la future Asemblée Nationale
La plus longue législature de l’histoire du Sénégal indépendant (2001-2007) s’achève dans une ambiance différente de celle qui avait rythmé son ouverture. L’euphorie d’hier, dans le sillage de l’alternance à la tête de l’Etat, intervenue en 2000, a cédé aujourd’hui la place à une certaine apathie. Le boycott d’une frange de l’opposition significative, le sentiment largement partagé que les formations et coalitions de parti alignées face à l’actuelle majorité ne font pas le poids, expliquent cet état de fait. Me Abdoulaye Wade a, non seulement de fortes chances de pas être contraint à la cohabitation, mais est parti pour s’offrir une chambre introuvable bleue.
Reste à savoir si le renouvellement de l’Assemblée nationale participera de l’ancrage de la démocratie. La crise de la représentation qui frappe pratiquement tous les pays ayant choisi ce système a pris un tour singulier dans notre espace politico-social. Aussi longtemps que l’Assemblée nationale sera constituée et fonctionnera sur les bases actuelles, son rôle sera dévoyé. Elle n’a pas vocation à être une maison de repos, un centre de recasement de professionnels politiques improductifs. La rupture attendue dans les comportements des députés, notamment dans le vote n’a pas été opérée. Aussi, est-il urgent de réformer la chambre des députés, de trouver d’autres mécanismes pour rendre sa composition plus conforme aux exigences d’une démocratie moderne.
Des propositions ont été avancées mais leur application ne garantit pas une plus grande efficacité. Deux exemples : la traduction simultanée, l’apport d’assistants. Si, sur ces deux points, l’objectif visé est de permettre une participation plus accrue aux débats, une bonne préparation aux discussions qui, en commissions et en plénière précède le vote des lois, on peut se poser la question de savoir l’effet sur des parlementaires analphabètes en français, la langue officielle et de travail du pays, si les choses devaient en rester là. Par ailleurs, la complexité de certaines questions requiert un bon niveau académique.
Une chose est de mettre les députés dans de bonnes conditions matérielles en leur assurant tout le confort nécessaire à l’exécution des tâches, une autre est de s’assurer de leur compétence à traiter des dossiers. La représentation nationale ne peut, sauf à verser dans la démagogie et le populisme, être ouverte à tous, sans considération des aptitudes des postulants. Le poids des partis, le mode de scrutin, l’insuffisante prise en compte du coefficient personnel du députable ne participent pas de l’émancipation d’une institution chargée de voter les lois et de contrôler l’exécutif.