Le Festival mondial et le Monument de la Rena
Le Festival mondial et le Monument de la Renaissance risquent de peser sur l’élection de 2012.
En décidant d’annuler la tenue du festival mondial prévue en 2009 et de la reporter pour 2010, vous avez posé, monsieur le président de la République, un acte courageux et salutaire.En décidant d’annuler la tenue du festival mondial prévue en 2009 et de la reporter pour 2010, vous avez posé, monsieur le président de la République, un acte courageux et salutaire. N’eut été ce saut, un échec retentissant attendait tout un pays insuffisamment préparé à accueillir le monde et servir de vitrine aux arts nègres. Mais je dois dire qu’il reste un second saut à faire, à l’image de celui qui a marché sur une braise : c’est d’annuler simplement et définitivement ce festival mondial. L’heure est grave et n’est plus à la récréation ni à la détente, mais plutôt à sortir le peuple du tourbillon des inondations, coupures d’électricité, pauvreté et autres calamités. Solutionner ces souffrances est certes votre combat de tous les jours mais passons-nous surtout de cette passion très senghorienne pour ne pas donner la preuve par deux (1966 et 2010) que «l’émotion est nègre et la raison est hellène».
Je sais que le monde de la culture retient son souffle et prie vivement pour la tenue de cet évènement mais dans de pareilles circonstances, le peuple, préoccupé par ses douleurs, répondra par le mépris à celui qui lui demandera de danser la mort dans l’âme.
Monsieur le Président, on ne vous le dira pas, mais le monument de la Renaissance africaine que vous vous apprêtez à inaugurer est votre principal adversaire électoral et non l’opposition politique. Depuis cinq ans que vous mûrissez ouvertement ce projet, une grande partie de cette opposition n’a jamais levé le doigt, preuve qu’elle ne voyait pas trop de mal en cela. En vous regardant faire, ce n’était certainement pas dans le but de vous laisser aller tout droit vers un précipice dont vous ne sortirez jamais, mais plutôt parce que le projet leur semblait banquable. Maintenant qu’elle a tâté le pouls du peuple et compris son antipathie envers ces géants nus et bronzés, elle se met aux premiers rangs pour fustiger ces colosses prédestinés à coup sûr, à une chute spectaculaire à l’instar des statues de Staline, de Sadam Hussein et même des bouddhas de Bamiyan en Afghanistan pourtant classifiés patrimoine culturel mondial.
Si vous persistez en inaugurant en grande pompe ce monument que d’aucuns considèrent comme un totem, vous aurez organisé le plus grand tapage médiatique contre votre pouvoir et vous vous rendrez compte que contrairement à vos attentes, ce sera le plus court chemin pour exciter et déclencher une révolte populaire. Et les marabouts et autres religieux qui, peut-être par respect et par décence à votre égard, gardent encore le silence, seraient dans l’obligation de vous interpeler.
N’écoutez pas ceux qui vous demandent de foncer car ils ne font que vous enfoncer. La vérité est qu’il faut renoncer à cette inauguration et même à ce projet devenu hélas réalité. Et si l’on vous dit : «Mais vous y avez déjà mis des milliards», répondez : «Oui, mais je croyais bien faire pour le peuple qui n’en veut pas. Je préfère m’arrêter plutôt que de le frustrer davantage.»
Becayediadie / ecayedidie@gmail.com