s'installe progressivement
Prémices d’une société sans vie…
La confusion politique dans notre pays est telle que de nombreux citoyens se demandent peut-être si celles et ceux, de l’opposition et du pouvoir, qui fomentent le désordre ou l’amplifient, ont jamais été formés à manier une langue, à lire pour comprendre et à écrire pour partager un savoir ou un sentiment. Jamais, au Sénégal, l’offre politique n’a été aussi abominable qu’au cours des sept dernières années. Les raisons sont multiples. Trois d’entre elles attirent pour le moment notre attention. La première est celle qui a trait à la sous-formation, voire l’analphabétisme politique des politiciens sénégalais. La deuxième aurait une origine plutôt sociale. La troisième enfin est liée au confort et à la sécurité que les tenants du pouvoir politique actuel trouvent dans la façon dont la société sénégalaise tourne insidieusement le dos à la vie pour célébrer la mort. Pas celle qui soulage de la vieillesse à la fin d’une longue vie bien remplie, mais celle qui fauche.
Nous ne sommes pas sûr que les acteurs de la vie politique sénégalaise savent encore ce que recouvre le terme ‘politique’ et la vraie signification du ‘pouvoir politique’ dans les sociétés humaines organisées. Les spécialistes anglo-saxons de la science politique ont, eux, très tôt, planché sur le concept. C’est ainsi qu’ils font la distinction entre ‘Le politique’ (‘Polity’), ‘Une politique’ (‘Policy’ ou ‘Policies’) et ‘La politique’ (‘Politics’). ‘Le politique, écrit le politologue Loubet Del Bayle, est le mécanisme du processus décisionnel qui permet de prendre des décisions engageant la collectivité’. ‘Une politique désigne, [elle], les décisions prises par le pouvoir décisionnel’. Quand à la politique, ‘elle désigne la compétition et les conflits entre les individus et les groupes qui se développent pour contrôler le pouvoir décisionnel et orienter les décisions prises’. En cherchant à écarter, par tous les moyens, le citoyen du processus décisionnel, des décisions prises et de la compétition politique, le politicien sénégalais, singulièrement au cours des sept dernières années, a inventé un machin dont personne ne cerne encore tous les contours. Dans la quête ardue d’un compromis intellectuel pour trouver un objet à la science politique, Lapierre (Jean William) dit du pouvoir politique qu’il est ‘la combinaison variable d'autorité légitime (recours au consensus) et de puissance publique (recours à la coercition) qui rend certaines personnes ou certains groupes capables de décider pour (et au nom de) la société globale et de commander à celle-ci afin de faire exécuter les décisions prises’. En tournant le dos au consensus, le politicien sénégalais a définitivement travesti le pouvoir politique.
Si l’indigence sémantique n’était pas l’une des causes essentielles de son incurie politique, personne au Sénégal ne comprendrait que le politicien sénégalais soit incapable de trouver les accommodements sans lesquels aucune société politique n’est viable. Nous ne sommes pas sûr que les activistes des deux camps (opposition et majorité) s’accommoderaient vraiment d’une surenchère sur une ‘révolution’ si rien de ce qui est écrit là ne leur échappait pas ou n’échappait pas à ceux, des deux camps, qui ne voient en chaque activiste qu’un préposé au sale boulot. ‘Dans une démocratie d’opinion, il y a place pour des opinions qui changent et peuvent entrer en délibération. Avec les opinions, on discute, on s’oppose, on ne prépare pas la guerre civile’, écrit Dominique Wolton. C’est de la délibération pluraliste, ou assises, que naît le consensus politique. Pourquoi les assises ne déboucheraient-elles pas, si elles avaient lieu, sur un ‘pacte social’? Il suffit peut-être d’en discuter.
La ‘révolution’ aura-t-elle vraiment lieu? Rien n’est moins sûr dans une société qui, pour cause d’agitation hypocrite de sa classe politique, assiste, impuissante, à sa propre dépolitisation. Le téléspectateur sénégalais, par exemple, trouve du talent dans la façon dont les animatrices et les animateurs des chaînes de télévision privées comme 2STV et RDV s’acquittent de leurs tâches. Mais tout est fait pour éviter le sujet politique. Sur Canal Info où il est agité, le sujet politique n’oppose jamais les chefs de partis. Le duel entre journalistes et politiciens - chacun le sait - n’enjambe que rarement les limites objectives édictées par le personnel des médias. La démocratie sénégalaise est la seule au monde qui ne débat pas. C’est ainsi que naissent les rébellions. Mais les Sénégalais, indisponibles, ne sont prêts ni pour la révolte, ni pour la révolution. Depuis peu, ils ne sont d’accord sur rien. Il y a autant de projets personnels que le pays compte d’habitants. Persuadé d’y avoir largement contribué, le président Abdoulaye Wade peut s’absenter très longtemps du territoire national sans que personne ne sache où il est et à quoi il consacre le temps de notre pays.
La démobilisation politique sans précédent ne serait que la séquelle urbaine d’une hypocrisie sociale maladroitement dissimulée. Une amplification, à l’intérieur comme à l’extérieur des partis politiques, des formes de domination et de sujétion en cours dans la société sénégalaise. Depuis peu, quelques rares personnes seulement accordent plus de cinq minutes de leur temps aux visiteurs teigneux qui ne comprennent toujours pas que le monde a changé. Les divisions, nées de cet état de fait, font que les nouvelles qui nous viennent des foyers, sont ‘mauvaises’ pour la plupart. En n’informant les indésirables que des cas de décès qui rythment la vie, les claustrés de notre société contribuent, bien malgré eux, à la célébration de la mort. En extirpant, par égoïsme, leurs vies de celles des autres (proches ou lointains), ces claustrés-là annihilent toute vie sociale après avoir banni le tutorat auquel ils doivent leur ‘réussite’. La ‘révolution’ n’est évidemment pas leur tasse de thé. Mais là n’est pas le problème. Souvent moins bien formés que la plupart de leurs cadets, ces claquemurés ne se rendent même pas compte que leur surplus monétaire correspond exactement à ce qui est volé aux cohortes techniquement plus aguerries.
En d’autres temps, sous d’autres cieux, le sociologue français Emile Durkheim expliqua le ‘suicide égoïste’ par la faible cohésion sociale. La société sénégalaise y échappe-t-elle vraiment? Une enquête nous édifierait plus qu’une simple vue de l’esprit. D’aucuns voient dans l’émigration clandestine, à bord d’embarcations de fortune, une forme de ‘suicide altruiste’ qui éviterait aux candidats au voyage sans issue de mourir de honte. Mais dans une société qui n’a de considération que pour celles et ceux qui collectionnent des terrains, élèvent des châteaux et alignent, comme à la télé, des voitures ‘venant’, les tenants de la thèse du ‘suicide altruiste’ auront fort à faire. Durkheim associait ce type de suicide à la forte cohésion sociale qui poussait un sujet à mettre fin à sa vie plutôt que de constituer indéfiniment une charge pour les autres. La lassitude, née de la flambée des prix et du loyer cher, elle, est réelle. Elle serait la cause d’un probable ‘suicide anomique’.
Ajoutez à cela tout ce qui est déjà dit et vous avez toutes les prémices d’une société sénégalaise sans vie politique, économique, sociale et culturelle.
C’est peut-être cela qui arrange le vacancier Abdoulaye Wade et un grand nombre de fonctionnaires indûment adossés au système, qui refuse au pays tout projet crédible d’aménagement de son territoire, charcuté pour leur être vendu ou cédé en contrepartie de leur silence coupable.
Abdoul Aziz DIOP Politologue
RAPPORT ALARMANT DE CARITAS SUR LA SITUATION ALIMENTAIRE AU SENEGAL
La famine aux portes de 22 communautés rurales de Fatick et Mbour
lundi 3 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - La famine menace de s’installer à Fatick et Mbour, précisément dans certaines zones rurales de ces départements. C’est l’Organisation non gouvernementale Caritas qui en a fait la révélation dans un document exploité en exclusivité par la Première Fm. L’Abbé Jean Marie Ndour, commentant le document sur les ondes de la dernière radio à être née, confirme la situation alimentaire alarmante et parle de mesures d’urgence à prendre. « La situation présente est devenue critique du fait du retard des pluies et cela risque d’être une vraie crise dans les mois à venir si on ne fait rien », avertit-il.
Mesures d’urgence à prendre selon le directeur de Caritas Sénégal, « il s’agit de fournir des denrées alimentaires particulièrement du maïs ou du riz pour prévenir certaines difficultés qui pourraient frapper les populations rurales », dans les départements de Fatick et Mbour. Pour l’Abbé Jean-Marie Ndour, « le constat a été fait, que d’abord les pluies ont tardé et deuxièmement le niveau actuel des cultures ne peut pas rendre serein ceux qui travaillent dans le monde ». Ce qui se traduit par des difficultés des populations à assurer deux ou même un repas par jour. Le directeur de Caritas au Sénégal explique que « le signal nous a été donné par quelques présidents de communautés rurales qui ont contacté nos agents au niveau local pour nous demander de venir voir ». Caritas a alors dépêché des équipes dans les zones ciblées. Et c’est pour constater que la crise alimentaire est réelle.
Abbé Jean-Marie Ndour évalue aussi l’aide d’urgence pour éviter la catastrophe. « Si l’on prend l’ensemble des départements concernés dans les départements de Mbour (Thiès) et de Fatick, soit 22 communautés rurales, il faudrait en ce qui concerne le riz 1000 tonnes par département pour les populations rurales de ces zones. La région de Dakar ayant une zone rurale, il faudrait penser au moins à 5000 tonnes pour l’ensemble ». L’Abbé Jean-Marie Ndour intègre aussi le bétail. « Pour le bétail, nous savons que les choses ont été déjà faites. Mais si on compte le nombre total de bovins qui est à 90.000 têtes environ, à raison de 10 kilos par unité, il faut estimer la demande à 1000 tonnes (aliments de bétails) pour les trois mois à venir. ».
Interpellant les autorités, Caritas va en même temps soumettre un projet d’aide alimentaire d’urgence à ses partenaires occidentaux pour faire face à cette situation.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important. Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques, j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en matière économique ».
CLIN D’ŒIL D’ATEPA A KARIM ?
Nettali, le quotidien sur le Net, a-t-il, dans son édition du mardi 28 août 2007, mal rapporté les paroles de Pierre Goudiaby ? On y lit que l’homme d’affaires a déclaré dans une interview accordée à Weekend magazine : « Karim Wade a toutes les qualités pour être chef d’un Etat comme le Sénégal. » Est-ce un message codé ?
Que veut-il dire par « un Etat comme le Sénégal » ? Existe-t-il ailleurs un Etat comme le Sénégal ? Fait-il allusion à la superficie, la population, la culture, l’histoire ou la politique ? Pourquoi n’a-t-il pas dit : « Karim Wade a toutes les qualités pour être chef (roi) du Sénégal » ? Pas besoin d’y aller avec le dos de la cuillère. Seulement, chaque pays a ses particularités qui le rendent unique, ses réalités dont il faut bien s’imprégner avant de songer à y régner.
D’aucuns se plaignent que l’on parle trop de Karim, mais tant qu’il y aura des gens pour sortir de telles énormités, il ne nous sera pas permis de les écouter sans répondre, de subir sans réagir, de voir le danger sans crier gare.
Quelles sont les qualités de Karim ? Selon monsieur Goudiaby, « il est extrêmement intelligent et a beaucoup de compétence. » Il y a certes des demeurés au Sénégal, mais ce ne sont pas des gens extrêmement intelligents qui y manquent. Par ailleurs, on peut dire de n’importe qui qu’il est intelligent et compétent sans avoir à le démontrer. C’est bien trop facile comme flatterie. Sur quoi se base l’homme qui se dit « de la génération de l’excellence » pour louer la compétence du garçon de la « génération du concret » ? Le fils de tata Viviane et ses courtisans montrent les chantiers de l’ONACI en criant : « Voici du concret », comme s’il n’y avait jamais rien eu de concret dans ce pays. Et ces chantiers ne seront sûrement pas prêts dans les délais prévus, malgré tous les moyens mis à la disposition du prince. De plus, après tout le tapage médiatique et les désagréments causés au Dakarois, on en est arrivé à prendre la décision d’organiser l’OCI au Méridien Président, comme l’avait fait Abdou Diouf en 1992. Il n’y a pas à dire, Karim a beaucoup de compétence. La meilleure est quand Goudiaby, l’architecte, reconnait qu’il y a des problèmes, des dangers dans ces chantiers. Ha ! Ha ! Je me demande ce qu’on aurait eu si Karim n’était pas compétent. Et puis, on est homme politique ou on ne l’est pas. Il faut certes de l’intelligence et de la compétence, mais cela ne suffit pas.
Atépa précise néanmoins que Karim doit d’abord faire ses preuves. Bon dieu ! Que lui faut-il encore comme preuves ? Que le prince fasse tomber le ciel sur nos têtes ? En tout cas son discours manque de clarté. Et il va plus loin en déclarant que ce qu’il ne souhaiterait pas qu’on colle à la peau de Karim, c’est qu’il profite d’une situation pour faire ses preuves. Eh bien, voyons ! Si le « banquier de Londres » n’était pas le fils du président de la République, aurait-on laissé le ministère de l’Equipement de côté pour lui confier de si importants travaux qui ne relèvent pas de sa « compétence » ? Lui aurait-on donné les moyens de distribuer des millions de francs ?
Pour terminer, monsieur Goudiaby nous apprend que Wade-père est un travailleur qui a des projets à finir, mais est mal entouré, ce qui veut dire incapable de choisir ses collaborateurs. Et il invite toutes les compétences à se réunir autour de Góór gi pendant trois ans. Pendant ce temps, lui qui est excellent, démissionne de ses fonctions de conseiller spécial du chef de l’Etat. Allez donc y comprendre quelque chose.
En tout cas, les projets des Wade feront le bonheur de certains architectes. « Lafañ, boroomi mbaam lay faral », dit l’adage wolof. Mais espérons que c’est Nattali.net qui a mal rapporté les propos de notre cher Atépa.
Bathie Ngoye Thiam
Du bien fondé des Assises nationales : Réponse à Dame Penda Mbow«Heureux ceux qui vivent en harmonie avec leur société.» Sous le prétexte du bien fondé de la tenue des Assises nationales, Dame Penda MBow mène un féroce combat contre les valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses de la société sénégalaise. Tout d’abord, j’aimerai te rappeler que les fondamentaux de la société sénégalaise, à travers ses composantes ethniques soudano-sahéliennes, soit plus de 90% de la population (wolof, sérère, peul, mandingue et soninké), reposent sur le principe de l’inégalité sociale des individus. Sur les rives des fleuves Sénégal, Gambie et Niger les hommes naissent libres, mais appartiennent à des familles, à des classes d’ages, à des clans, à des castes, à des ordres et sont affiliés à des confréries religieuses. L’homme individu en dehors de toute communauté n’existe pas Quand tu te réfères à la Grande Charte d’Angleterre de 1215 de Jean Sans Terre, pour promouvoir dans notre pays l’émergence d’une citoyenneté débarrassée des pesanteurs «religieuses et féodales», nous nous inspirons de la Charte du Mandé qui a été conçue par la confrérie des chasseurs du Mandé et solennellement proclamée le jour de l’intronisation de Sundjata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l’année 1222. Cette charte a permis une division du travail entre les clans et a codifié le système de caste qui prévaut jusqu’à présent dans tout l’ouest africain. On trouve donc dans cette charte les thèmes qui seront traités plus tard dans les déclarations des droits de l’Homme occidentales : le respect de la vie humaine, la justice et l’équité, et la solidarité. Quand tu te réfères à la période de la Renaissance pour magnifier la «révolte» luthérienne ou la Réforme, ou l’individu a pu redéfinir sa relation avec l’Eglise, et reconquérir sa conscience par une remise en question de l’obscurantisme. Nous te rappelons que l’Islam au Sénégal a eu à jouer un rôle d’émancipation et de réhabilitation de l’individu. A la fin du XIXe siècle, après la liquidation des dernières résistances armées, le colonialisme français entreprit de «libérer l’individu», de créer de nouveaux citoyens sénégalais comme tu en rêves. Face à ce diabolique projet colonial de transformer les Sénégalais en des individus sans logiques communautaires, en rupture avec les valeurs fondamentales de leurs sociétés, se dressèrent des hommes de Dieu, comme Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, El Hadj Malick Sy, Seydina Limamou Laye. Ils animèrent une résistance pacifique face à cette campagne coloniale de conquête des cœurs et des esprits, par la formation dans leurs daaras - écoles de talibés-citoyens, patriote et en harmonie avec leurs valeurs sociétales et religieuses. Ces figures historiques religieuses avec leurs descendants mériteront la reconnaissance éternelle de notre Nation pour leurs œuvres de sauvegarde et de rédemption de notre société. Quand tu te réfères aux Etats-Unis dans ta quête d’une nouvelle citoyenneté, tu cites un «autre exemple non dénué d’intérêt pour le Sénégal». Nous nous demandons est-ce que tu as oublié, en tant historienne, que la Nation américaine a été fondée sur la rapine, le génocide des Amérindiens et la déportation et l’esclavage des nègres. Et que les «citoyens» amérindiens et afro-américains sont toujours parqués dans des ghettos et autres réserves. En 1776, pendant que les propriétaires d’esclaves américains rédigeaient, leur constitution (déniant aux indiens et aux noirs leur humanité), la Révolution toorodo dirigée par Thierno Souleymane Baal et l’imam Abdou Khadre Kane proclamait à la face du monde l’interdiction de la Traite négrière sur l’étendue du Fouta. Quand tu te réfères à la Révolution française pour déclarer que la «citoyenneté reste à construire au Sénégal. 1789 a laissé émerger un citoyen jaloux de ses prérogatives, prêt à se battre pour conserver son autonomie et ses droits». Que de crimes et d’horreurs ont été commis au nom des idéaux de cette révolution. L’assujettissement, l’asservissement, la non-reconnaissance des droits citoyens des peuples caractérisaient la politique coloniale française (Bien que nés dans la région de Louga, les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade furent déclarés par leurs parents à Saint-Louis pour ne pas vivre dans le régime de l’indigénat). A quand, dans cette République française si «démocratique», la pleine citoyenneté des gitans, des beurs, des afro-français ? Nous n’acceptons que la place de l’homme sénégalais soit analysée à travers ton spectre eurocentriste. Toutes les nations asiatiques qui ont réussi à effectuer leur décollage économique ont su éviter les pièges «droit de l’hommiste» de l’occident et de leurs suppôts. Dame Penda Mbow laisse-nous avec nos pesanteurs féodales et maraboutiques, nos ordres et castes. Nous n’avons pas besoin d’universalisme jusqu’à renier ce qui fait notre sénégalité. L’Inde a pu se développer, devenir une nation émergente, le leader mondial de l’informatique sans avoir à déstructurer sa société, ni renoncer à sa cosmogonie hindouiste et son ordre social fait de brahmanes et d’intouchables. Les succès économiques de la Chine sont, en grande partie, expliqués par leur retour à la pensée confucéenne. Ta convocation d’Assises nationales ? A quel but ? Notre pays n’a, comme tu l’affirmes, ni crise d’identité et de perspectives ; sa situation politique n’est comparable ni à celle de la Guinée, ni à celle de la Côte d’Ivoire, ni à celle du Niger. Les institutions sénégalaises fonctionnent normalement, il y a continuité du service public. En conclusion, nous citerons, comme toi, Barres : «Notre raison, cette reine enchaînée, nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs.» Nous aussi au Sénégal, nous avons besoin de suivre les traces de nos pères pas ceux d’autres pays. Pour ce faire, il faudra un puissant mouvement d’intellectuels pareil à ceux de l’Opus Dei qui pourra faire face aux tenants idéologiques marxistes du siècle dernier qui, malheureusement, contrôle encore totalement l’espace médiatique et universitaire sénégalais. Seule la mise en place de cette organisation pourra défendre notre modèle islamo-wolof, islamo-soudano-sahélien des assauts des cosmopolites de gauche. Le Dya Ogo - Amadou Bakhaw DIAW / amdiaba@yahoo.fr -
IMPÔTS ET DOMAINES
Les inspecteurs réclament les 123 milliards des 46 agences
Par Mamadou Lamine DIEYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 3 septembre 2007
La tribune du premier congrès du syndicat des agents des impôts et domaines (Said) a servi de cadre pour ce corps d’élite de réfléchir sur la gouvernance fiscale, financière et foncière du Sénégal. Revendiquant un « syndicalisme citoyen » et leur place centrale dans la détermination de la politique fiscale nationale, ils n’ont pas raté le gouvernement en dénonçant vigoureusement « les 123 milliards incontrôlés des 46 agences créées tous azimuts » depuis l’avènement des libéraux au pouvoir.
Deux années après la création de leur syndicat, les agents des impôts et domaines ont convoqué leur premier congrès samedi dernier. Autour du thème central « Quel syndicalisme à la direction générale des impôts et domaines ? », la famille fiscale et leurs invités des autres centrales syndicales du secteur formel comme informel, de la société civile et du Syndicat national unifié des impôts (SNI) de France, représenté par son secrétaire général Vincent Drôlement ont réfléchi sur l’action syndicale de la maison. La conception classique du syndicat le limitant à une simple association de défense des droits et intérêts, sociaux, économiques et professionnels de ses adhérents ne suffit pas. Même si, malgré les acquis capitalisés depuis la naissance du syndicat, la misère des agents comparés au traitement réservé à d’autres corps d’élites et les conditions sociales et de travail difficiles restent difficiles.
À les suivre dans leur réquisitoire durant la plénière, l’action syndicale ne doit pas seulement être circonscrite autour de la satisfaction des revendications. Et en tant qu’élément clef dans le dispositif institutionnel de l’Etat et compte tenu de sa contribution dans ses ressources budgétaires, les agents des impôts et domaines prônent un « syndicalisme citoyen ». Celui-ci consiste à poser des actes pour préserver l’outil de travail et à jouer un rôle d’acteur de la société civile pour contribuer à l’essor de ce pays en ce sens que les questions d’ordre fiscal et domanial revêtent une certaine technicité. En sus, parce qu’ils estiment traiter de questions de souveraineté, ils prétendent avoir des droits qu’ils comptent revendiquer tout en faisant des propositions à la hiérarchie. « Personne n’est mieux placé que nous pour déterminer et définir la conduite des politiques fiscales du pays », raison pour laquelle « notre implication dans la marche du pays est un devoir », dira l’inspecteur principal et vérificateur à la direction des vérifications et des enquêtes fiscales, Cheikh Gueye.
Aussi, le thème développé est, de l’avis de M. Sonko, « une façon pour la famille fiscale de réfléchir sur quelle direction générale des impôts et domaines dans un Etat qui se cherche et qui doit emprunter les sentiers de l’émergence avec un service stratégique qui doit contribuer et concourir à ses efforts ». Autrement dit, une façon de participer à la bonne gouvernance socio - économique et politique pour refonder l’Etat de droit. Et comme « pour asseoir un Etat, il faut les deux D à savoir les Douanes et les Domaines », un environnement de travail décent avec des salaires et des conditions sociales décents sont requis car « nous sommes une administration suspecte et exposée à la corruption et il revient à l’Etat de nous mettre dans de bonnes conditions sociales et de travail, notamment la promotion et le renforcement des capacités ». À en croire Ousmane Sonko, secrétaire général sortant du Said, « la réflexion a dépassé aujourd’hui le cadre stricto sensu de la politique fiscale pour aborder la fonction publique en général et les questions liées au service public ».
Par ailleurs, suite au constat des développements extraordinaires ces dernières années en matière de politique fiscale, avec « un Etat qui veut accélérer la croissance et qui a initié un certain nombre de politiques parmi lesquelles le volet fiscal revêt une importance capitale, nous avons abouti à la catastrophe parce que la politique fiscale a été à des agences et des lois qui sont loin d’être dans l’intérêt du pays mais peut être dans l’intérêt de certains », a soutenu M. Sonko. La technicité de la fiscalité faisant qu’elle n’est pas à la portée de tout le monde, M. Sonko poursuivra que « des agences surgissent subitement de toutes parts pour conduire des politiques fiscales parce que tout simplement elles conduisent des politiques d’incitations à l’investissement ». Cela pose problème dans la mesure où « aucune expertise avérée ne sous-tend pas les actes posés et les textes votés », a-il poursuivi. Aussi, pour le bien du pays, il a invité à ce que « l’administration fiscale reprenne ses prérogatives et soit associée, consultée même si nous ne revendiquons pas de définir la politique fiscale qui est du ressort du gouvernement ».
Il trouve aberrant que ces agences, pour travailler, viennent puiser les ressources humaines de la Dgid et la rationalité administrative qui est même posée avec cette superposition inutile et budgétivore de ces 46 agences qui couvent sur un pactole incontrôlé de plus de 123 milliards. Et « c’est un débat citoyen et non-corporatiste qui ainsi posé », a-il conclu.
49 ANS DES PORTEURS DE PANCARTES A SAINT LOUIS
L’histoire syndicale et politique nationale revisitée
Par Mamadou Lamine DIEYE SUD QUOTIDIEN
Pour la première édition décentralisée de la célébration du 49ème anniversaire de leur association, les porteurs de pancartes ont porté leur choix sur Saint Louis, ancienne capitale de l’AOF et du Sénégal. Pendant les deux journées (25 et 26 août 2007) qu’ont duré les festivités, les jeunes du 26 août 1958 qui tous octogénaires aujourd’hui, n’ont pas failli à leur devoir de mémoire pour revivifier l’histoire politique et syndicale du Sénégal.
En choisissant feu Latyr Camara (1919-2000), syndicaliste et homme politique de grande renommée comme parrain et comme thème central « Syndicalisme et engagement patriotique », l’association des porteurs de pancartes du 26 août 1958 ont retracé le long processus de décolonisation du Sénégal amorcé après la seconde guerre mondiale. Acte historique de commémoration appartenant à tout le Sénégal, la cérémonie a été délocalisée cette année à Saint Louis, ville symbole dont l’histoire se confond avec celle du Sénégal. Le choix de Saint Louis se justifie ainsi et « c’est une reconnaissance du rôle qu’il a joué à travers ses élites mais surtout en tant que mémoire vivante de l’histoire du Sénégal de la pénétration française à l’indépendance », dira Amadou Ndéné Ndao, le président de l’association. Et la chambre de commerce de Saint Louis, qui a abrité les festivités, était trop peite pour accueillir tous ces hôtes venus d’horizons divers pour célébrer le parrain et pour honorer un devoir de mémoire.
Les parents et amis du parrain, les illustres personnalités politiques et syndicales, les notabilités civiles et religieuses et les saint-louisiens dans leur diversité, ont répondu massivement et dans un bel élan de solidarité à cet appel de ceux sans qui le Sénégal ne serait pas libéré du joug colonial. L’exposé du professeur Oumar Gueye sur « le syndicalisme et l’ engagement patriotique » et les contributions des uns et des autres renseignent sur sa pertinence et son actualité. L’action syndicale qui s’évertue à améliorer les conditions de vie et de travail de ceux qui produisent les richesses sans profiter de façon équitable des retombées, joue un rôle capital dans l’éveil de la conscience politique et de l’engagement patriotique. A en croire Me Mbaye Jacques Diop, Président d’honneur de l’Association, « la ligne de démarcation est tenue lorsque le syndicaliste, imbu d’un patriotisme ardent, s’engage dans l’action publique ». Et Latyr Kamara, « syndicaliste engagé politiquement pour s’engager résolument dans la lutte pour la souveraineté nationale » en est la plus parfaite illustration. En effet, il a été d’abord un pur produit du mouvement syndical pour devenir par la suite un homme politique d’envergure, un diplomate de carrière, un homme d’Etat émérite, tout en restant un homme entier selon les témoignages de ses collègues présents.
Cheikh Dembo Kamara, au nom de la famille du parrain, n’en dira pas moins que les contemporains de son oncle qui a consacré ses 81 ans au service exclusif de son pays, des siens, des opprimés et des causes justes. Aussi, deux jours durant, les porteurs de pancartes ont revisité l’histoire politique et syndicale du pays. Un devoir de mémoire qu’ils se devaient d’accomplir pour porter à l’attention des jeunes générations l’action des 65.000 jeunes « sujets citoyens » et des organisations politiques significatives d’alors, qui ont osé défier le Général Charles de Gaulle de Yoff à la place Protet pour « lui réclamer de manière sonore et visible l’indépendance ou le Jott Sa Reew, mot banni du vocabulaire officiel mais non du vocabulaire politique et mitant ». C’est ainsi que de l’instauration du régime de la Loi cadre instauré en 1957, conférant aux territoires d’Outre Mer l’autonomie interne, aux événements du 26 août 1958 en passant par le rôle des partis politiques, des syndicats et des mouvements de masses mais aussi la naissance du nationalisme africain, la place centrale des événements du 26 août 1958 pour l’indépendance du Sénégal a été davantage prise d’assaut.
Dans le souci de perpétuer l’œuvre historique entreprise par les porteurs, par les jeunes, le comité saint louisien d’organisation de la commémoration du 49ème anniversaire est devenu le premier Comité régional de l’association nationale des porteurs de pancartes avec Massamba Niang comme Président d’honneur et Abdoulaye Ngom comme secrétaire exécutif. La mise en place des comités des autres régions du Sénégal va se faire progressivement car « comme la France qui a sa révolution Française qui est célébrée depuis 1789, la flamme ne doit pas s’éteindre, elle doit être entretenue par chaque sénégalais », a estimé M. Diop. Il informera que le cinquantenaire de la commémoration, qui aura lieu l’année prochaine à Dakar, sera célébrée avec toute la portée et la symbolique requise car ce sont « les noces d’or de l’Association ». Elle sera internationalisée et verra la participation des pairs Africains.
Mansour Cama, président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal
« Nous vivons dans une situation de précarité »
dimanche 2 septembre 2007, par Nettali /
Nettali - Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), M. Mansour Cama est formel. Dans une interview accordée au magazine spécialisé sur les questions économiques ‘’Réussir’’ de ce mois (numéro qui sera dans vos kiosques dès lundi), le patron de la Cnes tire la sonnette d’alarme. Selon M. Cama, le Sénégal se trouve dans une situation de précarité.
Pour Mansour Cama, « le gouvernement doit voir comment baisser la fiscalité, quitte à réduire son train de vie en attendant des lendemains meilleurs ». Mansour Cama se veut clair : « il appartient à l’Etat de faire sa cure et permettre ainsi de répartir la charge de la demande sur tout le corps social ». Non seulement, indique le patron de la Cnes, le déficit public a augmenté, mais il y a qu’au plan macro-économique, les chiffres indiquent « que l’inflation est sortie du cadre dans lequel nous avions réussi ces dernières années. Toutes choses qui font dire à Mansour Cama que le Sénégal est dans une situation de précarité. Pour faire face à la situation, il appelle l’Etat, le patronat et les syndicats à discuter et voir comment gérer cette situation. « Chaque décision peut avoir un impact important. Pendant que l’Etat subventionne ou renonce à des recettes douanières, les prix augmentent. La démarche est-elle payante ? C’est pourquoi, je dis qu’il faut une conjonction d’attitudes de toutes les parties prenantes ».
Pourtant, soutient le président de la Cnes : « Le Sénégal n’a jamais eu autant de recettes fiscales que ces dernières années. D’abord par l’élargissement, mais aussi le poids de la Tva. Pas moins de 30% des recettes avec un taux qui pose problème dans certains secteurs comme le tourisme. Donc sur ce plan, l’Etat est très performant et les chiffres le montrent. Même si aussi, comme toujours, il y a un pendant, car si la Douane enregistre autant, c’est parce que le Sénégal est un importateur net du fait que nous ne produisons pas assez. C’est le revers de la médaille. Par contre, là où il y a des inquiétudes avérées d’ailleurs, c’est l’inflation qui augmente de même que le déficit budgétaire ». Mansour Cama ajoute que lors de l’assemblée générale annuelle de la Cnes, en décembre 2006, et devant Macky Sall, le Premier ministre d’alors, il avait mis l’accent sur un certain nombre de clignotants inquiétants. A savoir, « un gonflement anormal de la dette intérieure et un taux de croissance en baisse ». Pour lui, nos autorités ont manqué de visibilité sur un certain nombre de choix. C’est ainsi que soutient-il, « en lieu et place de certaines infrastructures et leurs impacts sur les finances publiques, j’aurais donné une priorité absolue à l’énergie électrique ». Mansour Cama est persuadé que « la perspective économique annoncée montre que nous allons encore souffrir pendant longtemps d’un déficit de compétitivité qui plombe l’activité économique ».
Le patron de la Cnes milite pour un débat fondateur entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, et interpelle ceux qui sont à la tête du pays. Dans son entendement, « nous avons l’obligation de rechercher le consensus national en matière économique ».
Les politiques sur le chemin des Etats-Unis d’Afrique
Les Etats-Unis d’Afrique, appelés dans tous leurs vœux par les peuples africains, exigent des mutations nécessaires pour l’avènement d’un monde nouveau. Celles-ci sont en passe de ne laisser aucun secteur en rade aussi bien dans leurs ruptures de fond que de forme. C’est en cela que l’espace de vie des hommes politiques ou autres politiciens de même que ceux qui l’animent doit connaître des évolutions notoires. Car l’Afrique de demain ne saurait s’accommoder de démocratie sans acteurs, autrement dit d’hommes qui ne seraient pas à la hauteur des attentes d’un continent résolument engagé vers la résolution urgente de ses problèmes de développement. Des secteurs vitaux de la société africaine ayant déjà réfléchi sur leurs modalités de contribution à l’émergence d’une Afrique bâtie sur une pensée harmonisée et intégrative de l’ensemble de nos différences.
Dans la même foulée, il apparaît nécessaire de réfléchir à une charte africaine d’éthique politique. Celle-ci, adoptée à la suite de rencontres et de forums intenses, serait à coup sûr un début de réponse à la dégradation des mœurs politiques et, partant, une voie de réhabilitation de l’image des acteurs. C’est dire que toutes les voies de solution doivent être empruntées pour arriver au résultat escompté. Il s’agira sans doute de faire un diagnostic sans complaisance du mal politique sous ses symptômes aussi divers que variés, à savoir la démagogie, la gabegie, le clientélisme, le parjure idéologique, pour ne citer que ceux-là. La propension à la violence et les conflits engendrés, voire alimentés par les politiciens seront des obstacles à la réalisation de cette Afrique que nous voulons ‘un des cœurs du monde’. Les hommes politiques auront la lourde mission de renaître sous forme de personnages dignes de respect et doués d’un sens élevé de l’honneur. Le manque de vraies icônes politiques, au sens noble du terme, a contribué à faire sombrer maintes jeunesses d’Afrique avides de politique.
L’ère du politique ou du politicien ‘marchand d’illusions’ doit être révolue à la faveur de l’avènement d’une pratique politique réconciliée d’avec les valeurs africaines pures, socle d’une approche hautement différenciée. Aucun Etat ne devrait songer, dans ce renouveau africain, à un apport en deçà des valeurs. Ce dont il sera question, c’est justement d’un faisceau de valeurs dont les uns et les autres pourront s’inspirer pour s’améliorer. Pour cela, il urge chez ceux-là qui vivent de politique ou se réclament de ce monde de se débarrasser de certaines pratiques jurant d’avec la morale et le sens élevé du civisme. Lorsque, finalement, des représentants africains devront parler, non pas pour leurs pays propres, mais d’une seule et même voix pour la défense d’une cause dite africaine, il faudrait qu’eux, tous, soient animés d’un même idéal. C’est en cela qu’il s’avère nécessaire de tendre vers la promotion de valeurs en partage. Le ‘Diom’, la ‘Kersa’, le ‘Njumb’, le ‘Doylu’, entre autres, pourraient bien en faire les objets.
Dans cette entreprise, ne seraient pas en reste les peuples d’Afrique le plus clair du temps assujettis au trafic d’influence et victimes de détournement de conscience et d’abus de confiance de la part d’hommes qui n’ont de soucis que pour leur carrière et leurs comptes bancaires. En effet, l’exigence des électeurs ou mandants, en termes de qualité de prise en charge de leurs préoccupations, doit davantage être une réalité se formalisant d’une feuille de missions dont les résultats seraient quantifiables. L’élu sera alors jugé à l’acte. De même, les militants ou sympathisants de partis politiques devraient cesser d’apparaître comme moutons de panurge, exigeant de leurs dirigeants plus de démocratie, moins de paternalisme et un sens plus élevé de moralité pour prétendre accéder aux commandes.
En définitive, il serait prétentieux de vouloir cerner les contours d’un sujet aussi vaste que la mutation nécessaire des politiques de tous bords sur le chemin de l’érection des Etats-Unis d’Afrique. Avons-nous tout juste voulu entrevoir les espérances de l’Afrique de demain en attirant ‘nos attentions’.
Toutefois, l’Afrique de demain naîtra de politiques porteuses d’idées et de pensées neuves capables d’émergence. Ensemble changeons en mieux pour que l’Afrique - Une - ne soit pas une perpétuelle utopie d’intellectuels !
Elhadji Babacar MBENGUE Chargé des Examens à l’Iden de Dakar-Médina
elhadjibabacarm@hotmail.com
Immigration clandestine : Un véritable aveu d’échec
Ngor, se confiant à moi, me dit : “Tukki taxna tekki”. J’y crois autant que ces impénitents clandestins destinés à mourir en haute mer loin du regard tendre de la mère, dont le cœur battrait la chamade devant leur dernier cri agonissant qui se mêle tristement au grondement assourdissant des vagues. J’y tiens mordicus comme à la prunelle de mes yeux et rien ne pourra me détourner de la décision que j’ai irrévocablement prise d’aller vers d’autres cieux, car c’est l’unique solution qui me reste pour donner sens à ma vie et à toutes celles qui s’y attachent. Par les océans ou par le ciel ou bien par la forêt, j’irai. Je veux être affranchi de ma situation de pauvreté, celle que j’ai héritée de mes parents, lesquels l’ont héritée des leurs. Halte à la souffrance, à la pauvreté chronique qui semble suivre l’ordre chronologique, à travers le temps, de la lignée à laquelle j’appartiens. Vivoter, j’en ai marre, mourir, je préfère. Certes, j’ai bien vu montrer à la télé des hommes ayant péri, qui sont rejetés par la mer et accueillis dans un concert d’essaim de mouches en plein air, tandis que d’autres ont été croqués à belles dents par les requins affamés de viande humaine, mais ça me laisse de marbre. Il faut que je parte autant de fois que je serai objet de rapatriement.
Voilà des propos d’une sincérité naturelle dictés par une conviction profonde et sournoise pour autant qu’ils semblent bizarres sous le regard de celui qui se situe à cent mille lieues de ce que son auteur éprouve. Pensez-vous qu’un postulat selon lequel ’tukki taxul tekki’ aussi pauvre d’arguments qu’il n’a de sens, peut parvenir à retenir les jeunes et les fixer dans leurs terroirs respectifs ? En tout cas, des jeunes comme ceux du village de Toby Diop, à 2 km de Kébémer sur la route de Darhou Mousty ou du village de Marandan dans la communauté rurale de Sakar (département de Sédhiou) sur l’axe Djindé - Kolda, ne seront pas, avec ce langage simpliste, disposés à croire à un tel échafaudage d’hypothèses fondées autour d’un vain mot. Ce sont des villages qui empestent le confort et le luxe moderne sous le charme mirobolant desquels tombe irrésistiblement tout visiteur venant d’autres horizons.
L’immigration, telle une religion, les jeunes continueront à y croire jusqu’à ce que l’Afrique n’en contienne plus. La seule thèse que les jeunes cautionnent est celle selon laquelle ‘Tukki taxna tekki’, car seule cette dernière a pu recueillir l’assentiment de témoignages concordants en sa faveur. Ce sont des jeunes dans la ferveur du voyage dont l’intention a déjà dessiné un but à atteindre et mobilisé des raisons d’agir. Face à cette situation précise, criante de vérité et inquiétante, les autorités chargées de la question de l’immigration clandestine ont apporté une réponse inopérante parce que faisant abstraction de paramètres physologiques incontournables.
Pour faire tomber ce phénomène en déliquescence, il est important de saisir l’importance de l’illusion collective d’abord et individuelle ensuite, qui hante ces jeunes à l’image d’un adepte qui prend son marabout pour un Prophète. C’est là qu’il faut commencer si l’on veut renverser la vapeur. Si l’on désire sans tricherie aucune retourner les jeunes comme une crêpe, les dissuader de leur objectif, nettoyer de leurs cerveaux les espoirs corrompus, il faut une politique de jeunesse solide au-delà des frontières du Pac (Parents, amis, connaissance). Montrer à ces jeunes que la réalité n’est pas cette apparence qu’ils ont vue ensemble et vers laquelle ils convergent, certes ce n’est pas chose aisée, mais il est de l’ordre du possible. Nier la réalité reluisante se trouvant ailleurs en leur faisant croire autre chose n’est pas la clé de la solution.
Souleymane LO Elève inspecteur en Intervention communautaire
Consultant-Mobilisation sociale, Enea/ Département Eda
Mail : julessouleymanelo@yahoo.fr