PARJURE !!!
SUD QUOTIDIEN ;
DECLARATION COMMUNE DE YOONU ASKAN, UDF ET FERNENT Mettre fin aux « dérives autocratiques et monarchiques… »
par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN , mercredi 30 juillet 2008
Yoonu Askan Wi/ Mouvement pour l’autonomie populaire, l’Union pour la démocratie et le fédéralisme (Udf/Mbooloo mi) et Fernent/Mtps, représentés respectivement par Madièye Mbodj, Pape Demba Sy et Assane Samb, ont signé une déclaration commune hier, dans laquelle ils s’engagent à faire des propositions et prendre des initiatives sur la voie de la lutte pour « l’instauration d’une véritable République démocratique et sociale au service du peuple ». Ils veulent ainsi mettre fin à ce qu’ils appellent les « dérives autocratiques, monarchiques et dynastiques ».
Yoonu Askan Wi/ Mouvement pour l’autonomie populaire, l’Union pour la démocratie et le fédéralisme (Udf/Mbooloo mi) et Fernent/Mtps, ont décidé de conjuguer leurs efforts pour apporter des réponses aux problèmes qui se posent dans le pays, renseigne une déclaration datée du 29 juillet et portant la signature des trois entités citées.
Ils porteront très prochainement à la connaissance de l’opinion, précise le même document, de tous les acteurs politiques et sociaux, les propositions et initiatives qu’ils comptent déployer sur la voie de la lutte pour « l’instauration d’une véritable République démocratique et sociale au service du peuple ».
Faire face….
Les signataires sont convaincus que le Sénégal vit une grave crise économique, sociale et morale qui accentue, chaque jour davantage, la misère et le désarroi des populations des villes comme des campagnes. A présent, s’y ajoute, disent-ils, une crise constitutionnelle « nourrie par les dérives tenaces d’un pouvoir autocratique, monarchique et dynastique, dont les bases morales ont ainsi atteint un degré avancé de putréfaction ». Et « devant une telle situation globale si sombre, au moment où pénuries et hausses des prix continuent leur course folle, où les agressions brutales contre Campbell Dieng, Karamoko Thioune et Souleymane Jules Diop viennent allonger une série d’autres actes barbares perpétrés jusque-là dans l’impunité la plus totale, il faut de toute urgence et résolument faire face, avant qu’il ne soit trop tard ».
Revenant sur le vote de l’article 27 de la Constitution, les signataires constatent que « jamais le Législatif n’a été aussi instrumentalisé par l’Exécutif, le Président de la République précisément, jamais il n’a été aussi assujetti aux seuls désirs ou volontés de ce dernier ». Pour eux, « tous les analystes de bonne foi, tous les spécialistes honnêtes et objectifs, y compris les principaux rédacteurs éminents de cette Constitution de 2001, s’accordent pour dire que ledit article ne saurait être modifié valablement que par voie référendaire », avant d’ajouter : « Mais le PDS et son chef n’en ont cure, ramant visiblement, en matière de limitation et de durée du mandat présidentiel, à contre courant de la tendance démocratique universelle qui s’affirme un peu partout à travers l’Afrique et le monde »
Le coup de force…
Et dans le même ordre d’idée, le « coup de force du Règlement intérieur du Congrès du Parlement opéré tout dernièrement », disent-ils, fait fi de la légitimité que confère à l’Assemblée nationale son élection au suffrage universel, avec le souci sans fard de transformer le Sénat en simple instrument d’un coup d’Etat institutionnel, dans l’optique de la succession de l’actuel Président. « Si après une telle forfaiture déjà, l’Assemblée nationale n’arrive même pas aujourd’hui à réunir un minimum de 15 députés afin de pouvoir attaquer, devant le Conseil Constitutionnel, la révision clairement antirépublicaine de l’article 27, alors cette institution largement contestée par ailleurs, en sortira encore plus affaiblie, plus discréditée voire disqualifiée », lit-on dans la déclaration. Ils veulent comprendre : « Mais pourquoi diable cette hargne ayant poussé à réviser l’article 27 de la Constitution ?
A moins que le peuple n’arrête WADE et son Etat- Parti en déliquescence, la prochaine étape risque d’être la suppression de la limitation du nombre de mandats et la réédition, sous une forme ou une autre, du coup fumeux de l’article 35 de SENGHOR transmettant le pouvoir à DIOUF à mi mandat, ce que du reste les citoyens sénégalais ne sauraient absolument pas accepter », souligne la déclaration.
Les cas de tripatouillages de la Constitution
Les camarades de Madièye Mbodj,du Pr Pape Demba Sy et d’Assane Samb, rappellent que de 2001 à nos jours, la nouvelle Constitution adoptée au lendemain de l’alternance du 19 mars 2000, a fait l’objet de pas moins d’une dizaine de révisions, soit en moyenne plus d’une révision par an, sans que pourtant le peuple n’ait été consulté, alors que ledit texte fondamental avait été auparavant adopté par référendum.
Le Sénat, supprimé conformément aux engagements pris avant l’alternance, a été restauré, font-ils remarquer, pour caser des dignitaires du régime libéral, et son Président a été désigné deuxième personnalité de l’Etat, chargé, le cas échéant, d’assurer l’intérim du Président de la République. « Tous ces tripotages périodiques de la Constitution n’obéissent, il est clair, qu’à des calculs visant la préservation et la pérennisation à tout prix du pouvoir de WADE et de son parti, achevant ainsi de détourner la charte fondamentale de janvier 2001 de certaines de ses intentions initiales les plus essentielles : contribuer à asseoir les bases d’une République démocratique, renforcer les pouvoirs de l’Assemblée nationale, réduire ceux du Président de la République , étendre ceux du Premier Ministre, prévenir toute monopolisation du pouvoir, notamment par la réduction à cinq (05) ans de la durée du mandat du Président de la République et la limitation du nombre de mandats à deux (02), autant de dispositions, entre autres, visant à garantir une plus grande rationalité démocratique et un meilleur équilibre entre les pouvoirs, exécutif et législatif en particulier », lit-on dans la déclaration.
Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République du Sénégal
par | Ndéye Faty Sarr , mercredi 30 juillet 2008
Monsieur le Président,
Je vous écris cette courte lettre pour vous rappeler, une donnée importante que vous devez intégrer dans vos schémas d’analyse de l’homo senegalensis à savoir que sa patience a des limites. Oui, cette vertu bien sénégalaise a ces limites ! Vous devez sans doute vous inquiétez du fait que vos bouffons ne font plus rire personne. Une humeur morose s’accompagne mal d’un humour facile, cela va de soi. Le Sénégal, les Sénégalais vont mal, très mal. S’ils ont accepté les bouffonneries de ministrons qui n’ont même pas conscience de leur état de bouffon, l’heure n’est plus aux rigolades. La situation actuelle est critique et alarmante. Avez-vous une idée du nombre de Sénégalais et de Sénégalaises qui meurent chaque jour dans les hôpitaux faute de médicaments ou de soins appropriés ? Et ceux et celles qui souffrent en silence dans leur foyer le ventre creux. Je ne parle même pas de ces hommes et de ces femmes qui se prostituent au vu et au su de tout le monde faute de mieux. Et ces milliers de jeunes qui, au péril de leur vie, bravent l’océan pour échapper aux affres de leur quotidienneté. Qu’en est-il de ces enfants contaminés au plomb ? Et de leurs parents qui sont le davantage, eux qui sont en contact direct avec cette substance hautement nocive. Et ces milliers de talibés dans la rue entre les mains de serignes qui ont perdu la raison et pis encore à la merci des délinquants sexuels. Tout ceci constitue la matrice du stress quasi-général que vivent les Sénégalais toutes catégories confondues si bien qu’on peut dire que le stress est la chose la mieux partagée dans ce pays.
Loin d’être conjoncturelle (comme vous voulez nous le faire croire), cette situation de crise a fini de s’inscrustrer dans les structures sociales et mentales. Nous ne pouvons que vous tenir pour responsable de cette situation qui sont les conséquences manifestes de votre stratégie de maintien au pouvoir au lendemain du 19 mars 2000 alors même que vous avez été démocratiquement élu. Au terme de huit années de gouvernance, la seule chose à laquelle vous êtes parvenu c’est la création d’un Sénégalais d’un autre genre,d’une nature abjecte, dépouillé de ses valeurs fondamentales, champion de la ruse et de la malveillance, rompu au jeu du « à malin, malin et demi ».
Pouvait-il en être autrement si l’on sait que votre stratégie de maintien du pouvoir repose sur l’idée que l’argent achète tout. Pensez-vous vraiment que si l’argent pouvait tout acheter, le régime de Diouf serait vaincu. Rappelez-vous que les Sénégalais ont été sourds aux ndigeuls et autres injonctions de vote de marabouts patentés. Mais cela ne vous a empêché de mettre à exécution votre stratégie sous la gouverne de votre ex (futur ?) fils spirituel. Vous avez ainsi redoré le blason à des individus qui méritaient de croupir au fin fond de nos geôles. Vous avez promu des individus incompétents. Bref vous avez fait la promotion de valeurs négatives. Vous avez offert en référence aux jeunes sénégalais (qui ne demandaient qu’une rupture radicale) des individus personnifiant la roublardise, la filouterie, l’incompétence, l’inconséquence à tel point qu’ils n’ont plus foi au travail, l’unique moyen par lequel on conquiert la liberté et le respect. Voilà, c’est ce terrible héritage que vous allez nous laisser. Toutefois, croyez-en en l’expérience de Diouf, lui qui a été poignardé dans le dos par ses plus proches collaborateurs. Vos actuels protégés vous lâcheront à la première occasion et s’en iront paître dans des pâturages d’une autre couleur (pas terne mais vive de préférence). Si aujourd’hui cette façon de procéder est érigée en norme de comportement, vous en êtes largement pour quelque chose. Mais ce qui est remarquable, c’est que votre politique intérieure s’accommode mal de votre désir de figurer dans le panthéon africain pour ne pas dire mondial des grands hommes.
C’est qui explique vos prises de positions (parfois incendiaires) dans les fora mondiaux, qui donnent l’impression que le Sénégal est une exception en matière de démocratie, de développement, de justice sociale. Mais cela reste une impression. Car pour se convaincre du contraire, il suffit que vos pairs demandent à leurs représentants diplomatiques de leur faire des rapports dont les contenus seront à coup sûr dissonants avec vos discours. Comment voulez-vous dans ces conditions que des énergumènes comme le président français nous respecte lui qui se ne gêne pas de critiquer Mugabe alors qu’il flirte ouvertement avec les leaders politiques chinois, libyens, syriens qui ne sont pas plus fréquentables que le mammouth de président zimbabwéen. Mais à la différence des dirigeants des grandes puissances qui se battent bec et ongles pour l’intérêt de leur populations respectives sans discrimination aucune, les dirigeants africains s’égosillent au cours des conférences mondiales pour l’intérêt de leur clientèle politique. Par conséquent, il ne faudrait pas s’étonner que leur promesse d’aide tarde à transiter dans nos trésors publics qui en l’occasion se transforment en compte personnels.
Mais sachez Monsieur le Président que l’histoire ne retient que les grands hommes, ceux qui sont parvenus à se hisser au dessus de la mêlée avec élégance ; ceux qui ont tout simplement fait primer l’intérêt de leur peuple au détriment de leurs propres intérêts et de ceux de leur entourage ; ceux qui étaient vrais dans leurs convictions et leurs principes car la vérité finit toujours par triompher. C’est un choix difficile, mais aux grands hommes, les grands esprits ! Retenez surtout que l’histoire (la petite comme la grande) ne retiendra que votre nom. On n’y verra point les noms de ces milliers de gens qui s’échinent devant vous. Avec tous mes respects.
Ndéye Faty Sarr
Le défi de la hausse des prix
par | Babacar DIOUF , mercredi 30 juillet 2008
Aujourd’hui la question du pétrole revient au devant de la scène au plan de l’actualité pendant qu’une crise alimentaire sans précédent s’installe progressivement. Le problème se pose chaque jour avec de plus en plus d’acuité et le G8, principal consommateur de l’énergie ou le Club des exportateurs du pétrole semblent occulter le drame et laissent perdurer la baisse continue du Dollar Américain, l’instabilité politique dans le Proche et le Moyen Orient et la menace d’une campagne militaire américaine contre l’Iran qui refuse de renoncer à son programme nucléaire.
Depuis la révolution Industrielle du 19ème siècle, le pétrole a été élevé à une position d’énergie d’exception et au 20ème siècle il a produit une économie planétaire uninoeudal, au Nord, qui connaît un développement économique et matériel exceptionnel et une périphérie, au Sud, regroupant l’essentiel de la population mondiale. Cette dernière subit de plein fouet « une détérioration continue des termes de l’échange » dans sa position de fournisseur de matières premières et d’importateur net de produits manufacturés.
Durant le 20ème Siècle, cette énergie a-t-elle été gaspillée ? Ou, a-t-elle était vendue à un prix artificiellement bas ?
De toute évidence, le marché du pétrole souffre de la manipulation de l’information par les grandes puissances pour maintenir la pression sur les producteurs. Le marché du pétrole, malgré son importance géopolitique et stratégique, n’obéit pas à la loi économique de l’Offre et de la Demande. Les Consommateurs du Nord ont maintenu des prix artificiellement bas, par une communication soutenue à coup de millions de Dollars, pendant près de cent (100) ans pour une consommation de masse alors que les réserves mondiales sont limitées.
Récemment cet équilibre a fortement été perturbé par l’irruption de l’Inde et de la Chine dans la production de biens industriels, à bas prix, inondant les marchés des pays développés et augmentant très sensiblement la consommation d’énergie. S’en suivi alors un bouleversement de l’économie mondiale marqué par une délocalisation des industries européennes, une hausse continue du prix du baril du pétrole, un endettement massif des Etats-Unis d’Amérique premier consommateur mondial (avec 25% de la consommation mondiale) et une crise alimentaire aiguë.
Dans ce contexte de crise alimentaire et de hausse généralisée des prix nous pouvons recenser une quarantaine de pays sous développés, dont le Sénégal, caractérisé par une structure de consommation dominé au trois quarts (3/4) par des besoins primaires et qui sont aujourd’hui menacés d’implosion.
Partant d’un principe simple, nous pouvons rappeler, ici au besoin, que la géopolitique ne s’accommode pas de l’éthique et de la morale. Le pétrole à 147 Dollars Américains n’est plus un accident et on devrait dès à présent le considérer comme un palier vers d’autres sommets tandis que la production alimentaire, suffisante pour nourrir toute la population mondiale, se transforme progressivement en valeurs refuges. Pour le cas du pétrole il faudra désormais intégrer la question des réserves disponibles et la durée de la consommation dans les analyses et les prévisions même si les pays producteurs, les pays consommateurs du Nord et les Compagnies pétrolières continuent de développer une communication centrée sur leurs propres intérêts.
Dans ce système mondiale, que représente le Sénégal, un pays du Sahel importateur net de produits pétroliers avec une population de près de 12 millions d’habitants et une économie dominée par le secteur primaire et un secteur tertiaire embryonnaire et hypertrophié sous l’emprise des distorsions de sa composante informelle ?
Le système économique sénégalais est irrigué par la hausse du prix du baril du pétrole qui améliore naturellement les recettes budgétaires mais aussi installe le pays dans une spirale inflationniste. Le pétrole représente une manne fiscale pour l’Etat pondéré par le niveau des subventions accordées sur certains produits de consommation courante, d’une part et une source d’inflation pour les consommateurs surtout ceux qui ont le plus faible pouvoir d’achat, d’autre part.
Que faire alors pour amortir durablement ou limiter l’impact du choc pétrolier et de la crise alimentaire dans des proportions supportables par les populations si éprouvées ?
Les déterminants de l’économie nationale sont principalement de deux ordres : les facteurs exogènes sur lesquels nous n’avons aucune prise et les facteurs endogènes sur les lesquels on peut agir sous certaines conditions.
Sur la question des solutions politiques de sortie de crise nous assistons à un dialogue de sourds dans le cadre d’une bipolarisation de la vie politique nationale.
D’une part, nous avons une opposition qui reste dans une logique de récupération de la crise et qui propose une réflexion beaucoup plus large. Après son constat de l’échec des politiques nationales de l’alternance, elle s’est organisée avec une composante des Organisations de la Société Civile, dans le cadre des Assises Nationales, pour aller à l’abordage du pouvoir. Le pouvoir, d’autre part, se retranche derrière le bouclier d’une inflation importée de la crise mondiale qui a été fortement atténuée par une politique volontariste de subvention de produits comme le riz, le gaz domestique, la farine de blé, le lait et qui sera vite dépassé grâce à la mise en œuvre de la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) qui permettra au Sénégal d’atteindre l’autosuffisance alimentaire au bout de cinq (05) ans.
Le salut du Sénégal se trouve certainement quelque part entre ces deux solutions exclusivistes.
L’interventionnisme fiscal prôné dans les dix-neuf (19) mesures annoncées et les subventions directes accordées pour une administration des prix du marché du riz et du gaz domestique par le Gouvernement ont montré leurs limites avec l’apparition des pénuries dans la chaîne de distribution. Cette situation de pénurie est fortement soutenue par le plan de communication des commerçants qui s’est progressivement substitué à l’information sur ces deux marchés. Ainsi, les pénuries sont essentiellement causées à notre avis d’abord par la gestion, très complexe, de la mise en place des subventions et ensuite par des pratiques spéculatives comme les rétentions de stocks qui provoquent une modification du comportement psychologique du consommateur. Dans une situation de pénurie, provoquée ou réelle, le consommateur a tendance à anticiper son approvisionnement pour se prémunir contre la raréfaction du produit ou une augmentation à venir du prix. Tout comme le consommateur, le commerçant a aussi tendance à anticiper son approvisionnement futur par une augmentation de son prix de vente sur ces anciens stocks.
Dès lors, les limites des solutions du gouvernement se trouvent, en dehors du problème de la gestion et du suivi technique de la subvention, dans le comportement des différents acteurs que sont les consommateurs, les commerçants et les médias qui diffusent l’information et/ou les plans de communication. La voix des commerçants a été plus audible que celle du Gouvernement dans la campagne de communication en cours. Par ailleurs, d’obédience libérale, l’administration des prix semble souffrir de la dégénérescence du service du contrôle économique qui n’a jamais été redynamisé par le gouvernement de l’alternance et le consommateur est laissé à la merci des spéculateurs. Aussi pourrions-nous rappeler que la police et la Gendarmerie n’avaient certainement pas une mission de surveillance des prix, de démantèlement d’ententes commerciales dans le cadre d’oligopoles ou de l’application des règles de la concurrence.
Jusqu’à quel palier de prix l’Etat pourra-t-il supporter efficacement les subventions des prix des produits de consommation courantes sans remettre en cause les fondamentaux de l’économie nationale ?
Les populations, déjà victimes de pénuries avec les subventions, accepteront-elles un approvisionnement régulier des marchés par une application de la vérité des prix sans un réchauffement du front social ?
La préoccupation dominante sur tous les continents c’est l’effet dévastateur de la montée vertigineuse des prix des produits alimentaires et du pétrole avec une érosion continue du pouvoir d’achat des ménages.
Dans un contexte de crise profonde, les discours politiques des oppositions sont de plus en plus alimentés par la source nourricière des classements et des rapports des Organisations Non Gouvernementales du Nord qui produisent des instruments de mesures de la gouvernance, de la liberté de la presse, de la corruption, de la concussion ou encore de la non transparence dans les différents pays. Ces vérités et ces classements, souvent surexploités, contestables à certains égards, sont naturellement subjectifs et contribuent à noyer le discours politique classique porteur du projet de société. Ce discours technique est devenu très critique et perd progressivement sa force de proposition alternative. Il a produit une bipolarisation, aux contours idéologiques assez flous entre la gauche et la droite.
De la relation, évoquée plus haut, entre des Organisations de la Société Civile et des partis de l’opposition le Sénégal vient de lancer une expérience originale consistant à organiser des Assises Nationales dont la finalité est de trouver des solutions à la crise
Pour la recherche de solutions alternatives à la crise multidimensionnelle du Sénégal, les participants aux Assises prévoient d’organiser des consultations populaires dans les différents départements du Sénégal. Cette option stratégique nécessite une durée de mise en œuvre de trois (03) à six (06) mois qui contraste naturellement avec l’urgence quasi quotidienne de la crise alimentaire et de la hausse continue du prix du baril de pétrole qui appellent des solutions urgentes et immédiates.
Cette quadrature de phases temporelles ne constitue-t-elle pas une raison (objective ?) de non participation du pouvoir aux Assises ?
Pour la recherche de solutions aux différents problèmes de la crise il faudra probablement adopter des hypothèses de travail, opérer des arbitrages et des choix orientées vers un modèle de développement.
Cette question est fondamentale et semble pourtant jusqu’ici occultée par les organisateurs.
Ainsi la question idéologique, n’apparaît-t-elle pas comme une autre raison de non participation du pouvoir ?
Wade pourrait-il prendre le risque de recevoir sur la table des assises une reformulation d’une réforme institutionnelle comme l’instauration d’un régime parlementaire qui fût à l’origine de l’implosion de la coalition victorieuse de la présidentielle de 2000 ?
Accepterait-il, après une participation aux Assises Nationales, comme Mathieu KEREKOU à la présidentielle du Bénin en 1991, de perdre le pouvoir, après un an de cohabitation devant Nicéphore SOGLO un Premier Ministre de transition ?
L’analyse politique se doit de rester aussi rigoureuse et intersubjective que possible. La conséquence économique d’une énergie rare et chère est déjà assez pressante pour les pays économiquement avancées et faiblement endettés tandis qu’elle devient un défi majeur pour les pays sous développés ayant une balance commerciale déficitaire.
Au Sénégal, la priorité est aujourd’hui d’ordre alimentaire et l’objectif doit rester le développement des productions et des marchés entendus au sens premiers des mots. Sans autosuffisance alimentaire aucune initiative industrielle n’est possible et toute réforme structurelle, sans résultats économiques, engendrerait toujours l’anarchie. Il est moins risqué de voir la démocratie piétiner quelque peu que d’avoir sous les bras un peuple affamé. Dès lors, nous avons l’obligation de rappeler à toute la Société Politique sénégalaise que la démocratie accompagne toujours le progrès mais ne peut jamais le précéder.
Babacar DIOUF
babacardiouf@yahoo.fr
PREFACE Prince de rang, démocrate en situation
par BABACAR TOURE | SUD QUOTIDIEN , mardi 29 juillet 2008
Un prince, un citoyen issu des anciennes couches ou classes dirigeantes, peut-il prétendre à la citoyenneté et à la direction des affaires en République, sans avoir à « abdiquer » du statut que lui confère son ascendance, ni subir la loi d’airain –et du Talion- de la prédiction biblique : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers » ?
Dès l’abord, il nous faut faire justice d’une idée reçue, qui, bien que recoupant une réalité certaine dans bien de situations et de « survenances » historiques, n’en relève pas moins, à grands traits de préjugés et de clichés, que la conquête impériale –impérialiste- a vite fait d’imprimer dans la conscience collective des indigènes « évolués » ou en quête de reconnaissance des tenants d’une modernité pseudo civilisatrice.
Les monarchies des vieilles nations européennes représentées par des familles régnantes issues de dynasties médiévales, remettent-elles en question la qualité des systèmes politiques des pays concernés ? La Reine d’Angleterre règne sur un Royaume où le « soleil ne se couche jamais », allant de la Grande Bretagne au Canada en passant par l’Australie, dont les systèmes politiques sont considérés par tous les démocrates et républicains de la planète, comme étant parmi les plus démocratiques. Que dire de l’Espagne, de la Belgique ou, plus près de nous, du Lesotho ? Si on exclut les monarchies arabes qui rivalisent, pour l’essentiel avec certaines dictatures « républicaines », on se rend compte que l’évolution constitutionnelle des Etats et des peuples, aboutit la plupart du temps, à des régimes et des systèmes politiques et institutionnels tributaires de processus qui en déterminent la nature, le contenu et la qualité.
L’entreprise de conquête coloniale - Bible en main et la diplomatie de la canonnière qui lui a ouvert la voie- a été souvent l’œuvre de monarques et de souverains, dont le premier mouvement fut paradoxalement, la négation-destruction des systèmes politiques, des modes d’organisation sociale, des valeurs et référents culturels, des croyances et coutumes structurant l’espace et la vie des anciens et des nouveaux barbares. Africains notamment.
C’est ce débat souvent ramené au binôme réducteur d’un conflit entre tradition –toute notre Histoire se résumerait à cette acception folklorique et ethnoprimitiviste – et modernisme, d’inspiration et d’essence occidentalo-mondialiste, judéo-chrétienne et universaliste, que pose l’itinérance de Mansour Bouna Ndiaye. Comme à son corps défendant, et en filigrane, il se livre et livre à la discussion, les termes d’une quête qui n’en n’est pas moins revendication.
L’aîné de Bouna Alboury, l’héritier du dernier Buurba Jolof et frère de Sidy Alboury, voit tout son parcours fatalement imprégné par cette problématique. Il porte haut et fièrement, avec allure et allant, le manteau princier qui achève d’affiner son profil d’aristocrate. Il prouve dans le mouvement du récit, et à suffisance, que l’on peut être prince et démocrate, car les deux ne sont pas irréductiblement antinomiques.
Son combat politique, ses convictions, sa vaste culture à la fois historique et contemporaine, achèvent de profiler un homme de son temps, un citoyen du monde, un aristocrate des Lumières un preux et intrépide chevalier des temps modernes. Un prince en République, doublé d’un démocrate en situation. Mansour Bouna Ndiaye est sans aucun doute, tout cela à la fois !
Témoin et acteur des évènements de son temps et du temps qui passe, dépositaire de la geste et des occurrences de l’histoire de cette partie du continent et de son interaction avec la métropole et le reste du monde, l’auteur allie les talents envoûtants du conteur-narrateur à une plume rafraichissante et généreuse.
Succulence, truculences et turbulences, sont les principales caractéristiques de ce carnet de bord autobiographique d’un homme qui pratiquement a tout essayé, s’est essayé à tout, avec comme arme, une conscience aigüe de sa destinée et sa foi, harnachées par un père rigoureux et prévenant, authentique et visionnaire.
Il a su, par la praxis, démontrer avec justesse et esprit de suite, que les descendants des bâtisseurs des grands empires, peuvent bien s’intégrer dans des processus démocratiques, voire révolutionnaires. Les tribulations de l’auteur, participent des appétences d’une quête existentielle en perpétuelle ébullition.
L’historiographie coloniale avec ses tentatives d’occultation et de négationnisme a voulu faire table rase de tout élément endogène pouvant remettre en question l’ordre impérialiste et hégémoniste des nouveaux maîtres et des élites locales cooptées des indépendances octroyées, dont les plus dociles et les plus zélées ont été recrutées parmi les éléments « d’extraction populaire », avec la promesse d’une hypothétique revanche sociale sur les anciens maîtres du pays. Il faut être clair. L’histoire de nos pays ne peut échapper aux dynamiques et aux logiques de même nature que celles qui ont structuré l’humanité de l’Antiquité à nos jours.
La lutte des classes sur fond de compétition pour l’appropriation des moyens de production et d’échanges au sein de formations sociales hiérarchisées a gouverné les rapports entre les hommes sur le continent, bien que les mécanismes ne fussent pas toujours appréhendés par l’outillage théorique et conceptuel de l’analyse classique.
Des rois sanguinaires, il y en a eu, en Afrique et ailleurs, comme il y a aujourd’hui encore des présidents génocidaires, coupables des pires crimes contre l’humanité. Il n’empêche que la Constitution du Royaume du Jolof -tout comme la Charte du Mandé- n’avait rien à envier, du point de vue de son mode de dévolution de pouvoir, aux constitutions d’essence monarchique et/ou républicaine, d’hier et d’aujourd’hui.
L’Histoire, la grande, retiendra, que déjà au 13ème siècle, le Jolof faisait désigner son souverain par sept Sages, siégeant au sein d’un Grand Conseil dont aucun ne portait le patronyme de Ndiaye, celui des membres de la dynastie régnante. Les critères retenus tenaient compte du « bon caractère, de la générosité, du courage au combat et surtout de l’influence prouvée par le grand nombre de partisans ». Il est vrai que cela ne suffit pas à la qualité d’un système politique ou de gouvernement –cependant, on retrouve un régime proche de celui des grands électeurs ou du suffrage censitaire. Même si le mode de sélection tenait plus par le rang princier et le lien de sang, au Jolof, le fils n’était ni naturellement, ni automatiquement, le successeur désigné du Roi.
Au total, cette nouvelle production de Mansour Bouna Ndiaye, Prince de sang et de rang -et de son temps- est une grande fresque, où anecdotes, portraits, récits politiques, satyre sociale et évocation de grandes figures et de pans significatifs de l’histoire politique contemporaine, constitue une source inépuisable d’inspiration et un viatique pour demain. C’est-à-dire aujou
CÉLÉBRATION DU KAZU RAJAB ET 128e ANNIVERSAIRE DE L'APPEL DE SEYDINA LIMAMOU LAYE, LE CHOLÉRA À LA PÉRIPHÉRIE DE TOUBA, ROUTES DÉFECTUEUSES, ABSENCE DE RÉSEAU D'ASSAINISSEMENT...À CAMBÉRÈNE LES AUTORITÉS FACE À LEURS RESPONSABILITÉS
Article Par MAMADOU SECK,
Paru le Mercredi 30 Jui 2008
À cause des promesses non tenues des autorités étatiques aux habitants de Cambéréne en prélude à chaque appel de Seydina Limamou Laye, les «layènes» vont encore, alors qu’ils vont arborer des boubous blancs, emprunter la route latéritique de la corniche pour rallier Yoff et Ngor durant 48 heures. Des boubous qui risquent donc d’être maculés de poussière avant leur arrivée sur les lieux de culte. Il s’y ajoute que la route principale du village est parsemée de nids-de-poule. Mais, se résignent certains habitants du village, «quand on n’a pas ce que l’on veut, on se contente de ce que l’on a».
Ce sont des routes impraticables que les «talibés» layène, venus de tous les coins du Sénégal et du monde entier, vont emprunter pour se rendre au mausolée de Seydina Issa Rohou Lahi à Cambéréne. Une faute que les organisateurs imputent à l’Agence autonome des travaux routiers (Aatr) qui avait rassuré le staff chargé de l’organisation que «les nids de poule constatés sur la route principale du village seront bouchés». Ce qui n’a pas été fait jusqu'à hier soir. N’empêche, les villageois se sont mobilisés, la semaine dernière, pour balayer la route. Pour l’assainissement, l’entrée du village reste le handicap majeur à cause d’un manque de canaux d’évacuation des eaux pluviales. C’est la raison pour laquelle les eaux de pluies stagnent toujours à l’entrée du village. Des flaques d’eau qui peuvent y stagner durant deux semaines. Ce qui est une crainte pour les habitants de Cambéréne. «Le tuyau des eaux usées du centre d’épuration est bien visible à l’entrée du village. Mais les gens ne peuvent même pas en bénéficier. Alors qu’on évacue dans la plage de Cambéréne la quasi-totalité des eaux usées de la capitale. En tout cas, si jamais la pluie tombe la veille de l’appel, ou même le jour de la cérémonie d’ouverture, les fidèles auront des problèmes pour se déplacer tranquillement dans le village. D’autant plus que les Layénes s’habillent toujours en blanc», fulminent les habitants. Dans cette même optique, les disciples du Mahdi évoquent aussi le risque encouru à la plage de Diamalaye Cambérène d’où ruissellent des eaux de pluie durant l’hivernage à cause d’un manque d’égouts. L’autre problème du village de Cambéréne, en prélude à l’anniversaire de Seydina Limamou Laye, reste la corniche. C’est une route latéritique que les Layénes comptent emprunter durant 48 heures pour rejoindre Yoff et Ngor en arborant leurs vêtements blancs. Pourtant, de l’avis des populations locales, tous les ministres ayant eu à piloter les Infrastructures et l’Équipement ont promis de goudronner cette corniche. Ce qui n’a jamais été fait. Seulement, les habitants de Cambéréne, qui excellent dans le transport des camions de sable marin, ont pris le parti de la réhabiliter avec leurs propres moyens.
MAME ADAMA GUÈYE, NOUVEAU BÂTONNIER DU CONSEIL DE L’ORDRE DES AVOCATS «Nous ne laisserons plus les autres décider du rythme de la marche de notre profession»
Article Par BABACAR NDAW FAYE,
Paru le Mercredi 30 Jui 2008
Me Mame Adama Guèye a officiellement été installé hier au poste de Bâtonnier du Conseil de l’Ordre des Avocats, en remplacement de Me Papa Moussa Félix Sow. Sous sa nouvelle toge, l’avocat des avocats compte s’impliquer activement pour mettre la profession à la place qui lui sied dans la société et dans la justice. Cela passe, selon lui, par une implication et une introspection de ses confrères pour s’attaquer aux nombreuses difficultés qu’ils rencontrent et une volonté de ne plus laisser «les autres décider du rythme de la marche de (leur) profession.»
Le nouveau Bâtonnier du Conseil de l’Ordre National des Avocats, Me Mame Adama Guèye, a officiellement pris service hier. Lors de la cérémonie de passation de service qui s’est déroulée hier, il a décliné les chantiers auxquels il compte s’attaquer durant son mandat. Si l’on en croit son discours, l’amélioration du droit et du fonctionnement de la justice aura une place honorable dans son cahier de charges. Dans ce sens, Me Guèye, qui dit ne pas croire au messie, compte sur l’implication de tous ses confrères, «notamment les jeunes», pour relever le défi qui se dresse devant la profession des avocats. Selon le nouveau Bâtonnier, ce combat ne sera gagné que si la crédibilité des avocats est renforcée. Ainsi, il déclare être convaincu que «la crédibilité demeure le fonds de commerce de l’avocat.» Par ailleurs, Me Mame Adama Guèye «demeure convaincu que pour arriver à une amélioration du fonctionnement de la Justice», il faut arriver à une introspection générale pour déterminer l’ensemble des difficultés que traversent les avocats et chercher les moyens de les surmonter, mais aussi travailler en synergie avec les autres composantes de la Justice, sans les laisser «décider du rythme de la marche de (leur) profession.» Dans cette mouvance, il promet de s’ériger «en partenaire loyal de la Magistrature», tout en cherchant à neutraliser les acteurs malsains qui freinent le bon fonctionnement du système judiciaire. «Au niveau de chaque composante de notre Justice, il y a des acteurs sains, tout comme d’autres qui empêchent son bon fonctionnement. Il faut les identifier, s’attaquer à la concurrence déloyale, à la corruption et promouvoir la formation de qualité», clamera Me Guèye avant de se tourner vers ses jeunes confrères qui, à son avis, vivent une crise de perspectives. Pour leur dire : «Il appartient à nous qui sommes proches de la sortie, d’ouvrir des perspectives pour les jeunes avocats et leur assurer une formation de qualité, car nous, avocats, n’avons pas le droit d’être médiocres.»
Le Bâtonnier sortant demande au garde des sceaux d’empêcher la servilité de la Justice
Pour le dernier discours de son mandat à la tête du Bâtonnat de l’Ordre des Avocats, Me Félix Moussa Sow a tenu à demander à son nouveau successeur de préserver les acquis. À l’endroit du ministre d’Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, l’avocat Me Madické Niang, le Bâtonnier sortant demandera de lutter particulièrement «contre la corruption, et l’injustice et d’empêcher la servilité de la Justice», même si, dira-t-il, en tant qu’avocat, il comprend mieux que quiconque que l’avocat ne peut rendre la justice ou empêcher qu’elle soit rendue. Sous le magistère de Me Sow, de 2004 à 2008, les avocats ont eu droit, entre autres, à la mise en place d’une commission anti-corruption et d’une caisse de solidarité, à l’amélioration des conditions des stagiaires avec le renchérissement de leurs indemnités, la création de polices d’assurance retraite et décès. Il y a eu aussi les nombreux projets à propos desquels son successeur dira qu’il ne lui reste qu’à transformer l’essai, comme ceux portant sur la réforme du barème des honoraires, sur la diffusion gratuite du droit sur l’Internet ou la construction de la maison de l’avocat.
Walf fadjri ;
‘Oser lutter, oser vaincre !’
Notre pays subit de plein fouet les contrecoups d’une crise économique mondiale consécutive à une flambée, sans précédent, des cours mondiaux du pétrole. Cette conjoncture qui, malheureusement, risque de perdurer en s’aggravant, impose une mobilisation sans précédent de toutes les énergies de notre peuple pour faire face et assurer la survie de notre nation. Car, et il faut en convenir, en dépit des efforts fournis par les générations d’hommes et de femmes qui se sont succédé dans notre pays, de la période allant des résistances à la pénétration coloniale aux luttes de libération nationale, puis de notre accession à l’indépendance à nos jours, l’on sent, confusément, qu’il y a ‘quelque chose’ qui ne va pas. Mais quoi ?
Les réflexions qui vont suivre, sans ignorer certaines des tares structurelles liées à notre condition de pays sous-développé, vont s’intéresser davantage aux facteurs aggravants que sont l’incompétence ou l’insouciance, la démission ou la corruption de la majeure partie des élites qui ont eu, ou ont en charge les destinées de notre pays. Je parle des élites politiques et économiques, des élites religieuses et confessionnelles, des élites culturelles et artistiques, des intellectuels francophones et arabophones, des spécialistes en langues nationales, des experts en tous genres et j’en passe. Je m’adresse aux élites au pouvoir comme celles de l’opposition. Nous avons tous, plus ou moins, une responsabilité directe ou indirecte, passive ou active dans ce qu’il est convenu d’appeler notre ’mal ou non développement’. Ou pire, notre recul dans bien des domaines. Le temps est venu de crever l’abcès, sortir des incantations oratoires et aller au fond des choses.
Face à l’enjeu colossal que constitue le défi d’effacer le nom de notre pays de la liste des pays dits les moins avancés, il nous faut sortir définitivement des procès d’intention faciles pour charger, hâtivement, des boucs émissaires de tous les maux en se dédouanant au passage. Il faut ‘se préoccuper de la poutre que l’on a dans l’œil au lieu de la paille qui se trouve dans l’œil du voisin’, nous rappelle, depuis des temps immémoriaux, la sagesse populaire. Les hommes politiques de notre pays, sous ce rapport, doivent revisiter les paradigmes qui fondent la légitimité de leur engagement. Parce qu’ils prétendent à la responsabilité de conduire les destinées de toute une Nation, ils doivent se donner les moyens de formuler une Vision et de produire des Valeurs qui indiquent la direction à suivre. Puis, ils doivent démontrer leur capacité à mobiliser et à mettre en ordre de bataille toutes les énergies de notre nation pour engager, et remporter, la bataille pour le développement. Le développement étant entendu ici comme la réalisation des conditions optimales de mieux-être physique et spirituel, matériel et moral pour le plus grand nombre des habitants de notre pays. Quel est l’état de l’offre, sous ce rapport, sur l’échiquier politique sénégalais ? Le débat est ouvert…
Je vais, pour ma part, esquisser les premiers termes d’un apport au débat politique de notre pays, le débat d’idées s’entend, premier jalon d’un engagement devenu impératif. Poser le bon diagnostic est le préalable à tout traitement sérieux. Et pour cela, il faut remonter à la racine du mal. Et le plus loin possible si on veut l’éradiquer. Depuis trois siècles que nos pays ont été violemment détournés de leur trajectoire historique normale, nos choix stratégiques en termes de développement échappent largement à notre volonté propre. Par des subterfuges multiples, insoupçonnables et pernicieux, l’Occident est toujours parvenu à nous poser les problèmes et à nous imposer ses solutions. Par une décolonisation piégée, les puissances tutrices sont parvenues à perpétuer et, bien des fois, à consolider les liens de l’asservissement. L’acculturation, voire l’aliénation culturelle de nos élites est, à cet égard, le problème le plus sérieux qu’il convient désormais de poser de manière claire, nette, simple et précise. Car, à l’analyse, c’est le fondement premier de l’enlisement de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier : les termes de nos choix nous obstruent l’horizon, notre créativité est emprisonnée par les outils mis à notre disposition par ‘la science’ du maître !
Qui sommes-nous ? Quel regard posons-nous sur nous-mêmes, sur notre histoire, récente ou lointaine ? Dans quelle perspective de progrès inscrivons-nous notre avenir ? Pouvons-nous concevoir le monde en dehors du mode de domination occidental érigé en règle de vie pour l’Humanité, consolidé par le système dit des Nations Unies et financé par les institutions de Bretton Woods ? Est-il possible de concevoir le bonheur de l’Homme en dehors du culte de l’Avoir et de la performance économique et matérielle ?
Au demeurant, à quoi nous servent nos technocrates si ce n’est de nous expliciter, sans les résoudre, les causes de notre perpétuelle condition de sous-développés ? Que rapportent à l’Afrique ses enfants, brillants par ailleurs, qui mènent, ou ont mené, des carrières individuelles prestigieuses dans des multinationales et des institutions internationales après que leurs pays se fussent saignés à blanc pour financer leurs coûteuses études ? Immigration choisie dit-on désormais, sans pudeur, pour légitimer l’exfiltration de ceux dont l’obsession devrait être de sortir ce continent du marasme organisé qui le tue à petit feu… Mais il se fait tard.
L’urgence est de reprendre en main notre destin. Prendre conscience du cul-de-sac dans lequel nous a plongé notre tendance à singer le Blanc au point de devenir plus singes que blancs. A l’arrivée, nous nous retrouvons embarqués dans les déviances d’une civilisation du loisir et de la luxure. Nous chantons et dansons, nous tortillons gaiement les hanches alors que nous devrions suer sang et eau pour valoriser notre sol et notre sous-sol. Nous roulons des ‘r’ avec ferveur, alignant des phrases savantes, sans lendemain ni prise sur le réel, dans une langue étrangère, même si elle est dite officielle, excluant la majorité de notre peuple de la construction de son destin. Pis, cela ne nous choque même pas. Nous sommes en deçà des seuils de nécessité et pourtant nous menons, dans bien des cas, grand train, trop grand train : ‘Le Sénégal vit au-dessus de ses moyens’, ai-je entendu le patron des patrons sénégalais gémir...
Alors, quand est-ce que nous aurons le courage de nous regarder, les yeux dans les yeux, pour mesurer l’étendue véritable du chantier et procéder aux ruptures nécessaires, urgentes et incontournables auxquelles le peuple tout entier doit procéder ? Les clivages politiciens actuels, quel que soit l’ordre d’inversion des lettres de l’alphabet, sont hors sujet. Il ne s’agit plus de mettre x ou y à la place de z. C’est sur les modalités d’organiser la résistance, puis une révolution culturelle et mentale sans laquelle nous continuerons à nous tromper les uns les autres, qu’il s’agit de s’entendre. Au prix de lourds sacrifices, sur une longue période, nous devons nous attacher à reconstituer les fondements d’une éthique comportementale et sociale sans quoi vivre ensemble devient pénible. C’est à reconstruire un citoyen apte à penser le développement de son pays sans complexes, mais avec foi et engagement qu’il s’agit de s’engager. Les ruptures dont il s’agit ici, ne sont donc pas d’ordre plastique. Elles convoquent le tréfonds de notre identité en tant que nation déterminée à relever la tête et à construire un avenir radieux pour ses enfants.
Pour mémoire, les seuls pays qui s’en sortent sont ceux qui sont restés fidèles à leur identité culturelle tout en absorbant l’apport de la culture occidentale : la Chine, le Japon et l’Inde, pour ne prendre que quelques exemples, se caractérisent par un enracinement et un ancrage dans leurs cultures. Ils excellent également dans la valorisation de leurs savoirs traditionnels. Dans le domaine de la médecine pour prendre un exemple, ils guérissent plusieurs pathologies hors de portée de la médecine occidentale. Et nous ? Affaire à suivre…
Revenons à la réalité de l’environnement politique de notre pays dans un contexte de péril économique et social consécutif à la flambée des cours du pétrole : lorsque je vois ce que sont devenus les compagnonnages sur l’échiquier politique sénégalais, je suis dérouté par la tournure que prend le jeu politicien. Quel en est le fondement théorique ou idéologique, voire programmatique ? La seule ligne de lisibilité, c’est la frontière entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui veulent prendre leur place ! Cette frontière est, au demeurant, si poreuse que des allers-retours incessants ont défiguré plusieurs fois le verdict des urnes. Mais là n’est plus le problème désormais.
Que sommes-nous devenus ? Encore une fois ! Des produits achevés et caricaturaux du projet colonial ! Emprisonnés dans des schémas mentaux qui perpétuent l’esclavage, nous nous refusons d’envisager qu’un autre projet soit possible et que l’écriture de l’Histoire est tributaire de la volonté des hommes. Il faut organiser la résistance, intellectuelle cette fois-ci, à l’instar de celle que menèrent ceux dont l’Histoire nous conte les hauts faits. Cette responsabilité revient au premier chef aux penseurs, aux créateurs, aux artistes, aux hommes de culture qui doivent galvaniser notre peuple et lui faire épouser une ambition de grandeur sur un rythme conquérant. Je suis désolé de le dire, notre pays a moins besoin de technocrates que d’hommes de foi et d’engagement ! Notre pays a besoin de producteurs et d’animateurs d’une Vision forte et révolutionnaire, mobilisatrice et ambitieuse.
C’est le moment de se retrouver autour d’une grande ambition pour notre peuple. Pour la construire et la nourrir, il nous faut des leaders décomplexés, comprenant les enjeux de la mondialisation et capables d’en saisir les opportunités. A cet égard, il ne faut plus avoir peur de remettre en cause les alliances ou les accords qui nous appauvrissent pour mettre en avant nos intérêts et rien que les intérêts supérieurs de notre peuple. C’est sous ce rapport que je perçois la nécessité d’engager le combat politique.
Comment mener ce combat ? Avec quels hommes ? Dans quel cadre d’action ? C’est à répondre à ces questions que doivent tendre les énergies de ceux qui veulent croire en l’émergence d’une génération d’hommes politiques pragmatiques et éclairés. Ils doivent impulser un mouvement qui doit nécessairement s’inscrire dans l’ordre de la rupture et du changement. Ce mouvement, qui doit surprendre et innover, est attendu sur le registre de l’audace et des propositions hardies, courageuses et concrètes. Pour ce faire, il va falloir éviter à tout prix de verser dans la flagornerie ou le culte de la personnalité. Il va falloir descendre sur le terrain et se battre pour défendre et illustrer le sens de notre combat. Il va falloir avoir le courage de recevoir des coups sans éprouver le besoin d’en donner car l’urgence est à la construction et non à des combats de coqs. Les galons, s’il en est, doivent se conquérir sur le terrain des luttes pour améliorer la condition de notre Peuple. Les stratégies de mobilisation ‘Ndiaga Ndiaye’ pour faire foule, et on sait à quel prix, doivent céder le pas à la création d’un espace d’engagement et de conscientisation, de formation et de mobilisation de soldats pour le développement et le progrès.
Pour l’heure, Me Abdoulaye Wade, président élu et réélu dont le mandat court jusqu’en 2012, est le responsable au premier chef de la conduite des affaires de notre pays. Il tient ce statut du suffrage universel mais, plus encore, et c’est ma conviction profonde, de la Volonté de Dieu : Allah Soubhanahou Wa Taala. C’est donc autour de lui qu’il faut se donner les moyens de rassembler une majorité d’hommes et de femmes qui sachent concevoir, défendre, et mettre en œuvre une Vision pour le Sénégal. Non pas dans le culte béat de toutes ses affirmations, mais dans la valorisation de ses orientations par des suggestions pertinentes, objectives et efficaces. C’est là, à mes yeux, la seule voie pour confirmer l’alternance et rebâtir un pôle d’espérance. C’est la voie de la raison et de la loyauté républicaine. Lorsqu’il s’agira de s’asseoir, cela devra se faire autour de lui pour examiner les problèmes du Sénégal dont il a la charge constitutionnelle de conduire les destinées jusqu’en 2012 Incha Allah. Cela doit se faire sans compromissions ni faiblesse. Ce rassemblement devra se faire, sans exclusive ni exclusions, autour de valeurs et de principes clairement définis et librement consentis. Critiquer ce qui doit l’être et le corriger, améliorer ce qui est en cours et placer toujours plus haut nos ambitions pour notre pays et notre peuple, c’est là le sens de l’Histoire et l’approche qui concrétisera l’aspiration au changement qui a porté Me Wade au pouvoir.
A moins de céder à l’appel des sirènes de l’aventure et du chaos sur fond de manipulations expertes pour désagréger l’âme de notre peuple, c’est là, à mes yeux, la voie de la Raison et de la lucidité. Que chacun des ténors de la vie politique sénégalaise fasse un pas vers les autres, sans arrière-pensées ni idées arrêtées, mais avec sincérité et confiance afin que, encore une fois, le Sénégal produise l’inattendu. La situation de plus en plus difficile des plus démunis de notre peuple vaut tous les sacrifices. Comprenne qui pourra ! ‘Oser lutter, oser vaincre !’, disait Mao Tsé Toung. Je le crois.
Amadou Tidiane WONE Ecrivain, Ancien ministre amadoutidiane.wone@gmail.com
Après l'augmentation du mandat hors référendum : Wade peut-il être poursuivi pour parjure ?
Devant la quasi-impossibilité de faire sanctionner la loi constitutionnelle portant passage du mandat présidentiel de 5 à 7 ans, l'opposition n'entend pas, pour autant, se morfondre dans l'inertie. En sus de la pression politique dont la marche dispersée d'avant-hier n’est que l'amorce, elle compte explorer des voies de droit dont la plus immédiate est la poursuite pour parjure. Une telle infraction est-elle opératoire dans le cadre du droit positif sénégalais ?
Sans coup férir, le président de la République a réussi la passe de contourner la voie référendaire pour faire voter par l’Assemblée nationale le projet de modification de l’article 27 de la Constitution. Les avis des rédacteurs de la Constitution, les cris d’orfraie de l’opposition effarouchée, les vociférations de la société civile et les récriminations d’une partie de sa majorité n’ont été d’aucun impact sur la volonté du président de la République de faire passer le mandat de 5 à 7 ans. Toutefois, face à ce qu'elle qualifie de violation de la Constitution et devant l'impasse que pourrait constituer la voie du Conseil constitutionnel, l'opposition n'entend nullement croiser les bras pour laisser le régime de Wade ‘violer allègrement’ les textes. A cet effet, ses composantes entendent explorer, en sus de la pression politique, les voies de droit ordinaires pour amener le président de la République à capituler. Le premier pas dans ce sens sera de scruter, de fond en comble, la charte fondamentale, pour en extirper les ficelles leur permettant de contraindre le pouvoir à la reculade. C'est dans cette optique que le serment du président de la République pourrait servir de paravent pour en démontrer la violation et, par voie de conséquence, les possibilités de sanctions qui lui sont attachées.
En premier lieu, un des articles de la Constitution devrait servir d'illustration d'une volonté de fouler aux pieds le texte constitutionnel pour, dans un second temps, en exiger la réparation. ‘Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d'observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l'unité africaine’. C'est, en effet, sur la base de ces dispositions contenues dans l'article 37 de la Constitution de 2001 que certains hommes politiques proches de l'opposition entendent faire mordre au président de la République la poussière de sa loi de prolongation. En effet, argumentent-ils, le fait pour Me Abdoulaye Wade de ‘tripatouiller’ la Constitution, notamment son article 27, pour introduire des dispositions dont l'effet est de crever le plafond de cinq années applicable au mandat du président de la République, est constitutif d'infraction à ce serment. Pour donner plus de matérialité à cette incrimination, certains, sans toutefois donner une forme concrète à leur projet d'action en justice, entrevoient de saisir les juridictions sur le fondement du parjure. Celui-ci étant défini comme toute violation de serment.
Toutefois, se pose le problème de l'opérationnalité d'une telle initiative, des mécanismes de sa mise en œuvre, des personnes titulaires du droit d'ester en justice et de la juridiction apte à connaître d'une telle infraction. Selon un spécialiste du droit constitutionnel, ‘il y a, certes, un certain nombre d'engagements qui sont contenus dans la Constitution’. Mais, précise-t-il, ‘le constituant n'a pas tiré les conséquences’ du manquement par rapport à l'un quelconque de ces engagements. ‘Au Sénégal, il n'a pas été spécifié que le président de la République encourrait le parjure s'il lui arrivait de ne pas respecter ses engagements’, fait-il remarquer.
Toutefois, le seul espoir qui pourrait s'attacher à l'exploration de cette voie c'est la possibilité, selon lui, d'assimiler la violation d'un engagement constitutionnel à la haute trahison. Laquelle passe, cependant, comme l'une des infractions les moins bien définies en droit pénal. Pour la définir, les juristes partent simplement d’hypothèses voisines. Par exemple, selon notre interlocuteur, ‘accepter d'enfouir des déchets nucléaires dans son pays peut être assimilé, de la part du président de la République, à un acte de haute trahison dont le jugement relève de la compétence de la Haute cour de justice’. Le fait de faire modifier une disposition limitative de la Constitution par le législateur à la place du Constituant originaire qu'est le peuple souverain est-il constitutif, comme le suggère l'opposition, d'une violation de serment assimilable à une haute trahison ? Le débat est posé !
Ibrahima ANNE
Politique, religion et paix sociale au Sénégal
La conjoncture que connaît notre pays aujourd’hui appelle à la réflexion sur les voies et moyens susceptibles d’aider à créer une meilleure acclimatation de la paix et de la cohésion sociale, par son encrage plus effectif, plus permanent aussi bien dans les mentalités, que dans les actes et discours quotidiens par lesquels les citoyens quels que soient leurs rangs, leurs obédiences politique ou religieuses et leurs appartenances ethniques ou raciales gèrent, leurs rapports à travers la société dans ses différentes composantes Au-delà du devoir dicté par le patriotisme, une telle démarche prend les allures d’une exigence. Comme disait notre père - que Dieu l’agrée et l’accueille dans son Paradis - Cheikh Abdoul Aziz Dabakh, ‘on ne doit pas laisser couler une pirogue dans laquelle on est tous embarqués’.
La paix, la cohésion sociale, les croyances religieuses sont des valeurs qui, si elles ne sont pas ternies par l’homme, mènent vers le même objectif, celui du bonheur de l’être humain ici-bas et dans l’au-delà. Elles se présentent donc comme le levier par excellence d’une vie en société.
Notre pays qui a choisi depuis toujours de faire du ‘commun vouloir de vie commune’, au-delà du slogan fétiche, une réalité, parce que permanente, serait d’ailleurs dans l’impossibilité de procéder autrement. Senghor ne disait-il pas que ‘le Sénégal est d’abord une nation, avant de se constituer en territoire’, une nation aspirant à l’unité dans sa diversité. Avec ces fibres ataviques et bien d’autres encore, il demeure évident que, notre pays se complait à présenter à la face du monde, l’image affligeante qui ne cesse de la défigurer. Cette image-là qui montre l’opposition et le pouvoir se regarder en chiens de faïence. Et, hélas parfois même, non contents de se faire peur.
La justice comme les forces de l’ordre ne chôment point entre règlements de différentes procédures d’apaisement et autres règlements de délits de violence. Si l’on n’y prend vraiment pas garde, notre cohésion sociale risque d’être disloquée et les prochains jours plus agités. Il convient donc d’interpeller les gardiens du temple, les leaders d’opinion et tous les préposés à la permanence d’une concorde sociale effective, pour qu’ils prennent leurs responsabilités et agissent vite. Il n’est plus que temps, car les démons sont sortis et avancent, le couteau entre les dents. Les premiers à être conscients du fait, c’est certainement Mouhamadou Bara Lamine Mbacké, le khalife général des mourides, qui a pris l’initiative heureuse d’aller lui-même répondre à l’invitation du chef de l’Etat. Au-delà du ‘berndé’, ce déplacement revêt une haute signification. Il entre dans le cadre de la concertation permanente entre pouvoir spirituel et temporel au Sénégal. Il faut reconnaître que le chef de l’Etat, non content de garder en permanence sa main tendue vers tous, surtout à ceux qui s’opposent à sa politique, sort périodiquement de sa situation de vigile pour inviter l’ensemble des compatriotes à s’unir autour de l’essentiel. En effet, chaque fois que les circonstances le demandent, on le voit lancer des appels à la classe politique et exprimer sa disponibilité à dialoguer. Il reste évident qu’une telle disponibilité se doit d’être valorisée ou du moins bénéficier d’un répondant : La partition de l’opposition, celle-là même qui aspire à gouverner un jour.
Sur un autre plan, celui de l’économie, le chef de l’Etat veille, autant que faire se peut, à l’équilibre des baromètres qui régulent l’existence de ses compatriotes. En un mot, il gère le quotidien tout en s’inspirant du passé et en anticipant sur le futur. Ainsi, s’acquiert le bien-être pour tous. Tant au plan économique, que social. En effet, imbus des préceptes de l’islam, les cadres arabophones peuvent contribuer à l’apaisement du climat social par l’enseignement dans les daaras et autres écoles, à travers les prêches dans les mosquées, grâce à des conférences publiques et des causeries sectorielles au niveau des associations islamiques. Ces préceptes-là peuvent avoir un impact certain sur les voies et moyens de garantir la paix entre les Sénégalais et aussi de la conforter dans tous les domaines de leur existence. On le voit aisément, s’ils jouent leur rôle de régulateurs par l’instruction, l’enseignement et la formation, les cadres arabophones peuvent être d’un apport crucial dans l’ancrage de la paix au Sénégal et conforter davantage les relations diplomatiques entre le Sénégal et les pays arabes.
Tous les atouts sont vraiment là, à notre portée, pour que nous puissions améliorer notre sort dans les domaines de la politique, de l’économie et du social. Pour que surtout notre vie ici-bas, comme notre existence dans l’au-delà, soient des meilleures, des plus bénéfiques. Il y va de l’intérêt de tous.
Imam Ismaïla DEME
Modification de l'article 27 : ‘La procédure choisie est une véritable forfaiture’, selon l’Afp
‘La modification de l’article 27 est non seulement inspirée par des desseins troubles et totalement condamnables, mais la procédure choisie est une véritable forfaiture quoi qu’en dise le gouvernement qui se révèle incapable d’opposer le moindre argument sérieux aux plus grands constitutionnalistes de notre pays’. Telle est la condamnation, sans appel, du bureau politique de l’Afp au lendemain du vote par l’Assemblée nationale du projet présidentiel de modification de l’article 27 de la Constitution. Selon les camarades de Moustapha Niasse, ‘le droit, la morale et l’élégance imposent le référendum dans ce cas d’espèce, mais n’est-ce pas trop demander à ce groupuscule aveuglé par le pouvoir et l’argent, porteur d’une culture de violence ?’, se demande l’instance dirigeante de l’Afp. Qui, apparemment, trouve réponse à sa propre interrogation. ‘ Ivre de ses attributs scandaleusement usurpés le 27 février 2007, ce groupuscule croit, à tort, qu’il est à même de rompre avec les enseignements légués par l’histoire de toutes les dictatures, sans exception, qui se terminent dans la tragédie ou dans le mélodrame et d’abord au détriment de leurs principaux animateurs’, répond-elle. Non sans faire remarquer que ‘les menaces de mort qu’un de ces fascistes aux pieds d’argile a proférées à l’endroit de l’opposition patriotique n’influeront en rien dans le processus historique irréversible par lequel le peuple reprendra en main sa souveraineté. Le seul intérêt de ces menaces, c’est la mise en évidence d’une folie qui empêche une lecture lucide des données, pourtant limpides comme l’eau de roche’.
Selon les progressistes, c’est cette même déconnexion de la réalité objective qui a amené la municipalité de Dakar à adresser une sommation aux riverains de Gibraltar, pour leur demander de ravaler leurs façades dans les trois prochains mois, sous peine d’une amende de cinq millions de francs Cfa. ‘Les populations ont spontanément crié leur ras-le-bol, en rappelant leurs problèmes de survie consécutifs à la spirale inflationniste, que leur imposent les prédateurs impénitents’, renseigne le communiqué du bureau politique de l’Afp. Qui poursuit pour expliquer que ‘c’est cette même volonté prédatrice qui a favorisé le transport à Chicago des nervis et autres sicaires qui continuent de coûter très cher aux contribuables sénégalais’. Mais à Chicago, ‘les arroseurs ont été arrosés car, au lieu des honneurs, les manipulateurs cyniques et violents ont récolté le déshonneur et l’opprobre, après avoir édifié le monde entier sur leur vraie nature, caractérisée par le moule de la pensée unique, de l’absolutisme et de la violence au service de leurs propres intérêts’. C’est ainsi que, selon les camarades de Moustapha Niasse, les rares téléspectateurs de la Rts ont pu voir un représentant du régime de Me Abdoulaye Wade accaparer longuement ce média d’Etat, pour rendre compte de décisions d’une instance de son parti, dont certaines avaient un caractère administratif évident. Ce qui explique que ‘les hauts fonctionnaires des impôts ont dénoncé avec courage cette confusion grossière des genres qui ignorent les frontières entre une association privée et l’Etat’. Le bureau politique de l’Afp dit saluer cette expression du Sénégal éternel et exprime par la même occasion sa solidarité agissante avec le Comité pour la protection et la défense des journalistes dont ‘le combat est au cœur de la préservation des libertés fondamentales’.
Le bureau politique a, par ailleurs, exprimé sa solidarité à l’endroit des populations de Marsassoum ‘victimes de la violence meurtrière de l’Etat-Pds , qui est entièrement responsable de cette situation’. En effet, estiment-ils, ‘c’est Me Abdoulaye Wade lui-même qui a favorisé ces tensions en exacerbant, avec ses réformes administratives politiciennes, des conflits dont les soubassements culturels et historiques imposent la retenue et la sagesse à tout homme d’Etat digne de ce nom’.
Par ailleurs, ‘l’aggravation des dérives monarchiques’, a particulièrement retenu l’attention du bureau politique de l’Afp. ‘Après le discours de Me Wade qui a tenté de légitimer son pouvoir en l’accrochant insidieusement au droit divin, voilà que son régime va à l’assaut de tous les espaces de liberté que confère la Constitution aux citoyens du Sénégal’, selon le communiqué de l’Afp.
I. ANNE