Le président a-t-il renoncé à la vice-préside
Le wadisme est-il contagieux ?
Souleymane Jules Diop Jeudi 30 Jui 2009
« Aboyer, solliciter au mal, tout cela est
dans les moyens du diable ; mais il ne peut
mordre que qui veut être mordu »
Saint AUGUSTIN
Louange à Abdoulaye Wade ! Il n’y en avait ce dimanche que pour l’homme « exceptionnel », le « patriarche » sans qui l’Afrique serait perdue. Même Soumaoro Kanté et Samory Touré passent pour des nains, à côté du Descartes de Kébémer. Quand le père de la « Wade-formula » est là, le capitaine dictateur qui règne sur la Guinée, prononce les sentences en direct, envoie ses ennemis potentiels en prison, perd tous ses galons. Moussa Dadis Camara devient un « fils » aux ordres et oublie qu’il y a quelques semaines, il menaçait de bombarder la Casamance et la Guinée Bissau. Alors quelle bêtise aurait commise le fils, si le père n’était pas là ! « Le Père n'a pas abandonné son fils... voilà, il est là... Quand je suis avec le Président Wade, je ne suis pas Président, je suis un fils », s’est-il repenti, comme un enfant battu. Abdoulaye Wade a même été, le temps d’un dimanche, chef suprême des Armées de Guinée, puisqu’il a « élevé » au rang de commandant le capitaine Thiegokho Camara, le même qui combat les « narcaux » à la frontière. Le ciel de Conakry en était attendri, le Konkouré au bord des larmes. Chaque aveu du capitaine Dadis était accompagné d’une série de massacres de la langue de Molière, entre des « certains en ont zen profité » et des qu’ils « chachent ». Les « narcaux » bien-sûr !
Pendant la durée de cet exercice cruel, j’ai souffert pour le peuple de Guinée. 50 années d’entêtement idéologique et de dictature militaire ont eu raison des ambitions de Boubacar Telli Diallo. Sékou Touré et Lansana Conté ont crétinisé les Guinéens, en coupant systématiquement tout ce qui s’élevait en intelligence. Moussa Dadis Camara est en train de les ridiculiser.
Il y a pourtant, dans ce pays au sous-sol si riche, une classe politique et une société civile de qualité. Il y a chez ce peuple qui s’offre si facilement à la moquerie et à la dérision, de brillants fonctionnaires internationaux, des énarques et des polytechniciens dignes de respect. Il y a aussi parmi son élite militaire, des saint-cyriens et des diplômés de West-Point qui auraient donné meilleure réputation à la Guinée. Ils étaient couverts de honte quand leur ancien président Lansana Conté, un ancien du Prytanée militaire, donnait l’image d’un fumeur de Camelia et d’un adepte de la pornographie. Personne ne peut dire comment, après avoir été instruite à cette ignoble dictature, la société civile guinéenne s’est laissé mener par ce capitaine sans éducation.
Les Guinéens ne dorment plus que d’un œil et se demandent toujours, le soir tombé, de quel Dadis comédie sera faite. Un jour il tance un Directeur général, un autre il envoie à la retraite anticipée un haut fonctionnaire. Tous ceux qui s’assoient autour de sa table de verre pour écouter ce militaire « philosopher » contiennent mal leur rire. C’est un mélange de Samuel Doe et de Lansana Conté qui veut se prendre pour un Sankara. On trouve dans sa phraséologie très pauvre, des termes galvaudés du genre « c’est la politique, c’est le ma- « thia »-vélisme, c’est le « barre peuple ». Il venait de signifier à un ancien directeur de société qu’il aurait pu l’arrêter pour trafic de drogue. Un entrepreneur russe a été moins chanceux. Pour avoir interrompu « le président du CNDD » au cours d’une audience télévisée, Patchenko a été accusé d’escroquerie internationale et de « mafiosi ». S’en est suivie une série d’engueulades auxquelles l’usineur russe répondait par des « excusez-moi monsieur le président ». Un grand mur noir veillait sur le justicier de Conakry, AK 47 à la main. Un autre jour, c’est au corps diplomatique qu’il donne des cours de relations internationales, en lui apprenant que la France a perdu « les investissements qui ont été faites » (sic) en Côte-d’Ivoire, parce que « les mentalités n’étaient pas préparées ». « Peau blanche, vous ne pouvez plus vous soustraire de la peau noire », conclut péniblement le « professeur Camara », avant de passer à « Christophe Colomb ». Les images sont encore plus saisissantes. Au bout de chaque salve terminologique, le petit bout d’homme décolle ses pieds comme s’il voulait s’arracher du sol.
Tout ceci prête bien à la moquerie. Mais quand vous enlevez à Dadis Camara son côté folklorique, vous avez Abdoulaye Wade en plus jeune. Pensez à l’expulsion musclée de Sophie Malibeaux, aux accusations sans lendemain contre des leaders de l’opposition, aux menaces contre Ousmane Tanor Dieng, au projet Tabanani, aux Tgv. Imaginez en plein sommet du G8, un homme s’élever le plus sérieusement du monde et préconiser que les pays développés adoptent sa propre formule, la « Wade-formula » pour résoudre la crise mondiale, alors que son pays n’arrive pas à payer sa dette intérieure ! Nous aurions crié à la démence. Si Coumba Yala ou Yaya Jammeh l’avaient fait, on se serait moqué. Si dans un de ces pays, le président de la République avait décidé d’enregistrer un ouvrage financé avec les deniers de l’Etat à son nom propre, nous aurions crié au scandale. Si, par-dessus tout, un dirigeant de ces pays avait confisqué des terres de pauvres paysans pour les distribuer aux membres de son gouvernement, nous les aurions incités à la révolte contre « le dictateur ».
Imaginez dans ces mêmes pays, un chef d’Etat qui se réveille, décrète qu’il n’accorde pas à la presse l’aide votée par l’Assemblée nationale, sous le prétexte qu’elle l’attaque. Nous les aurions appelés, nous autres sénégalais berceau de la démocratie africaine, à la résistance. Que nous serions-nous indignés si le fils d’un de ces présidents gérait des centaines de milliards de francs et se refusait à tout audit indépendant ! C’est ce que nous sommes pourtant devenus, chers compatriotes. La risée du monde entier, sujets aux remarques les plus humiliantes des chefs d’Etat du monde entier.
Si les putschistes viennent sans cachoterie apprendre à l’école de Wade, c’est qu’ils y trouvent réponse à leurs préoccupations. Le consentement unanime qu’ils obtiennent par la menace, Abdoulaye Wade l’obtient par la corruption. Le pouvoir qu’ils conservent par les armes, Abdoulaye Wade se le procure par la fraude électronique. Je me suis demandé, en voyant la configuration du nouveau Conseil économique et social, comment en étant wadophobe, on passait à la wadophilie sans prévenir.
Il est étonnant de voir à quelle vitesse les plus radicaux succombent à cette maladie incurable. Le président de la République vient de mettre en place son Conseil économique et social, en plaçant à sa tête Ousmane Masseck Ndiaye, l’ancien directeur de l’approvisionnement et des marchés de la Poste, où 17 milliards avaient été détournés. Au lieu de s’en émouvoir et de dénoncer la création de cette institution inutile, les « syndiqués » se battent pour des postes. Chez les avocats, les architectes, les entrepreneurs, les journalistes, on fait du bruit pour servir et crie à la « trahison » quand on n’est pas choisi. La wadophilie se propage comme une épidémie et n’épargne plus personne. Elle s’attrape au contact de l’argent et des promesses. Ceux qui en sont affectés ne tarissent pas d’éloges pour Wade. Son bonheur devient plus important que leur propre bonheur, sa famille plus importante que leur propre famille. Quand ils le quittent le jour, il entre dans leurs rêves la nuit. Il leur fait miroiter des ministères, des directions et des sommes d’argent pour finir leurs vieux jours. De sorte que d’une simple affection cutanée, le wadisme s’attaque maintenant au cerveau.
SJD
Auteur: Souleymane Jules Diop
Débat - Discours d’Obama : Oser négocier le départ des dictatures modernes
Lors de son discours d’Accra du 11 juillet, le président Barack Hussein Obama a parlé entre autre de l’Afrique en ces termes :
« Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections. Il faut voir ce qui se passe entre les scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogue. Aucune entreprise ne veut investir dans un pays où le gouvernement se taille au départ une part de 20 %, ou dans lequel le chef de l’autorité portuaire est corrompu..... »
Cette caricature faite par le président Obama est un secret de polichinelle. Sous le manteau de la démocratie électorale, de nouveaux régimes, nés du pluralisme africain, confondent affaires privées et publiques et usent de tous les moyens subtils pour pérenniser leur pouvoir. Parmi ces moyens : le nerf de la guerre, l’argent.
Obama n’a pas fait que peindre un tableau. Il a décliné les termes de référence de l’appui des Usa :
« Ce que fera l’Amérique, en revanche, a-t-il dit, ce sera d’accroître son aide aux personnes et aux institutions responsables, en mettant l’accent sur l’appui à la bonne gouvernance : aux Parlements qui maîtrisent les abus de pouvoir et s’assurent que les voix de l’opposition peuvent s’exprimer ; à la règle de droit, qui garantit l’égalité de tous devant la Justice ; à la participation civile, afin que les jeunes soient actifs dans la vie politique ; et à des solutions concrètes à la corruption telles que l’expertise comptable, l’automatisation des services, le renforcement des lignes d’appel d’urgence, la protection de ceux qui dénoncent les abus afin de promouvoir la transparence et la responsabilité ».
C’est un discours clair de rupture qui invite l’Afrique à moins rejeter ses maux sur l’autre. L’Afrique doit d’abord compter sur ses propres forces sans occulter le passé.
Ce passé a vu l’Afrique connaître une longue traite esclavagiste arabe avant celle atlantique triangulaire qui développa l’Amérique et durant laquelle le Noir était une marchandise.
Ce même passé, à l’abolition de l’esclavage, donna la conférence de Berlin qui officialisa le partage de l’Afrique et consacra près d’un siècle de colonialisme.
Ce passé a vu, à l’aube des indépendances, l’intronisation avec la bénédiction de l’Occident (y compris les Usa) de bouffons au sens propre du terme et de « faire-valoir » qui ont joué un rôle désastreux dans l’histoire africaine.
Ce passé-là, l’Afrique ne peut pas se payer le luxe de l’oublier, même s’il faut reconnaître avec le président Obama que le continent noir doit regarder d’abord vers l’avenir avec des yeux autres que d’emprunt. Parler d’hier n’est ni ringard ni revanchard. C’est une manière d’éviter de tomber dans les mêmes erreurs du passé. D’ailleurs, l’Afrique ne doit éprouver aucune honte à poser la question de la réparation pour les ignobles crimes contre l’humanité dont elle a été victime. L’occident (y compris les Usa) doit aider à cela au nom du droit. Cette question n’est pas haineuse, c’est un problème de justice tout court.
Le président Obama a le bénéfice de l’homme neuf, moderne et pragmatique qui sait que son discours tenu au Ghana arrive dans un contexte de germination de pouvoirs aux relents dictatoriaux moins exubérants que les vieilles dictatures, mais tout aussi tenaces parce que tirant une certaine légitimité dans une Afrique en crise. Ces « nouvelles dictatures » s’appuient sur des « légalités constitutionnelles » très éloignées des standards démocratiques et vont, si l’on n’y prend garde, semer le chaos par instinct de conservation face à l’exigence de liberté et de développement des peuples. Les peuples africains, ouverts sur le monde moderne, n’accepteront plus d’être maintenus dans la pauvreté par ces régimes qui, sous le vernis de la démocratie électorale, sèment les graines d’une mal gouvernance profonde. Le tyran qui affame n’est pas moins barbare que celui qui tue. Demain, les peuples pourraient en avoir ras le bol et se révolter dans un chaos indescriptible. Ces « nouvelles dictatures » le savent, mais elles vivent un dilemme majeur : se maintenir au pouvoir avec le risque de fin tragique ou lâcher le pouvoir avec le risque de représailles judiciaires. Les exemples d’un Charles Taylor devant la justice internationale et d’un Omar El Béchir sous le coup d’un mandat d’arrêt montrent la vulnérabilité de tout chef d’Etat africain.
Les intellectuels et autres hommes politiques du continent doivent avoir la lucidité de réfléchir sur une alternative face à ce dilemme dans l’intérêt des peuples.
Faut-il, au nom de la stabilité, proposer des portes de sortie honorable à ces régimes et à leurs familles ? La question interpelle l’Afrique et les puissances occidentales qui sont conscientes que l’époque de la tutelle, même en sourdine, est révolue. Toute tentative de maintien au pouvoir contre la volonté des peuples pouvant déboucher sur un chaos qui, demain, pourrait enfanter d’autres dictateurs qui viendraient avec un chapelet de bonnes intentions sur les chemins d’un autre enfer. L’Afrique doit éviter un remake des bévues et sortir définitivement du cercle vicieux des messies enchanteurs. Le président Obama a encore raison de dire que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions. Ces institutions pourraient garantir des constitutions qu’aucune majorité mécanique ne devrait modifier pour se maintenir au pouvoir.
Au total, le discours du premier président noir des Usa donne de l’espoir. Un espoir lucide sans naïveté sur la préférence de cet Américain bon teint pour sa patrie d’abord : les Usa. La question est juste de savoir si l’acte ira sur le même sillage que le discours d’une Amérique qui, inéluctablement, risque de léguer sous peu le flambeau de la superpuissance à une Chine pas tout à fait trempée intégralement dans la démocratie.
Faut-il tout de suite pousser les « nouvelles dictatures » masquées dans leurs derniers retranchements ou faut-il leur donner du temps avec le risque d’une consolidation de leurs bases vers une postérité à hauts risques ? Ce dilemme n’est pas seulement posé aux négociateurs des prochains compromis politiques. L’Amérique, sous Obama, doit aussi être au cœur des négociations pour le départ des « nouvelles dictatures ». Si Obama le comprend bien, son mandat pourrait favoriser la mise en place d’institutions fortes en Afrique, unique gage pour la stabilité globale et pérenne.
Avant Obama, c’est aux Africains de réfléchir sur les termes du départ de ces dictatures égarées qui ont intérêt à profiter de la première fenêtre pour s’en aller s’ils comprennent le sens de la roue de l’histoire.
L’Afrique des fortes institutions succédera à l’Afrique des faux messies qui pensent, au nom de leur amour tyrannique, être indispensables comme l’air.
La négociation sur le départ des dictatures nouvelles et anciennes nous fera gagner du temps et de l’énergie. Elle est préférable (la négociation) à la confrontation qui, aussi, est un autre mode de bégaiement de l’histoire.
PAR Mamadou NDIONE
* Mandione15@gmail.com
Le Soleil : Mercredi 29 Jui 2009
LÉTHARGIE DANS LE SECTEUR TOURISTIQUE : Regards croisés du public et du privé.
Le cercle des diplômés en tourisme est à la recherche de solutions pour le développement du secteur miné par des difficultés multiples. Une journée d’études et de réflexion a été organisée pour se pencher sur les voies et moyens de la relance. Le président du cercle, Abdoulaye Thiam dit « ne pas comprendre que le Sénégal, malgré sa position géographique et ses énormes potentialités touristiques, peine à développer un tourisme compétitif ». Les acteurs assimilent particulièrement les difficultés de leur secteur à un faible taux d’investissement qui se situe à un peu plus d’un milliard, là où le Maroc par exemple, dépense près de 20 milliards. Ils ont aussi déploré le manque de synergie dans les actions de la part des acteurs.
Malgré la crise financière internationale, les responsables du tourisme sénégalais sont décidés à fortifier leur position dans les sept pays partenaires, avant de l’étendre plus tard à d’autres pays comme la Russie, la Suisse et la Grande Bretagne. La révélation est de Cheikh Sadibou Dia, directeur de cabinet du ministre du tourisme, qui pense que le tourisme sénégalais mérite plus de soutien en tant que secteur pourvoyeur de devises et de création d’emplois avec 75 000 emplois directs et 25 000 indirects.
Auteur: Babacar Willane (Stagiaire)
WALF FADJRI :
Il faut sauver Diaminar et la Langue de Barbarie ! Osons entreprendre !
Il y a quelques années, un ingénieur étranger, après un bref et aérien survol de Saint-Louis, proposa aux autorités de notre pays le percement d'une brèche de 3 à 4 mètres sur la bande de sable qui s'est constituée au fil des siècles entre l’île de Saint-Louis et l'Océan Atlantique. Ainsi émise, l'idée fut saluée par les autorités politiques de notre pays et presque aussitôt mise à exécution. On ne peut que regretter la facilité déconcertante avec laquelle un ingénieur étranger, même d'un pays ami, a pu, après un bref survol de l'embouchure et de la barre, obtenir l'accord de nos autorités pour percer un passage de 3 à 4 mètres sur la Langue de Barbarie.
Considérons dans un premier temps que l'expert marocain, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, n'avait pas la compétence requise pour réaliser seul, son ambition. C'est le lieu de regretter qu'il n'eût pas été mis en contact avec l'expertise tout à fait avérée de techniciens sénégalais compétents, généreux et disponibles à l'Ucad, au Port autonome de Dakar, etc. Mais le mal est là : le Sénégal qui compte quelques-uns des meilleurs experts maritimes et scientifiques du monde, venait de commettre l'une des plus graves erreurs aux conséquences imprévisibles dans la première capitale de l'Aof et du Sénégal, Saint-Louis.
Celles-ci ne tardèrent pas à se manifester. En effet, dans un reportage saisissant, Walf Tv a montré l'émoi et la détresse des habitants de Diaminar, menacé dans son existence par l'avancée fulgurante et irrésistible de l'océan. Car leur quartier risque de disparaître si l'on n'apporte pas les solutions radicales et urgentes qui s'imposent. Ce déchaînement de la mer ne surprend point dans la mesure où des experts sénégalais l'avaient prédit dès le commencement des travaux de percement de cette bande de terre. Ainsi, en moins de 10 ans, par les effets conjugués des courants et autres phénomènes marins que nos experts maîtrisent parfaitement, le trou de 4 mètres s'est élargi et atteint aujourd'hui près de 4 000 mètres. L'océan ne rencontrant plus aucune résistance sur son passage, pourrait ainsi ajouter toute la Langue de Barbarie aux nombreuses concessions de Nguet Ndar, Santhiaba et de Ndar Toute qu'il a déjà englouties au cours des siècles passés. Devons-nous assister impuissants à cette grande tragédie humaine et à cette catastrophe écologique ? Je ne le pense pas, d'autant que des solutions s'offrent à nous, si nous refusons cette fatalité due à l'erreur d'une seule personne qui, manifestement, ne disposait pas de la compétence nécessaire pour entreprendre de tels travaux.
En effet, quelques années avant l'avènement de l'alternance politique au Sénégal du 19 mars 2000, des cadres sénégalais avaient conçu un immense projet dont la réalisation devait changer toute la configuration économique, géographique, climatique et même sociale du Sénégal. Il s'agit du projet de création d’un port fluvio-maritime à Saint-Louis. L'objectif assigné au projet était de transformer l'actuel port fluvial de Saint-Louis, dont les capacités s'amenuisent au fil des ans, en un grand port maritime moderne en eau profonde avec l’avantage de permettre aux bateaux et petites embarcations de passer de la mer au fleuve, sans passer ni par l'embouchure, ni par le Pont Faidherbe. Car cette belle infrastructure qui remonte au 19e siècle, a subi les ravages du temps au point de perdre de sa mobilité sans laquelle les grandes embarcations venant de la mer pourront difficilement accéder au fleuve Sénégal.
L'étude relative au port fluvio-maritime a été prise en charge par les meilleurs experts sénégalais dans ce domaine. Les termes de référence étaient en cours d'élaboration à l'avènement de l'alternance politique du 19 mars 2000 dans notre pays. Les fonds nécessaires pour financer l'étude de faisabilité étaient déjà disponibles.
Le port fluvio-maritime comporte, s'il est réalisé, d'incontestables et importants avantages parmi lesquels on peut citer :
1 - la totale sécurisation de la Langue de Barbarie et de Saint-Louis ;
2 - le désenclavement de toute la région Nord du pays qui pourra ainsi commercer avec le reste du monde en accédant directement à la mer, en réduisant ainsi la distance et les coûts dans d'importantes proportions;
3 - l'augmentation et l'amélioration de nos infrastructures portuaires et par voie de conséquence la possibilité de rendre les produits sénégalais plus concurrentiels sur les grands marchés du monde ;
4 - la restitution à la belle capitale du Nord, dont tous les Sénégalais sont redevables, de la place de choix qui doit être la sienne, tant au Sénégal qu'à l'extérieur, c'est-à-dire servir de rampe d'accès à la Civilisation de l'Universel et aux échanges mondiaux ;
5 - Disponibilité accrue de terres plus aptes à l'agriculture, grâce à une réduction encore plus importante de la langue salée et au ralentissement de sa progression.
Ce projet n'est pas une vision désincarnée ; il n'est pas une utopie. Il est le fruit de la réflexion de grands experts sénégalais. La réalisation du port fluvio-maritime de Saint-Louis a, en effet, fait l'objet de nombreuses rencontres d'intellectuels, d'hommes d'affaires et de pêcheurs guet-ndariens à Saint-Louis et à Dakar. Des cadres de dimension intellectuelle mondiale comme feu Khalilou Sall y avaient adhéré et pris part à quelques-unes des rencontres tenues à la Chambre de commerce de Saint-Louis. Des hommes politiques saint-louisiens, toujours en activité, ont également pris part à sa gestation.
Malheureusement, les travaux déjà effectués seraient transférés à une organisation sous-régionale qui s'apprêterait à l'effacer des mémoires comme tous les projets qui dérangent ou qui gênent. Car le projet fluvio-maritime de Saint-Louis pourrait bien déranger les pays membres de l'Omvs autres que le Sénégal. En effet, les performances économiques et portuaires que cette nouvelle infrastructure conférerait au Sénégal, pourraient reléguer au second plan les autres membres de cette organisation sous-régionale tant sur le plan maritime que sur le plan économique.
Je voudrais conclure provisoirement, je l'espère, par cette belle pensée de Sénèque : ‘Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'entreprenons pas. C'est parce que nous n'entreprenons pas que les choses sont difficiles.’ Osons agir pour préserver Diaminar, la Langue de Barbarie et Saint-Louis de la furie de l'océan atlantique. Faisons en sorte que ce cri des populations de Diaminar ne se transforme pas en chant du cygne ! Mobilisons-nous pacifiquement pour manifester à Saint-Louis cette gratitude que de nombreuses générations de Sénégalais lui doivent pour ce qu'elle leur a apporté dans leur formation. Si cet appel est entendu, je suis prêt à rejoindre l'équipe chargée de faire de ce projet une réalité tangible, en proposant les voies et moyens d'en assurer le financement sans aucun concours du budget national.
Saliou SARR Président de Consulting Cabinet Gëstu
Quel type d'union africaine ?
En ce début du 3e millénaire, les avancées scientifiques et technologiques sont étonnantes. Pourtant l'égocentrisme, le désir de profiter de cette vie au maximum et de satisfaire tous ses désirs ont poussé l'homme à oublier les hautes valeurs de la morale en politique. Il lui arrive souvent de piétiner son voisin pour parvenir à ses buts. Le résultat est catastrophique : un monde de misère formé d'un déséquilibre entre les progrès matériels et les valeurs morales.
Dans le cadre du symposium sur les Etats-Unis d’Afrique, nous devons noter que l'ancienne géométrie historique et l'ancienne mécanique politique ne conviennent plus du tout. A la conférence d'Addis Abeba de mai 1963, le Dr Nkrumah devait réclamer l'union totale immédiate du continent pour les raisons suivantes : ‘D'abord, pour sauver l'Afrique de l'intervention néocolonialiste, nous sommes déjà parvenus au stade où nous devons nous unir ou sombrer dans cet état où l'Amérique Latine est devenue contre son gré la triste proie de l'impérialisme après un siècle et demi d'indépendance politique. En second lieu, la croissance économique de l'Afrique ne peut se réaliser que grâce à une planification à l'échelle continentale. L'aide étrangère demeurera toujours une forme de néocolonialisme néfaste aux pays africains tant qu’eux ne seront pas unis pour pouvoir assimiler collectivement cette aide. En troisième lieu, il n'y a pas un seul Etat africain qui n'ait pas un problème de frontière avec les Etats limitrophes. Seule l'unité africaine peut cicatriser cette plaie infectée des litiges frontaliers entre nos divers Etats.’
Après l'échec de toutes ces tentatives, le courant supranational du panafricanisme disparaissait avec la chute du chef d'Etat ghanéen renversé en février 1966 par un coup d'Etat militaire. Ces arguments du regretté Dr Nkrumah peuvent nous servir de fil conducteur. Quel type d'union africaine à préconiser dans ce monde de globalisation ? Il convient de pousser les réflexions en faisant un diagnostic sans complaisance de la problématique en maintenant les éléments favorables en vue de conclure par une feuille de route pour répondre aux attentes des Etats.
L'union africaine serait la constitution d'une nation négro-africaine, regroupant tous les citoyens du continent, soit au sein d'un bloc étroitement uni, soit au sein de plusieurs fédérations d'Etats. Cette entité ferait abstraction des barrières linguistiques avec une monnaie commune, une défense commune, un marché commun, des institutions communes, une santé commune, une éducation commune, une diplomatie commune. Celle-ci constituerait un atout majeur pour résoudre les problèmes du développement et serait capable de peser de tout son poids sur le destin de l'Afrique qui serait forte et respectée face au monde développé. Pour ce faire, les hommes politiques mettraient fonds et moyens logistiques pour répondre aux besoins de la cause.
Le point d'achoppement existe dans le principe de la souveraineté des Etats. ‘Elle est la compétence des compétences’. Le second principe est à la participation des Etats devant composer l'union. Les Etats devraient abandonner une parcelle de leur souveraineté au profit de la grande famille qu'est l'union. Cela est d'une nécessité vitale pour que les sociétés africaines perdurent. A mon humble avis, parmi les éléments favorables à cette noble entreprise, tous les pays n'ont pas les mêmes virtualités économiques dans leur sol et sous-sol. Le phénomène unitaire est conçu pour la solidarité entre Etats. S'agissant des ressources naturelles, à côtés des pays relativement favorables (Ghana, Gabon, Nigeria, Rd Cong, etc.), d'autres comme le Tchad, la République centrafricaine, le Burkina, etc., figurent parmi les Etats classés comme les plus pauvres du monde. Et dans la perspective d'une politique concertée de développement, celle-ci devrait nécessairement prendre en considération les différences de potentialités. Pourtant, il s'agit de peuples frères ayant des intérêts complémentaires immenses, rapprochés par une tradition séculaire.
En jetant un regard sur la carte de l'Afrique, on se rend compte que celle-ci est une mosaïque d'Etats solidement imbriqués les uns dans les autres, sans fissures et sans discontinuité. L'idée de refaire l'Afrique s'est cristallisée dans nos esprits depuis les indépendances nominales. Le regretté Me Doudou Thiam du Sénégal avait préconisé en son temps la mise sur pied d'un exécutif fédéral au niveau des ex-fédérations Aof et Aef. L'ancien colonisateur nous avait unifiés pour mieux nous diriger. Dans la sourate Altawba (verset 58 la Repentance), Dieu dit au Prophète Mouhamed (Psl) : ‘Si tu réfléchis bien, tu verras que beaucoup de divergences ont pour origine l'amour de la vie ici-bas et l'égoïsme aveugle. En revanche, l'union fait la force. Cela ne s'applique pas seulement aux affaires humaines. C'est l'une des lois de l'univers.’ En effet, le fil tenu auquel on associe un autre fil, devient une corde solide qui peut tirer des objets lourds. Cet immense univers n'est du reste qu'un assemblage d'atomes bien soudés.
Un sage a expliqué ce sens à ses enfants au seuil de sa mort. Voulant leur dispenser une leçon sur l'union, il leur présenta un fagot de bâtons pour le briser, mais ils furent incapables de le casser. Quand le fagot fut défait et que les bâtons furent dispersés, on put les casser les uns après les autres. Comme dit le poète arabe, les lances associées refusent de se briser, ce n'est qu'en les dispersant, qu'elles se brisent une à une. Ainsi la discorde affaiblit les nations fortes et tue les nations faibles. Donc la balle est dans le camp de nos décideurs et personnalités politiques. Le signal est donné : s'unir et s'adapter ou périr.
Moumar Khardia SOW Juriste de formation Syndicaliste Tél. : 77 557 26 27
Viol psychologique
Et pourtant, le peuple sénégalais est loin d'être naïf ! Mais les pratiques des tenants du pouvoir sont tellement sournoises, voire pernicieuses que personne d'entre nous, je veux dire, nous le commun des Sénégalais, ne peut s'épargner de ce viol psychologique des mentalités pour nous anesthésier et agir à leur proies. Ils (les tenants du pouvoir) anticipent sur leur peur, sachant pertinemment que le peuple sénégalais est assis sur une poudrière sociale pouvant exploser à tout moment. Trop de coupures d'eau, trop de coupures d'électricité, de difficultés de manger à sa faim ou de se soigner correctement. Pas de réelle prise en charge médicale et éducative, aucune possibilité de carrière universitaire, aucune exploitation mature en matière de transport, aucune possibilité d'habitat social, etc.
Où va-t-on ? Ils ont sûrement la réponse, eux dont l'exercice préféré est de violer nos consciences et d'assouvir leur faim, en s'enrichissant sur le dos des pauvres contribuables que nous sommes. Nous, leurs véritables proies au-dessus des têtes desquelles ils construisent des immeubles à tout bout de champ comme des niches d'oiseaux, se couvrant de sociétés fictives d'assurances, de réassurances, de sociétés immobilières et financières, pour ne citer que cela, sans oublier cette fameuse statue de la pseudo renaissance africaine qui constitue la matérialisation parfaite de ce viol psycho-affectif du peuple sénégalais et qui nous éloigne de nos valeurs. Pour ainsi violer nos mœurs, fusse-t-elle politique.
Mais sachez que le peuple sénégalais est mature et ne peut continuer à se laisser berner par des illusions renforcées, préférant la vérité des faits même si elle dérange souvent. Tôt ou tard, ils subiront les conséquences de leurs propres viols, pour ne pas dire leurs propres manipulations, car le jour viendra où ils seront pris en flagrant délit de faux-soi.
Ils ont certes l'art de prophétiser leurs personnalités et de chercher graduellement à immobiliser leur victime afin de la garder à disposition pour ponctionner séquentiellement certains secteurs de leurs consciences. Jouant adroitement sur leur substrat émotionnel, comme tout vient à temps à qui sait attendre, le peuple découvrira leurs manœuvres malsaines marquées par une pseudo-humanité et une pseudo-assertivité symbolique. Arrêtez de leurrer l'autre, la société et les institutions.
Docteur Assane FALL Formation en psychanalyse appliquée En Science criminelle Fac de Droit de Montpellier
Le président a-t-il renoncé à la vice-présidence ?
Qu’attend le président Abdoulaye Wade pour promulguer la loi instituant le poste de vice-président ? La question n’est pas dénuée de sens. En effet, le Conseil constitutionnel a donné son autorisation depuis plus d’un mois, en se déclarant incompétent à juger le recours introduit par quinze députés de l’Assemblée nationale. Cela faisait suite à l’adoption de cette loi constitutionnelle par le congrès du Parlement au début du mois de juin. Malgré ce feu vert, le chef de l’Etat tarde encore à mettre le pied sur l’accélérateur. Il n’a pas encore signé le texte de loi pour permettre sa publication officielle et le rendre exécutoire. Ce qui laisse libre cours aux supputations.
On se le rappelle, l’annonce de la création d’un poste de vice-président avait suscité un tollé général depuis le 3 avril lors du discours présidentiel à la nation. L’opposition, une partie de la société civile et certains membres de la majorité présidentielle avaient fustigé l’institution de la vice-présidence considérée comme inutile et coûteuse. Tandis que le président Wade et ses partisans invoquaient la nécessité de renforcer la représentation des femmes au sein des instances de décisions.
Aujourd’hui, l’appel au dialogue initié par Me Abdoulaye Wade, la refondation annoncée du Pds ainsi que la recherche du meilleur profil féminin peuvent expliquer la pause observée à propos de la mise en place de ce poste controversé. Renonciation ou tactique ? La réponse ne saurait plus tarder à quelques jours des vacances de la République.
Massar FALL Simple observateur Fallmassar4@gmail.com
Conclusion du rapport sur l'aide au développement : Les bailleurs de fonds invités à dialoguer avec les pays aidés
L’une des conclusions auxquelles est arrivée Mme Henriette Martinez, l’auteur du rapport sur l’aide publique au développement, c’est que les pays aidés ‘aspirent au dialogue’. ‘Les récipiendaires de l'aide aspirent à un dialogue plus ouvert et à une meilleure compréhension des difficultés qu'ils rencontrent pour répondre à des exigences très rigoureuses, en raison notamment du manque de ressources humaines formées à ces procédures’, écrit-elle dans ce rapport. Et d’indiquer que ‘les procédures (des bailleurs de fonds) apparaissent encore très complexes, trop lentes et pas alignées’. C’est pourquoi le rapporteur invite la France à jouer un rôle pour faciliter un tel dialogue. ‘(…) L'assistance technique française a un rôle déterminant à jouer pour assister les Etats dans la coordination des aides bi et multilatérale. Ce rôle incombe aux conseillers des ministres en charge des stratégies sectorielles de développement’, croire savoir Mme Henriette Martinez.
Pour le député des Hautes-Alpes, il est ‘indispensable que le mandat de coordination attribué à nos ambassadeurs renforce la coopération avec la Banque mondiale et toutes les Ifi (Institutions financières internationales, Ndlr) en vue d’élaborer des pôles de compétence locaux et de faciliter ainsi l’accès aux financements par les Etats’. Pour elle, les Institutions financières internationales sont des ‘instruments indispensables’ de l’aide au développement. ‘Cependant, s’insurge-t-elle, ces institutions apparaissent comme des outils financiers totalement indépendants des Etats bailleurs, au Nord comme au Sud, et dans lesquels la visibilité de nos engagements politiques est quasiment nulle’. Ce qui pose la question de la réforme des institutions de Bretton Woods, même si Mme Martinez reconnaît que ce champ dépasse le cadre de son rapport.
Le document d’Henriette Martinez rappelle qu’en 2008, les contributions françaises ‘représentent 548,70 M€, soit l'équivalent du tiers de l’aide passant par le canal européen (chiffres estimatifs de juin 2009)’, alors que ‘la Banque mondiale (est à) 378,52 M€ sur lesquels 352,51 M€ sont affectés à l'Ida’. Le Fonds africain de développement a déboursé 121,60 M€ tandis que le Fonds asiatique de développement se monte à ‘30,45 M€ ’ au moment où le Fonds monétaire international octroie 28,84 M€.. Le rapport signale que ‘la France a fortement soutenu la reprise de l’activité de la Banque africaine de développement (Bad), y compris par l’augmentation de ses contributions au Fonds africain de développement (Fad)’, dont elle est le deuxième contributeur pour le Fad XI. ‘Cette institution, dont la valeur ajoutée dans le domaine des infrastructures (notamment régionales) et du secteur productif est très forte, doit encore être renforcée’, préconise Mme Henriette Martinez.
M. BARRY
Pour les aider à faire face à la crise : Le Fmi suspend les intérêts et accroît son aide aux pays pauvres
Afin d’aider les pays pauvres à faire face à la crise, le Fonds monétaire international (Fmi) vient de prendre une panoplie de mesures. Ainsi, l’institution de Washington a décidé de suspendre jusqu’en 2011 le paiement des intérêts sur l’encours des prêts concessionnels pour tous les pays membres à faible revenu, tout en augmentant son aide de 8 milliards de dollars à l’horizon 2009-2010 avant de la porter à 17 milliards de dollars en 2014.
Le Fonds monétaire international (Fmi) a décidé hier la suspension du paiement des intérêts sur l’encours des prêts concessionnels pour tous les pays membres à faible revenu jusqu’à la fin de 2011, a annoncé un communiqué de cette institution financière. Cette décision qui concerne près de quatre-vingts pays, devrait permettre à ces derniers de faire face à la crise financière qui secoue le monde. Ainsi, les nouveaux prêts à l’intention de ces pays pourraient atteindre 17 milliards de dollars d’ici à 2014, dont 8 milliards dans les deux années à venir, c’est-à-dire à l’horizon 2009 - 2010.Directeur général du Fmi, Dominique Strauss-Kahn a déclaré que ‘c’est une expansion sans précédent du soutien du Fmi aux pays les plus pauvres, en Afrique subsaharienne et dans le monde entier. Non seulement l’expansion du soutien du Fmi aidera ces pays à faible revenu à surmonter une crise dont ils ne sont pas responsables, mais lorsque celle-ci sera passée, elle posera les jalons des progrès de la lutte contre la pauvreté’, explique-t-il. En effet, le communiqué rendu public à cet effet informe que c’est la première fois que cette institution accorde des prêts sans taux d’intérêt.
En outre, poursuit le texte de l’institution financière, l’aide financière du Fmi sera assortie d’une concessionnalité, c’est-à-dire avec des taux d’intérêt avantageux, assortie d’un mécanisme de mise à jour des taux d’intérêt après 2011. Le texte mentionne aussi que les pays membres ont avalisé une allocation de droits de tirage spéciaux (Dts) équivalant à 250 milliards de dollars Us, qui sera répartie entre tous les Etats membres proportionnellement à leur quote-part au Fmi. Ce qui devrait permettre à ces pays à faible revenu de se voir octroyés ‘une allocation de plus de 18 milliards de Dts, pour renforcer leurs réserves de change et accroître leurs marges de manœuvre financières’, explique le document.
Par ailleurs, informe le même communiqué, le Fonds a également prévu une refonte de ses modalités de prêt aux pays pauvres, avec la création d’une ‘nouvelle panoplie d’instruments financiers adaptés aux besoins divers des pays à faible revenu et plus à même de les aider à relever les défis de la crise’. Et les modalités prévues seront établies sur trois facilités, explique le texte. D’abord, la facilité élargie de crédit qui offre un soutien souple à moyen terme. Ensuite, la facilité de crédit de confirmation qui répond aux besoins de crédit de précaution à court terme, et enfin la facilité de crédit rapide qui offre un soutien d’urgence avec une conditionnalité limitée.
Seyni DIOP
Fesman
Amadou Lamine Sall, poète : ‘Ce qui différencie la culture de la politique, c’est le mensonge’
Le Sénégal doit prendre le temps qu’il faut pour organiser, d’ici 2050 s’il le faut, la troisième édition du Festival mondial des arts nègres, initialement prévue en décembre prochain avant que les autorités en décident de le reporter à 2010, a indiqué le poète sénégalais Amadou Lamine Sall. ‘Le Fesman III aurait bien pu se tenir depuis le temps qu’il a été programmé. Il ne faudra pas l’abandonner comme on abandonne un mauvais mari. Le Sénégal a besoin d’être vivant !’, dit-il dans texte transmis à l’APS.
‘Prenons donc le temps, 2011 ou 2050, qu’importe, et gagnons tous ensemble le pari du 3e Fesman, un jour, de nouveau, dans notre pays, quand il sera plus franc du collier. Savoir que nous ne pouvons pas réussir pour le moment l’impossible, nous honore !’, fait valoir le poète, lauréat des Grands Prix de l’Académie française.
‘Il est noble de saluer la volonté politique du 3e président de la République du Sénégal d’avoir initié et voulu cette 3e édition encore à Dakar. C’est un projet admirable. La culture est notre famille et tout ce qui la grandit nous élève et nous rassemble’, écrit Amadou Lamine Sall.
‘L’exigence de cohérence de l’ensemble, de planification, et la monstruosité de l’organisation d’un tel évènement ont posé les problèmes qui ont conduit à son douloureux 3ème report’, a-t-il estimé.
‘Si j’ai tenu à saluer le courage et la volonté politique qui ont d’abord prévalu au lancement d’un tel festival, à son affirmation, c’est qu’il est loin d’être évident, dans le contexte financier mondial si pourri, et face aux priorités de notre pays englué dans des impasses de survie terrifiante, de tenir un tel évènement plus ouvert à des critiques qu’à des applaudissements’, a-t-il analysé.
‘On crie même à l’indécence. Et cela se comprend aisément. Il est d’ailleurs de coutume de faire croire que la culture ne pèse pas lourd face aux priorités de l’économie et des enjeux sociaux’, a rappelé M. Sall, président de la Maison africaine de la poésie internationale (MAPI).
‘La vérité, est que rien ne tient face à la misère. C’est l’homme la priorité et non l’économie et ses taux de croissance qui ne se mangent pas. Il faut faire cependant ce que l’on a à faire et l’assumer face à l’histoire’, a soutenu le poète sénégalais.
‘Ce qui différencie la culture de la politique, c’est le mensonge. L’échec du FESMAN porterait d’abord le nom du Sénégal et c’est le Sénégal, avant tout, qu’il faut défendre, malgré les clivages’, selon Amadou Lamine Sall. ‘Les défis de 1966 ne sont pas les mêmes que ceux de 2009, a-t-il estimé. Le festival de 66 célébrait la ‘liberté reconquise et l’aube d’un temps nouveau’. L’unité de compte était à peine, à cette époque, le million. 43 ans après, on lui demande de célébrer la renaissance africaine et de l’affirmer dans le concret’.
(Aps)