populations , elles mêmes, dans la « Rue », s’il s’agit d’un régime de pouvoir personnel dans une République ou une Monarchie.
Ces mutations démocratiques qui restituent le pouvoir au peuple qui en confère l’exercice à ses représentants à l’Assemblé nationale, sont à la base du « Projet de Constitution », adopté par Benno, en accord avec la « Plate forme Politique » des Assises Nationales.
Elles dépassent ainsi les limites de simples réformes démocratiques, dont le but est d’améliorer l’exercice des libertés entravées par l’action du pouvoir. Elles revêtent, en effet, les caractéristiques d’une véritable « Révolution » républicaine et démocratique, qui transfert le pouvoir d’Etat des mains d’un « Homme », certes élu au suffrage universel, pour les confier à une « Assemblée d’élus du peuple » au suffrage universel.
Mais, cette Révolution Démocratique que portent les « Conclusions », et la « Charte de Bonne Gouvernance » des Assises Nationales, va au-delà des contours d’un « régime de type Parlementaire classique », pour revêtir, les caractéristiques d’une « Révolution Démocratique et Citoyenne ».
C’est ainsi que l’Article 3 du Projet de Constitution, en son alinéa 3, stipule que : « le peuple dispose d’un droit d’initier un référendum, dans des conditions et sur des questions d’intérêt national, déterminées par une loi organique ».
En vertu de cet article, pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, le peuple accède à ce droit, que détenaient, concurremment, l’Exécutif et le Législatif, de façon exclusive.
Mais, cette « Révolution Démocratique et Citoyenne » est de « type nouveau », pour avoir promu l’élargissement des droits et libertés démocratiques aux travailleurs dans les Entreprises et Services.
En effet, l’Article 39 enlève toutes les entraves au libre exercice du Droit de grève, contenues à l’Article 25 de la Constitution de 2001 de Wade, tandis que l’Article 36 du Projet de Constitution, élève en norme constitutionnelle, le droit des travailleurs à « participer à la définition des conditions de leur travail », qui est déjà prévu à l’article 5 du Code du Travail de 1997.
Cette disposition de l’Article 36 généralise ainsi ce droit, reconnu aux travailleurs du secteur privé, à tous les autres salariés, notamment, aux Agents de la Fonction publique, parmi lesquels, les enseignants qui courraient, depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation de 1981, derrière la « codification de la gestion démocratique » du personnel, qu’ils avaient acquise de haute lutte. En cela, cette disposition constitue la deuxième innovation historique majeure que porte ce Projet de Constitution.
L’on a donc affaire à une véritable « Révolution Démocratique, Citoyenne et participative » qui est en gestation dans la nouvelle époque, ouverte par les Assises Nationales du Sénégal.
C’est ce type de Révolution qui est au cœur de la crise partout en Afrique.
A cet égard, les initiateurs et organisateurs des Assises Nationales du Sénégal ont eu , depuis 2008, le mérite historique de percevoir les exigences qu’impliquent ces mutations démocratiques dans nos pays, et de dégager les voies et moyens devant permettre, à nos sociétés , d’ « accoucher » cette « nouvelle époque », de façon la moins douloureuse possible, dans la stabilité de nos Etats, et la cohésion des peuples.
C’est pour cela, qu’ils ont inscrit cet « accouchement » dans les perspectives électorales de 2012, au Sénégal, là où, en Tunisie et en Egypte, il est entrain de se faire par la « Rue », avec l’intervention décisive des organisations syndicales dans ces pays, alors qu’en Côte d’Ivoire, il a avorté dans la guerre civile et l’intervention militaire de France, qui ont été imposées à ce peuple meurtri par une décennie de crise politico militaire.
Les Révolutions Tunisienne et Egyptienne ont amené le Roi du Maroc à anticiper courageusement les réponses aux exigences de la nouvelle époque, en acceptant de faire évoluer sa « Monarchie absolue » en direction d’une « Monarchie Constitutionnelle ».
Ce sont aussi ces Révolutions qui ont poussé les puissances occidentales, ragaillardies par leur succès en Côte d’Ivoire, à prendre les devants , pour imposer aux changements démocratiques , qui sont au cœur de la crise en Afrique, leur vision étroite de la « Démocratie et des Droits de l’homme », pour instaurer des régimes de « faire valoir démocratique », afin de continuer à confisquer la souveraineté des peuples, qui, seule, leur permet de préserver leurs intérêts économiques et stratégiques.
L’on assiste ainsi, sous le couvert du Conseil de Sécurité des Nations Unies, à une véritable offensive contre révolutionnaire de type colonialiste, dans les pays d’Afrique, qui est, aujourd’hui, mise en œuvre en Lybie par l’OTAN, à l’instigation de la France et du Royaume Uni, avec la participation décisive des Etats Unis.
C’est cette nouvelle époque, qui est grosse de cette Révolution, qui donne un caractère référendaire à l’accouchement de la nouvelle République, comme cela est à l’ordre du jour en Tunisie, en Egypte, ou au Maroc.
C’est cela aussi qui confère au Sénégal, un caractère référendaire aux prochaines élections présidentielles de 2012, pour créer les conditions de passage de l’époque ancienne, marquée par les régimes « présidentiels » et « présidentiels déconcentrés », à la nouvelle époque, afin de refonder l’Etat, devant enfanter la « République Démocratique citoyenne et participative ».
Ce passage est donc une période de transition, qui est le temps nécessaire pour mettre en place les nouvelles Institutions qui sont en gestation dans la crise de gouvernance qui mine le pays.
Les élections de 2012 au Sénégal, sont donc une « modalité d’accouchement » de la nouvelle République, par la voie des urnes.
Cela interpelle non seulement les Partis politiques de l’opposition, mais aussi et fondamentalement, les organisations de la Société civile et les Syndicats des travailleurs, du fait de la place qu’ils ont occupée dans l’organisation des Assises Nationales, et leurs participations décisives dans les travaux et dans l’élaboration des consensus.
De par ses enjeux et la nature de ses protagonistes nationaux, ces élections, comme en Côte d’Ivoire, intéressent la France au premier Chef, et ne laissent indifférents, ni les Etats Unis, ni l’Union Européenne.
Elles nécessitent donc le rassemblement le plus large des partis politiques, des organisations et personnalités de la Société civile, et des Syndicats des travailleurs, pour créer un puissant mouvement, en mesure de battre le candidat du régime de Wade, dès le premier tour des élections, du fait même de la nature référendaire de ces Présidentielles.
C’est cette exigence qui fonde l’option d’une « Candidature de Rassemblement et de l’Unité » pour conduire cette Transition, retenue au Séminaire du 28 Mai 2011 de Benno.
Cependant, ceux qui n’étaient pas à l’œuvre des Assises Nationales au moment de leur conception et de leur organisation, mais qui ont adhéré à leurs « Conclusions » et à leur « Charte de Bonne Gouvernance », ont encore du mal à prendre conscience, qu’avec leur adhésion, ils acceptaient le changement d’époque en gestation dans les perspectives des élections présidentielles de 2012, et leurs implications en termes de stratégie électorale.
C’est toute la difficulté pour ceux d’entre eux, qui rejettent encore la Transition, comme une nécessité objective pour opérer le changement d’époque arrivé à maturité, et la « Candidature de Rassemblement et de l’Unité » pour répondre au caractère référendaire de ces élections.
Ils n’ont pas encore compris, qu’avec leur signature, ils entraient de plein pied dans l’ère de la « Révolution Démocratique » de type nouveau, qui est à l’œuvre dans tous les pays d’Afrique.
Ils sont encore nostalgiques des « régimes présidentiels ou présidentiels déconcentrés » de l’époque révolue qui ont marqué leur culture politique.
Ils sont paradoxalement, en la matière, en phase, avec le retour au « régime présidentiel » qui accentue la concentration du pouvoir exécutif entre les mains d’un « Homme fort », que Wade veut instaurer avec sa nouvelle réforme de la Constitution pour l’élection du Vice Président de la République au suffrage universel, en « ticket » avec le candidat Président.
Cette réforme, qui est un changement institutionnel par rapport au « régime présidentiel déconcentré » actuellement en vigueur, s’inscrit dans le projet contre révolutionnaire des grandes puissances occidentales, qui, malgré la célèbre formule d’OBAMA, proclamant que « l’Afrique avait besoin d’Institutions fortes et non d’Homme fort », n’ont pas encore renoncé à la confiscation de la souveraineté de nos peuples, par une caste bureaucratique à leur service.
Leurs attitudes en Côte d’Ivoire et en Lybie, et leurs manœuvres en cours, pour dévoyer les Révolutions en Tunisie et en Egypte, devraient convaincre les plus sceptiques.
C’est à la lumière de cela qu’il faudrait aussi comprendre les hésitations du Roi du Maroc, dans son projet d’évolution de son régime en « Monarchie constitutionnelle ».
Dans ces circonstances, ce serait faire preuve de naïveté politique étonnante, que de s’épuiser à échafauder des stratégies électorales de second tour aux élections présidentielles de 2012, sans tenir en compte que, ni l’enjeu du changement d’époque qui leur confère un caractère référendaire, ni le projet à l’œuvre du pouvoir en place pour se proclamer victorieux dés le premier tour, ne donnent aucune perspective à cette stratégie de positionnement individuel au premier tour, que certains considèrent abusivement, comme une « sorte de primaire ».
Le système électoral Sénégalais, tel qu’il va être remanié avec la réforme constitutionnelle en cours, ne permet pas de considérer le premier tour comme des « primaires », du seul fait qu’il suffit d’être majoritaire avec plus de 25% du suffrage exprimé au premier tour, pour être déclaré vainqueur.
De sorte qu’il n’y a aucune perspective de second tour, même s’il n’est pas formellement supprimé.
Dans ces conditions, la pluralité des candidatures crée une atmosphère de dispersion des forces de l’opposition, préjudiciable à la construction d’un vaste rassemblement, qui seul permet d’obliger le pouvoir à changer le système électoral en phase avec les exigences de restauration de la République et d’une plus grande transparence de l’expression du suffrage.
Leur espoir de pouvoir, de cette manière, se tailler une place dans les Institutions post électorales, grâce à leur poids au premier tour, est politiquement suicidaire , que cela soit dans le cas où le pouvoir réussit son hold up à l’aide de son système électoral en vigueur, ou dans le cas où les forces du camp de la « Révolution Démocratique, Citoyenne et Participative » l’emportent dés le premier tour.
Avec ces nouvelles dispositions constitutionnelles, l’option de candidature multiple au premier tour ne se justifie maintenant que par l’aveuglement dans la conviction d’avoir plus de chance d’être élu avec le système des 25%, qu’avec celui encore en vigueur de 50%.
Avec cette réforme, qui est une véritable incitation à la pluralité des candidatures, est donc un appât que Wade leur jette pour entretenir leurs illusions, qui leur sera fatale du fait qu’elle permet à Wade de justifier son hold up électoral par la dispersion de l’opposition au premier.
C’est pour toutes ces considérations, que l’option d’une « Candidature de rassemblement et d’unité », prise par le Séminaire de Benno du 28 Mai 2011, est la seule voie conforme au caractère référendaire des élections présidentielles de 2012, et est la seule réponse appropriée face à la volonté de Wade de faire gagner le candidat du pouvoir, dès le premier tour.
Fait à Dakar le 21 Juin 2012
Ibrahima Séne PIT/SENEGAL
Au Sénégal et à l’heure actuelle, il n’existe que deux camps : le camp du pouvoir et celui du peuple.
Durant onze ans de pouvoir, l’homme qui dirige notre pays a usé de tous les subterfuges et combines pour confisquer le pouvoir à lui tout seul. Il a employé toutes sortes de provocations, les unes plus graves que les autres, rien que pour pousser le peuple sénégalais à la violence et à l’occasion, en assassiner par ses sbires, quelques-uns d’entre nous – le bilan en est à onze (11) morts aujourd’hui-. N’étant pas satisfait jusqu’ici, malgré ce bilan macabre, il en déduit hâtivement, que nous sommes un peuple de poltrons, parce que tout cela n’a pas suscité en nous de réactions violentes à la hauteur de ses provocations et agressions. Ne l’oublions pas chers concitoyens, Abdoulaye Wade, a toujours été un homme violent, qui se cache derrière un faux langage de paix. Et, il le demeure encore plus aujourd’hui.
Alors ce projet de loi, qui modifie la Constitution pour la nième fois, décidé par Me Wade unilatéralement et en violation flagrante de la procédure en matière de révision constitutionnelle, rentre dans le cadre des provocations, du manque de considération à l’endroit de notre peuple et de respect notoire de nos institutions en vigueur. Ce projet de loi, instituant un ticket : Président de la république et vice-président, sans passer par un référendum, soumis au peuple pour validation est une manœuvre de plus. Et, de surcroit, il modifie dans le même temps le taux du suffrage exigé pour être élu président de la République, à seulement 25% des suffrages exprimés.
C’est un scandale qui rétrograde notre pays au rang des républiques bananières sur le plan de la démocratie. Et au-delà, c’est une entreprise d’escroquerie politique du pouvoir pour détruire l’œuvre que des générations de patriotes passées et présentes de notre pays, se sont sacrifiées à construire obstinément et pour asseoir la démocratie et les libertés fondamentales, de manière durable au Sénégal. Ce projet de loi est une véritable tentative de coup d’Etat institutionnel, à exécuter en catimini à partir du Parlement, sous la fameuse formule de procédure d’urgence. Comme le fut d’ailleurs la première loi qui autorisait le président de la République à se choisir un vice-président. Les Sénégalais semblent oublier cette farce de mauvais goût, d’une loi inutile parce que dormant depuis 2 ans dans les tiroirs du chef de l’Etat, faute de preneur.
Les déclarations provocatrices contre l’opposition et de manière générale, contre tous les citoyens libres, opposés à son projet, à la suite des nombreuses réactions négatives contre son projet, frisent l’indécence et le manque de hauteur de l’homme. Elles montrent de manière claire que nous n’avons pas un homme d’Etat, à la tête de notre pays mais, un affairiste foncièrement antidémocratique par essence. Jugez-en vous-mêmes à travers ces morceaux choisis du journal l’AS du 20/06/2011 : « Il parait que ce projet de loi constitutionnelle a tellement assommé mes adversaires politiques qu’ils ne savent plus quoi faire » et il ajoute « Ils (opposants) sont si assommés qu’ils disent qu’ils vont aller aux Etats Unis, pour se plaindre », il poursuit « ces gens-là ignorent qu’aux Etats Unis, il n’y a qu’une élection présidentielle à un tour », il ne s’en arrête pas là et renchérit « et puis, moi, je ne comprends pas pourquoi ces gens-là, qui se plaignent toujours d’un projet monarchique qu’ils me prêtent sont ébranlés à ce point. Au contraire, ils devaient se réjouir du projet adopté en Conseil de ministres, car ayant tous les pouvoirs, j’ai décidé souverainement de les partager avec un vice-président », malgré tout, il éprouve encore un double sentiment : « je les comprends, mais je plains aussi mes adversaires politiques » a-t-il ajouté. Et il affirme péremptoire: « ces gens-là savent que les carottes sont cuites pour eux, compte tenu de la détermination dans les rangs du PDS ». Et il les plaint, car « dans leur affolement, ils ne savent plus quel discours tenir ».
Ce qui frappe de prime à bord, sur ces déclarations, c’est la vanité de l’auteur qui dissimule de sérieuses craintes par un show médiatique qui ne peut tromper personne. En vérité, Me Wade n’a jamais dépassé à lui tout seul les 25% des suffrages exprimés, sinon rarement. Voilà qui explique la barre du taux des 25% qu’il fixe en connaissance de cause. Ensuite, il confirme inconsciemment et de façon éloquente que le projet monarchique qu’on lui prête est bien fondé, en affirmant : « qu’il a tous les pouvoirs et a décidé souverainement de les partager avec…. ». Est-il un souverain alors ? Et se trouve –t-il dans une monarchie ? Le discours est tout comme. Pour Abdoulaye Wade, le pouvoir, ce n’est pas un sacerdoce mais une arme redoutable pour acquérir plus de puissance dans tous les domaines. Ainsi, l’homme comprend tout faux ! En tout cas, en démocratie et en république, la souveraineté n’appartient qu’au seul peuple, constitué de citoyens libres, et non de sujets, qui n’ont aucun droit.
Par ailleurs, si Me Wade est si sûr de sa popularité et du soutien de la majorité des Sénégalais comme il le plastronne à travers ses propos fanfarons, et également pour être conséquent avec lui-même, pourquoi ne mettrait-il pas alors son honneur en jeu, en soumettant tout simplement son projet de loi constitutionnelle, au référendum, pour permettre au peuple sénégalais de se prononcer librement et souverainement ? C’est cela la vraie question. Mais pourquoi Me Wade craint-il la voie référendaire sur les questions qui engagent l’avenir de la nation et les fondamentaux de l’Etat de droit ? Mais pourquoi se réfugie-t-il toujours derrière un parlement composé la plupart, de pantins en lieu et place de représentants authentiques du peuple ? A l’exemple du Général De gaule, si Me Wade est bien, ce qu’il prétend être, je suppose un homme d’honneur, nous lui lançons un défi à la face du monde, d’oser soumettre son projet au peuple sénégalais par référendum. Et qu’il s’engage devant les Sénégalais, à demander un vote de confiance, à l’issue duquel, s’il est désapprouvé par un vote négatif, il rendrait dignement le tablier, à celui qui est véritablement souverain, le peuple sénégalais.
Mais un homme de dignité et d’honneur comme De gaule, ne souffrait pas que sa parole ait été mise en doute. Evidemment, tel n’est malheureusement pas le cas pour Abdoulaye Wade, dont le nom est synonyme de reniements et de dénégations, sans parler du non-respect des institutions de la République. Pour Rappel, De gaule avait aussitôt démissionné le 28 Avril 1969, c’est-à-dire, le lendemain de sa défaite. Lui, c’était un homme qui avait le courage de ses opinions, le respect des institutions et du peuple français. C’est tout le contraire de Me Wade qui ne s’offusque jamais d’être désavoué, même plusieurs fois, mais, il n’en tire jamais les conclusions qui s’imposent à lui. Mais pourquoi ?
Aujourd’hui et à l’heure où nous parlons, il n’existe dans notre pays que deux camps très distincts. Il s’agit de celui du pouvoir, qui prend en otage tout le peuple sénégalais pour se maintenir vaille que vaille au pouvoir. Et, le camp du peuple, pris en otage avec toutes les forces vives patriotiques qui défendent le respect des institutions, des droits et libertés fondamentales des citoyens, sans exclusive.
Alors, nous sommes légitimement en droit de nous demander, qui arrêtera les folies de ce régime libéral, sous la conduite de Me Wade, qui veut anéantir la nation sénégalaise pour ses visées personnelles. La volonté de Wade, de mener notre pays vers une crise sans précédent est claire. Il doit être le motif évident et suffisant pour tous ceux qui sont opposés à ce projet diabolique, de s’unir le plus largement possible autour de l’essentiel. Et cet essentiel, n’est rien d’autre, que de faire partir Wade avant qu’il ne soit trop tard. Aujourd’hui le danger le plus imminent et le plus grave pour notre pays, c’est Abdoulaye Wade, président de la République.
Le silence fort regrettable des principaux chefs religieux musulmans du pays à ces moments cruciaux que traverse notre pays, constitue un fait grave très inquiétant pour les citoyens. C’est un silence qui ne peut trouver aucune justification valable à nos yeux. Ces chefs religieux doivent se prononcer clairement et choisir leur camp, comme l’ont fait si admirablement, nos frères chrétiens, de manière claire et nette. Si, comme cela se susurre, c’est à cause de l’argent que Wade distribue à certains d’entre vous, qu’ils gardent le silence, qu’ils sachent bien que Dieu ne dort pas. Il est témoin et a l’œil sur les actes de chacun de nous pose. Il est encore temps pour vous, de vous ressaisir, en disant au pouvoir, notamment à son chef, les yeux dans les yeux, d’arrêter ses provocations, qui lui servent de prétexte pour assassiner les citoyens, qui ne réclament que leurs droits légitimes. Nous espérons que nos marabouts cesseront dorénavant d’être au servir d’un homme, qui ne cesse de transformer nos valeurs les plus chères, en des vices les plus abjects, depuis son arrivée au pouvoir. A cet effet, les guides religieux musulmans ont l’impérieux devoir, non seulement d’honorer la mémoire du vénéré Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, mais de perpétuer son œuvre.
Les députés pour leur part, sont mis devant leurs responsabilités. Et, ils seront jugés demain par l’histoire. Aucune excuse pour une raison quelconque ne leur sera accordée dans le cas présent, s’ils votaient une telle loi, source de tous les dangers qui pourraient anéantir tous les sacrifices que notre peuple a consentis des décennies durant, pour asseoir des institutions démocratiques, fiables, républicaines gages de stabilité et paix sociale pour la nation sénégalaise. Ils sont interpelés tous, mais en particulier leur président, Mamadou Seck. Lui qui avait marqué positivement ses concitoyens, en démissionnant à l’époque de son poste de ministre des finances, pour laver son honneur, parce qu’il avait été mêlé à une affaire de malversation financière. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, des charges et des responsabilités plus lourdes pèsent sur vous, face à votre peuple qui vous observe.
Un président de la république, ce n’est pas un roi. Il faut que tout le monde se tienne pour dit. C’est un élu qui doit rendre compte à ses mandants, qui doit être au service des populations et non au-dessus des populations. Il doit agir dans la légalité, en conformité avec les institutions et les lois de la république. Il doit, comme le lui recommande son serment, être le gardien de la constitution, des libertés fondamentales des citoyens et non de les violer avec flagrance et constamment, comme c’est le cas actuellement.
TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION
Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com