De la fortune financière à l’ infortune pol
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Le PLAN DYNASTIQUE des wade déjoué
Karim Wade, le rêve de succession BRISE
LAs : Mardi 24 Mar 2009
La fin des Wade.
On n’en est encore qu’au stade des tendances, mais le message est suffisamment clair. Les Sénégalais ont rejeté Abdoulaye Wade, sa famille, son parti et son régime. Pour les régionales, Benno Siggil Senegaal a obtenu 153 voix contre 72 pour la coalition Sopi, là même où le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) a voté au bureau n°2 du CEM Falilou Mbacké du Point E. Dans le même temps, Bennoo Siggil Senegaal a gagné dans le bureau de vote de Karim Wade avec 90 contre 42 pour Sopi 2009, aux municipales. Son neveu Doudou Wade, président du groupe parlementaire Pds aussi a perdu Biscuiterie, si l’on en croit Doudou Issa Niasse de Benno Siggil Senegaal. Ailleurs, à Dakar-Plateau, à la Médina, à Podor, Bargny, Kaffrine, Kaolack, Nioro, à Saint-Louis, etc.le désaveu est le même : cinglant. Abdoulaye Wade, trop sûr de sa popularité, raillant à tout va l’opposition, reviendra sûrement sur terre après avoir décodé tous ces signaux. Son implication personnelle dans la campagne électorale déguisée en visite de travail est sa défaite personnelle. Malgré les moyens colossaux et sa tournée dans toutes les régions, il n’a pu empêcher la débâcle du Pds. Un parti dont les élus locaux, sans niveau pour la plupart et sortis de nulle part, ont plus brillé par des ventes de terrain que par la prise en charge des préoccupations immédiates et essentielles des populations. C’est une défaite cuisante et mémorable que les électeurs ont infligée à Wade et à son parti. Une défaite refondatrice et qui efface le plébiscite du 19 mars 2000. Une victoire de l’opposition qui pouvait être plus éclatante si le taux de participation n’était pas aussi faible. Il approcherait les 50%. Le 22 mars, c’est aussi la défaite de la Génération du concret. Une génération spontanée, qui au fond ne faisait que brasser du vent et à qui les électeurs ont montré qu’il ne représentait rien et qu’ils ne le portaient dans leur cœur. La maigre consolation de Wade et de la Génération du concret vient de Abdoulaye Baldé qui a mis fin au règne d’un quart de siècle de Robert Sagna à la tête de la mairie de Ziguinchor. Un vieux maire qui n‘a guère fait mieux que les élus libéraux. Après avoir battu le record de longévité ministérielle sous Diouf, il termine ainsi de façon peu reluisante une carrière politique entamée à la fin des années 70. Et dire que Wade a tout fait pour l’attirer vers le Pds. Assurément, cette campagne fut celle de trop pour Wade. Comme le dit si brillamment un confrère, on l’a fait entrer dans l’Histoire, il s’est complu dans de petites histoires. Dans une grande démocratie, le Président aurait dissout l’Assemblée nationale et aurait cohabité avec l’opposition jusqu’au terme de son mandat. Ailleurs, les ténors de l’opposition Moustapha Niasse et Macky Sall tirent leur épingle du jeu avec brio. Les dames du Parti socialiste(Ps) gagnent haut la main. Aïssata Tall Sall rafle 17 des 18 bureaux de vote de la ville de Podor, tandis que Aminata Mbengue Ndiaye et la coalition Benno Siggil Sénégal s’imposent nettement dans la commune à Louga. Tout comme Mata Sy Diallo reste indéboulonnable à Kaffrine dans le Ndoucoumane. Pour une fois réaliste, l’opposition a eu son salut dans l’unité. Au demeurant, les résultats qu’elle a obtenus à ces élections régionales, municipales et rurales ne sont guère surprenants. Entre les promesses mirifiques du début de l’alternance et la situation des populations en 2009, le fossé est abyssal. Des caisses pleines en 2000, on en était presque arrivé à la banqueroute en 2008 ; les prix des denrées de première nécessité, les tarifs d’électricité, tout était hors de portée de ces populations qui ne juraient que pour Wade en 2009. À ces maux, s’ajoutent la « cantinisation » de la ville, l’amoncellement des ordures, l’arrogance, l’expression indécente d’une richesse mal acquise. Neuf ans après, le désenchantement est grand. Autre rejet exprimé par les Sénégalais, la dévolution monarchique du pouvoir. In fine, ces élections préparaient bien la présidentielle de 2012 et le candidat de Wade n’était autre que son fils Karim. La mairie de Dakar ne devait être que l’escalier qui devait lui permettre d’arriver au sommet de l’Etat. Wade fils aura appris qu’un flatteur ne vit qu’au dépens de celui qui l’écoute. Ses courtisans sans légitimité populaire ne lui ont rien apporté au Fouta. Karim Wade aurait mieux fait de rester dans son rôle de conseiller du Président. Rien de plus. Celui que la modestie n’étouffe pas va désormais apprendre ce qu’est l’échec. Les Sénégalais ont montré qu’ils n’accepteraient jamais qu’il arrive au pouvoir en raccourci. Lui qui n’a jamais humé l’odeur des grenades lacrymogènes, ni manifesté dans les rues de Dakar pour l’avènement de l’alternance. Comme l’a si bien dit un jour l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, il devrait attendre 2017 pour se présenter à la présidentielle. C’est à son père d’en tirer toutes les conclusions et de comprendre que les Sénégalais n’acceptent plus tout de lui. Saura-t-il décrypter les signaux à lui adressés par les électeurs ? Il a trois années pour terminer en beauté.
Auteur: Mamadou Thierno TALLA
Seneweb.com :
Karim Wade : un prétentieux et un fieffé menteur ( par Mody Niang)
Comme nombre de mes compatriotes, j’ai écouté l’interview très médiatisée que Karim Wade a accordée à la radio privée RFM le vendredi 20 mars 2009. Ce show ne pouvait évidemment pas laisser indifférent et j’ai choisi de lui consacrer ce texte, même si l’actualité, en cette matinée du lundi 23 mars 2009, commanditait peut-être un autre titre. L’occasion était vraiment trop belle pour ne pas être saisie.
L’interview révèle que Monsieur Cheikh Diallo1 a parfaitement raison : Karim Wade est le portrait craché de son père. C’est déjà du Me Wade tout cru. Ses premiers propos dévoilent au grand jour les défauts qu’il en a hérités : nombrilisme, suffisance, prétention démesurée, mensonge sans état d’âme, ruse, duplicité, goût immodéré du lucre et des bains de foules, etc. Le « je » favori de son père est revenu plusieurs fois dans l’interview : « Je remercie les populations qui m’on accueilli, qui m’ont salué, qui se sont mobilisées autour de ma personne, etc. » On l’a même entendu donner des allures messianiques à son discours. « Je vous ai entendues, et je prendrai en compte vos préoccupations », lançait-il en direction des populations, comme si le pouvoir lui était déjà acquis. Il s’est enorgueilli du bilan « largement positif » de la gouvernance de son père, et a rappelé « les réussites éclatantes » dans les domaines « des infrastructures, de la santé, de l’éducation et de l’agriculture ». Cette autosatisfaction ne mérite vraiment pas qu’on s’y attarde : ce garçon ne vit pas dans la même planète que nous. Laissons-le dans ses lubies et passons à d’autres considérations !
L’ex-futur maire de Dakar s’est laissé vite grisé par les foules et se croyait déjà au sommet. Aucun homme politique, son père de président excepté, n’est capable de mobiliser les foules qu’il a drainées pendant sa tournée à travers le pays. Il est même allé, comme son père d’ailleurs, jusqu’à déclarer qu’il n’y a pas d’opposition au Sénégal. Les électeurs ont apporté un cinglant démenti à leur allégation. Interrogé sur sa fortune alléguée et les moyens immenses qu’il a déployés pendant la campagne électorale, Karim Wade a donné des réponses qui frisent non seulement le ridicule, mais attestent du mépris dans lequel il nous tient. Il a été un grand banquier et sa fortune proviendrait des bonus que lui versait sa banque. Quand même ! Karim Wade oublie-t-il que le Sénégal est un petit village où tout le monde se connaît ? De nombreux compatriotes vivent quand même à Londres, et ont toujours remis les choses à l’endroit, concernant le véritable emploi que ce garçon occupait dans la capitale britannique ! Et puis, où était-il avec sa fameuse fortune quand son père, exilé en France, était réticent à rentrer au pays pour préparer l’élection présidentielle de février 2000 ? Les Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily et consorts sont quand même encore vivants ! Me Wade n’avait plus un rotin et serait même cousu de dettes ! Où étaient alors Karim Wade et sa supposée fortune ? Pourquoi n’était-il pas aussi généreux qu’aujourd’hui ? Ce garçon nous raconte donc manifestement des histoires. Sa fortune ne vient pas du tout, comme il l’a prétendu, de son expérience professionnelle. Son jumeau Abdoulaye Baldé a été trahi par sa langue, quant à l’origine de leurs fortunes.
Quant aux avions qui le transportaient lui et sa forte délégation – quelle indécence dans ce pays où la dépense quotidienne devient un casse-tête pour des millions de compatriotes ? –, il répond que ça ne coûte pas très cher et que certains de ces avions ont été gracieusement mis à sa disposition par des amis qui avaient des compagnies aériennes. Des amis, certainement comme ceux de son père qui avaient pris en charge la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ! Nous en avons assez de ces amis sans visage. Des avions mis à la disposition de Karim Wade et à lui seul ! Pourquoi pas à la disposition de Talla Sylla ou de Aly Haïdar ? Ce geste de générosité sélective, s’il a existé, est manifestement suspect.
Karim Wade ment donc manifestement à propos de sa fortune et de ces avions qui lui seraient prêtés. Il ment à propos des explications qu’il a données sur la gestion de l’Anoci. Il ne nous prend vraiment pas au sérieux quand il ose prétendre que « c’est l’une des agences les mieux gérées au Sénégal ». Cette agence, qui est une monstruosité en matière de bonne gouvernance, ne peut pas être bien gérée. Une agence domiciliée au cœur de la présidence de la République, et ayant comme pilote et copilote le fils du président et le Secrétaire général de la présidence de la République, ne peut être qu’un symbole de mauvaise gestion. Ce monstre n’existe dans aucune démocratie avancée. Karim Wade nous prend aussi pour des moins que rien quand, chaque fois, pour nous convaincre, il allègue que les milliards de l’Anoci ne sont pas directement ceux de l’Etat, mais bien ceux des bailleurs de fonds. C’est ainsi que, pour se dédouaner des huit milliards de dépassement du budget initial du fameux tunnel, il nous jette à la figure que l’excédent n’a pas été pris en charge par le budget national, mais par le Fonds koweitien. Et alors ? Qui d’autre que le contribuable sénégalais va-t-il payer ces huit milliards et tous les autres qui sont engloutis dans l’Anoci ?
Karim Wade est revenu plusieurs fois, comme un leitmotive, sur le rapport financier et le rapport d’activités qu’il va déposer auprès du président de la République. Au doute exprimé par l’un des journalistes sur la suite qui pourrait être réservée à de tels rapports par le président Wade, Wade fils a le toupet, vraiment le toupet de répondre que « le président de la République a des principes et des valeurs et que les Sénégalais le connaissent » et que, s’il était en faute, il n’hésiterait pas à le sanctionner. Quel gros mensonge ! Oser prétendre que Me Wade que nous pratiquons depuis bientôt dix ans a des valeurs et des principes ! Des deux choses l’une : où ce garçon ne connaît vraiment pas son président de père, où il nous prend pour de sacrés imbéciles. Nous voyons quand même Me Wade à l’œuvre depuis déjà de longues années ! Nous connaissons surtout sa position par rapport à la corruption et à la mauvaise gestion qu’il entretient manifestement ! Il ferme carrément les yeux sur les différents forfaits des hommes et des femmes de sa mouvance, notamment des chefs de collectivités locales. Il recycle sans état d’âme les plus mauvais gestionnaires du Parti socialiste et les nomme au niveau le plus élevé de l’Etat et de son Parti. Son nom est cité dans des affaires les plus louches et les plus nauséabondes, affaires dont la moins grave lui coûterait au moins la destitution dans une démocratie normale. Avec un tel homme, que vaudront les rapports financiers et d’activités que son fils chéri va déposer entre ses mains ?
A propos des hôtels en construction sur le domaine maritime, il donne aussi des explications qui ne convainquent que ses vassaux, les « conrcétistes ». Ce sont des investisseurs étrangers qu’ils (son jumeau et lui) sont allés chercher qui les construisent, et que ce n’est pas l’Anoci qui leur a donné les terrains mais bien le service des domaines. Bien sûr ! Tout le monde le sait, ça. Mais, c’est sur injonction du père et du fils que le service des domaines s’exécute. Et puis, dans quelles conditions les terrains sont-ils mis à leur disposition ? Leur sont-ils vendus ou cédés sous forme de bail ? Qui sont ces investisseurs sans visage ? Où Karim Wade et son jumeau les ont-ils dénichés ? Pourquoi eux et pas d’autres ? Les Wade peuvent-ils nous donner des assurances quant à l’origine de ces centaines de milliards qui sont investis chez nous ? Et si ces milliards étaient de l’argent sale à recycler ? Peut-on nous certifier que, tout au long du processus, il n’y a eu de valisettes bourrées de fric nulle part ? C’est à ces questions-là qu’il convient que les Wade répondent. Sinon, le reste n’est que blabla dont nous ne saurions nous contenter.
Karim Wade nous annonce aussi l’arrivée massive des investisseurs arabes. Les arabes, encore les arabes, toujours les arabes ! Mais, qu’ont-ils de vraiment plus attrayant que les investisseurs potentiels des autres pays riches ? Où sont les Français ? Les Allemands ? Les Japonais ? Les américains ? Les Canadiens ? Les Anglais, etc ? Il est vrai que les concitoyens de ces derniers sont très regardants par rapport à l’utilisation à l’étranger du moindre euro, du moindre yen, du moindre dollar, de la moindre livre. L’attrait irrésistible des Arabes sur les Wade, c’est probablement la souplesse et la compréhension dont ils feraient montre dans les affaires. Ils seraient surtout particulièrement généreux – Abdoulaye Baldé ne dira pas le contraire – et ne sont pas astreints, comme les premiers, à justifier les milliards qu’ils investissent à l’étranger. Nous avons donc besoin de savoir qui vient investir, dans quelle condition il investit et quelle est l’origine de son argent. Nous devons surtout veiller à ce que notre pays ne devienne pas la destination préférée de l’argent sale venu d’on ne sait où.
Karim Wade a aussi « catégoriquement » réfuté l’idée selon laquelle il convoquerait des ministres. « Je n’ai jamais convoqué un ministre, je n’ai jamais convoqué un fonctionnaire. En général, je ne donne pas des instructions », a-t-il répondu. Ce garçon ne sait peut-être pas qu’il est suivi tous les jours, pas à pas. Il a des conseillers spéciaux sur l’étendue du territoire national et dont on se demande d’ailleurs, au fond, sur quel budget ils émargent. Il compte dans son entourage des ministres qui le représentent dans des cérémonies, courent derrière ses cortèges et crient à tue-tête son miraculeux nom. Des ministres qui ne seraient même pas membres d’un cabinet ministériel dans une démocratie qui se respecte. L’un de ses ministres vassaux, Mme Innocence Ntap Ndiaye, qui souhaite la mort à tous ceux qui n’aimeraient pas son mentor, a eu à déclarer ce qui suit : « Même dans mes rêves les plus profonds, je n’ai jamais pensé à cette nomination au poste de ministre. » Mme le Ministre d’Etat – oui, elle sera bien Ministre d’Etat quelques mois après – faisait cette déclaration, en larmes, lors d’un meeting de remerciement au président de la République, tenu au Quartier Tilène de Ziguinchor, le samedi 7 juillet 2007. Ce sont de tels personnages qui grouillent et grenouillent autour de Karim. Ce dernier en dispose comme il veut, peut les convoquer, les envoyer, etc.
Un autre mensonge de Karim Wade, c’est lorsque l’un des journalistes évoque son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2012. Il balaie d’un revers de main et affirme, comme pour dire que cela n’a rien d’inédit : « Je connais de grandes démocraties citées dans le monde en exemples où le fils succède à son père. » Il ment, il ne connaît aucun exemple de ce type dans le monde démocratique. S’il pense Georges W. Bush, il se trompe. Ce dernier est devenu président des USA, huit ans après le départ du pouvoir de son père. Et c’est lui qui s’est frayé son propre chemin en devenant, entre temps, le gouverneur de l’important Etat du Texas. Son père, même aux affaires, ne pourrait rien pour lui. Des successions directes de fils à leurs pères sont possibles au Congo, en Guinée équatoriale, en Lybie, au Gabon, etc. Ce n’est possible nulle part ailleurs dans une démocratie qui se respecte.
A la question de savoir s’il envisageait de perdre les élections locales qui se préparaient pour le surlendemain, il répond, catégorique : « Je suis un gagnant, je suis un battant ; je suis quelqu’un qui n’a jamais perdu dans la vie, que ce soit professionnel ou lorsque je faisais les études. Pour moi, il n’y a pas de défaite possible. » Nous avons vraiment intérêt à nous méfier comme de la peste de ce garçon qui se prend déjà pour un dieu. Je pensais naïvement qu’il n’était donné qu’à Dieu de réussir toutes Ses Entreprises. Karim Wade est donc plus qu’un homme normal, plus qu’un prophète. C’est la perfection, l’infaillibilité, puisqu’il réussit tout ce qu’il entreprend. C’est donc un dangereux concurrent à Dieu. Il est vrai qu’avec sa grosse fortune, xama tul lu ko të : il se croit capable de décrocher la lune. Heureusement que les électeurs lui ont apporté le démenti le plus cinglant et l’ont fait descendre sans ménagement de son Olympe. Ce lundi 23 mars 2009, il devrait se trouver, avec son père, dans leurs tout petits souliers. Tous les deux se sont engagés à fond dans les élections locales du 22 mars 2009. Ils ont décrété l’inexistence de l’opposition qu’ils n’ont rencontrée nulle part dans leur bruyante randonnée à travers le pays et ont prédit une victoire écrasante à leur coalition. A l’arrivée, ils ont tout perdu. S’ils étaient tant soit peu habités par le ngor et le jom, qui sont la marque distinctive des grands hommes, des hommes de bien, ils tireraient de leur cuisante défaite la seule leçon qui vaille : la démission immédiate de leurs fonctions. Il est vrai que, de ces gens-là, on ne devrait s’attendre à rien de grand et de noble.
Mody Niang, e-mail : modyniang@arc.sn
Auteur: Mody Niang
Seneweb.com : Mardi 24 Mar 2009
DE LA MONARCHISATION DE LA DEMOCRATIE
Il me semble de prime abord important de définir les concepts qui sous-tendent ma réflexion sous l’angle de ce paradigme d’opposition démocratie/ monarchie.
Dans son acception la plus simple et la plus concise, la monarchie peut être définie comme un régime politique dans lequel le chef de l’Etat est un monarque, un roi1. Par analogie, sa fille illégitime qu’elle ne reconnaît pas et que le monde, sous un beau jour, appelle démocratie peut être définie comme un ensemble de principes philosophiques et politiques dans lequel un groupe social reconnu comme tel organise son fonctionnement par des règles établies, élaborées, ordonnées, décidées, mises en application et surveillées par l’ensemble des membres de ce groupe social sans privilèges ni d’exclusions.
Si notre actualité se penche, aujourd’hui, sur la démocratie, la liberté d’expression, l’Etat de droit, l’égalité devant la loi, bref, c’est parce que ces concepts constituent l’apanage de tout peuple épris de liberté, de justice et de développement. A l’échelle mondiale, le processus de démocratisation varie selon les régimes ou selon les systèmes politiques, mais aussi en fonction des hommes au pouvoir et de l’attitude de ceux qui sont gouvernés ou soumis. C’est d’ailleurs sous cet angle que l’on peut qualifier certains pays de « démocratie mature », d’autres de « démocratie fœtale », d’aucuns de « démocratie embryonnaire ». Entre la monarchie et la démocratie, il peut exister des liens très étroits si la mère « monarchie » reconnaît sa fille « démocratie » et l’accepte comme une volonté populaire. Dans ce cas de figure, on parlera de « démocratisation de la monarchie ». C’est l’exemple des Royaumes unis, de la Hollande, de l’Espagne, de la Belgique, et j’en passe. En revanche la « monarchisation de la démocratie » s’applique dans un Etat reconnu comme démocratique et dans lequel le Président use de tous les stratagèmes dignes d’un schéma monarchique pour régler ses comptes voire évoquer par la magie du verbe et invoquer les dieux que l’issue du pays dépend de lui, et de lui tout seul uniquement.
Au Sénégal, si nous estimions que le processus de la démocratie avait été interrompu au soir du 19 mars 2000, c’est parce que d’aucuns pensaient que la démocratie avait atteint son summum. Cependant, nous avions, aussi, oublié de dire que quand on atteint le summum, la seule alternative qui peut s’offrir à nous, c’est d’y rester ou de chuter. Pour notre analyse, la dernière option de notre alternative peut bien s’appliquer à ce régime d’alternance bis. Nous, Sénégalais, étions partis trop tôt en besogne, oubliant que la démocratie est un processus dynamique en perpétuel sursis. Nous avions dormi sur nos lauriers et avions malencontreusement participé à la « monarchisation de la démocratie». Comment en est-on arrivé là ?
Au sortir des élections présidentielles du 19 mars 2000, quand il s’est agi de la formation du gouvernement, le peuple avait plébiscité Moustapha Niass comme le légitime locataire de la primature. Filant le parfait amour avec le peuple, le Président nomma Niass premier ministre. Ce dernier dévolu à sa mission forma son gouvernement et ce fut le commencement de l’implication totale du peuple dans la nomination des ministres. Des régions, qui ne sont pas représentées par un des leurs, commencèrent à crier à hue et à dia comme si dans la constitution il y avait une prescription sur le droit à la représentativité de toutes les régions dans l’attelage gouvernemental. C’est là, sans s’en rendre compte que le peuple est tombé dans le piège du maître du jeu, c’est-à-dire, transformer le Sénégal en royaume comme le fut jadis le Djolof, le Walo, etc., avec comme objectif final une politique de redéfinition des régions. Là encore ce sont les lunes de miel entre le Président et le peuple, ce qui s’ensuit est digne un feuilleton à l’eau de rose. Le président accepta que toutes les régions soient représentées au sein du gouvernement. On oublie que l’on n’est pas ministre d’une région mais ministre d’une république qui s’appelle le Sénégal comme le disait souvent le ministre Landing Sané à qui on reprochait de n’avoir rien fait en Casamance alors qu’il était ministre de l’équipement et des infrastructures sous Abdou Diouf. On a voulu dès le lendemain des élections nous faire croire que le gouvernement serait parfait, serait à l’image de son peuple et que des hommes politiques à moralité douteuse et ceux qui ont incarné « une certaine tortuosité politique » n’y figureraient pas. Le parfait n’existe que dans les verbes. C’est en ce moment là que le populisme fait irruption dans le discours des politiques. Nous étions tous contents que l’on caresse dans le sens des poils. Après les lunes de miel vient la période des compromis qui nous ont conduit inéluctablement vers des compromissions : la dissolution de l’assemblée nationale, du sénat, du ces, la rédaction d’une nouvelle constitution au relent d’un testament, la création craes, la résurrection du senat et tant d’autres organismes qui nous gangrènent le pays.
Avec la victoire de l’opposition les relations Etat/ collectivités locales seront désormais du « je t’aime, moi non plus » : un véritable désaveu pour le président et les ministres. En quête de voix, on passe de la sollicitude au chantage, pour vous dire que rien n’est jamais acquis. Même l’art de la pommade a échoué de manière lamentable. S’agit-il d’une réponse adressée au gouvernement sur ses méthodes de dotation de fonds basée sur les contingences de l’heure et du copinage ou plutôt d’un ras- le - bol général exprimé par le peuple.
Neuf ans après, je l’espère au fond de moi que le peuple saura s’en tenir à ce qui lui revient de droit. Nous sommes les garde-fous de la démocratie, ne nous laissons guère emporter par des discours populistes. J’ose croire que le printemps favorisera la germination de nouvelles façons de faire la politique au Sénégal.
Pape Aliou DIEME, doctorant à l’université de Limoges.
Ferloo.com : Mardi 24 Mar 2009
Moustapha Cissé Lô : « Que Wade aille vivre à Versailles »
Alors que beaucoup d’observateurs et de simples commentateurs qui préconisent la suppression de l’Assemblée nationale et du Sénat (le Parlement, en gros) parce que ne représentant pas le peuple, Moustapha Cissé, lui, livrant son appréciation Wade sur les ondes de Walfadjri après les élections locales qui viennent de se tenir dans notre pays, estime que « Me Wade doit aller vivre à Versailles - en France ». Une manière pour le député libéral révoqué d’envoyer le "pape du Sopi" à la retraite politique.
Pour la tête de liste de la coalition And Dekkal Ngor, « les élections ont été tenues et les cartes ont parlé ». "Il revient maintenant à Me Wade de faire sa propre lecture pour décoder le message des urnes", estime Moustapha Cissé Lô. « En 2007, on disait Wade "dolli nu" (Wade encore, Wade encore), aujourd’hui, c’est "na demm, na demm" (que Wade parte, que Wade parte) ». Selon le camarade de Macky Sall, « le peuple ne veut plus de lui (du Secrétaire général national du Pds) ». "Il doit donner le pouvoir à la Cour Suprême pour l’organisation des élections anticipées », a-t-il par ailleurs proposé.
Egalement, il a invité les Khalifes généraux des Mourides, des Tidjanes, des Khadres à lui faire la proposition puisque, précise-t-il, « la population ne veut plus de sa politique, mais aussi il est fatigué pour continuer ».
Nettali : Mardi 24 Mar 2009
APRES LA DEFAITE DE LA COALITION SOPI 2009 - Wade invité à sévir.
NETTALI.NET- Les prochains jours vont réserver d’amères surprises aux responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds). Le président Abdoulaye Wade va retoucher la composition de son équipe tant au sein du Pds qu’au niveau de l’appareil d’Etat.
En fait, ce sera l’une des premières conséquences de la débâcle du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés de la coalition Sopi 2009. En effet, dans pratiquement toutes les grandes villes du Sénégal, la coalition Sopi 2009 a été laminée, malgré les immenses moyens déployés par le président Abdoulaye Wade qui s’est d’ailleurs personnellement impliqué dans la campagne.
Mieux, lors du dernier meeting de la coalition Sopi 2009 qu’il a, lui-même, présidé à Dakar, le secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait annoncé la couleur en indiquant que ses consignes n’avaient pas été respectées pour ce qui est des investitures sur les listes de la coalition Sopi 2009. Wade, accueilli partout par des brassards rouges, craignait ainsi les votes sanctions brandies par des mécontents. Ce qui s’est finalement vérifié sur le terrain. D’autant plus que beaucoup de responsables libéraux lient la défaite aux élections locales, au mécontentement de certains de leurs « frères ».
Et certains n’ont pas perdu de temps pour réclamer des sanctions contre les « fractionnistes », mais aussi les perdants qui sont invités à démissionner. L’on se rappelle, en outre, que le président Abdoulaye Wade avait annoncé, lors de la campagne, la tenue d’une conférence de presse dès après les élections pour donner sa lecture de tout ce qui s’est passé.
APS : Mardi 24 Mar 2009
Jacques Baudin explique la percée de l’opposition par ’’l’éveil’’ des Sénégalais.
Diourbel, 23 mars (APS) - La tête de liste majoritaire de la coalition "Benno Siggil Senegaal’’ pour la région de Diourbel (centre), Jacques Baudin, a indiqué que "l’intérêt en toute situation commande l’éveil", citant Chateaubriand pour expliquer le choix opéré par les électeurs dimanche au terme des élections locales.
"On peut constater que c’est l’éveil des Sénégalais pour plusieurs choses. D’abord, ils ont été déçus, déçus pendant neuf ans. Ils ont constaté également qu’on n’avait aucune considération pour eux. Une attitude qui frise un tout petit peu le mépris", a-t-il notamment analysé lundi au lendemain des élections qui donnent la victoire à la coalition "Benno Siggil Senegaal" dans la commune et une grande partie du département.
Selon lui, avec ces résultats qui s’annonçaient depuis longtemps, les Sénégalais se sont ressaisis. Du point de vue de M. Baudin cet éveil des Sénégalais est ainsi commandé par leur intérêt pour la survie, pour le devenir du pays et des populations.
"Je pense que si une embarcation va directement sur un récif, il est recommandé de reprendre le gouvernail et changer de cap. C’est ce que le peuple sénégalais a fait hier dans une très grande majorité. Et je dis que c’est un tournant essentiel parce que il est certain qu’à partir de dimanche on va repartir à la case départ", a-t-il aussi commenté.
Toutefois, il a reconnu que Dioubel est une commune difficile à gérer à cause de son manque de moyens. Selon lui, ceux-ci se résument à ce que rapportent le marché, la gare routière et les taxes foncières. A cela s’ajoute le fonds de concours de l’Etat. D’où la nécessité, a-t-il dit, de dégager des priorités et de faire jouer la coopération décentralisée. Toutefois, il n’a pas caché son intérêt de diriger l’équipe municipale si la majorité se dégage dans ce sens.
"Les élections locales dans une situation comme celle-ci, c’est la première marche vers le triomphe, le sommet. Effectivement, on ne peut pas perdre de vue cet aspect. Au contraire, ça devient maintenant un aiguillon pour nous qui sommes à l’opposition", a-t-il ajouté an ayant déjà en ligne de mire les échéances de 2012.
Auteur: MD/BK
Pressafrik : Mardi 24 Mar 2009
Débâcle de la Coalition Sopi: selon Cheikh Diallo de la Generation du Concret "C’est un code d’honneur. Lorsqu’on est désavoué, on doit rendre le tablier"
La Génération du concret tire les leçons de sa défaite et celle de la Coalition Sopi 2009. Elle minimise sa débâcle en estimant qu'elle a beaucoup amortie celle des libéraux. Le chargé de la communication de la Génération du Concret, réclame la démission des ministres qui ont été lamentablement battus dans leurs localités par l'opposition. Réagissant sur RFM, Cheikh Diallo pointe du doigt les ministres d'Etat de Saint louis. «Il faut qu’on s’assume, il faut une introspection profonde et sérieuse. Je prends par exemple la région de saint louis, elle regroupe le plus grand nombre de ministres d’Etat au mètre carré et malgré cela ils ont été tous battus. C’est un code d’honneur. Lorsqu’on est désavoué, on doit rendre le tablier», a déclaré le chargé de la communication de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI).
Pour Cheikh Diallo, «la première leçon, c’est qu’il ya eu la révélation de la Génération du concret. Elle est venue peut être en retard, à une semaine de la fin de la campagne». Et d’ajouter : «je pense qu’elle a amorti le choc, elle a atténué quelque fois les défaites très cruciales. Les résultats sont calamiteux, et c’est le cas du PDS».
Le chargé de la communication de la Génération du concret fait le parallélisme entre les résultats obtenus par son mentor, Karim Wade et la défaite de Nicolas Sarkozy aux européennes. «Vous avez absolument raison, Chirac a été battu, Mitterrand a été battu, Sarkozy a pris une raclée lors des européennes mais il y a des défaites comme ça qui présage un avenir meilleur», a expliqué Cheikh Diallo.
Il a tout de même reconnu que «c’est très facile qu’on va se baisser tous pour ramasser les fruits électoraux. Mais non ! Karim Wade a été battu chez lui alors on va tirer toutes les leçons des urnes, on va les décoder avec minutie, avec patiente».
Auteur: Ibrahima Lissa FAYE
RFI : Lundi 23 Mar 2009
Sénégal/Elections locales - Le pouvoir reconnaît la perte de Dakar et plusieurs grandes villes.
Dans une interview à RFI, le porte-parole de la présidence sénégalaise, maître Ahmadou Sall, reconnaît que la coalition Sopi 2009 a perdu plusieurs grandes villes du Sénégal, dont la capitale, Dakar, mais aussi d'autres agglomérations importantes, comme Saint Louis, Kaolack, Thiès. Ahmadou Sall affirme cependant que la coalition constituée autour du parti au pouvoir, la coalition Sopi 2009, conserve un grand nombre de collectivités locales. L'opposition, elle, revendique déjà une large victoire lors dun scrutin, qui si les résultats se confirmaient, constituerait la première défaite du parti au pouvoir depuis l'arrivée aux affaires du président Wade, il y a neuf ans.
LeQuotidien : Lundi 23 Mar 2009
Locales 2009 - Dimanche sombre pour le sopi : Les Wade, du rouge au noir.
La déroute cinglante vers laquelle s’acheminent Wade et son cercle politico-familial au regard des tendances lourdes du scrutin d’hier, sonne comme une sorte de «crépuscule des idoles» de l’Alternance du 19 mars 2000. Sous le couvert de «visites économiques», l’implication personnelle du président de la République dans la campagne des élections locales a participé à leur donner un caractère référendaire.
La déroute cinglante vers laquelle s’acheminent Wade et son cercle politico-familial au regard des tendances lourdes du scrutin d’hier, sonne comme une sorte de «crépuscule des idoles» de l’Alternance du 19 mars 2000. Sous le couvert de «visites économiques», l’implication personnelle du président de la République dans la campagne des élections locales a participé à leur donner un caractère référendaire. Aussi, cette déroute doit avant tout être lue comme la sanction d’une gestion erratique du Sopi, comme le signe maintenant évident d’une césure fondamentale entre les héros éphémères de l’Alternance et le peuple aux enthousiasmes déçus par des orgies de promesses ayant abouti à un gigantesque désenchantement national.
Ceux qui n’avaient perçu à travers les brassards rouges et le vacarme assourdissant des huées que des frustrations intra-libérales, ont certainement eu grandement tort de négliger, par arrogance et par assurance trop imprudente, la lame sociale de fond qui sortait de ces bouches d’«uniformité terreuse». Et voilà que les résultats du scrutin de dimanche viennent de rappeler aux épiciers de la politique, à la terrible et terrifiante réalité d’une défaite cuisante. Ils montrent et démontrent à l’envi, un effondrement fulgurant d’un Sopi érodé par une économie nationale sabotée, des institutions discréditées par des jeux politiciens, sous la forme plus d’une politique du microphone, que par des actions véritablement orientées vers des réponses pertinentes aux attentes sociales. Cette nouvelle donne électorale qui préfigure, en vérité, la prochaine configuration du champ politique, renfermant l’obus d’une prochaine présidentielle aura, entre autres conséquences, une révision ou une re-lecture de l’agenda de succession du Président Wade par son fils, dont l’entrée dans la compétition électorale a, aujourd’hui, l’amer parfum d’une bérézina, jusque dans son lieu de vote. Aujourd’hui, Idrissa Seck à Thiès et Macky Sall à Fatick, les «fils d’emprunt» sacrifiés à l’autel d’un projet successoral, prennent une revanche historique sur le cercle de feu familial, en premier sur le «fils biologique». Cette situation pose et impose de revoir quelques notes de l’agenda griffonné pour la «génération des constructeurs», tous restés sous les décombres électoraux, à part Abdoulaye Baldé qui est sorti de ce naufrage «générationnel» et qui se tape une légitimité désormais difficilement contestable au sein du Pds et de la «Génération du concret». Elle réduit à un poids de duvet, l’argument sinon, la posture récemment déclinée par Karim Wade consistant à s’opposer à un retour de Idrissa Seck dans le Pds. La descente de Karim Wade à Thiès, avec une foule factice et des moyens colossaux, avec un accent de défi, a certainement eu comme effet contraire de galvaniser les troupes de Idrissa Seck et à consolider sa mainmise sur la cité du Rail, en dépit d’un saucissonnage électoral manifestement destiné à l’affaiblir. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il y a l’affaire Macky Sall traitée avec une insoutenable légèreté par Wade et son cercle de feu. Des résultats du scrutin des Locales, même provisoires, l’ancien président de l’Assemblée, est sorti avec le diadème d’une dimension nationale. L’effondrement du Sopi, ce sont aussi les conséquences des exclusions aux allures punitives, mais qui se sont avérées périlleuses pour le camp wadien, contre des libéraux comme Lamine Bâ, Mbaye Ndiaye, Moustapha Diakhaté, Ahmet Fall Braya, Moustapha Cissé Lô. Surdité et autisme, quand tu nous tiens !
En tous les cas, la reconstruction du Sopi, si tant et bien que Wade tient à la sécurisation de son héritage politique, ne devra plus emprunter l’obsession morbide de laisser le Sénégal à son fils et à sa (dé) «génération du concret». Tout comme d’ailleurs, la gestion du pouvoir ne saurait plus ignorer la réalité politique qu’est devenue l’opposition triomphante. La nouvelle réalité politique n’autorise plus vraiment Me Wade à s’emmurer dans la solitude, dans l’autisme et la cécité, car les résultats de ces élections locales à caractère très national indiquent qu’il est entré dans le processus d’une usure du pouvoir, à un moment crépusculaire de son règne.
Au moins, la victoire de l’opposition mettra fin à un neuf années d’hégémonie libérale, d’un règne sans partage, sinon avec une coterie de responsables dont des ministres, tous laminés jusque dans leurs bureaux de vote. Sûrement que si c’était un rallye de 8x8, ils seraient des Lewis Hamilton de cette compétition électorale.
Il faut aussi noter l’entrée fracassante de la société civile, notamment les Verts du Res, l’Arc coachée par Badara Mamaya Sène et Vision Rufisque du Dr Omar Cissé à Rufisque, qui confirme quelque part, un raffermissement d’une conscience citoyenne au Sénégal. Une conscience citoyenne qui inflige un cinglant démenti à ceux qui n’ont eu cesse d’évoquer, d’invoquer et de convoquer l’inertie du peuple sénégalais.
Auteur: Soro Diop
LeQuotidien : Lundi 23 Mar 2009
Abdoulaye Wade à terre.
A la place de Cheikh Tidiane Sy, ministre d’Etat ministre de l’Intérieur, à ce titre, principal organisateur d’élections dans notre pays, n’importe quelle autorité digne et consciente de ses responsabilités devant ses concitoyens aurait démissionné et présenté ses excuses au peuple sénégalais. Même la «République très très démocratique du Gondwona» imaginée par l’humoriste Mamane ferait mieux ! Au contraire, sa seule réaction a été d’envoyer au front son porte-parole pour défendre l’indéfendable et tomber dans le ridicule. Courage !
Honte à ceux qui ont organisé le désordre comme jamais cela n’a eu lieu dans une élection au Sénégal depuis 1996 ! Honte à ceux qui ont privé de vote des Sénégalais, découragés d’attendre sans raison acceptable ! Honte à ceux qui ont préféré choisir des ombres politiciennes en lieu et place de vrais hommes et femmes capables de tenir un bureau de vote ! Honte à ceux qui nous font revenir à une démocratie d’apprentissage, cent ans en arrière ! Honte à ceux qui jubilent d’avoir injecté 5 milliards de francs Cfa avec pour résultat, un désastre démocratique et citoyen sans précédent dans notre pays ! Un couac, ça va. Deux omissions, on supporte. Trois erreurs de ventilation des listes de candidats, on ferme stoïquement les yeux. Après, c’est le scandale. Et sur une grande partie du territoire national hier, le scandale a été à l’honneur (voir article ci-contre), constaté par tout le monde, jusqu’à des leaders de la Coalition Sopi. Alors, au-delà des résultats (peu favorables au pouvoir) tirés des scrutins d’hier, ce 22 mars se figera dans l’histoire comme une extraordinaire défaite politique et morale pour le président de la République. Vingt ans durant, Me Abdoulaye Wade a brocardé, souvent avec raison, le Parti socialiste sur le registre des fraudes et de la violation de la volonté populaire. Aujourd’hui, cet homme qui fait pire que le pire du pire, neuf ans après avoir été aidé à accéder au pouvoir, est une déception monumentale pour le Sénégal.
Au regard de l’ampleur des imperfections notées par tous, y compris par des responsables libéraux, même le prétexte dégradant de l’incompétence semble inopérant. Il s’est agi d’une véritable entreprise de vol organisé de suffrages des électeurs au profit de la poursuite de l’agenda monarchique du chef de l’Etat. Simplement, c’est comme qui dirait que, l’on ne fait pas perdre un président de la République qui, sentant la catastrophe dans son camp, viole la loi électorale en toute impunité. Pour un homme qui souffre de sa nouvelle illégitimité et qui gouverne par décret, ce n’est pas surprenant. Nous le disions ici même il y a juste quelques mois : pour demeurer au pouvoir ou le transmettre à sa descendance politique, Me Wade s’est converti à ses propres intérêts : organiser des élections simplement transparentes l’encombre jusqu’à lui devenir insupportable. Il l’a prouvé de la pire des manières. Hier, le peuple sénégalais, même brimé dans ses droits, lui a fait payer sa politique d’arrogance. A compter de ce 22 mars, il a un pied en dehors du pouvoir.
Auteur: Momar DIENG
WalFadjri : Lundi 23 Mar 2009
DEBACLE DU SOPI AUX LOCALES : LE DESAVEU DE WADE.
• Karim reçoit une claque magistrale
* Ousmane Masseck Ndiaye passe à la trappe et emporte Ousmane Ngom et Cheikh Tidiane Sy
* Macky Sall écrase les sopistes à Fatick et à Ndindy
* Abdoulaye Baldé envoie Robert Sagna à la retraite
* Idrissa Seck dame le pion à tout le monde à Thiès
* Aj met fin aux 19 ans de règne de Balla Moussa Daffé à Sédhiou
* Louga se venge du président de la République
Le Monde : Lundi 23 Mar 2009
A Dakar, Karim Wade rêve tout haut de succéder à son père.
Longtemps discret sur ses ambitions politiques, Karim Wade y "annonce (s)a candidature à faire du Sénégal un pays émergent", relançant les rumeurs sur une élection présidentielle anticipant l'échéance de 2012. "Je connais de grandes démocraties (...) où le fils a succédé au père", réplique-t-il à une question sur le risque de monarchie. "Nos standards, ce n'est pas la sous-région, ajoute-t-il avec condescendance, c'est Dubaï, Singapour, Hongkong", alors que le Sénégal vit au rythme des coupures d'électricité et des mouvements sociaux.
GESTION INCERTAINE
Soucieux d'apaiser les tensions à la veille des élections locales, le président Wade a d'ailleurs gracié 19 émeutiers de Kédougou (sud-est). Ces jeunes chômeurs avaient été condamnés à des peines de 5 à 10 années de prison pour avoir participé à des manifestations.
Formé en Europe aux métiers de la finance, Karim Wade, lui, a présidé aux grands travaux lancés à l'occasion du sommet de l'Organisation de la conférence islamique organisée voici un an dans la capitale sénégalaise. Le "sommet" fut un échec et son opacité financière jamais levée. La gestion de l'Etat sénégalais apparaît si incertaine que la France a dû consentir à la fin 2008 un prêt de 125 millions d'euros, équivalant à une année d'aide publique au développement.
Les résultats des élections de dimanche diront si les jets de pierres et les foulards rouges - signes de contestation - agités lors des tournées électorales des Wade père et fils reflètent un véritable mécontentement populaire. Et si l'opposition, qui était sortie laminée de la présidentielle de 2007, est en mesure de se refaire une santé. "Le Sénégal n'appartient ni à Abdoulaye Wade ni à Moustapha Niasse mais aux Sénégalais eux-mêmes", a déclaré M. Niasse, l'un des chefs de l'opposition dimanche. "Pour moi, il n'y a pas de défaite possible", lui avait répondu à l'avance le fils du président.
Auteur: Philippe Bernard
LE QUOTIDIEN :
Les larmes de l’Alternance.
Ce soir, en pleine nuit, j’ai décidé de tremper ma plume dans l’encre de mes larmes, pour présenter mes excuses au Président Abdou Diouf. Face à la désillusion totale, dans laquelle l’Alternance m’a plongé, je n’ai pas pu m’empêcher de reconnaître humblement mes erreurs. Erreurs dues, peut-être, à la fougue de la jeunesse.
Dès l’âge de quinze ans, j’étais devenu un opposant contre le régime socialiste. Et en 1981, quand vous fûtes porté au pouvoir, pour moi, c’était le paroxysme de l’inacceptable. Je me suis opposé à votre parti, avec constance et sous de multiples formes, sans rien viser d’autre que l’amélioration de la démocratie, la Justice et l’équité. Je me suis opposé en rêvant d’une société plus juste, plus sûre et plus digne. Mes critiques, très acerbes, ne vous ont jamais ménagé.
Aujourd’hui, neuf ans après votre départ, j’apprécie vos qualités, c’est dire que, ce ne sont pas les propos d’un laudateur, car je n’attends rien de vous, si non d’accepter ces excuses. Le recul m’a tout simplement ouvert les yeux. Homme de mesure et d’équilibre, vous avez dès le début voulu inculquer à vos concitoyens, des principes et des valeurs de très haute portée morale. Les larmes que vous avez versées, lors de votre première prestation de serment étaient sincères.
L’étendue et la grandeur de la responsabilité, qui venaient de vous être confiées, a déclenché en vous une émotion rare. Vingt-huit ans après, mes larmes viennent se mêler aux vôtres. Car, j’ai compris ce que vous avez enduré, parce que vous vouliez réellement changé les choses dans ce pays, afin que «rien ne soit plus comme avant», mais les pesanteurs sociales, ainsi qu’un entourage qui ne vous a pas rendu service, ne vous ont guère permis de réussir. En un mot, vous avez seulement manqué de courage, mais vos intentions étaient louables.
Il suffit de rappeler la loi contre l’enrichissement illicite. Cette loi qui a fait se dresser contre vous de très gros intérêts et même des forces mystiques. Contrairement à vos successeurs qui chantonnèrent sur un air de festin : «Nos soucis d’argent sont terminés.»
C’est vous dire M. le Président, l’étendue du désastre. Vous nous avez fait serrer la ceinture et, en partant vous avez laissé une économie solide, des finances publiques saines. Le régime vorace de l’Alternance a dilapidé tous ces acquis et l’avenir est sombre. Aujourd’hui, la jeunesse désespérée n’a plus que ses larmes.
M. le Président Diouf, le Sénégal vous pleure.
Demba Silèye MBODJI - Quartier Escale - Diourbel
COLLECTIVITES LOCALES - Après sept ans de gestion : Le besoin d’audit.
24-03-2009
Avoir un aperçu du passif et de l’actif des prédécesseurs doit demeurer une nécessité pour les nouvelles équipes dirigeantes des Collectivités locales qui seront mises en place dès les prochaines semaines. Une manière d’inaugurer une ère de bonne gouvernance avec laquelle nombre de maires et autres présidents de Conseils ruraux étaient en conflit.
Les lendemains de défaite ont la particularité d’être cauchemardesque pour les vaincus. Les maires sortants, membres de la Coalition Sopi 2009, ne diront pas le contraire. Pour eux, qui ont eu à gérer les municipalités et autres Collectivités locales du pays, durant sept longues années, voici venu le moment de rendre compte. Et, les équipes qui vont leur succéder aimeraient bien avoir une idée de l’actif et du passif de leurs prédécesseurs. Histoire de savoir sur quelles bases entamer leur mandat et mener à bien la mission confiée à eux par les populations.
Hier, le leader en second de l’Afp, tête de liste de la Coalition Bennoo siggil Senegaal au scrutin proportionnel à la municipalité de Kaolack, a annoncé la couleur. Madieyna Diouf a appelé à un audit de la gestion de la précédente équipe municipale de la capitale du Saloum.
Sous l’Alternance, le mandat des maires libéraux et autres présidents de Conseils ruraux sortants a été rythmé par pas mal de scandales fonciers. Ceux-ci ont abouti à leur comparution devant les tribunaux voire à l’incarcération de nombre d’entre eux. Le dernier cas en date est celui du maire sortant de la commune d’arrondissement de Grand-Yoff, qui était en passe d’être placé, ces derniers jours, sous mandat de dépôt, après avoir échappé de peu à la prison, il y a quelques mois.
La gestion des ordures dans la capitale sénégalaise, avec le contrat léonin signé entre la ville de Dakar et la société française de ramassage des ordures, avait fini de scandaliser plus d’un. D’ailleurs, le 20 novembre 2006, Le Quotidien indiquait que, dans un contrat de prestations signé par cette entreprise française de ramassage des ordures avec l’Entente intercommunautaire de Dakar, (Cadak-Car), ces deux parties se sont mises d’accord pour que les litiges résultant dudit contrat se règlent au Maroc, et non au Sénégal ou en France. Et dans le même temps ; l’article 12.3 indique que «le présent contrat est régi par la loi de la République du Sénégal». On n’a, d’ailleurs, pas manqué de se demander depuis quand les juridictions marocaines régissent les lois sénégalaises.
Dans le domaine de la santé, la ville de Dakar, à titre d’exemple, n’a pas véritablement posé des actes allant dans le sens de rendre plus pérenne l’hôpital Abass Ndao, hérité de la gestion du maire socialiste d’alors, Mamadou Diop. Alors que la santé fait partie des compétences transférées. En pleine campagne électorale, Pape Diop, l’édile sortant, a annoncé sa décision de ne plus assurer la tutelle administrative de cet établissement de santé. Comme s’il était sûr de sa reconduction à la tête de la ville de Dakar. Le premier magistrat libéral de la capitale avait argué qu’il avait injecté une enveloppe financière de 100 millions de francs Cfa dans le fonctionnement de l’hôpital Abass Ndao. Mais, les syndicalistes de ladite structure hospitalière avaient détourné cet argent à des fins personnelles. Des accusations rejetées, du reste, par les syndicalistes.
Mamadou Ticko DIATTA - mdiatta@lequotidien.sn
SUD QUOTIDIEN :
ENSEIGNEMENTS DE LA DEROUTE DES WADE
mardi 24 mars 2009
Quatre avions pour aller visiter deux localités du Fouta, en réaction d’orgueil au succès enregistré par Macky Sall dans cette zone du pays… Puis, quelques jours plus tard, cette déclaration pleine d’aveux à des journalistes : « ma fortune, je l’ai eue par mon travail de financier »..Tout cela venant après le fiasco de l’ANOCI, dont on attend d’ailleurs toujours la publication des comptes.
Décidément, le fils d’Abdoulaye Wade, Karim de son prénom, ne se sera point gêné pour étaler sa fortune financière qui a conduit à son infortune politique. Et il n’est jusqu’à son collaborateur, le sulfureux Hassane Ba, pour jouer sa partition, lui qui a pris un avion spécial pour aller se faire laminer dans son village natal, le désormais célèbre Boïnadji. Dans le lexique des expressions politiques, aller à Boïnadji va désormais signifier retourner dans un lieu où l’on a mauvaise réputation pour prendre une raclée.
Avec Karim Wade au centre du dispositif, sorte de vice-président qui ne dit pas son nom, le Sénégal a été installé ces dernières années dans une nébuleuse politico-institutionnelle, avec l’argent pour religion. Le gouvernement a été mis hors service, au profit d’agences tenues par ses affidés, le parti de son père étêté pour faire place nette à d’obscurs individus habitués des messes basses, tout ceci basé sur des intrigues, des complots et des mensonges. Même ceux qui passaient leur temps à dire à Karim Wade que son destin présidentiel était tracé n’y croyaient pas un traître mot : leur seule ambition était de faire durer le scénario et d’en profiter au maximum.
« Le Pape, combien de divisions ? » avait demandé Staline, au plus fort de la deuxième guerre mondiale. Qui y a -t-il derrière Karim Wade ? Hormis Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, il s’est révélé, à travers l’expression des Sénégalais dans les urnes, que tout se limitait pour le fils du Président à ce statut-là et aux intrigues de quelques individus sur la plate-forme administrative du quartier du Plateau, entre l’immeuble Tamaro, la Présidence de la République et le Point E. Et même là, il fallait être vraiment mauvais en tout, comme eux, pour réussir la prouesse de se faire vitrifier dans son propre bureau de vote et de perdre un peu partout dans le pays.
Après les Sénégalais, il va falloir que les institutions internationales, si promptes à donner ailleurs des leçons, se penchent sérieusement sur la gestion de notre pays, et appeler à la suppression salutaire des nombreuses agences. L’Assemblée nationale et le Sénat sont à dissoudre puisque ne servant qu’à entretenir une clientèle politique même pas capable de gagner le respect de son voisinage. Apix, Anoci, AATR…la liste de ces agences est longue comme une journée d’un chômeur sénégalais. Combien nous coûtent-elles , en termes d’exonérations fiscales, de droits de douanes, de téléphone…Karim Wade, énumère comme succès de son ANOCi à lui la construction d’hôtels par des privés sur la corniche ouest. Que diantre avait-il besoin de 400 milliards de budget pour un tel résultat ? Combien en a-t-il tiré ?
Incapable de réussir « son » sommet, incapable d’en présenter le bilan, incapable de gagner même dans son bureau de vote, incapable de réunir autour de lui des hommes de valeur, le fils de Wade est décidément un looser, seulement apte à perdre. Son affidé Hassane Ba disait que tous les médiocres allaient être balayés. Qu’est-ce qu’il avait vraiment raison le bonhomme ! Allahou Ak Bar, Dieu l’a entendu, et les Sénégalais avec lui : c’est la fin des médiocres et de leurs intrigues, voici venu le temps de la vérité.
Il s’en trouve pour dire que ce sont les élus locaux qui ont été sanctionnés. A d’autres ! Le premier sanctionné est un Wade, Abdoulaye de son prénom, le second sanctionné est un Wade, Karim de son prénom.
Abou Abel THIAM
ETAT DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE Un système bloqué par la prégnance du religieux sur le politique
par Bella Aïcha THIAM | SUD QUOTIDIEN
Analysant les rapports entre élites et pouvoirs dans sa communication, lors du séminaire organisé hier, par le Mouvement Citoyen, en partenariat avec la Fondation Adenauer autour du theme :“les élites intellectuelles face aux réalités de la démocratie au Sénégal”, le Pr Aminata Diaw Cissé en est arrivée au constat que “l’état actuel de notre démocratie rend compte d’un système bloqué avec une prégnance de plus en plus marquée du religieux qui s’accompagne d’une défaite de la pensée critique”.
La philosophe soutient que notre démocratie est en panne. Résultat des courses, dit-elle, les mécanismes de regulation sont grippés au moment où la logique du parti-Etat semble travailler de l’intérieur cette démocratie aux relants monarchiques. L’autre problème soulevé par le Pr Aminata Diaw Cissé est relatif cette domination du religieux sur le politique, citant au passage l’excellent du texte du Pr Ousseynou Kane, chef du département de philosophie de l’Ucad, “La République couchée”.
Face donc à cette situation, la pholosophe estime que le seul rempart à cette panne de notre démocratie, ce sont les medias. Et indiquant au passage que ce n’est pas un hasard si les rapports entre presse et pouvoir sont heurtés.
Certes, le pluralisme médiatique est une excellente chose, dit le Pr Penda Mbow, présidente du Mouvement Citoyen, mais il a aussi son revers puisqu’il semble être à l’origine de la disparition des journaux d’opinion qui “ont joué un role très important dans notre démocratie”. Elle a aussi relevé le manqué d’encadrement des militants que d’aucuns expliquent par la fréquence des elections dans notre pays. Du coup, souligne le Pr Penda Mbow, cette situation favorise le manque ou le relâchement de “conscientisation” politique des citoyens.
Quant au sociologue Souleymane Gomis, il a défini l’intellectuel comme étant un “ homme ou une femme autonome ayant pour activité le travail de l’esprit” ; ou encore “une personne engagée qui défend des valeurs justes et dispose d’une autorité responsable”. Pour lui, l’intellectuel doit être engage dans “ la lutte contre toute injustice sociale, politique, économique ; il doit être situé dans la dialectique de dispersion et du rassemblement”. C’est ce qu’il a tenté d’expliquer en soulevant une dichotomie nécessaire “séparer la théorie et l’acte” parce que, “ le statut de l’élite exige de la rigueur”. Souleymane Gomis conclut sa communication en soulignant que “le Sénégal comporte plus d’intellectuels alimentaires” que d’intellectuels engages dans la defense des intérêts du people.
Dans les discussions, le Pr islamologue Abdoul Aziz Kébé fait constater que dans notre pays il existe des intellectuels qui se cachent sous le parapluie de ce qu’il a appelé les “gestionnaires du sacré” pour ligitimer leur discours. “Comme si le fait de penser de façon autonome par rapport au religieux n’est pas politiquement correct”, dit-il. Pour finir, l’Islamogue a regretté le fait que de nombreuses productions intellectuelles ne soient pas partagées par le grand public, de manière à pousser à l’action.
LOCALES 2009 Les Urnes ont-elles levé l’hypothèque Karim ?
par Madior FALL | SUD QUOTIDIEN , mardi 24 mars 2009
Les Wade, père et fils ont transformé les élections locales d’hier, dimanche 22 mars en un véritable référendum avec deux questions essentielles soumises à l’électorat : Pour ou contre la gouvernance Sopi ? Pour ou contre la transmission du pouvoir au fils ? Ils ont sillonné le pays et invité, tous les deux, chacun dans son axe, les populations à répondre par oui.
Au regard des tendances qui se sont dessinées assez tôt hier, la coalition Bennoo Siggil Senegaal a sapé le « Sopi » d’une coalition et d’un parti, le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui n’ont servi que d’un simple support à des desseins qui n’étaient pas forcément les leurs.
Malgré les prolongations-ci et là à travers le pays des scrutins et les misères qu’on lui a faits, la coalition la plus représentative de l’opposition regroupant tous les partis de l’opposition dans plusieurs localités, sort victorieuse. La victoire de l’unité contre celle de la désunion. La victoire de l’alliance contre celle de la trahison.
Le peuple lui a opéré une autre alternance, celle-là, locale. Une alternance à la base. Mais pas seulement une alternance à la base au profit essentiellement, si les tendances d’hier, se confirmaient, à Bennoo Siggil Senegaal. Mais aussi et surtout, une remise en cause d’une gouvernance libérale qui fatigue.
Et une interpellation directe d’un homme qui s’est personnellement engagé tout en engagement également son propre fils de la génération des constructeurs à laquelle il attendait remettre le pouvoir, le temps pour lui de passer le témoin étant arrivé. Non content de répondre par non aux questions soumises par le père et le fils, levant au passage l’hypothèque du fils, du neveu et de l’oncle sur Dakar, les Sénégalais ont semblé alterner l’arrogant « Sopi » et levé l’hypothèque d’une succession qui passait par les marches de l’hôtel de Ville de la capitale.
Le président de la République est battu pour la première fois depuis 2000 dans son propre bureau au Point E. Son fils, Karim Wade qui n’a jamais « perdu », également laminé dans son propre bureau dans le même quartier où il aspirait être le maire. Le maire sortant de la Ville, Pape Diop dans la foulée fait les frais du rejet populaire. Il est battu dans son fief à la Gueule Tapée où il a rarement perdu. Jamais depuis 2000 en tout cas.
Les autres « hauts » dirigeants du pouvoir libéral et allié ne sont pas mieux lotis. Abdoulaye Faye, le ministre d’Etat à la présidence, ancien président du Conseil régional n’est pas plus heureux à Dakar. Pape Samba Mboup, le ministre chef de cabinet subit le même sort à Grand Yoff. Khalifa Sall et son équipe ne lui laissent aucune chance. La bérézina pour le camp libéral dakarois sauf à Mbao peut-être.
A Thiès, Idrissa Seck se paye un Premier ministre, un vice-président à l’Assemblée nationale, plusieurs ministres dont deux d’Etat : Abdoulaye Diop, Moustapha Sourang, Serigne Diop, Amath Sall de l’Agriculture. C’est pire à Saint-Louis, où le jeune leader du Fsdbj et tête de liste de la coalition Bennoo Siggil Sénégal, Cheikh Bamba Dièye s’offre pas moins six ministres où les ministres d’Etat sont majoritaires. Le maire sortant, le ministre d’Etat, Ousmane Masseck Ndiaye, les ministres d’Etat : Me Ousmane Ngom, Cheikh Tidiane Sy et Me Madické Niang, les ministres Awa Ndiaye et Bacar Dia, l’allié n’ont que leurs yeux pour pleurer. Le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck dans son fief de Mbao tout comme le ministre d’Etat, Souleymane Ndéné Ndiaye, maire de Nguinguinéo ont sauvé l’honneur.
Mieux, Souleymane Ndéné qui a « dignement » représenté le camp du refus de s’aligner derrière le fils en l’assumant courageusement se positionne dans toute recomposition inévitable dans ce camp. Il pourra faire face à Idrissa Seck, qui, fort, de sa victoire dans son fief à Thiès la rebelle, réclamera sa place. Souleymane Ndiaye aura en les personnes de Lamine Bâ et de Moustapha Diakhaté qui se sont inscrits dans le camp du refus au Pds, des alliés objectifs.
Par ailleurs, si les tendances d’hier se confirmaient, se pose la légitimité d’une Assemblée nationale ainsi désavouée.
Le président Wade franchira-t-il le pas de dissoudre l’actuel Parlement, d’en supprimer une des chambres, notamment le Sénat ainsi que le réclament de larges franges du peuple, pour permettre des élections anticipées ? Si oui, en tira-t-il les conséquences si d’aventure, sa coalition perdait à nouveau ? Le Sénégal est assurément à la croisée des chemins. Les électeurs, eux, ont levé hier, l’hypothèque d’une succession à la hussarde qu’on voulait leur imposer.
EN RAVISSANT LA COMMUNE DE SAINT-LOUIS AU PARTI AU POUVOIR Cheikh Bamba Dièye entre dans l’histoire
par Moctar DIENG | SUD QUOTIDIEN , mardi 24 mars 2009
En remportant haut la main, dimanche 22 mars, le scrutin municipal dans la ville de Saint-louis, la tête de liste majoritaire de la coalition Beenno Ligueey Senegaal, Cheikh Bamba Dièye du FSD-BJ, sème la bérézina dans le camp libéral de Ndar, les leaders sopistes se regardant désormais en chiens de faïence. Qui plus est, la victoire éclatante acquise face à la mobilisation politique de six ministres de la République annonce la prochaine reconfiguration politique dans la vieille ville.
Les derniers résultats constatés après le décompte des voix dans les 140 bureaux de vote de Saint-Louis commune, à l’issue du scrutin électoral qui s’est déroulé dimanche, jusque tard dans la nuit, ont finalement confirmé les premières tendances sorties des urnes. La coalition Beenno Ligueey Senegaal dont la tête de liste majoritaire est le leader du FSD-BJ, Cheikh Bamba Dièye, s’est emparée de la presque totalité des centres de vote de la commune de Saint-Louis.
Sur 29 centres, près de 22 sont allés à la coalition regroupant les partis les plus significatifs de l’opposition sénégalaise (Ps, Ld, Pit, Jëf Jël, Apr et Fsd-Bj). La déconfiture des libéraux et de leurs alliés a été ainsi totale dans la capitale du Nord. Ousmane Masseck Ndiaye, le maire sortant de la ville, par ailleurs ministre des Collectivités locales et de la décentralisation, a été sèchement battu dans presque tous les bastions traditionnels du parti libéral à Saint-Louis. Aux quartiers Nord et Sud, dans le faubourg de Sor comme dans la Langue de barbarie, la bérézina a été complète et la pilule dure à avaler pour l’ancien premier magistrat de Saint-Louis.
D’autant que la tête de liste majoritaire de la Coalition Sopi 2009 à Ndar était accompagnée, dans son désir de reconquête de la mairie, par cinq ministres de la République, tous militants du Parti démocratique sénégalais à Saint-Louis. Le ministre d’Etat, ministre de la justice, Madické Niang, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur Cheikh Tidiane Sy, le ministre d’Etat, ministre de l’Industrie et des Pme Ousmane Ngom, le ministre de la Famille Awa Ndiaye, le ministre des Sports Bacar Dia : tous se sont investis à côté du ministre Ousmane Masseck Ndiaye, chacun selon son style, pour faire gagner la liste Sopi à Saint-Louis.
C’est dire à quel point la défaite a été cuisante pour les partisans et alliés du président Abdoulaye Wade, même s’ils tardent encore à faire preuve de faire play et à admettre ouvertement le verdict provisoire des urnes. En point de presse hier, Ousmane Masseck Ndiaye a dit attendre la proclamation officielle des résultats du scrutin pour arrêter la conduite à suivre. Dans l’immédiat, il a toutefois fustigé avec hargne « cet élu municipal » qui ne s’est point engagé pour soutenir la liste Sopi et qui a préféré tout au long de la campagne dérouler un programme parallèle, contribuant fortement à fragiliser le Parti démocratique sénégalais.
Les observateurs politiques à Ndar ont sitôt tourné le regard vers le quartier de Léona, fief du ministre Ousmane Ngom, adversaire certes non déclaré mais manifeste du leadership d’Ousmane Masseck Ndiaye sur les libéraux de Ndar. Des libéraux qui pourraient se consoler certainement de la perte de la commune de Saint-Louis avec la victoire acquise dans l’autre commune du département, celle de Mpal nouvellement créée avec le dernier découpage territorial, en attendant la nécessaire reconfiguration qui ne saurait tarder, à l’issue de ces élections locales, dans le champ politique ndar-ndar comme de l’impérieuse redistribution des cartes au sein même du leadership libéral de la vieille ville.
De toute façon, le grand enseignement du scrutin de dimanche était qu’après sept années de règne unilatéral à la tête de la commune de Saint-Louis, le maire sortant Ousmane Masseck Ndiaye était sommé, sans ménagement, par les populations de Ndar de céder la bride de leur ville, une commune dont le mode de gestion pendant ces dernières années fut loin de refléter leurs préoccupations et leurs besoins. Sortie victorieuse de l’élection municipale, la coalition Beenno Ligueey Senegaal devrait elle installer à la tête de la mairie le leader du FSD-BJ, Cheikh Bamba Dièye. Un natif du terroir, authentique fils de Saint-Louis, qui a séduit bien avant même la campagne par sa prestance, son discours et son sens de l’humain, sur qui les populations comptent énormément et qui a réussi avec ses alliés la prouesse de ravir la gestion de la municipalité au parti du Président de la République en exercice, ce qui reste inédit dans l’histoire politique de Saint-Louis.
WALF FADJRI :
Bonjour Prince héritier
Vous avez suscité beaucoup de curiosité pendant la campagne électorale pour les municipales et rurales. On vous a vu gesticuler et entendu crier. Certains ont compris vos propos, la plupart non, parce que vous leur avez parlé dans la langue de Faidherbe qui nous a gouvernés par la force des baïonnettes et de Roume qui a occupé le Palais avant votre père par décret métropolitain. Aujourd’hui, vous réunissez les atouts de l’un et de l’autre pour régner : vous avez des mallettes de billets de banque comme canons et votre père fait et défait les lois entre son Palais et ses deux chambres. Ils traînaient le handicap de la langue, mais avaient leurs interprètes, messagers et porte-parole pour communiquer. Vous avez également les vôtres et l’un deux a été particulièrement brillant le vendredi 13 mars chez la famille omarienne.
Seulement, ils avaient un avantage sur vous : ils pouvaient obtenir obéissance, car leur autorité reconnue provenait moins d’eux-mêmes que de la position qu’ils occupaient par rapport à nous : un sujet se soumet au commandement de son maître. Mais maintenant, que nous sommes des êtres libres, il vous faut une acceptation volontaire de votre leadership par la société : elle n’y est pas obligée et peut s’y soustraire. Vous devez conquérir les cœurs, gagner la confiance, l’estime et la considération des citoyens.
Montrez que vous faites partie des nôtres. Que vous n’êtes pas que ‘Coumba am nday’ le fils du président, mais un digne fils du pays. Point par votre pièce d’identité, mais par une langue et une culture d’identité, par des valeurs identitaires. Vous et les membres de votre groupe êtes catalogués comme des gens ‘pratiques’ qui accordent plus d’importance aux réalisations matérielles dans une société de valeurs qui donne la primauté à la nourriture de l’esprit, à l’honneur et à la dignité. Montrez-nous que vous n’êtes pas un ‘xonk noop’, mais le petit-fils de Lat-Dior et de Kocc Barma qui connaît nos préceptes moraux et mesure ce qu’il en est comme déshonneur en les violant à travers des déclarations et des actes.
Jusqu’ici, vous êtes comme une matière inanimée sur qui des charlatans soufflent pour donner une vie. Ils parlent et agissent à votre place, vous encensent et vous promettent le pouvoir. Vous n’existez encore que par eux, mais vous ne serez que par vous-mêmes.
Il arrive toujours dans la jungle ce moment fatidique où la lionne décide d’abandonner à leur sort ses lionceaux qui vont vaincre et survivre ou perdre et périr ; Il arrive toujours dans l’arène, cet instant ultime où le dernier préparateur mystique quitte l’enceinte pour laisser son lutteur seul face à son destin.
Le nid de papa poule est tiède et douillet et ses ailes sont sécurisantes alors que dehors, il fait un temps terrifiant : des nuages de fumée, des grondements de colère et des pluies de pierres polluent l’atmosphère. Mais si vous voulez le pouvoir, il faut sortir le chercher. Il est dans la banlieue obscure, insalubre et inondée ; il est dans le Sénégal des profondeurs : entre les roches et les marécages, entre la forêt dense et la brousse épineuse, entre l’argile et la latérite ; il est sous le soleil et la pluie ; il est dans l’air chaud et sec ; il est dans les devinettes, les proverbes et les contes.
Si vous voulez hériter du trône alors comme l’avait fait votre père, entamez votre longue marche, endurez les épreuves dans la dignité et le courage, sans raccourci ni faveur.
Abdoulaye BADIANE Professeur d’Economie au L.SL.L Abadja2@yahoo.fr.
Le 22 mars a rectifié le 19 mars
La Maybach est une marque de voiture allemande, le haut de gamme des bolides de luxe que s’offrent quelques rares fortunes au monde. Plus cher que la Ferrari (200 000 euros), ce symbole d’arrogance et d’exhibition coûte 400 000 euros, les options non comprises. Un ponte du régime s’est offert une Maybach, laquelle doit être le seul modèle dans notre pays. Plus de 250 millions de francs Cfa pour une voiture ! Signe particulier : on ne l’a entendu nulle part. Lui ne s’occupe que de sous… C’est assurément ce genre de comportement, expression d’arrogance, d’ignorance et d’incurie que le peuple vient de sanctionner à travers l’acte de la plus haute portée républicaine jamais enregistré dans ce pays.
On se doit de l’avouer : on avait commencé à nourrir quelques doutes et inquiétudes, en se disant que la ‘sensibilité’ des Sénégalais à l’argent allait servir de terreau de culture de la Génération du concret à coups de centaines de millions de francs ; que le processus d’asservissement des institutions entrepris par les Wade allait finir par imposer leur schéma ; qu’enfin, et pis, le découragement allait finir d’habiter les Sénégalais qui allaient se croiser les bras. Abdiquer !
Bref, on avait commencé à désespérer de notre pays. Ne voilà-t-il pas que, suprême réjouissance, par un dimanche désormais historique, ce 22 mars de glorieuse mémoire, les Sénégalais ont exprimé un Non ! massif au projet de Wade, avant d’aller vaquer tranquillement à leurs occupations habituelles le lendemain lundi. Comme si de rien n’était. Ce pied de nez aux Wade, à leur régime et leur projet monarchique, est un moment historique. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un régime n’avait fait l’objet d’un si fort rejet, un si massif désaveu. Dans son genre, c’est une prouesse de la part de Wade que de cristalliser ainsi une si forte excrétion en si peu de temps.
Les Sénégalais ont sanctionné les fortunes subites, les marchés publics attribués illégalement, avec des commissions à coups de centaines de millions ; ils ont dit halte à l’arrogance, à l’assujettissement de la justice, aux justiciers partiaux, à l’impunité des criminels tueurs de juges ; ils ont refusé qu’une bande des gamins, vulgaires privilégiés soutenus par des apprentis sorciers, soient portés au pinacle ; ils se sont opposés aux interminables et onéreux voyages des Wade, la mise au pas de l’administration financière du pays au bénéfice de Karim Wade le fils, les inacceptables comportements et sorties publiques de Doudou Wade le neveu, les tragiques conduites de Farba Senghor qui écornent l’image du pays… Ce 22 mars a puni les coupables violations de la Constitution et de la conscience civique des Sénégalais, la mise au pas des institutions, les mensonges d’Etat, les options saugrenues comme la location d’un bateau à 8 milliards pour loger d’improbables hôtes de l’onéreuse Conférence islamique…
Ce 22 mars est décidément celui de l’espoir, de la morale retrouvée, du moral recouvré. Wade, incrédule en diable, disait vouloir reprendre son parti en mains. Le peuple a décidé de reprendre sa souveraineté à lui, qu’il n’avait jamais perdue d’ailleurs. C’est la victoire de la vérité sur le mensonge, de la dignité sur l’asservissement, de la république sur les apprentis sorciers à la petite semaine. Le 19 mars 2000 avait été surtout la victoire d’un homme. Le 22 mars 2009 est celle d’un peuple debout, pauvre mais digne dans sa majorité, contre les forces de la corruption.
Abou Abel THIAM
Khalifa Babacar Sall (futur maire de Dakar) : ‘C’est la coalition Benno qui sera responsable de la gestion de la ville et non une personne’
A ceux qui craignent d’éventuel conflits entre l’équipe de Benno Siggil Senegaal qui pilotera la ville de Dakar, et le parti au pouvoir, Khalifa Sall rassure. Il n’y aura aucune difficulté à ce niveau parce que l’Etat du Sénégal est très bien organisé. Les communes et les villes sont des collectivités locales régies dans leur fonction, leur administration et leur existence par la loi et le règlement, fait savoir le socialiste.
Wal Fadjri : Dans quel état d’esprit se trouve l’équipe de Benno Siggil Sénégal que vous avez dirigée, au lendemain de votre victoire ?
Khalifa Babacar Sall : Nous sommes beaucoup plus dans la sérénité, l’introspection et l’analyse pour apprécier cet élan de confiance, d’affection et d’approbation, pour ne pas le décevoir. Wade a été sanctionné parce qu’il a suscité trop d’espoir. Il n’a pas su tenir le langage de la vérité aux Sénégalais. Il n’a pas su nous mettre au travail ni s’intéresser à nous. Il s’est beaucoup plus regardé dans le nombril et a joui du pouvoir au lieu de le servir. Tout cela, ce sont des leçons pour nous et nous savons que la situation à Dakar est claire : sur 19 communes d’arrondissement, nous avons remporté les 14. Les cinq autres sont soit contrôlés par les verts, soit par le Sopi 2009.
Ce qui importe, ce sont les lendemains de la victoire : Comment nous organiser au niveau de Benno Siggil Senegaal pour ne pas décevoir les attentes ? Surtout que nous avons préconisé une gestion participative de la chose publique. Comment devrions-nous faire pour que les Dakarois soient impliqués et responsabilisés dans la gestion ? C’est cela aujourd’hui notre quête, notre ambition et nous voulons que les gens le partagent dans les actes que nous allons poser.
Wal Fadjri : Comment comptez-vous vous y prendre ?
Khalifa Babacar Sall : Nous allons inviter les Dakarois à venir avec nous, pour faire en sorte que les choses puissent être claires dans la définition des priorités, dans la mise en œuvre de notre action. C’est cela notre quête pour que ça aille mieux. Nous en sommes là et quand l’euphorie se sera dissipée, ce sera le moment de la réflexion pour la mise en œuvre parce que nous avons réfléchi à ce que nous allons faire et l’avons proposé aux populations. Ces dernières ont réagi, il s’agit maintenant de se mettre au travail. Et nous y sommes préparés. Ce que nous pouvons dire aux Dakarois, c’est qu’il n’y aura pas de pause. Nous savons où nous allons, comment et avec qui y aller.
Wal Fadjri : Ce langage de vérité marque-t-il une rupture dans la démarche ?
Khalifa Babacar Sall : Tout à fait, nous avons appris à gérer la chose publique. Nous avons une certaine expérience de l’Etat. Nous avons préconisé la transparence, mais celle-ci doit être amplifiée et assumée par l’implication et la responsabilisation des citoyens. Et puisqu’il s’agit de la gestion de la chose locale, c’est plus facile pour nous d’impliquer les citoyens. Et c’est cela qui va nous aider à élargir le champ de la réflexion, le spectre de l’intervention, mais surtout les intervenants.
Wal Fadjri : A quoi votre équipe compte-t-elle s’attaquer en premier ?
Khalifa Babacar Sall : Nous allons hériter d’une gestion de neuf ans, nous nous imprégnerons d’abord de ce qui a été fait. Mais d’ores et déjà, nous avons des choses à faire : c’est d’abord construire une nouvelle administration municipale, faire l’état des lieux et se mettre au travail. Tout en revoyant le budget pour l’adapter à nos objectifs et ambitions. C’est vraiment un travail d’appropriation de ce qu’on trouvera sur place, avant d’entamer les concertations et consultations avec les communes d’arrondissement et les quartiers.
Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas d’éventuels conflits avec le pouvoir, une fois à la tête de la mairie de Dakar ?
Khalifa Babacar Sall : Nous n’y voyons pas de difficulté parce que l’Etat du Sénégal est très bien organisé. Les communes et les villes sont des collectivités locales régies dans leur fonction, leur administration, leur existence par la loi et le règlement. Nous ne sommes pas hors de l’Etat. Nous sommes des démembrements de l’Etat. Par conséquent, il ne peut pas y avoir de conflit. Et nous veillerons à ce qu’il y ait une bonne intelligence avec l’Etat dans ce que nous voulons faire et chacun dans le respect de ses attributions respectives. Nous n’envisageons pas de problèmes, et nous ferons une parfaite synergie avec l’Etat. Nous jouerons notre partition entièrement.
Wal Fadjri : Benno Siggil Senegaal est une coalition, mais, une fois au pouvoir, les coalitions de partis finissent toujours par s’éclater.
Khalifa Babacar Sall : (Il coupe) Nous avons la chance à Dakar d’avoir été une très bonne coalition, c’est-à-dire que nous avions dépassé la question des appartenances à des partis politiques, des problèmes de personnes. Et cela qui a rendu notre travail efficace. Quand nous sommes ensemble, il est difficile de savoir qui est de quel parti. Nous avons fait notre campagne dans cet état d’esprit. Nous sommes tous Benno et c’est cette forme d’organisation qui va prévaloir dans la manière de conduire la ville. Chacun sera à une place où il sera le plus efficace possible, mais la gestion, elle, sera commune parce que c’est la coalition qui est responsable de la gestion de la ville et non une personne.
Propos recueillis par Yakhya MASSALY
Lendemain de défaite de la coalition Sopi : Place au déballage
A la lumière des dernières empoignades verbales dont ils ont fait montre ces dernières heures, les libéraux de Saint-Louis ont perdu le Nord. Après leur cuisante défaite du 22 mars, les ‘frères’ de Me Abdoulaye Wade donnent encore l'impression d'être sonnés tellement le réveil a été brutal pour ces libéraux qui se croyaient invincibles.
Encore groggy, les bleus de la capitale du Nord ne sont pas prêts à procéder à une analyse objective de la défaite de dimanche passé. Alors que l'heure devait être à l'introspection méditative, deux des différentes tendances libérales se sont crêpés le chignon ces dernières heures tout en se lançant des pics. C'est le désormais ex-maire de Saint-Louis qui a ouvert les hostilités, à l'occasion d'un point de presse organisé au quartier général de sa coalition. Toutes voiles dehors, Ousmane Masseck Ndiaye, dont l'intégralité du face-à-face avec la presse a été diffusée dans une radio de la place, a jeté le discrédit et l'opprobre sur certains de ses frères libéraux. Ces derniers sont coupables, selon lui, d'avoir appelé au vote-sanction après avoir perturbé, par leur démarche parallèle, le déroulement du programme ficelé par sa coalition. Ousmane Masseck Ndiaye a, en outre, tressé des lauriers aux ministres Madické Niang et Cheikh Tidiane Sy qui l'ont soutenu, tout en traitant ses autres frères de fractionnistes.
Dans ses envolées, le ministre d'Etat a poussé le ridicule jusqu'à pointer de l’index les correspondants de Sud Fm et Walf Tv à Saint-Louis d'avoir diffusé de fausses informations à son sujet pour l'un et de n'avoir jamais filmé les activités de la coalition Sopi 2009 durant les 21 jours de campagne pour l'autre. Cette dernière assertion de M. Ndiaye a toutefois été réfutée par Youssou Diallo qui a soutenu qu'il a eu à interpeller personnellement, à la demande du journaliste, Ousmane Masseck Ndiaye pour qu'il fasse une déclaration sur Walf Tv, en vain. Par ailleurs, le maire déchu de Saint-Louis a dit attendre la publication des résultats définitifs pour accepter la défaite de la coalition dont il a été la tête de liste majoritaire.
S'étant sentis visés, le camp du ministre d'Etat Ousmane Ngom, Youssou Diallo, Amadou Touré et Cie a apporté la riposte à la mesure de l'attaque. Au quartier Ndioloffène où était conviée la presse, ces libéraux ont fait noter qu'à l'image d'un navire qui a coulé, c'est le capitaine qui doit assumer et non faire porter le chapeau à son équipage. A les en croire, ce n'est pas seulement à Saint-Louis qu'Ousmane Masseck Ndiaye a sacrifié le Pds. Pour Youssou Diallo et ses amis, parce qu'il a procédé à des investitures contestées, en tant que directeur des structures du Pds, l'ex-édile de Saint-Louis est responsable du raz-de-marée national des bleus. Par conséquent, estiment-ils, M. Ndiaye doit en tirer les conséquences et rendre le tablier.
En outre, rappelant que, dans certaines occasions, le silence est d'or, ’les anti-Masseck’ ont expliqué qu'outre une campagne menée de façon clanique, ostraciste et partisane, la première raison de leur défaite est que le Pds a présenté un produit politique invendable en la personne de sa tête de liste Ousmane Masseck Ndiaye. Ensuite, ont-ils expliqué, les fonds dégagés pour la campagne, notamment pour le transport des militants, n'ont été distribués qu'aux proches du maire sortant qui les ont mis dans leurs poches. Youssou Diallo dira que durant ces dernières 48 heures, pourtant capitales pour une élection, la coalition n'a pas su, ainsi, mobiliser. Efin, Youssou Diallo qui portait la parole de ses camarades, a révélé que la coalition Sopi 2009 a péché dans sa communication.
Gabriel BARBIER