TRANSE DE VANITE
CAMPAGNE POUR LE RETOUR A L 'ANCIENNE TARIFICATION DU COURANT
Où va le Sénégal?
Les Sénégalais, sous perfusion, n'en peuvent plus!
La suppression de la subvention du gaz butane va nous achever inéluctablement!
NON AU REVERSEMENT DE NOS MAIGRES SALAIRES ET NOS TRES MINCES PENSIONS DE RETRAITE A LA MORIBONDE SENELEC !
NE RENDANT AUCUN SERVICE AU PEUPLE, LE SENAT DOIT ETRE SUPPRIME ET SON BUDGET UTILISE POUR LE REGLEMENT DEFINITIF DU PROBLEME
Le peuple réclame des actes
C’est demain que Wade va s’adresser à la nation, pour son discours de fin d’année. Sincèrement, Gorgui, il faut nous épargner des promesses mirobolantes qui finissent toujours dans les poubelles de l’histoire. Les préoccupations actuelles de vos compatriotes sont aujourd’hui, la cherté de la vie, alors que le prix du baril du pétrole a drastiquement chuté. Vous aviez profité d’une hausse du prix de cet or noir pour procéder à une augmentation exagérée des denrées de première nécessité. On n’en peut plus. Les factures démesurées de la Sénélec, alors qu’il n’ya pas de distribution correcte du courant, ont donné l’estocade à ce vaillant peuple. Les assassinats et tortures au niveau de Kédougou doivent s’arrêter, et les coupables châtiés. L’heure doit être à l’apaisement. Et plus jamais çà ! Ce pays n’en a pas besoin. Le peuple a soif d’un discours de vérité, d’un véritable président de la République, et non d’un expert ès politique politicienne.
( Mor Todjangué )
Seneweb.com:
Quelle neutralité partisane Monsieur Le Président
Il y a quelques jours notre Président bien aimé disait à Paris «Dans cette affaire, je garde ma neutralité». Par « Dans cette affaire » entendez la volonté prêtée à la famille Wade de vouloir faire remplacer le père par le Fils. Il est vrai que personne n'a jamais entendu Wade Père ou Wade Fils avouer un tel dessein. Cependant, il y a des signes troublants qui font que chaque Sénégalais se pose des questions. Pourquoi?
Parce que chacun a entendu Wade Père, parlant de Wade fils, dire « Je dirai à ta mère que tu as bien travaillé » alors même que les travaux qui lui avaient été confiés accusaient un retard considérable. En outre, Wade Père nous avait assuré qu’il n’y aurait aucun centime du trésor engagé dans ce projet.
Quand le président de l'assemblée nationale, maison des représentants du peuple (en théorie), a voulu entendre Wade Fils pour qu'il nous dise comment tout cet argent avait été utilisé, il a reçu une fin-de-non-recevoir et une mise en demeure. Partant, mission a été donnée à la majorité mécanique présidentielle de le destituer, et il en fut ainsi. De Gaulle dirait à ce propos « L'intendance suivra ». Oui hélas, l'intendance a suivi, comprenez intendance comme cette « nébuleuse » qui s'occupe, une fois la décision prise, de toutes les questions d'ordre pratique pour la mise en œuvre de cette décision. Certes, le fusible était un dénommé Saada Ndiaye, mais chacun savait que l'électricien n'était rien d'autre que Wade Père, celui qui veut « garder sa neutralité ».
Par ailleurs selon les dires d'Idrissa Seck, le nouvel ancien futur ex futur ... fils spirituel de Wade Père, ses problèmes avec Le Père ont commencé le jour où ce dernier lui a posé cette question « Que penses-tu de Karim, comme mon successeur ?» et Idy répondit en présence de Karim « La seule fois dans l'histoire où le Fils a voulu prendre la place du Père, il a été crucifié ». Et après s'en suivra ce qui s'en suivit et que nul n'ignore... Wade Père avait usé du caractère mécanique de l'intendance. Et il veut toujours « garder sa neutralité ».
Les deux concurrents directs du Fils ont été écartés toujours par volonté de « garder sa neutralité ». Reste maintenant l'opposition dite « significative ». Il les laisse s'empêtrer dans ce qu'ils appellent les « assises nationales ». Et pour couronner le tout il ajoute, comme pour s'octroyer plus de crédit, devant les représentants des familles religieuses convoqués au palais «Si on me montre des idées nouvelles que je n'avais pas, je les mets en œuvre » et transforme cette opposition en « têtes chercheuses ». Pendant ce temps Wade Père continue d'avancer sereinement ses pions pour la mise en place de sa succession, ou pour son remplacement par son Fils. Jules Diop disait « C'est le seul projet que Wade mène avec méthode ». Mais bon, attendons qu'il nous le dise car il veut « garder sa neutralité ».
Pour finir, il reproche à Macky de chercher des militants, mais depuis quand interdit-on à un homme politique de rechercher des militants? Cette question mérite d'être posée même si je n'ai aucune considération pour Macky, encore moins pour Idy. En effet, pendant ce temps, son fils à carte blanche, il en fait « le génie » que le Sénégal attendait: il a été l'homme le plus médiatisé en 2008 et on nous dit qu'il sera l'homme qui fera 2009. Rappelons quand même une chose: le seul mérite de l'homme c'est d'être le fils de son Père. Cela semble suffire comme CV. Il lui donne carte blanche, sans entretien d'embauche, pour aller chercher des militants où bon lui semble... Non c'est normal, son père ne dit rien, il veut toujours « garder sa neutralité ».
Eh bien, quand on affaiblit l'ensemble des potentiels adversaires, quand on arme lourdement son candidat préféré, on peut affirmer « sa neutralité ».
Eh bien quelle neutralité partisane, Monsieur le Président.
Babacar GUEYE
babakash@gmail.com
Mr le president, ne savez-vous pas que les memes causes, produisent les meme effets?
Mr le Président, à la lecture de certains évènements qui viennent de se dérouler au Sénégal, je ne peux m'empêcher de me demander si vous connaissez bien l'histoire du Sénégal. Ou, peut-être que vous la connaissez bien, mais que vous avez décidé de n'en faire qu'à votre tête. En tant que citoyen soucieux du devenir de mon pays, je me dois de vous rappeler quelques faits importants.
Le 26 décembre 1982 a eu lieu à Ziguinchor, une marche sur la gouvernance et la radio, marche qui consacra le début de la rébellion en Casamance. Depuis cette date, soit 26 ans, l'armée y est sans pour autant qu'une issue n’ait été trouvée a la crise. Vous venez de commettre la même erreur, 26 ans après, jour pour jour, en assiégeant la ville de Kédougou, et en procédant à des arrestations tous azimuts en pleine nuit comme du temps de l'URSS ou de L'Allemagne Nazie.
Cette seule réponse que vous avez contre tous les problèmes que vivent les populations de Kédougou et qui sont bradage et expropriation des terres, exploitation de l'or de Sabodala pendant qu'une bonne partie de la population meurt de faim, mépris de la population de Kédougou qui voit la richesse de leur sol exploitée par des étrangers avec une main d'œuvre venue des autres régions du Sénégal, était la même réponse qu'avait le gouvernement de Senghor face à la colère grandissante des populations de la Casamance. Ce qui avait échappé aux autorités d'alors, et qui sans doute vous échappe à vous aussi, vous le trouverez sans nul doute dans ce texte d'Alain:
"La force ne peut triompher que de la force. Seulement la force qui triomphe c'est la force organisée, coordonnée. De plus, comme les faibles sont en général plus nombreux que les forts, et comme, ayant moins de confiance en eux-mêmes, ils sont plus portés á s'unir entre eux, l'union réalise la force des faibles, c'est-a-dire justement le contraire de la force, la force au service du droit. L'union défensive des faibles contre les forts, des pacifiques contre les brutaux, voila le droit véritable, le droit puissant, le droit non plus idée mais chose, le droit arme. Il ne faut donc pas dire seulement "L'union fait la force", il faut dire " l'union fait le droit". "(Alain, le Culte de la Raison comme fondement de la république)
Je sais, Mr le président, que vous avez plus de conseillers que de ministres dans votre pléthorique gouvernement, mais ils pouvaient au moins avoir la clairvoyance de vous dire que les mêmes causes ont toujours produit les mêmes effets, et que Kédougou risque de ne pas faire exception à la règle.
Vive le Sénégal, Gloire à ses enfants!
Amath Diouf
Nettali : Mardi 30 Déc 2008
AID TRANSPARENCY TIRE LA SONNETTE D’ALARME : Le domaine maritime bradé à 600 milliards de Fcfa par des affairistes
NETTALI.NET - L’Ong Aid Transparency tire la sonnette d’alerte. Dans un rapport rendu public ce lundi 29 décembre, l’Ong Aid Transparency que dirige M. Jacques Habib Sy dénonce la façon dont le domaine maritime est bradé au Sénégal. Le désastre est énorme aussi bien sur le plan financier que dans le domaine environnemental. 600 milliards de Fcfa, soit la moitié du budget du Sénégal, c’est le montant versé dans la besace de ceux qui bradent le domaine maritime.
L’Ong Aid Transparency va en guerre contre ceux qui bradent le domaine maritime. Dans un rapport rendu public, Aid Transparency met la lumière sur l’ampleur du bradage du domaine maritilme au Sénégal. 600 milliards ont été collectés par ceux qui vendent illégalement le domaine maritime national. Selon le rapport de Aid Transparency, ce bradage du domaine maritime national s’effectue au profit d’une classe hégémoniste.
Jacques habib Sy s’empresse de préciser que cette cession illégale du domaine maritime n’a pas seulement débuté sous le régime libéral, mais avait également cours sous le régime socialiste. Jacques Habib Sy qui est intervenu dans un débat sur les ondes de la Rfm, réclame la création d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur cette affaire. Le responsable de Aid Transparency accuse une caste de politiciens « prédateurs », des Français, des membres de la communauté libanaise et des marabouts (dans une proportion minoritaire) d’avoir particulièrement profité de ce bradage.
C’est tout l’espace maritime qui est violé dans son intégralité, dénonce Jacques Habib Sy. Dans des espaces comme la Baie de Hann, Jacques Habib Sy indique que ceux qui se sont livrés à des activités de bradage du domaine maritime au profit d’industriels français et autres, ont pu faire entrer dans leurs besaces, 300 milliards de Fcfa.
Idem dans le domaine maritime de la Corniche-ouest où dans le cadre des chantiers de l’Anoci, les espaces qui ont été bradés sont évalués à 300 milliards de Fcfa. En tout, 600 milliards de Fcfa ont été acquis « illégalement par ceux qui ont bradé le domaine maritime ».
Le désastre causé par ce bradage n’est pas seulement sur le plan financier. Sur le plan environnemental aussi, Jacques Habib Sy dénonce. Aujourd’hui, la Baie de Hann vit un véritable désastre écologique à cause des industries françaises qui s’y sont généralement installées. Les populations de cette localité vivent un drame et sont exposés à toutes sortes de dangers à cause de cette implantation d’industries.
Jacques Habib Sy met en garde également le risque que peuvent courir ceux qui fréquenteront un hôtel dont la construction est en train de se faire sur la Corniche-ouest. Cette zone est dangereuse et renferme un produit toxique dont les effets sont nocifs sur les riverains, révèle Jacques Habib Sy qui se fonde sur des études menées par des spécialistes en la matière.
Même constat de la part de Ali Haïdar qui a participé au débat organisé par la Rfm autour du rapport de Aid Transparency. Selon Ali Haïdar, les risques sur le plan de la dégradation écologique qu’encourent les personnes qui construisent dans le domaine maritime, sont multiples. Elles sont non seulement exposées à toutes sortes de maladies, mais peuvent à tout moment être envahies par les eaux ou alors faire face à d’autres phénomènes catastrophiques.
Auteur: Nettali
SUD QUOTIDIEN:
LA SENELEC Un patient incurable ?
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN , mardi 30 décembre 2008
La Société nationale d’électricité (Senelec) qui a reçu une subvention record de 62 milliards de Fcfa en 2006 est-elle un patient incurable ? Ses contreperformances plombent même l’économie nationale et creusent le déficit budgétaire. Les charges d’exploitation de la société ont augmenté entre 1999 et 2006 de 12.3%, alors que son chiffre ne connaît pour la même période qu’une progression d’à peine 10%, note l’audit du cabinet IDC dont les rapports ont été déposés en avril 2008 dernier sur la table des autorités de tutelle.
Si Samuel A. Sarr, le ministre de l’Energie et ses collaborateurs s’arrachent les cheveux journellement pour sortir le sous-secteur énergie des eaux profondes où il se noie à cause d’une conjoncture défavorable certes, mais également à cause de dysfonctionnements notamment de la SENELEC à corriger. Car bien que les recettes fiscales de l’Etat augmentent sensiblement chaque année grâce, notamment, à l’amélioration de la performance de l’administration fiscale, les argentiers peinent à compenser la hausse des dépenses. Au cours des années 2006 et 2007, le déficit du budget de l’Etat s’est considérablement creusé. L’augmentation des dépenses est due pour une large part aux transferts et subventions de l’Etat versés au secteur énergétique qui ont atteint un niveau record de 111 milliards de Fcfa en 2006. Ces transferts et subventions incluent principalement l’opération de recapitalisation de la SAR (plus de 50 milliards de Fcfa en 2005 et 2006) et les compensations versées à la SENELEC (62 milliards de FCFA sur 2005 et 2006).
Les difficultés du secteur de l’énergie sont en partie responsables du fait que le Sénégal n’a pas atteint en 2005 et en 2006 deux des 9 critères de convergence fixés par l’UEMOA, à savoir : le déficit du solde budgétaire de base de l’Etat et le déficit extérieur courant, note en résumé l’audit du secteur réalisé par le cabinet IDC dont Sud a pu se procurer copie.
Garantir « l’appro » coûte que coûte
La politique sectorielle se place encore aujourd’hui dans le cadre de la réforme initiée en 1998 (Loi 98-29) et dont l’objectif « vise principalement à garantir l’approvisionnement en énergie électrique du pays au moindre coût et à élargir l’accès des populations à l’électricité, notamment en milieu rural. »
Pour cela – et c’est le cœur de la réforme – la Loi n°98-29 a profondément modifié le cadre institutionnel, légal et réglementaire du secteur de l’électricité avec un double objectif : (1) attirer les investissements privés et (2) introduire, à terme, la concurrence dans la production, la vente en gros et l’achat en gros. Cette réforme s’est ainsi traduite par des innovations majeures dans le secteur de l’électricité au Sénégal, dont les plus importantes sont : le système de licences et de concessions ; La régulation du secteur de l’électricité par une autorité indépendante ; La création d’une agence chargée de promouvoir le développement du secteur en milieu rural en délivrant des concessions d’électrification rurale.
Les fonds privés n’arrivent pas
Malgré le fait que deux producteurs privés commencent leurs activités très tôt (GTI à partir de 1999 et Manantali en 2002), la réforme initiée en 1998 ne suit pas le chemin prévu, en particulier parce que les deux tentatives de privatisation de la SENELEC (en 1999 et en 2001) ont échoué. Durant toute cette période, la mobilisation de fonds privés pour le développement du secteur reste donc plutôt un échec. En 2007, la nouvelle lettre de politique sectorielle (LPDSE 2007) dresse un constat mitigé : Le secteur de l’électricité est très déficitaire et coûte de plus en plus cher au budget de l’Etat, non seulement pour les investissements mais aussi pour l’équilibre de son exploitation, et ce d’autant plus que le coût des hydrocarbures a explosé.
Un partenaire stratégique introuvable
La SENELEC n’a toujours pas de partenaire stratégique privé ; Plusieurs études ont présenté des options de séparation fonctionnelle pour la SENELEC (production / transport / distribution) mais force est de constater que le chantier reste considérable : la SENELEC elle-même n’a pas encore de comptabilité séparée pour ces trois fonctions. Compte tenu du nouveau contexte (flambée des prix du pétrole et évolution à venir incertaine, SENELEC exsangue financièrement), la LPDSE 2007 met – fort justement – la priorité sur : la nécessité de diversifier le mode de production d’électricité et l’urgence du redressement technique, économique et financier de la SENELEC. La séparation des activités production / transport / distribution avec l’implication du secteur privé reste une priorité et doit contribuer à faciliter l’atteinte des deux objectifs précédents.
Les performances de la SENELEC : Excellente progression de la desserte, mais au détriment de la production, qui ne parvient pas à suivre, et résultats mitigés dans les autres domaines
Depuis le début de la réforme du secteur de l’électricité, le taux de desserte a augmenté à un rythme soutenu. Le résultat, à fin 2006, est d’autant plus remarquable que la population a crû à un taux moyen de 2,6% par an sur la période. Ainsi, entre 1997 et 2006, le nombre de ménages ayant accès à l’électricité a presque doublé (+95%). La SENELEC a dépassé ses obligations de desserte en 2004 de 6,8% à l’échelle nationale, de 4,1% en milieu urbain et de 22% en milieu rural. Le nombre d’abonnés de la SENELEC augmente de près de 8,5% par an ; il a presque doublé entre 1999 et 2007. Or la SENELEC ne facture pas les branchements aux clients. Les ventes d’énergie ont augmenté en moyenne de 7% par an entre 1999 et 2006.
La stratégie de développement des infrastructures de production a donc dû relever un défi très complexe : répondre à l’augmentation rapide de la demande tout en remplaçant les groupes en fin de vie, et ce sans l’appui technique et financier d’un partenaire privé pour la SENELEC et dans un contexte de forte croissance des prix des hydrocarbures.
A fin 2006, force est de constater que ce défi n’a pas été entièrement relevé : l’énergie non fournie par la SENELEC (délestages) a atteint 5% de l’énergie vendue. En comparaison avec les autres pays de la zone UEMOA, le tarif de la SENELEC est plutôt compétitif, et ce d’autant plus que les branchements sont gratuits.
Les consommations spécifiques en combustible des centrales semblent élevées, il serait nécessaire de faire une analyse plus détaillée par type de groupes et ancienneté pour permettre une comparaison plus fondée avec des normes internationales.
Le rendement global du réseau interconnecté de la SENELEC est assez faible : depuis l’année 2000, il reste compris entre 76% et 79%. Cette mauvaise performance est liée à la vétusté du réseau (transport comme distribution) et surtout à sa saturation. Il convient d’ajouter qu’à fin 2007, les objectifs de l’année 2009 sont presque atteints. Alors que l’objectif contractuel oblige la SENELEC à réduire la part d’énergie non fournie de 0,7% de l’énergie vendue en 1999 à 0,3% en 2009.
Le personnel explose en 2004
A fin 2006, la SENELEC compte 3,8 employés pour 1000 abonnés, ce qui témoigne d’une bonne productivité du personnel. Cependant la progression de la productivité a subi un coup d’arrêt à partir de 2004 dû essentiellement à l’intégration dans le personnel permanent des effectifs en Contrat à durée déterminée (CDD). En toute logique cette progression devrait reprendre à partir de 2007.
Une situation financière critique
Le chiffre d’affaires de la SENELEC (production vendue + travaux remboursables) a augmenté de près de 10% par an en moyenne entre 1999 et 2006. Pendant ce temps, les charges d’exploitation de la SENELEC ont augmenté de 12,3% par an en moyenne.
La conséquence a été l’obligation pour l’Etat de consentir d’importantes subventions d’exploitation à la SENELEC : 21,7 milliards de FCFA en 2005 et 33,7 milliards de FCFA en 2006. Ces subventions versées par l’Etat viennent en compensation du maintien des tarifs de vente d’électricité en deçà des revenus maximums autorisés par la formule de contrôle des revenus, mesure que l’Etat a imposée à la SENELEC et à la CRSE.
Les charges de combustibles, d’achat d’énergie et de personnel représentent en 2006 près des 3/4 des charges d’exploitation totales. Entre 2004 et 2006, les charges de combustibles ont été multipliées par 2,7.
En l’absence de subventions à l’exploitation, la valeur ajoutée de la SENELEC ne permet même pas le paiement des charges de personnel. Enfin, en 2006, les subventions versées par l’Etat se sont révélées nettement insuffisantes pour équilibrer l’exploitation dont le déficit atteint 24 milliards de FCFA (hors frais financiers).
La marge sur EBE est négative de 5% du chiffre d’affaires et la marge d’exploitation est déficitaire à hauteur de 18% du chiffre d’affaires. Cela a eu pour effet d’augmenter fortement les charges financières de la SENELEC : elles ont atteint 12,4 milliards de FCFA en 2006, soit près de 8% du chiffre d’affaires Le résultat net de la SENELEC s’est considérablement creusé en 2006 à près de 40 milliards de FCFA, soit 25% du chiffre d’affaires. Les principaux dysfonctionnements Dans le domaine juridique Les statuts de la SENELEC ne sont plus adaptés à la nouvelle situation de SA unipersonnelle détenue par l’Etat. La lecture comparée des dispositions de la loi, des décrets d’application et du contrat de concession SENELEC laisse à penser que – dans l’approche, parce que l’opérateur unique SENELEC est en position nettement dominante – la hiérarchie des textes n’est pas celle que l’on imagine à savoir : 1/ la loi, 2/ les décrets et 3/ le contrat de concession. En effet, il résulte de cet exercice le sentiment que le contrat a quelque peu dicté la rédaction de la loi portant code de l’électricité, notamment dans les dispositions de son article 19 qui, bien que d’application transitoire, vide de beaucoup de son sens et de son efficacité la nouvelle organisation institutionnelle mais surtout industrielle du secteur4. L’ensemble de la rédaction de la loi, des décrets d’application et de la convention de concession serait à reprendre pour, d’une part et vis-à-vis de SENELEC :
Tenir compte de la réalité actuelle et, en particulier, du nouveau statut de la SENELEC, entreprise appartenant à 100% à l’Etat ;
Mettre à jour le régime de propriété des biens du secteur tel que prévu par la loi de 2002 ;
Banaliser la position de l’opérateur historique par rapport du dispositif législatif et règlementaire. Et, d’autre part, renforcer le dispositif législatif et réglementaire, ce qui permettrait de lui donner une meilleure visibilité vis-à-vis des autres opérateurs et donc de renforcer la transparence et la connaissance du secteur et ainsi de participer à la résolution des principaux dysfonctionnements constatés dans ce rapport et enfin pour prévoir le dégroupage des fonctions. En pratique, il devrait être rapidement procédé à la réalisation des actions suivantes :
Sur le plan de la réglementation juridique et dans la perspective du dégroupage des fonctions ; de prévoir la mise au point (la CRSE y travaille) de projet de textes (décrets) fixant, pour chacune des fonctions : le statut, les conditions et modalités d’exercice des activités du ou des opérateurs, les relations des opérateurs entre eux et avec la CRSE ainsi que les conditions et modalités de rémunération des opérateurs y intervenant ;
Sur le plan fonctionnel et s’agissant des perspectives d’évolution du statut des biens, des personnes et des modalités d’exercice des activités de chacune des fonctions, de se prononcer et de participer à la mise en œuvre :
• Pour la fonction de production, l’adaptation des modes d’intervention et de financement à une maturation progressive « du marché de la production » et à une banalisation de la position de la SENELEC. La « maturité » du marché étant consacrée lorsque, de façon quasi spontanée (sans appel d’offres, incitations et garanties économiques et financières particulières) les opérateurs décideront de produire de l’énergie électrique au Sénégal ; • En effet, vouloir coûte que coûte signer des contrats de type IPP sur un marché non porteur peut se révéler très onéreux et contraindre par exemple l’Etat à verser sous forme de subventions importantes au tarif ce qu’il pensait économiser en coût d’investissement. Ainsi et sans abandonner le recours à la formule existante, conviendrait-il d’élargir la palette de recours à d’autres formules ; • Ainsi l’Etat pourrait avoir intérêt à mettre la priorité sur les meilleures solutions techniques et financières (DBF) tout en gardant la responsabilité du financement, Cet article 19 de la loi n°98-29 accorde à la SENELEC une concession exclusive d’achat en gros, de transport et de vente en gros ; il lui permet également – sous certaines conditions – de produire, de distribuer et de vendre de l’électricité au détail. Or pour toutes les modalités d’application, la loi renvoie explicitement et directement au contrat de concession de la SENELEC, la propriété des installations et en confiant l’exploitation à un opérateur privé (DBFO, DBO, affermage) ou en récupérant cette dernière en fin de contrat (BOT). • Pour la fonction de transport, la consécration du principe de l’appartenance au domaine public des biens de la fonction et le recours à un opérateur qui serait une société concessionnaire, contrôlée par l’Etat et à ce titre en assurerait la responsabilité du financement des extensions, réhabilitation et renouvellement des investissements, en même temps que l’exploitation5 ; • Toujours pour la fonction transport, l’opérateur assurerait provisoirement la fonction d’acheteur unique en attendant la mise en place d’un marché, ainsi que celle de gestionnaire des flux (dispatching) ; • Pour la fonction de distribution, le maintien pour un temps du régime de domanialité instauré par les dispositions modificatives de la loi avec recours, dans le cadre de procédures d’appel d’offres internationaux, à des opérateurs privés dans le cadre de contrat d’affermage ou d’affermage concessif. Dysfonctionnements dans le domaine de la régulation des tarifs
Les principes de régulation par les prix plafonds définis par la loi ont été appliqués de façon distordue dans la convention de concession et dans les outils de régulation utilisés par la suite (et notamment dans les modèles financiers) de telle sorte que, dans la pratique, la formule de régulation appliquée annuellement, puis ensuite trimestriellement, s’apparente à une régulation par les revenus, inspirée de formules du type « RPI - X », qui s’adapte difficilement aux spécificités du contexte Sénégalais.
Propositions des auditeurs
En gardant les principes de la loi, la définition de la méthode de régulation soit profondément revue. Il convient de rétablir une valeur initiale des tarifs basée sur un modèle physico financier qui intègre et modélise les résultats de l’étude de demande et des schémas directeurs Production/Transport et Distribution, avec une modélisation des coûts en fonction de critères techniques objectifs et un calcul précis de la rentabilité des investissements. Cette démarche doit être appliquée en bénéficiant de tous les acquis développés par la CRSE et en s’appuyant sur les valorisations des immobilisations en cours de finalisation.
La mise au point d’une formule de régulation parles prix plafonds valable pour une période quinquennale (sauf bouleversement des conditions économiques) qui devra comprendre des facteurs homogènes et notamment : le coût des combustibles, les tarifs des IPP, le coût du personnel, le coût des équipements importés, les autres coûts locaux.
Le maintien du principe d’une révision trimestrielle des tarifs doit être mis en place avec des formules de lissage sur les facteurs les plus fluctuants, notamment les coûts des combustibles.
NOUVELLE GRILLE TARIFAIRE
Latsoukabé « Ngoné Dièye » Fall, le Directeur général limogé, a-t-il été simplement sacrifié sous l’autel des réponses politiciennes face à une demande, elle bien réelle, de populations désemparées ? Tout porte à le croire à la lecture de l’audit du cabinet IDC. Selon les auditeurs en effet, la structure actuelle des tarifs date de 1986 et ne correspond plus à la réalité de la SENELEC, une étude a été faite par l’ONE et 2006, et la décision de mise en œuvre est toujours à l’étude. La nouvelle grille tarifaire serait basée sur les principes suivants : Une alternative à cette solution consisterait à prévoir l’intervention de deux entités, à savoir : une société de patrimoine concessionnaire des installations et des travaux ainsi que de la recherche de financement s’y rapportant (société contrôlée par l’Etat) et une société chargée de l’exploitation des infrastructures (publique ou privée). La Commission de régulation sous la pression certainement des bailleurs de fonds, a pondu, elle, une grille si « hybride » qu’elle a fini pas entraîner la révolte des consommateurs. Il faut le dire également l’exigence des « partenaires » d’une indexation de près de 17% d’augmentation était difficilement réalisable et supportable par les revenus faibles en majorité du pays, notent plusieurs observateurs.
Toujours est-il que, poursuit le rapport de l’auditeur, - en Haute tension (HT) et Moyenne tension (MT), modulation journalière de la Puissance souscrite par poste horaire, facturation du dépassement de Puissance souscrite ; En Basse tension (BT), intégration de la notion de tranches de puissances, tranches de consommation dégressives, tarifs binômes à postes horaires pour les gros consommateurs et mise en place de cinq usages tarifaires au lieu de trois. C’est pourquoi, l’auditeur préconise « qu’après discussion, ces recommandations soient mises en pratique de façon progressive de façon à éviter des réactions des usagers : une équipe devrait être nommée pour gérer le processus de transition et en effectuer le monitoring. Cette équipe pourrait être constituée de représentants de SENELEC et de la CRSE ». Que n’a-t-on pas entendu cette forte recommendation pour s’épargner la révolte des imams !
Régulation des contrats, du système d’information, et de l’activité de conseil de la CRSE
Dans la pratique, la CRSE ne suit que la norme qui a une incidence sur les revenus, c’est-à-dire celle portant sur l’énergie non fournie, ainsi que les obligations d’électrification qui ne donnent pas lieu à des pénalités. Les pénalités liées à l’énergie non fournie sont effectivement appliquées à la SENELEC. Les autres normes, notamment celles relatives aux relations avec la clientèle, ne font pas l’objet de contrôle par l’autorité de régulation, alors qu’elles doivent également donner lieu au versement de pénalités directement aux clients concernés.
La CRSE reçoit les informations de la SENELEC ; cette asymétrie de l’information est toutefois corrigée par la réalisation d’audits sur le terrain menés par la CRSE. Dysfonctionnements dans le domaine rural
Le schéma de fonctionnement prévu par l’ASER avec l’intervention d’opérateurs privés semble cohérent, il n’en est malgré tout qu’à ses débuts puisque le premier contrat de concession est en cours de signature avec l’ONE pour la région Dagana – Podor – Saint Louis.
Alors que SENELEC connaît de graves problèmes financiers, le développement de ses activités en milieu rural par l’intermédiaire de sa filiale d’électrification rurale la SSER pourrait continuer à détériorer sa rentabilité. La prise de participation privée dans le capital de la SSER est en cours il faudrait s’assurer que le schéma retenu est transparent économiquement et que la concurrence entre la SSER et les autres opérateurs privés n’est pas biaisée. On aurait également pu envisager de transférer progressivement l’exploitation des centres gérés par la SSER aux concessionnaires au fur et à mesure de leur mise en place.
Recommandations pour la scission Production / Transport /
Distribution
Deux principes doivent être à la base du processus de séparation des fonctions : Le découpage Production / Transport / Distribution n’a de sens que s’il s’inscrit dans la stratégie de redressement (économique, financier et technique) de la SENELEC ; Compte tenu des caractéristiques du parc de production actuel avec des coûts de production très inégaux, le découpage ne peut pas s’accompagner d’une libéralisation de l’accès à l’électricité et des tarifs, ceux-ci doivent continuer à être régulés.
RECEVANT 55 MILLIARDS SUR LES 82 PROMIS PAR LA France L’Etat se (ré) engage
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN , mardi 30 décembre 2008
Le Sénégal réaffirme ses engagements de se conformer à la loi et aux réglements en matière de finances publiques et d’exécution du budget national. Abdoulaye Diop, ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances l’a (ré)assuré encore hier, lundi 29 décembre devant son « attendu » hote, Alain Joyandet, secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, venu lui apporter le premier « chèque » de 55 milliards de Fcfa sur les 82 promis. Selon l’argentier en chef, l’audit « l’audit approfondi des dépenses extrabudgétaires », sera fait par un cabinet attitré d’ici au mois de mars prochain.
Abdoulaye Diop, le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, s’est voulu rassurant devant les partenaires au développement. Les dérapages et autres dépenses extrabudgétaires pour regrettables qu’ils soient appartiennent désormais à notre passé. Mieux, l’audit approfondi des dépenses extrabudgétaires sera réalisé d’ici au plus tard le mois de mars prochan par un cabinet attitré, ainsi que « l’amélioration de l’élaboration de la loi des finances et de la situation d’exécution du budget ».
Il a indiqué que les ’’dépenses extrabudgétaires’’ désignent ‘’des opérations engageant les finances publiques, sur des bases irrégulières, parce qu’effectuées par certains services de l’Etat, des agences (publiques), des hôpitaux et des centres universitaires, en marge de la réglementation en vigueur en la matière’’. Ces dépenses non autorisées sont d’un montant non exhaustif de 104 milliards de francs CFA. Leur paiement n’est pas pour autant à l’ordre du jour a précisé l’argentier.
Par contre, le gouvernement s’est engagé à payer, d’ici mi-janvier prochain, ‘’le montant global des engagements réguliers potentiels de l’Etat’’. Ces arriérés de paiement fort réclamé par le secteur privé local et les partenaires du Sénégal, se chiffraient à 174 milliards, en fin octobre.
Abdoulaye Diop qui s’exprimait ainsi hier, lundi 29 décembre après avoir reçu des mains de son homologue français, la lettre de confirmation du versement de 55 milliards sur le prêt de 82 milliards de l’Agence française de développement, destiné à l’apurement des dettes de l’Etat sénégalais, en soulageant la trésorerie des entreprises locales. Cette première tranche a été versée le 24 décembre dernier, pour le compte du Sénégal, à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), selon le secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet, qui remettait au « premier » des Abdoulaye du département, la lettre de confirmation du versement.
Le ministre français qui avait à ses côtés, l’ambassadeur de France à Dakar, Jean Christophe Ruffin, s’est réjoui que ’’l’appui financier français ait été déterminant dans la présentation de la 2-ème revue du FMI’’.
’’L’adoption de mesures de redressement financier par le gouvernement sénégalais et le bouclage de ses opérations financières, grâce notamment au prêt français, ont permis l’approbation de la revue du programme du Sénégal avec le FMI lors de son conseil d’administration du décembre’’, indiquait le ministère français des Affaires étrangères.
Il soulignait l’octroi, à cet effet, d’une facilité de protection contre les chocs exogènes de 36 milliards, en plus des 22 milliards de la Banque africaine de développement.
Le Quai d’Orsay expliquait l’approbation de cette revue comme ‘’une condition du versement de la première tranche du prêt français’’. ‘’L’approbation de la prochaine revue du programme FMI doit permettre le versement du solde du prêt français au cours du premier semestre 2009.’’
A Dakar, Alain Joyandet a de son côté, annoncé le versement du solde de l’intervention de la France, soit 27 milliards en juin 2009 à l’issue de la 3-ème revue dans le cadre du Programme initiative de soutien à la politique sectorielle (ISPE).
’’L’audit approfondi des dépenses extrabudgétaires’’ et ‘’l’amélioration de l’élaboration de la loi des finances et de la situation d’exécution du budget’’ sont des engagements qui s’ajoutent ‘’aux efforts faits pour l’amélioration de la transparence budgétaire’’, a rappelé M. Diop, au cours de la cérémonie.
Abdoulaye Diop a fait noter qu’à ces engagements s’ajoutent ceux contenus dans le mémorandum de politique économique et financière élaboré à l’issue de la revue de l’ISPE et relatifs notamment à la limitation du déficit budgétaire.
’’Le gouvernement du Sénégal a pris, dans le cadre de ce programme économique et financier, d’importants engagements dont le respect strict est essentiel pour que les objectifs visés soient atteints’’, a-t-il souligné.
WALF FADJRI:
Silence, on parle
Les récents événements intervenus au Sénégal entre le 23 décembre et Noël (Kédougou et Ndiass) ont contraint le président de la République à prolonger une stratégie de communication inaugurée le 10 octobre par un silence prudent face aux interrogations des Sénégalais. Le palais et ses stratèges démontrent ainsi le déchirement intérieur de celui-ci qui est partagé entre son devoir de solidarité avec son administration et sa peine devant les diverses manifestations de dysfonctionnements réels auxquels les populations sénégalaises veulent une réponse.
Ndiass et Kédougou prolongent en effet les violences dirigées vers le palais de la République et la famille du locataire entre le 18 et le 25 novembre, de Pikine au siège de l'Agence nationale pour l'Organisation de la conférence islamique (Anoci). L’éclatement spatial de cette recherche (absolue et vaine) de réponses s’était déjà vérifié en Italie avant les menaces d’un certain Saliou Guèye qui aurait envoyé des missives à des responsables sénégalais pour expliquer qu'il s'aspergerait d'essence le 27 novembre 2008 devant les grilles du palais. L’intervention d’un responsable politique permettra d’éviter le drame. (L'As n° 968 du 28 novembre 2008).
Qu’ils aient eu lieu sur le territoire national ou de son prolongement diplomatique en terres occupées par le président de la République, ces incidents sont le fait de déséquilibres physique et moral : les individus en cause sont une âme en deuil de son idéal, donc en rupture psychologique évidente, d’une part, une restructuration de l'espace local mal réussie, d’autre part, puisqu’elle s'est heurtée à la fois à l'absence de moyens d'accompagnement au niveau ‘Infrastructures et aménagement de pôles de développement’ autour de richesses minières locales, et à la non-effectivité des mesures d'accompagnement pour les jeunes expatriés à Dakar, dans le cadre de l'implantation de l'exploitant des minerais de fer de Kédougou. L'absence d'explication et la rencontre des étudiants (contestataires) et des jeunes locaux (désœuvrés et exclus des marchés locaux) ont engendré les douloureux événements du 23. Autrement dit, la réforme administrative et territoriale accélérée sous l’alternance s’est heurtée aux difficultés économiques actuelles et se sont vérifiées aussi bien pour Matam pour que les nouvelles entités territoriales du bassin arachidier et du sud-est sénégalais.
L’absence de communication à la suite d’une ‘tournée planétaire’ du président (l’expression est tirée de prétendus rapports confidentiels de l’ambassadeur de France au Sénégal) et l’excès de communication d’un ancien trotskyste qui veut nous faire croire que Mao dirige toujours la Chine ont accentué ce sentiment de décalage entre l’Etat et les populations sénégalaises : le silence apparenté au mépris ne vaut guère plus que des inepties claironnées par un communiqué balancé aux rédactions, suivi d’une conférence de presse et d’une intervention au ‘20 heures’ de la télévision nationale.
Une lecture plus politicienne que réellement sociologique des douloureux événements de Kédougou du 23 décembre dernier voudrait voir des mains étrangères dans les violences perpétrées par les jeunes de la localité ce jour-là. Avec des affirmations péremptoires sur de prétendus commanditaires qui seront bientôt démasqués, arrêtés et livrés à la justice. Pareille assertion, qui n'hésite pas à expliquer la mort du jeune Sidibé par d'autres raisons, repose sur la situation nationale globale de ces derniers temps et des dysfonctionnements notés, annihile tout effort d’appréhension et d’analyses objectives de la violence au Sénégal ces derniers temps, des navétanes à la douloureuse réaction contre les coupures et déceptions prolongées (eau : 6 juin, élimination de l’équipe nationale : le 11 octobre, manifestation des imams de Guédiawaye contre la cherté des factures de la Senelec, Kédougou, Ndiass, …). Si, objectivement, chaque parti et formation politique devrait avoir peur de ne pas se retrouver devant ces expressions sociales, il serait dangereux de réduire la réaction des populations à une manipulation des politiciens qui, comme le gouvernement, sont toujours en retard et veulent profiter de ces situations exceptionnelles pour se refaire une santé sociale.
Une étude plus attentive, basée sur les consultations avec les élus, responsables politiques locaux et les faits récents, amène à la conclusion d'un mouvement spontané né de la frustration de jeunes à la suite de blocages effectués depuis Dakar dans le volet social de l'accord avec Mittal. Telles sont les seules raisons de la mobilisation des jeunes de Kédougou le 23 décembre dernier, en dehors de toute autre considération. Les élus et responsables locaux sont formels : personne n'est à même de les mobiliser autour d'autres objectifs que ceux-là.
C'est en tout cas en partant de ce qui semble caractériser les dysfonctionnements au Sénégal que certains pensent pouvoir se frayer un raccourci dans leur recherche du pouvoir. Le chronogramme de travail qu'ils ont établi précisait déjà un ‘dead line’ situé à la mi-novembre, de manière à faire le rapport et les explications vers la fin de l'année 2008. Ce serait, dans leur esprit, un autre moyen de mettre le pouvoir face aux populations sénégalaises, avec tout ce que cela sous-entend. Ces dysfonctionnements ont principalement pour cause une distanciation individu-société-autorité (pouvoir) née d'une certaine opacité dans la perception des uns et des autres. Partant du postulat d'une difficulté de plus en plus grandissante dans notre volonté commune de vivre ensemble, certains chercheront comme cadeau de fin d'année des valeurs centrales ou ‘locomotive’ à promouvoir ainsi que des valeurs dérivées qu'ils opposeront au gouvernement de l'Alternance.
Or, il devrait être de notoriété que le seul détenteur de la clé reste le président de la République sur qui reposent la légitimité populaire et la légalité institutionnelle et constitutionnelle. Il lui suffit alors de faire revivre Giscard d'Estaing en regardant le Sénégal dans les yeux. Il lui appartient, à lui et à lui seul, d'imposer un climat social apaisé au Sénégal, de favoriser la cohésion et l'entente sociales, de renforcer les espaces de liberté et de démocratie ; c'est seulement après que les partis politiques devraient entrer en jeu pour participer, comme le dit notre Loi fondamentale, à l'expression du suffrage. Cette démarche ne saurait être calculée et calquée sur le discours traditionnel à la Nation du 03 avril et du 31 décembre : le Sénégal ne vit pas que sur ces moments. Autour du concept ‘Réduction de la distance pouvoirs-sociétés sénégalaises’, une bonne concertation politique pourrait aboutir au ‘pouvoir éclaté comme forme de gestion et de maintien’, inaugurée en 92 par Abdou Diouf avec son Gouvernement de majorité présidentielle élargie (Gmpe), mais aussi par une meilleure Communication gouvernementale.
Parlez, Monsieur le président de la République, parlez-nous, et pas seulement en avril et en décembre !
Pathé MBODJE Journaliste, sociologue
Rapport de l'Ong aide transparence : Le régime libéral fait main basse sur le Domaine public maritime
Beaucoup de Sénégalais et d’étrangers ont construit ou détiennent de titres fonciers sur le Domaine public maritime (Dpm) en violation de la loi. Parmi ces ‘privilégiés’, il y a le président Wade et le maire de Dakar et président du Sénat, Pape Diop. C’est ce que révèle une étude menée par l’Ong Aide transparence.
Le Domaine public maritime, précisément la zone comprise entre les Almadies, la corniche Ouest et Est, Yoff, Cap Manuel, Soumbédioune et Yarakh, d’une superficie d’environ 830 ha, aiguise l’appétit des élites. Ces dernières y construisent des villas luxueuses, des restaurants, des cliniques…, en violation de la loi. Et les deux plus hautes personnalités de l’Etat, notamment le président de la République, Abdoulaye Wade, et le président du Sénat, Pape Diop, font partie de ceux qui occupent illégalement le Dpm.
Le chef de l’Etat détiendrait une propriété d’environ de 6 000 m2 dans le Dpm, à Yoff, révèle l’étude menée par l’Ong Aide transparence, sous la houlette de Jacques Habib Sy, avec notamment le concours du spécialiste de gestion du contentieux aérien et maritime et chargé de cours de droit public à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mamadou Aliou Diallo, et du journaliste Pape Samba Kane. Cependant, notent les auteurs de ladite étude, le chef de l’Etat n’est pas la seule personnalité à violer la loi sur le Dpm.
En effet, si l’on se fie à cette étude, le maire de Dakar, Pape Diop, est aussi accusé à ‘juste titre’ de violation du Dpm. Il posséderait, informe-t-on, un building massif de plusieurs étages, planté à quelques mètres seulement de la mer aux pieds des Mamelles. Ce complexe architectural qui appartiendrait, ‘selon des rumeurs persistantes’, au président du Sénat, est loué à des organismes des Nations unies. En plus, poursuit, le rapport, un ‘ministre d’Etat, supposé veiller à l’intégrité du Domaine public maritime national aurait aussi construit un bunker dans l’île de Ngor’.
Ainsi, selon Jacques Habib Sy, le chef de l’Etat et le président du Sénat ont violé la loi relative au domaine public en érigeant un mur de clôture qui rend difficile la circulation dans cette partie de la baie océane. Car, à son avis, la loi n’autorise ni la possession définitive ni la construction en dur dans cet espace. Ces cas particuliers de violation du Dpm sont ‘préoccupants’, estime M. Sy. Car, ils impliqueraient, s’ils sont avérés, les deux plus hautes autorités du pays, note-t-il.
Toutefois, la course vers les terres du Dpm n’est pas du seul ressort des nationaux. En effet, selon l’Ong Aide transparence, les allochtones ont fait aussi main basse sur le Dpm. Jacques Habib Sy explique que ‘la prodigalité’ du chef de l’Etat vis-à-vis des communautés libanaise, française, a permis à ces derniers d’occuper cet espace.
C’est ainsi que Wade, aurait fait don à Mohammed VI, roi du Maroc, d’un terrain adjacent à sa résidence secondaire de Popenguine. En plus, les Rahal, une famille libanaise, propriétaire du ‘Terrou-bi’, sont en train d’étendre leurs activités à l’hôtellerie ; et ce avec ‘la bénédiction du pouvoir libéral’. Cette famille, rapporte l’étude de l’Ong Aide transparence, a aussi fait main basse sur un site stratégique destiné à la surveillance et à la protection de la faune marine, une aire marine protégée et une zone de ponte pour une espèce de tortue marine. En outre, le pouvoir libéral couve les promoteurs du parc d’attraction Magic Land, avec des Libanais qui ont privatisé plus de 200 mètres de plages et cirques. Le rapport souligne également que les cliniques privées, construites sur le Domaine maritime public, appartiennent à des Libanais et autres étrangers, avec la complicité des autorités locales.
Pour avoir cédé les terres du Dpm à de vils prix : Le gouvernement laisse filer 600 milliards de francs Cfa
L’Etat du Sénégal aurait pu engranger la somme de 600 milliards de francs Cfa sur le Domaine maritime public (Dpm), rapporte l’Ong Aide transparence. En effet, selon sa dernière étude, avec des prix supérieurs à 365 mille francs Cfa le m2, la valeur totale des terrains irrégulièrement occupés du Dpm s’élève à près de 300 milliards de francs, soit l’équivalent de la dette intérieure du Sénégal au mois de novembre 2008, fait remarquer Jacques Habib Sy. A cette somme, Jacques Habib Sy explique qu’il convient d’ajouter l’estimation donnée par le syndicat des architectes, qui souligne que la valeur des terrains situés sur le Dpm et cédés par l’Anoci aux entreprises étrangères équivaudrait à 300 milliards de francs Cfa. Au total, ‘La somme totale du Dpm occupé illégalement qui pourrait paraître la plus proche s’élève ainsi à plus de 600 milliards de francs cfa, soit presque l’équivalent de la moitié du budget annuel national’, indique le président de l’Ong Aide Transparence.
Selon lui, l’Etat cède ces terres pour une poignée de francs. ‘Le montant des redevances perçues au titre du domaine en général et du Dpm est dérisoire. En témoignage le barème des prix de concession des terrains domaniaux. Le plus élevé concerne Dakar Plateau où le mètre carré est vendu à 14 mille francs’, affirme M. Sy. Et d’ajouter : ‘Des titres d’occupation sont octroyés à la nouvelle bourgeoisie politico-bureaucratique sans que les retombées financières, que devraient normalement en tirer les recettes publiques, ne soient significatives’. Et, pour Mamadou Aliou Diallo, le régime libéral est en train de brader les terres. Selon lui, les revenus tirés du Dpm font à peine 150 millions de francs, sur un budget 2008 estimé à 1 800 milliards de francs Cfa. Le président de l’Ong Aide Transparence soutient également que le prix, cédé par l’Etat à des gens du pouvoir et des allochtones, ne dépasse pas 15 mille francs. Et dans certains cas, c’est au prix du franc symbolique que les terres sont cédées.
Trois questions à…
Mamadou Aliou DIALLO, professeur de Droit maritime : ‘Personne ne peut avoir un titre foncier sur le Dpm’
Wal Fadjri : Qu’entend-on par Domaine public maritime ?
Mamadou Aliou DIALLO : Le Domaine public maritime est défini par le code du domaine de l’Etat comme étant l’ensemble des biens et des droits mobiliers et immobiliers qui appartiennent à l’Etat. Parmi ces biens, ceux qui jouxtent la mer territoriale et les eaux intérieures de même que la zone dite des pas géométriques, sont qualifiés de domaine public maritime. Ils sont caractérisés par leur impossibilité d’appropriation privée. Personne ne peut être propriétaire d’un terrain du Domaine maritime public (Dpm) et personne ne peut y faire de transmission successorale. Et normalement, aucun individu ne pourrait s’y implanter au-delà de 99 ans.
Wal Fadjri : Que dit la loi par rapport à l’occupation illégale de ces terres ?
Mamadou Aliou DIALLO : La loi sénégalaise sur le code du domaine de l’Etat et le code de l’environnement interdit l’appropriation privée des terres du domaine public maritime. D’ailleurs, l’article 2 stipule que le domaine public maritime est inaliénable. Donc personne ne peut avoir un titre foncier sur ces terres. Ce que les textes permettent, c’est une occupation précaire, facilement démontable et révocable à la première occasion. Il s’en suit que le bénéficiaire ne peut y implanter des édifices avec emprise sur le sol.
Wal Fadjri : Pourquoi donc la loi n’est pas appliquée ?
Mamadou Aliou DIALLO : Vous savez, une chose est de disposer de lois, une autre chose est de les appliquer. Il appartient en premier lieu aux pouvoirs publics de mettre en pratique ces lois qui régissent le domaine public maritime. Pourquoi les autorités en réalité ne prennent pas le soin de sanctionner les personnes délinquantes ? C’est une question de politique publique, et de personne ce n’est même plus une question de droit. Il appartient, compte tenu des préoccupations des uns et des autres, au pouvoir de mettre en pratique les lois qui ont été instituées. Cela n’a jamais été le cas, avant et après l’alternance. En tant que juriste, j’aurais souhaité qu’on puisse faire un relevé topographique des dépendances du Dpm, et voir qu’elles sont les dépendances qui pourraient être rentabilisées. Aussi, il serait intéressant de modifier les textes précédents pour faire en sorte que le Dpm puisse être utilisé au profit de toute la population. Il faut utiliser de façon intelligente le Dpm pour que les générations futures ne puissent pas être privées du bénéfice de cet espace.
Propos recueillis par Charles Gaïky DIENE
LEQUOTIDIEN:
Sénégal : la croisée des chemins
De bonnes âmes m’ont fortement déconseillé d’écrire cet article de peur d’encourir les foudres du Prince.
Il n’y a pas de destin forclos ;
il n’y a que des
responsabilités désertées (HD)
De bonnes âmes m’ont fortement déconseillé d’écrire cet article de peur d’encourir les foudres du Prince. Il s’agit de ne pas hurler avec les loups sans cautionner les flagorneurs. Je n’ai donc pas de crainte et je vais aller droit au but. Sans broncher aux conséquences.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Partout, surgissent des foyers de tensions, lourds de tous les dangers. Crise économique, impitoyable guerre de succession avec un parti au pouvoir cannibale qui donne l’impression d’être peu soucieux du destin du pays, révolte des marchands ambulants, répression des manifestations de Kédougou, radicalisation de l’opposition un peu hébétée, querelles avec la presse nationale, révolte des Imams, banlieues poudrières, demande sociale accrue, veille d’élections de tous les périls et le sentiment général que le pays est à l’orée de grandes séditions dont nul ne peut prévoir de quoi elles sont porteuses, etc. Le tout, sur fond de peur, de terreur molle, d’incertitudes et d’inquiétudes. Tel est le constat qu’aucune rhétorique ne pourra occulter.
Si dire cela me ferait courir des dangers, alors j’en accepte le risque. Car, ce n’est pas faire du catastrophisme ou de la vaine critique ni de la subversion que de dire qu’il y a trop de foyers de tension dans ce pays sur fond d’un affaissement éthique et d’un renoncement intellectuel sans précédent. Nous ne sommes pas au bord du gouffre, mais le président de la République ne doit pas accepter que l’œuvre de toute une vie, avec des réalisations incontestables, soit dangereusement hypothéquée. Lui qui est entré dans l’Histoire par la grande porte doit en sortir par un vaste boulevard. Cela est encore possible. Il est possible de ne pas forclore la grande espérance de mars 2000. On a ri, pleuré, dansé, repris espoir ; porté par l’immense espérance qu’une aurore boréale venait de se lever sur le pays. Et, voici qu’«au bout du petit matin», c’est la gueule de bois pour beaucoup. Et, au sein du Pouvoir, une atmosphère étrange, surréelle de fin de règne, de méfiance, de peur larvée, de discours désarticulés, de culte de la médiocrité, de trafics d’influence, de luttes fratricides, de petites combines et de grandes magouilles. Faut-il ajouter à cet inventaire à la Prévert, la très prématurée guerre de succession ; «les visiteurs du soir» qui défont ce que certaines bonnes volontés essaient de construire en plein midi, prenant ainsi le risque d’opprobres futurs ?
Point n’est besoin d’être prophète pour prédire que si le navire venait à prendre eau – ce que personne ne devrait souhaiter – les thuriféraires transis d’aujourd’hui seront les procureurs implacables de demain, expliquant qu’ils ont toujours été contre certaines choses mais qu’ils ne pouvaient pas faire autrement ! Ah les grandes habiletés ! Oui, les premières félonies viendront de ceux qui feignent d’être des inconditionnels (il y en a qui le sont vraiment) du président tout en travaillant à le miner : la ruse et la duplicité sont incontournables en politique, mais, l’intelligence politique des circonstances historiques, que Machiavel appelle vertu, c’est encore mieux. Le président, en homme intelligent, saura se garder de ses amis-là, car, ce ne sont pas eux dont l’Histoire retiendra le nom, mais lui et lui seul. Les historiens pourraient se demander, - terrible question - en parodiant Alain Badiou, de quoi Maître Abdoulaye Wade est-il le nom ? Pas d’attaques ad hominem : je m’intéresse à la dynamique d’ensemble, disant, en passant, que la fureur qui a saisi le Pds, soudainement pris dans un «cannibalisme tenace», et qui rejaillit forcément sur la marche du pays, m’exaspère prodigieusement. Je sais toute la difficulté de se livrer à l’exercice de la pensée libre – il n’est d’ailleurs de pensée que libre – dans ce pays, sans que ne se lève le soupçon fétide, à la mauvaise haleine. A cause des logiques partisanes : tout est mauvais ou tout est bon : ce qui est excessif, donc insignifiant. Penser, c’est penser dans le gris, comme les chats, la nuit ; accepter le labeur et la claudication qu’il présuppose, travailler à rendre intelligibles nos réalités.
L’intellectuel, à qui on ne cesse de demander d’élever la voix, est en mauvaise posture : quoi qu’il dise ou fasse, il serait toujours classé en pro ou en contre. Jamais en celui qui réfléchit à haute voix pour instaurer un débat fécond et heuristique ; pour tirer la sonnette d’alarme en cas de périls majeurs. Sans compter, ceux qui vouent au fait même de penser, une haine incandescente et vindicative ! Je me suis même demandé si, sous nos tropiques blafards, la parole de l’intellectuel est attendue et, si par aventure elle l’était, est-elle entendue ? Cependant, je suis résolu à penser en toute indépendance.
Mon vœu secret est que ce propos que je n’assène pas, mais propose, soit le point de départ d’un débat loyal, sincère : sans injures, ni vociférations. Fraternellement. J’en rêve. De toutes les façons, les voix qui crient dans le désert finiront par être, un jour, reconnues, malgré tous les Hérode du monde ! «Le service de la vérité est le plus dur des services», a dit Nietzsche. Conseiller le Prince ce n’est pas lui dire qu’il est un nouveau Dieu –il ne vous croirait pas – mais lui dire ses convictions, ce qui paraît utile pour le pays ; lui dire ce qu’ont croit être juste, vrai, même si on se trompe : un Prince éclairé peut être «offusqué» par ce genre de Conseiller, mais, l’appréciera en son for intérieur, plus que les flagorneurs, plus que le Conseiller larbin, duplice et dissimulateur. Je l’ai dit : il peut y avoir écart, béance entre conviction et vérité, mais, le pays ne mérite pas d’être laissé en déréliction par la faillite de ses élites. De toutes ses élites : politiques, intellectuelles, religieuses, etc. Or et hélas, la pensée dans notre pays, souvent fourbe, est serve. Serve de l’argent, de l’ambition personnelle, duplice, versatile, velléitaire, incapable d’aller au bout de ce qu’elle pense. Grandiloquente aussi pour mieux occulter sa vacuité qu’une vaine rhétorique essaie de masquer : «Je ne pense pas un traître mot de ce que je dis, l’essentiel est que le Prince se dise voilà quelqu’un qui me défend, qui a compris ma vision (jamais précisée du reste) peut être serais-je récompensé et pourquoi pas, par un poste ministériel ou par toute autre sinécure ?» Ou, «elle est bien tournée ma petite phrase assassine, violente ma diatribe ; peut –être que le Prince pour fermer ma grande gueule, essaierait-il de me faire taire par quelques espèces sonnantes et trébuchantes qui me permettront d’achever ma résidence secondaire de Saly, d’épouser la femme (ou l’homme) que je convoite et de m’acheter la voiture de mes rêves ?» Quant au souci du pays, il pourra attendre. Que de discussions sans lendemain dans les salons feutrés, les alcôves bancals et les bars miteux ! Que d’aveux murmurés à voix basse, «des critiques» couchés et cachés qu’il ne faut surtout pas ébruiter quand ils viennent des supposés serviteurs du Pouvoir, de dénigrements et discours variables en fonction de l’auditoire, quand ce n’est pas le renfermement dans un silence prudent. Cela est rendu possible, je le réitère de nouveau, parce que notre société est malade de ne plus savoir d’où elle vient ni où elle va. Oublieuse de sa culture de paix et de dialogue.
C’est cette maladie qu’il faudrait nommer si nous voulons avoir une chance de rémission ; d’autant que je pressens que, ce que j’essaie d’articuler n’est que l’écume visible de cette maladie. Les assises nationales, pour ce que j’en comprends – ne sont ni pro ni anti Pouvoir, mais s’efforcent de poser le bon diagnostic. Elles n’en ont pas cependant le monopole. Y-a-t-il un choix possible entre soigner une maladie scrupuleusement diagnostiquée et «mourir guéri» ?
Or, rien n’est perdu si le président de la République, soucieux du pays et de l’Histoire, je le sais, prend les mesures idoines. Cela, en jetant les bases d’un dialogue sérieux avec l’opposition ; en réduisant le train de vie de l’Etat, en normalisant ses relations avec la presse mais, surtout en faisant de la résorption de la demande sociale la priorité de son gouvernement, en endiguant les dérives, en «civilisant» davantage son parti, en mettant fin aux gabegies de toute sorte. En tournant le dos à ceux qui lui disent que tout va bien dans le meilleur des mondes avec une mauvaise foi, de même qu’à ceux qui prédisent l’imminence de l’Apocalypse, en luttant de toutes ses forces pour l’émergence de consensus forts. En restaurant le dialogue social, en muselant tous les pêcheurs en eaux troubles de tous les bords qui rêvent de plaies et de bosses ; en faisant appel à toutes les compétences du pays avec comme unique principe, l’instauration de la paix : condition de l’émergence d’une démocratie consolidée. Le faisant, il s’assure une place enviable dans la postérité en laissant une marque définitive que rien ne saurait ternir. Il partira sans crainte pour lui-même et sa famille afin d’incarner la figure tutélaire du Grand Mawdo, du Patriarche.
Nul ne peut gouverner dans la tourmente. Si des situations inédites venaient à se produire lui seul en serait responsable devant l’Histoire. «Il ne suffit pas d’être un grand homme ; il faut l’être au bon moment.» Sachons raison garder pour que rien n’aveugle ou n’obère les nécessaires lucidités. Il y a dans notre pays une triple urgence : politique, économique et surtout éthique. Le chef de l’Etat, dont l’ambition pour un grand Sénégal dans une vaste Afrique libre et prospère ne fait pas de doute, est aujourd’hui face à son peuple et à l’histoire. Face à un moment décisif, son Destin.
Hamidou DIA - hilosophe-écrivain