Message à la nation : Wade va-t-il enfin déme
Le 23 juin 2011, le Mouvement ‘Y’en a marre’ a dit y’en a marre et j’ai écouté, entendu et compris: j’ai compris que y’en a marre en a marre de voir qu’une frange importante des personnes qui nous gouvernent, se comporte comme si non seulement le Sénégal était sa propriété dont elle peut user et abuser à volonté, mais également comme si les votes de la majorité des citoyens de notre pays appartenait pour toujours à la coalition autour du Président Wade, parce que tout simplement les cartes de leurs propriétaires ont été librement offerts pour l’éternité à Maître Wade et à tous ceux qui acceptent de cheminer avec lui ou de défendre demain son héritage.
Y’en a marre a aussi dit par la bouche de Foumalade, qu’il en avait marre de voir des millions de gobelets de café Touba joncher partout le sol des villes Sénégalaises, alors qu’un petit geste auraient pu les faire atterrir dans une poubelle; il a également dit qu’il en avait marre de voir des ‘Ndiaga N’diaye ‘ quotidiennement surchargés de monde, et mettant toujours en danger la vie des populations.
Tout cela pose le problème de la responsabilité du citoyen vis-à-vis de lui-même, de la responsabilité du citoyen vis-à-vis de la société et celui de la responsabilité de l’état vis-à-vis de ses constituants.
Si Y’en a marre, cris du cœur du peuple, a conscience de l’étendue de ses maux, et de la dimension de ses problèmes, il ne sait pas comment leur trouver solutions et c’est normal car, cela n’est pas de ses responsabilités premières et principales; la charge principale de la résolution des problèmes des Sénégalais appartient d’abord aux gouvernants, et cette charge n’est qu’une compétence transférée.
Malheureusement, depuis le premier gouvernement d’Ahdjibou Soumaré, et l’installation du Sénat, si le Président de la République a mis un point d’honneur pour que ses grands projets continuent leur petit bonhomme de chemin, avec la crise de 2008 et les subventions supprimées, c’est non seulement qu’on n’a pas mis en place un programme d’urgence de soutien aux couches vulnérables ou défavorisées, mais beaucoup d’élus et membres du gouvernement identifiés par les populations comme n’ayant aucun mérite outre celui d’avoir été un Fidel et loyal compagnon de longue date du Président Wade, se sont installés dans leurs fonctions avec un comportement arrogant, et un refus total de même, communiquer avec le peuple.
Le 23 juin, il était question du vote d’un projet loi, mais cela n’a été qu’un prétexte; ce qui s’est déversé dans la rue ce jour là et dans la nuit du lundi 27, c’était l’accumulation d’une frustration qui a débuté nous l’avons dit quelque temps après la réélection du Président Wade en 2007.
En 2007, le Président Wade n’a été réélu qu’avec le bénéfice du doute: avec beaucoup de chantiers ouverts avec l’ère Macky Sall, le peuple a dit et tout le monde s’en souvient, ‘Bayiléne Gorgui Mou Li Guéye’ ; au lieu d’aider le président de la république a géré ‘le Sénégal comme un pays qui vient de sortir de guerre’, l’administration s’est plu depuis dans le laxisme.
Dakar et toutes les villes du Sénégal sont sales et désorganisées, et on s’en rend mieux compte lorsqu’on vient de l’étranger; si on est une personne avertie, on saura que le Festival Mondial des Arts Nègres a créé beaucoup de frustrations chez beaucoup d’artistes et hommes de culture, et depuis longtemps la banlieue Dakaroise gronde sans être écoutée ni entendue.
Beaucoup de Sénégalais sont convaincus qu’un système a été mis en place au palais présidentiel, pour empêcher le Président Wade d’être accessible par son peuple et de recevoir toute idée nouvelle de réforme; des centaines voir des milliers de projets innovants dorment aussi dans les tiroirs des conseillers du Président de la République lorsqu’ils ne sont pas tout simplement détournés.
Mettre en place un programme d’urgence de soutien aux couches vulnérables et défavorisées, comprendre que les populations ont besoin d’être associées davantage à la gestion de leur quotidien car il y va de leur destin, être conscient que le monde a changé et que du fait de l’internationalisation des medias à l’échelle planétaire et de la démocratisation de l’information, les Sénégalais dans leur ensemble ont muri et aspirent à un niveau de bien-être de classe international, sont des choses importantes à comprendre par les gouvernants actuels et ceux de demain.
Le 23 juin dernier, on a beaucoup parlé de démocratie et d’approfondissement de la démocratie mais dans tous les cas, le citoyen Sénégalais ne veut pas de démocratie qui ne nourrit pas son homme, rien ne saurait donc se construire demain dans le désordre et la terreur, les événements du 27 juin sont là pour ne le rappeler.
En route vers 2012, les électeurs de 2000 ne sont pas les électeurs de 2007, ceux de 2007 n’étaient pas ceux de 2009, et ceux de 2012 seront de type nouveau ; tout ceci pour dire que ‘Y’en a marre’ en a marre de voir que beaucoup de Sénégalais sont pris pour des demeurés et il l’a dit tout haut les 23 et 27 juin derniers, les autorités qui veulent s’adonner à ce jeu périlleux, ne peuvent pas dire qu’elles ne sont pas averties.
Samba Soumare - Consultant
Message à la nation : Wade va-t-il enfin démettre son fils ?
Ceux qui observent l’actualité politique sous nos tropiques ont encore en mémoire le discours émouvant du président Wade le 3 avril 2009, deux semaines après la débâcle qui aura coûté les élections locales au camp du PDS, le parti au pouvoir.
On se rappelle le discours du président Wade qui à l’occasion de la fête nationale du 4 avril 2009 déclarait tirer tous les enseignements de cette défaite imputable à la présence de son fils, Karim Wade dans les listes électorales, une initiative qui aura coûté la mairie de Dakar et bien d’autres collectivités au Parti démocratique sénégalais. Mais l’opinion a été prise de court lorsqu’elle s’est rendu compte que Wade n’avait tiré aucun enseignement de ces consultations électorales que lui-même avait transformées en un référendum, pour ou contre son fils. Un fils que le père a ensuite nommé dans le gouvernement avec les charges pesantes qu’on lui connait aujourd’hui. Nous sommes à peu près dans le même cas de figure, à quelques heures de l’adresse à la nation du chef de l’Etat, à l’heure où les forces vives de tous bords réclament le départ immédiat de celui dont la présence dans le gouvernement aura mis tout le monde mal à l’aise, y compris dans les rangs du PDS. Faudra-t-il s’attendre à ce que le président abdique devant l’échec et le rejet patents que continue d’essuyer Karim Wade, dont Robert Bourgi nous dit qu’il n’a rien à faire en politique, une idée largement partagée par nos compatriotes ? Wade aura-t-il la clarté d’esprit, la grandeur d’âme et la stature d’un homme d’Etat capable de décoder un message en renonçant à sa candidature d’une part, et en démettant son fils d’autre part? Aura-t-il la sagesse de faire passer l’intérêt supérieur de la nation devant ses propres aspirations à faire de son fils un homme politique célèbre mais impopulaire, puissant mais sans défense ? Le peuple va-t-il se retrouver dans ce discours tant attendu, et retrouver enfin celui qu’il a porté au pouvoir en 2000 ?
En tout état de cause, le maintien éventuel de Karim Wade dans le gouvernement édifierait l’opinion sur une chose : le président Wade n’aura tiré aucun enseignement des récents événements des 23 et 27 juin dernier. Il aura choisi le bras de fer avec son peuple au lieu de prêter une oreille attentive à ses compatriotes plus que jamais déterminés à combattre toute idée de la dévolution monarchique du pouvoir. Partira, ne partira pas, de cette allocution du président dépend l’avenir de toute une congrégation politique, et au delà, la stabilité de tout un pays et le devenir de toute une nation déterminée à recouvrer sa souveraineté après le cauchemar qu’aura été l’alternance démocratique.
Momar Mbaye
http://mbayemomar.over-blog.net
La réponse de Wade au peuple : Analyse
21 jours après la journée historique du 23 juin beaucoup de nos compatriotes attendent avec amertume le discours du Président de la république prévu aujourd’hui 14 Juillet. Pourtant depuis les événements le Président Wade s’est à maintes reprises prononcé à ce propos et a posé des actes à cet effet. Le discours du 14 juillet sera juste l’occasion pour le Président de la République de confirmer les mesures déjà prises.
On peut se poser la question de savoir pourquoi nos compatriotes attendent du chef de l’Etat qu’il fasse un discours sachant que l’action est plus forte que la parole et que le Président a déjà agi. Dans la suite de ce texte, nous allons analyser les actes posés par le chef de l’Etat et tenter d’anticiper sur ce qu’il dira le 14 juillet.
Depuis le 23 juin, le Président Wade a préféré répondre au peuple à travers 2 réunions du comité directeur de son parti.
Au delà de la teneur de ces réunions, le premier enseignement qu’on peut en tirer, c’est que le Président de la République a répondu au peuple en chef de parti. En effet face à un événement aussi majeur, au lieu de réunir les forces vives de la nation et se comporter comme un chef d’Etat, le Président Wade a choisi d’agir comme secrétaire général du PDS. Ceci n’est pas un hasard, en effet, après 11 ans d’exercice du pouvoir, le Président Wade ne s’est jamais mis dans la peau d’un chef d’Etat, il a toujours agi comme le chef du PDS et a transformé le palais de la République en un siège de son parti. Il est entré au palais comme un chef de parti et il en sortira comme un chef de parti. Après 11 ans, le Président de la République s’est montré incapable de s‘élever au dessus de la mêlée pour prendre de la hauteur afin d’agir comme l’unificateur de la nation, le garant de la cohésion nationale. Avec lui il est un peu déplacé de parler de gardien de la constitution comme le disait Elhadji Mansour Mbaye du temps du Président Abdou Diouf, en ce sens que Wade s’est toujours comporté comme un violeur de la constitution et il l’a violé à 17 reprises environ. A ce propos, pour le dédouaner, on ne peut pas forcer une personne à offrir quelque chose qu’elle n’a pas, et le Président Wade n’a ni élégance ni classe, il est incapable de voir au delà des ses intérêts, de ceux de sa famille et de ceux de son parti.
Pour en venir à la teneur de ces deux rencontres, les mesures prises peuvent se résumer en des appels à la violence et en des tentatives de dé-crédibilisation du 23 juin. En effet, le premier comité directeur avait comme objet « l’analyse de la journée du 23 juin et les décisions à prendre à cet effet ». A l’issu de la réunion, le comité directeur a pris la décision d’installer des comités de défense des institutions dans tous les quartiers du Sénégal. Le soleil rapporte que Le Président a exhorté son parti à mieux s’organiser pour répondre de « manière énergique aux agressions répétées des forces politiques adverses, sans faille et avec détermination ». Babacar Gaye révèle que le Président Wade a salué « la capacité de résistance de son parti à travers les jeunes, même s’ils ont été pris de court par les évènements ».
L’analyse de ces décisions émanant d’un Président de la République fait froid dans le dos. Tout d’abord le 23 juin, les violences notées étaient soit le fait d’éléments du PDS comme en témoignait le journaliste Pape Allé Niang ou comme le témoigne l’agression d’Alioune Tine soit des échauffourées provoquées par les charges de la police sur les manifestants. Aujourd’hui le Président Wade devrait plutôt remercier les leaders de l’opposition, car s’ils n’avaient pas canalisés la fougue de la jeunesse, aujourd’hui Wade serait dans sa dernière demeure ou à bord de la pointe de la Sardaigne pour chercher difficilement un point de chute comme ce fut le cas de Ben Ali. « Installer des comités de défense des institutions » revient à former des groupes armés dans le pays à la solde du PDS car s’il s’agit de protéger les institutions de la République la police et la gendarmerie sont là pour ça. « Saluer la capacité de résistance des jeunes du parti et les exhorter à mieux s’organiser pour réponde de manière énergique aux agressions répétées de l’opposition » : c’est une forme d’incitation à la à la violence et à la confrontation. L’agression de Serigne Mansour Sy Jamil montre que cet appel à la violence a trouvé son écho et que leur plan d’installation de la violence dans le pays est maintenant opérationnel. Ce qui est encore plus grave c’est que ces décisions ont été prises dans l’enceinte du palais de la République. Si nos institutions fonctionnaient correctement, à la publication du compte rendu de ce comité directeur, tous les gens qui ont assisté à cette rencontre devraient être traduits en justice et inculpés pour « incitation à la haine et à la violence » et « atteinte à la sureté de l’Etat ». Cette attitude de Wade nous rappelle un certain Laurent Gbagbo avec ses jeunes patriotes. Son retranchement au plais nous rappelle aussi Gbagbo quand il s’était retranché dans son palais en attendant la délivrance divine. Gbagbo a été entrainé par sa femme et le boulet de Wade c’est son fils Karim. Souhaitons pour lui et pour l’image du Sénégal qu’il ne finira pas comme son ennemi juré.
Durant la deuxième réunion du comité directeur, le Président Wade a accusé l’opposition d’être en train d’installer l’instabilité et la terreur dans le pays et que son parti doit prendre ses responsabilités pour faire face aux velléités de déstabilisation de nos institutions venant de l’intérieur comme de l’extérieur de nos frontières. Lors de cette réunion ils ont entendu Karim Wade à propos des affirmations de Robert Bourgi et comme on pouvait s’y attendre, l’assistance a cru aux démentis de Karim Wade sur parole. Durant cette réunion ils ont aussi annoncé que désormais le comité directeur allait se réunir chaque semaine. Cette deuxième réunion du comité directeur montre que le PDS veut se substituer à l’Etat pour vouloir maintenir l’ordre et s’est substitué à la justice pour découvrir la vérité à propos des affirmations de Robert Bourgi. Les faits reprochés à Karim Wade sont très graves car elles portent atteinte à la souveraineté et à la stabilité de notre pays et cela mériterait au moins l’ouverture d’une enquête sérieuse surtout que la justice peut facilement accéder aux preuves au Sénégal comme en France. Dans cette affaire espérons que la vérité sera établie un jour. Leur décision de tenir le comité directeur toutes les semaines à la présidence de la République confirme que désormais c’est au comité directeur du PDS que l’avenir de notre pays se décide.
Dans leur stratégie de minimisation et dé-crédibilisation du 23 juin, il y a eu tout d’abord le mensonge selon lequel c’est à la demande des marabouts que le projet de loi a été retiré. Karim Wade a joué sa partition dans cette stratégie de dé-crédibilisation et de diversion. C’est lui qui osé accuser publiquement sans preuve l’opposition d’avoir armée des jeunes pour s’attaquer aux autorités. Dans la foulée il a aussi accusé les opposants d’être derrière les attaques d’églises. A travers ses agissements, on voit que son but tout comme celui de son père c’est de mettre le pays à feu et à sang alors que selon Monsieur Bourgi le père et le fils étaient en train de négocier une exfiltration par l’armée française. C’est dans cette même lancée que Karim Wade a écrit sa fameuse lettre ouverte aux sénégalais. L’affaire Hissène Habré rentre toujours dans le cadre de la diversion, avec cette affaire leur but était qu’on parle du Sénégal sur d’autres dossiers internationaux pour étouffer le 23 juin. Mais détrompez vous, le 23 juin est et restera une journée historique pour notre pays et restera gravée dans toutes les mémoires. Le 9 juillet, la dispersion de la réunion du mouvement du 23 juin rentre dans le cadre de l’intimidation.
Compte tenu de l’analyse qui a été faite des actes posés jusque là et compte tenu de la personnalité du Wade, il est aisé d’anticiper sur son discours. Sans nul doute, dans son discours il abordera notamment trois points : la glorification de son œuvre, l’annonce de « mesurettes » et la critique de la communauté internationale.
Mes compatriotes qui attendent des annonces importantes risquent d’être déçus. Connaissant Wade, il ne faut pas s’attendre de sa part à une annonce importante à la hauteur des événements du 23 juin. Il n’accédera à aucune demande de l’opposition, il leur réitérera juste un appel au dialogue. Mais le problème c’est que Wade a tellement trompé et trahi que personne ne peut plus lui donner du crédit même s’il est sérieux sur ce coup.
Pour son bilan il va se glorifier des ces 7 merveilles sans dire en quoi elles sont merveilleuses pour le sénégalais moyen qui manque de tout et qui a d’autres priorités que de les contempler. Il nous parlera des routes sans nous préciser que ce sont des routes payées à prix d’or par le contribuable sénégalais qui on dirait ne mérite pas de rouler sur des routes normales payées à leur juste prix à l’instar des autres peuples. Le Président nous parlera du budget de l’éducation qui selon lui occupe 40% du budget national et de la construction d’infrastructures scolaires et universitaires on oubliant de dire que les problèmes de l’éducation sont encore plus aigus aujourd’hui plus qu’avant. Dans ce domaine, avec leur stratégie de la quantité, le Ministère de l’Education Nationale s’est transformé en un Ministère de l’alphabétisation nationale avec un niveau qui baisse d’année en année, des effectifs pléthoriques et des problèmes d’orientation des bacheliers. Dans son bilan il omettra de parler de la cherté de la vie et du désespoir des sénégalais avec l’immigration clandestine des jeunes au prix de leur vie et les immolations qui sont maintenant banalisées. Dans son bilan il oubliera de parler de ses 11 ans de corruption et de mal-gouvernance qui ont aujourd’hui plongé le pays dans une crise généralisée : gouvernement pléthorique, instabilité gouvernementale, création du Sénat et du Conseil Economique et Social, création d’agence tous azimuts, les fonds politiques sources d’enrichissement pour Wade et son fils putatif Idrissa Seck, la liquidation des ICS, la gestion de la SENELEC, l’affaire de la LONASE, le naufrage du Jola par négligence, l’affaire Mbakiyou Faye, l’affaire SUDATEL, l’affaire des 7 milliards de Taiwan, l’affaire Global Voice, l’affaire SEGURA, le scandale de l’ANOCI, le FESAMAN, le monument de la renaissance, l’accaparement des terres par le Président Wade et les proches du régime. Dans son bilan il oubliera de dire que ses 11 ans de règne, ce sont 11 ans d’impunité et d’injustice : affaire des chantiers de Thiès notamment avec l’emprisonnement injustifié de Bara Tall, agressions de Talla Sylla et d’Alioune Tine, agressions répétées de journalistes, près de 14 meurtres qui sont restés impunis à ce jour, Malick Bâ en est la dernière victime. Il oubliera de dire que ses 11 ans, ce sont aussi 11 ans de viol et de tripatouillage de la constitution à des fins familiales ou partisanes comme l’éjection de Macky Sall de la Présidence de l’Assemblée Nationale. Ce n’est que durant sa dernière et ultime tentative de viol de la constitution qu’il a été pris en flagrant délit par un peuple vigilant et déterminé.
Ensuite le Président Wade, comme à son habitude devrait annoncer des promesses qu’il ne tiendra pas. IL parlera notamment du plan takkal, de ses magasins témoins et éventuellement de vivres de soudures pour le monde rural. Déjà au lendemain de la journée du 23 juin il avait affirmé qu’il ne démissionnera pas et que le gouvernement restera en place; sur ce point il ne faudra pas s’attendre à grand chose. Il profitera peut être de cette occasion pour virer ceux qui, dans son camp étaient hostiles à son projet. Comme à son habitude il fera les éloges de son fils
Le choix du 14 Juillet, fête nationale française n’est pas anodin, en effet puisque ses anciens amis lui ont tourné le dos pour se mettre du coté du peuple, il va s’attaquer à eux après avoir critiqué l’opposition. Il se présentera alors comme l’Africain qui se bat contre le néocolonialisme et contre l’ingérence occidentale comme si ce n’était pas lui qui avait trahi ses pères africains pour être la marionnette des occidentaux en Lybie avec son voyage à Benghazi. A chacune de ces attaques il sera acclamé par une salle totalement acquise à la cause du maitre, au finish il n’y aura que du déjà vu.
Tout cela pour dire que le Président de la République parlera pour ne rien dire. Il parlera sans répondre à la colère du peuple qui demande tout simplement un respect de la constitution. Cela montre que le Président Wade n’a pas encore compris le message du peuple ou qu’il fait du « maa tay ».
Auteur: Dr. Serigne DIA, Grenoble
A…
Parler de son pays, c’est se situer au cœur même de la citoyenneté. Des lignes qui vont suivre, que beaucoup de mes compatriotes - en l’occurrence les jeunes – en tirent le maximum d’enseignements. C’est pourquoi, à défaut de pouvoir les écrire en langues nationales (wolof, pulaar, etc.), je vais les écrire dans un style compris par tous.
Le 23 juin 2011, nous avons écrit une page toute neuve de notre histoire politique ; page que beaucoup d’entre nous auront demain une innommable fierté à raconter à leurs enfants. En effet, ils diront altiers : «Un jeudi du mois de juin de l’année 2011, un peuple las de subir le mépris de ses insolents gouvernants, a décidé de montrer à ceux-ci qu’il n’est plus disposé à accepter qu’on se sert comme d’un papier mouchoir de son fondement : sa Constitution. Ce peuple a montré qu’il n’est pas aussi poltron que l’entourage de son Président, que ce que peuple veut, Dieu le veut. Cette masse de vieux, d’hommes, de femmes, de filles et de garçons a dit à son Président que Dieu seul est une constante, que son fils d’emprunt s’est trompé en le définissant de la sorte. Cette foule de 3 000 personnes - qui n’a pas été formée de personnes transportées en Ndiaga Ndiaye d’une localité à une autre, déguisées en pantins et nourries de sandwiches -, a dit non à son vieux de Président, avide de pouvoir et qui passe tout son temps à insulter ces «Gors» du peuple en leur faisant savoir qu’ils ne valent rien et que son fils est, dans tous les domaines meilleur qu’eux. Ce vieux a appris à ses dépends que nous avons une part plus grande que la sienne de la pirogue Sénégal. Ce vieux Président qui a eu la mauvaise idée de nous ramener à l’Antiquité en voulant nous faire élire notre Président désormais avec seulement moins d’un quart des suffrages de nos compatriotes… Mais ce jeudi 23 juin 2011, le peuple uni comme une seule personne lui montra que sa souveraineté lui appartenait, qu’il était prêt à lui faire découvrir la peur bleue dont il le taxe.»
Aujourd’hui, quelques jours après ce jeudi mémorable, j’aimerais attirer l’attention de mon cher peuple à travers l’interpellation de certains de ses fils, d’où le titre de ma contribution : A…
A monsieur le Président je demanderai de cesser de rêver, car relève du rêve le fait de prétendre être le plus savant de tous dans un pays qui a des fils qui s’appellent Pr Souleymane Niang, Léopold Sédar Senghor, Abdoul Mbaye, Moussa Touré pour ne citer que ceux-là. Ensuite, monsieur le Président, merci d’avoir été notre Président, de nous avoir évité les regrets que nous aurions eus si vous ne l’aviez pas été. Et enfin monsieur le Président, deux choses : premièrement, vous n’êtes pas chargé de nous trouver notre prochain Président, nous sommes libres car comme disait Ahmadou Kourouma dans Les Soleils des Indépendances : «Le maître est le maître de l’esclave et non le maître des rêves de l’esclave» ; deuxièmement, pour le bien de votre pays, choisissez vos collaborateurs pour les huit mois qui vous restent à la tête de ce pays, et, ne les choisissez pas parmi des larbins de l’ordre, des hannetons de l’espérance, des punaises de moinillon et des mauvais gris-gris comme disait Aimé Césaire.
A Moussa Sy, Massaly et consorts, je demanderais de me dire où était leur courage les nombreuses fois qu’on a modifié la Constitution. Je leur demanderais d’être responsables et respectueux envers le peuple à qui ils doivent des explications sur leur arrogance et leur «diaay doolé» ces douze années écoulées.
A Idrissa Seck je dirais que la récréation est terminée, qu’il est démasqué depuis son retour chez les Libéraux qu’il voyait jadis comme des démons. Nous avons une vision de la politique autre que la tienne qui ne repose que sur les coups bas et les tromperies de tous genres. Ndama li bine bine bine, gnoola gueuna mouss, gnoune gni dagg guènou mouss té yeugoul. Arrête !, car tu nous as montré que tu ne nous aimais pas.
A Karim Wade je dirais qu’il ne comprend rien de l’héritage, on n’hérite pas d’une République démocratique comme de la voiture de son papa. Ensuite, arrête de te percher sur les épaules de ton père, trouve ton quelque chose à toi, le Sénégal n’est pas la propriété des Wade. Et enfin, enfant gâteau et irrespectueux des Sénégalais, dis-nous où tu as mis nos sous, sans cela tu ne seras pas libre d’aller te prélasser à Besançon ou à Paris.
A tous les mbalaxmen, je dirais qu’ils ont raté le train de l’histoire, qu’ils nous ont montré qu’ils ne vivent que de par les louanges de nos bourreaux qu’ils chantent. Quoi de plus frappant que Gorgui doolignou, et la réponse d’un grand chanteur de cette catégorie musicale à une question qu’il a mal comprise par ces mots : «Mourra celui qui s’attend à me voir faire de la politique», (oh le pauvre ! Il a oublié que l’homme est un animal politique ou il ne le sait pas).
A l’opposition, je demanderais de méditer sur l’idée de Simon selon laquelle ses leaders doivent mettre de côté leurs intérêts personnels et de trouver un jeune candidat en qui nous aurons confiance et qui nous mènera vers l’autosuffisance alimentaire, vers l’énergie en abondance et vers une scolarisation de tous nos enfants, surtout les filles.
Aux éternels insatisfaits comme ceux de Leeral askan wi et qui demandent l’univers, je demanderais d’arrêter de vouloir exclure des hommes d’Etat comme Moustapha Niasse, Tanor et autres des artisans de la victoire du 23 juin et des gens qui peuvent demander le suffrage des Sénégalais.
A ces policiers qui nous matraquent, nous arrosent de bombes lacrymogènes et nous torturent après les marches pacifiques qui sont des composantes de notre Constitution, je dirais que le monde a changé, le mur de Berlin est tombé depuis 20 ans, que la Gestapo est morte et qu’ils doivent écouter The wind of change des Scorpions. Notre combat est le leur car la plupart d’entre eux tirent comme nous le diable (qu’on peine à voir) par la queue et sont comme ces hommes et ces femmes que nous sommes, las d’enfanter des meurt-de-faim.
Et enfin, à tous nos frères de Y’en a marre, je dirais merci et continuons le Daas Fanaanal des cartes d’électeur et sortons pacifiquement à chaque fois que les voleurs de la République tentent d’agir illégalement.
Le jeudi 23 juin, les manifestations populaires qui se sont violemment cristallisées devant la place Soweto et l’Assemblée nationale étaient d’abord et avant tout, politiques. Les députés y étaient convoqués au vote du projet de loi sur la vice-présidence.
Ces manifestations étaient portées par des coalitions de partis politiques, des organisations de la société civile et le Mouvement « Y en a marre » qui contestaient la révision constitutionnelle (ticket présidentiel et quart bloquant), ainsi qu’une certaine forme de gestion libérale des institutions de la République. Depuis lors, une jonction structurante a été faite entre ces diverses parties et un plan d’action esquissé pour contraindre le Président à reconnaitre l’invalidité de sa candidature à la présidentielle de 2012. Et de respecter la Constitution, voire supprimer les décrets sur le redécoupage des collectivités locales, entre autres préoccupations. Une tension porteuse de heurts politiques avait, en même temps, gagné le Sénégal, les acteurs politiques comme tous les citoyens dans un contexte de positionnement politique pré-électoral.
Il semblerait que, dans un tel contexte de méfiance et d’opposition frontale, le Président se doit de créer les conditions d’un apaisement des cœurs et d’une paix sociale sans laquelle les acquis de la démocratie sénégalaise risquent de souffrir durement. Pour autant, dans son adresse, Me Wade est invité non pas à « sauver les meubles », mais à restaurer la confiance entre les acteurs politiques sénégalais. L’appel à un dialogue politique accepté par tous va-t-il, dès lors, recevoir avec cette adresse (déclaration) de Wade, les lettres de noblesse qui lui permettraient de nouer les fils d’une concertation dynamique avec les acteurs politiques et civils ? Rien n’est moins sûr, compte tenu surtout des préalables posés par l’Opposition qui lie le dialogue politique avec le pouvoir à une renonciation de Wade à un troisième mandat présidentiel et à toute révision de la Constitution.
Le Président de la République est-il prêt à satisfaire ces attentes pour sauvegarder la paix sociale ? Et tout autant, à destituer les ministres de l’Intérieur et de la Justice Ousmane Ngom et Cheikh Tidiane Sy), des piliers du régime que l’Opposition, comme des membres de la société civile soupçonnent de ne pouvoir garantir la clarté et la transparence du processus électoral. D’ailleurs, à ce niveau, le Président est-il disposé à mettre sur pied une structure autre que la Cena pour suivre et contrôler les élections, tel que l’exige une partie de l’Opposition politique ?
Autres points, autres attentes qui peuvent interpeller Me Wade. Un Président dont l’arbitrage ou la révision des positions est vivement souhaitée pour ce qui concerne les décrets relatifs au redécoupage territorial qui a créé une vive tension à Mbane et Sangalkam où il y a eu mort d’homme ? Quid de la gouvernance publique soumise à rude épreuve avec des affaires qui incriminent de jour en jour la gestion libérale du pays. Sur tous ces points qui agitent le Sénégal, le Président Wade est attendu de pied ferme par les acteurs politiques, civils comme le citoyen lambda.
INCONTOURNABLES DELESTAGES
Le 27 juin dernier, les émeutes qui ont chamboulé Dakar étaient dites « de l’électricité ». Elles trouvaient leur source dans le fait que les populations n’arrivaient plus à s’accommoder des délestages intempestifs et récurrents du courant électrique dont elles souffraient depuis belle lurette. Annoncées déjà par des séries de manifestations spontanées de rue dans les moindres quartiers de Dakar, ces « émeutes de l’électricité » avaient porté un rude coup au pouvoir libéral. Elles avaient aussi montré au Président de la République à quel point sont criardes les attentes des Sénégalais à une meilleure qualité de vie.
C’est dire que le premier point sur lequel les populations sénégalaises attendent de pied ferme le Chef de l’Etat, dans son adresse de ce jour, est celui de l’électricité qui est en passe d’installer le Sénégal dans une crise économique et sociale sans précédent. Invoquer uniquement le plan Takkal qui est en train de « dégraisser » les budgets des différents ministères et « vendre » son label pour une résorption à moyen terme du problème de l’énergie électrique, risquent d’être un exercice périlleux pour le chef de l’Etat, lequel a besoin de redorer son blason devant des populations « blasées».
La satisfaction de la demande sociale, dans un contexte préélectoral, devrait aussi s’inviter à une adresse à la nation d’un Président sortant qui voudrait encore rempiler. Me Wade s’y est exercé, depuis 2007, à moult reprises. A la seule différence que cette fois-ci, le prétexte n’est plus protocolaire, mais imposé par la rue sénégalaise. A ces milliers de jeunes et de citoyens en butte à une certaine forme de gestion sociale qui les précarise chaque jour davantage, Me Wade devra tenir, pense-t-on, un langage qui restaure la confiance. D’autant que des populations sénégalaises continuent encore de vivoter dans le lit des inondations, du sous-emploi des jeunes, voire de la cherté des denrées de première nécessité.
Amdy SEYDI
ADRESSE DE ME WADE AUX ELUS
Ces attentes qui agitent les Sénégalais
Très attendue par l’opinion publique depuis les âpres événements des 23 et 27 juin, l’adresse au peuple sénégalais du président de la République, Me Abdoulaye Wade, intervient près d’une quinzaine de jours après la vague de manifestations populaires et d’émeutes qui ont durement secoué le pouvoir en place. La gestion libérale du Sénégal fortement contestée par la rue, le Chef de l’Etat s’était dit disposé à en tirer les leçons. Le seront-elles toutes cependant, au regard des énormes attentes sociales et politiques qu’ont portées ces deux journées de manifestations?
Moctar DIENG
A l’attention des différents acteurs du dialogue politique (Suite)
Quel contenu faut-il réserver au dialogue ?
A l’heure actuelle, le dialogue doit servir à rassurer les différents partis prenants et le peuple sénégalais que :
- Les élections présidentielles de 2012 seront totalement libres, indépendantes et transparentes ;
- Le conseil constitutionnel est mis dans les conditions de liberté et de travail optimales pour valider ou invalider toute candidature selon strictement les dispositions de la Constitution ;
- Il n’y aura de chasse à l’homme pour quiconque prendra le pouvoir ;
- Le pays sera placé dans une situation préélectorale de gouvernabilité ;
- Le rôle et la place des institutions de la république seront respectés par toutes les parties à la réserve qu’on leur garantisse la liberté qui sied à leur nature ;
Quelle position pour chacun des partis prenants ?
Pour le président et son régime, l’erreur de trop serait tout comportement méprisant vis-à-vis du peuple, opposition comme population. L’erreur serait aussi pour le président de traîner encore son pire handicap, son fils Karim. Le président est accusé de deux maladies : l’autisme et l’ego. Trois maîtres mots doivent donc guider son ouverture au dialogue sans condition : ‘J’ai écouté, entendu et répondu’. C’est déjà un pas de décider de s’adresser aux Sénégalais à la date du 14 juillet à travers une rencontre avec des élus censés représenter le peuple. Mais la vraie adresse au peuple devrait être marquée d’une solennité. Oui, le ton solennel, direct, en dehors de toute rencontre servant de prétexte, en regardant chaque citoyen dans les yeux au journal de 20 h ou lors d’une conférence de presse pour une déclaration expresse pour envoyer un signe d’égard et de respect à la population qui lui a fait deux fois confiance.
Il est tout simplement attendu que le président de la République dise clairement et en substance : ‘Je vous remercie de m’avoir fait confiance... J’ai essayé de vous servir au mieux de mes capacités... J’ai certainement apporté satisfaction à certains égards…Et j’ai peut-être déçu à d’autres égards… Si tel est le cas, soyez assuré que mon combat a été de servir le pays et d’être le président à la hauteur de vos attentes… Par ailleurs, il est évident que ma candidature aux prochaines élections présidentielles a suscité beaucoup de remous, eu regard à mon âge et aux nouvelles dispositions de notre Constitution…Abstraction faite de toute considération, je retire ma candidature et laisse au meilleur candidat bénéficiant de la confiance du peuple de poursuivre mon œuvre ainsi que celle de mes prédécesseurs… Je resterai toujours, en ce qui me concerne à vivre, et au mieux de mes moyens, au service du Sénégal.
Pour éviter toute confusion, j’invite mon fils Karim en qui je renouvelle toute ma confiance et ma reconnaissance à me présenter immédiatement sa démission du ministère dont il a la charge et de continuer de m’accompagner autrement pour le reste de mon mandat… Je m’engage à œuvrer avec mon parti, l’opposition, la société civile et toutes les forces vives de notre nation pour assurer toutes les conditions requises pour des élections libres, démocratiques et transparentes.’ Un tel message surprendra heureusement le monde entier et couperait l’herbe au pied de quiconque en voudrait personnellement à Wade et à sa famille et quiconque aurait des ambitions malsaines pour notre démocratie. Ce sera pour le président la sortie par la grande porte dans l’honneur et la dignité. Ce sera aussi la preuve irréfutable qu’il n’est ni autiste, ni égocentrique, ni despote.
Pour l’opposition, l’erreur serait d’égrener un chapelet de conditions ou de préalables au dialogue. Si la prudence doit être de mise étant entendu qu’il y a clairement des oppositions et pas une opposition, certaines arrogances traduiraient plutôt un manque de confiance en soi, donc un aveu d’incompétence et une preuve d’immaturité pour mériter la confiance du peuple, ou autrement, et quelque saugrenu que cela puisse paraître, un appel du pied au pouvoir. L’erreur serait aussi de tenter de jeter le discrédit sur le ‘Groupe des six’ qui, pour l’instant, mérite félicitations, encouragements et a priori favorable.
Il est tout simplement du rôle de l’opposition qu’elle réponde sans condition et sans compromission à l’appel à la négociation en étant force de proposition, en restant en phase avec la volonté populaire et en sachant maintenir intelligemment la pression requise pour éviter tout dérive du pouvoir. Il est évident que toute tentative d’avilir ou de déshonorer Wade sera parfaitement inutile, infertile et infructueuse.La médiation pour la paix est ouverte, l’équidistance est requise et l’intelligence ne serait pas de trop…
(Fin) Saliou DRAME saliou.drame@gmail.com