LEOPOLD SEDAR SENGHOR ET ABDOU DIOUF.NON
Les tontons macoutes
Souleymane Jules Diop Jeudi 21 Jan 2010
« Nous avons toujours une ancre qui tient ferme
aussi longtemps qu’on ne la brise pas soi-même :
c’est le sentiment du devoir »
Ivan TOURGUENIEV
Il y a longtemps que Mamadou Massaly rêvait de consécration. Il voulait figurer à la Une d’un journal, quel qu’en fût le motif. Il vient d’être servi de la plus piteuse des façons. Croyez-moi, j’ai eu le même mal que vous, à chaque fois qu’il m’a fallu prononcer le nom de ce personnage lugubre. Quand, à l’émission Sortie que diffuse Walf-Tv, il a révélé au monde entier les multiples facettes de sa bougrerie, allant jusqu’à se vanter d’avoir atteint la classe de Terminale, Abdoulaye Wade voulait s’en séparer. Mais ses pulsions intimes ont pris le dessus. Car ce qui étonne chez ce président, c’est la grande affection qu’il nourrit pour les voyous. La récente promotion de Farba Senghor, devenu de fait le patron du Parti démocratique sénégalais, a sans doute donné des idées à ce Massaly, passé de la concession Ps à celle du Pds avec les aboiements d’un chien enragé. Mais en protégeant ce cabot pyromane, Abdoulaye Wade déçoit jusque dans son propre camp. Les condamnations les plus fermes sont venues des responsables du Pds et surtout des anciens proches du président de la République. Ils ont été les premiers, quand le Ps hésitait encore, à prier pour que la Justice les débarrasse de ce dangereux parvenu. Au lieu de nuire au Parti socialiste, il nuit à son propre parti ; au lieu de nuire à Ousmane Tanor Dieng, il nuit à Abdoulaye Wade. Le pays entier s’est mis d’accord que pour une fois, ce bandit doit répondre du crime qu’il a eu le toupet de revendiquer avant de le commettre. Mais c’est à croire qu’entre Abdoulaye Wade et la pègre qui l’entoure, subsiste un pacte de sang qui transcende toutes nos lois. Sanctionner ceux qui entrent dans son sérail est au-dessus de ses forces.
Le nouveau ministre de la Justice, pour qui j’ai le plus grand respect pour l’avoir connu, ne trouvera pas meilleure occasion pour rassurer l’opinion. Amadou Sall disait lui-même que « la permanence et la stabilité des institutions commencent par une Justice qui ne fait l'objet d'aucune suspicion ». Il voulait être jugé sur ses actes, en voilà l’occasion. Sans quoi, nous devons tous désespérer de notre Justice. Cette idée que les conflits dans une République se règlent à travers les Institutions que nous reconnaissons tous, trouve sa quintessence dans ce que Weber a appelé l’Etat en tant que « monopole de la violence ».
Mais elle va aussi avec l’idée que quand le droit cesse, la nature reprend ses droits. Nous en sommes à cette limite, puisque personne ne pourra admettre qu’un petit voyou sans éducation, sans envergure, armé de la seule impunité qu’on lui assure au sommet de l’Etat, mette le feu sur une assemblée d’hommes qui ne faisaient qu’exercer un droit que leur garantit la Constitution de leur pays. Me vient cette confidence que me faisait une jeune étudiante du Pds en France, qui me disait la honte qui l’habite quand ses dirigeants font penser que dans le Pds, il n’existe que des verrues de la trempe de Massaly. Il est impossible, disons le tout de suite, que l’acte ignoble qui vient d’être commis reste impuni. On me dit qu’il a épousé la sœur de l’épouse de Madické Niang, petite-fille d’un grand marabout. Cela ne garantit à ce canidé aucune immunité. Si le président de la République l’accepte, il portera sur lui l’entière responsabilité de la vague de violence qui menace de déferler sur le pays. Quand vous en venez à la certitude que votre gouvernement ne vous défend plus, ne vous venge plus, vous avez le droit de vous défendre et de vous venger par tous les moyens. C’est un droit inaliénable.
On critique souvent le Pds, parfois trop facilement, en ignorant la responsabilité personnelle d’Abdoulaye Wade dans ce qui nous arrive. Quand il accepte la promotion de Farba Senghor, qui appelle à l’émeute dès sa désignation comme coordonnateur du Pds, le président de la République récompense l’impunité. Il n’ignorait pas qu’en donnant sa protection à tous les criminels qui se réclament de lui, il installait le pays dans une ambiance d’impunité aux conséquences désastreuses. Il suffit de « travailler pour la réélection du président » pour se faire pardonner tous ses crimes. Depuis qu’il a échappé aux enquêteurs de la police, Massaly répète cette phrase bêtifiante comme un ventriloque. C’est tout ce qu’enseigne l’école du wadisme. Qu’il est la seule invariable, tout le reste est variable. Nous avons légiféré sur l’incapacité d’un président à gouverner, mais les législateurs devraient se pencher sur le cas de ceux qui se rendent indignes de gouverner. Le minimum que devait assurer le président de la République, c’est que l’exercice des droits fondamentaux soit garanti à tous de façon équitable. Le même jour où ce drame a failli se produire, les partisans de son fils se sont réunis en toute liberté à Diourbel, s’en prenant aux responsables du Pds, allant jusqu’à exiger que les ministres qui ne soutiennent pas son fils soient démis de leur fonction. En le disant, ils désignent du doigt Aminata Tall et Souleymane Ndéné Ndiaye. A Ziguinchor, une horde de conseillers réclame déjà la tête du maire, devenu un « infidèle » depuis qu’il a pris ses distances d’avec la nébuleuse « GC ». A Dakar, Pape Diop est l’objet de tous les chantages. Le président de la République voudrait son poste pour celui que désignera son fils pour préparer des élections qu’il sera assuré de gagner. S’il refuse, la sanction sera celle qui a frappé Mbaye Jacques Diop : la dissolution. Mais le président du Sénat doit se battre pour l’honneur. La vague de réprobation qui a accompagné les vilénies de Mamadou Massaly me donne l’espoir qu’il y a encore dans le Pds quelque chose de patriotique et de républicain. Ceux qui, de l’intérieur, résistent à cette volonté du père d’installer son fils par tous les moyens font preuve d’un patriotisme qu’il faudrait saluer. La nouvelle lettre ajoutée à l’acronyme de leur parti, sans que l’on change la moindre virgule à ses statuts, est un moyen sournois de le livrer à Karim Wade. Viviane Wade préfère à la tête du « Pds elle » celui qu’elle dit être son « tout ».
Abdoulaye Wade s’apitoie sur le sort du peuple haïtien, alors qu’il devrait tirer les leçons du duvaliérisme qu’il tente de nous imposer. Si ce pays ne dispose d’aucune logistique pour faire face à son propre drame, c’est parce qu’un illuminé du nom de François Duvalier y a imposé un régime de terreur avec ses « tontons macoutes », avant d’imposer à sa tête son propre fils, « bébé doc ». 29 ans de règne d’un père et de son fils ont transformé le carrefour intellectuel de la diaspora noire en un territoire abandonné. La ressemblance entre les deux régimes est troublante : les mêmes extravagances, les mêmes rouages de la corruption, la même oreille attentive pour les flatteries des courtisans. A cette différence près, les Duvaliers faisaient preuve d’un peu plus de pudeur dans le vol.
Si les Haïtiens savaient que celui qui leur offre une terre d’asile est la parfaite réincarnation de « Papa Doc », ils s’en méfieraient. Convoquer le Parlement pour demander que le territoire haïtien soit évacué est d’un ridicule bien consommé. Depuis qu’il a fait cette déclaration reprise par de nombreux journaux, nous sommes devenus, nous autres sénégalais qui bombions le torse dans le monde entier, l’objet de toutes les moqueries. Au lieu de le calmer, son nouveau conseiller religieux, tout droit sorti de ses méditations transcendantales, fonce la tête baissée : « S’ils acceptent, nous leur donnerons une région. » On se croirait dans un asile de fous. Mais qui sait. Peut-être que parmi les milliers de criminels échappés des bagnes de Port-au-Prince, quelques uns accepteront cette main tendue.
SJD
incendie criminel : la Jeunesse Libérale de Washington, DC condamne
La Jeunesse Libérale de Washington DC Area condamne fermement l’ acte barbare de l 'incendie criminel dont les socialistes ont été victimes à Thies Dimanche dernier. Nous estimons que cet acte et autres agissements semblables provenant de n’importe quel individu ou groupe, empêchent le bon travail que le camarade Secretaire General Maitre Abdoulaye Wade est en train de faire au Senegal. Nous estimons que cet acte doit faire l’object d’immediates investigations et que le ou les coupables doivent être puni selon la loi. La Jeunesse Libérale de Washington DC Area ne tolère pas la violence dans l’arène politique et pense que les les enjeux démocratiques doivent, pour se réaliser, faire appel aux vertus de dialogue, de tolérance, de comprehension et de respect par tous les acteurs politiques des engagements déjà pris. Ces mêmes acteurs doivent être convaincus que la démocratie est fondée sur le dialogue politique, c’est-à-dire l’exclusion absolue de toute forme de violence. La politique suppose toujours l’éthique et lorsqu’elle en est exclue, on tombe dans le brigandisme, la loi du talion. La Jeunesse Libérale de Washington DC Area souligne avec force que le consensus n’exclut pas les différences. Il ne veut pas dire unanimisme, car on ne peut imaginer une société où tous les acteurs politiques pensent de la même manière. Il faut donc parvenir à gérer les conflits internes, en combattant l’intolérance, le mépris des autres et éviter une conception totalitaire ou totalisante de la société.
--Mody Ndiaye
NON, MONSIEUR LE PRESIDENT, LEOPOLD SEDAR SENGHOR ET ABDOU DIOUF N’ETAIENT PAS DES PREDATEURS.
Plus une calomnie est difficile à croire. Plus pour la retenir les sots ont de mémoire.
Casimir DELAVIGNE
Galvanisé par une forte présence populaire à l’occasion de l’inauguration de l’usine de transformation et d’exploitation des phosphates de Matam à Ndendori, le Président de la République, a quelque peu – on pourrait dire, une fois de plus - oublié la retenue à laquelle est tenue la plus haute représentation de notre Nation, en invoquant une volonté divine qui aurait caché à ses prédécesseurs l’existence des phosphates de Matam et, surtout, sa thèse de 1959 et en les qualifiant de « prédateurs »
Monsieur le Président, malgré tout le respect que je vous dois au vu de l’importance de votre fonction, je vous refuse le droit de qualifier vos prédécesseurs, feu Léopold Sédar Senghor et l’actuel Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, de « prédateurs. »
Mais peut-être vos paroles ont-elles dépassé votre pensée, car je n’oserais supposer que vous ignorez le sens exact du qualificatif que vous avez utilisé et qui ne peut en aucun cas être appliqué à vos prédécesseurs. Certes, étant des êtres humains, et donc imparfaits, ils ont, durant leur magistère, pu commettre des erreurs d’appréciation, mais ils ne se sont jamais, en aucune circonstance, comporter en prédateurs des biens de l’Etat.
Il faut rappeler qu’à l’occasion des obsèques du Président Senghor, vous avez occupé, par votre discours, le rang de fils spirituel et vous alors avez fait preuve d’admiration à son endroit à nulle autre pareille.
Le Président Diouf a été votre candidat au poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, ce qui suppose que vous aviez une appréciation positive et honorable à son égard, opinion par ailleurs partagée par les pays membres de l’OIF, qui ont renouvelé son mandat et qui, jusqu’à preuve du contraire n’a jamais été démentie. Si on pouvait interroger Senghor ou Diouf, répondant aux propos calomnieux et injurieux que vous avez eu aujourd’hui à leur égard, l’un ou l’autre aurait dit : si ceux qui pensent du mal de nous savaient ce que nous pensions d’eux, ils en diraient bien davantage.
Pour rappel, le Larousse de Poche 2009, donne les significations suivantes du terme « prédateur » :
- qui vit de proies animales ou végétales
- homme préhistorique qui vivait de la chasse et de la cueillette
- groupe financier ou personne qui prend le contrôle d’entreprises en difficulté, en lançant des OPA, et qui les revend plus cher après les avoir renfloués.
Une OPA est, toujours selon le Larousse, une offre publique d’achat.
Les deux premières significations du mot « prédateur » ne convenant pas à vos prédécesseurs, vous en conviendrez, il ne peut donc s’agir que d’une personne qui a pris, de façon illicite, le contrôle d’une entreprise. Au niveau de l’Etat, cela pourrait être, par exemple, l’offre publique d’achat de terres appartenant à la collectivité, pour y faire construire, par l’acquéreur, un édifice dont on accaparera, par la suite, les éventuels bénéfices de la mise en valeur.
Cela pourrait aussi être la mainmise sur des terres cultivables pour en confier l’exploitation à des amis ou autres redevables non-professionnels au détriment des acteurs les plus qualifiés pour les faire fructifier, même si le bénéfice de l’opération ne devait être, pour son initiateur, que purement politique. J’ose affirmer, et je mets quiconque au défi de prouver le contraire, que ni le Président Senghor, ni le Président Diouf n’ont jamais posé un tel acte ou entrepris toute autre action qui justifierait, à leur égard, le qualificatif que vous avez si malencontreusement utilisé.
Quant à votre référence au « Tout-Puissant qui leur aurait caché cette ressource… », je vous laisse l’entière responsabilité de vos propos. Je vous invite seulement à lire les ouvrages suivants :
- Etudes sénégalaises n°9 – Fascicule I – Géologie – Félix Brigard – Centre I.F.A.N. – Sénégal – Saint-Louis du Sénégal – 1960, qui sous le chapitre « Quelques étapes de recherche géologique » fait référence au chercheur français, F.Jacquet, qui dès 1936 a signalé la présence de phosphates dans le nord du pays sans toutefois connaître l’importance du gisement
- Publication du Ministère de la Recherche Scientifique et Technique – Institut Sénégalais Agricole (I.S.RA.) – mai 1985, qui a fait une évaluation de l’efficacité du phosphate de Matam
- La publication du Centre de coopération internationale et de recherche agronomique pour le développement : Appréciation de la valeur fertilisante des phosphates de Matam (Sénégal) par Truong B. et Cissé L. – 1985
- Cultures irriguées dans la vallée du fleuve Sénégal par Claude Dancette, Jacques Dintinge et Annie Marti – 1994, qui indique notamment que « « dès 1985-1986 des essais ont été faits en milieu paysan sur les phosphates de Matam. »
Tout le reste n’est pas digne d’être dit, comme l’aurait dit Corneille.
Me Jacques BAUDIN Ancien ministre Secrétaire national du PS aux Relations extérieures et à l’Intégration africaine
Auteur: Me Jacques BAUDIN
Le supplice et la rédemption du PDS au PDSL : Faut-t-il continuer à se réclamer du slogan Sopi ?
De l’opposition au pouvoir, les données ont complètement changé et le Sopi se heurte à des écueils d’un type totalement nouveau. La question se pose alors de savoir s’il faut continuer à faire confiance au Sopi ou s’il faut le substituer un autre slogan plus mobilisateur ? Il faut reconnaitre que le Sopi dans les nouvelles conditions de l’histoire n’a plus le mordant qui l’a porté au pouvoir d’autant plus que les difficultés liées à la gestion des affaires lui enlève chaque jour du charme et de la passion. L’histoire du PDS, comme toute autre histoire, est escarpée, avec son lot de ratés, de désespoirs et de frustrations coexistant avec des joies précaires, des illusions salvatrices et des rêves fous. Absolument parlant, cette histoire n’est ni extraordinaire, ni surhumaine, mais elle reste passionnante à tous points de vue. Les péripéties qui jalonnent la vie politique du Sénégal sont, depuis plus de quarante ans, suscitées, animées et réorientées par le PDS et son éternel rival : le Parti Socialiste. Sans vraiment noyauter les autres partis de l’échiquier politique, le parti de Me Wade a réussi la prouesse de les intégrer à une dynamique qui, certes leur était commune, mais était toujours contrôlée par le PDS. Le mérite de cette formation politique, est d’avoir toujours activement participé à l’approfondissement du processus démocratique au Sénégal par la création de syndicats affranchis du pouvoir en place, l’institutionnalisation de la critique de l’action gouvernementale dans l’enceinte du Parlement. L’on raconte souvent que c’est au cours d’une réunion dans les années 70 qu’un vieux militant du Parti démocratique sénégalais a lancé « faw nu Sopi rewmi » (Il faut qu’on change le pays). Le terme Sopi a plu au dirigeant du PDS qui l’a adopté et ce fut le début de l’odyssée irrésistible d’une ambition politique qui prendra la forme d’une révolution silencieuse. Le Sopi résumait alors, tous les espoirs de changement d’un peuple essoufflé par les aléas d’une politique néo-coloniale oublieuse des préoccupations du peuple. On ne peut pas aspirer à diriger un peuple sans au préalable cultiver une certaine complicité avec celui-ci : il faut savoir parler comme parle le peuple, sentir ce qu’il sent pour toujours vibrer avec lui au rythme de ses joies et de ses peines. Toute la virtuosité politique de Me Wade résidait, en partie, dans cette communion permanente qu’il a eue avec le peuple durant 26 ans. Il a mobilisé tous les âges et toutes les catégories socio-professionnelles parce qu’il savait parler à tout le monde. Dans toute son action politique, le Parti démocratique sénégalais a toujours tenté de démontrer que la légitimité n’était pas un patrimoine comme cela s’est passé dans les nouveaux Etats africains. Dans ces pays, le leurre politique majeur des dirigeants était de faire croire aux citoyens qu’on aurait pu faire l’économie des consultations électorales sérieuses : la remise en cause des « Pères de la nation » et des « Bâtisseurs de l’Etat » ne pouvant figurer à l’ordre du jour de la réflexion du simple citoyen dans un tel univers. Le Parti démocratique sénégalais, dés sa création en 1974, s’est assigné comme première tâche de se battre pour délivrer le citoyen de l’asservissement mental dans lequel le confinait une conception patrimoniale de la légitimité. Les journées cauchemardesques de février 1988, les affrontements très polémiques de son leader, Me Abdoulaye WADE avec le Président SENGHOR, la contestation permanente sous le signe du Sopi, ont au moins le bénéfice d’avoir fait prendre conscience au citoyen sénégalais que la source de la légitimité était dans ses propres mains. C’était toute une culture de l’opposition articulée par une cohésion presque obsessionnelle entre le Parti et ses militants ; une culture basée sur un programme d’inspiration libérale préconisant en tout temps la libération du citoyen de l’emprise de l’Etat. Cette libération était théorisée par une série de jalons pour accéder au pouvoir et parmi ces jalons il y a certes la contestation et la proposition parfois utopiste, mais aussi toujours la négociation, et c’est cela qui a sauvé le Sénégal de la dérive insurrectionnelle. Toutes les fois que les signes de tension ouvertes étaient devenus perceptibles, Me Wade acceptait de rencontrer son alter ego pour décrisper le climat politique par des concessions de part et d’autre. En effet, conçu comme une synthèse du désir du changement de la plupart des déçus du régime socialiste, de la volonté de certains cadres de jouer un rôle dans le devenir de la nation et de la conscience paysanne de sa libération face à une administration souvent autoritaire, le Sopi a été une vague sur laquelle a su intelligemment surfer le Parti démocratique sénégalais. Cette prouesse le PDS l’avait réussie au grand damne des autres formations politiques de l’opposition qui, en vain, ont cherché à trouver la solution miracle qui aurait permis de le déposséder d’un tel capital de mobilisation. C’est dire que même s’il y a eu une coïncidence entre le mouvement du Sopi et des situations déterminées de crise politique au Sénégal, il n’en reste pas moins que le Sopi, ne peut être perçu comme la propriété fondamentale du Parti démocratique sénégalais. La formation politique de Me WADE en a été, il est vrai, l’expression politique la plus accomplie ; et même plus, le PDS a su mieux se fondre dans cette mouvance jusqu’à faire croire qu’il lui avait imprimé sa propre marque. Aucune lecture du parti démocratique sénégalais ne peut manquer de relever ce constat. Les thèses sur la double planification, sur la décentralisation, sur la libéralisation de l’économie rurale, recoupaient sans conteste les préoccupations d’une grande majorité des citoyens exacerbés par la trop importante tutelle de l’Etat sur la société. Aussi dans une telle optique, le mouvement du Sopi n’était pour le Parti démocratique sénégalais qu’une sorte de fonds de commerce, indispensable à son hégémonie sur la scène politique sénégalaise. Le PDS est donc au pouvoir et le militantisme dans un parti au pouvoir n’a ni la même motivation, ni les mêmes enjeux que le militantisme dans un parti d’opposition. L’énigme de la situation actuelle du PDS a son nœud dans cette question : comment, sans se situer dans une perspective suicidaire, le PDS après tout ce qu’il a pu réaliser dans l’opposition sous la bannière de son slogan fétiche, le Sopi, et malgré la détermination de ses militants et l’ingéniosité politique et intellectuelle de Me WADE, a t-il pu se trouver dans une situation de contradiction aussi prononcée, avec des querelles de leadership qui secouent constamment ce parti ? On a l’impression que depuis dix ans, les différents responsables du PDS, au lieu de songer à accompagner intelligemment l’action de leur Secrétaire général, ont préféré se livrer des joutes stériles dans l’espoir de parfaire leur propre destin politique. Tels Polynice et Étéocle, les frères qui par rivalité au sujet du pouvoir s’entretuèrent et perdirent ce pouvoir à jamais, les responsables du PDS ont littéralement fait perdre à ce parti toute sa crédibilité et sa lueur d’antan par une avidité politique étonnamment abusive. Le constat amer est là, sans équivoque : dix ans presque, après l’accession au pouvoir du Secrétaire général national du PDS et de la formation libérale, le slogan Sopi n’a plus, ni la même portée politique ni la même pertinence, même si Me Wade a réussi en à faire une arme de transformation économique. Wade a fait des pas de géant dans presque tous les domaines de la vie socio-économique et personne ne peut aujourd’hui nier la réalité économique du Sopi. Malheureusement, ce qui parasite les réalisations indéniables de son régime, ce sont les comportements peu orthodoxes de ses proches qui font les choux gras de la presse quotidienne avec chaque jour des révélations compromettantes en témoigne la récente attitude irresponsable de Mouhamed Manssaly. C’est vrai que la presse n’est pas exempte de brebis galeuses car il y a des manquements inadmissibles à ce niveau de responsabilité, mais la plupart du temps c’est le régime qui lui offre les armes par lesquelles elle le déséquilibre ou le « destitue ». La nouvelle donne confirme encore une fois la pertinence et la nécessité de l’argument de la refondation du PDS : le PDS actuel, nid de tous les conflits fratricides, asile politique de tous ceux qui ont désespéré ailleurs et espoir d’une nouvelle race d’hommes politiques pas forcément politiciens -ce PDS- ne peut pas être celui des années 80. La diversité des sensibilités dans le parti ne peut plus être occultée, il faut en tenir compte et la considérer comme la matière première qui permettra de pétrir ce grand parti libéral qui se dessine. On ne peut plus, dans le monde d’aujourd’hui, occulter l’expression plurielle des ambitions politiques dans un parti, à fortiori, celui qui gouverne. Un parti politique, qu’il gouverne ou pas, vit et parce qu’il vit, il est obligé de supporter des transmutations pour s’adapter aux contextes politiques toujours changeants et surtout trop précaires pour permettre un conservatisme tout azimut. Si même les individus passent par une évolution à la fois physique et intellectuelle, et que les instituions de la république qui sont plus sacrées changent, pourquoi et comment le PDS pourrait-il ne pas connaître des mutations douloureuses mais nécessaires à la réalisation de ses nouvelles ambitions ? Les ambitions d’un parti de l’opposition ne sont plus celles d’un parti au pouvoir, les stratégies ne peuvent plus être les mêmes, les vieilles structures du PDS ne sont donc pas nécessairement compatibles avec sa nouvelle carrure. Le PDS a fondamentalement besoin d’un nouveau souffle qui puise allumer le feu sacré lui faisant défaut depuis belle lurette et qui explique, en partie, l’asthénie et la déception qui animent certains militants. La compétition interne entre les ambitions saines n’est ni une tare, ni un péril si elle obéit à certaines normes politiques qui fassent l’objet d’un consensus interne. Il est donc d’une nécessité impérieuse que certains anciens militants du PDS comprennent maintenant que pour faire face à ses missions historiques, leur parti, après avoir agrégé d’autres forces politiques, tende vers une nouvelle organisation plus élargie pour ne pas rater le train de l’histoire. Une chose est d’avoir travaillé à l’accession de son parti au pouvoir, une autre est d’être apte à l’y maintenir par l’offre d’une masse de militant significative et surtout d’une expertise solide en matière de gouvernance moderne.
Pape Sadio THIAM
Journaliste
thiampapesadio@yahoo.fr
76 587 01 63
Auteur: Pape Sadio THIAM
Nouvelle année, nouvelle vision pour un nouveau type de leadership
D’emblée, je réaffirme mon ancrage au cœur des valeurs inaliénables de la République en me faisant le précurseur d’une justice équitable et le symbole d’une citoyenneté sincère dont ma seule préoccupation demeure l’amour que je voue à mon pays.
Mon amour pour le Sénégal est plus fort que moi. Elle a annihilé en moi toute autre sorte d’amour : phrase émouvante, phrase pathétique! Pathétisme d’un jeune qui sait si bien que le sentiment le plus noble est sans aucun doute le patriotisme ; symptôme d’un discours désertant les contrées arides du réquisitoire au profit d’un touchant plaidoyer pour la justice, l’indépendance, la liberté et l ‘équité au service exclusif du peuple.
Aujourd'hui, dans ma contribution, je parlerai essentiellement de quatre domaines qui sont essentiels pour l'avenir du Sénégal et de tous les pays en développement que sont: la démocratie, la bonne gouvernance, la santé publique et le règlement pacifique des conflits.
Je ne sais pas mais au fur et à mesure voire même à démesure de mon argumentaire ; l’invite vous est faite de vous faire votre propre idée sur mon cheminement, pour après me juger pendant que vous y êtes…
Commençons d’abord par expliquer la notion de démocratie qui constitue le pilier d’une bonne gouvernance.
Elle désigne le régime politique, ou plus largement un corpus de principes philosophiques et politiques voire le phénomène social égalitaire, dans lequel le peuple est souverain et détient le pouvoir collectivement en d’autres c’est le gouvernement du peuple,par le peuple et pour le peuple.
Ainsi, chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions. Mais l'histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas.
Nous devons changer d’époque et de comportement avec comme ambition, d’installer au cœur des esprits cette notion de démocratie.
Le Sénégal a certes besoin d'hommes forts, mais aussi et surtout de fortes institutions.
La vérité essentielle de la démocratie est que chaque nation détermine elle-même son destin.
Nous devons partir du principe qu'il revient aux sénégalais comme vous et moi de décider de l'avenir de notre cher pays.
Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption. Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là, il est temps que ce style de gouvernement disparaisse partout.
Nous devons ainsi travailler dure pour consolider la démocratie, au moyen de passages pacifiques
Je serai bien disposé à faire de la politique et militer conséquemment dans un parti si et seulement si la démocratie interne y réside. Une chose de pourtant toute naturelle, mais qui malheureusement est loin encore d’être instaurée en règle élémentaire dans nos partis légalement constitués et juridiquement reconnus.
Que l’on donne ainsi la chance à la démocratie interne dans les partis pour espérer un jour disposer d’une démocratie à l’image de ce qui se fait de meilleure en la matière.
Ensuite, mon second point sera axé sur la bonne gouvernance qui reste et demeure le socle pour un développement durable.
Nous devons pour cela reconnaître cette vérité fondamentale à savoir que le développement dépend principalement de la bonne gouvernance. C'est l'ingrédient qui fait défaut dans beaucoup trop de pays africains depuis bien trop longtemps.
Je suis convaincu que c'est une nouvelle période de grand espoir qui s’annonce. Seulement cette fois-ci, il faut noter que ce ne seront pas de grandes personnalités telles que Cheikh Anta Diop ou Senghor qui décideront du destin de notre Sénégal mais au contraire Ce sera nous, les hommes et les femmes du peuple et le peuple c’est nous les sénégalais. Ce seront les jeunes, débordant de talent, d'énergie et d'espoir, qui pourront revendiquer et asseoir ensemble l'avenir de notre cher Sénégal.
Aujourd’hui, notre pays abrite en son sein des experts dans presque tous les domaines d’activités et il est inconcevable aujourd’hui que l’on ne puisse pas en bénéficier. Toute la question est de savoir comment y parvenir?
Pourtant, le génie humain est partout .Il est européen, chinois, américain et certainement sénégalais aussi, nous devons juste croire en nous même.
L’avenir du Sénégal appartient aux sénégalais. Le peuple sénégalais est prêt à revendiquer cet avenir.
De ce fait, nous devons accepter et reconnaître qu’aucun pays à commencer par le Sénégal ne peut créer des richesses si ses dirigeants exploitent l'économie pour s'enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 �ou dans lequel le chef de l'autorité portuaire est corrompu.
Avec une meilleure gouvernance, je ne doute guère que le Sénégal tiendra sa promesse de créer une plus vaste base pour la prospérité. Témoin en est le succès extraordinaire de milliers de sénégalais qui brillent dans d’autres pays de part leur compétence. Là où ces sénégalais se trouvent, ils sont respectés, Ils ont donc le talent et ils possèdent l'esprit d'entreprise.
Aux Etats Unis, les Africains dont un grand nombre d'immigrés récents composé spécialement de sénégalais- réussissent dans tous les secteurs d’activité.
La question est de savoir comment s'assurer qu'ils réussissent ici dans leur pays d'origine.
Ce Sénégal est riche en ressources naturelles. Que ce soit dans tous les domaines, les sénégalais ont montré leur capacité et leur volonté de créer leurs propres possibilités. Mais il faut également rompre avec de vieilles habitudes et les faire revenir au bercail pour qu’ensemble nous puisions relever le défi du développement et de la bonne gouvernance.
Avec de puissantes institutions et une ferme volonté, je sais que les sénégalais peuvent réaliser leurs rêves.
C'est le changement de mentalités qui peut déverrouiller les potentialités du Sénégal. Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les sénégalais peuvent s'acquitter.
L'objectif de l'aide à l'étranger doit être de créer les conditions dans lesquelles elle ne sera plus nécessaire. Je veux vraiment voir les Sénégalais autosuffisants sur le plan alimentaire, je veux les voir exporter des produits alimentaires à d'autres pays et gagner de l'argent pour leur bien être. Cela, nous le pouvons dans l’union des cœurs et des esprits. En tous cas, nous devons exiger beaucoup de nous-mêmes et attendre peu des autres.
Il s'agit de savoir si un jeune doté de diplômes peut trouver un emploi qui lui permettra de gagner sa vie; si un agriculteur peut amener ses produits au marché ; ou si un homme d'affaires armé d'une bonne idée peut démarrer une entreprise. Il s'agit de la dignité du travail. Il s'agit d'une chance que doivent pouvoir saisir chaque sénégalais.
De même que la bonne gouvernance est une condition essentielle du progrès économique, elle revêt également une importance cruciale dans le troisième domaine que je voudrais à présent aborder qu’est l'amélioration de la santé publique.
Ainsi, au niveau de la santé, nous devons aussi rappeler que trop de sénégalais périssent toujours de maladies qui ne devraient pas les tuer.
Lorsque des enfants meurent d'une piqûre de moustique et que des mères succombent lors d'un accouchement, nous savons qu'il reste des progrès à faire.
Il faut faire des choix responsables de nature à prévenir la propagation de la maladie et à promouvoir la santé publique dans tous le pays avec l’accès aux soins à toutes les personnes.
En même temps que nous unissons nos efforts en faveur d'une meilleure santé, nous devons également stopper la destruction causée non pas par la maladie, mais par les êtres humains. C'est pourquoi le domaine suivant que je vais aborder se rapporte aux règlements des conflits.
Nous sommes tous des enfants de Dieu. Nous partageons tous des aspirations communes : vivre dans la paix et dans la sécurité ; avoir accès à l'éducation et à la possibilité de réussir ; aimer notre famille, notre communauté et notre foi. Voilà notre humanité commune.
Nous devons ainsi prôner la paix et mettre de l’eau dans les foyers de tensions comme c’est le cas de la Casamance où des innocents meurent, victimes de la rébellion.
Ainsi, il nous faut essayer d’aider à résoudre des problèmes tenaces qui nous gangrènent et de créer les conditions qui permettent aux divers processus de paix d'acquérir un nouveau dynamisme.
Mettre fin aux divers conflits, rétablir la paix et instaurer la stabilité dans les régions en crise doit constituer le changement le plus important et le plus manifeste que nous devons entreprendre.
Il incombe ainsi aux sénégalais de travailler pour promouvoir cette vision de rebâtir notre pays dans la paix, non seulement par des paroles mais aussi par des actes concrets pour encore reprendre de nouveau Goor gui ci Yoff dans l’émission Wakh Sa Khalat de Sud FM: « Le Sénégal est un pays de paix, Dieu fasse que cela perdure ».
Nous pouvons conquérir la maladie, mettre fin aux conflits et réaliser le changement à partir de la base. Nous pouvons faire tout cela.
Et voici ce que nous devons savoir : le Sénégal sera ce que nous en ferons. Nous avons le devoir de responsabiliser nos dirigeants et de bâtir des institutions qui servent leur peuple. Nous pouvons servir nos communautés et mettre notre énergie et notre savoir – faire à contribution pour créer de nouvelles richesses ainsi que de nouvelles connexions avec le monde.
Mais ces choses ne pourront se faire que si nous saisissons la responsabilité de notre avenir. Ce ne sera pas facile. Cela exigera du temps et des efforts. Il y aura des souffrances et des revers.
Le progrès ne viendra de nulle part ailleurs, il doit découler des décisions que nous prendrons, des actions que nous engagerons et de l'espoir que nous porterons dans le cœur de chaque sénégalais.
Je suis sûr et convaincu que si nous faisons cela, nous pourrons, bien des années plus tard, voir que la prospérité s'est forgée, que la douleur a été surmontée et qu'une nouvelle ère de progrès a débuté.
Nous n’avons plus droit à l’erreur, l’époque où le leadership était réduit à son aspect cérémonial est révolue. De notre choix dépendra largement notre fierté quand après plusieurs années nous dirons à nos enfants.
«Voila le Sénégal que nous vous léguons, prenez en soin et finissez ce que nous n’avons pas eu le temps finir et à votre tour remettez le à vos enfants »
Alors faisons appel à un nouvel esprit de patriotisme, de service et de responsabilité où chacun d'entre nous s'attellera à travailler dur et à s'occuper non seulement de sa personne, mais aussi des autres.
Et à ceux qui se demandent si le phare du Sénégal brille toujours, qu’ils sachent que la force de notre nation ne vient pas de la puissance de nos armes …du tout, ou de l'étendue de notre richesse …non plus, mais du pouvoir de nos idées et du degré de patriotisme.
La démocratie, la liberté, l’engagement, la bonne gouvernance et l’espoir inflexible demeurent les termes de références auxquels nous devons essayer d’atteindre.
C'est notre moment. Le temps est venu de remettre les personnes au travail et d'ouvrir les portes de l'opportunité pour nos enfants, de rétablir la prospérité et d'encourager la paix, de penser au devenir de notre pays, de réaffirmer la vérité fondamentale et de refonder un Sénégal nouveau avec des idées novatrices.
Chers patriotes, unissons nos cœurs et nos esprits, essayons de dissiper les incompréhensions et acceptons nous dans la différence et notre Sénégal sera merveilleux.
Nous réaffirmons la grandeur de notre chère nation « Le Sénégal » tout en sachant que la grandeur n'est jamais donnée mais se mérite.
Je ne saurai terminer sans dire Déwénati à tous les sénégalais
« Une année s'en va avec ses joies, ses tristesses et ses richesses, une autre année s'annonce chargé d'espoir .Que 2010 soit pour le Sénégal et pour les sénégalais une année de paix, de succès et de bonheur et de prospérité. »
Diourbel : SOS pour le dernier de la classe.
Au moment de célébrer le cinquantenaire de notre accession à l’indépendance, les bilans d’étape ne sauraient manquer. Ils seront même nombreux et divers, avec pour objet de juger les performances de la «Classe Sénégal». Mais une chose dès lors nous semble claire : les «avertissements de gestion» seront plus nombreux que les satisfécits, et Diourbel se disputera la place du cancre. Comment en est-on arrivé là ?
Si nous faisons appel à Raymond Boudon dans Effets pervers et ordre social1» qui stipule que la résolution d’effets pervers entraîne d’autres effets pervers, nous nous attelerons à dire que ce classement n’est que l’aboutissement d’une succession de mauvaises gestions.
Cet étrange jeu de yo-yo politique auquel se livrent Jacques Baudin et Aminata Tall, avec comme enjeu central l’écharpe de Maire. Une sorte de «bal des vampires» dans lequel les convives sont toujours les mêmes, sans que rien ne change au quotidien des Diourbellois.
Qui ose aujourd’hui croire que cette ville, chef-lieu de région, bassin arachidier, donc bassin de rentes, a été au cœur de l’activité économique ouest-africaine ?
Comme dirait Aznavour, c’est une époque que les moins de 20 ans ne sauraient connaître. Mais la Seib (Société électrique et industriel du Baol), mère de la Sonacos établissement industriel du Baol, puis génitrice de Suneor a été le fleuron socio-économique du Sénégal. Que reste-t-il des grands commerces de l’époque où le Dakar-Bamako faisait le bonheur de la Sncfs et des villes-escales de cet axe ferroviaire?
Apparemment pas grand-chose si ce n’est quelques bâtiments fossilisés d’époque coloniale. De la sorte, nous sommes fondés à nous poser les questions suivantes :
- pourquoi Diourbel, malgré son centralisme géographique, son importance économique et par-dessus tout son apport culturel et religieux doit se contenter d’une considération aussi faible de la part de l’élite politique sénégalaise ?
- pourquoi cette ville historique doit se résigner à son statut peu enviable de simple levier électoraliste pour une classe politique aux ambitions douteuses, du moins celles qui concernent notre chère ville ?
- pourquoi Diourbel devrait se réduire à cette image d’Epinal de «grosse agence de Western Union» parce que dépendante des seuls transferts d’argent de ses valeureux enfants émigrés ?
Pour notre part, nous ne laisserons pas ces préoccupations entre les mains de ceux qui en ont la charge depuis bientôt cinquante ans. Ils ont montré leurs limites. La Passionaria du Pds, actuelle Secrétaire générale de la présidence de la République était censée nous apporter un programme Indépendance 2005 avec son lot d’infrastructures. Il n’en fut rien.
Quant à l’édile actuel, champion de la résurrection politique, il avouait en mars 2000 qu’il était plus préoccupé par la DQ de ses souteneurs que par l’amélioration du quotidien de ses administrés. Curieuse conception de la chose politique ! Chose plus grave encore, quelle insulte pour cette ville, son histoire, ses habitants ! Combien d’acteurs socioéconomiques de premier plan dans ce pays sont des natifs de la région ? Combien l’intelligentsia sénégalaise compte-t-elle de membres originaires du Baol ?
Il semblerait aujourd’hui qu’un nouvel élan soit plus que primordial et salutaire. Et cela je le crois, sera l’œuvre d’initiatives diourbelloises. Un ensemble d’actes posés par et pour les Diourbellois et au nom de Diourbel.
Seulement, il n’est point question pour nous de régionalisme. Diourbel, terre cosmopolite, réceptrice de toutes les cultures (en dignes fils du Fouta nous savons de quoi nous parlons), ne saurait être le terreau de ce mal. Et de mal, nous ne voyons que l’immobilisme et la paupérisation chroniques qui font de notre région en général et de notre ville en particulier, le mauvais élève de la «Classe Sénégal». Cela requiert un renouvellement des générations, des idées, des initiatives. Il est possible de le réaliser, pour peu que toutes les forces vives de Diourbel s’y attèlent ; nous en faisons notre cheval de bataille. Louye jot jotna2 car comme le disait Bourdieu3 : «Pour «changer la vie» il faudrait commencer par changer la vie politique.»
Abdourahmane LY
Doctorant -Rouen
Abda.ly@voila.fr
1 (1977), Paris, PUF
2 Il est grand temps
3 Magazine les Inrockuptibles-16 Décembre 1998
Quand la proposition de Wade n’enchante pas certains Haïtiens
A l’instar de la communauté internationale qui est au chevet de la République de Haïti dévastée par un séisme la semaine dernière, le président de la République du Sénégal n’a pas voulu être en reste. Comme d’habitude, il s’est singularisé avec une proposition qui est jugée saugrenue plutôt que rationnelle. En écoutant l’émission «Appels sur l’actualité» de Rfi, j’ai pu me rendre compte que l’appel de Wade est loin de faire l’unanimité. Des Haïtiens qui ont appelé pour intervenir dans l’émission ne partagent pas cette idée qui est pourtant noble à mon avis. Mais la question que beaucoup d’auditeurs se sont posée est de savoir où est-ce que l‘on accueillera tous ces milliers de sans abri ? Avec quels moyens vont-ils être pris en charge si l’on sait que l’Afrique vit à partir des aides et que peu de sénégalais vivent avec 1 euro par jour. Déjà, la Casamance est un foyer de tension où des populations ont quitté la localité pour se refugier ailleurs. Cette lancinante question n’est pas encore réglée et l’on veut nous faire venir d’autres personnes chez nous. Que c’est utopique de vouloir créer une autre Nation en Afrique ? Même si notre continent est le berceau de l’humanité, il n’en demeure pas moins qu’elle reste aujourd’hui le dernier de la classe.
Nous compatissons avec ce peuple noir touché dans sa chair, mais je pense sincèrement que, comme le dit l’adage, charité bien ordonnée commence par soi-même. N’est-ce pas ? Humainement parlant, on ne peut pas rester les bras croisés sans apporter une aide à l’endroit des Haïtiens, il le faut certes, mais n’oublions pas que la plus belle femme au monde n’offre que ce qu’elle a. Et nous Africains/Sénégalais, je ne pense pas que nous avons des terres à donner. En soumettant cette proposition, notre Président bien aimé a-t-il voulu se faire distinguer par l’opinion internationale. Veut-il encore des distinctions comme le pensent certains dans leur intervention ?
En tant que Sénégalais, j’ai été plus que choqué lorsque j’ai entendu un intervenant dire que le Président profite de ce malheur pour faire de la récupération. Mais en écoutant toujours l’émission «Appels sur l’actualité», je me dis que nous assistons plutôt à un effet boomerang contrairement à l’effet escompté par Abdoulaye Wade. Telle est ma lecture de la chose. Une auditrice burkinabè a même poussé le bouchon plus profond en disant que nous Africains ne parvenons même pas à limiter les dégâts du paludisme, le Sida fait des ravages dans notre continent et on regarde de manière impuissante cette situation perdurer. C’est vrai ! Combien sont les personnes qui meurent de paludisme ou de Sida ? Elles sont très nombreuses et les chiffres le confirment. En Afrique, nous avons nos calamités que nous aimerions un jour résoudre. Alors cet élan de solidarité développé à l’endroit des Haïtiens est très salutaire je trouve, mais je pense personnellement que d’autres continents sont beaucoup plus habilités à les accueillir.
En clair, cette idée d’accueillir d’autres personnes doit être abrogée parce que nous n’avons pas les moyens matériels et financiers de les supporter. Au risque de créer des souffrances à ces Haïtiens, laissons les grandes Nations s’occuper de leur avenir. Je ne suis pas alarmiste mais je sais un peu comment ça marche au Sénégal. Pour preuve il fallait écouter une émission radiophonique 50/50 (fifty-fifty) qui passe sur la West Africa Democracy Radio- WADR (94.90 FM), l’émission portait sur la migration des femmes. Des femmes refugiées ont été interrogées sur leur accueil au Sénégal. En les écoutant, j’ai même eu du mal à croire qu’elles parlaient du Sénégal jadis considéré comme pays de la Téranga. Elles souffrent le martyre ces refugiées, elles sont laissées à elles-mêmes sans l’aide nécessaire alors qu’il y en a certaines qui ont des enfants à nourrir. Faute de moyens, elles versent dans la mendicité ou dans la prostitution afin de pouvoir subsister. A partir de ce constat, comment peut-on aujourd’hui accueillir des milliers et des milliers de personnes si l’on sait que les refugiés sierra-léonais ou venant d’autres pays ne faisant pas un million (je peux me tromper sur le chiffre) remuent ciel et terre pour avoir la pitance ? Y’en a marre des idées chimériques et saugrenues ! La priorité pour l’heure est d’apporter une aide rapide car on n’a pas le temps de discutailler sur des projets qui sont à l’état embryonnaire. Faudrait-il pour le président de la République, trouver d’autres idées qui susciteront de moins en moins la risée internationale.
Abdoul Aziz DIOP / 11novembre@live.fr
Haïti : ce qu’il faut ajouter…
Devant une assemblée d’officiels séduits au palais de la République l’autre jour, le Pr Iba Der Thiam a fait un brillant exposé sur l’histoire combien mouvementée et tragique de Haïti. Il a en somme montré comment, pour avoir osé arracher son indépendance de la main du colonisateur français, Haïti s’est vu couper les vivres, injustement mis au ban des Nations, et malheureusement abandonné à son triste sort de pays libre, ce qui fait que seul face aux défis cruciaux que posa l’entreprise de construction nationale (la redistribution des terres et la cohabitation entre les Noirs et les Mulâtres) au lendemain de son indépendance, Haïti est devenu non seulement le pays le plus pauvre de l’hémisphère nord, mais l’un des pays les plus pauvres au monde. A titre indicatif, le Pib haïtien est l’équivalent de seulement dix jours de recettes de la chaîne de supermarché américaine Wal-Mart, ce qui donne la mesure de la grande pauvreté qui sévit à Haïti.
Ce qu’il faut ajouter, c’est que Haïti a été abandonné non seulement par les Etats, la France et les autres puissances occidentales, mais même par les organisations caritatives à base religieuse, les faith-based organisations : pour avoir refusé l’évangélisation et tenu, de son plein droit, à conserver son authenticité africaine, ses racines religieuses africaines, les religions traditionnelles du continent, notamment le vaudou que les esclaves débarqués en Amérique amenaient avec eux. Haïti aura aussi été abandonné par les organisations caritatives d’obédience chrétienne, et lamentablement laissé sans secours. C’est pourquoi, face au destin qui s’est acharné sur Haïti depuis lors (les cyclones, les inondations et le séisme extrêmement meurtrier de la semaine dernière), certains évangélistes haineux (comment l’appeler autrement quand ils oublient que ce sont des êtres humains qui souffrent et qu’il faut secourir avant de chercher à leur inculquer la croyance religieuse) comme Pat Robertson de la droite religieuse aux Etats-Unis et feu Samuel Huntington, théoricien du «choc des civilisations» en sont arrivés à dire que Haïti est maudit, ce qui veut dire que c’est le Seigneur qui dans sa colère lui a jeté un sort, et qu’il faut par conséquent l’abandonner à cette abominable situation.
Haïti est resté authentique, car après tout, qu’on l’admette ou non, les religions dites modernes pour lesquelles on s’étripe aujourd’hui et qui causent tant de drames sur le continent (comme au Nigeria où les violences interreligieuses sont fréquentes et très sanglantes), sont des produits importés. Il s’y ajoute que c’est dans une large mesure pour avoir collé à leurs propres traditions tout en domestiquant les capacités techniques, qui du reste sont plus universelles et donc plus adaptables, que des éléments d’une civilisation étrangère, que les pays asiatiques ont pu se hisser au niveau de croissance économique qu’ils ont atteint aujourd’hui : le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud… En revanche, le retard accusé par les sociétés du continent est dans une certaine mesure attribuable au fait que ces sociétés se sont occidentalisées trop et trop vite dans le domaine de la culture (la langue du colonisateur au mépris des langues locales incontournables, les religions révélées au mépris des croyances traditionnelles qui rassurent les populations, ou encore les signes extérieurs comme l’accoutrement et autre attirail qui reflètent le mode de pensée étranger, mais aussi les grandes théories comme le socialisme, le marxisme, le libéralisme qui n’ont aucune prise sur les réalités vécues par les peuples…) et beaucoup moins dans le domaine de la technique : l’inventivité, l’innovation technologique, les moyens de la création de richesses…
Par ailleurs, où donc réimplanter des Haïtiens sur le continent africain ? Les Haïtiens, ce sont des Haïtiens ! Les Haïtiens ont certes l’âme africaine, mais ils n’ont pas une culture africaine. Car la culture n’est pas statique, elle est comme un chantier dont les fondations sont bien enracinées dans la terre où il s’implante, un chantier en perpétuelle évolution, soumis aux vents extérieurs et aux intempéries, et jamais achevé. La culture, comme le disent les théoriciens anglo-saxons, c’est work-in-progress. Ce qui fait que les Haïtiens d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec leurs ancêtres arrivés du continent, il y a plusieurs siècles. Les Haïtiens ont leur propre langue, et ils ont une culture spécifique qui est bien entendu le produit de cette histoire douloureuse et injuste, et de la géographie qui en les isolant dans une position insulaire les laisse facilement à la marge de la marche du monde.
Ce qui nous semble plus judicieux et sans doute plus réalisable, c’est de jeter les ponts entre l’Afrique et Haïti. Aujourd’hui, quels sont les pays africains qui ont au moins une représentation diplomatique à Port-au-Prince ? Il faudrait faire un effort pour en trouver ! Plutôt que d’inviter des Haïtiens à revenir sur la terre de leurs ancêtres, au moment où nombre de pays occidentaux adoptent des orphelins haïtiens, peut-on se payer le luxe d’en faire autant si tous les jours nous croisons dans nos rues de petits enfants qui mendient, au point que ce spectacle si désolant ne choque plus que les étrangers dans notre pays.
Haïti n’en est pas à son premier désastre. Plus que beaucoup d’autres pays au monde, le pays de Jean-Jacques Dessalines qui proclama l’indépendance de l’île en 1804, de Jean-Pierre Boyer qui réunifia le pays pour mettre fin à la sécession, et surtout de Toussaint-Louverture, qui eut le courage légendaire de proclamer dès 1801 l’autonomie de l’île contre Bonaparte, ce qui lui valut la déportation et la mort dans le Jura français, ce pays-là a particulièrement ressenti la main lourde du destin. Quand, après tout, l’émotion née du séisme sera retombée, il faudrait penser à ouvrir au moins une représentation sur le terrain, pour poser les bases d’un échange entre les pays, et par ailleurs inscrire l’histoire combien tourmentée de ce pays à la fois si proche par l’histoire et le sang, le premier Etat noir indépendant, et si lointain par la géographie et les réalités, dans les programmes scolaires pour élever le niveau de conscience des jeunes écoliers et inspirer les générations à venir.
Abou Bakr MOREAU -Prof. d’Etudes américaines lsh - Ucad Dakar