GREVE GENERALE D'avertissement
LE QUOTIDIEN:
Entre les deux, mon cœur ne balance plus
Pourquoi proposer des solutions de sortie de crises à des prétentieux qui mènent tout droit le Sénégal dans le gouffre. Pourquoi proposer des solutions à des " copier coller". Pourquoi proposer des solutions à des vampires de notre économie qui ont bradé tous les secteurs vitaux de notre économie en tant que valets de l’impérialisme international pur et dur, au nom de leur sacro sainte idéologie, un libéralisme béat, bête et méchant?
Une et une seule solution pour le dernier et turbulent élève de la classe: l'exclusion définitive. Les professeurs Niasse, Bathily, Dansokho, Djibo ka, landing et bien d’autres professeurs y ont cru et, pendant 7 ans de cycle primaire, formé l'élève wade. Cet élève est nul. Mais est ce de son fait ou de celui de ses profs? L’élève se fait passer de son propre chef au second cycle. Va t il y faire du bon travail? Des « réconciliateurs » interviennent alors pour demander aux sénégalais de " donner des solutions de sortie de crises" à ceux qui, nantis de supers diplômes universels, investis de la "confiance du peuple", tripatouillent la constitution au quotidien pour asseoir une dynastie qui ne dit pas son nom.
Ensuite, en face de cet incapable, une classe politique nulle dans son ensemble, qui se doit impérativement de faire son mea culpa devant ce peuple, avant de vouloir lui faire enfourcher un autre cheval de bataille. « J’ai tord et j’ai entièrement tord doit elle dire au peuple. Je t’ai trompé en ne t’ayant pas tout dit sur mes véritables intentions quand je te disais que Wade était le meilleur. Si aujourd’hui, je retourne ma veste pour te dire qu’il est le plus mauvais, c’est parce que je suis un être humain et comme tout être humain, je peux me tromper et, je me suis trompé. ».
Je me rends compte de ta famine et de ta soif en tout. Moi qui t’accusait, oh peuple, de n’être qu’un vulgaire « tube digestif », aujourd’hui, sans honte je m’accapare de tes marches et de ton tube digestif pour crier plus haut que toi à la face du monde que tu as faim. Je demeure devant toi, la bouche béante pour phagocyter tout aliment qui te sera destiné. Ta faim donne de l’ardeur à mon combat. Ta soif me permet de bouger, donc d’être.
Que longtemps tu restes affamé et assoiffé pour que je puisse survivre dans cette dure opposition où je ne crée pas l’événement, mais l’a subi, plus vite que ma capacité de réaction.
En attendant, face à un peuple amnésique las de sa classe politique, on prend les mêmes et on recommence.
Le FSS est retourné à l’aube de notre indépendance pour reprendre les mêmes et prétendre constituer une équipe de choc qui sera gagnante ! Et pourtant oui, ça ne doit être en principe difficile de battre une équipe dont les joueurs passent leur temps à se tirer dans les pieds entre eux (deux femmes ministres qui se crêpent le chignon et deux hommes ministres à moins d’un mois d’intervalle qui se caressent la barbe, auraient permis de faire une économie de 4 salaires de ministre pour aider le monde paysan), preuve s’il en était, d’une fin de règne.
Mais, le vol sera de courte durée et l’atterrissage décevant si les différents acteurs du FSS ne savent taire ce qui les divise pour s’unir autour de la seule lutte qui en vaille la peine pour « relever le Sénégal » : le départ de Wade.
Professeur El Hadj Hamidou Diallo
Monsieur le Président, êtes-vous vraiment la personne la mieux indiquée pour porter certaines accusations ?
Dans une interview accordée à Mamadou Sèye, envoyé spécial du quotidien national Le Soleil à Belfast (Irlande du Nord), Me Wade répond ceci à une question sur la dissolution de certaines collectivités locales : «Tous les conseillers des collectivités dissoutes, les dirigeants surtout, devraient être aujourd’hui en prison. Je suis formel. On ne parle pas de ce qu’ils ont fait. Il y en a ceux qui ont vendu des terres, alors que ni le maire, ni le président de conseil rural n’ont le droit de vendre des terres. En dehors de cela, il y a des détournements de deniers publics, il y a des détournements d’aides étrangères. Il y a des blocages. Ça c’est prévu par la constitution. Maintenant, ceux qui ne sont pas d’accord peuvent aller devant les tribunaux.»
De la bouche du Président Wade, ces propos étonnent vraiment et appellent des questionnements. Cet homme-là est-il vraiment bien placé pour prononcer de tels propos ? Persiste-t-il à nous prendre pour des moins que rien ? Retient-il le minimum de souvenirs de sa propre pratique quotidienne ? Nos concitoyens qu’il accable ici sont-ils plus coupables que lui ? Ces accusations qu’il porte sur les conseillers et les dirigeants de collectivités locales dissoutes sont très graves. Et, selon, lui, ils «devraient être aujourd’hui en prison». Pourquoi n’y sont-ils pas déjà ?
Rares sont les personnes, en tout cas tant soit peu averties, qui accorderont le moindre crédit à ces menaces voilées de l’homme qui nous dirige. Il a déjà laissé rater l’occasion d’envoyer en prison les conseillers et présidents incriminés. C’est ce qui explique d’ailleurs son emploi du conditionnel : «Ils devraient.» N’est-ce pas lui-même qui, le 9 janvier 2007, s’appuyant «sur des rapports du mnistère de l’Intérieur et de l’Inspection générale d’Etat», interpellait des présidents de Conseils ruraux qui vendaient des terres sans en avoir la compétence ? Et il leur lançait cette curieuse déclaration : «Si j’avais suivi la loi, certains d’entre vous iraient en prison.» C’était au Méridien Président et, le même jour, la télévision nationale est revenue sur cette fameuse déclaration dans son journal de 20 heures1.
Je crois donc que les responsables de collectivités locales dissoutes peuvent dormir à poings fermés : jusqu’à preuve du contraire, ils n’iront pas en prison2. Nous avons entendu le Président Wade, en maintes autres occasions, menacer de traduire en justice des compatriotes, sans que les menaces soient suivies d’effets. Il en a été ainsi de l’affaire dite des Industries chimiques du Sénégal (Ics). On se rappelle que le 8 mars 2006, Me Wade est allé à Paris rehausser de sa tonitruante présence, la cérémonie de dédicace du livre d’un certain Mamadou Alpha Barry, et dont le titre est «Abdoulaye Wade, sa pensée économique, l’Afrique reprend l’initiative»3. L’événement s’est déroulé au Sénat français. Le lendemain, il a tenu un point de presse au cours duquel il est longuement revenu sur les difficultés que connaissaient les Ics. Après des déclarations fracassantes qui n’avaient pratiquement épargné personne, Me Wade prononça ce sévère réquisitoire contre l’entreprise en difficulté : «Les Ics sont en situation de banqueroute. On nous a caché la vérité : il y a de la prévarication et des détournements. Je viens de faire un audit qui est sur ma table et dont on me dit, parce que je ne l’ai pas encore lu (sic : Ndlr), qu’il montre des choses tout à fait extraordinaires.» Et Me Wade de poursuivre, le ton vraiment menaçant : «Je vais lire cet audit et je vais le donner au tribunal pour qu’on juge ces gens qui ont mis le Sénégal dans cette situation.» Qu’en est-il aujourd’hui de cette affaire ? Qui en entend même parler ?
Les prévarications et les détournements qu’il donne ici l’impression de flétrir, ne le dérangent pas le moins du monde. Au contraire, depuis le 1er avril 2000, il les couvre, il les couve, il les entretient. Il en fait autant de la corruption. Abordant cette plaie sénégalaise, africaine, dans son discours à l’occasion de la Rentrée solennelle des Cours et Tribunaux le 10 janvier 2007, il la banalise en ces termes : «La corruption existe dans tous les pays et si on en parle tant au Sénégal, c’est à cause de la vitalité démocratique au Sénégal, qui permet aux journalistes de les dénoncer sans courir le risque d’être tués ou d’aller en prison.» Et notre vieux Président de poursuivre le plus naturellement du monde : «Ces scandales sont des accidents de parcours qui seront digérés au fur et à mesure.» Et voilà, le tour joué ! Tout cela est vraiment énorme et le Président s’en sort toujours sans frais !
Les conseillers et présidents de collectivités locales dissoutes ont donc vraiment bon dos et, à leur place, j’aurais interpellé le président en ces termes : «Etes-vous vraiment bien placé, monsieur le Président, pour dissoudre nos collectivités pour motifs de vente illicite de terrains et de détournements de fonds publics ?» Et ils seraient bien fondés à lui poser cette question. Combien de terrains ont-ils été vendus ou cédés (qui sait ?) depuis le 1er avril 2000 ? Dans quelles conditions les nombreuses réserves foncières de Dakar ont-elles été déclassées et que sont-elles devenues ? Qu’en est-il aussi des précieuses terres du domaine maritime, de celles de l’ex-Champ de Courses, du Stade Assane Diouf ? Quel Sénégalais, à part Wade père, Wade fils et le maire de Dakar a la moindre information sur les transactions concernant ces terres-là ?
Les conseillers et présidents de collectivités locales dissoutes ont encore vraiment bon dos quand Me Wade, que nous connaissons bien désormais, les accuse de détournements de fonds publics et d’aides étrangères ! Que ne lui rétorquent-ils pas ceci : «Dites-nous, monsieur le Président, avant de nous accuser aussi gravement, qu’en est-il de ce fameux butin de plusieurs dizaines de milliards de francs qui empoisonne vos relations avec votre “fils d’emprunt” ?» Ils peuvent aller plus loin encore, en lui demandant l’origine des dizaines d’autres milliards que ce même “fils d’emprunt” a révélé avoir géré dans le cadre des fonds spécifiques4, alors que le montant autorisé annuellement dans ce cadre par l’Assemblée nationale, excède rarement 640-650 millions de francs Cfa.
Ils pouvaient même frapper un plus grand coup encore, en évoquant l’un des plus gros scandales de la gouvernance libérale : le fonds taïwanais de 7,5 milliards de francs Cfa, dont l’objectif déclaré dans des correspondances officielles, était la réalisation de projets sociaux5. Cet important fonds aurait été détourné et planqué dans une banque de Nicosie (Chypre), où il n’aurait d’ailleurs que transité. On nous annoncera plus tard que le Président Wade a fait «don» au gouvernement de la République de la substantielle somme de 6 milliards, que l’ex-Premier ministre Macky a distribués à un certain nombre de ministres. Tenez-vous bien, «pour la réalisation de projets sociaux» ! C’est, tout au moins, la version officielle à laquelle personne ne croit vraiment. Pour ce qui me concerne, je m’accrocherai toujours à la certitude que Macky Sall a accepté de jouer un jeu dangereux : jusqu’à preuve du contraire, les 6 milliards, n’ont jamais été rapatriés et demain, l’ex-Premier ministre et les ministres qui ont accepté de nous jouer ce cinéma, risquent bien de faire partie de ceux qui rendront compte.
Je reviens donc à ma question de départ : Me Wade est-il la personne la mieux indiquée pour porter publiquement certaines accusations ? Sûrement pas, car il traîne ses propres casseroles, des casseroles qui sont plus graves encore que des détournements de fonds publics. C’est pourquoi, je m’étonne toujours quand il nous parle chaque fois avec assurance, en tout cas en apparence au moins, sans la moindre gêne. Me Wade est président de la République, un Président réélu – c’est un fait, on n’y peut rien - à la fin de son premier mandat. Il est, en outre, âgé au moins de 82 ans. Il devrait donc être le père, l’incarnation de toute la Nation et des institutions de la République. Il devrait être au-dessus de la mêlée, le recours, le rassembleur de toutes les filles et de tous les fils du Sénégal. Il est, malheureusement, le contraire de tout cela. C’est manifestement le Président d’un clan qui, par son comportement, ses propos et ses choix de tous les jours, entretient en permanence la tension dans le pays. Ses promesses et engagements accrochent de moins en moins. Personne n’y accorde plus aucun crédit. Waxi Wadd, du ma ci duma sa ma doom. Cette expression est devenue désormais courante.
Il y a plus grave encore concernant l’homme qui nous dirige : des accusations particulièrement graves lui collent à la peau, le suivent comme son ombre. Dès le début de son septennat, il a jeté le doute dans nos esprits en prenant les trois actes suspects et troublants que l’on sait, et qui étaient relatifs au lâche assassinat de Me Sèye. Talla Sylla allait en rajouter, en portant publiquement contre lui de terribles accusations, que ses courtisans ont vainement cherché à banaliser, en évoquant «la folie» du jeune leader. Aujourd’hui, Talla Sylla est revenu à la charge, plus catégorique encore. Profitant du sit-in organisé par les jeunesses du Front Siggil Senegaal le 19 mai 2 008 devant le siège du Pit, il décoche contre lui cette terrible flèche empoisonnée : «Me Wade doit être arrêté, car c’est un criminel qui a fait assassiner Me Babacar Sèye et a tenté de me faire assassiner.» C’est quand même gravissime ! Les avocats du diable de Me Wade peuvent encore malgré tout s’abriter derrière la supposée folie du leader du Jëf Jël. Le journaliste Abdou Latif Coulibaly n’est quand même pas fou lui aussi, en tout cas pas à ma connaissance. Dans son livre «Sénégal, Affaire Me Seye : un meurtre sur commande» (L’Harmattan, décembre 2 005), il conclut ses investigations par une non moins grave accusation : «Me Wade et ses proches sont les commanditaires de l’assassinat du juge Me Sèye.» Ne pouvant accuser tout le monde de folie, les «cuillères» de Me Wade préfèrent s’abriter cette fois derrière une indifférence, un silence assourdissant.
Si, d’aventure, Talla Sylla et Latif Coulibaly étaient tous les deux fous, le Pr Bathily ne l’est pas encore, je crois. A l’occasion d’une conférence de presse organisée devant le siège de son Parti le mercredi 14 mai 2008, le leader de la Ld/Mpt «crache du venin sur le président de la République»6. Le «jallarbiste» a, en effet, martelé avec toute la fougue qui le caractérise : «Hier, il a signé l’assassinat de Me Sèye, aujourd’hui, Wade est au summum de la sénilité.» C’est le même silence assourdissant qui accueille encore cette terrible accusation. Enfin, pour boucler la boucle, répliquant à ses accusations qui le touchent directement, son vieil ami Amath Dansokho, qui ne rate aucune opportunité pour le pilonner, lâche : «S’il y a quelqu’un qui doit aller en prison, c’est Wade, parce qu’il est le plus grand voleur.»
Me Wade est quand même le président de la République, sur qui on ne devrait pas se permettre de porter n’importe quelle accusation ! Des compatriotes ont été arrêtés, entendus par le Dic et livrés à la Justice, presque pour des peccadilles, si on les compare aux graves accusations portées contre Me Wade depuis de nombreuses années. Sans que ni lui-même, ni ses «cuillères», ni la Justice ne lèvent le plus petit doigt. Des deux choses l’une : ou Talla Sylla, Abdoulaye Bathily, Abdou Latif Coulibaly et consorts (y compris certains journaux qui ont fait de graves révélations sur les fonds politiques, le fonds de taïwanais, le «Protocole de Rebeuss», etc.) racontent des histoires et il faut alors les traduire en justice ; ou ils ont raison et Me Wade n’a plus sa place à la tête de l’Etat sénégalais.
Nous ne sommes vraiment pas fiers d’avoir comme Président, un homme dont le nom reste étroitement lié à des scandales aussi graves les uns que les autres. Ses minables «cuillères» auraient mieux fait de nous éclairer sur ces nombreuses et ténébreuses affaires, plutôt que de s’acharner sur un homme qui a fini de faire depuis longtemps l’unanimité autour de son nom, aussi bien comme éminent professeur qu’homme politique intègre. Le lecteur imagine bien qu’il s’agit de monsieur Amadou Matar Mbow, ancien ministre de l’Education nationale, ancien Directeur général de l’Unesco.
Chaque fois que je fais état, dans un texte, des forfaitures qui entachent gravement la gouvernance libérale et son chef, je ne peux m’empêcher de penser à l’excellente contribution de mon ancien professeur et ami Fadel Dia, parue dans Nouvel Horizon n° 527 du 16 au 22 juin 2006 et dont le titre très suggestif est : «Lettre ouverte aux sous-traitants de l’Alternance… et à tous les chefs de claque de la nouvelle pensée unique.» Mon très cher ami et ancien professeur, aussi compétent que discret, conclut sa contribution en ces termes :
«Oui, on ne doit pas se taire lorsqu’un livre paraît qui parle de complot, de crime et d’assassinat, et que l’accusé principal, nommément cité, n’entreprend aucune action ni pour en démentir le contenu, ni pour contraindre l’auteur à reconnaître ses torts devant la Justice.» M. Dia faisait manifestement allusion au livre d’Abdou Latif Coulibaly sur «l’Affaire Me Sèye». Il donne le coup de grâce au principal accusé en citant, pour en terminer définitivement, l’écrivain russe Evtouchenko qui écrivait : «Quand la vérité est remplacée par le silence, le silence est un mensonge.»
Nous ne pouvons pas continuer de vivre en permanence envahis par le doute, dans ce silence assourdissant qui s’apparente au mensonge. Plus qu’au mensonge, au crime. Nous comprenons surtout difficilement, que l’homme qui est au cœur de ce mensonge, passe le plus clair de son temps à charger les autres et à les accuser de tous les péchés d’Israël. Comme s’il était un modèle ! Il est vrai qu’il a la part belle et peut tout se permettre, parce que bénéficiant d’une chance inouïe : celle de régner sur le peuple, sûrement, le plus indolent de la terre. Un peuple prêt à tout accepter et sans broncher. Jusqu’à l’inacceptable.
1 Si le président Bush avait fait une telle déclaration, il serait immédiatement destitué. L’idée ne peut même pas l’effleurer.
2 La motivation principale de leurs déboires, au moins pour ceux de Malicounda, de Diass et Sangalkam, ne serait pas loin des énormes enjeux fonciers et financiers que représentent leurs ex-collectivités.
3 Depuis le 19 mars 2000, Me Wade est devenu un filon inépuisable pour les écrivains et intellectuels du ventre.
4 C’était devant la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. Á la question de savoir d’où provenaient ces milliards, l’ex-Premier ministre répond : « De fonds diplomatiques, d’aides budgétaires, etc.»
5 Des fac-similées des dites correspondances étaient dans la presse, au moins dans un quotidien et dans un hebdomadaire.
6 L’AS du jeudi 15 mai 2 008.
7 Le Populaire du mardi 20 mai 2 008.
Mody NIANG / modyniang@arc.sn
GREVE GENERALE DE L’INTERSYNDICALE DES CENTRALES / CONSTAT - Fonctionnement normal à Fann et Le Dantec, service minimum à Abass Ndao : La Santé n’a pas souffert à Dakar
La grève générale de 24 h, déclenchée hier par l’Intersyndicale des centrales, pour réclamer une hausse des salaires dans le privé et la baisse des prix des denrées de première nécessité, entre autres, a produit un résultat mitigé. Si à Dakar, au niveau des gares routières, au Môle 10 du Port et des grands hôpitaux, le mouvement n’a pas connu l’effet escompté, cela n’a pas été le cas à l’intérieur du pays où l’on parle de satisfaction, à l’image du coordonnateur de l’Intersyndicale des centrales et leader de la Cnts, Mody Guiro.
Un tableau vert, debout sur deux bouts de bois est adossé à gauche de l’entrée menant à l’espace qui abrite le service administratif du Centre hospitalier national de Fann. Son message est un «communiqué». L’écriture à la craie blanche indique clairement : «Grève générale d’avertissement, le jeudi 22 mai 2008. Unis nous vaincrons». Ce sera d’ailleurs la seule trace et le seul indice du mouvement décrété par l’Intersyndicale des centrales ici.
A l’hôpital Fann, des blouses blanches sont visibles un peu partout, signe que le personnel soignant est bien en place. «Il y a peut-être quelques rares absences», rectifie Amadou Lamine Fall, chef de la cellule de communication. Mais pour lui, ces absences sont liées au fait que le syndicat des médecins a quand même quelques sympathisants à Fann. Cependant, en termes d’impact, elles n’ont pas empêché les services de fonctionner. Des patients, il y a en aussi, «sauf qu’il n’y a pas rush», selon toujours M. Fall. Comparant l’affluence par rapport à celle des autres jours, le chef du service communication croit savoir qu’«ils (les malades restés chez eux) pensent qu’ils ne seraient pas reçus par un médecin».
A Abass Ndao, l’entrée est très sollicitée, mais, «il n’y a pas (aussi) rush» du côté des malades, si l’on en croit Mourade Dièye, le directeur de l’hôpital qui, pour la circonstance, s’est fait le guide de la presse. Un tour au service d’accueil a permis d’avoir la confirmation de ses allégations.
Sur place, la salle d’attente est désespérément vide. Seuls un homme et une femme sont au guichet de paiement pendant que deux autres dont un enfant, attendent, assis. Il est midi passé et à cette heure, il y a rarement des gens au service d’accueil, nous explique-t-on. Une quiétude qui contraste avec l’ambiance qui règne à la maternité de l’hôpital Abass Ndao.
Dans les couloirs, des blouses blanches, infirmières ou sages-femmes ne cessent d’aller et de venir. Le médecin de service, étonné de notre passage, n’a d’ailleurs pas le temps de nous parler. Il doit recevoir une malade, «une diabétique en état de grossesse», selon son accompagnant. A côté, un groupe de 9 femmes, elles aussi des accompagnantes, devisent tranquillement sur un banc, attendant qu’on leur donne des nouvelles de leurs parentes en consultation.
Pour faire fonctionner les services, le directeur avoue avoir eu recours à un service minimum. «J’ai tenu à ce que le service minimum soit assuré. J’ai donc convoqué tous les syndicats la veille (mercredi : Ndlr) pour qu’on en discute», informe-t-il, ajoutant «qu’ils (les syndicats) ont intérêt, sinon j’ai aussi la possibilité de réquisitionner des gens». Résultat des courses : «Nous fonctionnons au ralenti, mais ça va. Aujourd’hui, nous avons moins de monde. D’ailleurs, tous les médecins chefs de service sont là. Cependant, dans les pavillons d’hospitalisation où nous avions deux à trois infirmières, nous avons peut-être une seule infirmière. Par ailleurs, nous avons des services comme le laboratoire qui fonctionne à cent pour cent.»
Le Dantec n’a pas jugé utile d’anticiper sur le mouvement. Ici, on semble très loin d’une grève générale. L’ambiance est celle de tous les jours. Personnel soignant et patients sont au rendez-vous. Les salles de soins n’ont d’ailleurs pas désempli. Il est 13h 50 et la cour grouille encore de monde, avec des voitures garées un peu partout. Le directeur indisponible, un agent de l’administration renseigne, dans l’anonymat, sur la situation : «A mon humble avis, la grève n’a pas eu d’impact. Le personnel est à pied d’œuvre et les services fonctionnent normalement.»
Simon FAYE
DECLARATION - Le Rta-S théorise l’urgence contre le chaos : «Arrêtons les politiques criminelles de Wade !»
Pour Momar Sambe et ses camarades, les Sénégalais doivent prendre leurs responsabilités en mettant sur pieds et sur le terrain, «avant qu’il ne soit trop tard», un vaste front populaire contre le régime «pourri» du président de la République.
Que faudrait-il faire face au président Abdoulaye Wade, «facteur de déséquilibre des finances, de discrédit de la justice, et des institutions de la République, dont la justice, de fabrication de la misère aussi bien matérielle que morale, de trouble à l’ordre public, comme de construction du chaos de la nation» ? Si, selon le Rassemblement des travailleurs africains - Sénégal (Rta-S), «il doit être clair pour tout le monde» que le président de la République est le concentré de toutes ces caractérisations, l’«urgence» est alors de «dresser un rempart contre les dérives autoritaires et autocratiques du pouvoir (...) avant qu’il ne soit trop tard». Cet appel, contenu dans une déclaration publiée hier par El Hadji Momar Sambe et ses camarades, aborde en particulier, «la situation économique (…) devenue quasi intenable» du Sénégal. On peut bien indexer une dette intérieure de 150 milliards de francs, une «inflation galopante», mais selon le Rta-S, « (…) en vérité, le nœud du déséquilibre financier se situe (…) dans la dilapidation effroyable des deniers publics par Wade». Ce qui est en cause, c’est «le train de vie de l’Etat», un constat clair que le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale n’auraient pas fait leur, ajoute la déclaration. Or, les institutions de Bretton Woods «savent bien ce que coûtent» aux contribuables et au Trésor, les charges induites par l’avion présidentiel, la location d’avion systématisée par Wade «pour chacun de ses déplacements», les budgets en hausse de la Présidence, de la Primature, de l’Assemblée nationale, du Sénat, et les rémunérations accordées aux membres du gouvernement. Momar Sambe et ses camarades ne s’arrêtent pas là car, ajoutent-ils, le Fmi et la Bm «savent (également) bien comment Wade vampirise les deniers publics, fruits du travail du peuple, en créant plus de 50 agences qui font doublon avec les Ministères, une manière de détournement de l’argent public». C’est dans ces entrelacs que le Fmi et la Bm doivent «(…) agir et pas ailleurs, si l’on veut véritablement rééquilibrer les finances publiques». Alors, il faut arrêter «les prédateurs de la République», propose la déclaration du Rta-S.
C’est ce train de vie, «à la limite de l’insolence» qui agit négativement sur une «situation scolaire (…) à la limite de l’irréparable», rend possible que les «paysans (…) vivent un véritable calvaire avec la famine qui sévit en campagne», alors que «Wade ne s’est pas gêné pour doter les présidents de Communauté rurale de voitures de luxe, en plus des salaires faramineux, d’augmenter le nombre de députés, de ramener le Sénat». Jugement sans appel : «C’est de l’irresponsabilité !» D’autant plus, rajoutent M. Sambe et ses camarades, que le pire serait à venir. Car «derrière le plan Goana», le président de la République «s’attaque à ce qui reste de patrimoine foncier dans le pays».
En soulevant d’autres questions comme celles de la Fao, de la dissolution de collectivités locales, de coup d’Etat militaire, de construction de voitures et d’avions biplaces, le Rassemblement des travailleurs africains estime que Me Wade «fait dans la diversion», au moment où il se trouve «acculé par les forces ouvrières et populaires en lutte contre ses politiques».
Momar DIENG -
PLUS LOIN AVEC… Moustapha NIASSE, secrétaire général de l’Afp : «L’incompétence du Président est structurelle»
Moustapha Niasse, le secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (Afp), était à Matam à la rencontre de ses militants venus des départements de Ranérou, Kanel et Matam, dans le cadre d’une Assemblée générale régionale de son parti. En marge, cette rencontre, M. Niasse est largement revenu sur des questions brûlantes de l’actualité : crises financière et alimentaire, tripatouillage de la Constitution, Assises nationales, etc. C’est pour dire sa conviction que le Président Wade «ne peut y apporter des solutions», car selon le leader de l’Afp, «son incompétence est structurelle».
Vos militants se sont beaucoup plaints du renchérissement du coût de la vie et de la détérioration du tissu économique et social…
Vous qui vivez ici et nous avec, savons que Matam est une région abandonnée, en dépit du discours démagogique et des promesses non tenues. L’Etat désastreux des routes et des pistes de production, l’abandon de l’élevage, de la pêche et de l’agriculture sont des exemples éloquents. La désolation est pour ainsi dire totale. Wade ferait mieux de venir ici constater l’état de dénuement dans lequel vivent ces populations et surseoir, un tant soit peu, à ses voyages. Il faut mettre fin à ça.
Mais comment et avec quels moyens ?
Vous savez, la politique est un art difficile. L’action appartient aux gouvernants qui ont et la décision et les leviers de commandement. L’opposition ne gère pas les mécanismes de fonctionnement de l’Etat. Nous ne nous contentons pas de faire des discours, nous parcourons le pays à la rencontre des populations. Les solutions existent, mais ce n’est pas Wade et son régime qui soulageront les populations.
L’incompétence de Wade est structurelle ; donc une maladie incurable. L’alternative, c’est de faire partir Wade à la faveur d’élections régulières et transparentes.
Est-ce à dire que des élections anticipées sont en vue ?
On ne peut pas penser à des élections anticipées, car avec le sphinx qu’est Wade, on ne peut jamais penser ou dire quand il n’est pas prêt. Il reporte les élections, quand il est prêt ; il peut les avancer tout en ne respectant pas les dispositions de la Constitution.
Pourquoi l’opposition a du mal à sortir de sa torpeur en dépit des différentes atteintes à la Constitution ?
Je suis tenté de vous poser la même question parce que vous appartenez à la même société sénégalaise que l’opposition. Quand un chef d’Etat mal élu ou qui s’est auto-élu s’attaque pour la nième fois à la Constitution, il n’y a qu’un seul recours possible : saisir les juridictions compétentes. Nous avons décidé de déposer un recours auprès du Conseil d’Etat et nous allons le faire. J’espère que le Conseil d’Etat ne va pas se déclarer incompétent. En disant cela, nous ne présageons de rien.
Où en est l’état des Assises nationales ?
Si Dieu le veut, nous allons installer le bureau et le président chargé de conduire les Assises nationales le 31 mai.
Wade estime que les Sénégalais doivent prendre exemple sur sa famille qui est un exemple de réussite…
Moi, je ne parle jamais de la famille des autres pour la simple raison que dans l’espace politique, il faut distinguer et éloigner les familles des autres. Si lui pense que sa famille est un exemple, ça l’engage. Moi, je n’émettrai pas d’avis là-dessus.
Que pensez-vous de la sortie du Fmi à propos de l’état des finances du pays ?
Le Fmi est une institution qui note les Etats et qui a estimé que les finances du Sénégal sont mal gérées par Wade, lui-même. La Loi des finances n’a pas été respectée dans ses dispositions constitutives. Ce qu’a dit le responsable du Fmi, est un acte de courage, un signal d’alarme. Le Sénégal doit 150 milliards aux entreprises nationales qui risquent de faire un dépôt de bilan. Des mesures sont prises, mais ne correspondent pas aux nécessités du moment. Il ne s’agit pas d’accorder des subventions, il faut défiscaliser.
Propos recueillis par Oumar Seydou BA - Correspondant
MOUVEMENT TEKKI – Haro sur un nouveau programme d’ajustement structurel : Là où sont les urgences du Sénégal
Le Mouvement Tekki/Emergence citoyenne ne voit pas d’un bon œil le retour à un nouveau programme d’ajustement structurel au Sénégal, résultant de «la forte tension qui pèse sur les finances publiques du pays». Surtout que les Sénégalais ont vécu douloureusement, rappelle Tekki, les Plans d’ajustement structurel pendant les décennies 80 et 90. Esquissant le bilan de cette période, le Bureau national de ce mouvement rappelle que ces plans «ont conduit au développement d’un secteur informel accueillant tout autant les jeunes citadins diplômés ou non que les jeunes chassés de la campagne, ainsi que la création d’une caste de Sénégalais mal formés, ambitieuse, cultivant l’individualisme, à la recherche effrénée d’argent par n’importe quel moyen». Pour le Mouvement Tekki, «l’accumulation des déficits par le gouvernement, à cause des dépenses improductives et de prestige, risque de nous ramener à ces tristes plans » d’ajustement structurel.
Fort de tout cela, réuni le 20 mai dernier, le Bureau national du Mouvement Tekki indique la nécessité et l’urgence d’une mobilisation citoyenne des Sénégalais, y compris ceux de la diaspora, «pour éviter aux populations un nouveau programme d’ajustement et imposer au gouvernement un plan d’urgence sérieux». Pour les responsables de Tekki, «l’urgence, ce n’est pas déposséder les braves paysans de leurs terres pour produire des biocarburants avec des paysans du dimanche». Elle ne consiste pas à «s’attaquer au secteur informel» ou à «brader la Sonatel». L’urgence, pour eux, «c’est l’arrêt des gaspillages et la gabegie et la réduction du train de vie de l’Etat». Il s’agit, également, d’«engager des programmes à même d’augmenter les revenus des ruraux et de moderniser le secteur informel». Mais encore de «créer des pôles régionaux de développement pour un accès équitable de tous les citoyens aux ressources du pays» et de «sauver l’école sénégalaise, en soutenant les enseignants, les élèves et les parents inquiets». Selon Tekki toujours, «l’urgence, c’est rendre les hôpitaux publics performants et assurer l’accès aux soins de santé», de «supprimer le Sénat et l’Anoci, redimensionner les institutions, assurer l’indépendance, la crédibilité et l’équité de la Justice». Au plan politique, c’est aussi le respect de la Constitution et l’arrêt de ses tripatouillages intempestifs. Ce qu’il faut, c’est «l’émergence citoyenne, avec des institutions crédibles pour lutter contre l’inflation et la crise alimentaire».
Soro DIOP -
WAL FAJRI :
Le peuple souffre, Wade fait de la diversion
La ruse et le calcul politicien ne sauront empêcher les Sénégalais de se confronter quotidiennement à l’inflation galopante qui sévit dans notre pays depuis l’avènement du régime dit de l’alternance alors qu’à la fin de l’année 1999, cette inflation fut maîtrisée et contenue en dessous de 1 %. La dissolution de quelques collectivités locales et la diatribe contre la Fao ne peuvent constituer une actualité capable de détourner l’opinion de son obsession : le coût de la vie qui flambe.
La stratégie reste, certes, invariable. Elle consiste, face aux difficultés du moment, à créer un événement, un sujet de discussion pour en atténuer le choc ou l’impact. Les multiples changements de gouvernement assortis de promesses chimériques en attestent de manière irréfutable. Mais on va assister à l’essoufflement de cette méthode tant la préoccupation des ménages est ailleurs, cristallisée par la dure réalité qu’ils vivent. Cette réalité appelle une réaction prompte du gouvernement débouchant sur des solutions concrètes qui allègent.
Pendant plusieurs décennies, Me Wade vantait ses qualités d’économiste émérite lui conférant des tours dont il maîtriserait les contours pour, par exemple, vendre le kilogramme de riz en deçà de son prix réel lorsque la situation économique du Sénégal poussa les autorités à supprimer les subventions sur les denrées de première nécessité. Incapable d’expliquer l’inexistence de marges permettant de juguler la montée des coûts des produits et services en raison de l’explosion de la masse salariale et du fonctionnement d’un Etat dispendieux, notre économiste patenté s’en prend à la Fao. La principale accusation ressassée contre cette organisation de l’Onu porte sur son fonctionnement qui absorberait des crédits destinés à d’autres rubriques.
Le président Abdoulaye Wade serait bien inspiré en balayant d’abord sa porte. Les recrutements massifs de militants à caser et à promouvoir, des institutions dilatées, la pléthore chronique des différents gouvernements, les innombrables conseillers avec rang de ministre, les sommes cumulées affectées à l’avion présidentiel, les voyages incessants à la recherche de titres honorifiques, etc., sont un véritable gouffre qui étiole les capacités d’investissement dans la mesure où le financement de tout programme sérieux implique la mobilisation d’une contrepartie. Les échecs successifs des campagnes agricoles depuis 2000 ont augmenté la pauvreté dans le monde rural.
La Fao n’a pas décidé le bradage de la Sonacos et la suppression de la Sonagraines ; la Fao n’a pas procédé à la remise aux producteurs de bons restés longtemps impayés, quand brutalement, d’une année à la suivante, on passe du manioc au bissap avec comme surenchère la création d’un ministère chargé les biocarburants incitant à la production du ‘tabanani’. C’est dire quelle place est réservée aux cultures propres à réaliser l’autosuffisance alimentaire ; quels programmes sont déclinés pour l’amélioration des sols très éprouvés par la remontée de la langue salée et l’aménagement, l’irrigation dans la Vallée du Fleuve.
Le déficit vivrier vient d’être subitement découvert nonobstant l’alerte de la Fao depuis février 2006 sur les perspectives qui s’assombrissent à l’horizon pour une trentaine de pays, dont le Sénégal. C’était sans compter avec la fixation des autorités sur la conférence au sommet de l’Organisation de la conférence Islamique de mars 2008 à Dakar.
L’absence d’une implication des partenaires dans la définition et la mise en œuvre de toute politique conduit fatalement, dans le domaine agricole, à des résultats catastrophiques. La part de ce secteur est significative pour qu’une baisse des revenus tirés de cette activité influe négativement sur l’économie et les agrégats. Aussi, le Sénégal ne peut aller bien ou mieux quand les 2/3 de sa population vont mal. On peut donc mesurer l’étendue des dégâts provoqués par la culture imposée de plantes tombées comme un oracle en négligeant deux préalables : la mise en place d’unités de transformation et le financement du circuit de distribution, de commercialisation. Sans maîtrise de filières, il n’y a pas d’agriculture viable. Or le message du président Wade explique que la hausse générale des prix découle de la raréfaction des produits induisant de fortes pressions inflationnistes, du cours du baril de pétrole et de l’échec de la Fao. Ce sont là des variables exogènes, le gouvernement n’y peut rien. Il y a donc matière à s’inquiéter. Les attaques contre la Fao, combinées avec la dissolution injustifiée de quelques collectivités locales, désignent un responsable de la souffrance des Sénégalais à quoi s’ajoute une nouvelle ‘caxanerie’ pour distraire davantage. L’adoption récente par le Conseil des ministres d’un projet de loi réintroduisant le septennat participe d’une attitude caractéristique du régime en place.
Sans publier l’évaluation correcte du plan Reva, voici annoncée avec emphase une grande offensive qui n’est que communication, car il est à parier qu’à l’arrivée, le sort de la Goana ne sera pas différent de celui du Nepad, du tintamarre sur les Ape.
Durant la dernière campagne en vue de l’élection présidentielle, le candidat Robert Sagna proposait l’affectation des recettes perçues sur la taxe instaurée sur les billets d’avion au soutien du pouvoir d’achat du consommateur d’autant que l’option insistante pour un deuxième aéroport à proximité de Dakar ne se justifie que par l’inclination du pouvoir pour les gros chantiers avec le gré à gré comme mode d’attribution des marchés publics. L’orientation des politiques permet de qualifier un régime et le rôle de l’Etat, c’est aussi de réguler, d’équilibrer, de prévoir… Intenter un procès contre la Fao est un leurre, une annonce de plus sans lendemain. Dans Jeune Afrique l’Intelligent, le président Wade a avoué la ponction de 10 milliards de francs Cfa environ pour la réfection de l’avion de commandement du ministère de l’Equipement. Cette somme proviendrait d’un compte résiduel dénommé ‘Autres opérations’. Combien serait alors la dotation du Fonds routier ? Ces opérations de transfert ont-elles été précédées d’un vote d’une loi de finances rectificative ?
On se souvient de la tension née de l’initiative de l’Assemblée nationale pour clarifier l’utilisation du budget accordé à l’Anoci. Ordinaire dans une démocratie-modèle, au Sénégal, une démarche de cette nature est perçue comme une infamie. Pour cela, le président de l’Assemblée nationale dut sauver son poste de justesse. Les dirigeants de l’Anoci ont raté une occasion de convaincre de leur probité et de l’efficacité de leur action. Le tollé de leurs protecteurs est trop grand pour ne pas éveiller la suspicion. Le dossier mérite toute la clarification qui sied comme tant d’autres parmi lesquels : le meurtre de l’étudiant Balla Gaye, l’élucidation de la forfaiture de l’Etat dans le naufrage du Joola, la tentative d’assassinat de Talla Sylla, leader politique, l’opacité entretenue sur les chantiers de Thiès….
Le Sénégal attend des réponses de son gouvernement laissant entrevoir des perspectives meilleures. Parler, communiquer ne sont plus à même d’infléchir le cours des difficultés grandissantes que nos compatriotes, notamment les couches populaires rencontrent. Permettre aux Sénégalais de se nourrir convenablement, c’est cela qui est attendu. Alors, Monsieur le Président, faites connaître votre programme allant dans ce sens.
Moussa DIEME Rsd/Takku-Defarat
Mody Guiro (Cnts) : 'La grève générale du jeudi a été suivie à 80 %
Le mot d’ordre de grève générale de 24 heures, décrété par l’intersyndicale a été suivi pratiquement dans tous les secteurs d’activités. Déjà, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mody Guiro, parle de ‘participation satisfaisante’ de l’ordre de 80 %.
La grève générale, argument que les syndicalistes ont pendant longtemps brandi pour faire pression sur l’Etat, a finalement été exécutée. Hier, dans la matinée déjà, la ville affichait un visage inhabituel pour un jour ouvrable. Certes le réseau de transport était fonctionnel mais les usagers se sont fait désirer. Les commerçants et autres vendeurs qui ne s’occupent, en réalité, pas d’augmentation de salaire encore moins de baisse de l’impôt sur le revenu, remplissaient les ‘Ndiaga Ndiaye’ et les ‘cars rapides’. D’ailleurs les transports en ont profité pour faire ‘journée sans surcharge’ de clients. Même ceux qui éprouvaient de la peine à quitter la banlieue pour rejoindre la ville en raison des embouteillages monstres ont montré leur étonnement face à la fluidité de la circulation en ce jeudi 22 mai. Le Petit train bleu, qui relie Dakar à sa banlieue, a lui aussi marqué le coup. La locomotion effectue plusieurs rotations par jour sur l’axe Thiaroye - Gare ferroviaire en passant par Pikine et Yarakh. Et l’on devine aisément le nombre important de travailleurs qu’il transporte. Les bus Dakar-Dem-Dikk ont été fonctionnels dans la matinée, mais plus la journée avançait, plus ‘la progression des sorties de Ddd diminuait pour stagner autour de 30 %’, indique Mody Guiro.
Du côté des établissements scolaires, la surprise est venue des écoles privées catholiques. D’habitude si rigoureuses dans le travail et le respect des quantum horaires, elles ont vu les classes se vider de leurs enseignants. Ces derniers ont préféré répondre à l’appel de l’Intersyndicale plutôt qu’à la sonnerie de 8 heures, marquant le début des cours. Le secrétaire général de la Cnts estime que ‘la solidarité des écoles privées’ n’a rien d’étonnant d’autant plus que ‘la revendication est légitime’. ‘Qui ne souhaiterait pas une augmentation de salaire ou une baisse de la fiscalité ?’, s’est-il interrogé avant d’ajouter que ‘dans le secteur public, au moins il est arrivé des augmentations de salaires alors que ce n’est pas le cas pour les écoles privées’.
Au finish, selon les échos qui lui sont parvenus, le secrétaire général de la Cnts indique que ‘la grève générale a été suivie à 80 %’. Les universités, le domaine de l’hôtellerie, les industries chimiques, le secteur de l’extraction minière ont tous respecté le mot d’ordre. Les discussions tripartites entre l’Etat, le patronat et le syndicat, butent toujours, entre autres points, sur la hausse des salaires et la baisse de la fiscalité. En ce sens, Mody Guiro rappelle que ‘depuis 1982, les salaires stagnent dans le privé alors que le pouvoir d’achat diminue’ du fait du renchérissement du coût de la vie. Les travailleurs, d’abord partis sur la base d’une augmentation de l’ordre de 50 % des salaires dans le privé, ont fini par tabler sur 20 à 15 % de hausse. Alors que le patronat se réunissait avant-hier, Baïdy Agne a qualifié le pourcentage trop élevé en proposant à la place une hausse de l’ordre de 4 %. Il y a des entreprises qui éprouvent actuellement beaucoup de difficultés et leurs préoccupations sont de s’assurer du paiement des salaires plutôt que d’une hausse, avait tenté de justifier le patronat. Mais toujours est-il qu’après ce mouvement d’humeur ‘réussi’, les syndicalistes se réunissent ce vendredi pour évaluer leur action et dégager des pistes éventuelles de lutte.
Khady BAKHOUM
GREVE GENERALE DANS LES ENTREPRISES
De grosses industries forcées au repos
Par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN | vendredi 23 mai 2008
La zone allant de Cyrnos et qui longe le Port autonome de Dakar avait complètement changé de visage ce jeudi 22 mai. L’ambiance des grands jours qui caractérise cette zone abritant de grandes entreprises n’était en effet plus de mise. Le mot d’ordre de grève générale respectée par la plupart des structures de fabriques visités, a fait des vigiles, les héros du jour.
Il est 10 heures, devant les locaux du Comptoir commercial du Sénégal (Ccs), le soleil avait fini d’étaler ses rayons. Un silence bavard contrastant avec ambiance habituelle du milieu règne sur les lieux. Les rideaux en fer sont baissés, les portails en baie vitrée hermétiquement fermés. L’entrée de l’imposant bâtiment est occupée par deux vigiles qui veillent au grain. A travers les grilles, on n’aperçoit aucune activité ni mouvement humain. Tous les véhicules de livraison sont à l’arrêt et les portails des magasins jalousement fermés. L’un des vigiles interpellés renseigne que les gens n’ont pas travaillé en raison de la grève. Ni employés ni employeurs, personne n’a fait le déplacement. La devanture de ce comptoir créé depuis 1963 était pourtant un passage très fréquenté par les passagers descendant du petit train bleu pour rallier le centre ville. Cette même « ambiance mortuaire » régnait à l’arrêt du petit train bleu situé à quelques encablures. Un calme plat. Ce lieu réputé par une ambiance des grands jours a changé de physionomie. Les quatre bureaux dont la façade est peinte en bleu et blanc sont fermés. Aucun signe de vie à part les rares passants qui utilisent ce raccourci pour passer sous l’échangeur du Cyrnos et à Colgate Palmolive, cette grande entreprise actuellement en liquidation totale. Un homme qui affirme travailler dans les parages nous déconseille de nous y rendre parce que, dit-il , « depuis ces derniers temps, c’est l’accalmie totale qui règne à Colgate Palmolive. Il n’y a pratiquement personne parce que la liquidation est en cours ».
Même les bus Dakar Dem Dik qui stationnaient à quelques métres de l’échangeur Cyrnos pour permettre aux gens qui descendaient du petit train de banlieue de rallier le centre ville n’étaient pas au rendez-vous. Contrairement aux autres jours, la circulation dans cette zone est fluide. Même les piétons pouvaient se permettre de traverser les yeux bandés l’avenue. Ce qui témoigne de l’absence de circulation. Ni train et encore moins de bus. Seulement des taxis, des cars rapides, des Ndiaga Ndiaye et quelques particuliers qui se disputent la circulation. Sur le mur de l’échangeur, les traces du premier trac que les syndicalistes avaient affiché, sont toujours visibles pour rappeler les revendications qui portent en partie sur la cherté de la vie et des augmentations salariales voulues. Ce qui rappelait l’atmosphère de grève générale qui régnait également dans une entreprise comme les Grands Moulins de Dakar (Gmd), situés en face de la porte du môle IV du Pad.
L’environnement des Gmd était caractérisé par l’accalmie. La présence des vigiles trouvés sur place était plus perceptible que les agents de l’administration qui, certainement, étaient venus pour assister à la cérémonie de réception d’aliments de bétail dans le cadre du programme d’assistance au monde rural. L’un des vigiles en poste à l’entrée de l’usine réservée a fait savoir que le mot d’ordre de la grève générale était appliqué. Il nous fait savoir qu’en temps normal, il y avait plus d’ambiance dans l’usine et ses alentours. L’environnement au sein de l’usine se résumait par des hagards chargés de sacs d’aliments bétail mais aucun mouvement. N’eût été la cérémonie que le ministère de la Famille y avait organisée, l’atmosphère serait plus morose avec ces nombreux camions à l’arrêt devant les magasins. Des transporteurs privés de dépense quotidienne
En dehors de l’usine, les chauffeurs de camions qui travaillent avec les Grands moulins de Dakar étaient assis à même le sol en groupuscules guettant un abri pour discuter des choses diverses. Mbaye Sène, commerçant et transporteur en même temps nous fait savoir qu’à l’heure de notre passage, habituellement, les chauffeurs sont sur le terrain en train de livrer les marchandises. Le jeune homme, dans un ensemble kaki, est l’un des leaders d’opinion de ce milieu de transporteurs. Il affirme acheter des aliments de bétail et de la farine chez les Grands moulins de Dakar pour les revendre à ses clients. A son avis, cette grève lui cause un grand préjudice parce qu’il a des clients qui ont déjà passé leur commande et qui attendent leurs livraisons. Plus grave, a-t-il ajouté, les commandes enregistrées sont déjà payées. D’après lui, les commandes auprès de l’usine se font sous forme d’un petit camion de15 tonnes d’aliments de bétail ou 30 tonnes pour le grand.
A l’en croire, rien qu’un petit camion de 15 tonnes d’aliments de bétail lui rapporte 300 mille F Cfa dont les 100 mille sont consacrés à l’entretien du véhicule avec le prix du gasoil qui ne cesse de grimper et les deux cents qui restent vont directement à la caisse. Mbaye Sène se dit toutefois inquiet face à cette situation du moment ‘ des chauffeurs qui sont des pères de famille et qui ne comptent que sur cette activité pour vivre ». M. Sène avise que 90% des personnes qui gravitent autour de l’activité ne croyaient pas que la grève allait avoir lieu. « Ce matin, l’usine était en activité. C’est par la suite que les syndicalistes sont venus interrompre le travail pour raison de grève. Cause pour laquelle vous avez tous les transporteurs ici ». Et de faire savoir que : « face à cette situation, ces pères de famille ayant fait le déplacement sont obligés de rester pour guetter le moindre marché. Au cas échéant moi qui les emploie, je suis obligé de débourser pour au moins leur permettre d’avoir la dépense quotidienne ».
Devant cette situation qui lui pose énormément de préjudices, l’homme aux sandales qui ont apparemment subi l’ardeur de la chaleur a lancé amèrement : « je pense que dans un pays sous-développé comme le Sénégal, on doit se passer de ces grèves générales ». Pour lui, « compte tenu de notre retard sur le plan économique, on ferait mieux de travailler plus pour espérer émerger à l’image d’un pays comme le Japon ». A son avis, « si ce mouvement d’humeur est lié à un problème de salaire, il faut que les syndicalistes sachent que l’Etat ne peut pas à lui seul tout supporter ». Avant d’ajouter sur la même lancée : « il doit par contre baisser les taxes sur toutes les denrées de première nécessité comme le sucre fabriqué au Sénégal et qui est paradoxalement moins cher dans les pays limitrophes ».
Dans ce lot de grévistes, on y a également trouvé la Sobao. Un tour fait à son usine situé à la route des Brasseries a permis de constater l’inactivité qui a régné dans cette boite durant la journée d’hier. Comme nous l’a prouvé le vigile trouvé à la porte : « le mot d’ordre est largement respecté, aucune activité. Il n’y a ni employés ni cadres ». Le nombre impressionnant de camions trouvés aux alentours de l’usine était édifiant. Les portes fermées de cette forteresse ne donnaient pas la possibilité de voir ce qui se passait à l’intérieur. Une chose est sûre : le calme était perceptible. L’indifférence de la Sonacos
Parmi les grandes entreprises visitées, seule la Sonacos était fonctionnelle. Son usine située en face de l’entrée du môle IV du Port autonome de Dakar tournait à cent pour cent. Rien qu’à voir l’ambiance qui régnait à l’entrée située en face des Grands moulins de Dakar, on se rend compte que l’huilerie n’a pas pris part à la « grève générale ». Un groupe de journaliers constitué en partie de jeunes et de adultes attendait tranquillement que leur nom soit appelé pour espérer quelques heures de travail. De l’autre côté, les camions faisaient leur rotation habituelle pour livrer les marchandises. Le vigile trouvé à l’accueil nous a fait comprendre que l’usine a bel et bien fonctionné qu’aucun mouvement de grève n’a été relevé. Pour aller vérifier l’information, il nous a fait notifier que les responsables étant en activité et ne sont pas disponibles pour répondre à notre demande.
Textile : L’interdiction des importations de friperie réclamée
L’unanimité s’est dégagée sur la nécessité d’interdire les importations d’habillement bas de gamme. L’émergence d’une production locale de qualité à moindre coût est souhaitée.
Les acteurs du secteur textile sont unanimes. Hier, lors du débat qui a suivi la présentation du plan d’action de la grappe textile-habillement élaboré dans le cadre de la Stratégie de croissance accélérée (Sca), ils se sont accordés sur la nécessité d’interdire les importations de friperie. Ils ont estimé que c’est la seule condition qui puisse leur permettre de reconquérir le marché du textile en perte de vitesse. Papa Birame Diallo de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), a été le premier à sonner la charge contre la friperie : ‘Nous devons aller plus loin que théoriser sur les problèmes du secteur textile que nous connaissons tous. Il faut suspendre les importations de la friperie. C’est la mesure courageuse qu’il faut prendre. Nous ne voulons plus de cette friperie. Il faut avoir le courage d’établir un système de quota, c'est-à-dire mettre en place des quotas pour l’entrée des produits asiatiques au Sénégal. Il faut l’imposer aux partenaires. Rien ne s’y oppose. Nous sommes souverains’.
Ces propos ont eu un effet d’entraînement. Les autres intervenants qui se sont succédé, ont tous rebondi sur le sujet pour soutenir l’opinion du syndicaliste. ‘Il ne faut pas se voiler la face. La suspension des importations de la friperie est la mesure courageuse et la plus déterminante qu’il faut prendre pour apporter une bouffée d’oxygène au secteur du textile’, a soutenu Mor Talla Kane, secrétaire exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes). Et le Commissaire aux enquêtes économiques de la Direction du Commerce extérieur a abondé dans le même sens, mais non sans y apporter un léger bémol : ‘Il est certes nécessaire d’arrêter les importations de friperie, mais ce sera difficile parce que nous sommes à l’heure de la mondialisation. Il ne faut pas perdre de vue que le marché est libéralisé. Il ne faut pas entrer en contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Cependant, il est toujours possible de prendre des mesures de sauvegarde’, a fait remarquer M. Fall.
Le représentant de l’Agence nationale pour la promotion des investissements et les grands travaux de l’Etat (Apix) n’a pas fait exception à cette vague de contestation des importations de la friperie. Seulement, Moustapha Ly a souhaité l’adoption d’une démarche progressive. ‘Il ne faut pas arrêter d’un seul coup les importations de la friperie. Il faut accorder un délai de cinq ans aux importateurs, le temps de permettre aux entreprises locales de se mettre à niveau et d’être compétitives pour pouvoir affronter le marché’, a-t-il préconisé. Il a, à ce propos, cité l’exemple de l’Ouganda qui a fait l’effort d’arrêter la friperie pour permettre à ses entreprises locales de développer le secteur textile en vue de gagner des parts de marché.
Tous les autres intervenants ont exprimé le même sentiment de voir disparaître à terme la friperie. C’est ainsi que le représentant de la Direction de l’artisanat, M. Thiam, n’a pas hésité à dénoncer la pratique de certaines Organisations non gouvernementales (Ong) consistant à importer de la friperie pour la revendre en vue de financer leurs activités de développement.
La styliste Mme Collé Sow Ardo a, pour sa part, plaidé en faveur de la consommation locale pour décourager les importations. Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des outils de confection communs et la formation des artisans pour développer le secteur.
Le Directeur général de la Nouvelle société textile du Sénégal (Nsts), Ibrahima Macodou Fall, s’est dit convaincu d’être en mesure de répondre aux besoins du marché sénégalais à bas prix, si on l’arrête les importations de la friperie. Ce qui veut dire que le rejet est total. Reste maintenant à savoir si les pouvoirs publics en prendront compte.
Ndakhté M. GAYE
Taxe sur la valeur ajoutée (Tva) : Probable retour de la taxe à taux réduit
Il y a de fortes chances que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) revienne à l’ancien système de taxation. C’est-à-dire, au lieu d’appliquer un taux unique de taxe sur la valeur ajoutée (Tva), comme c’est le cas actuellement, elle créerait une taxe élevée pour les produits de luxe et une taxe réduite pour les produits de consommation courante. La révélation a été faite hier par le Directeur de l’appui au secteur privé, un nouveau démembrement du ministère de l’Economie et des Finances, lors de l’atelier de lancement des activités de la grappe textile-habillement. ‘Depuis quelque temps, il y a un débat sur l’efficacité de la Tva. Les uns militent en faveur de l’application d’un taux élevé pour les produits de luxe et les autres sont pour l’application d’une taxe à taux réduit pour les produits de consommation courante’, a souligné Mamadou Makhtar Diagne. ‘Ce débat a été posé à la Commission de l’Uemoa qui a commandité une étude dans ce sens. Les conclusions de l’étude sont déposées au niveau de la Commission de l’Uemoa’, a-t-il ajouté sans plus de détail. Il a préféré en laisser la primeur à la Commission de l’Uemoa.
Nd. M. GAYE
SUD QUOTIDIEN :
A vos manquements prêts partez monsieur le président
SUDONLINE.SN | samedi 10 mai 2008
Au lendemain des élections présidentielles, plusieurs de mes amis de la diaspora m’avaient vertement critiqué, estimant que mon papier (Le Sénégal risque de couler) parus sur mon blog et dans les sites Xalima, Sudonline, Nouvel-Obs était trop alarmiste. Pour eux, le Président de la République dont je parlai, n’était nullement Abdoulaye WADE que je décrivais et le Sénégal encore moins menacé d’implosion. Un an après le scrutin, il semble bien que j’avais raison et eux tort (comme le montre d’ailleurs la situation actuelle du pays).
Voilà depuis un an que peu à peu nous sombrons ! Depuis mars 2000, notre exercice quotidien est de regarder impuissants nos valeurs se dégrader, nos talents ignorés, nos jeunes se tuent entre deux rives de l’atlantique, notre pays s’appauvrir dans un silence et un mépris du Président de la République et du PDS. Aujourd’hui, l’initiative du Chef de l’Etat, et de son gouvernement serait de mettre en place un nouveau programme Ad-hoc aprés le plan REVA, la Grande Offensive pour Anéantir la NAtion (GOANA).
Je considère que la situation de mon pays, le Sénégal, est trop grave pour que nous nous permettions d’attendre encore quatre ans avant d’engager de douloureux changements. Il faut donc que le Président de la République tire les conséquences de son incompétence et de ses échecs. Il doit partir. Il est temps de redonner la parole aux Sénégalais. Les Sénégalais dignes ne vous écoutent plus, seul la race des laches du genre Iba DER vous écoute. ils n’entendent pas davantage votre parti, confronté à la mission impossible de barrer la route à Karim votre Fils.
En mars 2000, Monsieur le Président, nous entendions de vous une vision, une stratégie et un pilotage vers un Sénégal debout permettant de valoriser nos potentiels et notre rayonnement dans le monde. La déception est immense ; La faim, la corruption, le mensoge, et la faible participation des citoyens aux élections législatives vous ont fourni une occasion d’en tirer toutes les conséquences. Malheuresement, vous ne l’avez pas fait – accélérant ainsi votre cycle politique durant lequel les Sénégalais auront perdu leur fierté, mais aussi leur niveau de vie. Ce sont quatre années soit 48 mois à risque social et politique grave, dans un climat d’attentisme et d’intrigues, que le pays va devoir affronter.
Quand Monsieur le Président compter vous faire savoir aux Sénégalais les conséquences de cette situation ? jamais. Cela seul justifierait que vous démissionniez.
Monsieur le Président, vous et votre Gouvernement avez trompé les citoyens, vous avez détruit l’économie : baisse de niveau de vie, le chômage devient héréditaire, la cohésion sociale en danger, les finances au rouge, la dette incalculable, l’école en crise, le pays vendu par Km2 etc. Le Sénégal Monsieur le Président est par terre.
Nous vivons aujourd’hui une crise sociale sans précédent, nous vivons aussi une crise politique. L’incompétence du Gouvernement, appuyé par une majorité parlementaire en grand écart avec le pays réel, devient manifeste dans son attitude d’autorité contre les revendications du peuple.
La stratégie qui consiste à mettre en place des plans de circonstance comme le plan REVA, GOANA, DIAKHAYE et autres ne sont que de l’escroquerie politique.
La fracture est profonde. C’est probablement, Monsieur le Président, la fin d’un système politique dont vous êtes le chef aujourd’hui. Le rejet de la politique politicienne par les Sénégalais et les avertissements exprimés lors du scrutins des législatives n’ont pas été compris, et donc pas suivis d’effet. Votre parti politique le PDS, n’a pas su se renouveler durant vos mandats. Or de nombreux Sénégalasis, en particulier dans la Diaspora, sont prêts à participer à l’émergence d’une politique de développement, à redéfinir les missions et les conditions de l’efficacité de l’Etat, à promouvoir un modèle social qui produise autre chose que le chômage, la famine, la misère et le takhouraane.
Combien de temps encore allons nous accepter ce jeu ? Combien de temps encore allons nous accepter de tuer toute notre énergie à tenter d’accommoder notre conscience avec une situation qui ne nous satisfait en rien alors que d’autres pays comme le Mali est depuis quelques années fermement reparti de l’avant ? L’Afrique contrairement à ce que l’on en dit est aujourd’hui parti de l’avant et elle regorge d’opportunités et de challenges que d’autres pays pauvres et moins pauvres ont déjà décidé de relever. L’Afrique est déjà parti et elle nous a laissés sur le bord du chemin ! Le Monde avance et nous ne sommes même plus capables de le voir tant nous nous épuisons à cet exercice collectif de résistance ! Il est peut-être temps de cesser les débats politiques, les problèmes de ce pays, nous les connaissons. De toutes les façons, nous sommes dos au mur aujourd’hui. Qui d’entre vous aujourd’hui croit encore que sans un changement fort et rapide, ce pays peut rebondir ?
Chers compatriotes, il est impératif aujourd’hui d’aborder les vraies questions pour l’avenir de notre pays. Il est temps de dire les choses telles qu’elles sont. On ne peut plus rester passif. Il faut aujourd’hui agir. Quand un pays est au bord de l’asphyxie, il faut savoir dépasser ses petits enjeux politiques et personnels pour donner de l’oxygène sans quoi, c’est nous même qui serons bientôt asphyxiés. Arrêtons d’être trop intellectuel de qualifier telle idée de libérale, de qualifier telle autre de socialiste. Ne nous enfermons pas dans des querelles de partis pour occulter la réalité. Unissons nos forces avec des idées nouvelles qui vont faire que notre pays va s’en sortir. Reconnaissons le droit à l’erreur. Ensemble nous pouvons nous retrousser les manches et sortir du déclin dans lequel le PDS et son Gouvernement nous enfoncent de jour en jours.
Je voudrais, Monsieur le Président de la République, avec tout le respect dû à votre fonction et à votre age, vous demander de mettre fin à votre mandat, comme l’a fait le Président Senghor en son temps. Cela permettra l’émergence d’une nouvelle ambition pour le Sénégal. Ne faites pas de votre échec, Monsieur le Président, l’échec du Sénégal et des Sénégalais. Une attente insupportable avec des discours de réveur, et donc sans effets réels, peut conduire notre pays à une situation proche de celle que connaît la Cote d’Ivoire.
Aujourd’hui, c’est la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de dissolution des Conseils municipaux pour organiser le dernier mur de défense d’un système aux abois, qui prend peur devant les conséquences économiques, sociales et politiques de ses lacunes. Monsieur le Président, vous n’incarnez plus l’esprit et les valeurs de notre cher Sénégal. J’estime que vous n’êtes plus capable de tenir le gouvernail et de donner de bonnes directions à notre pays. Dans bien des pays, le peuple se souleve pour moins que cela. Je crois sincèrement qu’il faut savoir passer la main aux plus capables. La Présidence n’est pas juste un placard doré, c’est d’abord un lieu de décision. Le Sénégal a besoin de retrouver une direction réaliste avec des Hommes et Femmes capables, qui soient au courant de la vie réelle et qui n’inventent un projet après l’autre.
La République ne peut se contenter d’un VIP de luxe comme Patron. La République Monsieur le Président a besoin d’un nouveau souffle, d’un nouveau vent : celui de l’espoir, du cœur, un vent plus tolérant. Le Peuple a besoin de Solutions, non de Mensonges. Nous sommes à la fin d’un cycle – C’est le temps de tous les dangers mais aussi le temps de l’impulsion pour un nouveau départ. Je ne prétends pas détenir de solution miracle, mais je tiens à contribuer à l’instauration d’une nouvelle politique où le droit de vote sert au citoyen à exprimer son point de vue et à être entendu et non pas uniquement à accompagner les partis politiques pour faire du Takhouraane. Le bon sens du peuple se révélera plus riche en idées sages et novatrices que les spéculations hasardeuses de nos politiciens qui à de très rares exceptions près, partagent la même mentalité : celle du “ pousse-toi de là que je m’y mette.”
Aimer son pays, croire en notre Sénégal, c’est redonner la parole aux peuple.
A l’arrivée vous risquez d’avoir la médaille de bronze !
Prénom et Nom : Idrissa Ben SENE
E-mail : idrissa.sene@gmail.com
Amadou Mokhtar MBOW, ne lui en veux pas ! L’homme court toujours à son propre secours…
Par | | vendredi 23 mai 2008
Dans son célèbre ouvrage intitulé Du pouvoir, histoire de sa croissance, Bertrand de Jouvenel y démontre « comment au cours des temps, le pouvoir change d’aspect mais jamais de nature et comment chaque soubresaut de la démocratie conduit par une sorte de fatalité historique à l’incessant renforcement légal du despotisme. » Dans notre société, cette « fatalité historique » est renforcée par notre penchant à tout rejeter sur le dos de la volonté divine à cause d’une inculture notoire et d’une mauvaise maîtrise des préceptes qui doivent éclairer notre pratique de la foi. Cette situation porte de graves atteintes à notre développement individuel et collectif. Cette « fatalité historique » est aussi favorisée par nos mentalités qui ont tendance à mettre l’appartenance à une entité familiale, religieuse, ethnique ou régionale au dessus de l’appartenance à la nation. L’épanouissement de l’individu étant assujetti à sa capacité de subordination ; plus il est proche du chef, plus il est dans ses grâces, mieux il a de chances de « réussir sa vie », d’occuper une station élevée dans l’appareil d’Etat et dans la société surtout s’il sait bien s’y faire en flatteries. L’attribution des postes de responsabilité devient tributaire de l’appartenance au clan au détriment de la compétence, de l’expérience et du sérieux. « Que la société s’essouffle, pourvu que je prospère » apparaît comme le crédo de ces fossoyeurs de la République.
Noam Chomsky disait que « La République est là où respire la société ». Ce propos nous pousse à nous demander où se trouve notre République à l’heure actuelle tellement notre société ne respire plus depuis des années. Etouffé par la dette à l’instar de nos pays, le Mexique avait annoncé en 1982 son incapacité à continuer son remboursement. Cette crise de la dette allait marquer le début d’une nouvelle ère : la colonisation de nos économies par le FMI par le truchement des ajustements structurels et leur contrôle drastique. Sortis de cette pression draconienne en 2000, nous croyions qu’avec l’avènement de l’alternance la société allait enfin respirer. Mais que nenni ! Après un saccage planifié du peu d’espoir qui restait au peuple, les nouveaux patrons du Sénégal se sont retroussé les manches pour accuser le baril du pétrole, le coût du dollar, la crise alimentaire mondiale, Jacques Diouf et la FAO etc. Qu’a-t-on fait pour prévenir cette situation ? Au lendemain de la déclaration de politique générale de l’actuel premier ministre, face à ces vœux de s’occuper de la sécurité alimentaire, j’avais demandé dans un article sorti dans la presse si le gouvernement avait la volonté réelle de transformer le bassin de l’Anambé, la vallée du Fleuve Sénégal et toutes nos terres fertiles en de véritables greniers de bon riz et des autres céréales pour nous prémunir des risques liés à l’importation de ces aliments de base.
Bref ! Dénoncer la gabegie, le pilotage à vue et les injustices du régime en place est certes une bonne chose. Cependant, poser des actes concrets visant à pourrir les racines de l’arbre qui les produise est meilleur. Le monde va vers une destination farouche et sans pitié pour les plus faibles. Y aller avec cette équipe qui nous dirige et qui ne développe que des tendances à vouloir tout le temps compter sur la force des autres pour exister n’est pas rassurant. S’égosiller pour que l’Aide des autres ne passe pas par les ONG et vienne directement à nous… Cette position, de la part d’un gouvernant, nous fait peur. Sembene Ousmane doit se retourner dans sa tombe en entendant une telle lâcheté. Il est temps de booster le départ de ces incapables. D’ici à la prochaine élection présidentielle, nous avons l’ultime devoir de multiplier les contre-pouvoirs dans l’intérêt du peuple pour le protéger du despotisme rampant de ce Parti-Etat. Sur cette lancé, je salue la tenue des Assises Nationales et demande à son Excellence Amadou Mokhtar MBOW de ne prêter aucune attention à la sortie récente dans la presse de Monsieur Souleymane Ndéné NDIAYE. Une autorité gouvernementale, dans des périodes de déche généralisée comme celle-ci doit chercher des réponses aux questions qui préoccupent sa société et non initier des attaques personnelles insensées. Ses élucubrations ont le mérite de nous montrer sa véritable personnalité. Ne lui en veux pas ! L’homme court toujours à son propre secours. C’est que son régime est aux abois. Ce n’est pas étonnant venant de lui car son mentor n’en fait pas mieux. Incapable de trouver des solutions salutaires aux problèmes des sénégalais, il s’allie les services d’une part importante de nos chefs spirituels et coutumiers comme instrument de légitimation de ses innombrables dérives. Une dictature cache toujours ses carences en usant de l’arme de la calomnie, de la polémique, de l’intimidation, de la violence verbale ou physique, de la corruption et de l’impunité. Elle s’appuie sur les institutions et manipule la constitution pour installer ses populations dans un Etat policier et pérenniser son règne. Et puisque « la propagande ne se pose pas de question morale » comme disait Noël Mamère, elle fait entrer les Médias d’Etat dans la danse cherchant ainsi à semer l’idiotie dans les esprits les moins avertis, les plus faibles, les plus malléables.
Le dictateur ne se prive pas non plus de faire d’une frange importante des intellectuels de son pays la grande gueule qui prolonge à coups de mensonges savants son jeu de dupe vis-à-vis de son peuple. Il faut dire que cette catégorie d’intellectuels est partie prenante du système et ne se gène pas, pour ne pas crever de faim, de « lamper la gamelle des chiens maudits ». N’allez pas lui parler de train de vie ahurissant de l’Etat ; il a les oreilles déjà bouchées par l’hypocrisie, l’égoïsme et le culte de la personnalité. La distraction n’a que trop duré. Notre peuple souffre de ses dirigeants. Ce n’est pas avec des querelles de bas étages et des chimères du genre REVA ou GOANA qu’ils vont résoudre les inquiétudes du panier de la ménagère. Notre économie glisse vers le désastre, vers de très dangereuses incohérences avec des conséquences fâcheuses surtout pour les générations montantes qui dirigeront demain ce pays. Payer pour la faute des autres est injuste lorsqu’on ne l’a pas choisi. L’opposition doit se concentrer sur son unité, sur l’élargissement de ses bases, sur les Assises Nationales avec la société civile et toutes les forces vives de la nation. Elle doit arrêter de causer sur la suppression de certaines collectivités locales. La prolongation du mandat des collectivités locales est une usurpation légalisée de la volonté du peuple de choisir ses élus locaux à date échue. Elle ne devait même pas continuer à siéger dans ces instances.
Un régime qui ne peut pas assurer à ses enfants une éducation de qualité, une paix sociale durable, une politique agricole et industrielle fiable, une bonne politique de l’emploi… doit avoir l’humilité de s’aménager une porte de sortie honorable. Il doit surtout répondre sans orgueil à une invitation aussi sérieuse et utile à son peuple que celle des Assises Nationales. Sur terre, aucun pouvoir n’est éternel. Celui qui en doute peut poser la question à Hussein Habré ou à Charles Taylor. Les richesses terrestres sont impuissantes face à la mort. Pour preuve, Mobutu Sese Seko, dictateur pendant trente ans, avait à sa mort une fortune évaluée à huit milliards de dollars, soit l’équivalent des deux tiers de la dette de son pays le Zaïre à l’époque. Un jour, nous mourrons. Et nous rendrons compte devant Dieu, l’Unique Constance.
Tafsir Ndické DIEYE Ecrivain – Poète
Auteur de polars et de poésie dont Odeur de sang et Silence ! On s’aime
Editions Le Manuscrit Paris mars 2008
MOUSTAPHA SAMB SUR LE PROTOCOLE D’ACCORD
“La démarche de Farba Senghor est confusionniste “
Par Omar DIAW | SUD QUOTIDIEN | jeudi 22 mai 2008
Le syndicat autonome des enseignants du Supérieur (Saes) n’épouse pas la démarche entreprise par le ministre Farba Senghor dans le règlement de la crise à l’Université de Dakar et à l’école Polytechnique de Thiès. Moustapha Samb, porte-parole du syndicat des enseignants n’en soupçonne pas moins une démarche de « politique politicienne » qui ajoute à la confusion qui prévaut dans l’espace universitaire.
Le syndicat des enseignants qualifie de « politique politicienne » la voie utilisée par le ministre de l’artisanat, Farba Senghor, dans la signature du protocole d’accord signé avec les professeurs et les étudiants de l’école polyclinique de Thiès.
« Farba Senghor l’avait fait aussi avec les étudiants de la Fac de lettres. Dans la crise, le Saes était en négociation avec les différentes composantes de l’université. Au moment où les gens étaient en négociation, beaucoup de choses avaient été réglées. Le ministre est venu au dernier moment pour signer. Farba Senghor n’a fait que signer le protocole d’accord qui était acquis et l’exhiber en disant que c’est lui », dénonce Moustapha Samb, chargé de la communication et porte parole du Saes.
Ce qui ne fait qu’ajouter à la confusion existant et que l’Université n’en a point besoin. « Nous ne sommes pas contre les médiateurs et les bons offices qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. Elles sont les bienvenues. A conditions qu’elles soient menées avec sincérité. Les saupoudrages et les politiques politiciennes n’ont pas leur place dans l’espace universitaire. Nous ne voulons pas ce genre d’intervention intempestive. Qu’elles viennent du ministre de l’artisanat, même si c’est le président de la République qui l’a envoyé », a t-il précisé. Ceci d’autant que le ministre n’avait rencontré qu’une partie des étudiants en ignorant le Saes.
« Il a rencontré une partie des enseignants de Thiès, il a signé un protocole d’accord qui ne règle rien du tout. Parce qu’une partie l’à déjà rejeté. Nous, nous voulons régler les problèmes pas à pas », estime t-il, soulignant que le Saes a joué en amont aussi bien à la faculté de Lettres qu’ à l’école Polyclinique de Thiès un rôle d’interface pour faciliter les retrouvailles.
« Nous n’avons jamais rompu le dialogue avec le ministre de tutelle, Moustapha Sourang, ni avec les partenaires sociaux. Nous étions en conclave à Saly pour trouver des solutions à l’enseignement scolaire. Nous l’avons fait et il ne restait qu’à signer des protocoles d’accords. Il y a déjà des professeurs qui se sont exprimé sur les ondes d’une radio pour dire qu’ils ne reconnaissent pas à travers ce protocole d’accord », précise-t-il.
Selon Moustapha Samb, la crise qui sévit dans le secteur de l’enseignement supérieur est plutôt structurelle et que sa solution ne peut s’inscrire dans le long terme.
« La crise n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Nous avons des problèmes liés à la massification, à la faiblesse du budget, du taux d’encadrement à une insuffisance de locaux. La réforme demande aussi des préalables qui ne sont pas remplis. Toutes ses facteurs font que l’on ne sait pas dans quelles directions nous allons », indique-t-il.
Pour régler en profondeur les problèmes de l’espace universitaire l’Université, Moustapha Samb estime qu’il faudrait prendre en compte tous les chefs de département, les doyens, le recteur, le ministre de tutelle, les enseignants, les étudiants, les médiateurs et toutes ses composantes.
« Nous voulons faire un appel aux autorités et demandons que ce ministre arrête d’intervenir dans l’espace universitaire et qu’il laisse les universitaires régler leur problème. L’université et le secteur de l’éducation en général demande de la sérénité car l’université de Dakar est assis sur une poudrière », fait remarquer le porte-parole du Saes.
Au Sénégal, c’est dans le domaine de l’éducation plus qu’ailleurs, que l’on observe cette régression. Or, prévient Madani Tall : «Quand une nation accepte que ses enfants perdent annuellement le tiers de l’instruction que leur doivent ses enseignants, c’est son déclin à long terme qu’elle construit». Car, précise Cheikh Hamidou Kane : «Une plaie qu’on néglige ne guérit pas, mais s’infecte jusqu’à la gangrène. Un enfant qu’on n’éduque pas, régresse. Une société qu’on ne gouverne pas se détruit».
Le Matin : Vendredi 23 Mai 2008
TRAIN DE VIE DISPENDIEUX DE L'ETAT : Les socialistes mettent à nu " les niches de gaspillage des deniers publics » du régime de Wade.
"La crise actuelle est la résultante d'un mode de gouvernance déstabilisateur. Elle est la conséquence d'une frénésie destructrice du pouvoir libéral entamé dès les premiers moments de l'alternance et dont la furie dépensière est l'élément moteur. En effet, s'il est un domaine où le régime libéral se distingue particulièrement, encore qu'il soit difficile d'établir un classement dans ses errements et égarements, dans ses fautes par action et par omission, c'est dans sa propension à dépenser sans compter l'argent public et surtout sans considération des critères de priorité et d'opportunité et des règles de transparence et d'efficience de la dépense publique".
Ces mots ont été prononcés hier au cours du séminaire de formation de l'Ecole du Parti socialiste par son Secrétaire général, M. Ousmane Tanor Dieng. Cette rencontre a permis aux socialistes en présence de leurs alliés du Front Siggil Sénégal et des spécialistes des finances publiques de faire l'état des lieux sans complaisance des dépenses des ressources nationales par le pouvoir de l'alternance.
Dans son allocution d'ouverture, M. Ousmane Tanor Dieng a expliqué le choix du thème : "le train de vie de l'Etat" pour sa session de formation, la première après leur congrès du Nouvel an des 27 et 28 octobre 2007 par "la crise actuelle que vivent les Sénégalais et l'utilisation exagérée des fonds publics". D'après M. Dieng, "le choix du thème n'est donc pas le fruit du hasard, ni même un prétexte dont se sert le Parti socialiste pour ressasser de vieilles critiques que la surdité et la cécité empêchent au pouvoir en place de saisir le sens et la portée". Et de poursuivre : "Il s'agit, à travers l'étude de ce thème, de faire droit au devoir de vérité sur la gestion des finances de l'Etat en passant en revue les dépenses publiques afin d'en débusquer toutes les niches de gaspillage et de pillage des ressources nationales.
Le choix du format, un séminaire de formation pour satisfaire cette exigence de vérité, procède de la volonté de confirmer la tradition de formation de nos militants et du souci d'allier perspicacité et pédagogie à travers un exercice de méthode dans la forme comme dans le fond". Pour le patron des socialistes, l'objectif de cette rencontre, au-delà "d'un inventaire en profondeur du train de vie onéreux de l'Etat et de la formulation de propositions efficaces", est de fournir à leurs militants les outils appropriés pour leur permettre de "sensibiliser les citoyens sur une des causes du désastre provoqué par la gouvernance libérale".
En prenant la parole, le numéro un du Rassemblement national Démocratique (Rnd), le Professeur Madior Diouf qui avait à ses côtés les représentants d'autres partis de l'opposition, a déclaré qu'il ne faut pas s'amuser avec les ressources financières de l'Etat. Et de lancer cet avertissement : "L'après-wade sera difficile à gérer". Au chapitre des exposés présentés par des universitaires et autres experts de l'administration à cette rencontre, des sous-thèmes tels que : "L'alternance et l'argent" ; "Emballement du train de vie de l'Etat : quelques niches de gaspillage de nos maigres deniers publics" ; "Gouvernance budgétaire et démocratie" ; "Les dépenses publiques dans l'administration" ; et "Les ambassades et consulats de l'an 2000 à nos jours", ont servi de supports de discussion.
Dépenses non prioritaires
Selon le Professeur Oumar Sankharé qui a parlé du premier thème, "à examiner de près le vocabulaire de l'alternance, on s'aperçoit que le terme le plus usité aujourd'hui est sans conteste celui de "milliards". Que de scandales financiers chiffrés en milliards ont été commis par ce régime ! Tout se passe comme si le pouvoir se résumait à l'argent et que l'argent était le seul souci du Pouvoir Etat corrupteur, Etat corrompu, Etat vénal, telles sont les épithètes qui caractérisent le mieux le Sénégal sous l'alternance". Dans son speech, il a insisté sur "les sursalaires pour acheter les agents de l'Etat qui participent au processus électoral, le gouvernement n'a devant aucune forfaiture" et "la générosité de l'Etat à l'égard des grands électeurs ainsi que l'achat des consciences".
Les autres animateurs des exposés ont parlé "des niches de gaspillages liés aux nombreux voyages onéreux du président de la République et aux contrats spéciaux qui sont passés de 50 en 2000 à plus de 900 à nos jours". M. Jaques Habib Sy, pour sa part, a mis l'accent sur la hausse "anormale" du budget national sur laquelle nous devons réfléchir et du fait que l'essentiel de l'effort budgétaire a été fait par le peuple sénégalais. Il a chiffré les dépenses en termes de centaines de milliards de nos francs du pouvoir en carburant, téléphone, voyages et missions à l'intérieur comme hors du pays
Auteur: Diaw MBODJ
FERLOO:
22 mai 2008 |
Des émigrés subsahariens à Oujda (Maroc)
Pour une conscientisation sur la problématique de l’émigration : Les Sénégalais de l’extérieur mettent en place une fondation
Partie de l’idée d’une conscientisation sur la problématique de l’émigration, les migrants sénégalais de tous bords et toutes horizons ont décidé d’unir leur force dans la perspective de la mise en place d’une fondation. Et ce, afin de mieux répondre au double objectif de la lutte contre la pauvreté et de servir de cadre d’information pour les candidats à l’émigration.
Emigrer dans des conditions dignes et respectables afin d’aider au mieux à la lutte contre la pauvreté qui sévit au Sénégal. C’est justificatif existentiel de la fondation des émigrés sénégalais (Fes) que Mamadou Agne et Cie comptent mettre sur pied au cours de leur assemblée générale constitutive le 30 mai prochain. Jouant un rôle important pour le développement du pays avec d’énormes masses de transfert d’argent, les émigrés sénégalais veulent désormais jouer une part active dans le co-développement.
Mamadou Cheikh Agne, Président de la commission d’organisation et de la communication, dira que « l’idée de la mise en place d’une fondation est née d’une volonté de mobiliser les ressources en vue d’améliorer les conditions de vie des émigrés sénégalais ». Mais bien au-delà, expliquent Pape Yoro Sow et Rosnert Ludovic, cette structure prendra en charge la problématique de l’émigration/immigration. Il s’agira surtout de sensibiliser les candidats à l’immigration au moment où le problème de l’immigration dite clandestine est d’une grande acuité.
HS/FC
LA SENTINELLE:
BONJOUR L’AFRIQUE | Le cas Farba Publié le 22 mai 2008 à 20h48
Par Abda SOULEYE Dans quelle République, jetant aux orties le sacro-saint principe de la solidarité gouvernementale, un ministre peut-il qualifier son collègue d’ "incompétent", négocier dans son dos et parader devant les micros sans encourir la moindre sanction ? Au Sénégal, pardi ! L’auteur de ce remarquable exploit n’est personne d’autre que le ministre Farba Senghor, chargé des Transports aériens et de l’Artisanat en attendant sans doute de prendre la place du très discret Moustapha Sourang, en charge de l’Education nationale. Ce n’est pas la première fois que Farba Senghor empiète de la sorte sur les plates-bandes de son collègue avec la finesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Une première fois, Farba Senghor s’était autorisé une immixtion dans la crise scolaire en allant négocier directement avec les meneurs qui avaient plongé la faculté de lettres de l’université de Dakar dans la chienlit avec une grève interminable. Sans doute galvanisé par le succès obtenu auprès des étudiants dakarois, Farba Senghor, décidément infatigable, a remis le couvert pour une fois de plus, prendre langue avec leurs camarades de l’école polytechnique de Thiès engagés dans un bras de fer avec les autorités académiques. Là aussi, le nouveau sauveur autoproclamé de la République en danger, s’était empréssé de convoquer les caméras de la Rts en prétendant avoir dénoué la crise. Seulement cette fois-ci le Zorro de l’Education nationale a reçu un cinglant démenti de la part des étudiants Thièssois qui ont déclaré ne reconnaître comme unique interlocuteur que Moustapha Sourang. Au vu de ses nombreuses frasques passées, on serait tenté de rire de ce nouveau vaudeville dans lequel Farba Sengor est la vedette incontestée. Mais la République du Sénégal doit marcher sur la tête pour que le chef de l’Etat assiste sans broncher à de tels écarts de conduite. Ce silence devant les agissements coupables d’un ministre qui n’honore pas les charges de sa fonction tend même à conforter l’opinion des nombreux observateurs qui pensent que Senghor est en mission commandée. De par le passé, les attaques de Farba Senghor contre un membre du gouvernement ont toujours précipité sa chute. Pour l’avoir vu à l’oeuvre dans les opérations de "deseckisation" et et de "démackysation", le Pr Moustapha Sourang devrait surveiller ses arrières.
NETTALI:
GREVE GENERALE DE L’INTERSYNDICALE : BILAN ET PERSPECTIVES
Les grévistes attendent une réponse à leur signal
vendredi 23 mai 2008
NETTALI - L’Intersyndicale des centrales syndicales que sont la Cnts, la Csa, Uts et Udts, a mené hier, 22 mai 2008, une grève générale dont la réussite est sujette à caution. Mais l’heure n’est pas à la polémique mais à l’évaluation, afin de tracer de nouvelles perspectives. L’Intersyndicale attend une réponse à son signal, le patronat estime nécessaire la poursuite du dialogue, rapporte Sud Fm.
« Nous sommes en train d’évaluer. Dans l’évaluation, il y a la mesure d’impact de la grève dans le secteur privé et dans le secteur public. Et ensuite, il y a maintenant la réaction du gouvernement et du patronat. Donc nous allons attendre la réaction du gouvernement et du patronat pour savoir quelle lecture ils font de notre démarche. Ensuite, nous déterminerons la nouvelle étape à prendre », campe Mamadou Diouf, Coordonnateur de l’Intersyndicale des centrales. « Nous avons envoyé un signal et nous attendons la réaction par rapport à ce signal que nous avons envoyé », précise le patron de l’Uden, qui garde à l’esprit une possibilité de relance positive des négociations entre les syndicats, le patronat et le gouvernement : « les questions soumises à nos employeurs, publics et privés, concernent le gouvernement et le patronat. Le gouvernement ne peut pas se dérober et nous laisser seuls en face du patronat ».
Du côté du secteur privé, les responsables soutiennent avoir peu souffert de cette journée de grève. En dehors du secteur de l’industrie, les autres services ont fonctionné normalement. « Comme vous le constatez, tout le patronat le regrette, parce que nous étions déjà dans une dynamique de concertation et malgré peut-être le désaccord qui est constaté, la volonté de poursuivre le dialogue et d’aboutir à un accord reste toujours de mise », avance Abdel Kader Ndiaye, vice-président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes).
M. Ndiaye de poursuivre : « Il faut aussi retenir que dans une économie, une grève générale n’est jamais la bienvenue parce que ça perturbe l’économie. En ce qui concerne l’évaluation de la grève générale, je pense que ce qu’il faut retenir aujourd’hui, qu’il s’agisse du secteur du service, de l’industrie, du Btp, ce sont des services du secteur économique qui ont fonctionné, peut-être pas à plein régime, mais vous pouvez le constater, malgré la grève générale, on a pu enregistrer une activité acceptable, en tout cas pour faire tourner les structures ».
Selon le responsable de la Cnes « le débat est ailleurs. Aujourd’hui, il s’agit de voir comment poursuivre le dialogue, comment trouver des points de convergence entre le patronat et les travailleurs, pour qu’on puisse en tout cas se tourner vers l’essentiel. Je pense que le combat du développement est ailleurs ».
Le gouvernement, les syndicats et le patronat se retrouvent autour de la table dès ce vendredi. Les négociations vont continuer après la grève générale d’hier. Les plénières auront lieu au Building administratif à 15 heures.
Education
Citoyens, notre pays d’abord
lundi 8 août 2005
Le Sénégal, vit aujourd’hui une des périodes les plus décisives de son histoire. Pays en voie de développement tendant à s’insérer dans la gamme des pays émergents, nous avons maîtrisé l’inflation, assaini les finances publiques. Des travaux importants sont en train d’être réalisés ou réceptionnés pour donner un visage nouveau au pays ; ce, malgré la gymnastique que les puissances étrangères nous imposent. L’éducation et la santé engloutissent la majeure partie du budget national.
Ajoutez à cela, entre autres, une politique agricole qui rompt d’avec les méthodes du passé pour se tourner résolument vers le modernisme avec la diversification des cultures et des volontaires à travers tout la pays : vous avez devant vous un Sénégal en chantier. Cerise sur le gâteau, ces acquis sont consolidés par une stabilité sociale cimentée par une nation où les cultures et les cultes sont interactifs et complémentaires. Cependant si on y prend garde, tous ces acquis et minutieusement élaborés risquent de ne pas bénéficier au peuple qui en a tant besoin. C’est le lieu d’interpeller, ici, trois éléments de notre société en voie de développement dans un monde prise à beaucoup de tribulations : la presse, le politique, le citoyen.
L’éducation moteur du développement, peut avoir un complice de taille dans sa logique : la presse. Nul au Sénégal, n’ignore le rôle d’avant-garde, de régulateur, que la presse a joué et continue de jouer dans la marche du pays. Si nous interpellons ici, ce n’est pas pour fustiger son action, ni pour essayer d’infléchir une quelconque force dans le sens de la bâillonner ou la censurer, ce qui serait un recul démocratique certain, mais pour l’inviter à une réflexion qui serait bénéfique à tout un chacun dans la pays. En fait ce qui nous anime dans ce sens, c’est le souci de l’éducateur qui sait que l’information est un contenu et les moyens un contenant . L’articulation de ces deux concepts dans un pays où les populations ont un niveau de compréhension et une approche hétéroclites des phénomènes et des problématiques mérite une attention particulière. La presse vulgarise l’information alors que l’école a pour souci l’éducation. La presse cherche à intéresser et l’école enseigne en s’appuyant sur la pédagogie pour la transmission des connaissances.
Nous voudrions, ici, inviter le journaliste à partager le souci de l’enseignement. L’information serait, alors, un précieux outil dans la mesure où le journaliste aurait pour viatique : apprendre au public à consommer l’information pour en tirer un meilleur profit. Nous pensons que sur ce volet les décideurs de demain formés aux bonnes écoles et consommant la bonne information, ne pourrons devenir que des dirigeants vertueux.
La politique a un rôle moteur dans cette optique. Nous avons, certes, besoin d’hommes et des femmes techniquement compétents mais aussi politiquement conscients. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui pensent et agissent dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation dans la conduite des affaires publiques.
Des hommes qui sont prêts à mettre en cause la paix et l’harmonie sociale dans tout ou partie du pays pour accéder à des strapontins ou se positionner dans leur parti ;des hommes qui sont prêts à tout (foulant au pied la morale, l’éthique, l’intégrité, la religion) pour leurs propres intérêts ne méritent plus de figurer parmi les décideurs de ce pays. Nous avons trop souffert par le passé. Nous sommes acteurs et témoins de notre histoire contemporaine. Nous savons ce que d’honorables citoyens ont perdu pour préserver ce que nous avons en commun : le Sénégal.
Pouvoir et opposition sont interpellés pour préserver et consolider la stabilité sociale du pays. Tout ce qui précède a pour cible le citoyen moulé, façonné par un Sénégal de paix, de tolérance, de cousinage à plaisanterie, mais où l’indiscipline, le laxisme, l’ignorance (où la défiance) du bien public, de la notion de l’Etat, entre autres, règnent dans l’indifférence quasi générale. Cependant, pour qu’on puisse se mettre sur une rampe qui nous propulserait à un niveau de développement meilleur que celui dans lequel nous vivons, il faudrait que nos attitudes soient conséquentes. Le Sénégalais est, d’habitude, réfractaire à la contrainte même si elle est salutaire. Il n’aime que les situations dans lesquelles il trouve son compte, nonobstant (le plus souvent) le dommage que lui, individu, peut causer au groupe et à la société. Nous sommes prompts à dire que cela ne va pas, nous avons pas ceci, cela. Mais, paradoxalement, dès qu’on en dispose, parfois au bout d’énormes sacrifices, nous concourons à son anéantissement. Par nos comportements. Un exemple local parmi tant d’autres : naguère on se plaignait de la défectuosité du réseau routier de la capitale. Maintenant que non seulement le réseau a été réhabilité mais les trottoirs et les passages ressuscités des garagistes, des « restaurateurs » et des vendeurs s’y installent, au mépris de toutes les règles d’hygiène mettant en danger la vie d’innocents citoyens. Ces citoyens sénégalais au sens civique totalement négatif prétextent qu’ils ont une famille à nourrir. Alors qu’ils mettent en danger des familles entières.
Certains comportements frisent même la folie. Des Sénégalais voisins du parc national du Niokolo-Koba ont des champs dans le parc même. Les agents du parc l’ayant constaté leur ont conseillé de ne pas y rester à certaines heures, parce que les lions y passent à ces moments-là. Il se trouve parmi eux des réfractaires. Et souvent ils se font dévorer par ces lions. Comment qualifier un tel comportement ?
Maintenant comment voulez-vous articuler tout cela avec les objectifs de développement que nous nous sommes fixés ? Le développement n’était que vision et comportement basés sur une culture forte, les ressources humaines et naturelles que nous avons peuvent nous permettre d’émerger. Mais il faudra que les gens se tournent résolument vers ce qui nous fera avancer. En mettant de côté ce qui nous détournera de cet objectif même si la tentation de la facilité et des combines « salvatrices » est trop forte.
Et pourquoi ne pas convoquer les états généraux du civisme et de la citoyenneté ?
Wagane FAYE Professeur d’anglais Coordonnateur des cadres du Fap Vice-président de la Commission des cadres experts de la Cap 21
Education
Citoyens, notre pays d’abord
lundi 8 août 2005
Le Sénégal, vit aujourd’hui une des périodes les plus décisives de son histoire. Pays en voie de développement tendant à s’insérer dans la gamme des pays émergents, nous avons maîtrisé l’inflation, assaini les finances publiques. Des travaux importants sont en train d’être réalisés ou réceptionnés pour donner un visage nouveau au pays ; ce, malgré la gymnastique que les puissances étrangères nous imposent. L’éducation et la santé engloutissent la majeure partie du budget national.
Ajoutez à cela, entre autres, une politique agricole qui rompt d’avec les méthodes du passé pour se tourner résolument vers le modernisme avec la diversification des cultures et des volontaires à travers tout la pays : vous avez devant vous un Sénégal en chantier. Cerise sur le gâteau, ces acquis sont consolidés par une stabilité sociale cimentée par une nation où les cultures et les cultes sont interactifs et complémentaires. Cependant si on y prend garde, tous ces acquis et minutieusement élaborés risquent de ne pas bénéficier au peuple qui en a tant besoin. C’est le lieu d’interpeller, ici, trois éléments de notre société en voie de développement dans un monde prise à beaucoup de tribulations : la presse, le politique, le citoyen.
L’éducation moteur du développement, peut avoir un complice de taille dans sa logique : la presse. Nul au Sénégal, n’ignore le rôle d’avant-garde, de régulateur, que la presse a joué et continue de jouer dans la marche du pays. Si nous interpellons ici, ce n’est pas pour fustiger son action, ni pour essayer d’infléchir une quelconque force dans le sens de la bâillonner ou la censurer, ce qui serait un recul démocratique certain, mais pour l’inviter à une réflexion qui serait bénéfique à tout un chacun dans la pays. En fait ce qui nous anime dans ce sens, c’est le souci de l’éducateur qui sait que l’information est un contenu et les moyens un contenant . L’articulation de ces deux concepts dans un pays où les populations ont un niveau de compréhension et une approche hétéroclites des phénomènes et des problématiques mérite une attention particulière. La presse vulgarise l’information alors que l’école a pour souci l’éducation. La presse cherche à intéresser et l’école enseigne en s’appuyant sur la pédagogie pour la transmission des connaissances.
Nous voudrions, ici, inviter le journaliste à partager le souci de l’enseignement. L’information serait, alors, un précieux outil dans la mesure où le journaliste aurait pour viatique : apprendre au public à consommer l’information pour en tirer un meilleur profit. Nous pensons que sur ce volet les décideurs de demain formés aux bonnes écoles et consommant la bonne information, ne pourrons devenir que des dirigeants vertueux.
La politique a un rôle moteur dans cette optique. Nous avons, certes, besoin d’hommes et des femmes techniquement compétents mais aussi politiquement conscients. C’est-à-dire des hommes et des femmes qui pensent et agissent dans le sens de l’intérêt supérieur de la nation dans la conduite des affaires publiques.
Des hommes qui sont prêts à mettre en cause la paix et l’harmonie sociale dans tout ou partie du pays pour accéder à des strapontins ou se positionner dans leur parti ;des hommes qui sont prêts à tout (foulant au pied la morale, l’éthique, l’intégrité, la religion) pour leurs propres intérêts ne méritent plus de figurer parmi les décideurs de ce pays. Nous avons trop souffert par le passé. Nous sommes acteurs et témoins de notre histoire contemporaine. Nous savons ce que d’honorables citoyens ont perdu pour préserver ce que nous avons en commun : le Sénégal.
Pouvoir et opposition sont interpellés pour préserver et consolider la stabilité sociale du pays. Tout ce qui précède a pour cible le citoyen moulé, façonné par un Sénégal de paix, de tolérance, de cousinage à plaisanterie, mais où l’indiscipline, le laxisme, l’ignorance (où la défiance) du bien public, de la notion de l’Etat, entre autres, règnent dans l’indifférence quasi générale. Cependant, pour qu’on puisse se mettre sur une rampe qui nous propulserait à un niveau de développement meilleur que celui dans lequel nous vivons, il faudrait que nos attitudes soient conséquentes. Le Sénégalais est, d’habitude, réfractaire à la contrainte même si elle est salutaire. Il n’aime que les situations dans lesquelles il trouve son compte, nonobstant (le plus souvent) le dommage que lui, individu, peut causer au groupe et à la société. Nous sommes prompts à dire que cela ne va pas, nous avons pas ceci, cela. Mais, paradoxalement, dès qu’on en dispose, parfois au bout d’énormes sacrifices, nous concourons à son anéantissement. Par nos comportements. Un exemple local parmi tant d’autres : naguère on se plaignait de la défectuosité du réseau routier de la capitale. Maintenant que non seulement le réseau a été réhabilité mais les trottoirs et les passages ressuscités des garagistes, des « restaurateurs » et des vendeurs s’y installent, au mépris de toutes les règles d’hygiène mettant en danger la vie d’innocents citoyens. Ces citoyens sénégalais au sens civique totalement négatif prétextent qu’ils ont une famille à nourrir. Alors qu’ils mettent en danger des familles entières.
Certains comportements frisent même la folie. Des Sénégalais voisins du parc national du Niokolo-Koba ont des champs dans le parc même. Les agents du parc l’ayant constaté leur ont conseillé de ne pas y rester à certaines heures, parce que les lions y passent à ces moments-là. Il se trouve parmi eux des réfractaires. Et souvent ils se font dévorer par ces lions. Comment qualifier un tel comportement ?
Maintenant comment voulez-vous articuler tout cela avec les objectifs de développement que nous nous sommes fixés ? Le développement n’était que vision et comportement basés sur une culture forte, les ressources humaines et naturelles que nous avons peuvent nous permettre d’émerger. Mais il faudra que les gens se tournent résolument vers ce qui nous fera avancer. En mettant de côté ce qui nous détournera de cet objectif même si la tentation de la facilité et des combines « salvatrices » est trop forte.
Et pourquoi ne pas convoquer les états généraux du civisme et de la citoyenneté ?
Wagane FAYE Professeur d’anglais Coordonnateur des cadres du Fap Vice-président de la Commission des cadres experts de la Cap 21