M. Le Président, vous aviez dit : «par devoir
M. Le Président, vous aviez dit : «par devoir !»
D’entrée, je voudrais vous demander de méditer ces mots : «ne pensez-vous pas que celui qui ne veut pas marcher sur des cadavres pour accéder au pouvoir, ne devrait pas l’accepter pour s’y maintenir ? Cela pour vous rappeler un engagement tenu en 1988 au «bureau» de l’Avenue des Ternes en face de «Afrique». Vous promettiez que «Tant que Dieu vous en donnerait la force, vous feriez tout pour éviter au Sénégal de tomber dans la violence qu’a connue l’Ethiopie en 1984». C’était en présence d’Abdou Salam Ndiaye dont vous vous êtes séparé par la suite et qui vous avait heurté en demandant «avec quels cadres vous alliez diriger une fois au pouvoir ?». C’est le passé récent, Maître. Vous sortiez de prison et aviez choisi de vous exiler à Paris pour laisser Abdou Diouf voir que ce n’est pas vous qui l’empêchiez de dormir, mais la rue (disons le peuple). Malgré les difficiles vicissitudes de la vie politique, vous sembliez ce jour-là relativement en bonne santé, signe que votre séjour carcéral ne vous avait pas trop éprouvé. Vous en aviez profité pour mettre la dernière touche à votre livre «Un destin pour l’Afrique» et à «L’hymne de la jeunesse africaine». Au même moment, au Sénégal et sur place, de nombreux militants vous demandaient de rentrer pour, disaient-ils, «déloger Abdou Diouf du palais présidentiel et vous y installez».
Jusqu’en 1989, face à la pression de ceux dont vous deviez dire plus tard qu’ils étaient «trop pressés», vous aviez simplement balancé : «je sais ce que je dois faire». Et vous aviez quitté Paris pour rentrer tranquillement à Dakar, faire accepter le verdict des urnes par vos partisans. Pour apaiser la contestation qui s’amplifiait, vous aviez par la suite rejoint le gouvernement de vos adversaires, «par devoir !», disiez-vous. Ainsi avez-vous attendu que le choix du peuple se porte sur vous en 2000. L’alternance n’en a été que plus belle.
Ce qui précède peut être corroboré par votre compagnon de longue date, Alioune Badara Niang qui est, malheureusement, l’un des rares responsables restés à vos côtés (si l’on excepte l’éternel Pape Samba Mboup), ou par l’un des principaux acteurs et blessés de l’alternance, Mody Sy qui occupa le «bureau» de Paris jusqu’à votre retour «triomphal» en 1989.
Ce rappel s’impose parce que les événements de la révolution éthiopienne ne vous étaient pas inconnus, du fait de vos connexions dans les cercles internationaux (comme vous présentiez déjà le Pr Serigne Diop en 1974), notamment à l’Oua qui avait vécu les derniers jours de l’Empereur Haïlé Sélassié. Je revenais d’Addis- Abéba où aucune famille n’avait été épargnée par la vague de violence ayant déferlé sur le pays, du fait des militaires et des partis républicains qui avaient mis fin au règne d’un empereur longtemps adulé par son peuple et même divinisé au-delà de ses frontières. Il avait été dit que le puissant monarque, dans les dernières années précédant sa chute, nourrissait ses lions de viande, alors que la famine était dans les provinces (?!) Toujours est-il que le Négus qui n’avait pas pris le bon pouls des descendants de la Reine de Saba, surtout des jeunes, restait emmuré dans son Guebi (palais), en offrant aux étudiants des bourses à l’étranger ou l’extension des campus et autres menus avantages. Les discours contre les inégalités criantes et l’absence de perspectives pour de trop nombreuses populations avaient fini par désacraliser et banaliser les symboles du pouvoir, mais surtout, par tuer la peur. Et le peuple déferla contre celui qui, quoiqu’on dise, a conduit l’Ethiopie vers la modernité. L’histoire retiendra qu’il a même été victime d’avoir été l’artisan de l’émancipation de son peuple.
Ce que j’ai vu et entendu le 23 juin
Il est vrai, M. le Président, que «comparaison, n’est pas raison», que le Sénégal n’est pas l’Ethiopie, encore moins une monarchie. Pourtant, ayant été sur la Place Soweto ce 23 juin, mais aussi dans les rues du Centre ville et dans les quartiers proches, je dois dire que ce que j’ai vu et entendu me rappelle étrangement la sourde tension vécue ici en 2000, à la veille des élections, mais aujourd’hui avec une population plus jeune et plus déterminée, face à des forces de l’ordre qui, elles, ont eu peur, comme certains députés pour leurs proches. Et devant la peur et quand nul ne se sent plus à l’abri d’un jet de pierre ou de grenade, alors la violence aveugle risque de trouver un lit fertile. Avec les multiples désagréments dus aux crises multiformes, aux difficultés de la vie quotidienne et à la conjoncture relativement peu favorable, le discours pour irriguer le mécontentement populaire est facilement trouvé et le peuple lui-même est vite transformé en masse, en foule. La foule est sourde et aveugle, Monsieur le président. Devant une telle situation, il appartient au chef, au vrai patriote et au bon commandeur de faire ce qu’il faut, «par devoir !». Alors permettez-moi, comme en 1988 à l’Avenue des Ternes, de vous conseiller la tempérance, et de vous dire pour terminer que : «celui qui ne veut pas marcher sur des cadavres pour accéder au pouvoir, ne devrait pas l’accepter pour s’y maintenir». En espérant que vous soyez bien inspiré pour faire ce que dicte l’intérêt du pays tout entier.
Fara SAMBE
(Journaliste)
Pourquoi Cheikh Bamba Dièye est le meilleur candidat ?
Alhamdoulilah, gloire à Dieu qui a encore permis aux Sénégalais de se reconnecter avec leurs valeurs cardinales en se souvenant dans un sursaut de dignité du message du vénéré Dabakh. Lui dont on se souvient du parcours terrestre, on ne peut plus exemplaire : comme continuateur de l’œuvre de nos saints hommes tels Cheikh Ahmadou Bamba ou encore El Hadj Malick Sy.
Ce souvenir est certainement la meilleure illustration qu’on ne doit jamais désespérer du comportement et des valeurs d’un peuple, d’autant que celui de Moulay Dabakh avait appris de lui que «dans une société, lorsqu’une crise s’installe ou s’annonce, ceux qui ont la science ou la connaissance par la faveur divine ont un devoir impérieux de se prononcer, sans quoi ils commettraient un péché impardonnable». Cette initiative s’inspire de ce rappel auquel il s’attache, en espérant faire jaillir la lumière et sortir ainsi pour de bon de la pénombre.
Dire qu’un tel est le meilleur candidat d’un groupe politique qui polarise l’espoir de tout un peuple, à la sortie d’Assises nationales : c’est assurément prendre position dans un débat où chacun a son mot à dire. Mais plus qu’une position, c’est aussi un constat, car en plus de la subjectivité présente dans toute position personnelle, celle-ci exprime également l’expression d’une parfaite objectivité, tant l’actualité et le vécu politique de notre nation y invite et l’autorise.
Le président Wade comme tout le monde le sait est atteint par la limite d’âge, quoi qu’on en dise cependant. L’Alliance sopi pour toujours, les anciens cadres du Pds chasés du pouvoir ainsi que les soutiens traditionnels du président Wade, aujourd’hui dans l’opposition, n’ont pas fait preuve de suffisamment de crédibilité pour sortir de leurs rangs le candidat victorieux à l’élection présidentielle de 2012. Les candidatures de Monsieur Ibrahima Fall, de Madame Aminata Sow Sidibé et éventuellement de Jacques Diouf ou encore de Lamine Diack nous semblent prématurées bien qu’honorables. Celle du représentant du Ps, même légitime, comporte un parfum d’insulte tant les stigmates du règne socialiste sont encore présents, bien que de manière moins soutenue, dans notre inconscient collectif.
Reste à se prononcer sur le cas de la société dite civile dont l’unique possibilité crédible est celle d’Alioune Tine, or tout Sénégalais patriote peut se rendre compte que ce digne fils du pays sert mieux le peuple là où il se trouve c'est-à-dire à la Raddho.
Oui, car il est bien question de cela : bien servir le pays. Abdou Latif Coulibaly a sur ce point totalement raison lorsqu’il indique que le Sénégal a besoin d’un président qui ait le sens de l’Etat, avec une probité et une honnêteté indiscutable, le tout accompagné de réelles compétences de management des habiletés publiques.
Portrait rebot qui correspond à tout point de vue au profil de Cheikh Bamba Dièye qui, en plus, est d’un âge relativement jeune pouvant permettre d’insuffler toute l’énergie qui manque à notre Etat, au sens aussi bien propre que figuré.
N’étant pas griot, mais simplement sociologue, professeur de philosophie, j’invite les communicateurs traditionnels à soutenir cette candidature en vantant, mieux que je ne saurai le faire sur ce plan, ses mérites.
Quant à «ceux qui disposent d’une science ou d’une connaissance par la faveur divine», je les exhorte à raffermir davantage le souvenir laissé par Dabakh en ne se laissant point divertir ou détourner par les micmacs du régime actuel.
Tous ensemble, nous devons, dans un élan pacifique et résolu, user de tous nos moyens (spirituels, économiques, politiques, intellectuels, culturels et communicationnels) pour permettre l’élection de ce meilleur candidat.
Les forces armées, j’en suis sûr, adhérent déjà à ce projet puisqu’en tout temps, elles ont démontré leur attachement à la paix civile, même si ça et là on a pu voir quelques dérapages.
Enfin la jeunesse, bien que n’ayant pas été cité jusqu’ici, fait partie du lot et ce à titre prioritaire, pour des raisons évidentes. Elle doit se rendre compte plus que tout autre catégorie sociale, de ce que représentent la candidature et la victoire de Cheikh Bamba Dièye à l’élection présidentielle : C’est le meilleur moyen de ne plus en avoir marre, et de mettre le pays sur les rails de la convivialité et du bien-être collectif.
Abdou Aziz FALL
Président de l’association
Vision Ecologique Sénégal
dabakh4@yahoo.fr
Sur l’initiative du groupe des six(G6)
A l’attention des différents acteurs du dialogue politique
L’initiative du groupe des six pour renouer le fil du dialogue entre le pouvoir et l’opposition semble avoir un début plutôt favorable. Le président aurait donné son accord de principe sans condition. L’opposition serait ouverte au dialogue, à condition… Belle initiative ! Heureuses réactions ! Pour l’instant.
Tout de même, il y’a lieu de préciser que mettre l’opposition et le pouvoir autour d’une table dans un temps si proche des joutes électorales ne doit certainement pas avoir pour objectif le partage du gâteau digne des régimes corrompus où l’argent mis en service libre par les corrupteurs est à la disposition des corrompus les plus talentueux et aux voix les plus audibles. Non ! Le dialogue politique ne doit pas être le lieu où l’on aménage des sièges au banquet dont le menu est financé par l’argent du contribuable, celui de la vente et du sacrifice de l’avenir du peuple.
Ces médiateurs du dialogue, à féliciter, doivent faire gaffe à ne pas se servir de ce portillon pour se hisser sur le strapontin du pouvoir comme s’y hisserait toute personne à la logique « des transhumants ».
Quelle pertinence donc pour un dialogue politique entre pouvoir et opposition ?
La pertinence, dans ce contexte donnant suite aux évènements du 23 juin, est d’abord dans la pleine appréciation du non-dialogue. Se replier dans le confort de la critique aveugle ou du silence méprisant à l’appel du peuple crée une situation de méfiance, d’anxiété, de tension et de blocage au moment où l’écoute devrait être érigée en valeur cardinale.
L’écoute devrait d’autant plus être de rigueur qu’au lendemain de cette date mémorable dans notre histoire politique, il n’y a de victoire que pour le peuple et il n’y a de vainqueur que le peuple. Ce 23 juin a permis la prise de parole des invincibles, de ceux qui n’ont pas de porte voix, ni de nom et au nom de qui l’on parle, l’on décide. Dès lors, tous les acteurs directs de notre démocratie doivent en prendre acte et se rendre compte qu’il n’y a d’issue qu’à travers le dialogue, le vrai. Et le vrai dialogue est aussi bien dans l’écoute que dans la parole. Dès lors, ouvrir le dialogue c’est créer un espace civilisé pour exprimer la défiance ou le désaccord et, partant, éviter le dogmatisme. Partant, ces portes voix de la semaine, pour ne pas dire de la petite semaine, doivent rester fidèles aux voix du peuple, des cris du 23 juin.
Le dialogue est une caractéristique de notre culture, un ciment de notre nation et la clé pour notre avenir. La particularité de la démocratie sénégalaise trouve ses fondements dans le sens du dialogue qui caractérise notre peuple. Le dialogue n’est jamais de trop tant que la porte qui y mène peut être ouverte. Aussi, notre citoyenneté démocratique et notre devoir de participer à consolider et à bâtir notre avenir commun doivent-ils renforcer notre ouverture à l’échange et au dialogue. Mais dialoguer n’est pas divertir ni se compromettre. C’est rechercher l’équilibre entre nos vérités et celles de l’autre, entre nos positions tranchées et celles des autres.
Le professeur Benjamin Barber, ancien conseiller de Bill Clinton a raison de soutenir : «"J’écoute" n’implique pas que je cherche la faille dans le discours de mon adversaire, ou le moyen d’extorquer un arrangement, ni que je le laisse poliment exprimer son avis. "J’écoute" signifie que je vais essayer de me mettre à la place de l’autre, tenter de le comprendre, m’efforcer de saisir ce qui nous est commun en gardant à l’esprit notre intérêt mutuel». En un mot l’empathie. Dans le cas d’espèce, notre intérêt mutuel est l’avenir du Sénégal et la nécessité du maintien de la paix et de la concorde pour le construire. Notre président a l’occasion de montrer qu’il est capable d’écouter. Notre opposition a l’opportunité de prouver qu’elle peut être digne de la confiance du peuple.
Quel sens peut bien avoir ce dialogue ?
Le sens de ce dialogue est d’éviter le chaos. Quoi qu’on puisse dire des mérites de notre peuple et de notre démocratie, nous frisons l’impasse et l’impasse mène à la confusion. Le malaise et le mal être exprimés des populations, les crispations de l’opposition et le silence à la limite du mépris de l’exécutif sont autant d’éléments justifiant un contexte socio-politique difficile. L’échange ouvert, respectueux, basé sur la prise en compte des préoccupations de chacun s’impose pour que jaillisse, à nouveau, la lumière du peuple serein ayant toujours fait notre fierté. Mais l’échange n’est pas un jeu de dupes où chacun se suffit de son intelligence et de sa position au mépris de celles de l’autre. Faire du dialogue un instrument créateur d’un espace vertueux où s’expriment la diversité des points de vue, des positions et des convictions pour aboutir aux compromis fondateurs des grandes nations, c’est là tout l’enjeu d’un dialogue politique ouvert à sept mois des élections présidentielles.
Quel contenu faut-il lui réserver ?
A l’heure actuelle, le dialogue doit servir à rassurer les différents partis prenants et le peuple sénégalais que :
Les élections présidentielles de 2012 seront totalement libres, indépendantes et transparentes ;
Le conseil constitutionnel est mis dans les conditions de liberté et de travail optimales pour valider ou invalider toute candidature, strictement selon les dispositions de la constitution ;
Il n’y aura de chasse à l’homme pour quiconque prendra le pouvoir ;
Le pays sera placé dans une situation préélectorale de gouvernabilité ;
Le rôle et la place des institutions de la république seront respectés par toutes les parties sous réserve qu’on leur garantisse la liberté qui sied à leur nature ;
Tout est mis en œuvre pour trouver à court, moyen et long terme, des solutions urgentes et concrètes sur la question de l’énergie.
Quelle position pour chacun des partis prenants ?
Pour le président et son régime, l’erreur de trop serait tout comportement méprisant vis-à-vis du peuple, opposition comme population. L’erreur serait aussi pour le président de trainer encore son pire handicap, son fils Karim et de persister à ne pas saisir que le peuple sénégalais ne peut comprendre, ni accepter, ni tolérer le piédestal sur lequel ce dernier est mis. Le président est accusé de deux maladies : l’autisme et l’égo. Trois maitres-mots doivent donc guider son ouverture au dialogue sans condition : « j’ai écouté, entendu et répondu ». C’est déjà un pas de décider de s’adresser aux sénégalais à la date du 14 juillet à travers une rencontre avec des élus, sensés représenter le peuple. Mais la vraie adresse au peuple devrait être marquée d’une solennité. Oui le ton solennel, direct, en dehors de toute rencontre servant de prétexte, en regardant chaque citoyen dans les yeux au journal de 20h ou lors d’une conférence de presse pour une déclaration expresse envoyant un signe d’égard et de respect à la population qui lui a fait deux fois confiance.
Il est tout simplement attendu que le président de la république dise clairement et en substance :
« Je vous remercie de m’avoir fait confiance... J’ai essayé de vous servir au mieux de mes capacités... J’ai certainement apporté satisfaction à certains égards…Et j’ai peut-être déçu à d’autres égards… Si tel est le cas, soyez assuré que mon combat a été de servir le pays et d’être le président à la hauteur de vos attentes… Par ailleurs, il est évident que ma candidature aux prochaines élections présidentielles a suscité beaucoup de remous eu regard à mon âge et aux nouvelles dispositions notre constitution…Abstraction faite de toute considération, je retire ma candidature et laisse au meilleur candidat bénéficiant de la confiance du peuple de poursuivre mon œuvre ainsi que celle de mes prédécesseurs… Je resterai toujours, en ce qui me concerne, et au mieux de mes moyens, au service du Sénégal. Pour éviter toute confusion, j’invite aussi mon fils Karim à qui je renouvelle toute ma confiance et ma reconnaissance à me présenter immédiatement sa démission du ministère dont il a la charge. Il pourra continuer à m’accompagner autrement pour le reste de mon mandat… Je m’engage à œuvrer avec mon parti, l’opposition, la société civile et toutes les forces vives de notre nation pour assurer toutes les conditions requises pour des élections libres, démocratiques et transparentes. ». Un tel message, surprendra, de manière heureuse, le monde entier et couperait l’herbe au pied de quiconque en voudrait personnellement à Wade et à sa famille et de quiconque aurait des ambitions malsaines pour notre démocratie. Ce serait, pour le président, la sortie par la grande porte dans l’honneur et la dignité. Ce serait aussi la preuve irréfutable qu’il n’est ni autiste, ni égocentrique et encore moins despote.
Pour l’opposition l’erreur serait d’égrener un chapelet de conditions ou de préalables au dialogue. Si la prudence doit être de mise étant entendu qu’il y’a clairement des oppositions et pas une opposition, certaines arrogances traduiraient plutôt une manque de confiance en soi, donc un aveu d’incompétence et une preuve d’immaturité pour mériter la confiance du peuple, ou autrement, et quelque saugrenu que cela puisse paraître, un appel du pied au pouvoir. L’erreur serait aussi de tenter de jeter le discrédit sur le groupe des six qui, pour l’instant, mérite félicitations, encouragements et a priori favorable.
Il est tout simplement du rôle de l’opposition qu’elle réponde sans condition et sans compromission à l’appel à la négociation en étant force de propositions, en restant en phase avec la volonté du peuple et en sachant maintenir, intelligemment, la pression requise pour éviter tout dérive du pouvoir. Il est évident que toute tentative d’avilir ou de déshonorer Wade sera parfaitement inutile, infertile et totalement infructueuse.
La médiation pour la paix est ouverte, l’équidistance est requise et l’intelligence ne serait pas de trop…
Saliou Dramé
saliou.drame@gmail.com
Il ne faudrait point plonger le peuple dans un nuage de cendre
Le pouvoir voudrait, peut-être, gagner en appliquant le théorème politique qui indique, quelques fois, que « du désordre peut émerger un ordre.» En maintenant l’aléatoire il faudra, également, penser aux cicatrices et savoir, enfin, comme le dit le sage : ‘’ qu’il n’y a d’obscurité plus épaisse que celle de la passion et du moi’’
Il ne faut pas gouverner contre le peuple.
Les populations sénégalaises entendent, avant de tourner, cette fois, la page, la lire. Parce que le peuple, dans l’espoir de pardonner, s’était gardé de lire la page politique écrite entre1960 et 2000 avant de la tourner. Mais devant l’importance de la culpabilité collective des acteurs politiques il s’engage à lire celle écrite entre 2OOO et 2011.Car certains, au lieu de se comporter en bâtisseurs de société, cherchent aujourd’hui à plonger notre nation dans un nuage de cendre.
Nous sommes tous des entraineurs d’homme. Que ceux qui s’estiment prophètes de la construction nationale se détrompent car il ne faut point confondre prostitution de la politique et génie de la politique. Après l’ère des incertitudes le peuple inaugure l’ère du génie de la politique afin qu’on ne gouverne plus contre le peuple.
Gouverner contre le peuple c’est :
• S’enrichir de façon illicite,
• Faire des ressources publiques son patrimoine,
• Brader l’intérêt national,
• Confier l’exercice du pouvoir à des médiocres,
• Promouvoir la parade et l’apparat au détriment des priorités et des urgences.
• promouvoir les moralités variables,
• ignorer les centres des jeux politiques afférents au développement,
• négliger le futur et cultiver le bluff enveloppé de démagogie et de populisme comme si l’intelligence collective ne s’était développée entre le XX° siècle et le début du XXI° siècle
Rustines aux pneus crevés du Sénégal n’est point modernisation. Et le peuple, d’ailleurs, entend entamer des réformes radicales pour offrir aux générations montantes un économique viable après avoir combattu l’esclavage, le colonialisme et construit un Etat- Nation solide.
Il ne s’agit, point, pour le peuple, de rester dans les antichambres de l’histoire. Ou de subir le poids des hégémonies créées par des acteurs politiques spécialisées dans les antagonismes, férus de désintégration non créatrice et séduits par la surabondance vulgaire.
L’ère de la folie dangereuse des gouvernements est révolue. Mais l’étonnement du peuple mal gouverné s’enfle devant l’accentuation de la mal gouvernance, la corruption et l’impunité. Au point que la page 2000 à 2011, contrairement à la page 1960-2000, sera lue avant d’être tournée.
Une dynamique citoyenne positive devient la seule ressource, après l’Islam, qui puisse aider à la réalisation d’un comportement exemplaire capable de nous sortir de la logique de doute dans laquelle les populistes et les groupes minoritaires au service de modèles encombrants cherchent, sans doute, à nous enfermer.
Cette présente approche a une seule prétention. Celle de faire comprendre aux acteurs de tous ordres que le Sénégal a réussi un équilibre déterminant en matière de sauvegarde de la paix sociale, de gestion de l’ordre civil national. Bien que l’irrédentisme sévit au sud du pays. Cependant, ce qui mine le pays c’est l’accaparement des richesses par une minorité issue des positions de pouvoir d’Etat et l’institutionnalisation d’un carriérisme conférant, de façon arbitraire, des rentes de situations ou de manière indue. Enfin, la naissance d’une tendance ne cherchant qu’à garder le pouvoir justifie le radicalisme enregistré auprès des citoyens qui n’admettent , en aucune façon, que l’égalité de place et de chance soit battue en brèche par de petits héros dépouillés de vertus et pleins de vices . D’ailleurs la journée du jeudi 23 juin confirme, à suffisance, le propos. Sachons que 2011 marque la fin du cycle des bricoles .Quant à 2012, Allah seul sait….
En affirmant que pour 2012 personne n’ose se prononcer c’est parce que la virtualité des directoires de campagne est évidente, l’absence de lignes d’horizon reste effective, les fondamentaux programmatiques inexistants. Au moment où une escalade, à un rythme galopant, de candidatures agace les populations.
Au Sénégal, il semblerait que la nation pourrait bien exister sans un Etat parce que des faits le confirment depuis 2007 .Et cette situation de non Etat devient, malheureusement, une réalité féroce. De plus, le fondamental constitutionnel se désagrège dans la pratique, la suprématie de la coalition au pouvoir sur l’Etat est d’une évidence banale. Et complique, naturellement, la gouvernance.
Les réformes attendues, sur la base du contrat citoyen élaboré depuis 2000, tardent à être opérationnelles. Du fait de l’absence de système de pertinence politique, de l’accentuation de l’improvisation et de sa persistance, de l’impréparation et de l’impunité.
Contribuer à une prise de conscience collective afin d’éviter une colère de la nation est un devoir. Car les dérives, la forme actuelle de la gouvernance, la persistance des inégalités devenue criarde, demeurent, certes, des considérations qui confirment la phase finale de l’incubation de la colère nationale.
Le niveau du mal vivre, l’absence de futur pour la jeunesse qui constitue 80% de la population générale du Sénégal expliquent, sans doute, les risques et un débordement après l’incubation des facteurs pouvant, en effet, hâter une révolte populaire. Pour bien scruter l’avenir compte tenu des événements du jeudi 23 juin. Du fait de l’éventualité ou de la probabilité réelle d’un ras-le-bol généralisé. La souffrance et l’amertume enregistrées au sein de la société constituent, réellement, un signe très éloquent pour admettre la réalité de la menace et le fait que l’Etat gouverne contre le peuple.
Wagane FAYE
Professeur d’Anglais
Coordonnateur des Cadres du F.A.P
Expert Associé à CARED AFRIQUE
E-mail : waganecoumbasandiane@gmail.com
CHEIKH TIDIANE DIAKHATE N’EST PAS PAUL YAO N’DRE Le Sénégal dit non à la candidature de Wade en 2012
L’irrecevabilité de la candidature de Me Wade en 2012 se trouve être la pierre angulaire de tous les débats sur la sphère politique sénégalaise. Cependant, elle ne date pas d’aujourd’hui.
Il était une fois, un 4 novembre 2010, quand Idrissa Seck, ancien premier ministre de Wade et membre du comité directeur du Pds d’alors, notifiait par écrit au Pape du Sopi que sa candidature à l’élection présidentielle de 2012 serait irrecevable. Mais, le 27 de ce même mois, les alliés de Wade lui rétorquèrent que si, lors de cette fameuse réunion de comité directeur tenue au palais de la République qui rappelons-le n’est pas le siège du parti démocratique sénégalais, à laquelle Seck a été convié à la dernière seconde. Pourtant Seck le leur réitèrera que Abdoulaye Wade a fini ses cartouches de candidat à la présidentielle au Sénégal et qu’en 2012 il devra partir. Rien n’y fait, les partisans de Wade continuent de s’accrocher à cette candidature impossible.
Quelques mois plus tard, les membres de l’opposition regroupés dans Bennoo reprennent le débat et disent non à Wade. Ce combat, les amis de Amath Dansokho avaientt commencé à le mener au lendemain de l’annonce de la candidature depuis le pays de l’Oncle Sam, par Abdoulaye Wade, en septembre 2009 soit à peu près 3ans avant l’échéance électorale. Pourtant lorsque Wade faisait cette déclaration, lorsqu’il pensait déjà à un autre mandat, les populations de Médina Gounass attendaient toujours une solution contre les inondations qui avaient fini par rendre impossible la vie dans la banlieue.
Les Sénégalais, dans leur majorité ruminaient toujours leur colère contre le régime mais les clignotants étaient encore à l’orange. Il a fallu qu’ils ne puissent plus tenir parce que la mal gouvernance avait atteint un niveau tel qu’il était inacceptable de voir que certaines personnes qui venaient d’entrer, dans le tard, à la fonction publique et à des postes stratégiques comptent leur avoir à hauteur de milliards au moment où la cherté de la vie avait fini d’atteindre sa croissance exponentielle, l’électricité introuvable… Et Wade qui présente un projet de loi sorti de l’on ne sait où. Le 23 juin, voilà la date salvatrice qui permettra de dire à Wade et à ses sbires que sa candidature pour 2012 est de trop.
Aujourd’hui c’est le Sénégal à l’unisson – sauf pour ces inconditionnels de Wade qui n’en ont que pour leurs intérêts crypto personnels – qui demande au père de Karim de ne pas verser cette goutte qui pourra faire déborder le vase. Et cela a été bien compris par la société civile, qui a été emportée par cette fougue du 23 juin pour se laisser distraire par les politiques regroupés dans l’opposition. Leur démarcation a été salutaire. Son combat, cette cause noble qu’elle défend, elle peut bien le faire sans s’appuyer sur les amis de Dansokho pour éviter de leur être redevable en quoi que ce soit.
Cette position aussi a été celle des rappeurs qui ont initié le mouvement Y en a marre. Bien sûr, ce combat, s’il peut être mené à travers un bloc soudé, uni et un, serait mieux pour le peuple sénégalais qui ne demande que le départ, dans la paix, de Wade. Mais pour cela, il faut que les idéaux soient un. Et tel est loin d’être le cas. Les postures des combattants ne sont pas les mêmes, les stratégies aussi ne peuvent pas être communes. Chacun, d’où qu’il se situe mènera son combat et les résultats convergeront vers le même objectif : bouter Wade hors de l’Etat. Et ce n’est pas Cheikh Tidiane Diakhaté qui nous en empêchera car le verdict sur la non recevabilité de la candidature de Wade est déjà tombé.
Mea culpa de Wade en 2007, M. Diakaté n’est pas Paul Yao N’dré
La réponse par rapport à l’irrecevabilité de la candidature de Wade peut être trouvée à deux niveaux qui, je pense bien, n’ont pas besoin que les analystes en matière de droit et de communication politique se triturent les méninges pour la donner.
Dans le premier cas, j’ose dire qu’un étudiant en première année de droit peut résoudre l’équation après juste six mois de scolarité à la faculté des sciences juridiques et politiques de Dakar. En droit civil, on leur a appris que « l’aveu c'est une déclaration par laquelle l'une des parties au procès reconnaît sa faute… » Cette seule définition peut démontrer que Wade s’est disqualifié de lui-même de la course vers le palais en 2012 si on tient compte de ses propos tenus le 1er mars 2007. «J’ai bloqué le nombre de mandats à deux dans la Constitution. Je ne peux pas me représenter, parce que la Constitution me l’interdit. J’ai décidé donc que je ne me représenterai pas» avait-il déclaré. Cette seule assertion peut suffire à M. Diakhaté à, dès aujourd’hui, rendre service au Pape du Sopi en le conseillant de sauver la cote démocratique qu’il a acquise au soir du 19 mars 2000 en renonçant à ce combat qui ne sera que peine perdue. La conscience devrait même obliger Cheikh Tidiane Diakhaté à s’auto saisir et dire non à Wade avant que le document de sa candidature atterrisse à son bureau. A moins que ce premier ait les mêmes gênes pathologiques que Paul Yao N’dré en Cote d’Ivoire. M. Diakhaté sait tout autant qu’Idrissa Seck et les membres de Bennoo Siggil Senegal, tout autant que la société civile et le mouvement Y’en a marre, tout autant que Ibrahima Fall et Cheikh Tidiane Gadio, que Wade ne peut pas être candidat en 2012. Me Babacar Seye avait dit non, Me Kéba Mbaye avait dit non quand il le fallait. Aujourd’hui c’est à ton tour, c’est à toi de dire non. Bien sûr, la disposition civile ne peut pas être celle du droit, dans ce cas précis, quant à l’appréciation du juge. Cependant, l’invocation de la jurisprudence règle le problème et la messe peut être dite.
Dans le second cas, je me permettrai de restituer mes cours d’analyse du discours politique tels me l’a inculqué Abdou Aziz Diop ; c’est-à-dire à travers l’inscription du locuteur Wade dans ses mêmes propos du 1er mars 2007. Dans un discours de nature politique, l’analyse de l’inscription du locuteur dans l’énonciation est centrale puisque celui qui parle s’attribue une position et des qualités qui définissent son identité politique. Ceci nous permet donc de dire que Wade a tenu compte de sa position politique pour dire : «J’ai bloqué le nombre de mandats à deux dans la Constitution. Je ne peux pas me représenter, parce que la Constitution me l’interdit. J’ai décidé donc que je ne me représenterai pas». Donc la question « D’où parle celui qui parle si naturellement ? » trouve sa réponse en la qualité du locuteur qui n’est personne d’autre que le Gardien de la Constitution lui-même.
Dans son propos, celui-là même qui le disqualifie, Wade utilise 7 fois la 1ère personne du singulier à travers «je» et «me» pour signifier son engagement et une validation de cet engagement. M. Diakhaté, c’est Wade lui-même qui parle. Ensuite, on en arrive à l’utilisation de la négation qu’on peut retrouver 4 fois avec «bloqué», «ne pas me représenter», «me l’interdit», «ne me représenterai pas». Aussi, Wade reconnait qu’il ne peut pas être au-dessus des lois bien qu’il soit l’autorité suprême au Sénégal. Il donne ainsi à la Constitution toute la force qui lui revient de droit car il se trouve impuissant devant elle qui lui interdit toute possibilité de se représenter. Après avoir bloqué le mandat à deux, c’est le choix du verbe «représenter» qui peut signifier se présenter à nouveau qui revient encore bloquer Wade car il s’est présenté en 2000 et il s’est représenté en 2007 d’où l’impossibilité de se «re-représenter» en 2012. Et enfin, Wade de conclure à la manière d’un sage avec ses 85 piges, avec l’emploi de «donc», qu’il ne sera pas candidat.
En définitif Abdoulaye Wade a porté le manteau de président de la République qui est le gardien de la Constitution, jouissant de toutes les prérogatives pour personnellement et de manière responsable prendre une décision et l’assumer. Il ne se présentera pas.
A mon humble avis, il sait qu’il ne se présentera pas et il essaie de leurrer le peuple tout entier qui s’investit pour qu’il ne se présente pas. Il y a anguille sous roche et moi je pense que c’est la question du redécoupage administratif sur laquelle il va s’appuyer pour voler le scrutin au profit de son candidat, celui qu’il investira. Qui sera-t-il ?
Nous fermons les yeux devant ce fait oubliant ainsi que les conseils ruraux sont des lieux où peuvent être gardés les urnes après le vote d’où la possibilité de bourrage qui est une méthode toute simple de tricher lors d’une élection.
De la même manière qu’avec les parlementaires et leur ticket en cette journée du 23 juin, disons non au ministre Aliou Sow et à son projet de redécoupage administratif car il cache une bombe à retardement pire que le ticket. La candidature de Wade n’est qu’un puissant sujet de diversion. La mort de Malick Ba ne peut pas et ne doit pas être vaine.
EL HADJI CHEIKH ANTA SECK
Master 2 en Communication Sociale à Issic
Maitrise d’anglais à Ucad
Journaliste
Cour des Comptes : Ces magistrats que la frustration égare
La Cour des Comptes est un organe régulateur qui participe de la transparence des finances publiques.Elle a toujours joué son rôle dans la mesure de ses attributions, et jamais, elle n’a été contestée quant à la pertinence de ses rapports.Il y a alors quelque chose de désobligeant et de singulier lorsqu’elle subit une fronde de l’intérieur. La presse a, en effet, fait écho à suffisance d’un mouvement d’humeur initié par certains magistrats à propos de la nomination du commissaire du Droit, en l’occurrence un maître-assistant de la faculté des Sciences juridiques et politiques.Ce dernier occuperait une place usurpée, car celle-ci serait réservée aux seuls magistrats habilités à exercer le pouvoir judiciaire.L’affirmation est, a priori, foncièrement fausse, ne serait-ce que parce que le Conseil constitutionnel, pouvoir judiciaire reconnu par la Constitution, compte en son sein des non magistrats.
Il est par ailleurs loisible de mettre à nu le fallacieux argumentaire derrière lequel se réfugient les auteurs de la fronde : le commissaire du Droit sortant était aussi un maître-assistant ; il a pourtant, pendant plus d’une dizaine d’années, exercé la plénitude de ses fonctions.Il est alors fortement paradoxal et symptomatique que l’on se soit aperçu seulement après son départ que le poste de commissaire du Droit ne pouvait revenir à un maître-assistant.
Le parallélisme n’a pas été trahi en nommant un maître-assistant en remplacement d’un autre maître-assistant.Si celui-ci a pu remplir, en toute compétence, sa mission pour une si longue durée, celui- là aurait pu au moins bénéficier d’un préjugé favorable, à défaut de pouvoir présumer de ses aptitudes.Et puis, selon quels critères peut-on décider qu’un magistrat mérite plus un poste, même celui qui ne lui est pas réservé.
On ne peut recourir au cursus universitaire : jusqu’à plus ample informé, le magistrat est, en principe, titulaire, au plus, d’un baccalauréat plus six (Maîtrise plus deux années de formation). Le maître-assistant par contre a, après la maîtrise, au moins sept années d’études (Dea-aujourd’hui Master 2- plus thèse), sans que cela puisse signifier une quelconque prééminence sur ceux - nombreux - qui n’ont pas eu l’opportunité de poursuivre leurs études aussi loin.
Mais l’argument du précédent serait mal à propos pour mettre au pilori les prétentions factices des magistrats porteurs d’une telle hérésie. Ce serait en effet aux frontières d’une querelle de corporations que ni les magistrats, ni les universitaires ne sauraient parrainer, et ce d’autant plus qu’il est constant de relever dans les deux corps des professionnels épris de savoir et d’expérience qui font la fierté du Sénégal. Il faut plutôt revenir aux textes, textes dont la connaissance et l’application relèvent de la mission des magistrats. Or ici, les textes sont plus qu’expressifs, et on comprend difficilement que ceux qui devraient en être les fidèles serviteurs, aient pu aboutir à une interprétation aussi poreuse.
Le siège de la matière a pour support les articles 5 et 7 de la loi organique 99-73 du 17 février 1999 portant statut des membres de la Cour des Comptes.
Article 5 : ‘La Cour des Comptes se compose des magistrats qui sont :
- Le Président de la Cour ;
- Les présidents de Chambre ;
- Les Chefs de section ;
- Les Conseillers maîtres ;
- Les Conseillers référendaires ;
- Les Conseillers.
Le nombre de magistrats constituant la Cour est fixé par décret ’.
Article 7 : ‘Le Ministère public est exercé par le commissaire du Droit. Il peut être assisté d’un Commissaire adjoint choisi parmi les magistrats de la Cour des Comptes, sur proposition du Commissaire du Droit et après avis du Président de la Cour. Le Commissaire du Droit ou le commissaire adjoint sont nommés par décret. Il est mis fin à leur fonction dans les mêmes formes.’
Le premier texte décline une énumération limitative ; il n’y apparaît nullement que le Commissaire du Droit est un magistrat, sauf à vouloir faire un ’forçage’ dans l’interprétation qui aurait pour désavantage de dénaturer la loi. Le second texte renvoie au Commissaire du Droit dont la nomination est soumise à l’application souveraine et exclusive du président de la République. C’est l’illustration typique d’un pouvoir discrétionnaire ; il n’est même pas exigé un avis. Or pour le Commissaire adjoint qui peut être un magistrat, sa nomination est soumise à une double formalité : la proposition du Commissaire du Droit et l’avis du Président de la Cour des Comptes.
L’analyse n’a pas besoin d’être poussée plus loin, la transparence des textes étant suffisamment éclairante.Et puis, quand et comment, les juges, surtout ceux de la Cour des Comptes, ont -ils pu s’arroger le pouvoir prétorien d’apprécier l’opportunité et la légalité de la loi ?
On aurait pu ajouter d’autres motifs surabondants pour conforter la vacuité et l’impertinence de l’attitude impétueuse et irréfléchie qui s’est manifestée au sein de la Cour des Comptes.La magnanimité du Président de l’institution et des contingences particulières incitent à plus de concision.Il faut simplement souhaiter que cette quête d’ego, moins glorieuse que dévalorisante, soit furtivement mais définitivement étouffée.Il n’est jamais trop tard, même pour ceux que la frustration égare.
Abdel Kader GUEYE Juriste, Dakar