DISCOURS CONFUS DE L’ETAT
LE SOLEIL :
DÉCODAGES * ENTRETIEN - PR AHMADOU LAMINE NDIAYE, ANCIEN RECTEUR DE L’UGB : « Diversifier les structures et formes d’enseignement »
Pour résoudre le problème d’absorption des bacheliers au Sénégal, le premier Recteur de l’Ugb et vice-président de l’Académie des Sciences et techniques du Sénégal, le Pr. Amadou Lamine Ndiaye suggère l’exploitation des opportunités offertes par les technologies de l’information et de la communication. Dans cet entretien, il insiste sur les réformes nécessaires du système éducatif pour assurer une formation de qualité des élites africaines.
Lors de la réunion de la Cresa à Dakar, vous disiez qu’une nouvelle vision est née puisque l’Afrique veut prendre en charge son enseignement supérieur. Est-ce possible dans un contexte de raréfaction des ressources ?
Oui. Cela doit être possible. D’abord ceux qui étaient jusque-là hostiles au développement de l’enseignement supérieur dans nos pays, à savoir la Banque mondiale, les partenaires au développement, ont changé fondamentalement de vision. La Banque mondiale (BM) qui a publié un ouvrage en octobre 2008, le considère comme moteur du développement. Ce changement est fondamental. Mais le plus important, c’est la vision que le continent a de son enseignement supérieur. Je signale que l’Union africaine a mené une réflexion très approfondie pour aboutir à la conclusion unanimement partagée que si l’Afrique veut véritablement se développer, il lui faut investir davantage dans la formation de ses ressources humaines. Lesquelles sont, pour la plupart, dans la diaspora. Nos meilleurs cadres qui ont besoin d’une formation de haut niveau, sont obligés d’émigrer et très souvent peu d’entre eux reviennent. Il s’y ajoute que dans nos propres structures, les conditions de vie et de travail sont aussi des facteurs explicatifs. Je précise que la plupart de ceux qui partent ne le font pas à cause des salaires même si cela a un impact. Ils aspirent plutôt à apporter quelque chose dans la création, la diffusion du savoir.
Vous faites allusion à la fuite des cerveaux ?
Effectivement. A ce sujet, l’Afrique peut apprendre des pays appelés « dragons d’Asie ». La Corée du Sud avait le même problème. Peu de Coréens revenaient après leur formation à l’extérieur. C’était aussi le cas pour la Chine, Singapour. Au cours des années 80, ils ont décidé d’investir dans les structures de formation et de recherche de haut niveau. Ils ont alors sensibilisé les enseignants et chercheurs de la diaspora. Lorsque ces derniers ont vu que ces structures leur permettaient de s’épanouir sur place, beaucoup de cadres de la diaspora sont revenus travailler dans leur pays. Actuellement, dans ces pays, 75 à 80 % des gens qui vont à l’extérieur pour se former, retournent chez eux contre 10 % dans les années 70. En Afrique, il est heureux de constater que l’UA a permis, sur ce sujet, aux Etats africains de prendre davantage conscience. Les efforts faits pour développer les centres d’excellence où sont dispensées des formations spécialisées sont illustratifs. Ces centres sont des structures partagées, c’est-à-dire plusieurs Etats ou institutions mettent en commun des infrastructures, des ressources financières et humaines pour former, dans des cadres appropriés, les cadres en privilégiant la mobilité des étudiants et des professeurs. Au niveau de la Cresa, nous avons décidé de mettre l’accent sur cette question pour relever l’important défi de la formation de haut niveau des Africains dans le continent.
Dans la classification des universités, sur les 700 dans le monde, seules 5 universités africaines (4 d’Afrique du Sud, 1 égyptienne) figurent sur la liste. Cela est-il dû à un problème de pertinence ou d’efficacité de nos systèmes d’enseignement ?
Lorsque ces classements sont sortis, l’UA a réagi. On classe selon des critères. Mais qui définit ces critères ? Ces critères ont été définis par rapport à quel type de besoin ? On n’a pas certainement tenu compte des problèmes, des besoins et de la situation de l’Afrique. C’est la raison pour laquelle l’UA a commandité une étude, à présent achevée, pour définir des critères de classement de nos universités. Le dossier est prêt et la mise en œuvre démarrera bientôt. Des classements, tout le monde peut le faire en fonction de ses objectifs. Il est important aussi que l’Afrique, en fonction de ses besoins, puisse classer ses universités. C’est vous dire qu’il y a une prise de conscience du rôle et de la place irremplaçables de l’enseignement supérieur, de la formation des ressources humaines africaines de qualité sur le continent si nous voulons cesser de dépendre de l’assistance extérieure ou cesser d’être des exportateurs de nos matières premières.
Les réformes ont été très nombreuses pour améliorer le système mais elles n’ont connu que des fortunes diverses. Comment l’expliquez-vous ?
Il faut partir de l’origine de ces réformes. Personnellement, j’ai participé à plusieurs d’entre elles, depuis les Etats généraux de l’éducation et de la formation (Egef) en tant que rapporteur général, jusqu’au projet d’amélioration de l’enseignement supérieur (Paes), etc. Sur toutes ces réformes, je réserve un sort à part aux Egef. Toutes les autres réformes, qui ont été faites sous la dictée de nos partenaires extérieurs, avaient choisi de privilégier l’enseignement primaire et secondaire en négligeant l’enseignement supérieur où l’on forme des ressources humaines stratégiques pour le développement. On n’a pas laissé aux enseignants le choix de concevoir et de piloter une réforme. Je l’ai écrit, je le dis et je le répète, les enseignants savent exactement ce qu’il faut faire pour réformer fondamentalement le système d’enseignement supérieur africain. Mais dans la plupart des pays, compte tenu des dérives observées, le coût politique de ces réformes de l’enseignement supérieur est cher et très peu de pouvoirs acceptent de s’y engager.
Qu’entendez-vous par coût politique ?
Par exemple au Sénégal, pendant longtemps, il a été considéré que tous les bacheliers doivent intégrer l’université de Dakar. Lorsqu’on a créé l’université de Saint-Louis, je me suis opposé à cela. En ma qualité de recteur fondateur, j’ai demandé et obtenu qu’on laisse à l’Ugb, la possibilité de délibérer et de fixer, chaque année, au sein de l’assemblée de l’université et en fonction des moyens mis à sa disposition, le nombre de bacheliers à accueillir. Le décret existe toujours. Pour la petite histoire, lorsqu’on m’a nommé recteur le 20 janvier 1990, je devrais démarrer avec 2500 étudiants. Ce que je n’ai pas accepté parce que si je le faisais à l’époque, il n’y aurait pas eu de 2e et de 3e année. Le système serait bloqué. C’est ainsi qu’on a ouvert avec 600 bacheliers. Je suis resté dix ans, et on n’a jamais pris plus de 600. Vous direz et les autres. Justement, voila le coût social. On a beaucoup investi sur l’enseignement primaire, moyen et secondaire. Ce ne fut pas le cas dans le supérieur où il manque de structures d’accueil pour les bacheliers dont le nombre ne cesse d’augmenter. Autrement dit, on n’a pas diversifié les structures d’accueil post-secondaire. Or, l’université de Saint-Louis ne prend que 600 étudiants. Tout le reste vient à l’Ucad. Ce qui explique la massification et tout ce qui en découle. Pendant longtemps, on a confondu accéder à l’enseignement supérieur et admission à l’université.
Quelle est la nuance ou la différence ?
L’université de Dakar doit être une structure parmi tant d’autres susceptibles d’accueillir dans l’enseignement supérieur. Elle ne devrait pas être - comme c’est le cas actuellement - la seule structure d’enseignement supérieur. Il fallait diversifier les structures et les filières d’accueil, eu égard aux nouveaux besoins. C’est faute de n’avoir pas diversifié qu’il y a ces problèmes. Et ce n’est pas surprenant que l’université de Dakar qui se faisait fort d’accueillir tous les bacheliers, a dit niet cette année. Certes, des efforts sont en cours mais pas au rythme compatible avec le flux de bacheliers qui croît d’année en année. Il s’y ajoute que dans le cadre de la diversification, on aura beau faire des efforts, on ne pourra pas continuer à accueillir tous les bacheliers dans les formes d’enseignement traditionnelles (amphis, salles de cours). Or, les technologies de l’information et de la communication nous offrent des possibilités énormes de diversification avec l’enseignement virtuel transfrontalier. Par conséquent, il faut exploiter ces opportunités à côté de l’enseignement classique. Mais la diversification dans le domaine de l’enseignement supérieur virtuel nécessite une formation pédagogique à ces nouveaux outils, la préparation du matériel pédagogique pour développer l’enseignement à distance. Le maître-mot aujourd’hui, c’est donc la diversification des structures et des formes d’enseignement afin d’apporter des réponses significatives à l’accès à l’enseignement supérieur.
Comment diversifier les filières si plus 70 % des bacheliers sont issus des séries littéraires ?
C’est tout le système qu’il faut réformer. Ceux qui viennent à l’enseignement supérieur ont été formés au secondaire. C’est à ce niveau qu’il y a un déséquilibre frappant, cruel, en défaveur des scientifiques. La faculté des Lettres et sciences humaines polarise le tiers de l’effectif de l’Ucad. Le département d’Anglais, par exemple, accueille plus de bacheliers que les trois structures d’enseignement supérieur publiques, créées récemment et le Centre universitaire régional (Cur) de Bambey.
Ensuite, il existe une multitude de projets d’enseignement des sciences avec les Français, les Belges, l’Usaid, les Japonais, etc. Quelle est la cohérence de tous ces projets ? Quel a été l’impact dans l’amélioration du profil de nos bacheliers ? Ces projets, dont certains sont conduits pendant plusieurs années, ont-ils eu des incidences sur la répartition entre les bacheliers littéraires et scientifiques ? Il serait donc bon de procéder à une évaluation. Le système éducatif doit être conçu comme un ensemble harmonieux qui va de la case des Tout-petits au supérieur en passant par la formation professionnelle.
Tous les acteurs sont-ils arrivés à ce constat ?
A l’académie, on est arrivé à ce constat et à un autre, la qualité. Il y a urgence à prendre des mesures conservatoires. Tout le monde s’interroge sur ce qui se passe dans l’enseignement supérieur au Sénégal, y compris le privé. Pour tirer la sonnette d’alarme, nous avons décidé d’organiser, avec les partenaires, deux jours de réflexion sur cette question. Jusque-là, le débat a toujours porté sur la quantité. Or, la qualité est tout aussi importante. Cette qualité commence dans les conditions d’ouverture d’un établissement d’enseignement supérieur, avoir les mêmes exigences de formation de qualité. Pourtant, après avoir satisfait aux formalités requises, un établissement privé supérieur commence à fonctionner de manière provisoire. Malheureusement, ce provisoire dure car la Direction de l’enseignement supérieur (DES) n’a pas les moyens de procéder à une évaluation. Or, avec la mondialisation, les normes de qualité sont devenues une exigence. On a donné des réponses quantitatives sans aborder l’aspect qualitatif qui consiste à respecter des critères d’accréditation d’un établissement d’enseignement supérieur qu’il soit public ou privé. C’est pourquoi beaucoup d’établissements font face à des difficultés notamment des problèmes de salles, d’équipements, de professeurs, etc.
Propos recueillis par Daouda MANE et Mamadou GUEYE
WALF FADJRI :
Quand le pragmatisme dicte ses lois au politique : La nouvelle diplomatie ‘musulmane’ de l’Amérique
Historique ! C’est le qualificatif qui semble le plus approprié pour qualifier le discours que Barack Obama a prononcé dans l’enceinte de l’Université du Caire le 4 juin 2009. Il l’est sur plusieurs plans. D’abord, l’initiative de parler au monde musulman dans le cadre d’un discours spécifiquement conçu est une première et même une surprise au regard des années de malentendu - et c’est un euphémisme - entre les Usa et ce monde musulman. Historique, ce discours l’est aussi par sa portée, du moins escomptée, son contenu et le ton qu’il a emprunté.
Certains se sont précipités de dire qu’il ne s’agissait que d’un discours de plus. On peut légitimement être tenté de le penser. Mais, il faut oser leur rétorquer, aussi, que cet acte courageux inaugure une rupture dans les pratiques diplomatiques américaines et au-delà. La rupture est nette sur, au moins, trois plans : le discours du Caire que d’aucuns voient comme un simple jeu de rhétorique, introduit un triple changement : un changement de style, de ton et de lexique ; ce qui n’est pas rien pour une rhétorique.
Ce discours apporte un changement de style. Pour la première fois, un président américain affirme, sans équivoque, son intention de vouloir dialoguer avec les musulmans dans le monde, plusieurs fois blessés par les agissements d’une puissance avouant que son pays se doit de s’expliquer, de convaincre de sa bonne foi, en faisant le pas d’aller au Caire, cœur battant du monde arabe, après une tournée en Arabie Saoudite englobant les deux lieux saints de l’islam bien qu’allié inconditionnel des Usa dans la région.
Mais c’est surtout un changement de ton : la voix que l’on a entendue au Caire, n’est plus celle de l’Amérique jugée d’habitude arrogante et donneuse de leçons. C’est une nouvelle Amérique qui s’est exprimée par la voix d’Obama. Une Amérique qui s’est mise, le temps d’un discours, au même niveau que ses interlocuteurs en leur montrant tous les signes d’un respect qu’ils ont longtemps attendu ou espéré. Mais le plus appréciable de ce discours était de voir qu’avec les musulmans, l’Amérique allait être franche, reconnaissant en face d’elle des partenaires avec lesquels toutes les vérités seront désormais bonnes à dire.
Barack Obama a, en plus, eu le courage d’aborder la question taboue de la démocratie et des droits de l’Homme dans un Moyen-Orient plein de dictatures et de monarchies. N’est-ce pas une véritable ‘révolution’ de clamer haut et fort, dans l’enceinte de l’Université du Caire, qu'aucun système de gouvernement ne devrait plus être imposé à une nation par tout autre, en insistant sur le fait que les peuples devraient avoir leur mot à dire dans la façon dont ils sont gouvernés ; confiance dans la loi et égalité devant la justice ; un gouvernement transparent ne volant pas le peuple ; et la liberté de vivre comme ils le désirent. Même si on est toujours sur un registre diplomatique, on peut reconnaître qu’il y a plus nuancé comme discours de salon !
Il est vrai que certaines critiques ont insisté sur le fait qu’il ne s’agissait là que de déclarations de principe. Mais dans cette partie du discours, jugée - je crois à tort - superficielle, il énonce avec vigueur quelque chose de très significatif en direction des régimes de la région qui comptent, généralement, sur l’appui américain pour s’assurer de leur stabilité. Le président américain a pu rappeler sans euphémisme que les gouvernements qui protègent ces droits énumérés dans son discours sont finalement plus stables, réussis et sûrs. C’est cela la véritable nouveauté au niveau du ton.
On dirait que le message d’Obama a cherché à respecter les deux registres de parole. Il s’est adressé aussi bien aux dirigeants qu’aux populations, en ayant cette parfaite compréhension des nouveaux enjeux des relations internationales, à savoir la fin du monopole des Etats et des institutions sur les affaires du monde et l’irruption des acteurs ‘ordinaires’, des citoyens aidés en cela par le phénomène de la transnationalité qui vient tacler celui - sacro-saint - de la souveraineté. Voilà une claire conscience que le discours diplomatique se doit, désormais, de prendre en compte ce fait nouveau s’il se veut efficace et porteur, nous rappelant le fait important que pointait James Roseneau en parlant de linkage pour décrire l’enchevêtrement et l’hybridation progressive des questions de politique intérieure et extérieure.
Mais la nouveauté qui est le maître-mot de ce discours n’a pas épargné le côté lexical. Barack Obama venait d’enrichir d’une nouveauté dans le vocabulaire diplomatique américain, dans la conception des rapports avec l’islam. A aucun moment, au Caire, il ne parlera pas du monde musulman en tant que bloc cohérent et monolithique. Il emploie au contraire de nouveaux termes ‘pays à majorité musulmane’ ou encore ‘les musulmans du monde’. En fait, il rompt, avec raison, d’avec la rhétorique des blocs étanches et opposés qui ne pouvaient que s’affronter, d’après les théories tristement célèbres de Samuel Huntington prisées aussi bien par les néo-conservateurs aux Etats-Unis que les extrémistes fortement minoritaires parmi les musulmans. Nous savons tous que cela répondait, des deux côtés, au besoin de la construction imaginaire et fantasmatique d’un ennemi idéal pour se livrer à une guerre des civilisations. Là où Barack Obama - ou du moins ses ingénieux conseillers - innove, c’est dans l’adoption d’un nouveau lexique répondant mieux aux logiques de la nouvelle diplomatie du ‘nouveau départ’ qu’il veut initier.
Il ne considère pas l’islam ou les musulmans comme un bloc homogène en guerre éternelle contre un Occident, ennemi réel, supposé ou fantasmatique. (A suivre)
Dr Bakary SAMBE Spécialiste du monde musulman et des relations internationales Institute for the Study of Muslim Civilisations – Aga Khan University, Londres Bakary.sambe@gmail.com
Le congrès de l’arnaque et de la forfaiture
Le groupe fractionniste d’exclus dirigés par Mamadou Diop Decroix, ex-secrétaire général adjoint, vient de franchir une étape supérieure dans sa tentative de liquidation d’And-Jëf/Pads, en organisant leur congrès de l’arnaque et de la forfaiture. Tous les Sénégalais sont surpris par le comportement ubuesque de Decroix. C’est dommage pour lui, qu’il sorte par la petite porte.
Visiblement, dans tout ce processus, nous voyons de la manière la plus criarde, la main noire de l’Etat qui lui apporte confort et soutien. Chose qui ne fait plus de doute aux yeux de l’opinion publique nationale. En attestent la décision par arrêté n° 0187/CRD/AA en date du 4 juin 2009, qui ferme la permanence nationale du parti au motif de ‘risques de troubles à l’ordre public’ ; de l’autorisation de la tenue du congrès extraordinaire illégal du groupe fractionniste ; du déploiement d’une armada militariste pour la tenue de ce congrès et enfin, de l’importante somme d’argent mise à leur disposition. Toutes choses qui confirment amplement, le parti-pris de l’Etat dans la crise au sein d’And-Jëf, crise qui, du reste, relève d’une lutte de lignes (donc d’orientation) entre deux points de vue et deux positions opposés qui ont atteint un degré d’antagonisme.
La ligne incarnée par Mamadou Diop Decroix a pour objectif de bâillonner le parti et le remettre au président Wade sur un plateau d’argent, avant de le fondre complètement dans le Pds, gage d’un retour dans le gouvernement. L’autre ligne défendue par Landing Savané et l’ensemble du parti consiste à préserver son indépendance, son unité, sa dignité et la défense des intérêts du peuple.
Il est faux de personnaliser cette crise entre Landing/Decroix. Il faut la comprendre comme celle qui oppose le groupe fractionniste de Diop Decroix et And-Jëf/Pads. Voilà la réalité intrinsèque des faits. Il faut rappeler que cette exclusion s’est faite de la manière la plus démocratique par le bureau politique. Un point barre. Ne cherchons pas la petite bête ailleurs, c'est-à-dire là où elle n’est pas. Dans ses comportements, ses tentatives de bloquer le fonctionnement du bureau politique et de prises de décisions politiques, dans ses agissements de défiance au secrétaire général, créant ainsi une atmosphère délétère et malsaine au sein du Bp, fragilisant ainsi l’unité et la cohésion dans le parti, cette exclusion se justifie objectivement.
Non content de cette exclusion, il préfère s’en remettre au ministre de l’Intérieur pour venir à son secours. Par lettre du 18 mai, il attire son attention sur ’les entraves portées à l’exercice de ses libertés politiques par le secrétaire général Landing Savané’. Dans cette même lettre, il profère des menaces ‘sur les risques de troubles de l’ordre public, si les mesures utiles et les dispositions nécessaires n’étaient pas prises par l’autorité compétente, pour empêcher la poursuite de ces restrictions à mes activités politiques….’. ‘Landing, poursuit-il, convoque chez lui des réunions de la direction du parti, en n’y conviant qu’une minorité des membres et délibère sur les affaires concernant le parti tout entier’. Alors, pourquoi diantre s’en offusquer puisqu’il se dit majoritaire dans le parti ? Il y a vraiment là un manque de logique et de cohérence. Pourquoi ne pas réunir sa majorité et ‘délibérer sur les affaires concernant tout le parti’ ?
Pourtant, l’article 16 des statuts du parti stipule : ‘L’exclusion d’un membre d’And-Jëf/Pads doit être ratifiée par le congrès sur proposition de l’instance concernée dans les conditions définies par le règlement intérieur.’ Pourquoi pas, en bon militant, ayant un esprit de parti et attaché à la discipline et aux principes démocratiques du parti, ne ferait-il pas recours et attendre patiemment le prochain congrès légal pour être confirmé dans ses droits politiques et les exercer pleinement ? D’autant que les quarante fédérations acquises à sa cause, manifesteront sans doute un grand intérêt pour le défendre contre ’l’arbitraire d’une minorité’ !
Ayant perdu tout espoir de se voir rétabli dans l’exercice de ses droits politiques, il a préféré, lui et ses acolytes, recourir à l’article 3 du règlement intérieur du parti qui stipule : ‘Qu’un congrès extraordinaire peut être convoqué à l’initiative de trois quart des fédérations’. Ils prennent ce qui les arrange et évacuent d’un tour de main les dispositions suivantes. Ils éludent l’article 20 des statuts qui donne dans les mêmes conditions la possibilité de convoquer une session extraordinaire à l’initiative des 2/3 des membres du Conseil national.
Même en mettant à leur profit cette bonne disposition de l’article 3 du règlement intérieur pour la convocation d’un congrès extraordinaire, Decroix et son groupe n’ont pas respecté toute la procédure. Ils ont fait de la manipulation et sont tombés dans la crapaudière, en essayant d’intoxiquer l’opinion publique sur fond de tapage médiatique. En effet, ils ont honteusement et malhonnêtement tronqué et écorné la procédure d’application de la charte du parti (les statuts) et son règlement intérieur. En les vidant de tout leur contenu. L’article 20 des statuts stipule : ’….Le congrès peut se tenir en session extraordinaire à l’initiative des deux tiers (2/3) des membres du Conseil national. Les membres des And-Jëf/Pads doivent être informés des modalités du congrès trois mois au moins à l’avance’. Or de l’enclenchement du recours de cette disposition, à sa mise en route et la tenue de ce ‘congrès extraordinaire’ les 12, 13,14 juin, cela ne fait pas trois mois francs. Car la fameuse pétition créditée à la ‘fédération de Guédiaway’ date du 9 mai 2009. Le groupe fixe lui-même la date et les conditions de sa tenue en dehors des instances légales du parti.
Mieux. Selon l’article 21 des mêmes statuts, prennent part au congrès : ‘Les membres du Conseil national ; les délégués des fédérations issus des secteurs ; les représentants des mouvements internes du parti (femmes, jeunes, Moss, cadres, arabisants...) ; les membres de la commission de suive et de contrôle ; les membres de la commission des comptes’. Le groupe a choisi ceux qui lui sont favorables en écartant les autres L’article 33 des statuts stipule que ’le congrès ne peut se tenir et délibérer (valablement) que lorsqu’au moins 2/3 des fédérations sont représentées’. Ils ont fait fi de tout cela. Les vraies fédérations officielles n’ont pas pris part à ce concert politique extraordinaire des scissionnistes.
L’article 5 du règlement intérieur complète par ceci : ’Le nombre de délégués pour chaque fédération et pour chaque mouvement (interne) est fixé selon un quota, par le Secrétariat exécutif politique (Sep)’. A ce jour, aucune demande, n’est parvenue des fédérations aux mains du secrétaire général du parti, ni au Sep qui doit se réunir pour statuer sur la question, ou de quelques autres instances régulières et officielles d’And-Jëf/Pads. Aucune fédération n’a été convoquée par le Sep, l’ordre du jour et les modalités de ce congrès relèvent du mystère et d’une boule de gomme.
Au total, nous avons été les témoins oculaires d’un congrès de supercherie, d’arnaque piteusement organisé par Decroix et se bande. Pour toutes ces raisons, nous qualifions de congrès d’illégal, de nul et non avenu. C’est un congrès de Mamadou Diop Decroix, du président Wade et de la Cap 21. Le vrai quatrième congrès d’And-Jëf/Pads aura lieu, lui, Inch Allah les 19 et 20 décembre 2009.
Demba DIALLO Secrétaire général de la Fédération départementale de Saint-Louis E-mail : ndiourdiallo2@yahoo.fr
Pourquoi un super ministère pour Karim Wade ?
La nomination de Karim Wade comme ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, de l’Aménagement du territoire, de la Coopération internationale et des Transports aériens, occupe la une de nos journaux depuis un certain temps. Si ce n’est pas une analyse sur le choix du président de la République sur son fils pour ce grand département ministériel, c’est le commentaire d’un leader politique sur la question qui est relayé. Mais au-delà des analyses de politique politicienne, il me semble nécessaire de voir le choix du chef de l’Etat sous un autre angle.
Pour rappel, Me Abdoulaye Wade, en vingt-six ans d’opposition, a vécu toutes sortes de brimades (complots, conspirations) inimaginables pour faire échouer son ambition de devenir président de la République du Sénégal et le diriger. Cette longue marche pour la conquête démocratique du pouvoir a été marquée par des séparations douloureuses avec des compagnons des premières heures. Le puissant régime socialiste d’alors ne lésinait sur aucun moyen (intimidations, corruption, chantage) pour obliger des militants du Pds à tourner le dos à cette formation.
Face aux manœuvres du Ps aussi désastreuses les unes que les autres pour la formation libérale, le président de la République alors dans l’opposition a toujours eu comme viatique de promouvoir les jeunes et les femmes de sa formation. Son choix s’est toujours porté sur des personnes ordinaires inconnues du grand public. Grâce à la confiance de ce dernier, ils ont eu à occuper des responsabilités énormes dans le pays et au sein de leur formation politique, avant et pendant l’alternance du 22 mars 2000. Nous pouvons citer, entre autres, Aminata Tall, Jean-Paul Dias, Ousmane Ngom, Serigne Diop, Modou Diagne Fada, etc.
Cette option du chef de l’Etat de promouvoir les jeunes et les femmes s’est renforcée à son accession à la magistrature suprême. Ce n’est pas parce qu’ils sont les plus capables et les plus méritants sur les millions de Sénégalais. Mais plutôt, en un moment de leur vie, Me Abdoulaye Wade a porté son choix sur eux. Ils ont tous ce dénominateur commun.
Qui a fait d’Idrissa Seck, alors jeune étudiant, en 1988 son directeur de campagne ? Et Macky Sall qui, en 2000, était dans l’anonymat au sein du Pds, Abdoulaye Baldé, actuel maire de Ziguinchor et secrétaire général de la présidence de la République, Awa Ndiaye, ancienne ministre de la Femme, que beaucoup de journaux prédestinent déjà comme la future vice-présidente. La liste n’est pas exhaustive, loin de là. Toutes ces personnes aujourd’hui occupent une place de premier rang sur le chéquier politique national.
Cependant, il est à déplorer que les assauts qui ont le plus ébranlé le pouvoir de Me Abdoulaye Wade viennent de certains parmi ceux-là qu’il a mis sur orbite devant tant d’autres. N’eût été un travail de titan abattu à la tête de ce pays depuis 2000, Me Abdoulaye Wade ne serait jamais réélu au premier tour des élections de février 2007. Mais à peine son deuxième mandat entamé, le voilà qui a sur le dos Macky Sall.
En dépit de tout cela et au vu des enseignements que le temps a livrés, je crois, en toute sincérité, normal que le chef de l’Etat confie des responsabilités à son fils : d’une part, pour lui donner l’occasion de mettre au service de notre pays, le Sénégal, la plénitude de ses compétences, et d’autre part, d’être près de lui, de l’assister et le soutenir. Vu sous cet angle, son choix se justifie largement.
Alors, à ce dernier (Karim Wade), obligation est faite de faire des résultats tangibles dans ce super ministère (comme disent les autres) pour convaincre les Sénégalais de ses capacités, pour pouvoir demain prétendre à des stations plus élevées. Le peuple souverain sera là pour juger.
Mouhamet NDIAYE E-mail :mouhametndiaye@hotmail.com
Avec 700 000 emplois à pourvoir d'ici 2012 : Le Québec courtise étudiants, maçons, infirmiers, soudeurs, ingénieurs… de l’émigration
La pénurie de professions spécialisées est une menace économique pour le gouvernement du Québec. La concurrence nationale et internationale, la survie des entreprises québécoises empêchent les autorités de la province de dormir. Sept cent mille emplois doivent être pourvus d’ici 2012. On n’est pas allé loin de chercher les remèdes en ciblant la main d’œuvre spécialisée étrangère et les étudiants étrangers en séjour dans le pays.
(Correspondant permanent à Montréal) - Si vous êtes soudeur, maçon-briqueteur, infirmière, technicien des laboratoires, ingénieur aéronautique, le Québec s’ouvre à vous. Une telle phrase assimilable à une réclame publicitaire est la traduction d’un besoin énorme qui a poussé les autorités québécoises à mettre en place de nouvelles mesures pour faciliter le maintien des étudiants étrangers qui, pour la plupart, après avoir obtenu leurs diplômes, rentrent au pays. Le Québec veut désormais que ces derniers restent pour faire fonctionner l’économie du pays. C’est ainsi pour cette catégorie, le gouvernement a décidé d’émettre un Certificat de sélection du Québec en faveur des étudiants étrangers qui auront obtenu un diplôme d'études secondaires en formation professionnelle, d'études collégiales en formation technique ou un diplôme universitaire délivré par un établissement d'enseignement du Québec reconnu par le ministère de l'Education, du Loisir et du Sport. Cette mesure permettra aussi d'augmenter la fréquentation au sein des institutions d'enseignement dans toutes les régions du Québec. Le ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Mme Yolande James, estime à ce niveau qu’’une personne qui a étudié pendant quelques années au Québec, est généralement bien intégrée et son diplôme québécois est connu de nos employeurs’.
La pénurie est aussi phénoménale au niveau des travailleurs spécialisés. Le Québec doit pourvoir, d’ici 2012, près de 700 000 emplois dans des niveaux basiques comme les soudeurs, les infirmiers, les laborantins, les maçons, les ingénieurs. Le pays s’est toujours illustré dans ces domaines en accueillant la main d’œuvre étrangère dans des segments comme les technologies de l'information, la recherche scientifique et les métiers spécialisés.
Cependant, de nombreux obstacles se dressaient à l’intégration des étrangers dans ces secteurs qui sont souvent contrôlés par des ordres. Conscientes de telles difficultés, les autorités québécoises veulent faciliter et accélérer l'établissement permanent de ces travailleurs en facilitant à ceux-ci l’acquisition d’un Certificat de sélection du Québec. La cible tourne autour des soudeurs et des maçons-briqueteurs en formation professionnelle, des techniciens de laboratoire au collégial et des infirmières et des ingénieurs aéronautiques en formation universitaire. Les demandes des candidats à l'immigration œuvrant dans ces domaines de compétences qui offrent les meilleures perspectives d'emploi, seront dorénavant traitées en priorité, explique-t-on du côté du ministère.
Ces importantes mesures annoncées par la ministre Yolande James dans les bureaux de l'Institut national de recherche scientifique (Inrs) qui accueille nombre de chercheurs internationaux de haut niveau, cherchent à mettre à la disposition de la Province un bassin de travailleurs qualifiés pour assurer le développement des entreprises, partout au Québec. La ministre Yolande James d’indiquer que ‘cette action s'inscrit dans la foulée du Nouvel espace économique annoncé par le Premier ministre. Le gouvernement innove et agit de façon responsable afin de préparer la relance et de s'assurer que le Québec pourra compter sur tous les talents et toutes les compétences, d'ici et d'ailleurs, pour soutenir son développement économique’.
Abdou Karim DIARRA
SUD QUOTIDIEN :
GESTION DES INONDATIONS ET DISCOURS CONFUS DE L’ETAT Bennoo met Wade devant ses responsabilités
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN , jeudi 18 juin 2009
La Conférence des leaders de « Bennoo Siggil Senegaal » entend mettre le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade devant ses responsabilités quant à la gestion des inondations probables pendant l’hivernage. Elle l’invite à la présentation d’un plan de règlement définitif de ce phénomène récurrent, qui comprendrait notamment, pour chaque zone, une stratégie d’intervention, des programmes et des projets, bien articulés à la réalité de terrain et adossés à un calendrier précis indiquant les dates de démarrage des opérations et les plannings d’exécution.
L’hivernage approche s’il ne s’installe déjà dans plusieurs localités, notamment à l’Est et au Sud-est du pays. Dans quelques semaines donc les Sénégalais et les Sénégalaises, notamment des communes de Dakar, Pikine Guédiawaye, Kaolack , Nioro, Joal , Saint Louis et des localités riveraines de la vallée du fleuve Sénégal risquent, comme chaque année, de subir les affres des inondations.
Une situation qui, selon une déclaration de la Conférence des leaders de Benno Sigigl Senegaal reçue hier, suscite dans les banlieues de Dakar exposées depuis une vingtaine d’années à ces récurrentes inondations, une inquiétude et un désarroi, que la « récente tentative du gouvernement de faire endosser aux collectivités locales la gestion de cette question d’envergure, n’a fait qu’amplifier davantage ». Ce qui reste singulier, poursuit la déclaration, est que « dans cette ambiance délétère, c’est la discordance manifeste dans les positions des tenants du pouvoir central vis-à-vis de la question : l’attitude affichée n’est pas la même d’un ministre à un autre. Selon les plus nombreux la gestion des inondations relève dorénavant des collectivités locales.
Les autres, dont le ministre en charge de la Décentralisation, estiment, par contre, que sa prise en charge doit être partagée entre l’Etat et les collectivités locales. Le porte parole du Président de la République tente d’expliciter la position de la présidence de la République, en clamant aux Sénégalais que l’Etat n’interviendrait désormais sur cette question que lorsqu’une inondation est provoquée par une pluie exceptionnelle, ayant dépassé la normale, celle-ci étant la moyenne des pluies enregistrées sur un cycle de 30 ans ».
A quelle autorité faut-il se fier semble s’interroger ainsi la Conférence des leaders de Benno Siggil Senegaal. Elle rappelle que les « Sénégalaises et les Sénégalais se souviennent bien qu’en août 2005, prétextant des inondations et de leur lot de conséquences négatives dans la plupart des localités du pays, dont les moindres, disait-il, étaient des familles sans abris, des routes coupées par le débordement des eaux, une circulation bloquée dans les villes, des champs dévastées par les eaux dans le monde rural, le Chef de l’Etat avait lancé le Plan Jaxaay.
Selon lui, devant la situation désastreuse à laquelle les populations étaient exposées, l’Etat ne pouvait se permettre d’organiser les élections législatives au mois de mai 2006 à hauteur d’un budget de 7 milliards. Pour le Chef de l’Etat donc, cette enveloppe devrait plutôt être réorientée dans le financement de ce plan dont le budget total a été arrêté à la fameuse somme de 67 milliards ».
Question : Comment donc l’Etat peut-il, après avoir engagé une opération aussi importante dans son budget, déclarer « que la gestion des inondations ne relève pas de ses compétences » ? Selon les leaders de Benno, « en tout état de cause, la gestion des inondations n’est pas une compétence transférée, ni une compétence propre. Elle ne relève donc pas juridiquement des collectivités locales »….
La gestion des eaux usées et pluviales relèvent plutôt, selon la loi 96-02 portant création, organisation et fonctionnement de l’ONAS, de cet organisme. « Cette même loi dispose que l’ONAS est responsable de l’assainissement des eaux pluviales et usées sur l’ensemble du territoire national. En matière de salubrité publique donc, seuls le ramassage des ordures ménagères et le curage des caniveaux relèvent juridiquement des collectivités locales », indiquent-ils.
Par ailleurs, gouverner c’est aussi prévenir et gérer les crises. C’est pourquoi la Conférence des leaders de Bennoo Siggil Senegaal estime « qu’il faudrait sortir l’effroyable réalité des inondations de la banlieue dakaroise aussi bien du jugement stérile que du raisonnement étroit », invitant ainsi l’Etat central à assumer pleinement ses responsabilités régaliennes au lieu de chercher à se défausser sur des collectivités locales à qui l’on n’a nullement transféré légalement une telle responsabilité.
Elle exhorte en outre les populations en proie à l’envahissement des eaux, « à s’organiser autour de leur édile en vue de réclamer sans délai au gouvernement la reconnaissance explicite que cette question relève de l’Etat au premier chef. L’objectif de cette bataille est d’engager une vaste et vigoureuse mobilisation autour de cette question afin de faire infléchir l’attitude de désinvolture de l’Etat devant cette situation ».
Les chefs de l’opposition organisée dans Bennoo Siggil Senegaal demandent aux populations exposées « à exiger l’évacuation sans délai des eaux dés qu’elles commencent à envahir les quartiers et les habitations et, d’autre part, la présentation d’un plan de règlement définitif de ce phénomène récurrent, qui comprendrait notamment, pour chaque zone, une stratégie d’intervention, des programmes et des projets , bien articulés à la réalité de terrain et adossés à un calendrier précis indiquant les dates de démarrage des opérations et les plannings d’exécution ».
BAÏDY AGNE PRESIDENT DU CNP« Sur la question de la subvention, Alex Segura rend service à l’État »
par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN
Le Président du Conseil national du patronat (Cnp), Baïdy Agne épouse la position du représentant du Fonds monétaire international (Fmi) à Dakar, Alex Ségura, concernant les 150 milliards de FCfa que l’État a utilisés pour subventionner les denrées de premières nécessité. Il dit avoir signalé la même chose depuis novembre 2007.
Le représentant résidant du Fonds monétaire international (Fmi) à Dakar, Alex Segura, dans sa dernière sortie, avait fait savoir que l’État à ce jour a subventionné à hauteur de 150 milliards de FCfa des produits dont en réalité l’efficacité n’est pas forcément sentie par les populations. Interpellé sur la question, en marge de la conférence de presse du Cnp de ce mercredi 21 mai, Baïdy Agne pense que : « cet aspect des choses, si le représentant du Fmi le dit, à mon sens, il rend service à l’État parce que ce n’est pas simplement Alex Segura qui l’a dit ». Personnellement, a livré le président du Cnp, « en octobre-novembre 2007, je suis allé voir le ministre des finances pour lui dire que je ne suis pas persuadé que cette politique mise en œuvre de subventions et de renoncement de Tva à l’entrée, est la meilleure façon de soutenir les populations à terme ». Il fait savoir qu’il doutait de l’efficacité de cette mesure.
Ce qui, selon Baïdy Agne, ne veut pas dire que c’est facile. A son avis, « Le souci de soulager les populations est réel mais c’est l’efficacité qu’il faut à un moment revoir d’autant plus que nous disions à l’époque, ce que l’État laisse en subventions n’est pas en mesure de contenir la hausse dont il ne maîtrise pas les prix des denrées sur le marché mondial et celui du pétrole ». D’après M. Agne, « de toute façon, le cours est tel qu’il vaut mieux que l’État achète du riz et le donne aux populations directement. Mais la question de la subvention qu’on met en œuvre, bien sûre, on peut le discuter tout en comprenant pourquoi l’État était dans une position de devoir le faire.
Mais aujourd’hui, je pense que c’est le moment de l’évaluer et d’avancer ». A l’en croire, « si les mêmes subventions sont maintenues, on va arriver à 200 milliards de FCfa ». Pour lui, la question qui se pose maintenant est de savoir : « est ce que l’État peut se permettre de continuer à subventionner avec autant d’argent des produits certes sensibles dont l’efficacité peut être parfois discutée ».
La dette due entreprises
Entre autres points de la sortie de M. Ségura qui concerne le secteur privé, le président du Cnp a rappelé l’ardoise que l’État doit aux entreprises qui ont déjà exécuté une commande publique et qu’il estimait à 150 milliards de FCfa. Sur cette question M. Agne fait savoir qu’il connaît différents secteurs qui l’interpellent et que cette question ne date pas d’aujourd’hui. « Pour l’effacement de la dette que l’État a à leur égard, nous saluons l’appui qu’il en a fait. Il est important en réalité pour l’État d’effacer ou de réduire la dette intérieure ». Avant de signaler que la dette intérieure globale n’est pas tout le temps la dette due au secteur privé. A l’en croire, il a vu le ministre du Budget sur cette même question essentielle.
A cela, il y ajoute la sortie du ministre de l’Economie et des finances qui a publiquement fait part de l’emprunt obligataire qui sera lancé pour accélérer la résolution de la question de la dette à l’égard des entreprises. Sur cette question, Baïdy Agne informe que : « le ministre du Budget m’a assuré hier (Ndrl : avant-hier) qu’ils ont redonné l’ordre au niveau des différents ministères d’accélérer le processus pour que tous les paiements puissent être faits ». Avant de poursuivre : « il nous avait assuré que même d’ici juin, il estimait et pensait que tout ceci rentrerait en ordre. Et nous saluons cela ». Le président du Cnp pense que cette question de la dette à l’égard des entreprises est importante à plusieurs titres dans un contexte où les travailleurs parlent d’augmentation de salaire.
Selon lui, « si le problème de trésorerie que ça pose aux entreprises peut même occasionner le non-paiement des salaires et qui peut faire à ce qu’une entreprise soit dans une situation à ne pas prendre une nouvelle commande publique parce que n’ayant pas été payée par une commande exécutée au préalable, c’est un vrai problème ».