Plaidoyer pour un enseignement de qualité au
Plaidoyer pour un enseignement de qualité au Sénégal.
Il est une donnée qui échappe souvent aux sénégalais lorsqu’ils se penchent sur les anomalies fonctionnelles de notre système éducatif. Certains pensent que les principes fondateurs d’un enseignement digne de ce nom ne sont pas suffisamment maîtrisés. Ce serait alors la raison majeure pour laquelle les structures ayant en charge la définition de la politique éducative du pays ne sont point cohérentes, ce qui aurait pour conséquence le dysfonctionnement que l’on constate depuis des années. S’il y a probablement du vrai dans cette manière de percevoir les choses, cette anomalie constatée est en réalité de moindre importance par rapport au fait que la qualité de l’enseignement ainsi que du personnel enseignant reste à voir ; raison de la baisse du niveau de nos élèves ainsi que du taux d’échec élevé.
L’éducation constitue l’un des leviers les plus puissants pour assurer le développement durable. Ne pas créer les conditions de son exercice, c’est restreindre de facto la capacité des individus à produire, donc à pourvoir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, à se protéger et à protéger les leurs. Je ne suis pas défaitiste mais je constate la défaite », avait dit J. P. Sartre.
Cette constatation, s’applique-t-elle à notre système éducatif ? Il est partout démontré que ce système est le reflet de la société qu’il enfante. Or au Sénégal, l’enseignement plonge de plus en plus dans la médiocrité. Le malaise est très diffus et le niveau de nos classes ne cesse de péricliter. Ainsi, la crise scolaire est l’occasion de remettre en question cet enseignement et de poser des bases nouvelles sur lesquelles nous devons partir afin de sauver le système.
En tant qu’enseignant, nous sommes conscients que le travail que nous imposons à nos élèves est devenu un véritable travail de Danaïdes.
D’abord, les classes sont surchargées, les matières et les leçons s’égrènent et le maître est à des mètres de son être et de sa conscience. Notre enseignement/apprentissage est donc impérativement appelé à une restructuration fondamentale pour s’extirper de ce mal endémique.
Tout d’abord, la surcharge des matières est plus ou moins inadaptée ; dont le premier effet néfaste ne laisse aucun loisir à nos élèves ; le labeur est continu. Quelques séances dites sportives (sur un terrain poussiéreux) et culturelles permettent juste à l’élève de s’évader de ce bourrage alors qu’elles devraient lui permettre de recouvrir ses potentialités pour prendre goût à la classe et découvrir ses capacités dans d’autres domaines sportif, musical... Même les récréations sont éreintantes pour l’élève.
À la maison, également, la récupération est vaine. En effet, l’élève est appelé à résoudre souvent trop d’exercices et à réviser bien des leçons s’il veut s’accrocher, chose qui, de loin, dépasse ses capacités. Cet entassement de disciplines et l’absence de récupération font perdre à nos élèves leur spontanéité à l’effort mental réfléchi et prolongé : l’émulation qui est la condition sine qua non dans l’éclosion de la personnalité juvénile. Ainsi, nos élèves font face de moins en moins aux exigences de notre « pédagogie ». Une simple réduction des programmes ne pourrait à elle seule remédier aux maux dont souffre notre école. En effet, cette erreur quantitative en a enfanté une autre plus grave encore : l’erreur qualitative. La masse de disciplines, le volume horaire et la surcharge des classes ne sont pas les seuls maux qui perturbent notre action pédagogique.
Mais profondément encore, c’est la structure de notre apprentissage. Si la plupart de nos élèves n’arrivent pas à avoir l’autonomie nécessaire à la fin de l’enseignement moyen, c’est que la conception standardisée ne laisse pas au professeur une marge suffisante pour imprégner de sa personnalité la projection identificatoire de l’élève qui lui permettrait de passer sans grand heurt du milieu familial restrictif à la société car le professeur est le pivot sur lequel l’adolescent ajuste son désir d’accomplissement identificatoire. De plus, les méthodes et les programmes préconisés ne prennent pas en considération les différents désirs et besoins de nos élèves d’une région du pays à une autre. Ils ne font pas référence à l’authenticité de la diversité sociétale de ce vaste pays soumis aux influences des contrastes géographiques et humains.
Ainsi, ce qu’on fait apprendre à nos élèves et ce qu’on leur fait savoir ne font pas référence à leur esprit éminemment variable d’une région à une autre et d’un âge mental à un autre.
En conséquence, nous leur présentons à ce stade de leur croissance physique, psychique et mentale, une matière non assimilable car la façon n’éveille aucunement leur appétit réel, mais elle part des besoins d’un psychique préalablement déterminé alors que ces élèves attendent une vie toute différente de la notre en ce début du XXIe siècle où chaque jour éclot quelque chose de nouveau. Notre tâche première est donc celle d’affiner et d’aiguiser leurs besoins. Il ne s’agit nullement de contraindre. Mais est-ce que c’est réalisable dans cette école où le matériel didactique indispensable comme les NTIC est presque inexistant ?
L’âge mental de nos élèves habitués à l’image exige ces supports qui, associés à une méthodologie rigoureuse, souple et permissive, transforment les cours en action et les résultats obtenus en ascèse. Cependant, cela n’est effectif qu’avec des professeurs compétents ; ce qui implique une bonne formation du corps enseignant.
La formation actuelle des enseignants dépasse l’entendement. Tout d’abord, dans les universités, elle est incomplète (années universitaires souvent perturbées). En effet, on a l’impression que les futurs professeurs apprennent tout sauf les savoirs et le savoir-faire dont ils auront besoin dans leur future profession. Le choix, par la suite, (des concours ? !) des futurs professeurs nouvellement « pondus » par nos facultés obéit-il à la déontologie exigée ? Quant à la formation continue instaurée depuis quelques années par la FASTEF, elle devrait obéir à un certain objectif constructeur qui créerait un climat sain où l’enseignant maintiendrait le désir d’évoluer : stage, séminaire, journée pédagogique ou journée de formation, toutes ces rencontres doivent être un prétexte pour la réalisation de cet objectif.
Enfin, la fonction d’enseignant doit être revalorisée au Sénégal pour renverser les tendances et attirer les gens ayant un meilleur niveau en vue d’une compétence certaine et d’une aptitude pédagogique réelle. Il est également impératif que l’enseignant bénéficie d’une situation sociale plus viable, de conditions de travail plus adéquates et d’encouragements conséquents. Il y va de la vie de notre éducation. Cette éducation qui, dans beaucoup de pays, subit un essor sans précédent, doit impérativement se libérer de ses sangles, nous pourrons, alors, inverser les choses et dire : « Nous sommes optimistes car nous constatons la réussite. »
Mes articles ont pour objectif d’exposer mes réflexions sur les problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels du Sénégal mon cher pays. Il vise à informer, dans différents domaines, les sénégalais sur la situation réelle du pays. J’espère, par les nombreuses publications qui seront mises en ligne ou publiées sur la presse quotidienne locale, contribuer à la mise du Sénégal sur le sentier du développement économique, politique et social.
Ainsi, au-delà des critiques sur la mauvaise gouvernance structurelle qui caractérise aujourd’hui le pays, mes articles vont toujours, après analyse scientifique du problème évoqué, contenir des propositions de solutions, des thérapies adressées aux autorités publiques sénégalaises.
Aussi, si ces mesures thérapeutiques préconisées étaient par hasard appliquées sur le terrain par les pouvoirs publics, mes articles auront ainsi rempli leur objectif primordial, celui de faire progressivement de mon cher Sénégal, un pays meilleur.
Papa Amadou Thiam,
Thiamadou50@yahoo.fr
Professeur au lycée de Ndoffane