A propos d’un Mur défunt et d’autres murs «in
A propos d’un Mur défunt et d’autres murs «inabattables»
Ces jours-ci, et pour toute une année, peut-être, la Communauté internationale n’a d’yeux que pour cet «événement qui a marqué la fin du XXe siècle» (entendu sur Rfi), et qui eut lieu il y a vingt ans, le 09 novembre 1989, la chute du Mur de Berlin (le Mur de la honte comme on l’appelle aussi). Ces jours-ci, et pour toute une année, peut-être, la Communauté internationale n’a d’yeux que pour cet «événement qui a marqué la fin du XXe siècle» (entendu sur Rfi), et qui eut lieu il y a vingt ans, le 09 novembre 1989, la chute du Mur de Berlin (le Mur de la honte comme on l’appelle aussi).
Il y aura des centaines de manifestations, à Berlin et ailleurs, autour de la thématique du Mur. Les musées, salles de spectacles ou de conférences, les amphithéâtres, les écoles… abriteront mille et mille spectacles, concerts, expositions, conférences et débats consacrés à cet événement heureux où un mur tombe, libérant des millions d’Allemands de l’Est jusqu’alors privés de liberté et, par delà, annonçant la fin du fameux Rideau de fer et du Bloc de l’Est de sinistre mémoire, à en croire certains.
On a invité à Berlin chefs d’Etat, artistes, intellectuels, et la Porte de Brandebourg sera le lieu où convergeront les pèlerins de la Liberté. Merci au tovaritch Gorbachev !
Or, outre qu’il apparaît de plus en plus que cet événement, qu’on est tous invités à fêter dans la jubilation de la fin de tous les goulags, n’aura été en définitive que le parachèvement d’une vaste escroquerie intellectuelle, et que les Allemands de l’Est, et tous les autres «libérés» du despotisme marxiste-léniniste peu aptes à satisfaire leurs besoins, ne sont pas aujourd’hui plus heureux qu’il y a vingt ans, et que, l’un dans l’autre, il semblerait plutôt qu’ils aient beaucoup perdu au change et se surprendraient à regretter leurs prétendus fers d’autrefois…
Mais surtout, surtout, ces commémorations sont une preuve irréfutable de ce que l’homme est vraiment un animal politique, c’est-à-dire, en définitive, un être bourré de contradictions et d’inconséquence.
En effet, dans le même temps qu’il s’employait à faire tomber le fameux Mur, l’Homme, fidèle à sa nature profonde et réelle, et perpétuant une attitude mentale qui remonte à l’aurore de son avènement en tant qu’animal organisé pour mener une vie en commun, dans ce même temps, continuait de plus belle à bâtir à tours de bras, des murs de plus en plus infranchissables, avec toutes sortes de matériaux : pierre, brique et béton, mais aussi fer, navires, avions, hélicoptères, visas et fonctionnaires soupçonneux à la mine rébarbative. En veut-on des preuves ? Il y eut les murs de Jéricho, le Mur des lamentations, la Grande muraille de Chine, les murailles de villes ou de châteaux forts, les tatas de Babemba ou de Maba Diakhou… Aujourd’hui, il y a le Mur entre Israël et la Palestine, le Mur entre Usa et Mexique ; il y a le Mur entre les deux Corée(s), les deux Chypre(s), le Mur entre Angola et Rcd, entre la République d’Afrique du Sud et le Zimbabwe entre Maroc, Algérie et Sahara… Et, partout, des dizaines, des centaines de murs de verre, traduction à l’échelle du monde de certains «plafonds de verre» dans les sociétés. Il y a les consulats et les Frontex…
Et certains dirigeants européens, qui ne manquent pas d’air, se paient des mots et se la jouent belle. Ils appellent solennellement à abattre tous les murs qui séparent, «qui, à travers le monde, divisent encore les villes, les territoires, les peuples» (le Président Nicolas Sarkozy, selon
Le Canard enchaîné du 11/11/09). C’est beau comme l’antique, et d’un humanisme inégalable. De tels propos, venant d’un tel homme politique, ça a de la gueule, mais ce sont des propos en l’air, si l’on peut dire, du discours de circonstance, des paroles Kleenex. Ça joue son effet immédiat, ça fait peut-être oublier d’autres propos tenus en d’autres lieux et temps, ça ne mange pas de pain et ça n’engage que les gogos qui ont la naïveté d’y croire. Car la réalité du terrain, ce sont les murs, concrets ou invisibles mais réels, que l’on s’efforce chaque jour de rendre un peu plus infranchissable, colmatant la moindre brèche et de barbelés…
Que chaque jour, ils s’efforcent de renforcer et surélever ! Ces murs-là, rigoureusement d’incompréhension, ma tête à couper qu’on n’est pas près de les voir tomber !
Chiche, Mesdames et Messieurs les dirigeants du monde. Vous en avez le pouvoir, abattez et faites abattre tous les Murs du monde, et on vous croira.
Amadou LY - Professeur à la Flsh/Ucad madouly02@yahoo.fr