locales:de quoi se mêle le PRESIDENT ?
Encore en campagne électorale…
Wade continue sa campagne électorale déguisée. Il se rend à Kédougou le 15 mars, alors que depuis des années, il ne s’est pas rendu dans cette localité. Même les émeutes, qui ont entraîné la mort du jeune Mamadou Sina Sidibé, ne l’ont pas poussé à s’y aventurer. Et voilà que la campagne pour les locales enclenchée, il trouve un alibi pour redorer le blason de son parti, sérieusement malmené par l’opposition. Cette commune était sous la direction de Amath Dansokho, une des figures de proue de Benno Siggil Senegaal. Nous osons espérer que les Kédovins sauront reconnaître les experts en promesses électorales…
( Mor Todjangué )
Ñaw !
Amadou Gueye NGOM Lundi 9 Mar 2009
Le Wolof serait-il un spécimen unique au Sénégal? Il parle fort et se répand avec une telle exubérance qu'il donne l'impression du plus grand nombre dans "son" pays où il traite presque avec mépris toute autre ethnie vivant sur le territoire national. Les autres races du continent, à part la blanche, manquent de « civilisation » à ses yeux.
Selon les dictionnaires que j’ai eu la curiosité de consulter, une interjection exprime un sentiment, un ordre ou une émotion. D’où ma stupeur de déceler qu’en wolof, l’interjection « ñaw » esquisse également le portrait voire la personnalité de son usager. Autre détail intéressant est qu’après enquête auprès de jeunes amis sérère, hal pular, socé, le mot n’aurait pas d’équivalent dans leur langue.
Fiel, malfaisance, animosité, opprobre étant ses principales sources d’incubation, Ñaw fermente dans la rancune et point ne frelate ou s’édulcore ; c’est l’approbation tacite de l’acte que l’impuissance, l’apathie ou la lâcheté empêchent de commettre soi-même. Son titrage oscille du simple tournis au tort boyaux qui donna des envies de meurtre à la canaille liberticide de Chicago.
Commençons par les faibles teneurs. Le polisson jouant des tours espiègles aux personnes âgées et qui se fait bouter l’arrière- train par le bélier de la maison…Ñaw-« bien fait pour le vilain. » Valable pour le vaniteux sur le crâne duquel vient de déféquer un oiseau de passage. Le footballeur étranger se fait ramasser les guiboles à quelques mètres du portier national…Ñaw de soulagement s’arrache des tripes.
Ça se corse un peu plus chez les coépouses lorsque le bijou « attrape cœur » de l’une lui est arraché dans la cohue du marché ou bien à la descente du bus : ñaw ! Une cheville foulée n’eût pas été de trop…Cette chipie !
Il arrive, exceptionnellement, que ñaw- fiel s’enrobe de miel-compliment, pour assurer Partner in crime que sa toilette sera une réplique assassine à l’hostilité de la future belle famille… Ñaw ! « Ni rek la…Dóor te sa loxo du laal » Taper, sans avoir l’air d’y toucher…
La teneur monte de plusieurs degrés quand, par homonomie ou extension, le mot devient adjectif, dans le sens de tranchant, pointu, acéré pour l’objet qui sert à couper et piquer. Là, il ne s’agit plus seulement de mouvements d’humeur ; se profilent des caractères : du petit méchant au salaud intégral en passant par la brute et le cynique.
Le couperet du juge s’abat-il sur l’infortuné journaliste ? Voilà que ricanent des confrères ombrageux transformés en dard pointu : « ñaw ! On lui avait dit de faire gaffe… »
En général, le sens d’une interjection varie avec le contexte. Ñaw ne souffre d’aucune ambigüité ; c’est incisif comme une machette, hostile, perfide, et haineux. Aucune commisération ! Pas même sur le corps calciné du détrousseur de mosquées électrocuté en plein dévissage d’ampoules bénites.
Les habitants de cette baraque jouxtant un bâtiment à étage se plaignent que leur toiture serve de dépotoir à ceux d’en haut tandis que ces derniers fulminent d’avoir leur panorama visuel spolié par les hardes pendues sur du fil à linge. Sans parler des eaux usées qui dégringolent des gouttières ou se répandent sur les pas de portes sinon des rats dont on s’accuse réciproquement l’invasion. De chaque côté, les rancœurs s’accumulent et se figent. Si le diable s’en mêle en culbutant le galopin qui jette ses peaux de banane dans la courette de sable, luxe tamisé de la baraque…Ñaw ! On savait que tôt ou tard…
Pénuries et cherté des denrées de première nécessité engendrent beaucoup d’irascibles. Ñaw fuse de partout avec une cécité incendiaire vengeresse dont l’une des premières victimes fût ce ministre chassé du gouvernement pour avoir commis l’imprudence de soûler par ses provocations tout un peuple, en même temps.
- Ñaw ! Pontifient, sur le Net, des kambelistes qui concluent à la justice divine dans l’accident mortel des bodyguards en service commandé.
Ah, ces Wolofs…
Calmez-vous, je ne suis qu’un taquin de métis ethno culturel.
Amadou Gueye Ngom
Critique social
AFP : Lundi 9 Mar 2009
[ Crise ] : il va manquer 270 à 700 milliards de dollars aux pays pauvres en 2OO9.
WASHINGTON (AFP) — Les pays en développement vont faire face cette année à un déficit de financement de 270 à 700 milliards de dollars, estime la Banque mondiale dans une étude publiée dimanche, avertissant que les institutions internationales ne pourront pas combler ce trou à elles seules.
"Les pays en développement font face à un déficit de financement de 270 à 700 milliards de dollars cette année, du fait que les investisseurs privés fuient les marchés émergents, et seulement un quart des pays les plus vulnérable dispose des ressources pour empêcher une hausse de la pauvreté", écrit la Banque dans un communiqué accompagnant la publication de cette étude.
Selon ce document préparé en vue de la réunion des ministres de l'Economie et des banquiers centraux du G20 devant se tenir à Londres les 13 et 14 mars, "les institutions financières ne peuvent pas à elles seules combler ce déficit (qui inclut les dettes privée et publique plus le déficit budgétaire) pour ces 129 pays".
La BM indique que son président Robert Zoellick appelle à "réagir en temps réel à une crise qui s'intensifie et qui touche la population des pays en développement".
"Cette crise mondiale nécessite une réponse mondiale, et il est important" pour l'ensemble de la planète "d'empêcher une catastrophe économique dans les pays en développement", a-t-il ajouté, plaidant pour des "investissements en faveur de filets de sécurité, dans les infrastructures, et les petites et moyennes entreprises afin de créer des emplois et empêcher une agitation politique et sociale".
M. Zoellick avait annoncé en février la création d'un fonds pour les plus vulnérables destiné à inciter les pays riches à venir en aide aux pays les plus pauvres touchés par la crise.
Alors que la Banque mondiale prévoit que l'économie mondiale puisse être en en récession cette année pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, M. Zoellick avait proposé que lors du sommet des chefs d'Etat du G20 prévus à Londres début avril, "les pays développés acceptent de consacrer 0,7% du montant de leurs plans de relance [...] pour soutenir les plus démunis".
Le G20 regroupe les sept pays les plus riches du monde membres du G7, l'Union européenne, et certains pays à l'économie émergente.
Auteur: AFP
Pressafrik : Dimanche 8 Mar 2009
8 mars – Hawa Dia Thiam : « on ne peut pas parler de parité au Sénégal »
En cette journée du 8 mars, une pensée positive va à l’endroit de toutes les femmes. Cette date consacrée mondialement au sexe féminin est un prétexte pour Pressafrik.com d’échanger avec l’ancienne présidente du COSEF, Hawa Dia Thiam sur les avancées de la lutte pour la promotion du droit de la femme au Sénégal. Cet ex-ministre chargé des Relations avec les institutions et par ailleurs conseillère municipale évoque le combat sur la parité. Elle a estimé qu' «on ne peut pas parler de parité au Sénégal». Ce sujet n’est, selon elle, qu’ébauché. Entretien.
Le Sénégal célèbre encore une fois le 08 mars, quelle signification peut-on donner à cette journée en ce 21ème siècle ?
C’est vrai que le Sénégal célèbre le 8 mars qui est journée internationale dédiée à la femme. Elle a une histoire qui date de très longtemps et qui a pour genèse le combat des femmes de New-York et de Chicago en début du siècle dernier. Et vous savez que le 8 mars a été commémoré pour que le combat de ces femmes ne soit pas vain.
Aujourd’hui, il y a une similitude, entre le combat de ces américaines qui se sont battues pour leurs droits syndicaux, qui se sont battues pour une reconnaissance du travail de la femme et du travail des ouvriers en général et ce qui se passe aujourd’hui au Sénégal. Actuellement, nous vivons une situation de crise sur le plan social. Le front social est en ébullition. Tout le monde vit ces problèmes aussi bien les femmes que les hommes. Ce qui fait qu’on ne peut pas célébrer le 8 mars en occultant ces problèmes sociaux auxquels la société sénégalaise est confrontée.
Puisque la femme occupe une place très importante dans la société sénégalaise, le 8 mars devrait être placé sous le sceau du combat que mènent les travailleuses et les travailleurs.
On traverse une crise sociale, une crise économique qui est certes, mondiale mais qui se pose avec acuité au Sénégal. Et elle concerne plus les femmes qui sont les plus démunies. Elles vivent cruellement la pauvreté. Donc, le 8 mars doit revêtir plusieurs aspects.
D’abord on est dans une campagne électorale et dans ce processus, les femmes sont impliquées parce que c’est la gestion locale et tout ce qui est locale a trait directement aux ménages aux fonctions domestiques que les femmes occupent. Il y a plusieurs aspects mais ce qui est important, c’est d’utiliser ces moments forts pour appréhender le rôle de la femme, trouver des solutions à ses difficultés, faire des propositions pour un meilleur devenir de la gent féminine.
Cette journée internationale de la femme ne doit pas être un 8 mars de folklore. Loin de là, les esprits ne sont pas à la fête, ni au folklore. C’est une chose (folklore) qui ne participe pas au progrès social et qui n’honore pas la femme sénégalaise. Ce qu’on doit dire davantage c’est qu’il faut beaucoup plus de détermination. Que les femmes prennent elles-mêmes leurs préoccupations en charge parce que personne ne le fera à leur place. Du coup, ça sera un 8 mars de mobilisation pour le triomphe du combat pour le bien être de la femme sénégalaise. Si on peut se résumer ainsi.
En matière de genre, est-ce qu’il y a des avancées dans la promotion des droits de la femme au niveau institutionnel ?
Il y a des avancées théoriques. On a des mécanismes qui sont en place. On en a en Afrique, au niveau régionale. Le protocole de Maputo relatif aux droits des femmes a instauré la parité. Et aujourd’hui dans la Constitution sénégalaise, il y a un point qui intègre cette question, mais il reste encore à l’appliquer à plusieurs niveaux. Donc on ne peut pas parler ici au Sénégal de parité. Donc on ne peut pas faire de parallélisme des formes. Parce qu’on n’a pas encore harmonisé tous nos textes législatifs et réglementaires avec ce qui se fait au niveau régional comme au niveau international. Théoriquement, il y a le développement du genre, le Sénégal a adhéré aux OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement). Et ces OMD posent la question des sexes et l’éducation pour tous particulièrement pour les femmes. Quant à l’égalité des sexes, j’avoue qu’on n’a pas atteint cela. On ne l’a pas atteint du point de vue économique. En matière de l’élaboration des budgets, tel n’est pas le cas. Par ce que c’est le budget qui te permet de mettre en place une politique pour que les populations puissent elles-mêmes sentir les effets bénéfiques de cet engagement politique. Aujourd’hui on ne peut dire réellement qu’il y a une prise en charge totale. Il y a, tout de même un début qu’il faut vraiment préserver même s’il y a encore beaucoup choses à faire.
Du point de vue des instances de décisions, on ne voit pas encore des femmes occuper des postes clés. A l’étranger par exemple, on voit des femmes au sommet de l’Etat, qui dirigent des ministères stratégiques comme celui de l’Intérieur. Est-ce-que la femme sénégalaise n’a pas encore assez de compétences pour ces responsabilités ?
Je crois que la question d’occuper des postes clés ne résume pas la participation des femmes. Parce que si on occupe un poste clé et qu’on travail pas pour l’ensemble des femmes cela ne sert à rien. Si on met des femmes aux instances de décisions, il faut qu’elles travaillent pour l’intérêt général des femmes. Aujourd’hui on peut dire que les femmes commencent à occuper certains postes au niveau nominatif. Je sais qu’on a un gouvernement où la représentation est très faible. Au niveau du parlement, il y a un début, au niveau des communes d’arrondissement des mairies, des responsabilités locales, il y avait aussi un début, on est en pleine campagne électorale, mais on ne voit pas beaucoup des femmes, il y en a certes mais pas beaucoup. Elles sont certes investies mais il faudrait qu’on puisse leur permettre d’exercer cette possibilité de responsabilité à la base. Et c’est la raison pour la quelle les femmes, en 2007 voulaient que la loi de la parité soit appliquée. C'est-à-dire que celle-ci soit une condition de recevabilité des listes. Dans toutes les listes qui seront représentées et toutes élections devraient être paritaires. Donc alterner la position d’un homme à celle d’une femme ou d’une femme à celle de l’homme. Et là ça permettrait d’avoir des instances paritaires. Et tel n’a pas été le cas. Et cette année on va vers des élections où, il y a des fortes coalitions et quand il y a des coalitions, il ya des difficultés pour pouvoir atteindre cet objectif surtout quand il n’y a pas des lois qui le régissent. Et vous savez que la plupart du temps les dirigeants se mettent devant et nous savons que ces dirigeants sont des hommes. Il reste beaucoup de chose à faire au moment où l’on sait que la loi permet de mettre tout le monde au même niveau et au même pied. Bref, je peux dire qu’il reste énormément beaucoup de chose à faire au Sénégal pour qu’on puisse atteindre l’option paritaire que l’on souhaite dans les instances de décisions. Il y a une faible représentation à l’Assemblée, on est dans les environs de 25% et j’avoue qu’il faudrait en faire davantage, mais c’est au niveau local que c’est important et au niveau des communautés locales, il faudrait qu’on saisisse ces moments forts que les populations puissent voter pour des femmes. Pour qu’elles prennent elles-mêmes en charge les préoccupations des femmes. Même si les hommes sont des gens engagés pour les femmes, mais il y a un aspect féminin qui ne peut être répercuté que par des femmes elles-mêmes. Donc de ce point de vue, il reste encore beaucoup de chose à faire. On est en début de campagne, les listes qui vont gagner, il faudrait que les hommes politiques comme les femmes politiques fassent la promotion de femmes maires, des communautés rurales et des femmes présidentes de conseils régionaux. Je crois que le jour qu’on laissera le pouvoir aux femmes, le Sénégal verra une avancée et changera. Ça c’est mon intime conviction .
En politique par exemple, malgré la loi sur la parité, elles continuent à jouer le rôle de rassembleur, de mobilisateur. Est-ce-que ce n’est pas parce qu’elles se plaisent à cela ?
Malgré la loi sur la parité, il faut nuancer. On n’a toujours pas la loi sur la parité. C’est une disposition dans la Constitution qui fait qu’on doit avoir une loi sur la parité. Donc le combat sur la parité n’est qu’entamé. On n’a fait que l’ébauché. Il faut que le code électoral soit revu et modifié pour qu’on puisse mettre dans les conditions de recevabilité des listes une disposition qui fait que chaque parti et chaque coalition déposent des listes paritaires. A partir de ce moment là on pourra parler de parité. Les femmes par nature sont rassembleuses, une femme est maire et a des enfants et quelqu’un qui a des enfants est obligé de rassembler. Naturellement, il y a des aspects de rassembleurs qu’on a. Mais aujourd’hui les femmes n’accompagnent plus, elles veulent être là où ces hommes qu’on accompagnait sont. On est du point de vue démographique un nombre important, nécessairement, quiconque fait la politique ne compose pas avec les femmes n’aura rien. C’est nous qui élisons pourquoi ne pas nous élire nous-mêmes. Il faut avoir une autre lecture et changer de mentalités en vers les femmes. Parce que la question des compétences ne se pose pas. Elle ne doit pas être posée. On peut continuellement renforcer les femmes car elles ont l’humilité de dire que je ne connais pas contrairement aux hommes. Et elles fissent par bien faire. Il faut qu’on change les mentalités.
Auteur: Ibrahim Saandi Kemba (Stagiaire
Ferloo.com : Dimanche 8 Mar 2009
Pr Penda Mbow : « Quand Wade quittera le pouvoir, il partira avec beaucoup d’hommes politiques »
Penda Mbow invitée de la Rfm, l’on achemine vers la fin d’une génération d’hommes politiques au Sénégal. Parce que, dit-elle, "je suis convaincue que quand Me Wade quittera le pouvoir, il partira avec beaucoup d’autres hommes politiques". Elle poursuit pour affirmer que « c’est un nouveau leadership qui va émerger ».Cependant, prévient la présidente du Mouvement citoyen, « il faut bien préparer cela et restructurer l’espace politique ». Car, dit-elle, « on ne peut pas laisser la jeunesse livrée à elle-même. Dès lors, soutient-elle, « les germes d’une crainte se font de plus en plus visibles, surtout avec cette tendance de raccourcie pour s’enrichir via la politique ». « J’ai peur », a-t-elle affirmé. Mme Penda Mbow a, par ailleurs, estimé que « notre Assemblée nationale a son image ternie à l’intérieur et à l’extérieur du Sénégal qu’il urge de la renforcer par différentes manières ». A cet effet, elle suggère que « l’école soit au cœur de notre système démocratique ».
Abordant un autre sujet de l’actualité nationale marquée par la campagne électorale, la présidente du Mouvement citoyen estime que « les femmes n’ont pas atteint une égalité parfaite sur les listes. Même si, dit-elle, des avancées sont notées avec des femmes têtes de liste dans certaines localités du pays ». Cependant, elle est d’avis que "pour atteindre cette égalité, il faudrait aller dans le sens de doter les femmes des moyens financiers et d’améliorer leur formation intellectuelle". Penda Mbow se dit satisfaite aussi, de la présence des listes citoyennes dans cette compétition électorale, avant de regretter le fait qu’elles sont hébergées par des partis politiques. Car, argue-t-elle, « en démocratie, il ne devrait pas y avoir des limites ». De plus, ajoute-t-elle, « dans cette campagne, je ne vois pas le besoin de faire un moyen de redynamisation de la politique, de battre les cartes ». Aussi, martèle-t-elle, « je suis gênée par la descente de Me Wade pour battre campagne. Ce n’est pas son rôle. De même, je dénonce la violence. Il faut laisser les citoyens exprimer librement leur choix, car nous avons besoin de construire le Sénégal ». Dans la foulée, elle demande à Me Wade « d’arrêter de jouer au chat et à la souris ». Cela, en réaction de sa déclaration qu’il « mettre le Sénégal entre les mains des constructeurs ». « Au nom de quoi devrons nous transformer notre république en une monarchie ? », s’interroge-elle, dépitée d’une telle attitude. Et pour cause, selon elle, « faire de son fils son héritier est le plan de Me Wade depuis son arrivée au pouvoir ». « On ne doit pas transplanter cet amour filial à la démocratie ». D’ailleurs, elle invite les démocrates à « défendre » notre démocratie. Analysant la situation sur la condition féminine au Sénégal, la présidente du Mouvement citoyen estime que des efforts ont été faits, mais dit-elle, « au Sénégal, on a un culte de la femme lié à notre culture ». Aussi Mme Penda Mbow exige du gouvernement d’aller en profondeur des choses, en posant les vrais problèmes relatifs « à la famille, à la polygamie, à la limitation du nombre d’enfants.., si nous voulons avancer ».
Auteur: Abdou TIMERA
Pressafrik : Dimanche 8 Mar 2009
Affaire Babacar MBENGUE de Mboro : le silence de loi encourage la violence politique.
Au moment où l’école sénégalaise est en crise à l’image de tous les secteurs économiques, culturels et sociaux du pays, Maître WADE se laisse huer à Ziguinchor par les populations qui en ont marre de ses parades coûteuses et inutiles. On dépense sans compter pour transporter et entretenir des militants tout au long de ses tournées pour donner l’impression d’être populaire. Et les médias d’Etat de jouer leur partition de façon véreuse, surtout la télévision nationale, pour nous présenter une brume sous les apparences d’un soleil au zénith. Notre cher président parcourt le pays de Ziguinchor à Matam en passant par Kolda pour battre campagne de façon déguisée pour le compte de ses tocards. Au finish, il récolte le dépit populaire et des pertes en vies humaines par accident. Pendant ce temps, le gaz se fait toujours rare, le coût de la vie demeure toujours insupportable, l’insécurité touche même le représentant du FMI au Sénégal qui a vu son domicile cambriolé. La violence accompagne la campagne électorale et fait ses victimes. A Mbour leur querelle de bas étage débouche sur la Mort par « crise cardiaque » d’une autorité politique. A Dakar et dans certaines zones du pays, des maires sortants sont copieusement hués par les populations. Des responsables du parti au pouvoir tabassent un des leurs à Kédougou en l’accusant d’avoir fait main basse sur leur budget de campagne. Et à Mboro, Babacar MBENGUE, victime de son engagement patriotique, voit sa maison assiégée par une meute de voyous armés de gourdins et de pierres, sa voiture calcinée… « La distance de l’homme à la bête est souvent si proche ». Ces actes de lâcheté souvent posés par cette nouvelle race de dirigeants que nous avons, confortent la véracité de ce propos du poète Amadou Lamine SALL. Qu’avons-nous fait au bon Dieu pour mériter cette situation?
Aujourd’hui, mon peuple a les plus grandes difficultés pour se libérer du cercle vicieux des promesses mirobolantes de notre Grand Maître émérite de la diversion. Sous prétexte de faire une tournée économique, il prêche avec la dextérité de la ruse du renard, s’armant de son talent à faire rêver les non avertis, et pêche dans les eaux de la déche populaire généralisée. Dans sa tournée, le drapeau bleu de son parti remplace celui de la République (encore le bleu très prisé par la Fédération de loges maçonniques en France intitulée « la Maçonnerie bleue » portée vers le libéralisme), le discours partisan éclipse celui étatique allant jusqu’à promettre de laisser le pays à une génération de constructeurs. Quelle farce grotesque ! Président, personne ne vous a investi de la mission de vous choisir un successeur ; cette tâche incombe au peuple souverain. Libre à vous de rêver et de faire rêver les ignorants et les plus esprits faibles ! James West avait raison de s’écrier : « Je ne crois plus au compte de fée même si cela venait de moi ».
Le caractère référendaire de ses joutes électorales ne laisse pas Maître indifférent surtout qu’il risque de voir la liste de sa coalition laminée partout au Sénégal à cause de la colère grandissante des populations étouffées par la gabegie de sa « famille princière » et les dérives de son équipe d’incompétents. La force des coalitions d’opposition vole le sommeil aux tenants du pouvoir. Des franges importantes de son camp se sont rebellées contre l’arbitraire qui voudrait placer son fils au premier rang avec des velléités de briguer la mairie de Dakar. Ces derniers parmi lesquels le Docteur Lamine BA, Moustapha Diakhaté… sont menacés d’exclusion du PDS par notre grand père « démocrate ». Il n’a pas assimilé les leçons de démocratie et d’éthique de responsabilité servies par nos défunts Mamadou DIA, Sémou Pathé GUEYE etc. Que Dieu les accueille dans son paradis.
Lorsqu’on n’a pas l’expertise nécessaire pour lutter contre l’insalubrité, les problèmes d’assainissement, le déficit d’éclairage public, l’insécurité, les problèmes liés au système éducatif défectueux, au système sanitaire chaotique, à l’absence de programme culturel apte à créer de l’enthousiasme culturel aux sein des populations et la raréfaction des espaces sportifs relégués au second plan par la boulimie de la terre de ces gouvernants qui n’hésitent pas à détruire des stades pour y construire des cantines… lorsqu’on a pas l’expertise nécessaire pour mener à bien une bonne politique de coopération internationale profitable à sa localité, lorsqu’on est pas porté vers la transparence dans la gestion de nos deniers publics comme le fils du président qui se cache toujours derrière son père pour ne pas faire le bilan de nos milliards gérés dans le cadre des chantiers douteux de l’Anoci, il devient plus sage de se soustraire de ces élections locales en vue.
Nous voulons attirer l’attention des populations sur la gravité de certaines pratiques qui sont souvent d’actualité dans des moments de campagne électorale : l’achat de conscience, les trafics d’influence, les intimidations… Refusez de vous laisser acheter par des billets de banque ; votre dignité n’a pas de prix. Ne vendez pas votre carte électeur ; votre choix n’a pas de prix. Ne déléguez pas votre vote ; cela hypothèque votre avenir. Allez changer votre carte d’électeur si vous êtes dans une localité charcutée par le pouvoir récemment sans avoir reçu le quitus des autochtones. Protégez votre vote en restant debout et déterminé à opposer de la résistance à toute tentative de violation des règles électorales au soir du 22 mars. Dites le à votre famille, vos amis et concitoyens partout où vous êtes !
Sans doute, Dakar refuse Karim… mais c’est le Sénégal qui, aujourd’hui, refuse WADE et son régime. Que les coalitions de l’opposition restent vigilantes et évitent de se laisser distraire par les violences verbales ou physiques. La violence est à bannir d’où quelle vienne. L’Etat a l’obligation de jouer sa mission régalienne en garantissant la sécurité des citoyens. Les populations attendent d’être rassurées par des programmes forts, porteurs d’espoir. Aucun pouvoir, fusse-t-il le plus despotique du monde n’est pas éternel. Méditons la triste fin de Lansana Konté et de Nino Vieira pendant qu’il est encore temps. Nous ne sommes pas des moutons de panurges bon pour l’abattoir d’une quelconque dévolution monarchique du pouvoir.
Tafsir Ndické DIEYE
Auteur de polars et de poésie dont :
Odeur de sang (polar), Silence ! On s’aime (poésie)
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
Mail :ndickedieye@yahoo.fr
WebNews : Dimanche 8 Mar 2009
[ Rapport ] Les nouvelles autoroutes africaines de la cocaïne
En 1997, les saisies de cocaïne à destination de l’Europe transitant par l’Afrique ne dépassaient pas les 500 kilos. Dix ans plus tard, elles s’élèvent à près de 5 tonnes. Il s’agit de l’augmentation la plus constante, la plus méthodique et la plus spectaculaire, qui indique un changement de cap, de nouvelles interfaces, des modus vivendi innovants, qui s’appuient sur trois constantes.
D’une part, l’utilisation d’espaces peu contrôlés, désertiques, aux infrastructures médiocres, le meilleur exemple étant la Mauritanie. D’autre part, la combinaison de transferts allant des (classiques) grandes quantités (propres au trafic de cocaïne) à ceux, nouveaux pour la cocaïne, portant sur plusieurs centaines de kilos mais véhiculés par des petits porteurs qui livrent directement les banlieues, trafic que l’on pourrait qualifier d’ethnique. Il s’agit là d’une patente qui concernait, par le passé, le transport d’héroïne.
Enfin, en ce qui concerne l’entrée dans l’espace européen, l’utilisation des places que l’Union Européenne qualifie "d’ultrapériphériques", leur octroyant un statut douanier et portuaire proche de celui des ports francs. Les Canaries, proches du Maroc et de la Mauritanie, en sont le meilleur exemple.
Les espaces ultrapériphériques et les pays ultrapauvres sont parallèlement utilisés pour le blanchiment d’argent issu de ce même trafic. Ce dernier point est important. Il participe de deux phénomènes qui ont leur importance: en ce qui concerne les régions ultrapériphériques le blanchiment stimule la corruption au sein même de l’Europe, faisant de ces espaces des lieux de non droit. Pour les pays comme la Mauritanie et le Maroc, cela implique la participation de structures informelles de transfert d’argent qui côtoient les réseaux islamistes.
Le long de l'ancienne route du sel saharienne
Les cartels latino-américains restent toujours actifs: rien qu’en 2008, 3,2 tonnes de cocaïne ont été saisies le 7 février au large de la Guinée-Bissau, sur le "Junior", un bâtiment battant pavillon panaméen; 2,5 tonnes ont été saisies le 29 janvier au large du Liberia sur le Blue "Atlantic", un bateau de pêche.
Cependant, parallèlement aux axes classiques et directs qui, partant des Amériques utilisent les pays du Golfe du Gabon et plus généralement ceux de l’Afrique de l’Ouest, deux nouvelles tendances apparaissent: des grandes cargaisons de cocaïne à destination transitaire de la Mer noire (principalement l’Ukraine) sont chargées dans des bateaux de pêche profonde, transbordés au niveau des Canaries et déchargés sur la côte mauritanienne pour enfin prendre la "route du sel" saharienne, les ex-territoires du Sahara espagnol et le Maroc.
Ainsi, les Canaries deviennent non seulement un point d’entrée dans l’espace Schengen, mais aussi un lieu de transit vers la Mauritanie et les ports méditerranéens qui s’étendent depuis le Maroc jusqu’en Lybie. La route est longue mais sécurisée, et c’est là l’essentiel. La Méditerranée devient à nouveau un interface de taille, touchant les ports français, espagnols, italiens, grecs, albanais, croates et slovènes, sans pour autant utiliser la fameuse "route des Balkans".
Un tiers des passeurs arrêtés à Roissy sont Africains
Ces réseaux rejoignent en Mauritanie d’autres, plus classiques, qui font soit le chemin inverse depuis la Mauritanie vers les Canaries soit continuent leur chemin vers le Maroc ou les aéroports européens. Désormais, un tiers des passeurs arrêtés à Roissy sont d’origine africaine. Mais tandis que, pendant les décennies 80-90, la majorité était constituée de Nigérians, aujourd’hui la palette s’est diversifiée (Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal, Niger, Guinée et Guinée Bissau, Cap Vert, etc.).
Même si le modus operandi entre le trafic des êtres humais et celui des drogues est différent, il commence à être complémentaire. En effet, les passeurs utilisent le fait que tous les regards sont tournés vers le trafic d’êtres humains, pour passer ailleurs mais en même temps la cocaïne. On opère de la sorte aux Canaries, à Lampedusa, à Malte, mais aussi en Méditerranée orientale (îles grecques, ports de Durrës, de Vlorë -Albanie- de Rijeka -Croatie- et côtes italiennes, Slovénie).
Malgré la pauvreté des moyens mis en place en Mauritanie les saisies sont impressionnantes et indiquent surtout l’importance du trafic. Le port de Nouadhibou en est l’entrée principale, avec deux saisies en 2007, une de 625 kilos (voie aérienne) et une autre de plus de 800 (voie maritime?).
Le trafic s'appuie sur les différents géopolitiques et frontaliers
Cependant, les statistiques, comme tout le reste, ne sont pas fiables. Entre la saisie et la destruction d’un des lots plus de 200 kilos ont disparu. Il est vrai qu’un des suspects était Sidi Mohamed Ould Haidalla, fils de l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidalla, ce qui permet pas mal de manipulations et l’utilisation du "problème sahraoui" où sont sensés s’être refugiés deux autres suspects de nationalité française.
Une fois encore, les différents géopolitiques et frontaliers permettent la mise en place de réseaux solides et le sacrifice de ceux des opposants potentiels. L’Algérie, le Maroc, la Mauritanie le Polisario, la révolte touareg participent au problème et pas à sa solution.
Au contraire. La protection politique et le cloisonnement des réseaux "ethniques" multiplient les filières verticales qui vont jusqu’à la distribution et qui sont aussi un moyen de financement important des "causes oubliées".
Ce n’est donc pas un hasard si les hubs de distribution ethniques des quartiers sont désormais alimentés directement, aux dépends des "circuits courts" alimentés par Londres ou Amsterdam. De l’autre côté de la chaine, dans les pays transitaires africains règne l’impunité. Et ce pour deux raisons.
Le système judiciaire n’était pas prêt pour une telle "invasion". Mais surtout, les sommes engagées dans ces pays dévastés (Mauritanie, Guinée Bissau, Cap Vert, etc.) court-circuitent toute velléité d’Etat de droit et achètent les consciences des plus hautes autorités des Etats.
On observe parallèlement le même phénomène dans les pays de la SADC et de l’Afrique de l’Est, mais cela est une autre histoire…
Auteur: rue89/ Drugnews
Walf fadjri :
Une semaine après le début de la campagne : Karim Wade introuvable
Wanted ! Une telle réclame pourrait bien être placardée sur les tableaux géants des grandes avenues de Dakar. Une capitale pour la direction de laquelle Karim Wade est pourtant candidat sans que personne ne le voie aller au charbon.
Hier, on a bouclé une semaine de campagne. Une semaine pendant laquelle, la plupart des candidats ont, peu ou prou, organisé des manifestations ou participé à des rassemblements publics. Mais, jusque-là, une curiosité demeure : Karim Wade, bien que candidat au Conseil municipal de Dakar, demeure introuvable sur la place de Dakar. Candidat à la succession de Pape Diop à la tête de la mairie, il devrait, à ce titre, se mêler à la danse en battant campagne comme ses camarades de coalition engagés dans la compétition électorale. Pourquoi, alors, ce retrait subit de Karim ? Lui est-il arrivé quelque chose lui empêchant d'aller à la pêche aux électeurs? Ou, est-ce par stratégie qui consisterait à éviter à faire découvrir ses limites et mettre les Sénégalais dans le doute jusqu'au ‘jour-J’, qu'il agit ainsi ? Nos investigations n'ont guère permis d'en savoir grand-chose mais en se mettant en retrait de la campagne électorale, Karim Wade pose un acte politique sans précédent. En effet, jamais, dans l'histoire politique de notre pays, on n'a vu un citoyen se faire élire à un quelconque poste sans, au préalable, aller à la rencontre des populations pour soumettre à leur appréciation son projet de société. Pour certains de ses adversaires politiques, c'est par peur de mettre à nu ses limites politiques qu'il a adopté une telle attitude.
‘Il n'a aucun projet de société, n'a rien à proposer aux Sénégalais et ne sait rien en matière de gouvernance locale, c'est pourquoi, il ne descendra pas sur le terrain politique pour battre campagne’, explique la Présidente nationale des femmes du Parti socialiste qui se fait menaçante en laissant entendre : ‘De toute façon, nous l'attendons de pieds ferme.’ De l'avis d'un observateur politique qui a préféré garder l'anonymat, l'absence de Karim Wade de la campagne peut être liée à un problème culturel d'adaptation à des formes de violence verbale auxquelles celui-là n'est pas habitué. ‘S'il bat campagne, il s'expose. Or, il n'est pas préparé à cela’, confie notre interlocuteur. Au contraire de ce qu'il pense y gagner, soutient ce dernier, les élections locales risquent d'être le lieu de liquidation politique du Président du conseil de surveillance de l’Anoci. Une chose est, en tout cas, sûre. Si le fils du président de la République reste absent de la scène politique durant toute la campagne et qu'à l'issue du prochain scrutin, sa liste passait, les Dakarois auraient pris sur eux de faire un saut dans l'inconnu. Autrement dit, ces derniers auraient choisi de porter leur préférence sur quelqu'un qui n'a jamais décliné son programme de gouvernance. Cela est d'autant plus grave qu'il est prêté au patron de l'Anoci, l'ambition de diriger la mairie de Dakar et le fait de ne pas le positionner à la première place de la liste Coalition Sopi 2009, n'est, pour beaucoup de gens, que pure diversion.
Mais ce qui est le plus gênant dans ce mutisme de Karim Wade, et qui serait certainement une arme politique dont ses pourfendeurs useraient volontiers contre lui, c'est que cela renforce l'image que renvoie Wade-fils à l'opinion et qui est que ce dernier n'est capable de rien faire par lui-même. Tout lui est, chaque fois, servi sur un plateau d'argent sans aucun effort de sa part. En effet, selon nombre de Sénégalais, contrairement à ce que soutiennent les partisans de l'ex-agent de Barclay Bank, ce dernier n'a aucun mérite. Et les arguments qu'avancent ceux-là, c'est qu'autant pour l'Agence nationale pour l'Organisation de la conférence islamique dont il est toujours le patron que pour toutes les structures par où passent les gros investissements en faveur du Sénégal et dans lesquelles son nom est souvent cité, c'est l'Etat le premier acteur. ‘Laissé à lui seul et sans l'appui de l'Etat, Karim n'aurait rien fait’ et ne se serait certainement pas prévalu leader de la Génération du concret.
Du côté politique, aussi, l'on est à s'interroger sur les compétences réelles du fils de Wade-président. Son aura acquise jusque-là relève moins d'actes majeurs qu'il a eu à poser dans ce sens et qui auront convaincu ses concitoyens que d'un excès de zèle de ses sbires. Ces derniers, préposés à la tâche de faire le marketing du produit ‘Karim’, s'en donnent à cœur joie en tentant, par tous les moyens, à faire croire aux Sénégalais que leur mentor est le meilleur président qu'ils pourraient avoir lorsque son père aura libéré le fauteuil présidentiel. Ce travail de promotion a été facilité par le père, lui-même. Me Wade a tellement mis son fils au-devant de la scène, vanté les mérites de celui-là que le reste devenait facile pour les partisans du célèbre candidat au Conseil municipal de Dakar.
Et le dernier acte, et non certainement l'ultime, acte posé par le président de la République, c'est d'amener son fils auprès du Khalife général des Mourides pour que ce dernier prie pour lui. A quel dessein ? Allez savoir ! Avec la présente campagne, l'occasion était belle pour qu'enfin Karim Wade se dévoilât au public et coupât court aux nombreuses supputations à son propos. Hélas, il a décidé de prêter encore le flanc à ses adversaires. Il attendra, comme à l'accoutumée, que ses sbires balisent le terrain, fassent le travail nécessaire pour en récolter les fruits. Sans coup férir. A ce niveau, le maire de Dakar sortant est en train de s'acquitter merveilleusement de son job et de mettre en œuvre son engagement, celui d'aider le fils du président à atteindre le sommet.
Aguibou KANE
El Hadji Malick Sy et les états de la spiritualité : la leçon de Modestie
Il y a une facette méconnue de l’œuvre de Cheikh El Hadji Malick Sy à travers laquelle s’exprime tout son enseignement spirituel, durablement enraciné dans la démarche propre à la Tijaniyya. C’est dans ces ouvrages qu’il traite de thématiques fondamentales, liées au soufisme, telles que l’éducation spirituelle, les cheminements de l’aspirant, le Zuhd, les relations sociales (Mu‘âmalât) et le rapport à Dieu. Bref, tout un champ du soufisme déblayé par Cheikh El Hadji Malick Sy, la plupart du temps, en poésie par souci pédagogique (plus facile mémorisation), mais aussi à travers des traités comme l’incontournable Kifâyatu Raghibîn [2].
Dans le cadre du présent article, nous voudrions revenir sur trois notions redondantes dans son œuvre et inhérentes à la quête spirituelle en tant que cheminement mais aussi manière d’être. Celles de Crainte, d’Espérance et de Tawassul nous semblent à même d’aider à une tentative d’analyse de la Qasîda de Cheikh El Hadji Malick Sy connue sous le nom de ‘Falâ Budda’ expression ouvrant son Matla‘ désignant, en prosodie, le premier vers. De plus, cette Qasîda paraît recouper l’attitude et l’enseignement de cet érudit tout faits de modestie et d’un sens élevé de l’équilibre. Le professeur Rawane Mbaye exprime cela de manière plus pertinente en parlant d’un véritable ‘pôle d’attraction entre Sharî’a et Haqiqa’
Fidèle à l’attitude d’humilité qui sous-tend toute son action mais aussi sa quête spirituelle, Cheikh El Hadji Malick Sy met toujours en avant le principe de crainte ou de conscience intime de Dieu. Sans perdre de vue, la facette miséricordieuse, Il ne se fie pas non plus aux états d’optimisme excessif que confère aux dévots l’autosatisfaction démesurée.
C’est pour cela, dans cette qasîda, Maodo [3] semble habité par une sorte de ‘kurbat’, non pas dans le sens d’une anxiété ou d’un tourment liés à une quelconque culpabilité, mais de cette opération psychospirituelle dont parlait Henry Corbin. Dans la perception de Cheikh El Hadji Malick Sy, cette opération symbolise un retour à Dieu qu’il n’a, de fait, jamais quitté de son cœur et de son esprit.
Cet état se manifeste à travers toute cette qasîda comme réitéré dans l’expression ‘fa mâ liya ghayru-l-lâhi jâbiru kasratî’. En somme, une conscience de l’inéluctabilité d’un retour constant au Seul Indispensable. Car, conçoit-il, au milieu des turpitudes et des incertitudes de la créature tourmentée, il n’est point d’utilité de frapper à d’autres portes sinon un retour sincère à Dieu ‘wa qar’iya bâb al-ghayri yâ rabbi lam yufid’.
En usant de ce ‘je’ tout sauf narcissique mais purement par souci d’exemplarité, Cheikh El Hadji Malick nous apprend à savoir se diriger vers celui qui détient la clé du dénouement, seul capable de délivrer de cette ‘kurbat’ (kurbatî) introduite dès le début de la qaçîda et qui, en définitive, en détermine la rime en ‘tî’. Sans trop nous attarder sur ce terme, nous pouvons simplement le comprendre comme cet état d’une tourmente par conscience de l’énormité du devoir. On peut se demander si les détracteurs des confréries qui croient avoir le monopole du Tawhîd ont essayé une seule fois de se donner la peine du minimum requis d’honnêteté intellectuelle : lire avant de critiquer ! On ne peut égaler les véritables soufis dans leur manière de vivre le Tawhid, cette conscience de l’Unicité de Dieu. Cheikh El Hadji Malick Sy n’a cessé d’y insister à travers son œuvre avec finesse et pédagogie.
Oscillant constamment entre crainte et espoir, dans Falâ Budda, Maodo loue le Seigneur en l’invoquant de son nom ‘karîm’, le Généreux, étant assuré par son ‘yaqîn’ qu’il demeure le seul refuge ; celui-là même capable de préserver des tourmentes et des craintes. Il se livre à une multiplication des invocations par l’usage articulé des Asmâ al-Husnâ : al-halîmu (Le Charitable, Le Clément), capable d’accorder sa Miséricorde aux vertueux comme aux plus fautifs et al-çabbûru, celui que ne peuvent point affecter ni péchés ni les offenses, d’où, donc, sa capacité à les pardonner (fa anta halîmun yâ çabbûru liman jafâ). Bref, une parfaite maîtrise aussi bien de la prosodie que de l’art d’agencer les termes porteurs de sens (al-ma’ânî), notamment lorsqu’il s’agit de rendre compte des états spirituels avec une fine technique et une rare pédagogie dont Cheikh El Hadji Malick Sy a le secret.
Il revient, alors, sur ce parcours du ‘tawakkul’ dans le long cheminement spirituel du soufi. Le point de départ de ce parcours est la conscience de l’unicité de l’issue comme du refuge sans lequel il n’est point d’échappatoire (mahrab) ‘(fa lammâ badâ lî annahû laysa mahrabun, siwâ bâbika-l-hâmî madadtu yudayyatî’.
Ce tawakkul est exprimé avec la manière des hommes du taçawwuf dont le principal viatique est la conscience intime de Dieu nourrie d’humilité. Etant, donc, certain de l’unicité de l’issue comme de l’échappatoire, Maodo ne fait qu’affirmer l’impuissance de la Créature devant le Créateur qui traduit le devoir et l’attitude de modestie. C’est pour cela qu’il eut recours à la figure de style du taçghîr (l’usage des diminutifs). Au lieu de dire ‘yadî’, pour exprimer cette main tendue vers Le Tout Puissant en implorant sa magnanimité, Cheikh El Hadji Malick lui préfère son diminutif ‘yudayyatî’, pour enchaîner par une suite de locutions et de termes affirmant la petitesse, l’insignifiance et l’extrême pauvreté (du’f, iftiqâr, fâqat, dzillat) par rapport à l’incarnation même de la Suffisance et de la Grandeur : Dieu. Il nous enseigne, là, que nous ne sommes que faiblesse et dénuement et ce, quel que soit le degré d’adoration et de dévotion.
Il fait de l’imploration du pardon, un devoir constant. Maodo donne l’exemple en se préoccupant, non pas des seuls péchés ‘dzanb’, mais des ‘simples’ faux pas dont, le plus souvent, nous ne sommes même pas conscients ‘zallat’ (li taghfira lî yâ rabbi min kulli zallatî). D’où ce recours à une énumération en crescendo de qualificatifs exprimant tout ce qui est en l’homme de méprisable (dzalîl) et de misérable ‘haqîr’).
Et c’est comme tel qu’il dit se présenter devant le Seigneur pour qu’il le délivre de toutes les adversités. Il veut nous enseigner, ici, que l’attitude d’orgueil, de suffisance et d’auto-satisfation n’est pas la meilleure pour une quelconque élévation spirituelle, mais aussi qu’on ne peut désespérer de la Miséricorde et la gratitude de Dieu (lâ taqnatû min rahmati-l-lâhi) sans toutefois tomber dans l’excès du Amn bi-mari-l-lâh !
La notion d’espoir ‘rajâ’’ peut être ainsi comprise dans la démarche de Maodo comme cela revient très souvent dans son œuvre. Ailleurs, dans une autre qasîda bien célèbre par le haut degré d’affirmation du principe de Tawhîd (unicité de Dieu) et du Zuhd (ascétisme et désintérêt du bas monde), Cheikh El Hadji Malick Sy interpelle son Seigneur avec espoir en ces termes : ‘Wa laysa birruka makhçûçan bi man hasunat hâlâtuhû… ’, (Ta bienfaisance n’est pas exclusivement réservée aux seuls bienfaisants ...)
Dans falâ budda, précisément, il achève cette première partie marquée par une nette affirmation du Tawhîd et du Tawakkul (confiance en Dieu, abandon de soi à Dieu sans jamais se résigner) par rappeler le sens de l’invocation que lui donne la prédisposition de l’Invoqué à l’exaucer (Mujîbu). Cet aspect semble plus net dans la prière par lui composé et récité après la Wazîfa (…yâ man qâla ad’ûnî, inni da’awtuka dza khawfin fa khudz bi yadî/ yâ jâ’il al-hâli bayna-l-kâfi wa-n-nûni (c-à-d Kun)).
Mais quel que soit son degré de spiritualité, l’aspirant ne peut se passer de la couverture de Celui qui est le seul à savoir toutes les dimensions apparentes ou secrètes de sa personnalité et de ses actes dans toute leur insuffisance par rapport aux exigences de pureté et à la gratitude de Dieu. Cheikh El Hadji Malick Sy attire l’attention sur ce fait primordial lorsqu’il lance cet appel (da’awtuka yâ sattâru fa-stur ma’îbatî).
Dans une merveilleuse, transition avant d’entamer, la phase du Tawassul sur lequel nous reviendrons, il sollicite son Seigneur pour qu’il l’aide à focaliser ses idées et ses pensées (khawâtir, sing. Khâtir ou khâtira) éternellement vers Lui.
En fait, comme dans la prière, Cheikh El Hadji Malick Sy vise en cela, une orientation du cœur, une attitude intérieure qui réactualise constamment la prédisposition de l’âme du Mutaçawwif (adepte du soufisme) à la purification. Il nous rappelle cette manière dont on doit vider le cœur et la pensée de tout sauf du souvenir de Dieu : en arabe, le mot dzikr, exprime bel et bien cette idée de rappel, seul capable d’assurer la quiétude.
Si l’on se réfère à Ibn Ajîba [4] qui cite Al-Tustarî, l’homme de Dieu est ‘celui qui est pur du trouble…celui pour qui l’or et la boue ont la même valeur’. C’est ainsi qu’il faut comprendre la démarche du Zuhd (dëddu adduna, en Wolof) dans l’esprit des premiers soufis qui s’appelaient aussi, eux-mêmes, faqîr ou fuqarâ au pluriel qui signifie ‘pauvres’. Il n’est guère de doute qu’un tel degré de spiritualité ne peut s’acquérir que par le Tawhîd vécu dans le soufisme, moins réducteur et plus spirituellement productif que celui seulement théorisé par ceux qui le combattent. Ainsi purifiés, l’âme et le cœur déterminent les harakât (agissements) et l’homme réalisé devient comme le dit Al-Junayd ‘comme la terre ; on y jette tout le rebut et il n’en sort que de bonnes choses’. Lorsque le réceptacle se débarrasse des impuretés le contenant n’en sera que plus pur. ‘La couleur de l’eau est celle de son récipient’, rappelait, justement le même Al-Junayd, l’un des piliers du soufisme.
En parcourant cette œuvre de Cheikh El Hadji Malick et tant d’autres, on se rend bien compte que les chemins de la félicité comme de la spiritualité sont parsemés d’épreuves et d’obstacles ; d’où le sens de la guidance spirituelle dont les plus grands hommes de Dieu ne se sont jamais passés.
Sur ce chemin, les seules démarches personnelles ou rationnalisantes trouvent vite leur limite. Il leur manque l’autre versant que les soufis ont exprimé par la mahbba (l’Amour de Dieu et de son Prophète). Justement, sur le chemin de la connaissance, le Mutaçawwif ne se contente pas de la seule force de l’intellect. Pour emprunter l’heureuse expression de Javad Nurbakhsh, il doit faire le ‘pas de l’Amour’ et s’aider de la ‘béquille de l’intellect’ pour aller vers la Vérité (Dieu, al-Haqq), jusqu’au point de ‘lâcher également la béquille’. Il faudra s’en donner les moyens et c’est là où intervient tout le sens du Tawassul. On sait, la manière dont Cheikh El Hadji Malick traite cette question dans son œuvre où le Prophète occupe tout l’espace. Tel qu’il le présente dans le Khilâç-u-Dzahab ‘wa laysa lî ‘amalun alqâka yâ amalî ; siwa-l-mahhabbati wa-t-taslîmi wa-s-salami’, le Prophète devient, ainsi, le moyen (également wasîla en arabe !) et non la fin (Dieu) dans cette conception du Tawassul.
Dr. Bakary SAMBE
Institute for the Study of Muslim Civilisations -Aga Khan University (International) in the United Kingdom - London, bakary.sambe@gmail.com
Expansion de la Tidjania au Sénégal : L’éducation religieuse et la prière, les deux leviers de El Hadji Malick Sy
L’influence de El Hadji Malick Sy, surnommé en Pular ‘Maodo’ (Grand frère), dans l’expansion de la Tidjania au Sénégal est grande, ainsi que le prouve la forte présence de ses Talibé dans les centres urbains. L’éducation religieuse et la prière ont été les deux principaux leviers de son action.
En s’installant définitivement en Tivaouane à partir de 1902, El Hadji Malick Sy a fait de cette localité la capitale spirituelle du tidianisme au Sénégal. De Tivaouane son influence s’est répandue dans les principaux centres urbains comme Saint-Louis et Dakar où ont été installés ses premiers Zawiya, sorte d’universités populaires et hauts lieux de prières et d’adoration de Dieu.
Dans le contexte colonial de l’époque, marqué par la politique d’assimilation des Blancs, El Hadji Malick Sy, qui était un érudit doublé d’un intellectuel, a fait résolument un pari sur l’homme en s’appuyant uniquement sur l’enseignement religieuse et la prière, deux dimensions inséparables, à son avis, de la vie de tous les jours de l’homme. ‘Serigne El Hadji Malick Sy n’a pas construit d’écoles physiques comme peut le voir le commun des mortels.
Mais sa stratégie était de former des milliers de gens comme lui pour être des bibliothèques vivantes. Après, il les envoyait partout dans le Sénégal pour étendre la confrérie sur la base de trois pilliers que sont : la connaissance, le bon comportement et la prière. C’est pourquoi, aujourd’hui à Tivaouane et comme ailleurs il y a beaucoup de El Hadji Malick Sy. Il a pris comme supports l’éducation religieuse et la prière pour former et faire essaimer des milliers de gens comme lui qui perpétuent son œuvre et son action’, souligne Mbaye Lô, responsable de la commission culturelle du Comité d’organisation au service du khalifa Ababacar Sy (Coskas), par ailleurs assistant de Serigne Abdoul Aziz Sy Junior, porte-parole de la famille.
Un pari réussi par El Hadji Malick Sy. Car, aujourd’hui on ne compte plus le nombre de Zawiya à travers le Sénégal et à l’étranger ainsi les mosquées et autres centres d’enseignements islamiques. Le saint homme, qui avait des connaissances sur toutes les branches, a laissé en héritage aux fidèles tidiane, le Wird ‘prière’ de la Salatoul Fatiya que certains considèrent comme la ‘carte d’identité’ pour caractériser le bon Talibé. ‘El Hadji Malick Sy pouvait créer sa propre voie, mais en s’engeant dans la Tariqa tidiane qu’il a reçue de son oncle, El Hadji Omar, il a voulu inculquer la théorie et la pratique de la tidjaniya’, souligne-t-on. Parmi, les aspects pratiques, il y a trois fondamentaux. D’abord, il y a le Wird Al Azim. Cela consiste pour le fidèle tidiane à effectuer chaque jour des prières en récitant cent fois Astafourllah (pardon), suivis de cent Salatoul Fatiya et cent Lahilaha. Il s’agit ensuite d’exécuter la Wazifa. C'est-à-dire de déclamer la formule As tafoulahi lahoula Al azim lezi lahilaha khoyomo (30 fois), suivie de cent Salatoul Fatiya, cent Lahilaha, plus douze fois Jawartoul kamal.
Enfin la Khadra Djuma qui consiste tous les vendredis à faire des Wird dans les mosquées et autres lieux de prières. ‘Le fait pour le tidiane d’accomplir ces actes de dévotion est une garantie pour lui d’obtenir le pardon de ses péchés. Tout Talibé a besoin de cela et d’élever son âme. Or, Maodo a dit que la Salatoul Fatiya aide à élever spirituellement son âme’, soutient Mbaye Lô, chargé de la commission culturelle du Coskas.Cependant, il déplore que ces pratiques spirituelles sont perçues par une certaine jeunesse, pourtant en quête de spiritualité après la faillite de tous les idéologies, comme ‘contraignantes’.‘Les jeunes ont peur de la Tariqa, alors que cela n’a pas sa raison d’être. La Tariqa est là pour les aider à se réhabiliter spirituellement. Car, les jeunes sont plus sujets à commettre des péchés. C’est donc dans leur intérêt’, indique l’assistant de Abdoul Aziz Sy ‘Junior’ pour qui la voie tracée par El Hadji Malick Sy est une école de la vie pour les jeunes.
M. SARR
Famille SY de Tivaouane et KANE de Kaolack : Des connexions familiales et spirituelles centenaires au service du tidianisme
Le temps qui passe et les vicissitudes de la vie n’ont pas entamé les liens familiaux et ancestraux qui existent entre la famille de El Hadji Malick Sy fondateur de la ville sainte de Tivaouane et celle de El Hadji Abdoul Amid Kane qui était son plénipotentiaire dans le Saloum. Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est que leurs descendances témoins des échanges de bons procédés entre les deux érudits ne ménagent aucun effort pour entretenir ces relations qui se déclinent sur le registre aussi bien familial que spirituel. La preuve la plus vivante nous a été rapportée par le quatrième khalife de El Hadji Abdoul Hamid Kane, l’imam Souleymane Kane. A en croire, l’actuel responsable moral des Kanène de Léona, à chaque célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète Mouhamed (Psl), la descendance de El Hadji Malick Sy se distingue par le soutien apporté à l’organisation.
Il a toujours été ainsi du vivant des deux hommes. Les divers khalifes qui se sont succédé à Tivaouane comme à Léona Niassène préservent jalousement cette initiative. Et cette année n’a pas fait exception, dit l’actuel khalife de Léona Niassène. D’après lui, ce sont leurs ancêtres El Hadji Malick Sy et El Hadji Abdoul Hamid Kane qui ont posé les jalons de cette pratique d’échanges de bons procédés entre les familles Sy et Kane. Selon l’imam ratib de Kanène, les deux érudits ont reçu le Wird tidiane, (la prière du Salatoul Fatiya) à peu près à la même période. ‘La première rencontre entre El Hadji Malick Sy et El Hadji Abdoul Hamid s’est déroulée à Pout chez un de leur ami commun. Et depuis lors les deux érudits ne se sont plus quittés’, rappelle l’imam Souleymane Kane. Et El Hadji Abdoul Hamid Kane, qui était un riche commerçant avant de s’engager dans la propagation du message de la tidianiya, reconnaîtra en son aîné El Hadji Malick Sy le maître qui va l’élever au rang de Moukhadam (dignitaire dans la tidjaniya).
El Hadji Malick Sy, qui s’était installé définitivement à Tivaouane à partir de 1902, va envoyer ses Moukhadam à travers le Sénégal pour enseigner et élargir la confrérie. C’est ainsi El Hadji Abdoul Hamid Kane est resté à Kaolack. Pour l’imam Souleymane Kane, El Hadji Abdoul Hamid kane était l’homme de confiance de El Hadji Malick Sy. ‘El Hadji Malick Sy, dans le cadre de ses visites pour étendre la tidjaniya au Sénégal, n’est jamais venu à Kaolack. Il s’est arrêté à Gossas. Et aux gens qui l’interpellaient sur une telle stratégie, El Hadji Malick Sy répondait qu’avec la présence d’un érudit comme El Hadji Abdoul Hamid Kane, il n’a pas besoin de venir à Kaolack. Et aux Talibé tidianes qui quittaient le Saloum pour aller à Tivaouane pour célébrer, il leur demandait de rester à Léona Kanène’, informe-t-il.
Bien plus, El Hadji Abdoul Hamid kane a effectué plusieurs missions à la demande de El Malick Sy. C’est, par exemple, dit-il, au plus fort de la Première Guerre mondiale, les Français ont sollicité et envoyé plusieurs érudits à la Mecque pour qu’ils prient pour la fin des hostilités. ‘Le seul Noir, qui était du voyage pour la Mecque, était El Hadji Abdoul Hamid kane’, soouligne, l’imam ratib.‘Pour remercier les musulmans à la fin de la guerre, le gouvernement français avait décidé de construire une mosquée pour eux au cœur de Paris. C’est aussi El Hadji Abdoul Hamid Kane qui a posé la première pierre de la mosquée de Paris’, ajoute le quatrième khalife de Léona. Et sur le chemin du retour de ce voyage, qui se faisait à l’époque par bateau, que El Hadji Abdoul Hamid Kane a appris le décès de El Hadji Malick Sy, en 1922 alors qu’il était en escale au Maroc (…).
M. SARR
Reflet
Quand Tanor se taille le manteau de leader de l’opposition
Celui qui risque de tirer bien profit de ces élections locales, sans être candidat à quoi que ce soit, c’est bien le Secrétaire général du Parti socialiste (Ps). De tous les leaders de l’opposition dite significative et regroupés dans la Coalition Benno Siggil Senegaal, Ousmane Tanor Dieng est le seul, à l’exception de Macky Sall, à battre campagne. Les sorties de Moustapha Niasse sont aussi restreintes que sporadiques, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily ont tout bonnement décidé de se mettre en marge de la campagne. Jouant sa partition, le socialiste en chef, lui, sillonne le pays pour soutenir, ça et là, les candidats investis par sa coalition. Mais l’objectif de Tanor est beaucoup plus ambitieux que cela. Ce qu’il vise, c’est le fauteuil présidentiel et, dans cette perspective, il est en train de tisser sa toile sans en donner l’air. En attestent ses propos de campagne. A Rufisque, par exemple, la tête de file des Verts n’y est pas allé du dos de la cuillère pour flinguer celui qu’il considère comme son seul adversaire du moment, en l’occurrence le président Wade. ‘Wade est au crépuscule de son règne (…).
Ces élections seront le point de départ de sa mise à la retraite car il a montré qu’il est incapable de gérer normalement le pays’. Ousmane Tanor Dieng verse dans l'adversité politique jusqu'à oublier qu'il s'agit d'élections locales et non d’une présidentielle. Pour preuve, le leader socialiste évoque les difficultés des Rufisquois liées à la cherté de la vie comme si cela était le fait du maire de cette ville. Il est donc clair que le patron du Ps est dans une autre dimension politique. En décidant de faire le tour du pays (avec quels moyens d'ailleurs, ceux de son parti ou de Bss ?), Tanor est en train de se tailler un manteau de leader de sa coalition. A l'heure du bilan, ses partisans ne manqueront certainement pas d'inscrire cela à son actif, en se targuant d'avoir le seul parti dont le patron s'est impliqué de bout en bout dans la campagne électorale. Sans compter l'effet qu'un tel marketing peut avoir sur les militants de l'opposition. ‘De toute façon, il est le seul leader qu'on a vu pendant la campagne’, pourraient-ils dire lorsque la question du leadership ressurgira. Mais, est-ce-que cela suffira pour faire plier le principal adversaire de Dieng au poste de No 1 de l'opposition, en l'occurrence Moustapha Niasse ? L’avenir le dira !
Aguibou KANE