Grosse WADERIE
‘Candidats’ du M23 : les dessous d’un radicalisme suicidaire
Le docteur-vétérinaire, Ousmane Socé Diop, colistier de Me Lamine Guèye, a eu à s’exprimer, en ces termes pathétiques, du haut de la tribune du Congrès extraordinaire de la Sfio (Section française de l’internationale ouvrière), le 5 février 1955, à Puteaux, en France : ‘En ces heures douloureuses, où la fédération socialiste du Sénégal pleure quatre de ses militants, lâchement assassinés par les bandes armées du député Senghor ; en ces heures où cinquante des nôtres pansent leurs blessures, où la démocratie connaît au Sénégal sa crise la plus grave, je voudrais vous dire tout de suite quel sentiment de réconfort nous avons éprouvé, mes amis et moi, en voyant cette atmosphère de fraternelle et chaude solidarité du Parti socialiste, nous accueillant dans un climat de fraternité réelle, dès les premières heures de notre arrivée à Paris’.
C’était au lendemain de la sanglante embuscade que des activistes du Bloc démocratique sénégalais (Bds) de Senghor avaient tendue à la caravane de la Sfio de Me Lamine Guèye, le 23 janvier 1955, alors que ce dernier quittait, avec son staff de campagne, Bignona pour se rendre à Ziguinchor. Des centaines d’assaillants, surgis de nulle part, armés de machettes, de gourdins et d’armes à feu avaient violemment pris à parti le cortège du leader de la Sfio. Le bilan fut macabre : quatre morts, 46 blessés. On dénombra sept impacts de balles sur le véhicule de Lamine Guèye. Et son colistier, Ousmane Socé Diop, fut sérieusement atteint par un projectile, à la cuisse.
Même si, dans sa longue tradition démocratique, le Sénégal peut se targuer d’être l’un des rares pays d’Afrique à s’être, très tôt, doté d’institutions électives modernes, d’avoir organisé ses toutes premières élections législatives, dès 1848 (le 31 octobre), et d’avoir, dès lors, acquis, très tôt, le louable automatisme citoyen de choisir ses élites politiques par la voie démocratique des urnes, la vérité crue des annales électorales sénégalaises n’en révèle pas moins des drames électoraux, caractérisés souvent par de violentes et sanglantes rivalités politiques.
Inquisiteur dans l’âme, le journaliste-écrivain, Marcel Mendy, dans son dernier ouvrage, ‘La violence politique au Sénégal’, aura, sans ménagement, cloué au pilori les hommes politiques, qui en sont la sève nourricière. Se référant à d’authentiques documents d’archives, de l’histoire politique récente du Sénégal, l’auteur ne trouvera pas de mots assez vigoureux pour faire vivre aux lecteurs les émeutes sanglantes du 1er décembre 1963, sur le boulevard Général De gaulle (ex-Allées du Centenaire). C’était sous le règne du tout-puissant président Léopold Sédar Senghor, alors Secrétaire général du parti unique, Union progressiste sénégalaise, Ups : ‘Une fusillade nourrie a été ordonnée contre les membres de l'opposition, manifestant (…) contre les fraudes électorales et le règne de l'arbitraire, pendant qu'un hélicoptère de l’armée survolait les centaines de milliers de résistants, hommes, femmes, jeunes, personnes âgées, en les arrosant de grenades offensives (…) Le bilan officiel a été lourd : 10 morts et plusieurs blessés.’
Dans le sillage de ces exemples épars de violence et d’intolérance politique, on peut y inscrire, pêle-mêle, l’assassinat du député socialiste, maire de Mbour, Demba Diop, poignardé, le 03 février 1967, dans le parking de la Préfecture de Thiès, par Abdou Ndafath Faye, un inconditionnel de son rival politique, Jacques d’Erneville ; la tentative d’assassinat, le 22 mars 1967, lors de la prière de Tabaski, à la Grande mosquée de Dakar, du chef de l’Etat, Léopold Sédar Senghor, par l’arabisant autodidacte, Moustapha Lô. Ce dernier, profitant d’un moment d’inattention de la garde rapprochée de Senghor, avait pointé un pistolet Mac 9 millimètres, avant d’être presqu’aussitôt maîtrisé, par la garde présidentielle.
En dépit de ses dénégations, arguant qu’il n’avait véritablement pas l’intention de tuer le président de la République (‘Je voulais simplement lui donner un avertissement pour lui faire changer de politique’) ; et nonobstant les médiations persistantes des guides religieux, musulmans (Thierno Seydou Nourou Tall, Serigne Abdoul Aziz Sy) et catholique (l'Archevêque de Dakar, Hyacinthe Thiandoum), Moustapha Lô fut condamné à mort et exécuté le 27 juin 1967, dans le champ de tir de la Corniche-Ouest. Il avait 41 ans.
Sept ans plus tard, l’ouverture démocratique, limitée à quatre courants de pensée, initiée en 1974 par le président Senghor, n’aura pas eu l’effet de tempérer cette propension, quasi-atavique, à la violence, qui semble, comme une malédiction, poursuivre la classe politique sénégalaise. Dès février 1978, la preuve macabre en fut administrée par les batailles rangées qui éclatèrent à Maka Koulibantang, entre militants socialistes et libéraux. Interrogé par Marcel Mendy, par ailleurs auteur de ‘Wade et le Sopi’, ce dernier de lui confier, dans l’ouvrage supra : ‘Quand ils ont commencé à disperser notre meeting, il y a eu des bagarres. C'était très violent. Mon chauffeur a sorti son fusil, il a tiré en l'air, puis il a rechargé, les gens ont reculé. Ensuite, quand on a voulu partir, les gens nous ont poursuivis, et mes gardes du corps qui étaient dans une Citroën familiale, que je venais d'acheter, l'ont laissée aux assaillants, qui l'ont brûlée. La tactique était très simple : on place des troncs d'arbre sur la route, et au moment où vous descendez pour les déplacer, ils arrivent avec des haches, des flèches’, a conclu l’opposant d’alors, Me Abdoulaye Wade. Bilan de cette embuscade : un mort et des dizaines de blessés. Les instigateurs, qui appartenaient tous au parti au pouvoir (Parti socialiste), ne furent pas inquiétés. La ronde macabre se poursuivra, en atteignant un effrayant summum, avec la froide exécution, le 16 février 1994, en plein mois de Ramadan, par des jeunes manifestants en furie, de six policiers, à la fin d’un meeting organisé par l’opposition… Pour ne citer que ces quelques cas saillants.
La ‘cadence’ sera néanmoins maintenue, jusqu’à la présente campagne électorale, en perspective d’une Présidentielle de toutes les convoitises, et qui aura déjà enregistré son lot de morts (quatre, officiellement) et de blessés graves. Une campagne ‘électrifiée’ à volonté par certains candidats - enchantés, d’une part, par un verdict d’un Conseil constitutionnel ayant décidé de l’acceptation de leur propre candidature, mais furieux, d’autre part, contre cette même juridiction, qui aura, sur la base des mêmes critères définis par la loi, également validé la candidature d’un autre prétendant - jouissant, comme eux, de tous ses droits civiques. Et, paradoxalement, on couvre de tous les pêchés d’Israël cette institution judiciaire, auprès de laquelle, pourtant, on était venu, la veille, requérir sa bénédiction, aux fins de se voir déclarer apte à briguer les suffrages des électeurs sénégalais.
De l’indignation sélective de ‘nos’ constitutionnalistes !
Mais, auparavant, pendant de longs mois, l’opinion aura assisté, médusée, à une extraordinaire débauche d’énergie, soutenue par un battage médiatique sans précédent, contre la candidature du président sortant. Lequel avait pourtant bel et bien annoncé, deux ans plutôt, son intention de participer aux joutes de 2012, sans que cela n’eût suscité le moindre tollé. Mais, il a fallu qu’un constitutionnaliste français, Guy Carcassonne, sur instigation de l’opposition, s’en mêlât, pour qu’un véritable tohu-bohu s’installât dans le sérail politique sénégalais. S’en suivirent de coûteuses excursions, auprès de puissances occidentales, pour y dépeindre notre pays et ses institutions, sous les plus sombres auspices et les plus apocalyptiques perspectives. Un forum fut même initié par l’opposition et quelques responsables de la Société civile, pour accréditer la thèse du juriste français, ayant ‘décrété’, avant la lettre, la non-recevabilité de la candidature du Président sortant.
Et l’on ne trouva rien de mieux que de coopter, parmi les animateurs de ce forum singulier, deux constitutionnalistes, co-rédacteurs attitrés de la nouvelle Constitution sénégalaise, adoptée le 22 janvier 2001, par le Parlement. Mais, dès le départ, le casting parut bancal, dans la mesure où l’opposition, en réunissant ‘ses’ spécialistes du Droit, pour ‘défaire’ cette candidature tant redoutée, avait crée la surprise en y incluant ces constitutionnalistes ‘spéciaux’, dont un chef de parti d’opposition, très actif dans les manifestations politiques contre la candidature de Wade, et donc farouche adversaire du candidat sortant – dont il fut naguère un proche collaborateur, avant de se retrouver aujourd’hui dans le directoire de campagne d’un candidat bien en vue de l’opposition ; ou ce professeur de Droit, qui s’est vu confier, quelques semaines plus tard, par une frange des formations de l’opposition, la tâche de piloter un certain ‘Comité de facilitation’, pour dénicher un présidentiable, dans le rang de Benno-Alternative, une autre coalition de l’opposition (objectivité et impartialité garanties, dès le départ !). But de ce ‘forum de combat’, dont l’orientation tendancieuse et le parti-pris flagrant se passent de commentaires : développer un avis d’expert, sur ‘l’inconstitutionnalité de la candidature de Wade’.
Lorsque les lampions se sont tus, la majorité, usant légitimement et démocratiquement de son droit de réplique, convoya, à son tour, des quatre coins du globe, des praticiens de renommée mondiale, de surcroît spécialistes, pour la plupart, de constitutions africaines, pour démontrer qu’à un avis d’experts, on pouvait parfaitement opposer un autre avis d’experts. Il n’en fallut pas plus pour qu’on criât au scandale ! Soutenant que c’était faire preuve de complexe, vis-à-vis des juristes ‘Toubab’ - encore qu’il y avait, parmi ces légistes de renom, des spécialistes sénégalais et africains. Mais, il n’empêche qu’on s’épancha, à longueur d’ondes et de colonnes, pour démontrer que c’était ‘une incitation coupable à l’ingérence ; une forme d’allégeance ; un mépris de l’expertise locale ; une atteinte à notre fibre patriotique’. Et tutti quanti ! Comme si le Français Carcassonne, dont l’opposition avait commandité la thèse anti-candidature de Wade, était, un Sarakholé, un Manjake, un Al-Poular ou un Lébou bon teint ! Il eût, certes, été plus pertinent de faire de cette confrontation de thèses juridiques, une affaire d’experts sénégalais, entre eux. Mais, puisque le ton avait déjà été donné, par ceux-là même qui, tout en prétendant donner des leçons de patriotisme, sollicitaient dans le même temps l’ingérence de l’Occident dans nos querelles sénégalo-sénégalaises, la Majorité, se fondant sur le principe du parallélisme des formes, a dû, le cœur en peine, en sus de l’expertise locale, se résoudre à quérir celle provenant d’autres horizons. (A suivre)
Mame Mactar GUEYE, Secrétaire général du Rds, Membre du Directoire de campagne des Forces alliées (Fal2012) mamemactar@yahoo.fr
Facebook au cœur de la campagne électorale
Facebook, la merveille de Mark Zukerberg, est au cœur de la campagne électorale au Sénégal. Tous les candidats à la présidentielle de cette année, ont leur page officielle sur Facebook.
Une campagne électorale est par essence un grand moment de communication bidirectionnelle, entre le candidat et les citoyens électeurs. Tous les supports de communication sont utilisés afin de vendre un projet de société aux électeurs.
Aujourd’hui, il ne fait l’objet d’aucun doute que le réseau social Facebook fait partie des moyens de communication les plus puissants au monde. Se connecter sur son compte Facebook est devenu un reflexe quotidien chez près de huit cent (800) millions de terriens.
Ne pas intégrer un tel outil dans son plan de communication est une erreur stratégique et cela tous les candidats au scrutin du 26 Février, l’ont compris. La stratégie des candidats sur Facebook est articulée autour de deux pôles. L’un, animé par le candidat lui-même ou son staff de communication et l’autre par les partisans.
Les candidats utilisent leur page officielle pour vendre leur projet de société, échanger avec les électeurs, polir leur image auprès de l’électorat. En compressant le temps et l’espace, le réseau social permet, également, au candidat, de faire sentir à l’électeur qu’il lui est proche. Car, ce dernier a la possibilité d’échanger directement avec lui.
Facebook leur offre enfin, la possibilité d’avoir un contrôle total du contenu des messages (images, audio, textes) véhiculés, contrairement aux supports traditionnels comme la radio, la télévision ou la presse écrite.
En appui aux pages officielles des candidats, leurs sympathisants créent des pages partisanes pour appuyer la communication du candidat. Ces pages servent de moyens de communication interne pour la sensibilisation et pour les échanges d’idées.
Les militants utilisent également ces pages partisanes, pour s’employer à détruire l’image de marque des autres candidats.Un tour dans le réseau social de Zukerberg permet de constater que chaque candidat s’ingénue à avoir le plus de fans possible, autrement dit, chacun veut être le plus populaire sur Facebook.
Certains candidats vont même jusqu'à adopter le concept du ‘LikeStore’, qui est un procédé qui consiste à acheter des fans virtuels sur Facebook. Ce qui explique qu’un candidat comme Ibrahima Fall soit le plus populaire sur Facebook.
La sphère politique n’aura pas échappé à la déferlante Facebook, mais il ne saurait en être autrement, face à la montée vertigineuse de ce réseau social. En effet les prévisions lui prédisent un (1) milliard de membres en août 2012 !
Abdoulaye DJIGO layemail80@gmail.com
Si vous changez votre Numero d'identification national en modifiant le 1er chiffre par tout les chiffres de 1 a 9, vous trouverez une carte d'electeur avec toutes vos informations nom prenom TOUT sauf que le ID number change. Prenez des screenshot de chaque carte que vous relevez comme preuve avec la date du jour.Si vous le faites, faites le avc un ordi ou portable different du votre des que vs allez essayer, apres ils vont vous coupez le net, vs ne pourrez pas faire passez l info cce kil mon fait. essayer et balancer l info a tous les medias que vous pouvez joindre, faites le vite avant qu'ils ne ferme la page, dites vous bien que chacun de Nous votera PLUS DE 10 FOIS, LA PREUVE EST LA!!!!
Abdou Diouf : ‘’Je prie pour mon pays"
Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, a dit qu’il prie pour le Sénégal, tout en refusant de se prononcer sur la situation politique nationale.
"Je prie pour mon pays", a-t-il indiqué, jeudi, dans d’un entretien avec la chaîne francophone TV5, en marge du salon Expolangues à Paris.
L’ancien président du Sénégal a souligné qu’il ne veut pas faire de parjure. ‘’Quand je quittais le pouvoir en 2000, j’ai dit +jamais je ne m’exprimerai sur les problèmes du Sénégal+ et je ne m’exprimerai pas sur les problèmes sénégalais ’’, a-t-il souligné.
Diouf a indiqué par ailleurs qu’il n’est ’’pas du tout détaché du Sénégal, parce que nourri par le lait sénégalais et enraciné’’.
Abdou Diouf a été battu en 2000 au second tour de l’élection présidentielle par l’actuel président Abdoulaye Wade. Il était à la tête du pays depuis 1981.
La candidature d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle du 26 février est contestée par l’opposition et des organisations professionnelles et de la société civile. Ils considèrent que le président sortant se lance à la recherche d’un troisième mandat interdit par la Constitution.
M. Wade a été élu président en mars 2000 et réélu en février 2007. Ses partisans et lui-même considèrent que son mandat de 2000 ne doit pas être pris en compte en raison du référendum constitutionnel organisé par ses soins en janvier 2001, alors qu’il était déjà au pouvoir.
Le Conseil constitutionnel estime que sa candidature est recevable et l’a validée vendredi. Des manifestations sont organisées dans le pays par l’opposition et certaines organisations de la société civile, depuis la publication de la liste des candidatures autorisées par le Conseil constitutionnel.
Cinq personnes sont mortes dans ces manifestations tenues à l’appel du Mouvement du 23-Juin (M-23), la coalition de partis de l’opposition et d’organisations de la société civile.
Le Conseil constitutionnel a aussi validé 13 autres candidatures dont celles de trois anciens Premiers ministres d’Abdoulaye Wade, à savoir Moustapha Niasse, Macky Sall et Idrissa Seck.
Il a rejeté les candidatures de l’artiste-musicien Youssou Ndour, ainsi que celles du financier Kéba Keinde et du fonctionnaire international Abdourahmane Sarr.
RFI :un week-end d’émeutes à Dakar
Ce fut « un week-end noir » selon Walfadjri. « La guérilla urbaine s’installe à Dakar » titre le quotidien. Les mots choisis ce matin dans la presse sénégalaise sont forts : « Le Sénégal à feu et à sang ». Voilà ce qu’on peut lire en Une de La Tribune alors que le site d’information Senewebparlait hier après-midi d’« intifada » dans une partie de la capitale.
« Ni Léopold Sédar Senghor, ni Abdou Diouf n’ont jamais fait l’objet d’un rejet aussi vaste et violent que celui exprimé depuis trois jours consécutifs contre Abdoulaye Wade » analyse La Tribune, pour qui « le chaos avance à grands pas ». Le journal dénonce « une folie répressive qui s’abat sur un peuple manifestement déterminé à défendre les principes démocratiques. »
La police critiquée
Le rôle de la police est critiqué, toujours dans La Tribune qui pointe du doigt une police nationale devenue « politique, clanique, groupusculaire et au service du pouvoir »… une police qui a désormais du matériel et des équipements « alignés sur les standards des forces de répression des pays développés »… une police qui « bénéfice d’augmentations de salaires sans qu’elle n’ait jamais eu à exprimer une quelconque revendication ». Voilà comment « la machine à réprimer a été boostée ». « La violence est ainsi devenue la première réponse à toute controverse », conclue La Tribune.
Pour beaucoup de journaux, cette campagne électorale a pris une tournure inédite avec l’incident de vendredi dans une mosquée de la confrérie des Tidjanes. « La profanation du lieu de culte est la dernière goutte qui a fait déborder un torrent de frustrations » écrit La Tribune. « La tension est monté d’un cran » poursuit Guinée Conakry Infos.
Le site d’informations analyse : « c’était aller vite en besogne que de parier sur l’essoufflement et l’échec de la fronde anti-Wade ». Certes au départ, « on ne peut pas dire que les appels à manifester ait rencontré un franc succès ». Mais au fil des jours « la fermeté et la détermination de l’opposition se sont renforcés ». « Une poignée de Sénégalais » a fait montre« d’audace et d’outrecuidance » pour braver les interdits des autorités. « Les forces de l’ordre n’y sont pas allé de mains mortes ». Résultat : « de plus en plus de Sénégalais associent à Abdoulaye Wade à cette escalade de violence qui ternit l’image de leur pays ». « Si le pouvoir ne fait pas attention, conclue Guinée Conakry Infos, cette grande tension politique risque bien de lui coûter des points à l’élection. »
« Cercle vicieux »
Plusieurs journaux de la région s’inquiètent ainsi de l’issue du scrutin. Liberté au Togo pense que ces violences « préfigurent des lendemains postélectoraux très difficiles ».
« La violence a été au début et sera probablement à la fin du scrutin » prédit le quotidien burkinabais Le Pays.
« Entre les proches de Wade qui annoncent leur victoire au premier tour et défient leurs contempteurs dans les urnes, et les anti-Wade qui, quelle que soit l’issue du scrutin, refuseront de le reconnaître comme président, le Sénégal est écartelé et risque de tomber dans un cercle vicieux. »
Et pourtant, poursuit Le Pays, « le Sénégal a toujours été au-dessus de la mêlée par son expérience démocratique exceptionnelle où la dévolution du pouvoir s’est toujours opérée de façon démocratique et sans violence. Tout le contraire de ce que les hommes politiques et les Sénégalais offrent comme spectacle au monde aujourd’hui. »
Les dirigeants africains en « spectateurs »
Face à cela, quelle est la réaction des dirigeants africains ? Eh bien une mission d’observateurs de l’Union Africaine a commencé à être envoyée sur place. Trop peu selon le journal Liberté au Togo qui juge « regrettable » le silence des dirigeants africains face à – je cite – « l’entêtement d’Adboulaye Wade ». « Les chefs d’Etat africains se font des spectateurs et attendent le pire pour jouer les pompiers avec leur UA, CEDEAO ou autres machins », raille Liberté… qui pose la question : « à quoi riment les regroupements sous régionaux et africains ? Si ce n’est uniquement à la solidarité dans le mal. » Conclusion amère de Liberté : « sûrement que quand le moment sera venu pour obéir à un appel à s’aligner de la part de l’ex-métropole, d’une seule voix comme ce fut le cas contre Laurent Gbagbo, ils n’hésiteront pas à se manifester comme de petits élèves acceptant d’avaler la couleuvre à leur corps défendant, parce qu’il faut plaire à une puissance. »
anthony-lattier
ccmi@piccmi.co Emeutes au Sénégal: Des Ong vont recenser des preuves pour une plainte devant la Cpi
Les manifestations contre la candidature de Me Wade ce week-end qui ont occasionné trois morts et plusieurs blessés n’ont pas laissé indifférentes les organisations de défense des droits de l’homme. Ces dernières comptent amener l’affaire devant la Cour pénale Internationale (Cpi). A cet effet effet, des documents et toutes les violations graves (les auteurs y compris) vont être recensés.
Car, selon Me Demba Ciré Bathily, interrogé par nos confrères du journal « Le Populaire», dans le mécanisme de la Cpi, en réalité il n’y a pas de mécanisme de plainte directe. Il a fait savoir que « c’est le Conseil de Sécurité ou le Procureur qui décide de mener une enquête. Selon lui, " tous ces cas sont suivis de très près ».
Mamadou Lamine Loum, ancien premier ministre fait le bilan des 12 ans du régime libéral : Les fondamentaux économiques sont étriqués’
Etablissant un diagnostic des 12 ans du régime libéral au Sénégal, l’ancien Premier ministre socialiste, Mamadou Lamine Loum trouve que, durant cette séquence, les bases politiques et économiques sont ébranlées. Et, dit-il, cela a induit, aujourd’hui, des conséquences grave sur l’avenir du pays.
Mais, hélas, le pays s’est retrouvé avec une croissance fluctuante et moins ample de 3,5 %, en moyenne, avec une irrégularité entre 1995 et 2000 où chaque année il y a eu un taux supérieur à 5 % ou s’approchant. ‘Il y a eu trois années de croissance avec des taux inférieurs au taux de poids démographique. Cela veut dire que les revenus des Sénégalais par tête ont baissé en 2001, 2006, 2009’, souligne Loum. Qui dénonce, ainsi, la manière dont les finances publiques ont été tenues ces dernières années. ‘La gestion des finances publiques est malsaine avec un déficit de base face à un excédent de base et un déficit global de 4 % ; donc un financement contraint par l’emploi. Et tout cela se passe alors que les recettes progressent de 10 % par an’, fustige l’ancien Premier ministre socialiste.
Pis, fait-il remarquer, la moitié de l’endettement du Sénégal a été essuyée par les bailleurs de fonds et annulée. Se demandant, comment un tel gaspillage a pu être possible, Loum ne trouve d’explication en cela que par la surfacturation avec des coûts multipliés par 3, 4, 5. ‘Nous avons même des coûts multipliés par 10. Des infrastructures physiques qui coûtent dix fois même leur prix de marché’, dénonce-t-il. Non sans s’inquiéter de l’endettement du pays ‘aux conditions informelles et aux coûts immodérés’. ‘Depuis 2, 3 ou 4 mois, le Sénégal s’endette presque chaque semaine et s’enorgueillit d’avoir levé un milliard de dollars sur le marché international à 8,5 %, plus que le taux de la Grèce’, peste Loum. Pour l’ancien ministre socialiste du budget sous le régime socialiste, les gains de compétitivité issus de la dévaluation ont été grappillés et ont disparu. Et la balance des paiements s’est profondément détériorée. ‘Je parlais de 75 à 80 % en 2000. Le taux de couverture des exportations par les importations a baissé à 40 % dans les années 2010. C’est dire que le Sénégal a perdu, avec ce régime, l’indépendance relative qu’il avait avec la couverture de ses importations par ses exportations’, note Loum.
Le capital naturel est dilapidé
Evoquant le capital productif, Loum décèle une évolution renforcée des écarts entre les pauvres et les riches. La population la plus pauvre étant rurale, il soutient que le secteur primaire est passé de 18 % à 14 % dans la richesse nationale et que l’agriculture, dans ce secteur, est passée de 10 à 7,5 %. Quant à l’élevage, dit Loum, il stagne au moment où la pêche est en régression.Pour l’emploi de la richesse nationale, il regrette que le Sénégal, qui était à un taux de consommation de 75 %, remonte à 92 % comme du temps des ajustements structurels. Ce qui veut dire qu’il y a une destruction des richesses et non pas d’investissement pour créer des richesses de demain.
La situation serait moins grave, selon Mamadou Lamine Loum, si elle se limitait à cela. Il rappelle, en effet, que l’industrie est en berne, avec la faillite notée, durant ce magistère libéral, des vedettes de ce secteur qu’étaient la Société africaine de raffinage (Sar), Senelec et les Industries chimiques du Sénégal (Ics). Qui, selon lui, n’ont pas profité des années où ils pouvaient sortir la tête de l’eau. ‘Tous les nouveaux pavillons industriels substantiels datent de la période d’avant l’Alternance. Le capital naturel est dilapidé. L’or du Sénégal a été concédé ; il nous reste 3 à 4 ans d’exploitation pour le bassin de Sabadola. Les sables des taniphères sont en train d’être vendus à des multinationales américaines. Mais tout cela va au détriment des règles essentielles de capitaux non renouvelables qui doivent être gérés avec beaucoup de précautions dans les normes environnementales, de durée, et d’impact sur les populations locales qui sont les premiers à être affectés surtout par les solutions chimiques de ces sables’, note-t-il.
Les infrastructures dont se targue le régime actuel d’avoir doté le Sénégal, Loum les voit comme la grande rengaine de l’Alternance. Mais, il les voit comme une honte et dénonce les ‘coûts records’ de celles-ci avec des financements internes, sans procédures, de gré à gré. Ce qui, dit-il, diminue la productivité marginale de ce capital investi. ‘On n’en aura jamais un effet retour tel qu’on les a payées, d’après l’Ansd’, dit-il.
Loum signale par ailleurs que les socialistes ont travaillé en 7 ans et ont donné dix ans de financement au régime issu de l’Alternance. Pour lui, cet avenir, qui était hier contraint, est aujourd’hui sous hypothèque pour 4 raisons. D’abord, une démocratie menacée par la dévolution monarchique ; une économie menacée ‘d’immergence’, pas d’émergence dès les premiers retournements de conjoncture, qui n’a surtout pas été capitalisée dans les périodes que nous venons de vivre. Car, dit-il, entre 1995 et 2000, nous avons, en Afrique, une période faste qui s’est ouverte et qui permet aujourd’hui de dire que l’économie africaine s’est globalement avancée. ‘Le Sénégal aurait pu prendre beaucoup d’avance pendant cette période et il ne l’a pas fait. Les périodes qui s’ouvrent risquent d’être très douloureuses pour nous’, prévient-il.