De la prochaine élection présidentielle
De la prochaine élection présidentielle :
la continuité ou la rupture.
Aujourd’hui, personne ne sait quand aura lieu la prochaine élection présidentielle.
2012 est bien la date fixée par le calendrier républicain. Mais l’expérience nous instruit que le respect des dates du calendrier républicain n’est pas le fort de ceux qui nous gouvernent et principalement du premier d’entre eux, le président de la République.
Le projet à l’ordre du jour est bien le passage du scrutin présidentiel de deux à un seul tour. Dès qu’il passera à la réalité ; les préoccupations du camp présidentiel vont se déplacer vers la recherche de la date qui leur semblerait la plus favorable pour remporter l’élection. Ce qui peut permettre de penser, avec juste raison, que 2012 peut bien être avancé, ou reporté, selon le bon vouloir du président de la République qui n’a cure de ce que l’on peut penser de ses actes. On ne sera fixé sur la date que le lendemain du jour du scrutin.
Ceux qui disent qu’il est prématuré de poser le débat sur les candidatures à la prochaine élection présidentielle se trompent donc lourdement. Ou, ils sont du camp du pouvoir et cherchent ainsi à tromper la vigilance de l’adversaire en l’endormant, ou, appartenant à l’opposition, ils n’ont tiré aucune leçon du passé et n’ont rien appris des pratiques « maatey » du président de la République et ce faisant l’expectative qu’ils continuent d’observer les conduit inévitablement à la défaite.
La prochaine élection présidentielle n’est à nulle autre pareille à toutes celles qui l’ont précédée.
Ce sera un grand tournant historique dans la marche de notre pays vers le progrès, la démocratie, la liberté et le développement économique social et culturel durable.
Le choix qu’elle implique ne sera pas un choix partisan, un choix d’hommes de partis ou de coalition de partis. La question fondamentale que ce scrutin posera au peuple sénégalais sera un choix net entre la continuité et la rupture. Un choix entre le Sénégal tel qu’il va et qu’il fonctionne depuis 1963 ou un Sénégal autre, avec une nouvelle République, une nouvelle gouvernance, une nouvelle pratique de politique publique.
Le Sénégal dans la continuité du régime présidentiel installe depuis 1963 qui est la mère de tous nos maux ou un Sénégal en nette rupture avec ce régime pour l’avènement d’un régime parlementaire s’appuyant sur de nouvelles institutions garantissant la réalité de la République et une gouvernance démocratique reposant constamment sur une véritable démocratie participative.
Ce choix entre la continuité et la rupture entraine la présence de deux camps qui auront à se manifester lors de la bataille de la prochaine présidentielle. La ligne de démarcation passera entre les partisans de la continuité du régime présidentiel et ceux de la rupture pour un régime parlementaire. La nature de ce choix fait que la ligne de démarcation ne sera plus celle habituellement retenue entre le pouvoir et l’opposition, entre la Cap21 et Benno Siggil Senegaal. Les partisans des deux camps se compteront aussi bien dans les rangs du pouvoir que dans ceux de l’opposition ; aussi bien dans la Cap21 que dans Benno Siggil Senegaal ainsi que parmi les parties prenantes des Assises nationales. Dans ces trois regropements cohabitent aussi bien les partisans de la continuité que ceux de la rupture.
Majoritaires ou minoritaires d’un regroupement à un autre, n’empêche, on trouve dans chacun des partisans des deux termes du choix.
Les déclarations, devenues quotidiennes, émanant des deux camps et relayées par la presse le confirment éloquemment.
Il s’agira, à la prochaine élection présidentielle d’un choix très clair à faire entre la continuité et la rupture, entre le régime présidentiel et le régime parlementaire.
Pour ceux qui sont au pouvoir, le choix ne fait aucun doute, ils sont pour le statu quo, pour la continuité, pour le régime présidentiel, pour un régime des privilèges et de l’impunité dont le principal souci est de se servir et non de servir. Alors que, pour l’avenir du Sénégal et pour l’intérêt bien compris de son peuple, c’est ce régime qu’il nous faut absolument énergiquement combattre, abattre, liquider et enterrer définitivement. Le régime présidentiel a assez donné les preuves de sa nocivité et du rôle de frein de notre marche en avant qu’il incarne intrinsèquement. Abdoulaye Wade est le produit de ce régime qui a pris naissance chez nous depuis la constitution senghoréenne du 7 mars 1963. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, tout candidat élu sous la bannière du présidentialisme, qu’il soit du pouvoir, de l’opposition politique ou de la société civile nous réservera les mêmes comportements que ces différents prédécesseurs avec des institutions fonctionnant toutes selon son bon vouloir tendant à vider la République de son véritable contenu par des pratiques monarchistes et dictatoriales sous-tendant tous ses actes de pouvoir. L’après 19 mars 2000 le confirme bien. L’immense espoir qui en était attendu n’a guère été au rendez-vous parce que la continuité du régime présidentiel a prévalu sur le régime parlementaire qu’avait conçu la CA2000. Le régime présidentiel a ainsi enjambé la date historique du 19 mars 2000 en passant de la constitution du 7 mars 1963 de Senghor à celle du 7 janvier de Abdoulaye Wade. Le départ de Abdou Diouf n’était pas fondamental ; c’est le changement de régime qui l’était
Les résultats catastrophiques de la pratique de cinquante ans du régime présidentiel sont suffisamment édifiants pour appeler à une mobilisation générale de tous les fils du pays de tous les patriotes, de tous les progressistes, de tous les démocrates, hommes, femmes, jeunes, travailleurs des villes et de la campagne, élèves et étudiants pour s’opposer avec détermination à la continuité de ce régime source de tous nos maux ; une mobilisation générale pour imposer la rupture avec ce régime et l’instauration d’un régime parlementaire qui se traduira par l’avènement d’une Assemblée nationale pleinement responsabilisée, détentrice réelle du pouvoir émanant du peuple.
Ce choix de la rupture devra être celui du peuple sénégalais sous la conduite de son avant-garde éclairée composée de Benno Siggil Senegaal et de toutes les parties prenantes des Assises nationales. Les Assises nationales constituent la nouvelle donne de la situation politique nationale dans laquelle se prépare la prochaine élection présidentielle.
On ne saurait considérer l’immense travail abattu bénévolement, une année durant, par les Assises nationales comme un jeu d’enfant.
Il est inadmissible de ne pas prendre en compte les conclusions des Assises nationales qui ont mobilisé le travail de trois commissions centrales transversales, huit commissions nationales thématiques, trente cinq commissions départementales de pilotages des consultations citoyennes et trois commissions de la Diaspora comprenant aujourd’hui un ensemble de huit rapports techniques, trente cinq rapports de département, trois de la diaspora, un rapport général, un résumé général et la charte de gouvernance démocratique. Ces conclusions-là sont incontournables pour les partisans du camp de la rupture.
Et au Benno Siggil Senegaal on ne doit pas oublier que c’est bien le Front Siggil Senegal, un de ses membres fondateurs, qui en a été l’initiateur et que par conséquent il ne devrait pas aborder la préparation de la prochaine élection présidentielle sans impliquer les autres parties prenantes des Assises nationales.
La majorité des partis politiques membres de Benno sont parties prenantes des Assises nationales. A la date du 25/07/2009, 70 parties prenantes avaient signé la charte de manière libre et solennelle. Nous osons croire qu’il n’y a pas de « signatures de singe » parmi celles qui ont été apposées au bas de la charte.
Cette signature traduisant un engagement solennel, Benno Siggil Senegaal a donc l’obligation de travailler dans un cadre permanent de concertation et de consultation avec les Assises nationales dans préparant la prochaine élection présidentielle, dans un esprit d’unité et d’entente (Benno) qui a prévalu jusqu’ici.
C’est pourquoi ceux qui avancent des noms de chefs de partis ou de clan comme candidats de l’opposition sont en train de fausser le débat, de faire sciemment ou non, le jeu du pouvoir. Le mépris affiché pour les autres que traduit cette attitude ne fait que nuire à l’unité qui est le garant de la victoire. Poursuivre dans cette direction est un poison qui divise plus qu’il ne rassemble et qui mène droit à la défaite.
C’est en allant à l’encontre de cette attitude partisane et iconoclaste que nous suggérons la démarche suivante tendant à unir et élargir les rangs du camp des partisans de la rupture pour assurer la victoire sur celui des partisans de la continuité.
Un préalable s’impose à Benno Siggil Senegaal, savoir se prononcer clairement sur le choix entre les deux termes de l’enjeu de la prochaine présidentielle.
Pour la continuité avec le régime présidentiel ou pour la rupture nette et l’instauration d’un régime parlementaire. Avec la signature, par la majorité de ses membres de la Charte de gouvernance démocratique sortie des travaux des Assises nationales, son choix ne devrait souffrir d’aune hésitation. Les signataires de la Charte se sont engagés à œuvrer pour « la consolidation/institutionnalisation de la démocratie participative. » et pour « une action commune visant à promouvoir la réforme des institutions. » Le respect strict de cette signature et de ces engagements permet de penser que le choix pour Benno Siggil Senegaal qui est l’aile politique des Assises nationales ne peut être que celui de la rupture, celui du changement fondamental du régime politique de notre pays, celui de l’instauration du régime parlementaire.
En conséquence B S S a l’obligation, au premier chef, de se prononcer clairement sur son choix.
Ce choix une fois fait, exprimé et rendu public, tous les autres problèmes pendants relatifs au programme, à la période de transition, à la nature de la candidature, aux modalités de sa désignation et aux mesures de sauvegarde du respect des engagements pris et autres se trouveront résolus à 99%.
Pour ce faire, il faut impliquer toutes les forces intéressées à la rupture notamment les Assises nationales dans la recherche des solutions les plus appropriées aux problèmes soulevés –Il faut poser ces problèmes aux plénières des parties prenantes des Assises au sommet ainsi qu’à la base au niveau des consultations citoyennes. Les solutions les meilleures sortiront de ces rencontres qui ont déjà fait leurs preuves en matière de réflexion, d’analyse, de synthèse et d’élaboration de propositions de solutions consensuelles sur les problèmes qui leur avaient été soumis.
Ces solutions seront les meilleures parce que le peuple en fera son affaire. Travailler donc à leur avènement est la seule préoccupation qui vaille en ce moment. Tout le reste serait se laisser distraire par l’adversaire qui use en permanence de diversion pour détourner l’attention de l’essentiel.
Le 4 Avril 2010, date du cinquantième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, pourrait être fixé par le camp des partisans de la rupture comme date ultime de la fin de ses préparatifs pour la prochaine élection présidentielle.
Qu’au 4 Avril 2010, il soit fin prêt en ayant en mains son programme, son candidat et son plan de campagne pour n’avoir, au lendemain des festivités du cinquantième anniversaire, qu’à les vulgariser au sein du peuple qui les fera passer dans la réalité en votant massivement le jour du scrutin quelqu’en soient la date et le nombre de tours 1, 2, 4, 10 ou même ¼..
Dakar le 12 Octobre 2009
Alla KANE
Kane_alla@yahoo.fr