une élection présidentielle atypique au Sénég
Le spectre d’une année blanche
C’est une évidence aujourd’hui que de dire que l’année scolaire et universitaire au Sénégal s’engouffre inévitablement vers une catastrophe que tout le monde redoutait jusque-là. En réalité, c’est le spectre d’une année blanche dont les enseignants ne veulent pas du tout entendre parler qui plane et qui inquiète particulièrement les acteurs du secteur. Le fait de le reconnaître et de le dire n’a absolument rien de pessimiste ni d’alarmiste encore moins de dramatique. La situation est d’autant plus alarmante que les enseignants eux-mêmes, les parents d’élèves, les étudiants et les élèves semblent ne plus avoir le moindre espoir de voir sauvée l’année scolaire et universitaire qui est pratiquement compromise.En effet, depuis bientôt quatre à cinq mois, le système éducatif, dans son ensemble, se trouve paralysé suite aux mots d’ordre de grèves sans cesse décrétés et renouvelés par les enseignants. Ces derniers n’ont toujours pas vu leurs doléances satisfaites par le gouvernement malgré les rencontres qu’ils ont pu avoir avec leurs autorités de tutelle. Il faut rappeler que les doléances de ces enseignants, dans l’ensemble, tournent essentiellement, entre autres points, sur des questions concernant le respect scrupuleux des accords antérieurement signés avec le gouvernement, l’amélioration de leurs conditions de travail, l’octroi d’indemnités et autres émoluments liés à leurs statuts, le recrutement d’enseignants formés, la construction et la livraison d’infrastructures fonctionnelles…
A toutes ces questions, ni le ministre de l’Education, Kalidou Diallo, ni son collègue de l’Enseignement supérieur, Amadou Tidiane Bâ, n’ont été capables d’apporter les réponses concrètes qu’attendaient les enseignants. Ces derniers ont été tous déçus de constater que des ministres de la République, pilotant un secteur aussi sensible que celui de l’enseignement, n’aient pas été à même de réagir promptement dès la première heure et avec la manière qui convenait, aux moindres problèmes qui ont surgi au sein de leurs départements respectifs, affin de désamorcer la crise. Sous d’autres cieux, un tel fiasco cuisant de part et d’autre, aurait logiquement entraîné la démission de ces deux enseignants devenus ministres. Mais, la leçon est bien connue de tous. En Afrique, l’incapacité d’un ministre de la République à résoudre certains problèmes élémentaires de son domaine, n’a jamais entraîné la démission ni le limogeage de celui-ci. Bien au contraire, cela ne fait que le conforter davantage dans son portefeuille.
Il faut aussi constater avec regret qu’aujourd’hui, la résolution de la crise scolaire et universitaire a largement dépassé les compétences des deux ministres concernés. Il avait été indiqué que ce serait le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui devait intervenir, en dernière instance, pour apporter les réponses attendues aux problèmes qui agitent le secteur de l’enseignement. Mais le président sortant qui avait reçu auparavant certains représentants syndicaux d’enseignants auxquels il avait recommandé d’évaluer leurs prétentions chiffrées que le ministre des Finances devait étudier, n’avait véritablement pas le temps de se pencher sur ce dossier brûlant parce qu’il avait été absorbé par ses activités politiques avec, notamment, la fièvre de la campagne électorale en vue de la présidentielle fixée au 26 février 2012, une campagne qui avait fini par éclipser les grands dossiers de l’Etat. Car, la priorité était bien ailleurs, elle était à la reconquête du pouvoir politique, auprès des électeurs que l’on harangue lors des meetings tenus à l’intérieur du pays, loin, très loin des amphithéâtres et des salles de classe devenus poussiéreuses et méconnaissables parce que désertés pendant des mois.
Beaucoup de temps s’est écoulé et les problèmes sont restés les mêmes alors qu’il faut du temps pour les résoudre et encore du temps pour valider l’année scolaire et universitaire. On a fait comme si de rien n’était. Et l’inquiétude est de plus en plus grandissante au fur et à mesure que le temps passe, surtout, chez les élèves et chez les étudiants qui se sentent déjà sacrifiés. Dans les universités publiques, les étudiants n’ont pas subi les examens du premier semestre tandis que dans les lycées, les compositions du premier semestre et les évaluations qui devraient normalement se faire n’ont pas été tenues et cela, à quelque trois mois seulement de la fin de l’année scolaire. Tous ces facteurs montrent clairement que l’on s’achemine inéluctablement vers une année blanche que nul ne souhaite, surtout, dans un pays qui en avait connu une en 1988, date dont les mauvais souvenirs restent encore vivaces dans la mémoire de beaucoup de Sénégalais. Une année blanche a toujours entrainé de graves conséquences dans un pays.
En réalité, même si le gouvernement venait aujourd’hui à satisfaire toutes les revendications posées par les syndicats d’enseignants et que les cours reprenaient, on verra mal comment on pourrait sauver le reste de l’année, quant on sait que les enseignements n’ont pas été régulièrement dispensés pendant près de quatre à cinq mois sur un calendrier scolaire et universitaire qui s’étend sur une période de neuf mois. Si l’on veut absolument sauver une année, rien que pour la sauver, on se retrouverait alors avec des quantums horaires de cours non atteints. Même si l’on venait à procéder à des rafistolages et autres rabibochages peu recommandables qu’on a toujours essayé de faire à la dernière minute, pour sauver une année en péril, on sacrifierait des milliers d’élèves et étudiants.
Ces rafistolages auxquels on recourt souvent, par de légers réaménagements du calendrier des examens de fin d’année, se traduisent en général, par un véritable bourrage de crânes suite à de diluviennes pluies de cours rapprochés, des séances de rattrapages intenses et des torrents de polycopies souvent mal exploitées et incomprises qui s’abattent sur les apprenants. Cette méthode de rabibochages n’a jamais été, du reste, efficace en termes de résultats, dans la mesure où, ce sont les apprenants qui sont accablés par un terrible cavage de leçons. Ils ploient souvent sous le poids de la pression, du stress et de l’angoisse et sont mis à rude épreuve parce qu’ils reçoivent les programmes d’enseignement de façon accélérée et saturée et n’ont jamais le temps d’apprentissage nécessaire requis pour se consacrer convenablement à tout ce qu’on leur donne. C’est ce qui se solde, naturellement, par des résultats catastrophiques enregistrés lors des examens de fin d’année. Il faut reconnaître que ce genre de raccommodages inefficients a toujours des répercussions négatives sur le niveau des apprenants, lequel est devenu relativement bas.
Un autre facteur qui pourrait, peut-être, davantage compliquer les faits et laisser planer de sérieuses menaces d’une année blanche, au cas où le gouvernement sortant ne parvenait pas à résoudre la crise, c’est le fait que les enseignants se soient décidés à ne pas du tout accorder un quelconque état de grâce à la prochaine équipe gouvernementale qui sera mise en place juste après l’élection présidentielle. Cela signifie, en fait, que le prochain gouvernement qui sera installé va hériter de ce dossier délicat auquel il est tenu vite d’apporter des solutions concrètes pour sauver l’année. Or, le nouveau régime qui sera installé ne pourra se pencher véritablement sur un quelconque dossier de l’Etat que lorsqu’il entrera officiellement en fonction. Et cela ne sera effectif qu’au mois d’avril prochain. Ce qui, à l’évidence, prendra encore beaucoup de temps pendant qu’il commence déjà à être tard. Tout laisse croire que l’issue de la crise n’est certainement pas pour demain. Mais, il est quand même permis de croire qu’il ne sera jamais trop tard pour apporter des solutions et sauver une année scolaire en danger.
En effet, au rythme où évoluent les choses, la priorité, aujourd’hui, ne doit plus être au simple fait de vouloir coûte que coûte sauver une année apparemment hypothéquée mais, elle doit plutôt résider dans une ferme volonté de la part de l’Etat sénégalais de sauver tout un système en déliquescence afin d’éviter, à l’avenir, à l’école de se retrouver dans la même situation que celle actuelle. Sauver le système éducatif, c’est lui apporter tous les remèdes efficaces, en s’attaquant, de façon vigoureuse et durable, à tous les maux dont il souffre. A cet effet, la tenue des Assises nationales sur le système éducatif qui réunirait et impliquerait directement les plus hautes autorités de l’Etat, l’ensemble des acteurs concernés du secteur, les différents syndicats d’enseignants et les partenaires au développement spécialisés dans le domaine de l’éducation, serait une piste appropriée de réflexions fructueuses qui pourrait aider le système à sortir de ce cycle infernal et sempiternel de crises.
La solution doit aussi, nécessairement, passer par la valorisation de la fonction enseignante qui est aujourd’hui, il faut le reconnaître, ternie, dégradée, banalisée et abandonnée. Lorsque les enseignants seront mis dans de meilleures conditions d’existence et de travail, lorsque leur environnent pollué et mazouté sera rendu plus sein, lorsqu’ils auront droit à de meilleurs traitements salariaux dignes de ce nom et assortis d’un pouvoir d’achat nettement amélioré, lorsqu’on leur accordera le respect et la considération qu’ils méritent, surtout quand on leur fait signer des accords qui ne sont jamais respectés, lorsque l’on prêtera une oreille plus attentive à leurs préoccupations, l’école sénégalaise se portera mieux et sera surement épargnée de ces perturbations cycliques dans lesquelles elle se trouve empêtrée depuis très longtemps.
M. Babou DIATTA, Professeur de Portugais, Au lycée Malick Sy de Thiès, Consultant à l’Université de Thiès/Ufr Ses Département de Langues étrangères appliquées (Lea) E-mail : thelougoumba@hotmail.com
Deuxième tour de la présidentielle : quelle(s) alliance(s) pour élargir l’électorat de WADE?
Deuxième tour de la présidentielle : quelle(s) alliance(s) pour élargir l’électorat de WADE?
Après le vote massif des Sénégalais ce 26 février 2012, les résultats continuent à tomber. Il ne fait presque plus de doute qu’un deuxième tour de scrutin est inévitable pour designer le vainqueur de cette élection. La dernière déclaration de Wade devant la presse nous conforte dans cette idée. A cet effet, les deux éventuels protagonistes de ce scrutin auront besoin de soutiens forts pour remporter la présidentielle. D’après les tendances fortes qui se dessinent en ce moment, on pense que Macky en découdra avec WADE. Si le premier a potentiellement un vivier électoral constitué de ses camarades du M23 et des deux coalitions Benno dans lequel il peut puiser des renforts de voix, peut-on en dire autant pour le second contre qui, tous ont voté ?
L’histoire semble mordicus se répéter pour WADE. Comme en 2000, son score, à l’issue du premier tour, est en deçà des 40 % et il a besoin, pour triompher cette fois encore, d’avoir de solides alliances. Cette option semble la seule qui existe pour son camp. Mais, les choses ne risqueront-elles pas de se compliquer pour le candidat des FAL 2012 ? Il lui sera certainement difficile, nous semble-t-il, d’avoir le soutien d’un NIASSE, Tanor, Ibrahima FALL ou IDY si l’on sait que ces derniers ont rué dans les brancards pour dénoncer sa candidature.
L’autre particularité est que WADE fait face à ses anciens alliés dont la plupart ont été de très proches collaborateurs (anciens premiers ministres, directeurs de cabinet ou de campagne, etc.) Mais, paradoxalement, avec tous ces leaders, il a eu d’incroyables démêlés politiques et même judiciaires. L’épisode de l’affaire dite des chantiers de Thiès est le plus pathétique. Wade et Idy se sont livrés un duel à mort pour une histoire de sous et de préséance au sommet de l’Etat. Le premier accusant le second d’avoir fait main basse sur une quarantaine de milliards et de viser son « fauteuil » présidentiel. Pendant de longs mois la bataille Idy-WADE a mis sens dessus dessous la République et ses institutions.
Avec NIASSE, la confrontation a été moins rude mais elle fit voler en éclat le premier gouvernement de l’alternance. En défénestrant celui, qui avec ses 17 %, avait fortement contribué à son élection, WADE a fait de son ex-allié un animal blessé dont le rêve (inavoué) est sans doute de se venger un jour. En effet, pendant presque 10 ans, le patron de l’AFP s’est battu farouchement contre l’homme et son régime. L’occasion de faire « payer » WADE est là. Avec ce deuxième tour, NIASSE s’érige en faiseur de roi. L’opportunité semble donc trop belle pour être vraie. Ce serait trop bête de la laisser passer diraient certains.
Une alliance WADE-Tanor serait peut-être, elle, un excellent coup politique pour les libéraux. Mais, le PDS pourrait-il idéologiquement s’allier avec le PS son ennemi de toujours ? L’histoire des deux formations ne le permettrait sans doute pas, voire jamais. Alors vers qui WADE pourra-t-il se tourner ? Nous craignons fort qu’il ne fasse cavalier seul. Ce qui serait risible et ahurissant.
Seulement, la politique restera la politique c’est-à-dire un monde imprévisible. Dans cette jungle, morale et vertu tiennent très peu de place. Toutes sortes d’événements peuvent, du jour au lendemain, créer des revirements spectaculaires. On l’a vu en 2000 avec Djibo Leyti KA qui, toute honte bue, a retourné sa veste d’opposant irréductible pour retourner auprès de DIOUF. Pour des prébendes, nos hommes et femmes politiques sont capables du meilleur comme du pire. L’alternance nous l’a hélas prouvé. On espère que pour ce scrutin tous penseront au peuple.
Amadou SARR, saramadou2008@gmail.com
Le peuple sénégalais, seul arbitre
Quoi qu’il arrive dorénavant, il a été démontré ce 26 février que le peuple sénégalais a décidé de se prendre en main pour arbitrer, lui-même, tous les débats sur la bonne marche de son système démocratique. Tout recul ou tentative de forfaiture sera sanctionné par les urnes, à la toute prochaine échéance. Au-delà du mérite indéniable des candidats, les résultats obtenus signent la victoire du ‘Daas fanaanal’ des jeunes du mouvement ‘Y en a marre’ qui ont fini par coaliser les électeurs pour relever le flambeau que le Conseil constitutionnel n’avait pas pu allumer. Deux attitudes se dégagent, cependant, qui pourraient être lourdes de conséquences. Celle qui veut que les alliances futures soient négociées avec Macky Sall et celle qui voudrait installer un front autour du second tour. C’est qu’on n’a pas retenu les deux leçons de ce scrutin. Les électeurs choisissent l’unité et sanctionnent tant la désunion (Bennoo Siggil Senegaal a payé pour ça) que la démarche solitaire qui est celle de ceux qui n’écoutent que cette petite voix intérieure de l’ambition (Cheikh Bamba Dièye peut être ‘attristé’ de n’avoir pas médité le verset ‘Khoulhan Ounzou birabi nassi’, tout comme Cheikh Tidiane Gadio).
Toujours est-il qu’avec la première lecture du baromètre électoral, comme le suggérait Sidy Lamine Niasse (sur Walf Tv), les candidats de l’opposition devaient logiquement se ranger sur la position tranchée qui les avait réunis autour du refus de la candidature du président sortant. C’est le seul dénominateur commun qui n’ait pas varié. Ainsi, l’annonce des résultats partiels donnant deux favoris n’aurait dû susciter qu’une réaction politiquement correcte : ‘soutien automatique’ au candidat arrivé deuxième. Or, seuls les camps d’Idrissa Seck et Ousmane Tanor Dieng (dans une moindre mesure) semblent avoir retenu ce scénario, en tout cas parmi ceux qui peuvent peser sur la balance. La position attentiste de Niasse et la proposition d’un front M23 par Gadio laisseraient planer un doute quant à la suite du débat.
C’est certainement ce que le candidat des Fal 2012 a si bien anticipé. Puisqu’en annonçant qu’il allait ‘explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques’, Me Wade ne fait que jeter un ballon de sonde à double objectif. En fait, il est clair que MM Niasse, Dieng et Seck ne le soutiendront pas, parce que leurs militants ne les suivraient pas. Ce n’est donc pas à eux que s’adresse cet appel du pied. Il n’est pas besoin non plus d’anticiper sur un éventuel ralliement des neuf autres qui font totalement moins de 10 % et n’apporteront pas grand-chose à un candidat qui n’a mobilisé à son compte que 32 % des 60 % d’électeurs ayant fait le déplacement. Mais en tenant compte de la baisse plus que probable du taux de participation - c’est la règle dans les deuxièmes tours - le ballon de sonde peut s’adresser aux indécis et à des porteurs de voix et grands électeurs identifiés qui vont à coup sûr être démarchés. C’est pourquoi l’attitude qui consiste à annoncer des négociations ou des propositions à Macky Sall (déjà à la tête d’une coalition) risque davantage de faire diversion. En effet, ce dernier avait signé les conclusions des assises nationales ‘avec des réserves’. Il serait inopportun de vouloir y revenir avant l’issue définitive du vote. Le vainqueur pourra alors y puiser, selon son bon vouloir, comme l’avait, d’ailleurs, dit Abdoulaye Wade lui-même.
Ainsi, même si l’attitude républicaine et la posture diplomatique commandent une déclaration comme celle de Moustapha Niasse qui dit attendre ‘les résultats de la commission de recensement’, le politiquement correct aurait été de ne pas laisser planer le doute dans l’esprit des souteneurs intéressés qui ne manqueront pas de rejoindre Wade. C’est aussi ça la liberté de choix. Même si Me Alioune Badara Cissé a annoncé la posture responsable qui consiste à consulter tout le monde, il aurait été plus judicieux de fermer cette probabilité, même si on va discuter en coulisses, plutôt que d’indiquer qu’il y a matière à négociation, comme Me Elhadj Diouf (à 2stv). Sur un autre plan, les tiraillements des derniers jours de campagne entre Macky Sall et le M23, ainsi que la sanction négative que les électeurs ont infligée aux tenants invétérés de cette démarche (Ibrahima Fall, Idrissa Seck mais, surtout, Cheikh Bamba Dièye et Cheikh Tidiane Gadio) indiqueraient qu’il n’est guère opportun d’aller actuellement vers des positions susceptibles de réveiller des dissensions. Vouloir installer un front du M23, ce que préconise Gadio, relève d’une telle approche qui risquerait de faire resurgir la discorde. Est-il possible, en outre, de nouer des alliances programmatiques en quinze jours, sans que cela ne soit une sorte de rafistolage qui va éclater dès les premiers mois ? C’est en tout cas seulement dans ce sens qu’on peut se permettre de dire que le scénario de 2000 se dessine. Car les élections de 2012 sont inédites, en tout autre point. L’électorat sénégalais ayant démontré, au-delà de toute contestation, qu’il est le seul juge.
Fara SAMBE
Les urnes ont hurlé
Comme excédé par les prévisions excessivement pessimistes ou optimistes voire diaboliques ou irréalistes selon le camp, le lion rouge a rugi. Fidèle à son héritage et à sa culture, le Sénégal a refusé de manger dans le bol du déshonneur. Dans une ambiance démocratique, les Sénégalais ont voté dans le calme, la dignité et la discipline. Il n’y a eu ni fumée ni feu et les résultats qui sortent des urnes montrent que la transparence était possible, le hold-up impossible et la victoire au premier tour, une illusion. En attendant les résultats des départements de Mbacké, Goudomp et Sareya, les chiffres issus des commissions départementales mettent le président sortant, Abdoulaye Wade, en tête avec 33 %, suivi de Macky Sall 25 % et Moustapha Niass 14 %. Ces résultats concernent quarante-deux départements sur quarante-cinq. Par conséquent, un second tour est devenu une réalité incontournable.
Faut-il en conclure que c’est la fin de l’ère Wade ? La réponse dépendra surtout du rapport de force entre les engagements politiques pris par les uns et les autres, face à la realpolitik. La grande question est de savoir si les engagements politiques, particulièrement la radicalisation de l’opposition qui avait fait du retrait inconditionnel de la candidature de Wade et de son âge jugé trop avancé, son principal combat, tiendront devant le réalisme politique qui veut que l’intérêt du parti prenne le dessus sur tout. Comme quoi les nations et les partis n’ont pas d’amis mais des intérêts.
La logique de la parole donnée impose aux leaders Moustapha Niass de Bennoo Siggil Senegaal, Ousmane Tanor Dieng de ‘Bennoo ak Tanor’, Idrissa Seck de ‘Idy4Président’, aux autres candidats, ainsi qu’à leurs partis respectifs, de voter contre l’adversaire commun de départ qui risque, pour certains d’entre eux, de devenir le partenaire final. Oui, cela peut paraître absurde pour beaucoup, mais les enjeux et la survie politique peuvent dicter des prises de position qui peuvent irriter plus d’un. Une analyse froide de ce contexte électoral nébuleux me fait dire que l’on risque de voir au sein des grands partis de l’opposition qui vont arbitrer Macky et Wade, des positions volontairement divergentes. Les leaders vont sauvegarder leur image et leur parole donnée en appelant à voter contre Wade tandis que l’autre frange défendra très probablement la survie du parti qui aurait intérêt à s’allier même contre nature avec Wade pour se donner une chance de revenir au pouvoir à moyen terme, sachant que ce dernier est dans l’obligation d’organiser de nouvelles élections dans trois ans tout au plus. Cette analyse n’a pas échappé au porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane, qui a attiré l’attention de ses frères socialistes sur le risque de voter Macky qui va ajouter aux douze ans d’attente sous le règne pesant des libéraux du Pds, quatorze autres années libérales insupportables, en hibernation sous le soleil de l’Apr.
Mais la realpolitik peut aussi perturber les concessions et les ententes de dernière minute qui ont fait la cohésion à l’origine du score de 33 % du Fal 2012 arrivé en tête, pour réveiller les dissensions et entraîner des ralliements jugés plus sécurisants avec le camp de Macky qui se trouve en position de tirer la dernière balle de la série de pénalty pour remporter la coupe du Sénégal. Mais, attention au poteau et à l’expérience du vieux gardien qui n’a pas encore dit son dernier mot. O diable ! qui donc a conseillé au président de rejeter l’offre paradisiaque du report des élections pour se retrouver dans cette position combien inconfortable ? Cependant, dans leurs calculs et analyses, les politiques devront aussi intégrer le fait que les citoyens ont aussi leurs intérêts et leurs principes à défendre et qu’ils ont surtout pris conscience de la force de frappe de leurs cartes d’électeurs.
Cheikh Bamba DIOUM bambadioum@yahoo.fr
Evidences et leçons préliminaires d’une élection présidentielle atypique au Sénégal
Dans l’attente de la proclamation officielle des résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel du 26 février 2012 au Sénégal et tandis que l’histoire semble se répéter en bégayant, il est d’ores et déjà possible de dresser divers constats sur le déroulement plutôt atypique du processus électoral et d’en tirer quelques enseignements utiles pour l’avenir.
C’est la première fois dans l’histoire politique du pays que le contentieux pré-électoral porte, non pas tant sur la fiabilité du fichier électoral ou la distribution sélective des cartes d’électeur, que sur la validité ou l’invalidité des candidatures. Pire, la validation scélérate de celle du Président sortant a eu de funestes conséquences avec une dizaine de morts, des centaines de blessés et de nombreuses arrestations liées aux violences policières. Il s’y ajoute la disqualification du Conseil Constitutionnel (juge des élections) principalement, et de la CENA (chargée de la supervision et du contrôle des opérations électorales) accessoirement.
Ces faits sans précédent ont vraisemblablement effrayé une partie de l’électorat, contribuant ainsi, au même titre que l’intensification de la guerre en Casamance, à accroître le taux d’abstention. Une comparaison du score des candidats arrivés en tête avec le taux de participation civile ou militaire montre que le parti de l’abstention demeure le parti majoritaire au Sénégal.
Inversement, la tension croissante à l’approche du scrutin, résultant de la mobilisation et de l’appel à la résistance du Mouvement des Forces Vives du 23 Juin (M23) contre l’arbitraire gouvernemental, a probablement joué un rôle dissuasif sur les abus et fraudes électorales en tous genres.
En outre, les données du recensement des votes, quoique partiel et provisoire, indiquent incontestablement qu’une grande majorité de l’électorat a dit « non à un troisième mandat » de Wade, conformément à la position invariable du M23. L’épreuve du second tour de scrutin qui lui est imposée ne peut qu’être fatale au clan du Président sortant et constitue en elle-même une victoire décisive du peuple souverain.
Par ailleurs, il est manifeste que le score élevé du candidat frauduleux ne peut s’expliquer par son « bilan » (qu’il s’est d’ailleurs bien gardé de présenter durant la campagne), pas plus que celui de ses concurrents n’est justifé par l’originalité ou la qualité de leurs propositions.
Il apparaît, par contre, que le classement des quatorze (14) candidats en compétition semble être en relation directe et proportionnelle avec les montants de leurs budgets de campagne respectifs. Malgré l’opacité qui entoure le financement des élections au Sénégal, il est difficile de nier le rôle à la fois déterminant et pervers de l’argent public et privé dans l’expression du suffrage.
Enfin et surtout, il est évident que l’identité politique des deux candidats retenus pour le second tour restreint la compétition finale pour le fauteuil présidentiel au sein du seul camp dit libéral, même si l’un d’eux a bien signé la Charte de Gouvernance Démocratique des Assises Nationales sans aucune réserve écrite.
Contrairement aux déclarations arrogantes du Président sortant et en dépit d’innombrables manœuvres et manipulations de son gouvernement et de son parlement en vue d’imposer d’abord sa candidature illégale à un troisième mandat et ensuite son passage en force dès le premier tour, il semble désormais acquis que rien ni personne ne pourra sauver l’imposteur A. Wade d’une défaite aussi cuisante qu’humiliante, à l’issue du second tour de scrutin.
Cette sanction négative du suffrage universel est aussi prévisible que celle qui a frappé les débris de la défunte coalition de l’opposition Bennoo Siggil Senegaal (BSS), dont l’échec du projet unitaire a abouti à un résultat analogue au triste précédent de l’éclatement de la Coalition Pour l’Alternative (CPA), à la veille de l’élection présidentielle de 2007 : le triomphe de la continuité pseudo-libérale en un ou deux tours, avec leurs deux représentants qui totalisent environ les deux-tiers des suffrages exprimés. Le contraste n’est-il pas frappant avec la prime à l’unité que cet électorat avait accordée à la même BSS lors des élections locales de 2009 ?
Cependant, à défaut d’un ultime sursaut de bon sens et de sagesse qui aurait dû conduire le Président sortant, pour préserver la paix civile, à renoncer à cette candidature de trop (la septième en 34 ans), les convulsions terminales de la bête sopiste mortellement blessée pourraient l’enfermer dans un dilemme cornélien: tenter un baroud d’honneur désespéré contre son fils adoptif renié ou bien se désister in extremis en faveur de son ancien allié du FAL 2000, devenu un adversaire irréductible…
Dans tous les cas de figure, le résultat du second tour de scrutin le contraindrait à une passation ordonnée des pouvoirs à son successeur élu ; alors qu’il eut sans doute préféré, faute d’une impossible réélection, un coup d’Etat militaire (ou civil) dans un contexte de chaos provoqué.
Quoi qu’il en soit, l’issue finale de la compétition en cours étant connue d’avance (par la libre expression du suffrage ou la résistance populaire), la seule incertitude qui demeure porte sur l’orientation politique et les méthodes de travail de l’équipe de relève « libérale » qui va prendre les commandes du pays. Même si le Président entrant est lié par un engagement formel à l’égard de la feuille de route de rupture refondatrice définie par les Assises Nationales, il convient d’observer une certaine réserve jusqu’à ce que ses premiers actes viennent édifier l’opinion publique nationale quant à ses intentions véritables… en attendant le 3ème tour que représenteront assurément les élections législatives prévues le 17 juin prochain.
Ku bëreey daan !
Dialo DIOP
Secrétaire Général du Rassemblement
National Démocratique (RND)
PRESIDENTIELLE 2012 - Le second tour ou le début des coalitions contre-nature ?
Le Sénégal vient, avec le scrutin du 26 Février 2012, de montrer de manière remarquable à la face du monde, qu’une élection peut se passer en Afrique sans barbarie aucune.
Le comportement exemplaire et la détermination du peuple sénégalais, de chaque citoyen et citoyenne, le jour du scrutin de s’acquitter de son devoir électoral étaient une preuve de la maturité de l’Homme Sénégalais !!
La veille du scrutin, une tension extrême régnait dans le pays, entretenue par des personnes mal intentionnées et peu respectueuses de la démocratie qui prédisaient le chaos pour notre pays. Accablées par le spectre de violences post électorales, la plupart des sénégalais ou ceux qui pouvaient s’offrir ce luxe avaient déjà fait leurs provisions. C’est dans ce climat que le lendemain, je me suis résolue à m’acquitter de mon devoir citoyen comme tout sénégalais.
C’est le lieu de rendre hommage à tous les citoyens et toutes les citoyennes qui ont vaillamment décidé de voter au lieu de se laisser happer par des menaces finalement vaines.
Les premières tendances issues du scrutin semblent indiquer que le second tour est inévitable. Et que dans cette perspective, le quarté dominant va se composer de :
Me Abdoulaye Wade, candidat de la Coalition des FAL ;
Mr Macky Sall, candidat de la Coalition Macky 2012 ;
Mr Moustapha Niasse, candidat de la Coalition Benno Siggil Sénégal ;
Mr Ousmane Tanor Dieng, Candidat de la Coalition Benno ak Tanor.
Les choses sérieuses et pas forcément rationnelles commencent maintenant !! Car le paradoxe du citoyen s’est de ne pas être d’accord avec la candidature de Me Abdoulaye Wade et de le créditer quand même comme le premier candidat avec son score même provisoire. L’abstention des autres citoyens est bien réelle et Me Abdoulaye Wade, en dépit de la mobilisation de la rue qualifiée de populaire reste provisoirement en tête , même s’il n’a pas encore un score qui lui permet valablement d’être vainqueur au premier tour. De ce fait, le jeu des alliances au Sénégal va être désormais, l’exercice favori des potentiels aspirants au Palais de la République. Et ce jeu va se faire en dehors de toute idéologie et de toute objectivité et va s’analyser avec des greffes avec tous les risques de rejet liés à la fragilité d’une telle opération surtout si elle est faite par des personnes obnubilées par leurs intérêts personnels.
Que risque t’il de se passer après le discours apaisant du candidat des FAL, Me Abdoulaye Wade ?
Naturellement, les états majors des candidats assoiffés de pouvoir en dehors de toute étique vont reprendre leurs calculettes qu’ils n’ont jamais abandonnées pour voir les perspectives de négociation.
Je ne serais pas étonnée de voir les folles combinaisons suivantes :
1ère combinaison
Le Candidat Mr Idrissa Seck retourne à la maison du Père en mettant sur la table la « carte Thiès » malgré les déclarations de ses lieutenants. Le candidat s’est toujours considéré comme l’un des actionnaires les plus importants et membre fondateur du Parti Démocratique Sénégalais, -le PDS-. La conception patrimoniale de certains partis politiques pourrait faciliter le retour de l’enfant turbulent et prétentieux à la maison du Père qui en excellent stratège essaie de sauver ce qui reste du Parti Démocratique Sénégalais qu’il a tant chéri et qu’il a envie de préserver malgré toutes les opérations de lifting déjà effectuées. Ce qui intéresse Mr Idrissa Seck c’est de devenir le 4ème Président de la République du Sénégal et il sait qu’il ne peut pas actuellement s’asseoir sur le siège du Président par la voie des urnes. Il a besoin de facilités et le Père d’emprunt peut toujours lui offrir cela s’il se décide à ne continuer le mandat si toutefois il gagne au second tour. Je suis entrain d’imaginer l’hypothèse d’une vice présidence réintroduite par la magie des réformes et de l’Assemblée et du Sénat et qui pourrait permettre au fils d’emprunt de continuer le reste des années de pouvoir et de se préparer valablement pour remporter la prochaine élection et dépoussiérer ainsi son système de maillage jadis efficace mais aujourd’hui dormant. Dans ce cas, advienne que pourra au PDS et bonjour les rivalités et guerres de tendances très chères à ce Parti qui a le seul mérite d’être coaché par une personne d’une rare intelligence, Me Abdoulaye Wade et qui ne doit encore son unité que par la présence du Maître. Pour régler définitivement la question du numéro 2, il faut organiser des primaires à l’intérieur de ce Parti et permettre au moins aux candidats suivants qui sont contre vents et marées restés dans la barque : Mr Ousmane Masseck Ndiaye, Mr Mamadou Seck, Me Pape Diop et Mr Souleymane Ndéné Ndiaye et d’autres qui le souhaitent de mesurer leur popularité et tester leur légitimité pour manager ce Parti.
2ème combinaison :
Mr Macky Sall qui se voit déjà au Palais gagnerait à se rapprocher des autres candidats principalement de Messieurs Ibrahima Fall et Tanor Dieng pour bénéficier de leurs consignes de vote et de leurs expertises. Il a actuellement le vent en poupe et cet effet de mode devrait le servir et il devrait éviter de reconduire systématiquement le schéma de Wade et de faire de l’APR le siège et le repère de tous les transhumants du PDS.
Ce à quoi les sénégalais et sénégalaises attendent de lui c’est principalement 3 choses :
La fin des impunités ;
Une gestion correcte et impartiale des affaires de l’Etat ;
Une amélioration des conditions de vie du sénégalais.
Dans ce sens, toute alliance, redoutée par tant de sénégalais qui le considèrent toujours comme « le second couteau de…. », avec Me Abdoulaye Wade, devrait être exclue !! Et en matière de stratégie, il gagnerait réellement à faire siennes les conclusions des assises nationales, continuer la stratégie de proximité et enrichir son programme.
3ème combinaison
Cette combinaison a deux variables.
Mr Moustapha Niasse, le faiseur de Président, devrait pour l’histoire soutenir le numéro 2 de l’opposition. En le faisant, il va largement contribuer à la recomposition du paysage politique sénégalais et envoyer à la retraite méritée tous les plus de 65 ans. La recomposition qui est entrain de se faire va se poursuivre et s’imposer inéluctablement. Il est de leur devoir moral de se retirer et de promouvoir les jeunes cadres compétents qui foisonnent dans leurs partis politiques et qui n’occupent jamais le premier rôle. Et si cela se trouve que ce numéro 2 est Mr Macky Sall, il faut le soutenir sauf cas exceptionnel où lui-même se trouve numéro 1 à la fin du dépouillement du scrutin !!
C’est un cas véritablement complexe Mr Niasse !!! Il veut, souhaite et rêve de devenir Président à tout prix et je pourrais m’imaginer que le M23 travaille à cela puisque qu’il est membre de ce Mouvement!! Et sa seule chance, dans ce cas exceptionnel, c’est que Me Abdoulaye Wade-le Maître- se retire et ne se présente pas au second tour pas non pas pour faire plaisir à Mr Niass mais pour gêner………..Mr Sall.
L’avantage de cette hypothèse est qu’il sera enfin Président et Mr Macky Sall devra attendre……………………….2017 ou 2019 malgré la menace de gouvernement parallèle.
Qui va acheter cette combinaison à deux variables le jour du vote pour le second tour?
4ème combinaison
Mr Tanor Dieng soutient Me Abdoulaye Wade!!! Une hypothèse surréaliste me diriez-vous ? mais bien possible !! Au Sénégal, pour paraphraser l’autre « les partis n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts en jeu ». Ce choix suicidaire de Mr Dieng risquera de l’envoyer définitivement à la retraite politique. S’il accepte ou se met dans de telles prédispositions, les risques encourus pourraient s’analyser comme suit :
il perdra le peu de voix qu’il avait engrangé au premier tour ;
il va se retrouver dans une guerre coriace qu’il n’a jamais connue au Parti Socialiste ; il va permettre à des hommes et femmes de valeur du Parti Socialiste qui n’accepteront jamais de tels compromis tels Madame Aminata Mbengue Ndiaye, Mr Khalifa Sall et Me Aïssata Tall Sall de s’organiser à l’aide d’élections primaires pour prendre la tête du Parti Socialiste ;
il va se retrouver dans la même situation que Mr Moustapha Niasse en 2000 c’est-à-dire inexistant dans un gouvernement pléthorique.
Les dès ne sont pas encore jetés et j’espère qu’ils ne sont pas pipés… et l’exception sénégalaise pourrait encore alimenter les chroniques africaines, occidentales voire mondiales. Parce que cette présidentielle 2012 est décisive, parce qu’elle risque de sonner le glas à la plupart de cette bourgeoisie sénégalaise qui, pour la plupart , a envie de vider des contentieux personnels et anciens, le second tour de l’élection présidentielle, risque de dévoiler des jeux d’alliance jusqu’ici jamais soupçonnés mais qui vont révéler le véritable visage des « personnages » composant notre classe politique actuelle.
La seule chose rassurante c’est que le Sénégal de 2012 est différent du Sénégal de 2000.
Chaque sénégalais est conscient de la force de sa carte d’électeur et s’est lancé un défi en Afrique :
Ne pas s’offrir en spectacle et montrer que la démocratie et l’alternance en Afrique sont possible sans massacre
Madame Awa Gueye
Juriste
Experte en développement
Gey_awa@yahoo.fr