Le Peuple, l’Etat et la République 
 Le Peuple, l’Etat et la République  
 
Un peuple est tout juste un large regroupement d’individus des deux sexes, à des étapes diverses de la vie (enfance,  
 
adolescence, maturité, vieillesse) ayant de prime abord acceptés de cohabiter ensemble sur un espace délimité qu’ils se sont  
 
souverainement attribués en y étant totalement soumis à un ordre juridique harmonieux, juste et non discriminatoire de  
 
préférence. Un peuple est tout juste un large regroupement d’individus des deux sexes, à des étapes diverses de la vie  
 
(enfance, adolescence, maturité, vieillesse) ayant de prime abord acceptés de cohabiter ensemble sur un espace délimité  
 
qu’ils se sont souverainement attribués en y étant totalement soumis à un ordre juridique harmonieux, juste et non  
 
discriminatoire de préférence. Jusqu’ici peuple et population se font confondre car tous deux désignent une réalité  
 
démographique et juridique. Seulement, la notion de peuple, un peu plus profonde, fait penser à une réalité sociologique dont  
 
les dimensions collatérales, procréatrices et transversales donnent naissance à la Nation. Autant une population peut-être  
 
éparse et hétérogène, autant le peuple doit rester un et indivisible car ayant intégré toutes les dimensions sociétales qui  
 
lui confèrent une homogénéité : ces dimensions que constituent sans équivoque ses mœurs, ses coutumes, ses traditions, ses  
 
croyances et sa culture et qui ont fini d’entretenir en lui plus une essence (ce qu’il doit être) qu’une existence (ce qu’il  
 
est). L’essence du peuple, nous semble-t-il, reste alors cette quête quotidienne des moyens de la consolidation effective du  
 
ciment social, des liens séculaires en vu de paisibles et fraternelles relations interindividuelles et de la mémoire  
 
historique commune qui sait galvaniser en temps requis, mobiliser à bon escient et fouetter à chaque instant le sentiment  
 
commun d’appartenance nationaliste. 
 Quand le peuple (comme la population du reste) désigne une collectivité humaine géographiquement établie et circonscrite  
 
puis politiquement organisée (dans le sens noble et épistémologique du terme), on dit alors que ce peuple forme un Etat. 
L’Etat que l’on souhaite entité neutre s’appuyant exclusivement sur le droit, désigne les gouvernants (légaux et légitimes)  
 
par opposition aux gouvernés (souverains au moment du choix) ; il peut encore s’identifier, se faire rechercher au milieu des  
 
pouvoirs publics et du Pouvoir central par rapport à ses démembrements qui englobent les collectivités locales. Toute cette  
 
organisation politique peut s’exprimer sous diverses configurations à l’image de celle qui nous intéresse ici : la République  
 
que le Sénégal s’est librement et ouvertement choisie à sa naissance comme forme de gouvernement. 
La République est un concept politico-philosophique trop fragile car essentiellement reposé sur l’elfe angélique, sur le  
 
génie de l’Homme. Elle ne souffre ni d’accaparement, ni d’injustices encore moins de forfaiture, d’impunité, de  
 
subordination, d’amalgames, de coups de force et de dérives obsessionnelles et passionnelles des démons obscurs enfouis en ce  
 
même homme. 
«Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple» en est le fondamental principe révélateur de tout l’optimisme, de  
 
tous les espoirs et de toutes les attentes placés sur et/ou dans la démocratie ; cet outil intelligent et ce socle puissant  
 
où doivent prendre racines des institutions viables, indépendantes (affranchies et émancipées les unes des autres), légales  
 
et légitimes… 
J’ose espérer que chacun d’entre nous, en lisant et en méditant profondément sur ces modestes mots, mesurera à sa juste  
 
valeur tout l’héritage dont nous avons bénéficié dans notre pays au moment de l’Alternance du 19 mars 2000. 
«Qui n’avance pas, recule !» a dit l’adage. Et je n’ai nullement la prétention de juger ici de la justesse ou de  
 
l’opportunité des réalisations du gouvernement de l’Alternance depuis dix ans ; mon propos s’inquiète uniquement de ce que  
 
l’on a fait de mon Sénégal pendant tout ce temps. Qu’est devenu mon vaillant et débrouillard peuple sénégalais ? Que  
 
signifient ces nuages obscurs qui étouffent la neutralité et l’équidistance de mon Etat, la vitalité légendaire de ma Nation  
 
et les rouages huilés de ma République ? 
Vous retrouverez la frange vitale de ce peuple dans les pirogues de l’espoir, se suicidant en haute mer pour rallier «Barca  
 
ou Barsakh.» Vous le verrez s’offrant par désespoir ou par pure cupidité au plus liquide des braconniers et grooms politiques  
 
car nos valeurs séculaires (jom, sutura, kersa, am kilifa) ont vidé la place laissant le champ libre à des antivaleurs très  
 
lucratifs et qui ont pour noms arrivisme, transhumance politique, idolâtrie, prime à la médiocrité et autre règne des  
 
troubadours, des encenseurs et des profitards. Nos références (religieuses et historiques) sont banalisées, discréditées et  
 
dépouillées par touches habilement orchestrées. Les vertus du travail et le goût de la sueur se sont aplatis à jamais devant  
 
le rouleau compresseur et attractif de l’argent facile. Les citoyens ne sont plus départagés par le mérite et par la  
 
compétence mais plutôt par la médiocrité des appartenances égoïstes et partisanes. Les scandales de toutes sortes,  
 
quotidiennement relatés au peuple ahuri, ont fini d’enterrer le peu de retenue et de bienséance dans nos rapports  
 
interindividuels et dans nos rapports avec l’Etat.  
Cet Etat spolié de sa neutralité et de son équidistance primaires par le jeu des appartenances politico politiciennes et du  
 
clanisme, ouvre largement la porte à l’inceste qui tue la décence, au viol des consciences et surtout à l’impunité qui enlève  
 
toute crédibilité à la Justice aux yeux de la majorité des «petits citoyens» déboussolés car inégalement traités. 
La République crie vengeance : la subordination et l’instrumentalisation de toutes les autres institutions devenues banales  
 
et bancales consacrent du coup le règne des abus d’un Exécutif qui donne, chaque jour un peu plus, l’impression de vouloir  
 
lui substituer une monarchie qui ne dit pas son nom. 
Que nous reste-t-il aujourd’hui de cette fameuse séparation des pouvoirs, gage de l’équilibre entre nos institutions  
 
républicaines ? Il est vrai que le Sénat et l’Assemblée nationale, censés représenter la voix du peuple, souffrent de cette  
 
dose de légitimité. 
 
 
Amadou FALL  
Enseignant en service à la Dexc / Ide de Guinguinéo - Sénégal 
«Défenseur de la Nation  
et de la République»  
zemaria64@yahoo.f;zemazia64@hotmail.fr