le poulailler
Abdoulaye Wade-Idrissa Seck : Crâne d’œuf et tête d’œuf vont en bateau…
Au théâtre, le poulailler est cet endroit d’où on peut le moins bien voir les protagonistes d’une pièce sur scène. En revanche, c’est le lieu d’où l’on peut, le mieux, embrasser du regard toute l’assistance.
Tristes Tropiques ! Etait-ce l’hommage posthume du Parti démocratique sénégalais à l’anthropologue de renommée mondiale, Lévy-Strauss, récemment disparu ? La politique telle qu’elle se pratique sous nos cieux n’est décidément pas faite pour les oies blanches. Après les cogitations stratégiques du crâne d’œuf le plus célèbre du Sénégal et la tempête sous les crânes des aspirants-vizirs du parti majoritaire, le parti-qui-veut-régner-pour-cinquante ans vient de rappeler, cette semaine, sa tête d’œuf la mieux remplie, Idrissa Seck, à revenir une fois pour toutes dans la basse-cour. Pour y mettre les formes, il lui a bien fallu endosser le rôle du demandeur, en recevant cette semaine à Thiès, ville dont il est le désormais inamovible maire, le président, le ban et l’arrière-ban de la République, pour une ré-inauguration d’usine de montage de bus.
A montage, montage et demi. A l’occasion de ces pénultièmes (ou dernières ?) retrouvailles entre Wade et Idy, ce dernier n’a pas manqué de se comparer à l’œuf de l’adage, qui ne devrait point affronter notre Rocher de Sisyphe à tous, Abdoulaye Wade, ci-devant chef de l’Etat. Pot de terre-Idy, qui s’est proclamé publiquement pétri des mains expertes de Pot de fer-Wade, est de retour aux cuisines, et bientôt, aux affaires (Vice-présidence ?). Si Idrissa Seck est l’œuf, il faut bien qu’il soit né de la poule, gallinacé toujours préoccupé de sa pitance, dont le gésier est certes rempli de cailloux, pour aider à la digestion des diverses denrées qu’il picore sans discernement et dont on sait qu’il n’hésite point à boire ses propres œufs. Analogie de l’œuf ?
Enième ‘ndiomborerie’ du disciple le plus accompli de Me Wade, Idrissa Seck, qui sait bien que de l’œuf ou de la poule, on ne saura vraiment jamais qui a eu la prééminence de venir en premier et lequel provient de l’autre. Lors de la présidentielle de 2007, Idrissa Seck s’était porté candidat en empruntant le récépissé du fantomatique Front pour le progrès et la justice (Fpj) de l’enseignant-politicien, Insa Sankharé. Idy, ancien quasi-président, avait ainsi décidé de ne plus mettre ses œufs dans le même panier, après que son père putatif de président l’eut traité de ménagère peu scrupuleuse avec l’argent à lui confié et précautionneusement soustrait de la dépense quotidienne des Sénégalais, par le président, dans sa gestion de bon père de famille, certainement en prévision des périodes de soudure qui ne manquent jamais de survenir dans notre pays sahélien.
Maintenant qu’il est clair que la seule manière pour que la mayonnaise prenne est que tous reviennent, Idrissa Seck peut fondre son parti, Rewmi, qui n’a jamais existé que de nom car n’ayant jamais reçu de récépissé du ministère de l’Intérieur, dans l’encore en gestation Parti démocratique sénégalais libéral (Pdsl) qui, lui, réalise la prouesse d’exister concrètement, avant même que d’avoir été légalement reconnu, du fait de la seule volonté divine ou dit vaine, c’est selon, du président Wade.
En attendant de savoir à quelle sauce l’électorat sénégalais sera mangé en 2012 (un tour ou deux tours ?), chapeau les artistes ! Morale de l’histoire : on ne fait point d’omelettes sans casser les œufs…
Quid de Jean-Paul Dias, Alioune Badara Cissé (bras droit le l’ex-Premier ministre Macky Sall), autres ‘enfants égarés’, également appelés à cette occasion par le ‘père’ Wade à rejoindre le bercail Pdsl ? Ils ont choisi de jouer les vierges effarouchées ou de se réfugier dans le mutisme, voilant des deux mains leur coquille, qui comme chacun sait, désigne cet objet rigide, de forme approximativement triangulaire, que les hommes peuvent porter lorsqu'ils pratiquent certains sports, notamment les sports de combat, pour protéger leurs parties génitales des chocs. Est-ce la bonne posture, dans cet autre sport de combat qu’est la politique, et qui au Sénégal s’apparente plus au judo qu’au pugilat ? On saura bien si leur pari de confondre morale et politique est le bon. 2012, c’est déjà demain.
Ousseynou Nar GUEYE Journaliste Consultant en Propriété intellectuelle ogueye@uwinternational.com