Au-delà du règlement de la question des inond
Au-delà du règlement de la question des inondations : La maîtrise de l’eau, le travail et la discipline
Dans les différents plans d’urbanisme qui se sont succédé au Sénégal, du Plan Pinet Laprade au Plan Lopez corrigé, l’application par les autorités compétentes des règles ou normes a toujours fait défaut dans ce pays depuis notre indépendance. Les raisons sont à rechercher dans la négligence coupable de ces autorités d’alors qui ont délivré, pendant plusieurs décennies, des permis d’occuper dans des zones non aedificandi, donc inhabitables.
Inadmissible, mais il n’est jamais trop tard pour corriger des erreurs même si elles sont aussi monstrueuses. Si les pluies de l'hivernage passé ont présenté un caractère exceptionnel, il demeure que la fréquence des inondations dans notre pays n'a pas un caractère de calamité naturelle, puisque les pratiques urbanistiques qui y ont en cours, en infirment le caractère naturel.
Des problèmes climatiques se posent à tous les peuples sur la surface de la terre : de la sécheresse impitoyable aux ouragans dévastateurs, en passant par les tempêtes de neige, l’homme doit faire face. Le Sénégal, un pays sahélien aride, dont l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture, peut trouver en cette manne que constituent ces eaux de ruissellement une possibilité d’impacter positivement sur celle-ci. En effet, le traitement partiel de ces eaux peut servir à arroser les cultures au niveau des Niayes, à abreuver une partie du cheptel ou à alimenter tous les chantiers de construction dans la région de Dakar. Ceci soulagerait grandement le réseau de distribution de la Sde, en réduisant son déficit d’approvisionnement chronique.
Depuis plusieurs décennies, l’Etat du Sénégal dépense des centaines de milliards pour traiter de l’eau de pluies (Gnith, Lac de Guiers) et l’acheminer dans des tuyaux sur plus de 300 km pour alimenter les maisons de Dakar en eau potable. En créant de petites usines de traitement des eaux à proximité des zones inondées, nous parviendrons à rendre ces eaux utilisables et ainsi contribuer à soulager les populations qui sont dans des difficultés. Si l’ensemble des cadres et bonnes volontés de ce pays s’attellent à la recherche de solutions au lieu de pousser les habitants désemparés à la lamentation et à la manifestation dans les rues, l’accumulation de ces eaux de pluies ou inondations, au lieu d’être un fléau, deviendra rapidement très bénéfique pour notre pays.
Des nations implantées dans des zones trop arides ont inventé l’irrigation goutte-à-goutte pour survivre, d’autres sont en train de désaliniser l’eau de mer pour boire, pourquoi ne transformons-nous pas ces eaux encombrantes pour accompagner notre politique agricole et ainsi contribuer à la lutte contre la pauvreté. L'agriculture irriguée a été l'élément moteur d'une grande partie de la hausse de la production mondiale de denrées alimentaires, ces dernières décennies. Si 20 % seulement des terres agricoles dans le monde sont irriguées, elles produisent maintenant 40 % de notre approvisionnement alimentaire. Les rendements les plus élevés obtenus par l'irrigation sont plus de deux fois supérieurs à ceux obtenus dans l'agriculture pluviale, et même l'irrigation à faible apport d'intrants est plus productive que l'agriculture pluviale à fort apport d'intrants. Pour cela, nous devons tout faire pour réussir la maîtrise des eaux de ruissellement partout dans le pays et nous aurons fait un grand pas dans la bonne voie pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Au fond, la maîtrise de l’eau permet l’accès au développement. Les discours sur et autour de l’émergence de la stratégie de croissance accélérée ne doivent pas oublier la mise en orbite de cette dimension, sinon nous risquons d’aller vers des désillusions certaines. L'acquisition du savoir et la maîtrise de l’eau représentent les moyens les plus adéquats qui permettent aux peuples d'accéder au progrès et à l'épanouissement et d'occuper une position à la fois vitale et influente sur la scène mondiale. Sous ce rapport, s’il faut, sans aucune forme d’ambiguïté, saluer la culture démocratique du Sénégal, il reste que l’exigence de lucidité commande de jeter un regard critique sur notre relation au travail. Nos pratiques politiques et syndicales sont-elles réellement en phase avec l’esprit de la démocratie et sont-elles compatibles avec les exigences d’émergence économique généralement admises ? Le modèle japonais (un pays quasiment dépourvu de ressources naturelles et ruiné par la 2e guerre mondiale) semble prouver que la démocratie peut bien être la voie ou l’une des voies du développement. Mais la démocratie japonaise, faut-il encore le souligner, est fortement encadrée d’une morale célébrant les vertus rédemptrices du travail et d’un patriotisme sans faille.
Pour que le Sénégal puisse devenir un pays émergent, il est nécessaire au préalable qu’émerge un Sénégalais de type nouveau, ‘tant il est vrai qu’on ne développe pas, on se développe’. Celui qui cite ainsi Joseph Ki Zerbo est Baye Ibrahima Diagne, directeur général de société. ‘Il est de notre responsabilité, ajoute M. Diagne, d’instaurer un Etat fort qui sculpterait un Sénégalais respectueux de l’ordre et des règlements’. Car, note-t-il, ‘notre logiciel comportemental, tant individuel que collectif, a été mal programmé’. Pour M. Diagne, ‘une gestion prévisionnelle des comportements des Sénégalais est indispensable pour qu’on puisse se projeter dans la modernité’. Tant il est vrai qu’il n’existe pas de valeurs culturelles plus développantes que d’autres, il existe simplement des dirigeants qui ont un projet de société clairement défini et y font adhérer leur peuple. Dès lors, tout comportement qui ne suit pas cette trajectoire doit être proscrit.
L’homme sénégalais a été toujours courageux, ambitieux, depuis nos ancêtres. Alors, pourquoi devons-nous baisser les bras et écouter certains leaders politiques armés uniquement de la démagogie, nous plonger dans l’amertume ? Ils veulent faire de notre souffrance un créneau porteur pour parvenir à des desseins inavoués. Sénégalaises, Sénégalais, ressaisissons-nous, car nous avons toujours été un peuple fier. Vive le Sénégal.
Majemout DIOP Ingénieur Polytechnicien