dans les techniques et formes de lutte syndic
Dans cette large gamme de modes de lutte syndicale que j’ai énumérés, vous aurez constaté que la grève de la faim n’y figure pas. Cette forme de lutte n’est donc pas la nôtre, même si elle est utilisée par une partie du mouvement revendicatif comme les politiques ou les détenus en milieu carcéral.
On peut cependant noter que nous partageons quelques formes de lutte avec certains secteurs du mouvement revendicatif.
Si je prends le cas des politiques, j’ai noté au moins neuf formes de lutte que nous partageons :
la protestation verbale
la pétition
la manifestation de ville (marche par ex)
la manifestation nationale ou internationale
l’intox
le discrédit
la réprobation
le boycott
la désobéissance civile
La plus lourde responsabilité du dirigeant syndical est de bien cerner le conflit afin de définir la forme de lutte la plus appropriée par rapport aux enjeux, car la lutte doit chercher la complicité et le soutien des populations, bien expliquer les revendications, éviter de gêner le plus possible les populations usagères. La lutte syndicale doit nuire à l’employeur mais pas aux usagers et aux salariés.
Quoique la légalité s’accommode mal à nos intérêts, il faut user le plus possible de la légalité et éviter ainsi les représailles justifiées. Nous sommes souvent obligés d’agir dans l’illégalité pour satisfaire un objectif précis (piquets de grève par ex), car la loi érigée par les Etats n’est pas toujours neutre et sert plus les intérêts du capital que ceux de la classe ouvrière. Chaque forme de lutte correspond à un enjeu donné ; ne jamais décréter une grève insurrectionnelle pour un enjeu que la protestation verbale peut régler.
Maintenir la pression en graduant la lutte, se méfier des faux radicaux, tous ceux qui prônent le radicalisme ne sont pas toujours sincères, progresser crescendo car partir fort pour revenir en arrière est un signe de faiblesse et peut être fatal.
Pour en revenir à la situation syndicale de notre pays, la classe ouvrière n’a pas à verser dans le découragement et dans le désespoir. Les travailleurs doivent se ressaisir pour reconstruire la solidarité ouvrière pour ensuite exiger de leurs dirigeants une meilleure conduite de leurs luttes.
Tous gagneraient à aider à la recomposition du paysage syndical et à son renforcement, l’Etat en premier.
Pour un dialogue social de qualité, il faut des partenaires légitimes et crédibles, la paix sociale en dépend. La tendance actuelle est toute autre, car j’ai l’impression que l’Etat aide à la dispersion des forces syndicales, opte pour une plus grande diversité de ses interlocuteurs en les décrédibilisant le plus possible ; sinon, comment expliquer son manque de volonté à organiser les élections de représentativité syndicale. Les autorités gagneraient à prendre conscience que la paix sociale n’a jamais été aussi menacée dans un contexte ou la démocratie sociale la plus élémentaire est bafouée, où les conditions de vie et d’existence des masses laborieuses sont plus que précaires, où les syndicats n’arrivent plus à mobiliser et que la lutte est totalement désorganisée au point que n’importe qui peut prendre la direction des luttes et que d’autres acteurs qui n’ont ni la compétence, ni la formation encore moins l’expérience prennent goût à la mobilisation, à la protestation et à la conduite des luttes.
Le même risque de se faire déborder et d’être déboutés est encouru par les dirigeants syndicaux que nous sommes. Nous gagnerions à reléguer nos modestes personnes et nos postures au profit d’une unité organique pour le renforcement du mouvement syndical qui n’a que trop souffert de son émiettement.
Chers camarades, je suis convaincu qu’il n’est pas trop tard de rectifier, à contrario, l’histoire retiendra que c’est durant nos mandats que les forces syndicales se sont le plus effritées et ont opéré un recul dans ses formes de lutte, installant les travailleurs dans le désarroi et dans le désespoir, or nous avions pris l’engagement d’apporter au mouvement un nouveau souffle syndical pour de nouvelles conquêtes sociales.
FIN
Cheikh DIOP - Secrétaire Général de la Cnts/Fc