Voter Wade en 2012, c’est élire Karim en 2013
Voter Wade en 2012, c’est élire Karim en 2013
Wade déclarait, dans une interview à Sud Quotidien, qu’il est né à Kébémer et déclaré deux ans après à Saint-Louis. En toute logique, en 2012, Wade aura 88 ans. Dans quelle localité du Sénégal, depuis Fongolembi jusqu'à Dakar, trouve-t-on quelqu’un de cet âge qui dirige ou décide encore de quoi que ce soit ? Même si c’est un marabout ou un Cheikh, si on regarde bien et analyse l’organisation de la concession, c’est certainement une tierce personne qui décide et dirige l’organisation.
L’excellent chroniqueur Mody Niang, à chacune de ses sorties, nous apporte, preuves à l’appui, que ce petit vieux n’en peut plus. Il est politiquement obsolète et intellectuellement amorti. Cependant, il s’arc-boute désespérément au pouvoir pour le transmettre à son rejeton. C’est une monstruosité, une duplicité et un manque de lucidité qu’à 88 ans, il sollicite encore un mandat présidentiel de 7 ans. J’ai, depuis longtemps, la conviction que Wade ne respectait pas les Sénégalais ; mais maintenant, je suis certain qu’il nous prend tous pour des moins que rien. Le 22 mars 2009, les Sénégalais lui ont envoyé un signal fort quant à l’avenir politique de son petit, mais il s’entête et leur fait un incroyable pied de nez, non seulement en intégrant celui-ci dans le gouvernement suivant, mais en lui confiant toutes les directions où transitent les importants flux financiers du pays malgré sa gestion désastreuse de l’Anoci.
Chaque semaine, les communiqués des Bp des partis de l’opposition égrènent ses actes dégueulasses, mais ce vieux besogneux continue inlassablement de tisser sa toile et de mettre en place son puzzle si tentaculaire et si inextricable. Pendant qu’il fait de la politique, les autres font de la littérature. Il a les forces de l’ordre, l’administration, la justice, l’argent public et ‘certains grands électeurs’. Ces derniers, on les retrouve, gracieusement bien payés à faire de la politique, à la Cap 21, à l’AST, au Sénat, au Ces et parmi certains imams et autres marabouts corrompus prompts à ramasser le Ribat que Wade leur jette à la figure, dans la salle des banquets, devant les caméras de la Rts. Ils sont là, penauds comme de petits nigauds contemplant malicieusement les 50 millions que leur offre le franc-maçon en hibernation. Ses remaniements intempestifs et ses gouvernements pléthoriques, pour élargir sa sphère d’influence, relèvent de la même stratégie : impliquer le maximum ‘de porteurs de voix’. Pour déjouer les sinistres desseins de Wade, le sacrifice suprême n’est pas à exclure.
J’entends certains, comme mon ami Moussa Tine, dire que, constitutionnellement, Wade ne peut pas solliciter un troisième mandat. J’en ai discuté avec un professeur de droit constitutionnel de l’Ucad, il m’a avoué que le texte n’est pas bien clair et son Conseil constitutionnel trouvera toujours les arguties juridiques pour valider sa candidature.
Pendant que le vent annonciateur de la tempête souffle, certains continuent encore de dormir. Camarades, je vous en prie. Réveillez-vous, priez mais agissez ! Ce cri d’émoi, plein d’angoisse, jadis lancé par le président L. S. Senghor lors de sa dernière campagne électorale, résonne encore dans mes oreilles. Ce cri d’alerte était, à la fois, une mise en garde et une invite à la mobilisation générale parce que, comme disent les Français, une élection n’est jamais gagnée d’avance et Senghor le savait si bien. Certes, mon cri ne porte pas aussi fort que celui du vieux Léo, mais je veux attirer l’attention des patriotes sur les menaces qui nous guettent et inviter les leaders de Bss au dépassement, qui est la marque des grands hommes. Mandela a injustement purgé 27 ans de prison mais, à sa sortie de Roben Island, il est allé prendre le thé avec la veuve de son principal geôlier. Quel auguste geste de pardon envers tous les Blancs ! Les leaders de Bss, qui prétendent diriger 11 millions de Sénégalais, n’ont-ils pas cette capacité de dépassement et cette grandeur d’âme ?
J’invite tous les patriotes, les démocrates, hommes, femmes, partout où ils se trouvent, dans les lieux de travail, les bus, les mosquées, les églises, les casernes, à débattre de la situation du Sénégal et des dangers qui nous guettent. Il faut sauver le pays. Notre chère patrie, ancienne capitale de l’Aof, où l’on vote depuis 1848, sera-t-elle transformée en monarchie républicaine comme le Togo, le Gabon ou la Rdc ? Accepterions-nous, impassibles, cette forfaiture, ces fantasmes d’un petit vieillard sénile ? Pour les Wade, il est hors de question de faire 26 ans d’opposition, de privations, de sacrifices et de jouir des délices du pouvoir pour seulement dix ans. Wade lui-même disait : ’Que veulent-ils ? J’ai misé, j’ai gagné. Il faut que je récupère ma mise’. On se croirait même dans un Western du Far West. Comment de tels propos peuvent-ils sortir de la bouche d’un président, si sinistre soit-il ?
Il faut être naïf pour croire que Wade a construit une si superbe maison du parti pour seulement un règne de 10 ans. Pour ce clan, le retour sur investissement nécessite beaucoup plus de temps que ça.
Quel que soit le niveau de décrépitude du système Pds en 2012 et de la malfaisance de la gouvernance jalonnée de scandales à répétion, de pillages, de rackets et de vols qu’il génère, l’opposition n’arrivera jamais à bout de ce système, de cette mafia, que si elle va au combat à temps, et unie derrière un seul candidat.
Mamadou GOUMBALA Militant de l’Afp (Colobane)
L’opposition sénégalaise roupille gravement
Plus nous nous rapprochons de l’élection présidentielle de 2012, plus nous nous rendons compte, de façon amère, que l’opposition manque de stratégies convaincantes pour venir à bout du régime de Wade. Le temps presse et Benno Siggil Sénégal prêche la patience et prend tout son temps pour discuter de la pluie et du beau temps. Nous avions participé, bien avant les élections locales de 2009, juste au lendemain de la marche historique des imams de Guédiawaye, à une rencontre à laquelle un leader de l’opposition nous avait convié. C’était à l’Ecole nationale de développement sanitaire.
Ce jour, en prenant la parole, nous avions dit que c’est à cause de la léthargie inquiétante de l’opposition que les imams ont pris leur responsabilité sur la question lancinante de l’électricité qui est un véritable casse-tête chinois pour les populations de leur localité. Nous avions souligné aux partis présents que, certes, ils voulaient s’unir pour les élections locales, ce qui était très bien ; cependant, il fallait que cette unité, une fois scellée, puisse continuer jusqu’à l’élection présidentielle de 2012 car le mal du Sénégal, ce n’étaient pas en réalité nos maires, nos présidents de conseils ruraux et régionaux de l’époque. Certains d’entre eux faisaient partie du mal. C’est indéniable. Mais la racine du problème de ce pays, c’est Wade et sa gestion monarchique du pouvoir. Et tant qu’il sera à la tête du pays, remporter des élections locales n’aura aucun sens car il peut dissoudre, selon son humeur et ses calculs politiciens, des conseils municipaux, ruraux ou régionaux, sans état d’âme et mettre à la place des délégations spéciales ou conditionner le rythme de travail des collectivités locales à sa guise puisque le trésor public dépend de son ministère des Finances. La preuve est là ; aujourd’hui, certains maires et présidents de conseils régionaux ou ruraux de l’opposition ont mis de l’eau dans leur vin afin de ne pas avoir de blocages financiers dans le cadre de l’exécution de leur budget. Leurs discours ont changé remarquablement.
Depuis les élections de 2009, l’opposition tarde à régler un problème fondamental : celle de la stratégie à mettre en place pour nous débarrasser de Wade. Elle oublie certainement que nous sommes à dix-huit mois de la date fixée pour la présidentielle. Il nous semble que l’unité de l’opposition n’est que de façade. Le dire n’est pas servir Wade, c’est être rationnel. Aujourd’hui, les états-majors politiques de l’opposition peinent à nous dire réellement ce qu’ils veulent. Pire, ils commencent à se tirer dessus, les uns les autres. Chaque parti, selon ses calculs politiciens du moment, affûte ses armes contre son voisin de façon sournoise, tout en criant haut et fort sa volonté d’aller aux élections dans l’unité.
Et le peuple, dépité, agacé par autant de mesquinerie qu’on maquille sous le sceau du realpolitik, observe ce cinéma en réservant sa réponse comme il l’avait fait en 2007. C’est le même scénario qui est en train de se répéter. En 2007, les partis d’opposition se réunissaient, palabraient de long en large sur la situation du pays, sur les dérives du régime de Wade que le monde entier sait déjà… sur le danger à laisser Wade aux commandes de notre pays. Ils s’adonnaient à cette gymnastique politicienne en formulant des vœux pieux d’agir ensemble pour le débarquer. Et au sortir de telles palabres, ils publiaient des communiqués dans la presse. Cependant, au bout du compte, les partis sont partis à l’élection présidentielle en ordre dispersé et ont été battus par leur adversaire au premier tour. La suite, nous le savons tous ; rien ne s’est passé. Après des ‘cris au voleur’, Wade a continué sa bamboula au palais.
D’ailleurs, le lendemain, nous avions publié un article dans la presse pour dire aux uns et aux autres de respecter le verdict des urnes. L’opposition avait poussé le peuple à douter de sa sincérité, elle avait récolté les pots cassés et la vie continua son petit bout de chemin. Nous avions dit à l’époque, dans une radio étrangère, qui voulait savoir notre commentaire sur ce qui venait de se passer, qu’en réalité, le coup qui terrasse l’adversaire, on le prépare bien avant le jour du combat. Nous disions que l’erreur de l’opposition était de croire que, pour faire partir Wade, le mécontentement populaire, l’énumération des bêtises du régime, le travail d’éclairage sur la gestion patrimoniale de Wade mené de façon extraordinaire par Abdou Latif Coulibaly, Mody Niang, Abdou Aziz Diop, Souleymane Jules Diop, Madiembal Diagne, Tamsir Jupiter Ndiaye, Jacques Habib Sy et les autres, pouvaient leur épargner l’effort d’être unis autour d’un candidat consensuel pour battre la mouvance présidentielle. Chacun se croyait être le messie envoyé par le bon Dieu pour débarrasser le Sénégal de sa plaie béante : le régime de l’Alternance. Ils se calculaient entre leaders en oubliant un point fondamental : la réaction des populations que seule leur unité sincère pouvait rassurer.
L’autre disait que le comble de l’optimisme, c’est d’entrer dans un grand restaurant et de compter sur la perle qu’on va trouver dans une huître pour payer la note. Avec toutes ces voix discordantes au sein de l’opposition, nous risquons d’assister à un remake de 2007. Ils doivent tous éviter de se tromper d’adversaire et d’époque. Les polémiques pimentées ne les avanceront en rien. Au contraire, elles les discréditent aux yeux des populations qui finiront par dire que tous les hommes politiques de ce pays sont pareils. Ce qui est tout à fait faux. Mais une telle conclusion ferait l’affaire de Wade.
En 2009, quelqu’un l’a dit récemment, je crois que c’est Talla Sylla, partout où la coalition Benno Siggil Sénégal est partie dans l’unité, elle a remporté les élections. Là où elle est partie en ordre dispersé, elle a été laminée.
C’est une leçon que le peuple a donnée à l’opposition. Elle doit en tirer, très vite, toutes les conséquences. C’est d’ailleurs pourquoi Abdou Latif Coulibaly approuve Talla Sylla sur sa volonté de pousser les leaders de l’opposition à quitter le dilatoire. Ce dernier veut faire signer aux leaders de l’opposition une déclaration dont l’objectif est de formaliser leur engagement à s’unir autour d’un candidat consensuel pour battre Wade.
Toutefois, ce que nous disons à Talla Syllla, c’est de relire le propos de Jean Jacques Rousseau qui disait que pour intéresser l’enfant à ce qui t’intéresse, il faut, tout d’abord, savoir s’intéresser à ce qui l’intéresse. C’est à une approche pédagogique que nous le convions, cela ne signifie point que ses collègues sont des enfants. En tout cas, ils ne sont pas des enfants de chœur. Ousmane Tanor Dieng disait à Thiès que si la coalition Benno Siggil Sénégal existe, c’est, essentiellement, grâce à Talla Sylla. Il a du mérite, personne n’en disconvient. M. Dieng l’avait dit lors du meeting de clôture du cinquième congrès du Jëf-Jël. C’est pourquoi nous comprenons parfaitement l’engagement du leader du Jëf-Jël à trouver une issue heureuse à la question de la candidature unique de Benno Siggil Sénégal. Cependant, le débat n’est pas de savoir qui a raison et qui a tort. Chacun a sa vérité, comme on dit en peuhl. C’est la vérité du peuple qui nous intéresse. Et cette vérité se trouve dans la volonté que ce peuple a exprimée lors des élections locales de 2009 en élisant la liste de Benno partout où les partis se sont unis. Donc, la place de tous les leaders de l’opposition est dans Benno Siggil Sénégal et nulle part ailleurs, y compris Talla Sylla qui fut l’artisan de cette grande coalition de l’opposition.
‘Qui aime bien châtie bien’, dit-on. Alors, puisque nous aimons bien l’opposition, nous n’allons pas faire dans la langue de bois face à ses atermoiements. Benno Siggil Sénégal est en train de passer à côté de l’essentiel. Et la responsabilité d’une victoire future de Wade incombera à tous les leaders de cette coalition de partis, sans exception. Quittez vos certitudes débridées, vos ambitions démesurées. Aucun parti, pris isolément, dans ce pays, ne peut remporter l’élection de 2012. Autant nous avertissions en 2007 en affirmant que le monstre chancelle mais, a plus d’un tour dans son arc ; autant nous disons aujourd’hui que WADE et son camp savent ce qu’ils veulent et ne ménageront aucun effort pour y parvenir.
Seul un mouvement national fort, réunissant les mouvements citoyens, l’écrasante majorité des partis politiques, la société civile dans son ensemble, les démocrates et patriotes de notre pays, pourrait venir à bout de cette oligarchie bien organisée malgré les apparences qu’elle laisse apparaître. Ils font du pilotage à vue dans leur façon de gérer le pays, mais, pour ce qui concerne leur projet monarchique, ils sont en train de tout planifier avec dextérité.
Nous pouvons nous tromper, c’est ce que nous souhaitons, mais ne les sous-estimons pas (…) Nous ne voulons pas prêcher dans le désert, nous disons franchement à la coalition Benno Siggil Sénégal d’être conséquente avec elle-même ou de changer son nom pour devenir tout de suite du ‘Tassaro Seugueul Sénégal’, ce qui n’est pas souhaitable. Cette coalition ne peut avoir qu’une seule couleur, un seul prototype de carte à mettre dans l’urne à la présidentielle. Donc elle ne peut être portée que par un seul candidat. Les autres seront leurs propres candidats et ceux de leurs partis. Ça au moins c’est clair. Nom de Dieu !
Les Assises nationales ont fait une partie très importante du chemin pour aider le peuple à trouver des solutions à ses problèmes. Et jusqu’à présent, des plateformes continuent de travailler à l’amélioration de ses résolutions.
Puisque les partis d’oppositions de Benno figurent en bonne place dans ces Assises nationales, mieux, ont participé aux travaux et signé la Charte qui en est ressortie, nous trouvons indécent qu’un jeune responsable politique, dont le leader a eu à les défendre farouchement, cherche à les tourner en dérision, en disant qu’elles ne sont ni le Saint Coran ni la Sainte Bible…, une évidence que tout le monde sait du reste. Si ce blasphème regrettable, cette sortie maladroite de ce jeune, qui ne manque pas de mérite dans sa façon de s’opposer, lui est personnelle, nous demandons à son leader de le corriger. Il a encore besoin d’expérience politique. Ce langage dessert son parti. Toutefois, si son leader partage sa raillerie qui va jusqu’à dire que les travaux des Assises nationales ne constituent ni ‘un programme’ ni ‘une constitution’, cela serait grave du point de vue de l’éthique et du respect que son parti, le Ps, doit au peuple sénégalais, à toutes les personnes ressources et aux organisations qui ont pris part à ses consultations citoyennes nationales.
Nous devons rappeler que c’est un travail de réflexion mené pendant une année par de dignes fils de ce pays pour sauver leur peuple face aux difficultés dans lesquelles l’ont plongé des années de gabegie et de pilotage à vue, à la fois du régime actuel et du régime sortant. Par respect au peuple et à ces patriotes qui espèrent beaucoup de l’application de ces dites conclusions, ce jeune responsable politique doit moduler son langage la prochaine fois. Encore une fois, nous osons croire que son ironie n’engage pas son parti sinon, nous aurons vraiment des raisons de désespérer de son leader qui aspire à nous diriger demain.
La sagesse affichée par des leaders tels que Moustapha Niass et Amath Dansokho concernant ce débat sur les Assises nationales et sur la candidature unique de Benno, est à méditer par tous. Le moment n’est pas à la polémique stérile, un esprit responsable ne polémique pas. Nous le répétons souvent. La folie des grandeurs est le pire ennemi d’un homme publique. C’est une maladie qui risque d’affecter certains leaders de Benno Siggil Sénégal s’ils ne font pas attention. Leurs proches collaborateurs leur font croire qu’ils sont, chacun pour ce qui le concerne, l’Homme de la situation, le plus beau, le plus gentil, le plus intelligent, le faiseur de miracle… C’est un leurre monumental. Et des sondages comme ceux réalisés par notre cher Moubarak Lô, ‘sacré Moubarak Lô’, ne font que semer la zizanie au sein de l’opposition en faisant croire à un leader, déjà infatué de soi, qu’il pourrait facilement remporter l’élection présidentielle. L’illusion est toujours au bout du tunnel de l’ambition en croissance démesurée.
‘Je ne crois pas au conte de fée même si cela vient de moi’, disait James West. L’époque du leader providentiel est révolue. Ce qu’il faut à ce pays, c’est une équipe dynamique, soudée, bien solide et sincère pour une application des conclusions des Assises nationales qui pourront être améliorées si nécessaire. C’est désolant de constater qu’en vérité, l’opposition roupille.
Dépassez vite cette question de candidature de l’opposition pour secouer ce régime sur des problèmes qui intéressent les citoyens et la prochaine élection présidentielle : les cartes d’identité nationales, le fichier électoral, etc. Si cette polémique continue, Wade, à qui la constitution ne donne même pas la possibilité de se présenter en 2012, d’après certains analystes politiques qui n’ont pas tout à fait tort puisqu’il est en train de finir son deuxième mandat, risque de rempiler et de permettre ainsi à son fils et sa bande de larbins de diriger ce pays par procuration. Qu’on ne nous parle pas, demain, de peuple indolent. Si l’opposition fait bloc face à Wade, le peuple la suivra. Autrement, bonjour les dégâts !
Tafsir Ndické DIEYE Auteur de polars et de poésie dont : Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie) Editions Le Manuscrit Paris mars 2008 E-mail : ndickedieye@yahoo.fr
Bien assumer l’arabophonie du Sénégal pour mieux l’investir
Le Sénégal est bien lié au monde arabe depuis l’entrée de l’Islam. Les dirigeants politiques du pays ont pris en charge cette relation, notamment sur le plan socioculturel. Ils ont toujours exploité son islamité pour en tirer tous les bénéfices possibles. Mais l’arabophonie du Sénégal, qui est le corollaire de son attachement à la culture arabo-islamique, est-elle bien assumée et efficacement investie ? Est-elle bien mise en relief comme une dimension importante de la culture ou/et de la science sénégalaises ?
A)- L’arabophonie du Sénégal
Les transformations socioculturelles engendrées par l’Islam varient d’un pays à l’autre. Le reflet linguistique de celles-ci est fonction du degré d’acceptation ou d’assimilation de l’héritage légué par l’envahisseur occidental. En effet, pour répandre leur ‘civilisation’, les colonialistes européens ont tout mis en œuvre pour éradiquer la culture arabo-islamique qui permettait aux autochtones de résister à leur domination. Les dirigeants qui les ont remplacés, n’ont jamais fondamentalement remis en question ce projet. Leur angolphonisme ou francophonisme les a empêchés de bien considérer toute autre richesse linguistique. Ils n’ont rien fait pour que la langue arabe ait une valeur en dehors de La Mosquée. Ils ne l’ont jamais reconnue comme médium de communication utilisable dans n’importe quel autre espace. Ainsi, l’arabophonie de leurs pays se limite en coranophonie ou islamophonie. Évidemment, cette stratégie a payé ailleurs, elle a permis d’enterrer la langue originelle de la Bible. Celle-ci n’est plus usitée.
On est obligé ici de rappeler une évidente réalité. Au Sénégal, bien avant l’arrivée des Français, l’arabe était la seule langue de communication écrite. Elle est loin d’être une seconde langue scolaire, comme certains veulent le faire croire. Elle est, du point de vue historique, notre première langue éducative, administrative et diplomatique. Elle a permis de bâtir la première École sénégalaise. Ce foyer qui a fait converger ceux qui étaient en quête de sciences islamiques dans la sous-région vers le Sénégal. C’est la langue arabe qui a donné à ce pays, son premier alphabet, ses premiers écrits et les premiers intellectuels qui l’ont fait rayonner dans le monde. C’est celle-ci que Cheikhou Oumar El Foutiyyou Tall a utilisée pour réaliser sa grandiose œuvre ; Cheikhou Moussa Camara pour fixer l’histoire du Sénégal ainsi qu’El Hadj Ibrahima Niasse pour donner à la culture sénégalaise toute sa stature scientifique dans les tribunes du monde. Elle était la langue officielle de l’État des Almamy au Fouta, celle utilisée par l’Administration française pour communiquer avec l’aristocratie locale. Elle est, aujourd’hui, la langue de sauvegarde de messages des guides religieux de ce pays. Elle porte les écrits d’El Hadj Malick, d’Ahmadou Bamba et tant d’autres érudits. Des écrits qui permettent de caractériser la culture sénégalaise et de l’identifier.
Depuis, l’attachement des Sénégalais à cette langue est resté intact. Ils tiennent encore au système éducatif arabo-islamique. Malgré le dénigrement continu des daaras par les médias et les Ong en quête de subvention, la demande d’accès à ce système est restée forte. Les cours du soir de l’Institut islamique de Dakar sont remplis de hauts fonctionnaires et cadres de ce pays qui regrettent de ne pas avoir appris la langue de Mohammad (Pssl) durant leur scolarité. Des milliers de jeunes Sénégalais s’inscrivent, chaque année, dans les instituts et universités du monde arabe. Une étude* récente a montré que le Sénégal vient en deuxième position après le Soudan (un pays arabe) dans le classement des pays africains par nombre de diplômés d’Al Azhar d’Égypte de 1961 à 2005.
Cela dit, qu’on ne veuille pas proclamer haut fort l’appartenance du Sénégal au monde arabophone, qu’on ne veuille pas y investir cette langue comme n’importe quelle autre richesse culturelle, reste inexplicable!
B)- Investir l’arabophonie pour le bien du Sénégal
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la culture arabo-islamique est devenue l’objet d’une attention particulière du monde occidental. La crise financière a rajouté à cet intérêt une dimension économique. Les pays de l’Ocde font maintenant tout pour se donner un potentiel de compréhension et de négociation avec les détenteurs de cette culture. Au Sénégal, l’actuel régime est en train de mettre à profit l’appartenance du Sénégal au monde musulman, en reliant étroitement l’économie du pays à celle du monde arabe. Mais cette orientation est loin d’être efficiente ! En effet, la langue de Mohammad (Pssl)), au lieu d’être un avantage distinctif et concurrentiel, est très souvent un handicap pour la plupart des gouvernants sénégalais. Ils peuvent parler, au nom de ce pays, en toute langue, sauf en celle que la majorité de leurs compatriotes tiennent à partager avec les Arabes. Ce qui fait que nos relations commerciales et diplomatiques avec le monde arabo-musulman ne sont pas encore optimales.
Il est vrai que l’élan du Sénégal était brisé par le dessein du colonisateur. Mais cela ne devrait pas nous interdire de revoir la voie que ce dernier nous a tracée. Dans ce but, on devrait réinvestir toute notre richesse culturelle et scientifique. La sauvegarde de nos langues nationales, en plus de celles qui nous sont venues d’ailleurs, est nécessaire pour arriver à mobiliser toutes les forces du Sénégal. Ne pas aller dans le sens d’assumer et de valoriser le bilinguisme du pays, son réel métissage, constitue une perte incommensurable. Que l’État ne daigne donner jusqu’ici une réponse qui vaille à la demande de formation en sciences islamiques ou profane en langue n’est pas sans conséquence indésirable ! Le Sénégal en a perdu sa notoriété de foyer ardent des sciences islamiques en Afrique de l’Ouest. Aussi, est-il risqué de laisser le système éducatif arabo-islamique prospérer sans contrôle.
D’ailleurs, l’État est seul responsable de ce qui se passe dans les daaras. Les dégâts humains et sociaux qui y sont constatés, sont des conséquences de sa négligence coupable. Ajoutons à cela, qu’il coûte socialement et économiquement cher d’envoyer des jeunes Sénégalais se former loin du pays. Comme il est un gaspillage d’accueillir les hauts cadres parmi eux sans se donner les moyens de tirer profit de leurs compétences.
Enfin, disons que le Sénégal gagnerait beaucoup à exploiter toutes ses armes culturelles et scientifiques dans ce monde de compétition. Il ne sert à rien d’inhiber l’arabophonie du Sénégal, comme il ne nous apporte pas beaucoup de camoufler notre potentiel en sciences islamiques. Le statut politique de la langue arabe doit correspondre à son niveau d’estime sociale. Sa maîtrise doit être considérée comme un critère de compétence socioculturelle permettant d’occuper toute fonction publique de représentation dans ce pays. Sinon, l’élite gouvernante restera déconnectée et mal admirée sur le plan social. Ce qui se constate à chaque fois qu’elle rencontre l’élite religieuse.
Mamadou-Youry SALL Université Gaston Berger de Saint-Louis Ufr de Sciences Economiques et de Gestion www.ufr-seg.sn
* ‘Al Azhar d’Egypte, l’Autre institution d’enseignement des sénégalais’ Edition Ittihaad, 2009