Réconciliation et retrouvailles de la famille
Réconciliation et retrouvailles de la famille libérale : Et la jeunesse ?
L’actualité politique de ces derniers jours reste marquée par la réconciliation officielle entre Idrissa Seck et le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais. Comme il le disait, nous rendrons grâce à Allah autant de fois qu’il y a de souffles dans l’univers pour nous avoir permis d’assister à la réconciliation officielle et définitive. Nous espérons que cette nouvelle situation permettra de sceller définitivement les retrouvailles au sein de notre grand parti et, par conséquent, de panser la blessure qui en a résulté et qui a profondément affecté la représentativité et la légitimité de notre secrétaire général. Notre religion est faite que la blessure était assez profonde. Pire, elle a atteint des proportions insoupçonnées car n’ayant épargné ni les hommes ni les structures. Les résultats des élections locales sont, entre autres, révélateurs de cette situation même si notre coalition garde encore le plus grand nombre des collectivités locales. Fort heureusement, la raison est en train de l’emporter sur les esprits malveillants pour ‘rester au pouvoir pendant cinquante ans’. Parce qu’aucune réconciliation ne peut se faire sans vérité, le couple souventes fois usité vérité-réconciliation trouve toute sa pertinence. Il inspire par ailleurs cette modeste réflexion. En effet, on se souvient de cet après-midi historique d’un certain mars 2005 quand la jeunesse libérale, sous la conduite éclairée du Bureau exécutif national de l’Ujtl, a décidé de destituer son secrétaire national intérimaire, en la personne du ministre Alioune Sow, ministre de la Jeunesse d’alors, pour cause d’insuffisance de résultats procédant d’un défaut de leadership sur la jeunesse libérale, source d’une léthargie fort contemplative dans la marche du mouvement. Et pour n’avoir fait que manifester notre devoir légitime de responsables avertis, de remettre de l’ordre dans la marche du mouvement, certains cadors du parti s’étaient alors coalisés pour contraindre le secrétaire général national incontesté à nous exclure des rangs de ce mouvement alors que nous en avons été pour certains les précurseurs. Cette situation de 2005 est aujourd’hui encore plus marquée si l’on sait que le mouvement des jeunesses libérales n’existe plus que de nom. A ce jour, l’Ujtl, malgré les moyens mis à sa disposition, peine encore à retrouver ses marques aux fins de jouer pleinement son rôle de structure avant-gardiste.
Cette malheureuse logique d’accaparement et de positionnement n’a pas épargné le Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel) au nom du principe sacro-saint de sécurisation du parti, disait-on. Une ‘exigence’ malheureusement organisée autour des prismes déformants de compte rendus transmis au secrétaire général, a conduit à la dissolution du bureau et par conséquent à la disparition du Meel de l’espace universitaire dakarois pendant au moins quatre longues années, permettant ainsi la promotion de certains activistes. Plusieurs responsables dudit mouvement ont été injustement victimes. En conséquence de cette condition inacceptable, une bonne partie de cette jeunesse libérale est envoyée à la retraite anticipée ; d’aucuns ont cédé au découragement, à l’exception de quelques-uns qui, refusant l’inacceptable, poursuivent le combat à l’interne avec l’espoir que tôt ou tard et d’une manière ou d’une autre, la vérité finira par triompher. Ceux-là considèrent, en effet, que l’investissement de plusieurs années de militantisme engagé et de sacrifices innombrables ne peut être vain.
Notre conviction est faite que cette jeunesse, tête de pont de l’élan populaire qui a libéré le Sénégal de la domination du Parti socialiste, est laissée en rade à l’heure des retrouvailles et de la réconciliation de la grande famille libérale : Il s’agit d’une jeunesse politiquement aguerrie, et intellectuellement compétente qui a été au cœur de tous les combats et dont la prise en compte serait assurément d’un grand apport pour le devenir du parti. Certes, le secrétaire général a beaucoup investi en la jeunesse, qu’elle soit du parti ou simplement celle du pays depuis son accession à la magistrature suprême. Mais, très souvent, cet investissement est allé aux pertes et profits.
Notre sentiment est que cette jeunesse qui a incarné le combat, est aujourd’hui laissée en rade. C’est là quelque part une des raisons essentielles qui explique et justifie que l’opinion sénégalaise éprouve d’énormes difficultés à écouter certains des proches du secrétaire général de la période post-alternance et qui symbolisent soit l’activisme, l’arrivisme et /ou le manque de conviction. Des exemples foisonnent.
Avec cette jeunesse exceptionnelle, le peuple écoutera le secrétaire général, l’entendra et le suivra. Mieux que quiconque, ce peuple mature et ancré dans les valeurs de dignité et de reconnaissance ne se reconnaitra jamais dans des figures qui reflètent l’errance politique et l’aversion à l’alternance que nous avons acquise de haute lutte en 2000. C’est pourquoi le Pds d’aujourd’hui souffre d’un déficit de crédibilité. Pour pallier ce déficit, le secrétaire général devrait réhabiliter et responsabiliser tous ceux qui l’ont accompagné durant les périodes de souffrance, de privations et de sacrifices de divers ordres.
Aujourd’hui le retour d’Idrissa Seck met à nu toutes les déclarations de certains responsables du Pds qui s’étaient, pour la plupart, engagés de manière aveugle et sans retenue dans un lynchage médiatique et contre ce dernier, et contre tous ceux qui, à leurs yeux, semblaient obstruer leur ascension. Ces pratiques ne peuvent grandir le Pds. Nous devons savoir raison garder et éviter de nous salir les uns les autres. C’est là le seul moyen de reconquérir le cœur des Sénégalais qui ont fini par nous mettre tous dans le même sac. L’émergence du Sénégal, à la réalisation de laquelle le secrétaire général du Pds consacrée toute votre vie, est à ce prix.
Notre sentiment est que la seule réconciliation qui vaille est celle qui permettra au parti de se remobiliser pour son ultime et non moins légitime challenge : la conservation du pouvoir. Adossés à un bilan hautement positif, les bons hommes et femmes investis de la confiance du secrétaire général du Pds pourront y parvenir. Il lui revient donc à lui et seulement à lui d’opérer les changements utiles et de procéder aux choix d’hommes, de méthodes et d’organisations opérants afin d’optimiser nos chances face à une opposition très en mal de perspectives, mais qui a la judicieuse idée de se nourrir de nos seules incohérences. C’est pourquoi Maître, votre appel aux retrouvailles de la grande famille libérale, matérialisée pour le moment par la réconciliation avec Idrissa Seck et la réhabilitation de Mme Aminata Tall, est une noble et légitime entreprise que nous saluons à juste valeur et à laquelle nous adhérons sans réserve aucune. Pour ce faire nous devons nous attendre à toutes sortes d’attaques de la part de l’opposition, dont l’unique objectif demeure la défaite des libéraux et de ses alliés. Aujourd’hui, cette opposition très hétérogène, s’attaque à tous ceux qui vous rejoignent ou veulent le faire et ceci à juste titre, car seule votre défaite les intéresse. Tout ce qui concourt à votre renforcement les affaiblit et donc doit être dénoncé et combattu.
Néanmoins, notre responsabilité militante nous impose de vous rappeler que la déchirure avait aussi atteint la jeunesse libérale et qu’il nous paraît tout aussi nécessaire de réhabiliter cette frange qui, assurément, représente une carte maîtresse face à ses pairs de l’opposition. Cependant, il faut refuser de tomber dans le piège de l’activisme et de la récupération. Il est maintenant temps de faire la différence entre la bonne graine de l’ivraie, tout en évitant de heurter ou de renforcer l’opposition.
Pensée pieuse à notre sœur Awa Guèye, ancienne trésorière du Meel, arrachée à notre affection très tôt.
Madiop BITEYE Ancien Secrétaire général du Meel Economiste de la Santé Tel : 774288380 madiopb@yahoo.fr