Nous veillons !
SudQuotidien : Samedi 20 Juin 2009
Nous veillons !
Le monstre est toujours là. Nous veillons, plus vigilants et déterminés que jamais. Nous sommes décidés à lui faire face pour exercer librement notre métier. Pour que les libertés, toutes les libertés inscrites dans la Constitution soient respectées par tous. Voilà un an, jour pour jour, que nos confrères Boubacar Kambel Dieng chef du Desk Sport de la Radio Futurs média (Rfm) et Karamokho Thioune de West africa democracy radio (Wadr) ont été sauvagement agressés par des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente de la Police nationale (Bip) à l’occasion d’un match de l’équipe nationale sénégalaise de football au stade de l’Amitié à Dakar alors qu’ils accomplissaient dans le strict respect des règles conventionnelles internationales adoptées et ratifiées par le Sénégal, leur travail. Jusqu’ici aucune explication de cet acte inqualifiable n’a été fournie outre que celle qui découlerait d’un monopole de la violence.
Agression d’autant plus barbare, que les échos des coups des tortionnaires et les plaintes des suppliciés continuent de raisonner dans nos oreilles. Une mobilisation exceptionnelle s’en est suivie au Sénégal et ailleurs derrière le Collectif pour la défense et la protection des journalistes (Cpdj), spontanément institué dès le lendemain du forfait et unanimement soutenu par tous les démocrates du pays, tous les hommes et les femmes épris de justice sociale et soucieux du respect des Droits de l’homme, de la liberté d’expression, du libre exercice d’un métier, celui d’informer tout aussi valeureux et valorisant que n’importe quel autre rôle ou fonction en société, bref tout ce que le pays compte de démocrates sincères et de résolus Républicains, « debout [et] frères » pour la défense de toutes les libertés garanties par la Constitution et les textes fondamentaux de la République.
Cette mobilisation sans faille qui est allée crescendo obligea l’Exécutif d’abord, à devoir se justifier devant l’opinion nationale et internationale même si le ministre de l’Intérieur et celui de l’Information concomitamment ont cherché à se défausser sur les journalistes et les professionnels de la communication qu’ils ont, à la limite, désignés comme étant les agresseurs des « pauvres » policiers qui n’ont eu que leurs matraques électriques pour se défendre,-une thèse que le chef de l’Etat en personne a défendue à Washington, répondant aux questions de nos confrères de la Voix d’Amérique.
La majorité politique ensuite, de déclarer une guerre sans merci aux journalistes qui refusent d’être aux ordres. On saccagea les locaux des nos confrères de l’As et de 24H chrono. Des nervis identifiés par la police ont d’une seule voix, désigné leur commanditaire devant les enquêteurs et le juge d’instruction, récidivant devant la barre du tribunal. Ils avaient fait la sale besogne. Les véritables responsables dont les noms sont connus de tous aujourd’hui courent, eux, encore. Ils sont protégés en haut lieu et narguent leur monde. Pour le moment, car le jugement de l’histoire nous rattrape le plus souvent et ses arrêts sont sans appel.
Par ailleurs, si sous la pression de l’opinion nationale et internationale, les tenants du pouvoir ont concédé à ouvrir une information judiciaire dans l’affaire Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune et qu’un juge d’instruction a hérité du dossier, une commission rogatoire désignée, des témoins entendus.
Depuis, plus rien. Les autorités donnent du temps au temps pour que l’impunité perdure et que les libertés soient sous contrôle. Gare aux mal-pensants ! Pourtant ces libertés, toutes ces libertés pour la défense desquelles le Cdpj et avec lui, tous ceux, nombreux au Sénégal, se sont mobilisés depuis un an, fondent la République et son mode de gouvernance adoptée qui est la démocratie où tout homme doit être libre d’exercer, de parler, d’écrire, d’imprimer et publier ses pensées, sans pouvoir être arrêté, ni détenu, que selon les formes déterminées par la Loi.
Ce n’est malheureusement pas toujours le cas au Sénégal où les journalistes, pour ne citer que ceux-là, font l’objet de toutes sortes brimades depuis 2000, de toutes sortes de vexations par le fait des pouvoirs, tous les pouvoirs qui se disputent l’espace public.
Une violence contre toute une corporation qui a culminé le 21 juin 2008 avec les sévices endurés par nos confrères Boubacar Kambel Dieng et Karamokho Thioune, suppliciés par des individus qui sont pourtant chargés de protéger les citoyens au lieu de les violenter. Il est heureux qu’ils soient de simples cas isolés au sein d’une police pour laquelle, les journalistes n’ont que respect et considération. Une police qui n’est pas seulement composée de tels individus dont les comportements violents illégitimes sont d’autant plus répréhensibles qu’ils ont été facilités par leur statut et leurs équipements, privilèges que leur accorde l’Etat au nom de la suprématie de l’intérêt public.
Cet intérêt général commande plutôt que les missions légitimes de police ne se confondent nullement au souci de plaire au Prince, de casser par conséquent du journaliste ou de l’honnête citoyen. La frontière est ténue entre la violence légitime et celle qui est illégitime. Pour notre part, nous continuons à réclamer justice pour que l’exercice du métier de journaliste ou de tout autre métier d’ailleurs, ne soit plus synonyme au Sénégal d’humiliation, d’abaissement, de prison et de lit d’hôpital. Nous veillons !
Les régimes passent. Le journalisme lui, reste.
Afrik.com : Vendredi 19 Juin 2009
Afrique : ces vieux présidents qui s’accrochent au pouvoir
Classement des chefs d’Etat africains les plus âgés et ayant la plus grande longévité en exercice
Omar Bongo, considéré comme le doyen des présidents africains, est mort à l’âge de 73 ans, après 41 ans d’un règne sans partage sur le Gabon. Il n’était pas le seul vieux président à s’agripper au pouvoir. Nombreux sont les chefs d’État qui gardent les rênes de leurs pays pendant plusieurs décennies, et/ou restent à leur poste malgré un âge bien avancé. Petit tour d’horizon des indéboulonnables et des papys présidents.
La palme des indéboulonnables revient au colonel Mouammar Kadhafi. Il s’est autoproclamé « Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » il y a 39 ans, en 1970, soit deux ans seulement après le président gabonais, Omar Bongo. Sept ans plus tard, Sassou Nguesso prend les rênes de l’Etat congolais après l’assassinat de Marien Ngouabi. Il est nommé président en 1979, mais il perd les élections en 1992 contre Pascal Lissouba et ne revient qu’en 1997, ce qui le fait descendre à la cinquième place de notre classement des plus longs règnes. En 1979, deux dirigeants s’installent durablement au pouvoir : Theodoro Obiang en Guinée Equatoriale, et José Eduardo dos Santos en Angola. Le premier renverse son oncle Macías et prend la tête de l’Etat. Seul candidat aux élections, il est réélu en 1989 puis à tous les scrutins qui suivront, malgré une tentative de démocratisation en 1992. Quant au président angolais, il succède sans être élu à Agostinho Neto, décédé la même année. En 1992, la guerre civile éclate suite à un scrutin contesté, mais il ne quitte pas le pouvoir. Il avait pourtant promis de céder sa place au retour de la paix dans le pays. Les années 80 ont vu arriver une dizaine de présidents qui comptabilisent plus de vingt ans de magistrature suprême. L’égyptien Mohammed Hosni Said Moubarak a été intronisé en 1981, suivi de près par le camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Sur le continent, certains chefs d’Etat se distinguent aussi par leur âge avancé. Treize présidents en exercice ont aujourd’hui plus de 70 ans. Les plus vieux sont le zimbabwéen Robert Gabriel Mugabe, 85 ans, à son poste depuis 22 ans, et Girma Wolde-Giorgis Lucha, président de l’Ethiopie depuis 2001. Leur cadet, Abdoulaye Wade, aujourd’hui âgé de 83 ans, a été élu à la tête du Sénégal il y a 9 ans. Avec deux ans de moins, Mohammed Hosni Said Moubarak, président égyptien depuis 1981, est le plus jeune des octogénaires. Beaucoup de ces papys présidents ont été investis il y a moins de dix ans. C’est le cas de Bingu Wa Mutharika, 75 ans, élu à la tête du Malawi en 2004 puis en 2009, et de la libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, 71 ans, première présidente africaine, en fonction depuis 2006.
Tous ces vieux présidents font état de bilans divers et ne peuvent, bien sûr, être mis sur un même pied. Mais force est de reconnaître que c’eût été une chance pour le continent africain si, plus souvent dans les hautes sphères des Etats, vieillesse rimait avec sagesse.
Les papys présidents
1. Robert Gabriel Mugabe, 85 ans, président du Zimbabwe depuis 1987
1 ex æquo. Girma Wolde-Giorgis Lucha, 85 ans, président de l’Ethiopie depuis 2001
2. Abdoulaye Wade, 83 ans, président du Sénégal depuis 2000
3. Mohammed Hosni Said Moubarak, 81 ans, president de l’Egypte depuis 1981
4. Mwai Kibaki, 78 ans, président du Kenya depuis 2002
5. Paul Biya, 76 ans, président du Cameroun depuis 1981
6. Bingu Wa Mutharika, 75 ans, président du Malawi depuis 2004
7. Hifikepunye Lucas Pohamba, 74 ans, président de la Namibie depuis 2005
8. Zine El-Abidine Ben Ali, 73 ans, president de la Tunisie depuis 1987
9. Rupiah Banda, 72 ans, président de la Zambie par intérim depuis 2008
9 ex æquo. Bouteflika, 72 ans, président de l’Algérie depuis 1999
10. Ellen Johnson-Sirleaf, 71 ans, présidente du Libéria depuis 2006
10 ex æquo. Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger depuis 1999
Les indéboulonnables
1. Mouammar Kadhafi, guide lybien depuis 1970
2. Theodoro Obiang Nguena Mbasogo, président de la Guinée équatoriale arrivé au pouvoir en 1979
3. José Eduardo dos Santos, président angolais depuis 1979
4. Mohammed Hosni Said Moubarak, président égyptien depuis 1981
5. Denis Sassou Nguesso, président congolais depuis 1977 (absent de _ 1992 à 1997)
6. Paul Biya, président camerounais depuis 1982
7. Yoweri Museveni, président ougandais depuis 1986
8. Mswati III, roi du Swaziland depuis 1986
9. Robert Gabriel Mugabe, président zimbabwéen depuis 1987
10. Zine El-Abidine Ben Ali, président tunisien depuis 1987
Auteur: Claire Schaffner
SUD QUOTIDIEN :
AUDIT DES PERSONNELS ENSEIGNANTS 5000 agents en flagrant délit d’enrichissement sans cause
par Mamadou Amadou DIOP | SUD QUOTIDIEN , samedi 20 juin 2009
5000 enseignants perçoivent leurs salaires sans se présenter en classe. C’est du moins la révélation faite hier vendredi à l’occasion d’un point de presse organisé par Kalidou Diallo, ministre de l’éducation chargé de l’enseignement préscolaire, de l’élémentaire du moyen secondaire et de l’alphabétisation.
Selon lui, cette information fait suite à un contrôle du personnel enseignant organisé par le Ministère de l’éducation et les départements de la Fonction publique et de l’Intérieur, dans le courant du mois de mai et de juin.
Les autorités en charge de l’éducation au Sénégal compte assainir le secteur, particulièrement pour ce qui concerne la gestion des ressources humaines.
En effet selon Kalidou Diallo ministre de l’éducation chargé de l’enseignement préscolaire, de l’élémentaire du moyen secondaire et de l’alphabétisation qui tenait hier vendredi 19 à Dakar un point de presse, « le département de l’éducation en partenariat avec le Ministère de la Fonction Publique et de celui de l’intérieur ont organisé au mois de mai dernier dans toutes les régions du Sénégal un contrôle sur le personnel enseignant. Mais également dans le courant du mois de juin à Dakar.
A l’en croire « 65000 enseignants ont été contrôlés, mais le fichier du ministère des finances a montré que 70 000 enseignants sont payés ». Il conclut ainsi que « 5000 autres enseignants perçoivent leurs salaires » et s’enrichissent sans justification, ni cause sur le dos du contribuable. « Cette situation pourrait être imputée, dira-t-il aux enseignants, aux inspecteurs, aux chefs d’établissement mais également à l’Etat. » Parce que a-t-il soutenu « l’Etat doit exercer son autorité dans toute la rigueur » Toutefois le ministre kalidou Diallo a indiqué que « des mesures seront prises à l’endroit de ces agents fautifs. »
Parmi ces mesures figurent la suspension de leurs salaires jusqu’à leur présentation mais également que l’Entrée en 6éme sont prévus les 23 et 24 juin prochains avec un effectif de 204 730 candidats inscrits dont 50 850 à Dakar.
Le Bfem qui est prévu le 16 juillet prochain a enregistré 143 699 candidats. » Et d’ajouter « On est en train de réunir toutes les conditions pour éviter les fuites et les fraudes’ . « Nous avons commencé à régler le problème des indemnités de 2008 grâce à une réorientation budgétaire de 430 millions », a-t - il conclu
(Stagiaire)
CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE Tanor salue la justesse de la vision de Senghor
par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN , samedi 20 juin 2009
Le Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, a profité hier, de la tribune de la réunion du Comité Afrique de l’Internationale sociale qui se tient à Dakar (du 19 et 20 juin) pour rendre un hommage appuyé à Léopold Sédar Senghor dont il salue la justesse de la vision qui secoue aujourd’hui le monde.
Le Président du comité Afrique de l’Internationale socialiste, par ailleurs Vice Président de l’Internationale Socialiste, a aussi parlé de l’une des plus grandes faiblesses de la démocratie sur le continent africain qui demeure l’instabilité normative, « avec une frénésie sans précédent dans la manipulation politicienne des normes d’accession et de dévolution du pouvoir, dans la perversion des référents démocratiques sans compter la tentation monarchique et la résurgence des coups de force militaires ».
« Il faut avoir le cran de le reconnaître : Léopold Sédar SENGHOR a eu raison sur notre époque puisqu’il a fallu l’onde de choc de la crise du marché immobilier américain pour démontrer la vulnérabilité du monde libéral et la fragilité de toutes ses prétendues valeurs ». Il a, dit-il, voulu, en lui rendant hommage devant ses camarades socialistes d’Afrique, « mettre en exergue la justesse de son combat et la pertinence de ses analyses d’une actualité frappante à la lumière de la crise financière internationale qui secoue en ce moment les bases du système libéral. En effet, à force d’avoir oublié l’implacable déterminisme des valeurs humaines dans sa folle course pour le profit, le monde libéral a fini par s’écrouler comme un château de cartes, entraînant l’humanité dans une impasse absolue ».
Pour le secrétaire général du Ps, les « images qui nous viennent du monde entier suscitent craintes et angoisse : crises financières récurrentes, faillite du système bancaire, récession de l’économie mondiale, multiplication des fermetures d’entreprises, pertes massives d’emplois, exacerbation des inégalités nationales et internationales, croissance de la pauvreté, peuples ballotés entre résignation et stratégies de survie ». C’est pourquoi il croit dur comme fer que dans cette séquence inédite que traverse l’humanité, « l’erreur serait d’abdiquer en appréhendant la crise comme une fatalité imparable. Au contraire, s’il y a un enseignement à en tirer, c’est qu’elle offre à la politique une nouvelle chance de renouer, j’allais dire, de se réconcilier avec l’humain et de consacrer un système fondé sur les valeurs humaines ». La responsabilité historique du Ps…
Par ces moments de doute et de crainte pour les peuples, il devient urgent, dit-il, de chercher de nouveaux leviers pour hisser la politique à hauteur des espérances de l’homme. « Je reste persuadé, que c’est la responsabilité historique des socialistes, de reprendre le mouvement en marchant, pour convaincre définitivement de la légitimité d’un combat, fondé sur notre foi en la personne humaine et sur les valeurs affirmées de progrès, de justice sociale et de solidarité », confie le numéro un socialiste.
Dans le fond, souligne Ousmane Tanor Dieng, cette crise financière internationale « nous place devant l’impératif d’un changement d’ère et devant l’impératif d’inaugurer le nouvel âge de l’humanité, en assumant l’audace d’un regard neuf sur le monde ». et d’ajouter : « A partir de là, il sera possible de bâtir un partenariat fécond, irrigué par nos convictions communes, ouvert d’emboîtements entre les différentes régions, et orienté vers une coopération d’inclusion sociale où l’action politique sera au service du progrès humain ».
Le numéro un des « socialistes » a fait l’amer constat que sur notre continent, la démocratie est confrontée à une crise formelle qui affecte principalement les normes démocratiques. « En effet, une des plus grandes faiblesses de la démocratie sur le continent africain reste encore l’instabilité normative, avec une frénésie sans précédent dans la manipulation politicienne des normes d’accession et de dévolution du pouvoir, dans la perversion des référents démocratiques sans compter la tentation monarchique et la résurgence des coups de force militaires », déclare-t-il.
Cette régression tragique du processus démocratique, fait-il remarquer, se retrouve également dans une crise fonctionnelle de la démocratie qu’illustre parfaitement la panne des processus électoraux, malgré l’institution de structures chargées de pallier les carences des gouvernements dans la gestion des opérations électorales. « La situation est si grave que les élections, considérées comme une voie privilégiée de résolution des crises et d’expression du pluralisme, se voient attribuer, aujourd’hui et par un curieux paradoxe, la responsabilité des tensions et voire des ruptures de consensus qui affectent la vie politique en Afrique et la stabilité de nos Etats », affirme Ousmane Tanor Dieng. Il y a même urgence, selon lui, à renouer avec les valeurs universelles de la démocratie par des mécanismes qui permettent de bâtir un consensus irréversible autour des invariants démocratiques.
Le modèle des Assises nationales
Dans notre pays, dit-il, ce mouvement est en marche depuis juin 2008 à travers les Assises Nationales. Leur expérience inédite a été un franc succès en ce qu’elles ont permis d’aboutir à des conclusions consensuelles, touchant tous les secteurs de la vie nationale. « Je suis persuadé que si nous parvenons à les mettre en œuvre, par la dynamique et la volonté conjuguées de toute la Nation sénégalaise, nous ouvrirons à notre pays une ère nouvelle en matière de gouvernance, de démocratie et de stratégies de développement », confie le premier des socialistes.
Pour lui, les Assises Nationales ont également permis de renouer avec une tradition de dialogue consolidée et renforcée par mon autre illustre prédécesseur à la tête du Parti socialiste du Sénégal et du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste, le Président Abdou DIOUF. Ce dernier, dit-il, s’est toujours illustré par une constante disponibilité au dialogue. Après avoir rendu un hommage appuyé à Amadou Makhtar Mbow, le Secrétaire général du Ps a réaffirmé la disponibilité du Parti socialiste à travailler à l’élargissement du cadre à toutes les forces politiques et sociales et à l’engager dans une jonction salutaire avec le mouvement populaire, afin de créer les conditions de l’inéluctable défaite du camp adverse dès la prochaine échéance électorale.
WALF FADJRI :
Défaut dans la distribution de l'électricité : Les populations de Mbour Toucouleur disjonctent et occupent la rue
La tension est montée hier, vendredi, à Mbour Toucouleur, quartier populaire situé dans la périphérie sud-est de la commune. Les habitants, ulcérés par les interminables délestages, ont déversé leur colère sur la Senelec suite à une décharge reçue dans le quartier avant-hier dans plus de deux cents concessions. Les manifestants ont occupé la rue parce que la société de distribution de l’électricité n’a pas daigné prendre en compte leur requête aux fins de dédommagement sur les appareils électroménagers endommagés par la décharge électrique de la veille. Et ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà un huissier a été commis pour faire l’état des dommages subis et d’autres actions sont envisagées.
(Correspondance) - C’était prévisible. Les habitants de Mbour Toucouleur ont tenu promesse hier matin. Ils ont battu le macadam pour exprimer leur courroux. La veille, une décharge reçue dans le quartier dans plus de deux cents concessions avait occasionné chez les abonnés des dommages importants sur les appareils électroménagers. Frigidaires, téléviseurs, Dvd, ventilateurs, ordinateurs, etc., ont été endommagés. Ils saisissent alors le service du contentieux de la Senelec qui ne leur aurait pas tenu un langage courtois.
Vexés, les habitants du quartier sortent spontanément dans la rue pour crier leur ras-le-bol. Selon Pape Alioune Hanne, porte-parole des manifestants, ‘on a été à la Senelec pour contacter le service contentieux, mais ce qu’on nous a dit, nous a mis dans tous nos états’. Assez pour que les habitants du quartier ‘sortent spontanément dans la rue’. Ils l’ont fait même s’ils n’étaient pas nombreux. Mais, si faible que soit le degré de mobilisation des habitants du quartier lors de cette marche, celle-ci montre l’engagement de ces derniers à en découdre avec la Senelec. ’Je vous assure que la population est debout et nous allons réclamer notre droit’, lâche le porte-parole des manifestants. Pape Alioune Hanne annonce que les habitants de Mbour Toucouleur vont poursuivre la procédure pour se faire dédommager. Déjà une marche est en vue, affirme-t-il, non sans rappeler la saisine d’un huissier qui devra procéder à l’estimation des dégâts subis par les abonnés aux fins d’une plainte à déposer contre la Senelec.
Depuis le début du mois, la ville de Mbour est de nouveau plongée dans les interminables délestages dès la tombée de la nuit. Et les populations se plaignent de ces désagréments sans pour autant avoir jusqu’ici de solution à cette situation douloureuse. Les habitants de Mbour Toucouleur, en investissant la rue vendredi matin, ont voulu rappeler à la société d’électricité ses responsabilités.
La marche des habitants de Mbour Toucouleur sonne en tout cas comme un avertissement, comme ce fut le cas pour celle des populations de Guédiawaye il y a de cela quelques mois.
Pape Mbar FAYE
Longues détentions préventives : L’Etat décide d’indemniser les victimes
La justice sénégalaise compte mettre un terme aux longues détentions préventives infligées aux auteurs de délits et crimes. Les chefs de parquet se sont penchés hier sur la mise sur pied d'une commission d'indemnisation des détenus victimes de ce phénomène préjudiciable aux libertés individuelles et à la dignité humaine. C'était lors de la conférence annuelle tenue hier, dans un hôtel de la place, par les chefs de parquet. Le thème de cette édition axée sur ‘les mécanismes de lutte contre les longues détentions provisoires et procédures d'indemnisation’, a été présidée par le ministre d'Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Madické Niang. Le parquet et le principe de subordination, les mécanismes de mise en œuvre de l'indemnisation des victimes, ainsi que les causes et remèdes des longues détentions, ont été débattus. Me Madické Niang s'est en outre, prononcé sur l'actualité brûlante relative à l'incident survenu à l'aéroport de Madrid, l'annulation des mandats d'arrêt internationaux contre Mame Madior Boye et Cie, l'affaire du maître coranique de Diourbel et celle de Youssou Guèye...
Wal Fadjri : Vous venez de présider la conférence annuelle des chefs de parquet. Pouvez-vous nous faire l'état des lieux ?
Madické Niang : La rencontre avec des chefs de parquet occupe une place centrale dans les activités du ministère de la Justice. Elle nous permet d'instaurer, ensemble, les voies et moyens devant permettre l'existence, devant nos juridictions, de cette garantie indispensable pour la sécurité juridique des personnes et leurs transactions. Les détentions de longue durée sont une réalité et portent atteinte aux libertés individuelles. L'éradication des causes de ces longues détentions provisoires est une priorité dans l'objectif de modernisation de la justice.
Le gouvernement du Sénégal, attaché à l'Etat de droit, veut que, désormais, tout détenu soit jugé dans des délais raisonnables. Faute de quoi, on assiste à une violation des règles qui gouvernent le procès juste et équitable que tout Etat de droit digne de ce nom doit garantir. Au lendemain de notre brillante réélection comme membre du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, le Sénégal doit s'inscrire dans la logique de se conformer aux normes internationales pour asseoir les bases d'une justice de classe internationale. La finalité est la tenue au Sénégal de procès justes et équitables tel que consacré par les conventions internationales auxquelles notre pays est partie.
Wal Fadjri : Quelles sont les causes à l'origine de ce lourd préjudice causé aux détenus et les solutions alternatives envisagées par l'Etat du Sénégal ?
Madické Niang : La lenteur excessive des procédures d'instruction des dossiers entraîne, en grande partie, le retard dans le jugement. Ce qui constitue des obstacles à la consécration d’une justice de qualité. L'innovation qu'on veut y apporter est la suppression du double degré d'instruction. C'est-à-dire que le jugement sera confié au magistrat instructeur qui l'exerce directement. L'intervention à ce niveau de la Chambre d'accusation, 2e degré de juridiction, sera supprimée. De même que le jury citoyen au sein de la Cour d'assises.
La durée maximale de la détention préventive est de 6 mois pour les délits. Toute détention qui dépasse cette limite, sera considérée comme arbitraire. Les préjudices seront ainsi réparés. Une commission d'indemnisation sera mise en place et le montant de l'indemnisation qui sera fixée, va être puisé dans les deniers de l'Etat.
En ce qui concerne les crimes, la durée maximale sera définie par les chefs de parquet durant les travaux. Ceci traduit la volonté du président Abdoulaye Wade de promouvoir une justice pénale conforme aux règles qui gouvernent tout Etat de droit.
Wal Fadjri : Qu'en est-il de l'affaire Youssou Guèye, dans laquelle un magistrat a été cité dans cette escroquerie portant sur 350 millions ?
Madické Niang : On ne peut dire s'il est coupable ou pas. Nous avons pris les mesures conservatoires qui consistent à suspendre le magistrat. Son dossier est entre les mains de la justice. Une enquête est en cours pour déterminer son degré d'implication dans cette affaire d'escroquerie portant sur 350 millions de francs Cfa. S'il s'avère qu'il est coupable des faits qui lui sont reprochés, la commission de discipline se penchera sur son sort. Nous voulons que la sérénité soit de mise et que les magistrats soient engagés à œuvrer pour une justice de qualité dans notre pays. La fonction exclusive du magistrat est de représenter et défendre les intérêts de la société. Mais également, d'assurer le respect de l'ordre public et de veiller à l'application de la loi.
Wal Fadjri : Comment réagissez-vous à l'incident survenu à l'aéroport de Madrid, où un émigré sénégalais a été expulsé par la police espagnole dans des conditions inhumaines ?
Madické Niang : J'avoue que cette information m'est parvenue par voie de presse. Le problème en est que nous ne pouvons pas enclencher une procédure sans que la victime ne soit identifiée. Nous attendons que la preuve soit fournie qu'il est de nationalité sénégalaise. Si cela est fait, nous allons ouvrir une information et recueillir le maximum de renseignements, pour ensuite prendre les mesures judiciaires nécessaires. (Ndlr : La scène s'est passée à l’aéroport de Madrid en Espagne. A travers des images d’une sauvagerie inouïe et d’une brutalité gratuite, un Sénégalais a été couché par terre, entouré de plusieurs policiers espagnols en civil qui le rouent de coups de pied, qui le forcent à maintenir la tête plaquée au sol. On s’est acharné sur lui, on l’a insulté, traité de sale nègre. En regardant les images, les gestes des policiers espagnols traduisent tout un mépris pour un étranger sans-papiers).
Wal Fadjri : Quelle lecture faites-vous de l'annulation des mandats d'arrêt internationaux par la justice française sur l'affaire du bateau Le Joola ?
Madické Niang : Effectivement, la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris a annulé des mandats d'arrêts internationaux lancés contre des personnalités sénégalaises. Notamment, l’ancienne Premier ministre sénégalais, Mame Madior Boye, et l’ex-ministre des Forces armées, Youba Sambou, pour leur responsabilité présumée dans le naufrage du Joola. La question est de savoir si l'annulation concerne uniquement ces deux personnalités, ou bien si ce sont les neuf mandats lancés qui ont été annulés. Nous sommes en attente d'être édifié sur cela.
Wal Fadjri : L'affaire Kara-Kambel est en passe d'être classée sans suite. Où en est exactement le juge d'instruction ?
Madické Niang : Vous ne devez pas me poser cette question. C'est le juge d'instruction qui a en charge ce dossier. Le parquet a engagé les procédures et justice sera faite de la manière la plus transparente et la plus impartiale possible. Il y va de l'intérêt de la justice sénégalaise et de sa crédibilité. L'indépendance de la justice, troisième des pouvoirs constitutionnels, ne doit pas être un vain mot. Il faut laisser la justice faire son travail, sans pression.
Wal Fadjri : Le tribunal régional de Diourbel vient de condamner le maître coranique Layime Wilane à la peine de 10 ans pour délit de viol, de pédophilie et d'attentat sur mineures. Qu'en pensez-vous en tant qu'avocat ?
Madické Niang : Le procureur de la République auprès du tribunal régional de Diourbel, Thierno Demba Sow, a requis mardi, au terme d'une audience spéciale, 10 ans d'emprisonnement ferme contre Layime Wilane, le maître d'école coranique de Ndam (à Touba), accusé d'avoir abusé de 25 de ses pensionnaires, dont l'âge varie entre 9 et 11 ans. Le procureur qui a insisté sur la constance des faits qui sont reprochés à M. Wilane, a souligné la concordance des déclarations des jeunes filles, de la constatation du médecin-gynécologue et des aveux du prévenu devant les gendarmes enquêteurs. Raison pour laquelle le juge l'a condamné à cette peine que vous venez de citer. Je milite pour une justice équitable de qualité. Je suis résolument engagé à lutter contre tout ce qui décrédibilise la justice sénégalaise. Je ne ferai pas plus de commentaire sur le sujet.
Propos recueillis par Pape NDIAYE
Nouvelle politique criminelle : Les détentions provisoires vont être limitées
Le secteur de la justice vient de connaître une innovation de taille, avec la réflexion entamée par les chefs de parquet sur la détermination de la durée de la détention provisoire en matière correctionnelle, sous l’égide du ministère de la Justice. Dorénavant, le crime va connaître le même sort que le délit. La durée sera limitée et de manière non renouvelable. Cette innovation entre dans le cadre des réformes initiées par la tutelle.
La réforme vise essentiellement à lutter contre la lenteur excessive dans le traitement des procédures criminelles où on note des dysfonctionnements qui heurtent le principe du droit à un procès juste et équitable. Avec l'entrée en vigueur de ce projet de loi, ces délais vont être bien réduits. Ainsi, il sera levé, tous les obstacles à la consécration d'une justice de qualité, rendue dans des délais raisonnables.
La redéfinition de l'implication de la chambre d'accusation rentre également dans cet esprit. La suppression de l'intervention de la chambre d'accusation, comme juridiction d'instruction de second degré, sera également de rigueur. La chambre d'instruction est une juridiction de contrôle de la régularité des actes de poursuites et d'instruction. Il a pour mission d'apprécier la validité des actes querellés devant elle au cours de l'information.
Cette nouvelle politique criminelle est tributaire d'une professionnalisation des acteurs du procès pénal. L'élaboration de ce projet de loi, portant création d'une commission d'indemnisation des victimes de détentions préventives, suit un processus d'adoption qui est en phase avancée, souligne-t-on.
P. NDIAYE
Prix de l’électricité : Les raisons d’une hausse inévitable
Le prix de l’électricité connaîtra bien une hausse malgré les assurances du président de la Commission de régulation de ce secteur. De sources sûres, les techniciens de la Crse et ceux de Senelec sont en train de travailler sur le chiffre de cette hausse qui devrait être annoncée dans une dizaine de jours.
Malgré le ‘démenti’ servi hier par le président de la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse), le prix de l’électricité connaîtra bel et bien une nouvelle hausse. De sources proches de la commission, les techniciens de ladite commission et ceux de Senelec sont en train de travailler sur les modalités de cette nouvelle hausse qui devrait tourner autour de 8 % comme annoncé dans la presse d’hier. ‘Au jour d’aujourd’hui, la Crse n’a pas encore avalisé de hausse sur le prix de l’électricité. Mais cela ne va pas tarder. La commission est en train de travailler sur des chiffres exacts avant d’annoncer la nouvelle hausse dans dix jours, de concert avec Senelec et l’Etat’, indique cette source. Qui justifie la hausse par les fluctuations sur le marché international. ‘Tous les intrants qui participent à la production de l’électricité ont connu des hausses sur le marché international. Le baril de pétrole a atteint la barre des 72 dollars et le fuel qu’utilise Senelec a grimpé de plus de 146 %. Donc, le prix de l’électricité doit impérativement être réajusté si nous ne voulons pas que cela se traduise par des délestages ou des arrêts de fonctionnement’, soutient-il. Il rappelle que lorsque le baril avait chuté à 37 dollars et que le fuel avait baissé sur le marché à une pareille époque, la Commission de régulation de l’électricité avait ordonné une baisse de 12 %.
En outre, précise notre source, un autre élément est venu se greffer à ces facteurs : la suppression des subventions de l’Etat sur les produits pétroliers. En effet, conformément à ses engagements pris devant le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale (Bm), l’Etat tendrait vers l’arrêt de ces subventions. Ce qui pourrait se répercuter sur les prix de produits tels que l’électricité et le gaz butane en particulier. Ce que le gouvernement, par la voix du ministre de l’Economie et des finances, avait annoncé devant l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, notre source dément la proposition d’augmentation de 26 % que la commission de régulation du secteur de l’électricité aurait proposée au gouvernement. ‘La commission n’a jamais fait une telle proposition. Elle ne fait de proposition qu’après étude avec les concernés. Et il y a plusieurs facteurs qui entrent en compte pour qu’on puisse avaliser une hausse’, déclare-t-il.
Une telle hausse sur le prix de l’électricité dans le contexte actuel pourrait porter un nouveau coup dur à ces populations.
Seyni DIOP
LE SOLEIL :
TÉLÉPHONIE MOBILE : A qui profite la concurrence ?
La plupart des ménages peinent à assurer les besoins primaires. Maintenant un service relativement nouveau, la téléphonie mobile, occupe une place de plus en plus important dans leur consommation. Mais qui peut dire quelle est la contrepartie en termes de services, à l’achat d’une carte téléphonique de 1000, 2000 ou 5000 FCfa ? Peu de clients du mobile seraient capables de répondre. Alors que la petite boîte noire semble exercer une véritable tyrannie sur les usagers, au point de dangereusement empiéter sur les dépenses des ménages. Sans compter les télécentres qui ferment boutique, jetant des milliers de jeunes au chômage et l’arnaque au coin de la rue où de petits débrouillards plus futés qu’experts ont investi le créneau très lucratif des petits métiers du portable. Enquête et reportage pour lever un coin de voile...
Entre utilité, tyrannie et arnaque
Pour l’économiste Moubarak Lo, le coût de la communication mobile peut être un obstacle à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Avec le psychologue Lahbib Ndiaye, il invite l’Etat à réguler le secteur dont l’arrivée d’un troisième opérateur n’a pas réussi à faire baisser les coûts des communications supportés par les ménages et les travailleurs. Tout récemment, l’économiste s’est illustré en jetant un regard critique sur la part allouée à la téléphonie mobile sur le budget des ménages, à partir d’un double intérêt. A l’en croire, facteur de croissance économique, le téléphone mobile est aussi un facteur d’appauvrissement de la population. Il fait allusion à l’Omd n° 1, qui est la lutte contre la faim. Même si un autre des objectifs est l’accès à l’information et à la communication, la priorité, c’est de manger à sa faim. M. Lô donne un exemple trivial : si un ménage qui gagne quotidiennement 2.000 FCfa se permet de dépenser les 500 pour la même période en crédit téléphonique, c’est grever d’autant le budget pour acheter du pain, du lait ou du riz. Pour lui, c’est donc un enjeu à sommes nulles. Le ménage qui est trop aisé peut se permettre de beaucoup dépenser dans la téléphonie mobile puisque ça ne pèse guère sur son budget de consommation qui est déjà trop élevé, fait-il remarquer avant de souligner que la préoccupation, ce sont les pauvres, les ménages proches du seuil de pauvreté qui constituent la majorité. Ce qui a motivé sa réflexion, c’est comment, étant un facteur de développement économique, la téléphonie mobile pourrait également enrichir plutôt que d’appauvrir les plus démunis. Ce questionnement est partagé par le président de l’Association sénégalaise pour le développement de psychologie appliquée (Asdepa-Sénégal), Lahbib Ndiaye pour qui la téléphonie mobile est devenue un besoin nécessaire au même titre que le manger. Dès lors, poursuit-il, il est nécessaire qu’on lui alloue un budget. « Le besoin d’utiliser le téléphone devient aussi fondamental que le besoin de manger », dit-il, reconnaissant tout de même que la surconsommation du téléphone peut avoir des impacts négatifs sur la qualité de vie des ménages pauvres.
Facteur de développement, le portable peut aussi appauvrir
Il y a 15 ans, peu de ménages avaient le téléphone fixe et le portable venait d’émerger. Présentement, Monsieur Lo estime que si on faisait une enquête budget-consommation, ou pourrait trouver que la part de la téléphonie mobile dans le budget des ménages peut atteindre 20%. C’est-à-dire que pour un ménage qui gagne 60.000 FCfa par mois, ce sont 12.000 FCfa de crédit téléphone comme cumul mensuel. Alors que le ratio raisonnable limiterait un tel ménage à 2.000 FCfa, argumente-t-il. Que faut-il faire alors ? Faut-il laisser le marché comme tel ou faut-il intervenir ? Pour Moubarak Lo, il faut éduquer les consommateurs, car, estime-t-il, « c’est le rôle de l’Etat dont la mission est de servir l’intérêt général ». De son point de vue, chaque fois qu’il se passe des dérapages dans la société, c’est l’Etat qui doit se lever pour dire aux populations qu’il faut changer. L’intérêt d’une société du mobile, soutient-il, c’est que les gens consomment, et sur ce point précis, le psychologue donne raison à l’économiste. Toutefois, Lahbib Ndiaye reconnaît que ce ne sera pas facile, même si « l’important c’est de commencer, de tenter au moins quelque chose ». La sensibilisation doit se faire, au besoin par des campagnes d’Iec avec, à côté de l’Etat, des Ong engagées, soutient-il. Du point de vue de Moubarak Lo, si on appelle sur un fixe, on doit utiliser le fixe et non le mobile et si on appelle un mobile, il faut être court, concis et précis, choisir les heures de communication et se limiter au Sms si possible. Pour le psychologue, le problème est que le Sms ou le bip ne sont pas valorisants. Leurs utilisateurs sont souvent qualifiés de fauchés, alors que personne n’aimerait passer pour tel. Parce que, dit-il, dans notre société, le paraître occupe une place importante et les gens sont prêts à se sacrifier pour avoir le portable dernier cri, histoire de dire aux autres qu’ils sont à l’abri du besoin. Il parle de folie qui s’empare des populations. « Il y a un effet de mode général », fait-il remarquer non sans soutenir que « chez le Sénégalais, il y a excès dans tout ». Dans son entendement, ce sont les gens les moins nantis et les moins lettrés qui sont les plus engagés dans l’acquisition de portables de dernier cri, alors que la fonction essentielle est d’émettre ou de recevoir des appels.
Silence et zones d’ombre chez les opérateurs
La nouvelle vague concurrentielle dans le secteur de la téléphonie mobile impose une attitude d’alerte aux opérateurs. La grande offensive communicationnelle est partout de mise ; c’est à qui mieux-mieux. Pourtant, ces approches communicationnelles menées en externe semblent paradoxalement être la face visible de l’Iceberg. Car rien n’est plus difficile que de saisir la réalité communicationnelle interne chez les différents opérateurs.
En vérité, tous les opérateurs ont adopté la même posture centrée sur un service de proximité, limité cependant à la promotion de meilleures offres de services à la clientèle. A cause de cette politique de communication offensive, les informations les plus accessibles sont « les services clients ». Une démarche certes acceptable, mais qui comporte visiblement de grandes faiblesses communicationnelles pour les droits de la clientèle En effet, malgré les multiples tentatives de se rapprocher d’eux, on est vite face à des murs de silence. Impossible d’étaler toutes les difficultés rencontrées pour entrer en contact avec les opérateurs, après plusieurs tentatives restées vaines et malgré les multiples manœuvres, jeux de ping-pong, va-et-vient de bureaux en bureaux, de services en services, les appels téléphoniques, les demandes de rendez-vous auprès des responsables de services de la communication, etc. Pourtant, toutes ces tentatives étant restées sans suite, on ne peut pas totalement affirmer leur manque de volonté. Il s’agit plutôt d’un manque de promptitude à satisfaire la demande sur certaines questions, mais surtout concernant les aspects touchants les relations entre opérateurs et clients et les réponses aux multiples questionnements de ces consommateurs par rapport à l’offre de services. Le déficit en informations sur ces aspects très précis reflète quelque part une certaine faiblesse organisationnelle ou communicationnelle au niveau interne. On comprend difficilement que pour des questions aussi simples, la plupart vous font valser du service marketing ( !) à celui de la communication (quand ce n’est pas le même), avant de vous demander d’aller envoyer un protocole d’interview.
Il y a, en effet, un réel problème d’orientation vers les différents services compétents. Chez les deux premiers opérateurs par exemple, il existe certes plusieurs départements. Toutefois, non seulement ils ne sont pas logés dans le même endroit, ils sont dispersés et éloignés les uns les autres, mais encore ils sont peu connus du public. Si bien que « on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi ». On est rapidement confronté à une absence d’interlocuteur. Et les personnes les plus accessibles ne semblent pas être autorisées à répondre à certaines questions. A bout du compte, avec le flou et des zones d’ombres qui entourent les multiples services, il faut constater qu’aussi avantageux qu’ils soient, les détails sur les prix ne sont pas tous connus des clients et, par conséquent, leur utilisation pose problème.
Quand le leader détermine les prix.
Quid de la concurrence ? Moubarak Lo estime que la concurrence devrait pousser les prix à la baisse ; ce qui n’est pas le cas, pense-t-il. Pour lui, ce qui empêche la concurrence de jouer, c’est ce qu’il appelle le privilège du premier arrivé, en l’occurrence Orange. D’après lui, cette dernière a bénéficié d’un monopole au départ, ayant hérité du capital de l’ancienne société qui a pu avoir un grand nombre de clients. C’est le prix que fixe la Sonatel qui détermine, selon lui, le comportement des autres opérateurs. Ils sont, dit-il, obligés de connaître les prix que fixe l’opérateur historique avant de fixer les leurs. C’est ce qu’il appelle la règle des leaders du marché et leurs followers, c’est-à-dire les suiveurs. Il estime que le suiveur peut être très agressif, mais avec beaucoup d’incertitudes puisqu’il faut couvrir ses marges, ses frais. A l’en croire, un opérateur comme Expresso par exemple, a une capacité d’agressivité fortement limitée par cette contrainte, d’autant plus qu’il a le devoir de recouvrir la mise de 90 milliards de FCfa. Pour le psychologue, ce n’est ni plus ni moins qu’une fausse concurrence puisque la présence de deux autres opérateurs n’a pas fait baisser les prix des communications. Pour le psychologue qui est par ailleurs gérant au Samu social de Dakar, les ménages sont les vaches laitières des opérateurs. L’économiste, lui, estime que ce sont les travailleurs et les ménages qui supportent tout les opérateurs téléphoniques.
Que faut-il donc faire pour que les prix baissent ? Pour Moubarak Lo, il y a deux éléments clefs. D’abord, il faut que l’Artp soit très dynamique sur le volet concurrence, c’est-à-dire oblige les opérateurs à jouer des « règles saines ». Ensuite l’Etat doit « pousser la Sonatel - le premier opérateur- à baisser ses prix ». De son point de vue, les followers - Tigo et Expresso- ne peuvent pas donner un prix minimal inférieur à celui de référence fixé par l’opérateur historique. Même si les followers sont autonomes dans leurs propres réseaux, il est convaincu qu’ils le sont moins pour les appels entre réseaux. De son point de vue, pour ce dernier cas, c’est le leader qui fixe les prix.
Rappelant ce qui se passe dans certains pays comme c’est le cas au Maroc, l’économiste pense qu’il faut fixer un prix unique pour les appels entre différents réseaux. Pour lui, si les opérateurs ne procèdent pas à cette réforme de manière volontaire, c’est l’Etat qui doit introduire un prix administré. Cela d’autant plus que, pense-t-il, les prix de l’eau, de l’électricité, du pain, entre autres, sont administrés. Il faut donc, estime-t-il, s’asseoir autour d’une table et fixer un prix acceptable, car il urge de faire un benchmark international pour ramener le prix le plus approprié pour tout le monde, notamment pour les ménages pauvres. De son point de vue, une société comme la Sonatel qui a eu sa licence mobile au moment où celle-ci était largement sous valorisée est « mal placée pour faire des prix élevés ». Rappelant le coût de la licence d’Expresso, il pense qu’il faut renégocier les licences de Tigo et d’Orange. En plus d’une licence « largement » sous évaluée, argumente-t-il, Orange a hérité de l’actif physique de la Sonatel. Rien, soutient-il, n’empêcherait le gouvernement de pouvoir exiger des deux premiers de se mettre à niveau et de payer les redevances de la licence « comme Expresso l’a fait ». Il évoque, à cet effet, le cas du Bénin où l’Etat a réussi à faire renégocier des licences. Il est persuadé que si l’Etat fait revaloriser la 1ère licence, il peut en tirer au minimum entre 200 à 300 milliards de FCfa. Il a aussi fait référence au Maroc qui a vendu une licence de téléphonie mobile à une société étrangère à 2 milliards de dollars Us, soit 1.000 milliards de FCfa, estimant qu’il faut s’asseoir autour d’une table, faire des analyses prospectives et s’accorder. Un Etat doit, selon lui, se faire respecter quand il le faut. « Des dizaines de milliards ont été perdus en faisant une erreur dans l’estimation des licences », soutient-il. Mieux, il pense que l’Etat a fait un cadeau énorme aux sociétés mobiles en réduisant l’impôt sur le bénéfice de 33 à 25%. Ce n’est pas une bonne politique économique parce que les incitations, c’est pour avoir des impacts sur le comportement des entreprises, selon M. Lô. Cela, souligne-t-il, fait perdre annuellement à l’Etat 20 milliards de FCfa. « Avec ces deux erreurs, l’Etat perd au profit des deux sociétés plus de 40 milliards de FCfa chaque année », renseigne-t-il. Aussi estime-t-il qu’il faut renégocier les licences sous la contrainte de ne pas augmenter les prix des communications, voire même de les baisser. Aujourd’hui, la Sonatel, informe Moubarak Lo, ne fait que faire bénéficier ses actionnaires de dividendes, alors qu’il s’agit de distribuer ses profits. Il est persuadé que ce que la société donne au trésor public n’est « pas suffisant ».
LE BLUES DES CONSOMMATEURS : On dépense plus qu’on a consommé
La concurrence dans ce secteur a contribuée à l’accessibilité du téléphone. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais ont accès au téléphone grâce au mobile. « A l’époque, c’était que des tracas pour disposer d’un téléphone mobile. Rien que le terminal coûtait une fortune au consommateur, mais avec la concurrence, aujourd’hui au Sénégal, le mobile est le premier téléphone ».
Malgré tout, l’utilisation du téléphone mobile pose d’énormes difficultés aux clients, si l’on tient compte des nombreuses plaintes déposées par les consommateurs auprès de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen). La facturation des tarifs de téléphone figure en premier lieu parmi les plaintes reçues par l’Ascosen. Car d’après le président de l’association des consommateurs, « le téléphone est facturé à la cadence ». Il s’agit d’un système de facturation à la défaveur du consommateur. En effet, à cause de ce système non conforme à la durée de consommation, on dépense plus que l’on a consommé. « On dépense plus que l’on a consommé. Les unités tombent dés que l’on est en ligne alors que l’on n’a pas épuisé toute la durée de facturation. Un coup de fil est donc facturé à plus d’une seconde et pour un forfait d’une heure, on voit ce que cela peut coûter ». Pour toutes ces raisons, le téléphone coûte trop cher au consommateur. « Les gens ne se rendent même pas compte que le téléphone coûte plus cher que les besoins familiaux ». A peu près 300 FCfa par jour x 6 personnes, c’est-à-dire 1.800 FCfa par jour, et le budget du téléphone est de plus en plus cher, remplace les besoins de transport. Est devenu indispensable et, par conséquent, devient de plus en plus cher.
Parmi les autres plaintes énumérées par Momar Ndao, le président de l’Ascosen, figurent les difficultés liées au chargement de crédit. « Parfois, le crédit est bouffé au moment du chargement ». Il a été cité par les consommateurs, en même temps que la variation des plages horaires. Ils soufrent des confusions entre les plages économiques et les plages normales. Les heures de baisses du tarif sont souvent confondues par le client. Ceci s’explique par exemple par le fait que la plage est fréquemment changée et que le consommateur n’est pas toujours au courant. Par ailleurs, la qualité du réseau est aussi dénoncée par les clients. Selon le président de l’Ascosen, il serait bon de développer un système de« roaming national » pour permettre une couverture totale du pays. Il s’agit d’étudier les possibilités d’être basculé vers un autre opérateur lorsque vous ne pouvez pas être couvert par votre opérateur. « Par exemple dans une zone frontalière non couverte par votre opérateur, le roaming offre la possibilité de pouvoir continuer la communication avec la couverture d’un autre opérateur local ». De l’avis de Momar Ndao, « cette forme de collaboration entre opérateur permet la disponibilité du service de tout temps ».
Les ménages paient le prix fort
Qui mieux que les opérateurs téléphoniques savent tirer profit du marché, constitué de couches généralement peu aisées ? Même si l’essentiel de leurs chiffres d’affaires viennent des grands comptes, ils ont tous profité des économies d’échelle en lançant des offres destinées au plus petit client. D’ailleurs, ils ont encore innové cette semaine. Ils ont introduit sur le marché le « 100% bonus offerts » sur les cartes de recharges prépayées. Jusqu’ici, les bonus offerts étaient de cinquante pour cent et avaient généralement lieu dans le troisième tiers du mois. L’opérateur historique a, le premier, commencé à déroger à cette règle. Il sera d’ailleurs marqué à la culotte par le second venu. Si chez l’un, le crédit offert est utilisé vers tous les opérateurs, chez le second par contre, il ne s’est fait que dans le même réseau. Pendant ce temps, les appels de la journée dans le réseau du dernier venu sont gratuits pour les abonnés qui ont acheté une carte, avec des limites dans le temps, en fonction du montant acheté. Le dernier venu, qui tarde à faire dans le détail (à partir de 100 FCfa) vient de mettre sur le marché la carte de recharge la moins chère de l’histoire de la téléphonie mobile au Sénégal, à 500 FCfa. Bien sûr, d’autres formes de promotion sont imaginées par les opérateurs qui tentent d’avoir le plus grand nombre de clients possible. Une économie d’échelle pour pallier l’achat relativement faible des cartes de 10 à 25 mille FCfa. Quoiqu’il en soit, les ménages consacrent des sommes assez importantes dans la téléphonie mobile. Si Moubarak Lo a le même téléphone « depuis plus de trois ans », Lahbib Ndiaye lui dépense « entre 40 à 50 mille FCfa par mois ». Un montant vers lequel se rapproche la consommation mensuelle de la famille Sy. Selon ce père de famille qui « profite des promotions » pour recharger les portables de son épouse et de ses enfants, leur consommation moyenne mensuelle est de 25 mille FCfa. Ce n’est par contre pas le cas pour des personnes comme M. Diop. Une jeune et ravissante fille, qui s’est vue offerte un portable dernier cri tout récemment, et « reçoit régulièrement du crédit de mes amis ». De même, ce fonctionnaire de l’administration sénégalaise préférant parler sous le couvert de l’anonymat et dont la facture mensuelle, réglée par l’Etat, s’élève à 200 mille F en moyenne.
Devoir d’éducation pour l’Etat et les ONG
L’Etat, d’après Lo, ne peut pas être neutre quand il s’agit de défendre le bien-être de la population. De son point de vue, il doit, à travers l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), observer les tendances, réguler, orienter, anticiper et éclairer. Dans un pays en développement, l’Etat ne peut pas se comporter comme dans un pays développé, estime-t-il. Pour lui, il faut un Etat vigilant qui communique, soutenant que l’Etat libéral a laissé la société un peu trop à elle-même, alors qu’il faut une économie mixte avec un Etat stratège qui est présent là ou il doit être. C’est l’Etat qui doit accompagner la société ». Pour Lahbib Ndiaye, du moment que les opérateurs téléphoniques font des marges de bénéfices très importantes, il y a une possibilité de rendre le téléphone portable plus accessible pour les populations. Par ailleurs, il estime que les populations sont quelque part responsables de cette cherté du téléphone. A l’en croire, on est dans une société où les salutations d’usage occupent une place importante. On peut même leur consacrer plusieurs minutes, avant d’attaquer le vif du sujet. Il y a, soutient-il, une éducation des populations à faire à ce niveau afin de rendre le temps beaucoup plus efficient. « Mais, aujourd’hui, notre premier combat est la baisse des prix du téléphone », dit Momar Ndao. Le président de l’Ascosen fustige la redevance sur la Redevance d’utilisation du téléphone (Rtu) taxée à l’usager. L’Ascosen avait demandé aux consommateurs le boycott pour marquer leur désapprobation sur cette mesure. Le taux de succès à 75% montre l’importance que le téléphone joue au sein des familles. Momar Ndaw estime que les tarifs de téléphones trop élevés doivent être revus à la baisse par rapport aux énormes chiffres d’affaires des opérateurs de téléphonie mobile. Il faut aussi que les opérateurs diminuent les coûts élevés des services comme celui de l’internet sur le mobile pour qu’il soit disponible et à revoir ce service pour proposer des prix concurrentiels. « Aujourd’hui, l’internet est la plus grande bibliothèque du monde et un service facteur de développement qui doit être mis à la disposition du plus grand nombre à des prix abordables. A part ce fait, nous nous félicitons de la facilité de traitement des plaintes que nous leur envoyons.
Le train de la modernité doit profiter à tous
L’économiste est persuadé aussi que les ménages doivent bénéficier d’un service de qualité et pas cher. « Ce qui n’est pas le cas », avance-t-il non sans déplorer les trous et les pertes de réseaux. D’où son idée selon laquelle l’Etat doit obliger les opérateurs à faire des investissements à partir des bénéfices pour améliorer la qualité du réseau.
Dans certains pays, soutiennent l’économiste et le psychologue, les opérateurs permettent aux clients d’appeler gratuitement et de façon illimité, par moment, vers tous les réseaux. Ils leurs accordent d’autres facilités. Ici au Sénégal, les opérateurs s’y mettent timidement. D’ailleurs, pour d’aucuns, ce sont des vendeurs de vent. « Ce qui me désole le plus, c’est que la brave dame qui vend des cacahuètes et qui est arrivée à avoir 1.000 FCfa les perd dans des secondes de téléphone », dit Moubarak Lo. Encore une fois, il rappelle qu’il faut aider les populations pauvres à réduire leur budget de consommation de téléphonie mobile par l’éducation, mais surtout par des prix attractifs qui soient à leur portée.
Pourtant, il n’y a pas que du mauvais dans la téléphonie mobile. Un simple coup de fil peut épargner d’un déplacement onéreux, régler une urgence ou encore que sais-je ? Toutefois, soutient Moubarak Lo, cela ne veut pas dire que ceux qui nous offrent ces services-là peuvent faire tout ce qu’ils veulent. « Ils ne nous font pas de cadeau, ils n’ont fait que s’arrimer à la modernité, c’est un legs de l’humanité que tout le monde doit se partager », lance l’économiste.
Mobile mania et marché parallèle
Qu’y a-t-il de commun entre les devantures rutilantes des opérateurs de téléphonie mobile et le « Market » de Colobane ? Beaucoup d’usagers auront du mal à répondre jusqu’au jour où leur petit chouchou à puce tombe en panne. Car la mobile mania a créé de toutes pièces un marché parallèle qui s’étend de la « Salle des ventes », sur l’Avenue Lamine Guèye, à Guédiawaye et Rufisque, sans parler de la mode des pousse-pousse Hi-Tech qui a gagné la banlieue. Entre ces extrêmes, il y a des temples du décodage, du retapage et des ventes parallèles qui font florès, la fortune des uns et le malheur de bien des accros de la boîte magique à voix. Des couacs sur le réseau, aux appareils qui plantent, jusqu’aux antres des réparateurs qui jouent à l’arlésienne avec la clientèle et la police, il n’est pas rare de voir un usager dépité maudire le créateur du cellulaire. Visite guidée dans les dédales d’un monde interlope...
De Colobane à « Salle des ventes »
Peu de gens traversant en car rapide le marché de Colobane peuvent imaginer que derrière les tables aux puces -qui tardent à déménager en dépit de la finition des cantines -, il y a tout un monde digne de la Silicon Valley. Car Colobane, ce sont les cantines de l’informel plus ou moins clean qui s’affichent, mais aussi le revers d’une smala qui fréquente les allées discrètes cachées par les tentures et les entassements de vêtements. C’est un monde hétéroclite, une véritable caverne d’Ali Baba où l’on trouve toutes les contrefaçons, les produits chipés à l’arraché, les « gagés » pour cause de conjoncture difficile. De l’engin bon marché (entre 5 et 10.000, selon l’origine) jusqu’à l’i Phone dernier cri, le client n’a que l’embarras du choix. Ici, il ne faut pas être trop regardant et, surtout, ne pas s’embarrasser de scrupules. On vend du « tout venant », littéralement, selon la bourse du client. A vos risques et périls, puisque les vendeurs à la sauvette n’ont ni dresse, ni numéro de téléphone enregistré. Le marché est pourtant florissant parce que situé dans le bas de gamme, tant à l’achat du matériel (cellulaires, Mp3, Mp4, iPod) qu’à la réparation qui se pratique dans l’allée la plus reculée. Au fond d’un réduit donnant directement sur l’autoroute, c’est tout un monde interlope qui intercepte le visiteur pour proposer les services les plus divers. Cette volatilité en fait l’endroit le mieux indiqué pour rechercher un appareil volé. On s’y trouve dans un système de vases communicants avec tous les marchés dont « Salle des ventes » sur l’avenue Lamine Guèye, à quelques encablures du quartier des affaires. Plus connu pour ses meubles de seconde main, cet autre temple du mobile se spécialise dans le haut de gamme. « Nous ne vendons pas de portables simples », lance un jeune qui porte le nom d’une ethnie. Comme la plupart de ses collègues qui n’ont que des prénoms, généralement de personnages respectés, son argumentaire s’arrête à une furtive démonstration entre les paumes de la main et sa poche. A l’intersection des rues Raffenel et Amadou Alakhsane Ndoye encombrées à toute heure du jour, les vendeurs dont certains exposent dans de simples caisses proposent toutes sortes de matériels de récupération et, lorsqu’ils n’en disposent pas, vous demandent d’attendre et réapparaissent au bout d’un temps plus ou moins long avec le téléphone, fax ou la carte mémoire qui fait défaut. On y trouve tout... littéralement. Alors qu’un peu plus bas, l’Avenue Faidherbe s’est transformée en rue commerciale spécialisée dans le Hi Tech. Certaines « success stories » d’en face y ont ouvert des magasins haut de gamme où s’approvisionnement les « rangoumen » - rabatteurs et revendeurs sans capital.
Dossier réalisé par Ndèye Mane Bâ, Aly Diouf et Fara Sambe
RÉUNION DE L’INTERNATIONALE SOCIALISTE : Ousmane Tanor Dieng pour un projet démocratique africain
Le Secrétaire général du Parti socialiste du Sénégal (Ps), Ousmane Tanor Dieng a plaidé hier la création d’un projet démocratique africain pour faire face à la résurgence des coups d’Etat, au tripatouillage des constitutions, à la remise en cause des élections, etc. Il procédait à Dakar, à l’ouverture de la réunion du Comité Afrique de l’Internationale socialiste (Is).
Résurgence des coups d’Etat, élections remises en cause en permanence, constitutions manipulées. Pour Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste, il y a une impasse sur le plan démocratique au niveau des l’ensemble des pays africains. La solution à ces difficultés, est la création d’un projet démocratique africain, car une situation pareille ne peut pas continuer, selon M. Dieng.
Le leader du Ps s’adressait aux participants à la réunion du Comité Afrique de l’Internationale socialiste ouverte hier à Dakar. « Il n’est pas normal qu’on puisse changer la Constitution à tout moment. Il doit y avoir des règles qui sont intangibles comme la forme républicaine de l’Etat. Il y a des domaines dans lesquels des changements ne peuvent intervenir que par la voie d’un référendum », a insisté M. Dieng qui souligne que les participants vont donner quelques grandes orientations pour un nouveau mode de gouvernance dans le continent.
« D’une époque de crise à une nouvelle ère de partenariat inclusif », c’est le thème de la réunion de Dakar dont l’ouverture a vu la participation du Secrétaire général de l’Is, Louis Ayala, des leaders de l’opposition sénégalaise dont Amath Dansokho du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), Macky Sall de l’Alliance pour la République (Apr) et Abdoulaye Bathily de la Ligue démocratique (Ld).
Justifiant le thème de la réunion de Dakar, Ousmane Tanor a indiqué que le continent africain subit de plein fouet les effets de la crise internationale bien que celle-ci soit venue des pays développés. « Il est normal qu’on y réfléchisse et qu’on prévienne les dégâts qui vont être posés par la répercussion », explique-t-il, ajoutant que la récession mondiale va avoir des conséquences sur l’aide au développement et les investissements en Afrique.
S’agissant des Accords de partenariat économique (Ape) qui devraient être signés en fin juin, la réunion de Dakar va réfléchir pour voir si le continent est prêt pour les parapher. Toutefois, Ousmane Tanor Dieng prévient : « nous pensons que les Accords, tels qu’ils sont auront des conséquences négatives sur notre agriculture, l’industrie et l’emploi », avant d’appeler à une réflexion sur « des accords gagnant gagnant ».
Louis Ayala a, de son côté, expliqué que les valeurs socialistes sont aujourd’hui plus qu’importantes avec notamment la crise internationale. C’est pourquoi, il a appelé à l’impulsion d’un esprit de solidarité afin que l’Afrique puisse faire face à cette crise. M. Ayala a également exhorté les démocrates à poursuivre des combats en faveur de la liberté d’expression et le renforcement de la démocratie pour la mise en place d’une gouvernance plus juste.
Babacar DIONE