Dernier rempart d’un peuple trahi
Je parle en cet instant précis de cette valeur immuable que l’on a appelé jusqu’ici la probité, l’honnêteté intellectuelle, la moralité, la loyauté envers ses concitoyens, l’incorruptibilité, l’intégrité et enfin le dévouement incessant envers sa Nation. Je dis ou plutôt je répète qu’un pays ne vaut qu’à travers la valeur tangible de ses fils.
Indéniablement, ce ne serait nullement faire la fine bouche que de dire que ces dites valeurs ont été en grande partie tronquées depuis belle lurette chez tous ceux qui évoluent dans les sphères partisanes de la politique politicienne et qui nous étouffent et nous prennent de plus en plus en otage. Entre ceux qui nous tournent en bourrique parce que haut perchés sur les arcanes du pouvoir et les autres qui nous étourdissent par des velléités contestataires parce que voulant accéder aux délices de ce même pouvoir, il doit y avoir de la place pour une troisième catégorie d’hommes et de femmes (aujourd’hui, enfin organisés en Mouvements citoyens) que seul le devenir harmonieux de notre beau pays fait courir.
Des Mouvements comme «Luy jot jotna», «Fekkee ma ci boolee» ou comme ceux du marabout Mansour Sy «Djamil» que tous les patriotes sénégalais prennent volontiers pour défenseur de la République et de la citoyenneté, ont aujourd’hui plus que jamais le devoir de se faire entendre, de contester la primeur des débats à la caste des politiciens marqués par leur appartenance antagoniste et d’organiser surtout une riposte à la hauteur des espérances des populations, de l’Etat et de la République agressés, banalisés et dépersonnalisés de plus en plus.
Doivent-ils laisser nos concitoyens chaque jour encore plus vulnérables que jamais, notre Nation encourant de plus en plus le risque de son éclatement, notre République rampant inexorablement vers sa disparition Il est vrai que du côté du pouvoir tous ceux qui prennent le soin d’élever la voix pour opposer une quelconque résistance, une banale contradiction ou une légitime réserve sont étiquetés, combattus et invités laconiquement à descendre sur le champ politique. L’opposition quant à elle assimile par pure hypocrisie toute critique à son encontre comme un soutien indéfectible au pouvoir en place. Les Mouvements citoyens devront-t-ils accepter d’être l’otage des politiciens
: parfois, on en arrive même à utiliser l’appareil répressif de l’Etat contre toute velléité d’épanouissement ou d’éveil de la conscience citoyenne individuelle et/ou collective. Tout silence nous paraîtra forcément comme coupable ou comme complice même si nous comprenons qu’il soit parfois motivé par l’obstruction et l’ostracisme que ne cesse d’exercer la classe politique (surtout celle aux commandes de notre destin national) sur eux pour d’aussi grands intellectuels, il y a un devoir et un impératif de participer à l’évolution des hommes, de la cité et des institutions sans quoi ils céderaient lâchement au chantage insipide de véreux manipulateurs et de cyniques politiciens prompts aux sales combines de toutes sortes pour assouvir des intérêts partisans. Le rôle des Mouvements citoyens (que tous les patriotes de ce pays ont salué à la naissance) est d’éduquer, d’informer, de mettre en garde le peuple contre tous les périls inhérents aux combines et autres accros à la démocratie et à l’expression de la dignité humaine. Ce rôle, c’est aussi se mettre debout, telle une sentinelle, et faire face à ceux qui manipulent nos maigres Finances publiques sans nous rendre nullement compte et qui les utilisent à l’achat de consciences et à l’entretien d’une clientèle politique, véritable chienlit abjecte et répugnante qui déshonore quotidiennement notre Nation. Je disais que ces messieurs et ces dames de valeur qui se réclament des Mouvements citoyens ont une responsabilité devant Dieu et devant leurs semblables, devant la Nation qui les allaita de son sein et devant la République à laquelle ils doivent fidélité et protection
; rien ne saurait ni l’arrêter ni l’incommoder. La fameuse Présidentielle de deux mille douze a fini d’occuper tous les esprits, chaque camp politico-maffieux peaufine sa stratégie pour mieux ferrer, mieux amadouer un peuple abandonné à ses déceptions, à ses désillusions, à ses déboires et qui cherche désespérément un appui et un soutien pour se relever. : que la dignité du peuple en soit ternie, que les fondements de la Nation en soient fissurés, que les atours de la République y soient salis Le politicien professionnel que nous connaissons dans notre pays crée chaque fois que possible les conditions de son accès au pouvoir, si ce n’est de s’y maintenir à souhait
: la religion instrumentalisée nous pousse petit à petit vers l’affrontement confrérique, les lobby politico-affairistes saccagent les maigres fruits d’un demi siècle de labeur collectif et d’assise institutionnelle, la gangrène maffieuse et intellectuelle au sommet de l’Etat nous barricade amèrement dans un cyclone d’antivaleurs qui sapent nos mœurs et lessivent notre conscience commune. : devant les enjeux qui nous taraudent, les Mouvements citoyens couvant le peuple dépité, doivent exiger et imposer une alternative autre que le choix imposé entre les deux termes traditionnels (pouvoir/opposition) qui ont fini de nous essouffler. La vérité ne peut tenir uniquement entre les mains des seuls politiques, ces politiques qui occupent l’espace depuis cinq décennies déjà avec tout le lot de frustrations et de mal-être qui nous hérissent la raison. La Nation sénégalaise dans son ensemble a besoin de défense, de paravent car agressée et parfois laminée par un geste et un verbe politiciens incendiaires Aujourd’hui plus que jamais, la rupture est de mise; le parti politique (surtout celui qui tient le pouvoir) prend le dessus sur la République, réduite à sa plus faible expression. Le bateau Sénégal tangue dangereusement et il est plus que temps d’en reprendre les commandes. Aux insuffisances des politiques, il faut maintenant opposer la virginité d’hommes et de femmes au souffle novateur et salvateur issus des Mouvements citoyens et pourquoi pas de la diaspora. : le sentiment d’appartenir à un groupe snobe la noblesse des idéaux républicains et de la citoyenneté La République crie vengeance devant les atermoiements successifs de ces pourfendeurs qui veulent (sans oser ouvertement le dire) lui substituer une monarchie certes encore rampante mais très subtile avec le règne des abus, des forfaitures, des immixtions et du favoritisme entre des citoyens déboussolés, car très inégalement traités. Le citoyen cède le pas au partisan
; leur place idoine se confond maintenant avec la recherche inlassable de l’émergence du citoyen nouveau, cette icône capable d’en découdre avec les fossoyeurs de sa liberté et de son épanouissement global. De la théorie sur les droits humains, sur les droits spoliés de nos concitoyens, elle doit passer à l’acte, ce geste salutaire que l’on offre comme exemple, comme miroir et comme trampoline au peuple qui n’en demande pas plus. Ces dits Mouvements ne peuvent plus se résumer aux seuls colloques et autres conférences
Pour cela, ces gentlemen nous doivent une réelle implication dans les «affaires» des hommes et de la cité. Le peuple a vraiment besoin d’un discours nouveau qui galvanise les énergies; bref ce verbe qui fait mûrir et grandir. d’une nouvelle motivation qui réveille le goût à l’effort de production, d’un sursaut national à dessein. Ces hommes et ces femmes nouveaux nous doivent la compromission, cette compromission qui aide à vivre et à demeurer soi-même. Ils nous doivent un accompagnement dans nos efforts de survie, dans notre quête d’une nouvelle citoyenneté seule gage d’un Sénégal émergent et réellement démocratique. Ils nous doivent la bonne parole, cette parole qui éduque, enseigne et informe
Je sais que ceux qui commettent le mal ne font pas peur, peut-être ne connaissent-ils pas le bien. Sont dangereux pour l’espèce humaine, les hommes de bien qui laissent commettre le mal sans réagir. J’ose espérer, comme tous nos compatriotes soucieux du devenir de notre Nation et de la sauvegarde des acquis de notre République, que les hommes et femmes qui se réclament des Mouvements citoyens, continueront à se dresser comme un rempart infranchissable dans la défense de notre cher pays
? Soyez alors cette table et cette bibliothèque pour nous, ce peuple trahi par l’Alternance du 19 mars 2000! Savez-vous qu’au restaurant, devant une table bien servie, l’homme ne choisit que ce qui fait la subsistance de sa chair et qu’à la bibliothèque, devant des rayons bien garnis, ce même homme ne choisit que ce qui fait la subsistance de son esprit Ne tombez pas dans les pièges dégradants de la tentation du pouvoir mais plutôt, aidez-nous s’il-vous-plaît à mieux le remettre entre de bonnes mains
? Ah, pendant que j’y pense à ce Bénin de la succession croisée Soglo/Kérékou, quelle serait cette âme charitable qui arriverait à nous faire revenir Abdou Diouf l’homme d’Etat avisé et le républicain avéré
Amadou FALL - Enseignant à Guinguinéo / Zemaria64@yahoo.fr;zemazia64@hotmail.fr