un régime de prédation ou le visage du rapace
La Wadocratie : un régime de prédation ou le visage du rapace
« Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens :
Ceux qui les font et ceux qui en profitent.»
Bonaparte
Quelle drôle de manière de raisonner ! Un homme amoureux de son pays, aurait dit que le bon Dieu aurait pu nous révéler plutôt cette richesse, en pensant à l’avancement que cette richesse aurait apporté aux Sénégalais. Mais le petit assoiffé de pouvoir et l’opportuniste ne conjugue qu’à la première personne, et même lorsqu’il dit ‘‘nous’’, il pense ‘‘je’’ en grand. «Nos problèmes d’argent sont terminés» ! Cette phrase aurait été la première prononcée par le président de la République, une fois installé dans ses fonctions. Si dans le règne animal la prédation répond à une logique naturelle de l’équilibre de la nature, dans la politique, elle est symptomatique d’une pauvreté naturelle, voire originelle. La théorie de la prédation ne peut trouver sa démonstration que dans le Sénégalais de l’après Alternance. Elle est d’abord, de la part de son Président, une prédation constante de la notoriété.
Depuis l’Alternance, la quête acharnée de notoriété personnelle a remplacé le souci du renforcement de l’image du Sénégal sur le plan international. A défaut de réussir le projet d’une notoriété nobiliaire qui a consisté, de manière ridicule, à vouloir ériger sa grand-mère en héroïne nationale, le Président Wade n’a jamais cessé de colmater les brèches d’une image de grand Président. La composition d’un hymne africain et sa tentative manquée d’avoir voulu changer le drapeau du pays relèvent, somme toute, d’un complexe d’infériorité à l’égard de ses prédécesseurs. Le record mondial des détournements de fonds publics est battu sous le règne de Wade. L’indécence du goût du paraître, celle-là même qui caractérise les parvenus, a connu des proportions inégalées. Il n’y a rien de surprenant, lorsque dès l’annonce des résultats en 2000, la première idée fut de commander des costumes pour habiller tout un Bureau politique sous l’œil des passants. La boulimie foncière du régime de Wade ne cesse de grignoter, par tous les prétextes, ce qui fut notre réserve foncière. Comme si cette course à l’accaparement des richesses du pays ne suffisait, on vient d’ériger un monument d’une vingtaine de milliards dans un pays où le nombre d’enfants des rues augmente de façon considérable. A ce système de prédation, succède la quête d’une personnalité au culte insolent et maladroit. Le monument de la Renaissance, qui en est l’illustration, n’est qu’une tentative fantasmatique de fabrication d’un mythe Wade. Mais il faut admettre qu’on ne peut pas avoir plusieurs mythes. Il y a un mythe Wade qui a déjà devancé celui qu’il ne sera jamais possible de fabriquer. Ce mythe-là, c’est celui qu’on se racontait quand on était petits. Son rappel n’a pas d’importance, mais sa confirmation est trop évidente aux yeux des Sénégalais pour qu’ils acceptent la fabrication de sa mutation.
Une grandeur ne se décrète pas, son degré est lié à l’être ; elle ne se fabrique pas, surtout dans un pays où il n’y a pas d’anonymat. On est grand ou petit ; et ce n’est pas à soixante-dix ans qu’on grandit, même si on dresse son autoportrait sur une colline. L’achat de décorations, l’incrustation maladroite dans les médiations diplomatiques, dont tout le monde connaît les avortements, n’auront pas suffit pour grandir un homme en marge de la décence et de la courtoisie qu’exige la personnalité de l’homme d’Etat. Lors de la cérémonie de dédicaces de son livre sur les mathématiques élémentaires, j’ai écouté l’homme traitant la vision africaine de Senghor, de «vision d’un poète» incapable d’apporter des solutions adéquates aux problèmes du pays. En tout état de cause, comme le disait Barthes, «la perfection des rapports publics n’est possible qu’entre les grands. Sitôt que les domestiques entrent en scène, la politique se dégrade en farce». Mais pour farcer, il faut être deux, à défaut d’être fou. Lors de la remise du prix Houphouët Boigny à Paris, il était, sans conteste, aisé de comprendre les années lumières qui séparent le Président Diouf du Président Wade. Chez ce dernier le discours du rancunier et de l’éternel plaintif, qui rappelait ses séjours en prison, avait surpris plus d’un, en ce moment solennel où la haute diplomatie fut de rigueur. Je me rappelle encore l’hommage courtois et élogieux que Wade a reçu de son prédécesseur. De toutes les façons, par-dessus tous ces faits non exhaustifs, traiter ses prédécesseurs de prédateurs, s’il vient de la part de Wade, ne peut que faire rire. Au demeurant, le Sénégal qui souffre identifie bien le rapace qui a fini de s’ériger comme son prédateur tricéphale qui, maintenant, parmi ses deux fils, tire au sort la prochaine tête qui va achever sa proie.
Niokhobaye DIOUF
Les vrais tigres n’ont point besoin de proclamer leur tigritude
Je me souviens d’une chanson qu’aimait chanter, durant ma prime jeunesse, un vieil homme de mon village : ‘Bamba di Maodo, Maodo di Bamba, ku leen di féwelé xamo loy wérd’. Cette chanson qui était de la bonne propagande, visait surtout à rentrer dans les bonnes grâces des uns et des autres. Chacun y trouvant son compte, rivalisait d’ardeur pour gratifier le chanteur de toutes sortes d’aumônes. En vérité, cela traduisait les excellentes relations qui ont toujours existé entre mourides et tidianes. Je dois dire entre les confréries du Sénégal. Mon père me raconte (et il le tient de son propre père) que lors de la fameuse rencontre qui regroupa Cheikh Saadbou, El Hadj Malick Sy et Serigne Touba, lorsque vint la prière du Timis, les trois hommes qui, dans un souci d’élégance, se mirent à se renvoyer la balle quant à la personne qui devait diriger la prière, Cheikh Saadbou, au nom du privilège de l’âge, eut ces propos à l’adresse de Maodo : ‘C’est toi qui dirigeras cette prière, parce que nous venons de nous régaler d’un plat saint, préparé par une sainte femme en un lieu saint’.
De grâce, en cette veille de la célébration du Maouloud, fête qui sera célébrée dans la ferveur sur toute l’étendue du territoire nationala avec comme point focal Tivaouane, qu’aucun fait ne vienne nous distraire de cet événement capital. Un ministre de la République doit être reçu comme il sied en de pareilles circonstances. C’est le lieu de regretter les enseignements de feu Abdou Ndéné Ndiaye qui, dans son cours de déontologie, y intégrait le cours de la méthodologie du discours. Celui-ci allait de la tenue à arborer jusqu’à la manière de s’asseoir, en passant par le comment parler pour maintenir son public en haleine sans dérapage. Yalla rek mo xam !
El Hadj Babacar KEBE
Même Ousmane Ngom !
‘Tous les poissons m’éclaboussent, même les carpes !’ C’est souvent avec cette boutade que les Halpulhaars marquent leur mépris à l’égard de tout individu qui tente de se hisser à leur hauteur sans en avoir le rang ni les capacités. Les carpes, étant entendues être des poissons loin d’être nobles et rentrant rarement dans leurs mets culinaires malgré leur abondance dans cette zone du pays.
L’homme qu’Idrissa Seck appelait ‘du bois mort’, modèle personnifié des anti-valeurs révélées par l’alternance, Ousmane Ngom, ci-devant ministre des Mines qui fait grise mine, bave aux lèvres, plume trempée dans le fiel, fouillant dans les caniveaux, a cru bon de répondre à la précision importante de M. Moustapha Niasse, secrétaire général de l’Afp, par rapport à la découverte des phosphates de Ndenndoori Waala-Jala. Pourquoi Monsieur le Ministre n’a pas aussi répondu à la mise au point non moins pertinente de Me Jacques Baudin ? De quoi a peur Ousmane Ngom ? ‘Ku eumbeu sa sankal, eumbeu sa gacce !’ Evacuons rapidement, car étant sans intérêt, la partie pédantesque de sa bafouille où le ministre joue au géologue doublé de chimiste endimanché. Ceux qui savent, savent qu’il ne sait pas et sont certains qu’il ne peut pas définir une roche ou équilibrer H+20 ! S’il n’était pas un piètre juriste avec la suffisance en bandoulière, il ne se hasarderait point à traiter un expert d’obscur alors qu’il n’a aucune preuve et surtout quelqu’un dont il ignore le cursus académique.
Le ministre, comme à son habitude, que se soit à Ndenndoori ou sur sa réponse, a versé dans une polémique stérile sur un fond dithyrambique comme savent le faire tous les laudateurs dépourvus de dignité. Pris la main dans le sac d’un mensonge d’Etat, M. Ngom vient à la rescousse de Me Wade, mais le verbe donne une musicalité inaudible sous la plume de ce mort-politique maintenu sous perfusion pour jouer les sales besognes ministre de l’Intérieur hier, des Mines aujourd’hui. Jusqu’à la fin de ses jours, Ousmane Ngom aura toujours besoin de prouver et de rassurer Me Wade pour se faire pardonner de sa traîtrise lors du vote historique. Mais doit-on le plaindre ? Assurément que non ! Comme disait un collègue de Sandiara, ‘à force de défricher le champ libéral, on finit par constater que si le jardin tarde à porter ses fruits, ce n’est pas seulement à cause des mauvaises herbes qui étouffent les grains, mais aussi surtout du fait de la négligence du cultivateur Wade. Il a mis en jachère la compétence et la gestion démocratique pour arroser les sillons de la transhumance et les lopins de la médiocrité’. Suivons cette ivraie arrosée par Wade et qui donna son ombre à Diouf.
Monsieur le Ministre a osé écrire noir sur blanc ce qui suit : ‘Ceux qui savent vraiment et qui nous ont écouté, savent que nous n’avons jamais dit que c’est Me Wade qui a découvert les phosphates de Matam’. Dont acte. MM. Niasse et Baudin n’ont pas dit plus. Il fallait aussi reconnaître pendant que vous y êtes, que le discours de votre maître a manqué d’élégance et de hauteur. Peut-être comme à son habitude, pris sous l’euphorie de la foule, transportée par bus de Mpal à Dembankani, il a encore dérapé. Car notre culture nous empêche de jeter l’opprobre aux morts, surtout quand ils sont si illustres comme le père de notre indépendance. Le poète disait que les morts ne sont pas morts. On ne vilipende pas son prédécesseur, car l’Etat est une continuité, surtout quand ce dernier occupe une station qui honore tous les Africains, plus particulièrement les Sénégalais. Quand est-ce les libéraux et autres traîtres apprendront avec le philosophe que ‘la parfaite raison fuit toute extrémité, et veut qu’on soit sage avec sobriété’. Apparemment, avec les libéraux et autres traîtres, les Sénégalais ont un problème d’écoute et de compréhension quelle que soit la langue qu’ils utilisent.
Mais la crème de son torchon n’est pas ce mea-culpa. M. Ngom nous invite à oublier l’alternance et je le cite : ‘On savait aussi que le Parti socialiste et ses dirigeants ont manqué de compétence, d’imagination et de vision pendant quarante ans, que le peuple sénégalais s’en est débarrassé de fort belle manière. Mais on aurait volontiers oublié tout cela si…’ Oui, vous avez bien lu chers lecteurs. Ousmane Ngom toute honte bue !
Deffay yomb Ousmane ! Non, nous ne pouvons pas oublier l’alternance, car nous fûmes les acteurs ! Nous vous voyions ici vous lécher les babines à l’attente du juteux ministère de la Santé à vous promis en cas de victoire de Diouf.
Vous étiez descendu dans l’arène, le drapeau vert frappé de l’étoile rouge, ceint aux reins, déclamant des chansons inédites à votre maître d’alors que vous aviez placé sur l’empyrée, vouant aux gémonies votre démiurge d’aujourd’hui. Tanor doit rire sous cap ! S’il ne tenait qu’à vous et à tous ces ministres danseurs sous le rythme du Mbitté-Wela à Ndenndoori, il n’y aurait jamais eu l’alternance, cette étape historique dans la vie démocratique de notre nation. On peut comprendre, humainement, quels que soient les reproches qu’on puisse le faire, que Karim ne veuille même pas vous voir en papier glacé. Vous et vos semblables qui, pour vos intérêts égoïstes, aviez traîné son pater dans la boue et la crasse, étalé sa vie privée sur la place publique. Vous aviez poussé l’outrecuidance jusqu’à l’inviter à venir jurer sur le Coran à la mosquée. Que vous avez la mémoire courte ! Mais que Karim se rassure, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprendra de faire des grimaces. Une vieille publicité de notre joyeuse enfance disait que ‘ne s’use que si l’on s’en sert’, Me Wade se servira de vous jusqu’à votre dernière calorie.
Cette citation de Keynes dont vous dites que votre démiurge d’aujourd’hui est disciple (je ne savais pas que les dieux ont des maîtres !) : ‘A long terme, nous serons tous morts’, marque de manière indélébile vos comportements de prédateurs. Nous comprenons aujourd’hui votre empressement à se remplir les comptes bancaires et le ’Jiiro’ en mode de gestion. Nous ne ferons pas appel à Keynes, mais au chanteur-poète feu Ndiaga Mbaye qui disait : ‘Ku lekka linga donnoon, kenna dula donn’. Les autres se souciaient de l’avenir de ce pays. Tout simplement.
Quand à vous Monsieur le Ministre, les citoyens de Saint-Louis, centre d’élégance et du bon goût sénégalais, vous avaient trouvé fade ce 22 mars 2009 et vous ont déjà jeté dans les poubelles de l’histoire !
Ousmane NDIADE Secrétaire à la vie politique de la coordination départementale de l’Afp de Ziguinchor
ENLISE DANS LE DEBAT SUR L’IDENTITE NATIONALE
Besson veut durcir la législation contre les sans-papiers Eric Besson entend durcir la législation contre les étrangers en situation irrégulière en France, en décrétant notamment «zone d’attente» n’importe quelle partie du territoire où seraient découverts des clandestins, comme les 123 Kurdes retrouvés le 29 janvier en Corse.
Le Monde, dans son édition du 13 février, dévoile les grandes lignes de cet avant-projet de loi qui devrait être présenté en mars en Conseil des ministres et apporte la cinquième modification en six ans au Code d’entrée et de séjour des étrangers. Selon le quotidien, ce texte dispose que n’importe quelle partie du territoire où l’on découvre des clandestins peut être considérée comme une «zone d’attente», ce qui autoriserait l’Administration à légitimer une privation immédiate de liberté.
Dans la législation française actuelle, les zones d’attente sont délimitées dans une gare ferroviaire ouverte au trafic international, dans un port ou dans un aéroport. Le projet de loi limiterait en outre les possibilités de recours pour les étrangers visés par une expulsion. Ils ne disposeraient plus que de 48 heures - contre 30 jours actuellement - pour former un recours devant le Tribunal administratif.
L’obligation de sortie du territoire pourrait être accompagnée d’une interdiction de retour pour une durée maximale de trois ans.
En outre, le juge des libertés et de la détention, qui doit se prononcer sur le maintien en rétention des étrangers, ne serait saisi que cinq jours après le placement en rétention et non plus 48 heures comme actuellement.
Le projet de loi s’attaque également à l’emploi de sans-papiers. Un travailleur sans-papiers aurait droit au titre de sa période d’emploi illicite à un rappel de salaires de trois mois minimum ainsi qu’à une indemnité de rupture du contrat de travail de trois mois contre un mois aujourd’hui.
Le texte octroie notamment aux préfets le pouvoir de fermer pour une durée ne pouvant excéder six mois une entreprise qui aura eu recours au travail illégal. «Ce projet de loi crée pour les étrangers un régime d’exception en matière de droit», estime dans Le Monde Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information de soutien aux immigrés (Gisti).
Promouvant l’immigration choisie, le projet du ministre de l’Immigration instaure une carte de séjour temporaire qui pourrait être délivrée aux étrangers titulaires d’un contrat de travail pour trois ans. Elle ne concernerait que les titulaires d’un diplôme équivalent ou supérieur à une Licence ou justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins cinq ans d’un niveau comparable, et d’un contrat de travail d’au moins un an.