UN AUTRE PAYS
SENEGAL, DEMAIN UN AUTRE PAYS
Manifeste citoyen pour la refondation nationale
Depuis de nombreuses années, le Sénégal connaît une mal-gouvernance. D’une manière générale, le chaos qui s’est installé dans le pays au cours de la décennie qui s’achève préoccupe tous les Sénégalais. Non seulement les institutions ont été déstabilisées, mais les fondements même de l’Etat ont été remis en cause. Et, malgré un potentiel élevé de ressources, la pauvreté ne cesse d’augmenter dans le pays. La croissance chute de manière vertigineuse en même temps que les politiques publiques manquent de cohérence.
Tout cela se déroule dans un contexte où dominent l’improvisation et le manque de concertation entre les acteurs. Quant à l’administration, elle devient chaque jour de plus en plus informelle, de moins en moins rigoureuse et fiable. Depuis l’Alternance, survenue en 2000, on assiste à une sorte de promotion effrénée des contre-valeurs qui a favorisé une corruption généralisée alors même que le populisme est érigé en mode d’ascension politique.
Trop, c’est trop ! Les populations n’en peuvent plus de supporter les dérives et les scandales de toutes sortes. Aujourd’hui, des citoyennes et citoyens ont décidé de se mobiliser et d’appeler le peuple, à travers ce Manifeste, à un sursaut salvateur pour initier les transformations sociales profondes nécessaires à notre pays.
Les Assises Nationales ont installé les conditions de la refondation du Sénégal
Les Assises nationales du Sénégal, qui se sont déroulées de juin 2008 à juin 2009, constituent un acte politique majeur. Ces Assises ont défini de nouvelles exigences et ouvert de nouvelles possibilités pour le pays.
Espace public de débats féconds et participatifs, elles ont débouché sur un projet de société capable de faire rêver, si des millions de Sénégalais se l’approprient. Elles ont aussi fortement mis en évidence une exigence d’éthique et d’équité que ne pouvaient plus, à eux seuls, satisfaire des partis politiques assez mal en point depuis mars 2000. L’implication directe dans le débat de personnalités politiques et syndicales, mais aussi de femmes et d’hommes de culture, de leaders religieux, de militaires, de Sénégalais de la diaspora, etc., est une réaction à la faillite morale du régime de Maitre Abdoulaye Wade. Les travaux des Assises ont contribué à alimenter de riches discussions sur les politiques à mettre en œuvre à court et à long termes. Un tel processus a non seulement modifié le rapport du citoyen à la gestion de la cité mais également changé, dans une très large mesure, la perception que beaucoup de secteurs significatifs ont de leurs rôles et de leurs responsabilités.
Les signataires de ce Manifeste entendent réaliser la vision et les orientations stratégiques des Assises nationales. Atteindre cet objectif suppose une forte mobilisation, seule capable de créer les conditions de l’instauration au Sénégal d’une société démocratique, juste, pluraliste et pleinement respectueuse des droits humains et des libertés individuelles ; bref, une société fonctionnant selon des mécanismes susceptibles d’assurer le bien-être de tous.
Les limites des régimes précédents
Après vingt ans d’exercice du pouvoir (1960-1980), le Président Senghor a laissé l’économie du Sénégal dans une situation exsangue, avec en toile fond la banqueroute de l’ONCAD (Office national d’Assistance et de Coopération pour le Développement) qui constituait pourtant l’élément central de sa politique agricole. Selon la Banque mondiale, le Sénégal a enregistré au cours des vingt premières années de son indépendance, la croissance économique la plus faible des pays africains au Sud du Sahara, à l’exclusion des pays en guerre civile ou en proie à des troubles politiques graves.
L’absence d’une vision nationale partagée d’un développement véritable et l’application systématique par Abdou Diouf des programmes d’ajustement structurel avaient fini de placer les populations des villes et des campagnes dans une situation de pauvreté et de dénuement endémique. Au soir du 19 mars 2000, le sentiment général de ras-le-bol a précipité la chute du Parti socialiste.
Mais, aujourd’hui, l’Alternance, alors espoir de tout un peuple, présente un bilan désastreux. L’échec est évident, qu’il s’agisse de la satisfaction de la demande sociale, de la sauvegarde des libertés, de la consolidation de l’Etat de droit ou de l’éthique dans la gouvernance. Du fait des politiques de régression sociale pratiquées, l’Alternance n’a pas su créer les conditions véritables d’un changement positif. Aujourd’hui, les revenus des paysans et des éleveurs ont baissé de manière drastique, entraînant une accélération de l’exode rural.
Sous Wade, le peuple fait face à un régime mal préparé à la gestion de la chose publique, un régime aux relents populistes, caractérisé par la cupidité et le cynisme de ses acteurs. L’ère Wade, c’est, selon nombre d’observateurs, celle de la dislocation des institutions, mais aussi d’une concentration jamais égalée du pouvoir présidentiel au Sénégal.
La résistance au régime de Wade
Le régime de Wade approfondit les injustices, aggrave les inégalités et accentue les discriminations sociales. Mais, face à la violence de cette politique, des résistances s’organisent pour mettre un terme à l’entreprise de démolition nationale et sociale à laquelle se livre le pouvoir en place.
C’est le cas avec la révolte, en novembre 2007, des marchands ambulants qui protestaient contre leur « déguerpissement » brutal du « centre-ville ». Cette révolte a consacré la rupture des jeunes avec un « maitre » incapable de se hisser à la hauteur de leurs aspirations. La résistance, c’est aussi les protestations du monde rural qui s’oppose au système calamiteux de commercialisation de l’arachide instauré depuis 2001. La marche des Imams à Guédiawaye, les émeutes contre les coupures intempestives d’électricité, la mobilisation des deux collectifs de Kédougou, la résistance des populations de la communauté rurale de Mbane, la lutte des travailleurs pour la défense de leurs intérêts, – notamment le combat des femmes confrontées au travail précaire dans les usines de pêche – sont des événements riches d’enseignements.
On ne peut taire ici le naufrage, le 26 septembre 2002, du bateau « le Joola », l’un des plus grands scandales maritimes de tous les temps et conséquence directe d’une gestion irresponsable. Mais rien n’y fait ! La gestion informelle continue comme si le sacrifice n’était pas suffisamment lourd.
Les élections municipales de mars 2009, qui ont marqué la défaite de Wade et de son régime, constituent un indicateur de la modification des rapports entre Wade et le peuple sénégalais. Les résultats de ces élections ont été en outre l’expression du refus catégorique du peuple face à la volonté de succession monarchique à la tête de l’Etat. La situation politique actuelle met face à face une masse de mécontents prêts à agir et un Etat dont la légitimité et l’autorité sont contestées par une large majorité de la population du fait de son incompétence sociale, politique et économique.
Comment faire partager par le plus grand nombre notre conviction qu’une alternative à l’Alternance détournée et ratée est possible ? Telle est l’interrogation fondamentale aujourd’hui. Y répondre est la condition de la restauration de l’espoir pour le peuple, la condition aussi de sa mobilisation et, par conséquent, de la victoire.
Plusieurs grands chantiers nécessitent notre mobilisation, de la refondation d’un Etat républicain et démocratique à la création de pôles économiques pour un développement endogène, en passant par des transformations sociales et culturelles. Il faudra aussi approfondir la réflexion sur les politiques publiques pour remettre le pays sur les voies de la bonne gouvernance et susciter un large rassemblement autour des consensus issus des Assises nationales.
Refonder un Etat républicain et démocratique
C’est l’ensemble de l’arsenal institutionnel du Sénégal qui doit être rebâti autour des thèmes suivants : projet de nouvelle constitution, espace de participation citoyenne, ordonnancement institutionnel installant un juge des libertés, effectivité de l’équidistance de l’Etat vis-à-vis des confessions et des confréries religieuses, instauration de l’Etat de droit, rôle des ordres professionnels dans la régulation et le développement d’une culture de l’excellence, de la transparence et de la qualité des services au profit du plus grand nombre de citoyens.
Il faut que la République permette aux citoyens de disposer de droits et de pouvoirs accrus afin de leur permettre d’intervenir dans tous les choix publics. Aujourd’hui, plus que jamais, de grands dangers menacent notre unité nationale, d’autant que la question centrale de la Casamance est loin de connaître un traitement qui puisse permettre de garantir la paix et qui semble s’éloigner chaque jour un peu plus.
Créer des pôles économiques pour un développement endogène
Malgré l’image déformante et persistante d’un pays aux faibles ressources, le potentiel économique du Sénégal est considérable. Le secteur primaire devra jouer son rôle fondamental grâce à la réhabilitation du secteur agricole, de l’élevage, de la pêche, de la foresterie. La revalorisation de l’exploitation familiale et des dynamiques communautaires, à côté des grandes exploitations agricoles, y contribuera. La petite et moyenne industrie constituera le stimulant de cette agriculture, par la transformation des produits et l’intégration des différents secteurs liés. La vocation des grandes zones du pays sera reconnue à sa juste valeur et les pôles de développement articuleront les potentialités complémentaires des régions, en favorisant une intercommunalité.
Il est aussi impérieux que les entreprises du secteur privé assument pleinement leurs responsabilités sociales : c’est la condition pour réconcilier le monde des affaires avec le développement national et local. De même, l’économie sociale sera un des fers de relance des économies locales, car elle permet l’émergence d’un système garantissant la redistribution des richesses. Dans la même mouvance, l’économie publique ne saurait être reléguée au second plan. Dans un processus de refondation nationale, en effet, l’impératif d’égalité des citoyens passe par des investissements publics de grande envergure assurés par la puissance publique.
Engager des transformations sociales et culturelles
Dans le processus de refondation des institutions et d’émergence des pôles de développement, c’est toute la société qui devra agir ensemble pour amorcer les changements nécessaires. La vision à laquelle nous aspirons est celle d’un Sénégal de justice, porté par ses citoyennes et ses citoyens dans un élan salvateur et durable d’émancipation. Cette vision, dont la réalisation va se répercuter aux plans économique, social, culturel et politique, passe par une redéfinition des valeurs de référence, un changement des pratiques sociales et une lutte acharnée contre les inégalités et la corruption.
Notre société doit profondément changer. Notre rapport à la chose publique reste aujourd’hui débridé. La notion de « bien commun » et de « bien public » est évanescente et mérite la mise en place de garde-fous pour la protéger et la vivifier. Il nous appartient de rebâtir une société du mieux-être au bénéfice du plus grand nombre. A cet effet, il nous faut initier le chantier des transformations radicales de nos modes de pensée, des formes de régulation de notre société, de nos choix de développement. Notre rapport à autrui, en privilégiant le dialogue des cultures, devra être débarrassé des tares qui remettent en cause la cohésion sociale.
Remettre le pays sur les voies de la bonne gouvernance
La question centrale que soulèvent toutes ces orientations est la suivante : comment faire pour que des millions de femmes et d’hommes, si différents par leurs pensées et si divers par les organisations politiques et sociales auxquelles ils appartiennent, soient suffisamment unis et résolus pour rendre incontournables des changements qu’ils estiment indispensables ?
Les Assises nationales ont permis de formuler toute une série de mesures nécessaires pour asseoir des politiques sociales fortes ; des politiques qui vont faciliter l’accès à des services de qualité dans le respect de la dignité humaine et du droit, garanti à tous, à une vie décente. Les Assises ont également mis en relief les mesures économiques indispensables pour faciliter la souveraineté monétaire de l’Afrique de l’Ouest, voire au-delà.
Dans le cadre de l’intégration des peuples africains et au-delà de l’affirmation du panafricanisme, le droit à la mobilité des personnes reste fondamental. Les langues nationales méritent un autre sort pour enfin devenir de véritables facteurs d’émancipation culturelle et scientifique. Par ailleurs, au Sénégal, un débat franc doit être engagé sur les questions de la laïcité, de l’école, du rapport entre l’Etat, les confessions et les confréries religieuses. Ce débat est rendu essentiel par l’importance du fait religieux à toutes les échelles de la société.
Mais il convient d’aller encore plus loin dans le développement des libertés publiques et de la démocratie en renforçant la démocratie représentative par une démocratie d’opinion, une démocratie participative. Sans faire table rase du passé dont il faut savoir intégrer les aspects positifs, il convient d’inventer les formes politiques nouvelles d’un mouvement émancipateur. Il faut un imposant mouvement social pour porter ces chantiers avec le peuple sénégalais. Nous pouvons cependant y arriver.
Pour un large rassemblement de soutien au consensus Autour des Assise nationales
Le sens et l’ambition de notre projet politique reposent sur quelques idées-forces. Ces axes pour l’action sont de la plus haute importance, car le succès d’une refondation nationale exclut toute tentative de raccourci avec les exigences. Ainsi, il faut :
• créer en permanence les conditions d’une intervention populaire ;
• construire, dans le contexte mondial actuel, l’unité des exclus en combattant sans merci les logiques de domination et les idées de division sur lesquelles s’appuie le libéralisme ; tous les rapprochements nécessaires – local, national, africain, mondial – seront favorisés à cette fin.
Maintenant que les Assises nationales ont élaboré les grands objectifs d’un projet de changement souhaité par la majorité des Sénégalais, en partant des expériences de 50 ans d’indépendance et en prenant en compte les besoins exprimés par les populations, l’étape suivante consiste à les rendre crédibles, à animer la discussion sur les choix à assumer et à faire vivre sans attendre, partout où c’est possible, les idées de transformation sociale.
Cette démarche est novatrice à plusieurs égards. D’une part, les conditions sont maintenant réunies pour enfin tirer profit de tout le legs du mouvement démocratique, enrichi des apports et potentialités des Sénégalais de la Diaspora. La nouveauté s’incarne, d’autre part, dans l’émergence de personnalités religieuses modernes, représentatives, ouvertes aux exigences du monde contemporain, héritières du patrimoine moral de leurs ancêtres et prêtes à s’engager résolument dans le combat libérateur pour l’émancipation économique, sociale et culturelle dans la perspective d‘un développement intégral et durable.
Dans le cadre des réflexions et des actions à mener pour la refondation de la République et les transformations sociales, les tâches immédiates porteront sur les thèmes suivants :
a) l’interpellation des forces du changement pour une restitution citoyenne des conclusions des Assises et leur appropriation par les populations,
b) l’implication dans les luttes et activités pour la prise en charge effective et permanente des préoccupations des populations urbaines et rurales,
c) le soutien politique et organisationnel des collectivités locales où l’opposition est sortie victorieuse lors des élections municipales de 2009, en vue d’y appliquer les conclusions des Assises nationales.
d) l’approfondissement des conclusions des Assises en vue de proposer un programme alternatif politique opérationnel axé sur les enjeux de la refondation et les transformations sociales.
Quelles forces de progrès pour la Refondation ?
Le mouvement démocratique sénégalais nous a légué une richesse inestimable : les milliers de femmes et d’hommes sur tout le territoire et dans la diaspora, militants déterminés, expérimentés et, aujourd’hui, des élus. C’est l’heure maintenant de mettre un terme à la dispersion de cette force. Ainsi seront ouvertes de nouvelles perspectives dans le combat des signataires de ce Manifeste citoyen en vue de l’émancipation de nos populations.
Il convient de donner aux hommes religieux toute leur place dans ce processus. L’homme religieux a un devoir de témoignage, d’action, d’incandescence spirituelle dans un pays qui, ici et maintenant, a soif d’éthique et de justice. C’est le modèle que les véritables chefs religieux nous ont laissé, de 1776 à nos jours, de Thierno Souleymane Baal à Mame Bou Kounta Ndiassane, en passant, entre autres, par Thierno Abdel Kader Kane, El Hadj Oumar Foutiyou Tall, Maba Diakhou Ba, Mame El Hadj Malick Sy, Serigne Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Abdoulaye Niasse, Mame Limamoulaye, et bien d’autres chez les chrétiens.
A cet égard, l’Eglise catholique n’a jamais été en reste. Des figures ont marqué de leur empreinte la formation spirituelle et l’affirmation des idées de progrès : Abbé Boîlat (1840), Mgr Joseph Faye, Père Lebret, Père Pinault, Abbé Sock, Cardinal Yacinthe Thiandoum. Aujourd’hui, cet engagement se reflète dans la lettre pastorale publiée par les évêques le 30 novembre 2000 sous le titre : « Quel Sénégal pour le 3ème millénaire ? » En fait, il s’agit d’une question qui porte sur toute l’action sociale de l’Eglise au Sénégal, de l’indépendance politique à nos jours, dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la lutte contre toutes sortes de pauvreté. Le présent Manifeste cadre parfaitement avec cet esprit inspiré d’une longue tradition forgée par des résistants à l’oppression de leur peuple : Aliin Sitooye Diatta, Njembett Mbodj, les femmes de Nder, Sidiya Léon Diop, Lat Dior Diop, Alboury Ndiaye, etc.
Une invitation au débat et à l’action
Les signataires de ce Manifeste ont la certitude qu’il existe au Sénégal des femmes et des hommes profondément déterminés à faire respecter les conclusions des Assises nationales pour réellement aller dans la voie de la rupture.
Le rassemblement à mettre sur pied sera une association de citoyens volontaires libres. Il regroupera des partis politiques, des organisations citoyennes, des hommes et des femmes issus du mouvement démocratique, tous conscients de l’étendue du désastre créé par le régime de Wade et décidés à agir utilement pour y remédier.
Les signataires de ce Manifeste ont décidé de se fondre dans ce processus, en souhaitant contribuer à ouvrir un débouché politique aux profondes aspirations des Sénégalais. Loin de la prétention d’être un bréviaire révolutionnaire présentant un nouveau projet sur tous les sujets, ce Manifeste est plutôt, sous la forme d’une invitation au débat et à l’action, une contribution sur ce qui pourrait être ce Sénégal du 21e siècle que nous voulons construire dès maintenant à partir des acquis passés et présents.
L’originalité du rassemblement réside dans cette détermination à associer dans notre démarche toutes les catégories sociales qu’exige la réalisation de cet objectif. Elle vise à faire en sorte que se rencontrent, dans une même démarche commune, l’expérience du mouvement démocratique des forces de gauche, les leçons tirées de l’expérience de gouvernement du Parti socialiste et de l’Alliance des Forces de Progrès, le capital symbolique dont jouissent les religions, la créativité des intellectuels et des artistes, le patriotisme des artisans et des travailleurs, l’engagement des organisations du monde rural, des mouvements sociaux des jeunes, des femmes, des coopératives, des syndicats, tous tendus vers le même objectif d’émancipation humaine.
Intégrer toutes ces composantes pour les dépasser, les mobiliser pour la refondation et engager les transformations sociales qui auront des impacts positifs sur toute notre société, tel est le défi de ce Manifeste.
8 Mars 2010
Un Monument de la Renaissance africaine: Pour quoi faire?
Je regardais l’autre jour une émission sur une chaine de télévision Sénégalaise, et l’animatrice demandait à son collaborateur à l’écran: c’est quoi cette Renaissance africaine d’Abdoulaye Wade ? Cela voudrait il dire que nous serions mal nés et que nous aurions besoin de renaître ? Paroles d’une non intellectuelle me diriez vous certainement ?
Je parcourus aussi cette semaine sur internet, une contribution écrite sur les cinquante ans d’indépendance de l’Afrique, et le contributeur de se demander ‘pourquoi les Sénégalais devraient-ils célébrer le cinquantième anniversaire de leur indépendance? Qu’est ce qu’il y’a de si exceptionnel à célébrer? Selon le contributeur ‘le bilan est loin d’être brillant au Sénégal et nous aurions même régressé en dix ans’.
Si on considére ces remarques, nous pouvons dors et déjà dire que:
-la Renaissance africaine ne saurait être uniquement une affaire d’élites dans une Afrique où il ya une majorité d’illettrés, et où on constate une faiblesse du développement de la pensée écrite;
-la Renaissance africaine doit avoir un contenu programmatique à même de résoudre les problèmes d’une Afrique encore de beaucoup de manques.
C’est à ces deux conditions au moins, que le Monument symbole de cette Renaissance africaine érigée à Dakar à coup de milliards, peut avoir un sens.
La Renaissance africaine selon Djibril Tamsir Niane, ‘c’est le renouveau voulu, déclenché par les Africains depuis leur indépendance’; Il dit que notre Renaissance date de 1960 avec notre accession à l’indépendance et il rajoute que l’Afrique revisite son histoire pour la réécrire, alors qu’elle était jadis écrite par d’autres.
Si cette démarche est louable pour remettre nos empires, nos héros et nos valeurs à leurs justes places, c’est encore mieux de tirer toutes les leçons de notre histoire, pour dire: Plus jamais comme avant ; La Renaissance africaine d’Abdoulaye Wade et de Tabo Mbeki, c’est l’Afrique consciente, prête à se prendre en charge et à bâtir pour son peuple un mieux- être de classe internationale.
Pour réussir ces missions, l’Afrique a besoin d’adopter des comportements motivés, c'est-à-dire consciemment voulus, fondés sur le libre choix, avec des actions toujours orientées vers des objectifs qui aient un sens conforme aux aspirations de ses populations.
Le libre choix c’est le choix pour l’Afrique de faire ce qu’elle veut, mais aussi celui de ne pas faire ce qu’elle ne veut pas; ce qui n’a pas toujours été le cas.
Il est important avant d’analyser les enjeux liés au Monument de la Renaissance africaine, de faire la différence entre une statue et un monument car, c’est un monument que le Président Wade a fait construire et non une statue.
Une statue, c’est juste une œuvre d’art sans message, on l’aime ou on ne l’aime pas; le monument, c’est cette œuvre là plus un message. La statue de Wade trouve tout son sens, parce que représentant le symbole de la Renaissance africaine et ceci en fait un monument.
Le professeur Souleymane Bachir Diagne a déclaré récemment ’ Que l’humain est ainsi fait: il a besoin de traduire en symboles, les grandes décisions et les grandes orientations qu’il veut imprimer à sa vie; Dire que quelque chose est un symbole de cette Renaissance africaine ça a du sens’.
Cette affirmation, nous la prenons comme un solide soutien au monument de la Renaissance africaine ou du moins sur le plan du principe de son érection, même si le philosophe s’empresse de rajouter que dans la réalisation concrète, on s’emble avoir mis les choses à l’envers en nous mettant devant un fait accompli.
Nous, nous dirons que l’homme a besoin de motivations pour toujours aller de l’avant:
En effet, il serait hasardeux d’abandonner les personnes, hasardeux d’abandonner un groupe de travailleurs ou de citoyens à eux-mêmes, et espérer d’eux de grands résultats, de grandes performances.
On voit donc que quelque soit l’opinion que l’on se fait des cinquante d’indépendance de l’Afrique, l’Afrique a besoin de symbole pour mieux faire.
Il est donc heureux et louable, au moment où l’Afrique connaît des balbutiements heureux, que le Président Wade, pour sonner le rappel des troupes, cherche à consolider l’unité africaine en proposant un symbole qui doit réconcilier l’Afrique et lui permettre de se projeter dans l’avenir; et ne nous adonnons pas comme le dit encore notre frère Souleymane Bachir Diagne, à ‘notre sport favori, le scepticisme’.
Les enjeux artistiques et culturels du Monument de la Renaissance africaine:
Symbolisme et esthétique
On ne saurait s’éterniser sur les questions de symbolisme et d’esthétique du Monument de la Renaissance africaine qui viseraient à apprécier la beauté des formes de l’œuvre, les goûts ne se discutant pas; nous retiendrons le symbolisme proposé par le commanditaire de la statue, tout en attirant l’attention sur la prétendue nudité du couple:
Le Monument de la Renaissance africaine, c’est l’Afrique qui sort de l’obscurantisme et qui entre dans la lumière.
La jupe de la dame ne devrait pas à notre avis être rallongée, et le sein nu de la femme n’existe pas en réalité.
En effet, si on rallongeait la jupe, on serait en contradiction avec le symbolisme:
Le couple sortant d’un cratère, ne saurait porter des habits ajustés, et étant en mouvement et fuyant l’obscurantisme, le type d’habit, ou la beauté de l’accoutrement des personnages du Monument de la Renaissance africaine à cette étape du voyage, n’a aucune espèce d’importance.
On ne demande pas à quelqu’un qui vient de s’échapper des ténèbres pourquoi il est mal habillé, on remercie d’abord Dieu de l’avoir sauvé.
Le 3 avril 2010 dernier, l’Afrique était sur les collines des Mamelles avec l’Europe et l’Amérique, mais au pas de course, et appelant au rassemblement de ses troupes; au moment du prochain bilan d’étape, on pourra faire un autre monument ailleurs si on veut, et à ce moment-là, discutailler sur des formes.
Concernant l’esthétique, il est aussi important ici de comprendre que le gigantisme de la statue, est tout simplement à la dimension des ambitions que doit avoir l’Afrique c'est-à-dire: pas de limite, et il ne sert à rien de vouloir prolonger inutilement le débat sur ces questions.
Imaginons donc une Afrique avec des comportements motivés, une Afrique véritablement libre, qui s’est définitivement approprié la connaissance, et qui dispose du plus riche sous sol au monde, c’est tout simplement toute la géopolitique mondiale déjà en voie de recomposition, qui sera bouleversée ; ce sont là les véritables enjeux du Monument de la Renaissance africaine;
Mais avec quatre siècles d’esclavage, deux cents ans de colonisation et des décennies de régimes postcoloniaux souvent inféodés à l’ancien colonisateur, les traumatismes psychologiques encore visibles chez beaucoup d’Africains, font que certains parmi eux ne comprennent pas encore l’importance de la Renaissance africaine; mais le temps fera le nécessaire.
Impacts culturels
Les aménagements faits à l’intérieur et sur le parvis du Monument de la Renaissance africaine permettent d’organiser des expositions, des spectacles et des événements culturels en tous genres, cela devrait accroître la production culturelle, à condition que les organisations qui la portent se réorganisent, pour pouvoir exploiter au maximum les opportunités qu’offrent des infrastructures culturelles modernes.
La question religieuse
L’islam sénégalais est un islam confrérique, et chaque musulman sénégalais dans sa chapelle et sans aucun préjugé sur l’autre confrérie religieuse, pense suivre le meilleur chemin pour aller vers Dieu.
Personne au Sénégal n’oserait s’engager dans une comparaison de la qualité de l’islam des différentes confréries; l’islam comporte des écoles théologiques aux positions souvent irréconciliables; Il en est de même des positions religieuses sur le Monument de la Renaissance africaine.
Les enjeux économiques du Monument de la Renaissance africaine.
Le Monument de la Renaissance africaine ne saurait être réduit à sa seule dimension culturelle, c’est un projet de développement qui va attirer des investissements privés dans toute la zone de Yoff à Malika, et aider par sa touche culturelle, le tourisme balnéaire Sénégalais agonisant.
Il serait dangereux de vouloir confiner les couches défavorisées de la capitale et particulièrement les populations de la banlieue de Dakar, dans une sorte de misérabilisme pour leur faire croire qu’elles n’ont pas besoin de parcs, de places, ou de jardins publics, alors qu’il n’y a rien de mieux lorsqu’elles étouffent à plus de 40 degrés dans des maisons surpeuplées, que d’aller avec un N’diaga Ndiaye par exemple vers les Mamelles, se refaire les poumons; cela coute à coup sûr moins cher qu’une ordonnance contre des maladies pulmonaires qui font légion dans de nombreux quartiers inondés du département de Pikine et Guédiawaye, quartiers nés d’une gestion irresponsable et criminelle, des réserves foncières de la capitale.
Le monument de la renaissance africaine, c’est le ressort qui doit propulser le Sénégal et l’Afrique sur l’orbite des pays émergents, première étape pour occuper une place de choix dans la sphère de la mondialisation.
Mais pour que la statue devienne un véritable Monument dédié à l’Afrique, il faut une vaste campagne d’information et de sensibilisation afin que les populations se l’approprient; mais peut on « débattre sans s’insulter, débattre sans se désunir », et je rajoute, peut on débattre sans tomber dans l’inertie ?
L’Afrique n’a pas le temps d’un débat philosophique sans fin; on peut toujours continuer le débat, mais sans rater les opportunités de pouvoir réaliser tout de suite le projet car, ne l’oublions pas, « le temps ne suspend pas son vol ».
Si aussi, chaque fois qu’on veut débattre on se met à épier le pourvoyeur de l’idée pour l’affaiblir, ou le blâmer, ou encore on cherche à concocter des idées pour faire peur aux populations, ce n’est pas demain qu’on fera dans l’action.
C’est unis que nous avons eu l’indépendance, c’est unis que nous développerons l’Afrique.
Le Sénégal n’est pas malade de ses gouvernés, il n’est pas malade de ses gouvernants, le Sénégal est malade de ses élites.
Si la citoyenneté est un statut et si notre statut nous confère des droits, la citoyenneté est avant tout action et c’est dans l’action positive qu’on reconnait les vrais citoyens.
UNITE, UNITE, ACTION, ACTION ‘YES WE CAN’
Auteur: Samba Soumare
Une leçon chinoise
Sur son lit de mort, Mao Tse-Toung, le père de la Chine communiste, est brusquement traversé par un instant d'optimisme : ‘Avec vous en charge, je suis à l'aise’, souffle-t-il à Hua Guo Feng. Cet ancien homme des services secrets chinois lui succédera, peu après son décès, en septembre 1976.
Pourquoi lui, dont le pedigree est si pâle face à celui de tant d'autres dignitaires, ceux-là compagnons d'armes de l'Empereur rouge, se retrouve-t-il propulsé ainsi à la tête du pays, alors déjà, le plus peuplé du monde ? C'est que, disent les rumeurs, beaucoup le soupçonnent de ne devoir son ascension qu'au fait qu'il serait un enfant naturel du défunt. Vraie ou fausse, la rumeur persiste. Nombreux sont ceux qui en tirent hâtivement la conclusion que la Chine venait d'entrer dans une nouvelle ère dynastique, prolongeant celle incarnée par les divers empires ayant forgé son identité depuis que celui des Qing a consacré son unité, en l'an 221 avant Jésus Christ, voici plus de 2 000 ans.
Erreur ! Car près de quarante ans après la disparition de Mao, personne ne raisonne plus en Chine en termes de culture monarchique. Sans doute est-ce parce que, malgré sa volonté, son successeur ne put s'imposer à la barre du pouvoir que pendant moins de deux ans. Il en perd rapidement le contrôle au profit d'un petit bout d'homme, insubmersible boule d'énergies, qui finira par entrer dans l'histoire comme le réformateur en chef de son pays.
Lorsqu'il en prend les rênes, en 1978, Deng Xiao-ping, puisque c'est de lui dont il s'agit, surprend tous les observateurs. Puisque son premier mouvement consiste à ne pas rejeter toute l'œuvre d'un Mao, qui ne l'avait pourtant pas ménagé de son vivant : il l'avait purgé à deux reprises, notamment en l'exilant, pendant les moments de paranoïa, de plus en plus fréquents, de celui que l'on appelait le Grand Timonier. ‘Dans ce qu'il a fait, 70 % était bon, 30 % ne l'était pas’, affirme-t-il, en parfait maître du sous-entendu.
Mais c'est pour aussitôt commencer une entreprise révolutionnaire destinée à rétablir, rebâtir, créer les institutions étatiques ayant longtemps souffert de la gestion personnalisée et improvisée du premier président de la Chine communiste. Son message est clair : la Chine doit observer un profil bas, se contenter de contribuer modestement, et faire preuve de pragmatisme. C'est de cette logique que participe son célèbre propos portant sur la couleur du chat. Peu importe qu'il soit gris ou blanc, dira-t-il, lors d'une tournée au début des années 1990 dans le Sud du pays, l'essentiel est que le félin sache attraper les souris. Avancer en tâtant les pierres dans l'eau fut un autre conseil pragmatique qu'il donna à ses compatriotes. Avec une redoutable efficacité, il s'en inspire aussi pour structurer les réformes économiques qui feront de la Chine le dragon rugissant qu'elle est devenue.
Peu de place à la monarchisation
Ce que l'on sait moins, c'est que par l'organisation du leadership chinois, il a installé le pays dans une dynamique de dévolution du pouvoir qui laisse peu de place à la monarchisation - ou aux tâtonnements. Cela a surtout été facilité par les tragiques et sanglants événements de Tiananmen, en juin 1989, quand des dizaines d'étudiants furent tués par l'armée. Les dirigeants chinois avaient sonné la charge pour contenir la chienlit ambiante afin qu'elle ne débouche pas sur la plus grande crainte des dirigeants chinois, à savoir la déstabilisation du pays. S'étant rendu compte des conséquences négatives provoquées, aux yeux de l'opinion nationale, par l'image d'un Parti communiste chinois dont les dirigeants étaient tiraillés face au mouvement estudiantin, il mit en place une stratégie nouvelle. Avec deux effets immédiats : d'une part, les dirigeants chinois s'emploieraient à l'avenir à présenter une position commune, consensuelle, pour conjurer et résoudre les défis ; et, d'autre part, une chaîne de succession serait mise en place avec des hommes sélectionnés pour leur compétence, leur patriotisme, et, il faut aussi le dire, leur capacité à pérenniser la gestion du Parti communiste chinois dans un deal qui lui garantirait le contrôle politique du pays en échange de la production d'une offre de gouvernance économique compétente et d'une gestion équitable du pays.
C'est en vertu de la nécessité de maintenir les soubassements de ce pacte national, malgré ses limites en termes de libéralisation du jeu politique, que depuis le début des années 1990, les dirigeants chinois sont couvés, préparés et désignés sur des bases qui ne sont pas sans rappeler une forme confucéenne de la méritocratie.
On dira certes que ce n'est pas là le modèle occidental de la promotion individuelle, celle qui passe par la sanction des urnes. Mais ce modèle a perdu en crédibilité parce que les dirigeants occidentaux ont commencé à promouvoir la carrière de leurs rejetons, George Bush Senior en tête qui s'était pourtant engagé à ne pas avoir son fils sur la feuille de paye de l'administration américaine quand il remporta l'élection présidentielle en 1988. Le coup de grâce des prétentions occidentales a été donné en l'an 2000, avec l'arrivée au pouvoir dans des conditions calamiteuses de George Bush Junior. Elu dans un scrutin n'ayant rien à envier aux compétitions électorales des républiques bananières tropicales, il n'est pas le seul point sombre au passif de la démocratie représentative occidentale. Celle-ci est pareillement malmenée par l'émergence de dirigeants européens bling bling, à la Berlusconi. Dans ces conditions, le modèle de sélection des dirigeants chinois semble gagner en attrait. En efficacité, à coup sûr, en ce sens qu'il remet au goût du jour le leadership développementaliste ayant fait ses preuves en Asie de l'Est...
Aussi bien, quand j'ai appris qu'une délégation sénégalaise visitait, ces jours-ci, l'Empire du Milieu, alors que j'y terminais un séjour à l'Académie des sciences sociales de Chine, en plus d'avoir été invité par les autorités chinoises à participer à la création importante d'un comité conjoint universitaire sino-africain dans le cadre du suivi du Forum de coopération Chine-Afrique, je n'ai pu m'empêcher de souhaiter que le vent de réforme du leadership, ayant si heureusement contribué à transformer en bien ce grand pays, souffle aussi sur les membres de cette délégation.
Une belle forme de sagesse
Il n'est cependant pas certain que la grande leçon chinoise, celle qui fait que les dirigeants chinois, quelle que soit leur aura, ne s'entêtent pas à placer leurs fils à la tête du pays, sera bien retenue. Trop de ‘collabos’ poussent en sens contraire alors qu'elle constitue, pourtant, une belle forme de sagesse. Elle est surtout beaucoup plus importante que ce souci, légitime, de vouloir s'imprégner de ce qui a permis à la Chine de devenir la grande locomotive économique mondiale qu'elle est désormais.
Parce que je refuse toute forme de monarchisation rampante ou ouverte, je n'ai pas été à la rencontre sino-sénégalaise. Je n'en salue pas moins cet effort visant à forger un dialogue stratégique avec Pékin, mais aussi à vouloir tisser des liens économiques avec ce grand pays. Pour en avoir été le plus fervent avocat, ici et ailleurs en Afrique, je ne peux que me féliciter de la visite de nos compatriotes au pays de Mao. Avec un bémol : que ces missi dominici sénégalais n'oublient pas la substance de l'enseignement du prophète Mahomet qui, naguère, avait insisté sur la nécessité ‘d'aller, s'il le faut, jusqu'en Chine, pour chercher la science’. C'est le plus grand mal que je souhaite pour le chef de file de cette délégation, M. Karim Wade. Mieux encore, l'urgence de moderniser le leadership sénégalais et la nécessité, en y ajoutant un zest de culture sénégalaise, d'en faire une démocratie représentative qui proscrit toute forme d'instauration d'une monarchie dans ce pays devraient être les principales leçons que tous les membres de la délégation, la mission diplomatique, et les Sénégalais restés au pays, Abdoulaye Wade en tête, devraient retenir de la Chine. Un leadership démocratique, non monarchique, compétent, moderne et transparent est l'indispensable jalon, le prochain, dans la marche du Sénégal vers son redressement qui est une exigence capitale... Et surtout que les tenants d'une culture de la restauration d'une gestion ayant failli entre 1960 et l'an 2000 n'y voient pas un quelconque soutien à leurs prétentions. Sans quoi le renouveau démocratique ne sera qu'un leurre, le développement national, aussi...
Adama GAYE Journaliste et consultant sénégalais adamagaye@hotmail.com
Renouvellement illimité des Cdd : une réforme inappropriée et injustifiée
La presse nous a fait état, la semaine dernière, d’une réforme du Code du travail en cours. L’un des points qui focalisent l’attention le plus est celui relatif à la suppression du nombre de renouvellement limité des Contrats de travail à durée déterminée (Cdd). Le gouvernement voudrait, à travers cette réforme, que le «Cdd puisse être modifié, chaque fois que c’est nécessaire et qu’un travailleur puisse conclure avec une entreprise plus d’un Cdd» (Le Soleil du 1er avril 2010). Les assouplissements que les autorités se proposent d’apporter au Cdd partent du constat suivant : «Le Cdd est considéré comme un frein à l’emploi» (Le Soleil du 1er avril 2010). Dès lors, le motif qui préside à la décision de réforme, tel que ressorti au terme d’un déjeuner de presse animé, le 31 mars 2010, par un conseiller technique au ministère en charge du Travail et la Directrice générale de l’Apix, est d’apporter «des améliorations susceptibles de constituer une motivation pour les employeurs à créer plus d’emplois» (Le Soleil du 1er avril 2010). En dépit des assurances données (pas de changement dans la philosophie de la Législation du travail, maintien de l’indemnité de fin de contrat, etc.), la suppression du principe de renouvellement limité des Cdd nous paraît inappropriée et injustifiée.
UNE REFORME INAPPOPRIEE
D’après les propos de la Directrice générale de l’Apix rapportés par la presse, la suppression du principe de renouvellement limité des Cdd «s’adresse plus à ceux qui sont sans emploi que ceux qui en ont déjà» (Le Populaire, 1er avril 2010). Ces propos, si besoin est, prouvent que les modifications proposées, pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre de renouvellement des Cdd, sont inappropriées. En effet, le Code du travail a pour principale vocation de régir les relations de travail. Il s’applique donc aux employeurs et aux travailleurs et non aux sans emploi. Certes, il peut être un facilitateur dans le maintien des liens d’emploi voire la création d’emplois. Ca c’est connu. Par contre, le Code du travail ne pourrait jouer le rôle d’un effet multiplicateur qu’on voudrait lui donner en termes de création d’emplois, surtout dans un contexte de chômage endémique où 3 personnes sur 10 se déclarent au chômage ou sous employées au Sénégal. Si on veut viser la création d’emplois, on ferait mieux de s’attaquer directement aux véritables raisons qui rendent inefficace la vingtaine de programmes mise en place par le gouvernement : éparpillement institutionnel, faiblesse des ressources affectées, quasi-absence de mécanismes de suivi et d’évaluation, manque de coordination entre les programmes, gestion axée sur le clientélisme politique, etc. D’après Jacques Morisset, économiste principal à la Banque mondiale, la performance des programmes visant la création d’emplois au Sénégal, mesurée en fonction de leur capacité à créer des emplois et de leur coût est «décevante». Selon lui, «le nombre d’emplois créés ne dépasse pas 16 000 par an, ce qui représente moins de 5 % de la population active au chômage ou en situation de sous emploi. Or, ce résultat a été obtenu au prix de dépenses par emploi relativement élevées, variant de 364 dollars pour le Fnae à plus de 3 000 dollars pour l’Agetip» (Echos de la Banque mondiale n° 9, Novembre 2007). Par conséquent, en paraphrasant les économistes, nous dirons que l’utilité marginale de toute réforme visant à enlever la limitation du nombre de renouvellement des Cdd dans le but de promouvoir la création d’emplois serait quasi nulle voire nulle tout simplement.
UNE REFORME INJUSTIFIEE
Le Code du travail avait subi, en 1997, une réforme majeure dont l’un des objectifs visés était d’adapter celui-ci «aux réalités économiques et sociales de notre pays, en faire un vecteur dynamique de la croissance et assurer à notre pays un développement humain durable dans l’équité et la justice sociale» (Exposé des motifs de la loi 97-17 portant Code du travail). C’est ainsi qu’au nombre des innovations introduites en 1997, figuraient les aménagements du Cdd (article L.42 et suivants), l’institution légale du chômage technique (article L.65), l’institution de la mise en disponibilité (article L.68) et surtout la flexibilité de la durée du travail (article L.135 et suivants) avec l’introduction de changements relatifs à l’horaire collectif de travail et à l’aménagement individuel de l’horaire de travail. C’est ainsi que la réforme de 1997 a rendu légale, dans le domaine de l’horaire collectif de travail, la possibilité de répartir l’horaire de travail dans un cadre plus large que la semaine avec l’apparition des notions de «cycle de travail» ainsi que la possibilité de moduler la durée hebdomadaire de travail (la faire varier sur tout ou partie de l’année). Il est devenu possible, grâce à ces innovations, de compenser les heures supplémentaires accomplies en période de pointe par des semaines comportant des durées hebdomadaires de travail moins longues au lieu de les payer en numéraires. En matière d’aménagement individuel du travail, les notions de «horaires individualisés» et de «travail à temps partiel» avaient fait leur apparition. Ce qui ouvrait droit à la possibilité de reporter un certain nombre d’heures de travail, d’une semaine à l’autre sans que cela ne soit assimilé à des heures supplémentaires. Les arrêtés déterminant les modalités d’application et d’aménagement de la semaine de 40 heures dans les Ntic et dans les industries textiles pris en novembre 2005, dont j’étais l’un des 3 rédacteurs des avant-projets, s’étaient largement inspirés de ces innovations introduites dans le Code du travail de 1997 en leur donnant corps. Tout cela montre, à suffisance, que le Code du travail recèle assez de ressources pour permettre aux entreprises de bénéficier d’un certain nombre d’assouplissements dont elles ont besoin pour faire face aux fluctuations auxquelles elles sont confrontées, pourvu que tous les textes réglementaires, complémentaires prévus dans le Code du travail soient élaborés et promulgués. De plus, les entreprises agréées au Code des investissements peuvent conclure des Cdd renouvelables autant de fois qu’elles le jugeront nécessaire dans les limites de la durée de leur agrément. En tenant compte de tout ce qui précède, lorsqu’on affirme que «le Cdd est considéré comme un frein à l’emploi», on doit être en mesure de prouver qu’une analyse d’implantation a été faite (une évaluation des conditions d’application effective de toutes les innovations visant la flexibilité du travail rendues légales par le Code du travail) et que les résultats obtenus indiquent clairement que les limitations qui entourent le Cdd constituent un frein à l’emploi ! Cela ne nous semble pas être le cas. Nous avons l’impression qu’on se focalise sur des choses, certes importantes, mais qui sont loin d’être prioritaires par rapport aux facteurs qui entravent la création d’emplois et la productivité des entreprises au Sénégal. En effet, dans l’exposé des motifs de la loi d’orientation n° 2008-29 relative à la promotion et au développement des Petites et moyennes entreprises (Pme), on y apprend que, ces dernières constituent la base du tissu économique sénégalais en occupant plus de 60 % de la population active, en représentant près de 90 % des entreprises, en pourvoyant environ 30 % des emplois, 25 % du chiffre d’affaires et 20 % de la valeur ajoutée nationale. Les nombreuses études sur les difficultés qui affectent la performance des Pme au Sénégal pointent du doigt les mêmes problèmes, qui ont pour noms la mauvaise qualité de la fourniture d’électricité ainsi que sa cherté, le manque de diversification et de positionnement dans les créneaux porteurs, le sous-équipement avec des machines vétustes et une faible mécanisation, la saturation du marché intérieur avec une concurrence exacerbée des produits importés, les difficultés d’accès au financement bancaire, l’absence de systèmes d’information fiables, les difficultés liées à la prise en charge des coûts de formation du personnel, etc. Les grandes entreprises n’échappent pas, non plus, à certaines de ces difficultés. Bref, l’impact de la suppression du nombre de renouvellement des Cdd sur la création d’emplois n’aura pas l’ampleur escomptée. La réforme envisagée risque de détériorer, inutilement, le climat social. A moins que ses initiateurs aient un agenda caché, c’est-à-dire d’autres objectifs inavouables.
Cheikh FAYE - Montréal
Le monument de la Renaissance africaine et la fumisterie religieuse des Sénégalais
Si j’étais un artiste et rien d’autre qu’un artiste, face à la polémique politico-religieuse sur le monument, j’aurais fait mienne la maxime de Nietzsche : «L’absurdité d’une chose n’est pas une raison contre son existence, c’en est même une condition.» Le propre d’une œuvre d’art, du moins celle de génie, c’est de faire sortir l’être du néant, de donner existence et, par conséquent sens, par la création. Malheureusement, je ne suis pas artiste et je ne saurais opposer des arguments d’artiste aux élans irrédentistes de la critique religieuse du monument de la Renaissance. Mais ce n’est guère une raison pour me taire, me dérober et abandonner l’espace public à une nouvelle race de religieux subitement sortie du néant pour désormais refuser ce qu’elle avait toujours accepté et même sublimé. Je suis citoyen et cela suffit pour me sentir directement interpelé par tout sujet de délibération nationale. Le problème est que dans notre pays, on assiste à une sorte de conversion religieuse de tous les enjeux, y compris ceux qui ne sont même pas autorisés en religion. Wade, son opposition et une certaine oligarchie maraboutique, ont réussi à submerger la vie publique par une extraction abusive et honteuse de la religion à des fins purement politiciennes.
Est-ce que dans un pays où les gens se soucient de la cause religieuse on aurait des pratiques religieuses aussi ostentatoirement idolâtres que les nôtres sans que personne ne lève le plus petit doigt en guise de protestation ? Où est Dieu dans nos cœurs usurpés et entièrement occupés par nos marabouts que nous mettons au-dessus de tout ? Combien de Prophètes y a-t-il au Sénégal ? Le monument de la Renaissance est un temple de l’idolâtrie disent ses détracteurs ! Soit, mais est-ce qu’il n’y a pas d’autres signes d’idolâtrie quotidienne à combattre avant tout parce qu’ayant leur siège dans nos consciences ? Ce que nous voulons dire est que si ce monument relève de l’idolâtrie, il y a dans nos pratiques pseudo-religieuses de la pire idolâtrie : les stèles idolâtres que nous avons édifiées dans nos consciences et dans nos cœurs sont plus robustes et plus pernicieuses que n’importe quelle statue.
La question préjudicielle que les auteurs de cette critique n’ont pas résolue est de savoir : qu’est-ce qui légitime le rejet d’un monument pour des motifs religieux dans un pays dont la Constitution et les instituions sont laïques ? On prétend disposer d’une légitimité religieuse suffisante pour réfuter le monument : depuis quand les actes du gouvernement sénégalais se fondent-ils sur une quelconque légitimité religieuse ? La grande tartufferie religieuse consiste plutôt à prétendre qu’on est musulman et accepter en même temps de régir sa société et sa politique par des principes totalement étrangers à la Charia ! Un prêcheur a poussé le ridicule jusqu’à affirmer qu’un musulman ne doit pas être gêné de vivre dans un Etat dont les institutions sont laïques. Mais à quoi servent la Charia et l’Islam de façon globale si, pour bâtir l’ordre social, on s’en détourne ? Dans un pays où la justice est rendue suivant le droit positif français, la prostitution et la vente d’alcool légalisées ; dans un univers social où toute l’économie est assise sur du «ribbah» (usure) ; dans un pays où aucune mœurs politique ne se fonde sur le respect des principes de la Charia, comment peut-on prétendre être révolté par l’érection d’un monument ?
Nous sommes en République et cela suffit pour donner une place à l’athéisme, au paganisme et à toutes sortes de cultes ainsi qu’aux temples y afférents. Si dans un pays où l’écrasante majorité de la population musulmane accepte de se référer à autre chose que l’Islam dans la gestion de la cité ainsi que dans le partage des richesses, c’est soit parce qu’ils n’ont pas confiance en leur religion, soit parce qu’ils la redoutent. Dans le premier cas, ils n’ont pas le droit de tympaniser les citoyens avec des sentences religieuses qu’ils ne sont pas disposés à s’appliquer eux-mêmes dans la sphère de leur individualité. Dans le second cas, c’est leur nature courbe qui les infléchit à renoncer à la Charia et, dans ce cas, cette courbure de leur nature donne à Wade le droit de bâtir son monument en toute infraction des principes de la religion. Dieu n’est pas un ustensile dont on pourrait se servir uniquement en cas de besoin et ranger après usage dans les tréfonds des tiroirs d’une existence essentiellement tournée vers le profane ! L’Islam n’est pas seulement un culte ; c’est une culture, un mode de vie, un projet de société et une vision de ce que l’humanité doit être. Or, peut-on logiquement s’attendre à ce que ce qui n’est pas l’Islam réalise ce que l’homme doit être selon l’Islam ? Qui a jamais entendu ces tout-nouveaux fous de Dieu proposer aux Sénégalais l’institution d’un Etat islamique ? Il ne sert à rien d’arguer que le Sénégal n’est pas uniquement constitué de musulmans : non seulement ce cas de figure est prévu par l’Islam, mais ce même argument suffit pour arrêter cette comédie politico-religieuse qu’on étale sur la place publique pour contester le monument de la Renaissance. Cette croisade pseudo religieuse que l’on mène contre le monument de la Renaissance est donc non seulement antirépublicaine, mais aussi totalement sournoise au regard de la situation de l’Islam dans notre pays. Nous évoquons Dieu la plupart du temps pour des préoccupations idéologiques et non pour des convictions religieuses. Nous avons congédié Dieu de nos cœurs et de nos esprits depuis belle lurette et subitement, nous voilà évoquant son Nom béni et subliment grand pour uniquement solder nos futilités politiques.
Et pour dire un mot sur l’argument de l’opportunité d’un tel édifice au regard des difficultés des ménages sénégalais, il faut faire remarquer que des millions d’Américains croupissaient encore dans la misère lorsque la statue de la Liberté était en construction. L’«aiguillon de la douleur» est une source intarissable d’inspiration et c’est pourquoi l’argument de la morosité économique évoqué pour réfuter le monument de la Renaissance ne me semble pas mériter d’intérêt : la particularité même de la genèse et de la finalité artistiques, c’est de produire une beauté qui est capable d’être comme une oasis de bonheur dans un désert de malheur. Plus la vie est effrayante, davantage il devient urgent de se tourner vers l’art doit-on dire, pour parodier Paul Klee, au sujet de la fonction rédemptrice de l’art. L’art ne serait plus beau si tout était beau, c’est dans la misère et la douleur que l’art germe de façon plus féconde et comme le dit Bachelard, «il n’y a pas de bien-être sans rêverie» : si ce monument permet au moins de faire rêver au sens dynamique du terme, il n’a pas de prix.
Mais voilà que l’on va chercher des arguments dans le style artistique pour encore contester le monument : il relève du néoréalisme stalinien dit-on ! Et alors, l’art stalinien est-il mauvais parce que Staline fut un vilain dictateur ? Encore une incursion des paradigmes mystificateurs de l’Occident dans nos catégories de pensée pour juger ! En tant qu’amoureux d’art, je répondrais à toute cette argutie que : si le diable détient le beau, tuez-le et donnez-moi ce beau ! Au nom de quel dogmatisme artistique peut-on reprocher quelqu’un d’être inspiré par l’esthétique stalinien ? Une chose est de reconnaître et d’aimer la beauté que renferme un monstre, une autre est d’aimer ce monstre. Ce n’est pas parce qu’on aime l’idéalisme artistique d’un criminel qu’on aime et absout pour autant ses crimes, de même ce n’est pas parce qu’on aime l’esthétique stalinienne qu’on est stalinien. On manque tellement de vigilance qu’on n’a pas vu que dans la dépréciation de l’esthétique stalinienne, il y a des relents politiques manifestes. Si la beauté se trouve dans la gueule du diable, qu’on me donne le droit d’aller l’y chercher ; de même que si la Corée du nord recèle une quelconque étincelle de beauté, qu’on nous permette d’avoir l’humilité d’aller la chercher. Ceux qui trouvent paradoxal de parler de renaissance africaine et de confier la construction de ce monument à des étrangers devraient s’offusquer aussi du fait que nous Africains, puissions penser la renaissance et le développement en demeurant musulmans ou chrétiens : ces religions ne sont pas africaines. Le rendez-vous du donner et du recevoir dont Senghor était si friand est assez pertinent et suffisamment noble pour faire comprendre la nécessité d’aller chercher chez l’autre ce qu’il fait mieux que nous. Quel artiste sénégalais a les moyens scientifiques et technologiques pour réaliser ce colosse ?
De toute façon, tous les intellectuels sérieux de ce pays savent que l’une des fonctions de l’art, c’est de «travailler à résoudre le problème de l’existence» et c’est précisément pour cette raison que la cohabitation entre art et Islam est forcément problématique : notre religion est holistique comme paradigme d’appréhension de l’existence et elle ne saurait, pour cette même raison, coexister avec d’autres approches de cette même existence. Les arts plastiques sont généralement mal perçus ou simplement bannis par l’Islam précisément parce que celui-ci leur reproche de pervertir la sublime existence et de détourner l’esprit du sérieux, de la profondeur et de la complexité, de la création : un cœur et un esprit essentiellement capturés par la beauté plastique n’ont plus de place pour accueillir la foi religieuse. En tant que musulman, je ne saurais légitimer une pratique interdite par ma religion et comme je ne suis pas docte en la matière, je me permettrais simplement de m’aligner sur les avis les plus motivés et les plus modérés. Cependant, en tant que républicain, je ne peux que me révolter contre d’obscurs obscurantistes qui ont l’audace de suggérer le déboulonnement de ce monument pour des raisons religieuses dont la superficialité et l’inauthenticité sont manifestes. Si quelqu’un n’aime pas Wade, il n’a qu’à aller chercher des armes politiques loyales pour l’abattre. Quant à instrumentaliser notre fibre religieuse pour espérer assouvir de vils desseins politiques, voilà ce que la plus frivole conscience religieuse ne saurait tolérer.
Alassane K. KITANE -Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck -Thiès
L’idée de parité est antinomique au principe d’égalité
La plus haute autorité de l’Etat du Sénégal, dans l’expression de sa «vision politique», va convier les citoyens, par la voie parlementaire, à se prononcer sur l’épineuse et sensible question de la parité entre hommes et femmes au titre des emplois devant leur être pourvus. Qu’il s’agisse d’une manœuvre politique dilatoire ou non, d’une des multiples ratiocinations pour le Président de gérer sa gloire personnelle ou non, il apparaît au regard du juriste épris de justice, que la proposition est en collision avec la Charte fondamentale de notre pays. Aussi, d’autres solutions expéditives sont-elles à explorer pour donner corps à cette «pensée pieuse».
UNE DECISION CONTRAIRE AU PRINCIPE D’EGALITE
N’en déplaise aux femmes à qui nous vouons un respect intarissable mais aussi en particulier, à notre éminent Professeur Amsatou Sow Sidibé dont le mérite peut s’apprécier à l’aune du combat inlassable qu’elle a mené pour que nos mères et sœurs puissent avoir droit de cité et ce, à toute échelle, la parité proposée par le Président, poussée à l’extrême, frôle l’illégalité.
En effet, l’al.1 de l’art. 1er de la Constitution dispose : «La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la Loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. La langue officielle de la République du Sénégal est le Français.»
Il est vrai que l’Assemblée nationale, suivant la voie tracée par les conventions internationales et notamment le protocole additionnel de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes, est allée dans le sens de reconnaître aux femmes des droits civils et politiques à la dimension de ceux reconnus à tous.
La question ne doit pas cependant être exagérée au point de remettre en cause certains acquis ou de friser la provocation. La parité, entendue stricto sensu et au sens arithmétique du terme, n’est pas conforme à l’esprit du constituant. Non qu’il faille s’engager dans une logique interprétative, il est simplement question de prohiber toute forme de discrimination tenant à la race, au sexe, à la religion. La prise en compte de la question genre qui nous intéresse en l’espèce suppose que nos braves dames puissent prétendre et obtenir tout emploi pour lequel compétence leur est donnée sans être victimes d’un mépris.
N’ayons pas peur des mots ; devoir consacrer cette égalité parfaite, reviendrait à ouvrir la porte à une race ou ethnie donnée ou à des croyants d’une religion quelconque de réclamer la parité ; auquel cas, des dérives seraient notoirement perceptibles et par-delà insolubles. De même, sa mise en œuvre serait de nature à chambouler toute la nomenclature organisationnelle présente. Une solution meilleure est à notre avis disponible.
UNE SOLUTION ALTERNATIVE SALUTAIRE
Autant la parité est illégale, autant elle est illégitime dès lors que le substratum sur lequel elle est assise est sous-tendu par une ambition équilibriste. Or, la discrimination positive qui sert de prétexte légal à cette parité doit être revue à la loupe afin de prendre en compte d’autres critères de vulnérabilité.
A la vérité, avec une approche plus systémique globalisante et rationnelle de cette problématique, il est possible de déterminer des pourcentages de représentativité dans les structures publiques et même privées afin de corriger les déséquilibres naturels ou les discriminations originelles.
Il faut à ce propos privilégier, en dehors de toute considération, le critère de compétence pour ne pas affecter nos entreprises qui souffrent déjà d’un mal d’adaptation et de compétitivité tout en requérant une représentation proportionnelle entre hommes et femmes d’une part, et surtout entre personnes valides et personnes handicapées d’autre part. Subséquemment et en considération du premier critère de distinction, il pourra être exigé à un établissement quelconque de prendre un minimum incompressible de 30 à 40 % de femmes et dans cette même dynamique et ce même lot, un minimum de 20 à 30 % de personnes handicapées.
Une telle perspective a la vertu fondamentale de juguler les intérêts catégoriels en évitant les politiques frustratoires ou vexatoires de sorte que certaines couches déjà très fragilisées par le contexte économique particulièrement difficile seront plus enclines à se former voire se guérir de leur mal. Les problèmes de santé publique pourraient à cet égard connaître un début de solution qui sera certainement accueilli par toute personne animée soucieuse d’une vie économique et sociale apaisée.
Mawdo DIOUME - Enseignant- chercheur à l’Esp et à l’Udb / mawdokhodia@yahoo.fr
L’économie sénégalaise n’est pas un jeu pour enfant gâté !
Non content d’avoir mis le Sénégal à genoux, d’avoir brouillé tous les repères dans ce pays, d’avoir érigé l’impunité, l’iniquité et la terreur en mode de gouvernance, Wade a donc décider d’offrir l’économie sénégalaise en guise de cadeau à son fils qui la manipule comme s’il s’agissait d’un jeu de monopoly ou de nintendo. D’abord, l’Anoci qui a été un gouffre financier sans commune mesure et qui, au mieux des cas, a accouché d’un tunnel qui suinte de tous bords. Comble de l’ironie, on nous sert l’argument de la proximité de la mer pour expliquer ces imperfections. Si le tunnel de Soumbédioune suinte, xaana le tunnel sous la Manche moom il devrait être inondé. Assurément ! Qui disait qu’au Sénégal, le ridicule ne tuait point ! Toujours dans la foulée de ces innombrables «trip» aux royaumes des pétrodollars, Karim Wade nous a ramené Dpworld sur fond de campagne médiatique tonitruante. Aujourd’hui, à moins d’un miracle, ce machin va subir à coup sûr les soubresauts de l’économie en crise de Dubaï.
Et les appels au calme n’y pourront rien. C’est une logique toute simple. Actuellement, Dubaï est en cessation de payement. Vous avez peut-être dû remarquer que la crise actuelle à Dubaï n’a pas produit une onde de choc comparable à celle provoquée par la crise américaine au printemps dernier. S’il en est ainsi, c’est parce que même les investisseurs (individuels et publics) les plus voraces ont opté pour la carte de la prudence concernant Dubaï. Si Karim Wade lui, a été subjugué par les éléphants blancs de Dubaï, il s’est précipité pour faire venir ces capitaux privés dans le cœur de l’économie sénégalaise à savoir le Port autonome de Dakar. Même s’il est admis que dans tout développement économique, il y a un peu de risque, l’importance c’est d’être capable de les évaluer à long terme. Dans le cas d’espèce et dans bien d’autres, les positions de Karim Wade témoignent non seulement de son manque de jugement mais aussi de son incapacité à porter des dossiers dont les enjeux sont capitaux pour notre pays. Qu’on ne nous leurre pas davantage car le Port de Dakar vivra à coup sûr les effets de cette crise. Et c’est ce qui fait mal car ce sont des pères et des mères de famille qui vont payer les pots cassés ; ce qui va rajouter à la chronicité de la crise que vivent les Sénégalais. Le cynisme a assez duré. L’économie n’est ni un plateau de monopoly ni des manettes de Wii. Elle est portée par de vaillants individus qui ne comptent que sur leurs propres efforts pour survivre. A défaut de daigner défendre leurs intérêts, faites preuve d’au moins d’un peu d’humanisme en leur laissant leur maigre pitance.
Ndèye Faty SARR
Cinquante ans après, les affres du pouvoir en solo
Il est des hommes de pouvoir qui, arrivés à des plateaux plus ou moins élevés, éblouis par la beauté des lieux, et flattés par leur ego, s’interrogent sur l’opportunité de poursuivre l’ascension. Parmi eux, certains - croyant être arrivés au sommet du monde -, décident qu’ils ne grimperont plus, et qu’ils déploieront leur dernière énergie à s’accrocher ; Abdoulaye Wade est de ceux-là. Quelle déconvenue pour le peuple Sénégalais, à qui il avait promis la lune !!
Quel est ce régime, qui claironne sa détermination de durer, là où le contrat est de gouverner ?
Le Sénégal, cette pirogue sans cap nous donne le tournis. Le pouvoir pour lui-même - la plus redoutable forme d’indirection -, est la source du séisme social qui nous agite et de l’apocalypse qui nous guette.
Certes, l’héritage était lourd, et l’espoir immense. Mais tout de même, un système de santé toujours aussi gangréné au bout de 10 ans ; si ce n’est du mépris, c’est de l’incompétence. On ne compte pas les familles percluses de douleurs pour avoir vécu dans leur chair les taux de mortalité et de morbidité d’un autre âge ? Qui ne soigne les Sénégalais, ne peut les aimer, c’est rédhibitoire !!
Trompés, nous avons introduit le loup dans la bergerie, l’égocentrisme au cœur de l’Etat, la désolation dans les foyers, le recul comme alternative au développement, et le ridicule comme représentation nationale.
Le mépris des lois, l’infantilisation des serviteurs de l’Etat, étouffent les multiples talents dont la libération favoriserait le développement minimal de la société sénégalaise. Le Pdsl, qui ressemble fort au Parti de la destruction du Sénégal en toute liberté, n’est qu’une distraction inutile dont personne n’est dupe dans la gravité du moment. Refusons la péréquation entre la volonté de Dieu et le désordre étatique. Ancrons dans nos esprits que l’action est une des formes les plus abouties de prière. Soyons clairs et résolus dans notre combat, et laissons partout savoir, qu’entre Bennoo et «benn Diombar», nous n’hésiterons pas !!
Ousmane CISS
Quelques mots à Laye Wade !
Vous n’aurez pas un troisième mandat. Tout simplement parce que le peuple dans son écrasante majorité ne veut plus de vous. Cela n’a rien à voir avec votre âge car je suis sûr que si l’on permettait à Mandela de se présenter contre vous à la Présidentielle, le score serait proche de celui entre Chirac et Lepen en 2002 en sa faveur. Ce dépit est lié au fait que vous avez été aux commandes et l’on vous a vu non seulement œuvrer mais surtout manœuvrer et de la façon la plus malsaine qui soit. Maintenant, c’est clair aux yeux de tout un chacun : vous êtes au pouvoir pour vous-même et vos proches. Des misères du peuple, vous n’en avez cure. Et sans aucun doute, si vous ne jugez pas nécessaire de changer votre approche de l’exercice du pouvoir, c’est parce que vous ne comptez pas sur le verdict des urnes pour garder votre fauteuil. Seulement cette fois, le contexte a drastiquement changé. En cas de hold-up électoral, le peuple est décidé à s’insurger contre toute volonté d’infantilisation de la part des politiques et j’ose croire que des personnes qui sont prêtes à braver les dangers de l’océan pour rejoindre des terres étrangères qui les rejettent n’hésiteront pas à engager leur vie pour chasser ceux qui sont à l’origine de la misère qui les fait fuir la terre de leurs ancêtres. Ce jour-là, nul ne vous soutiendra car ce pays est composé de patriotes qui ne tireront pas sur des aspirations légitimes pour protéger un pou d’Etat. Et s’il faudra en arriver à cela pour vous retirer ce qui vous a été cordialement remis, le reste de votre vie sera compromis. Ton fils, n’en parlons même pas car dans ses rêves les plus fous, il n’ose pas s’imaginer diriger ce pays. Par A ou par B, votre règne est à son terme. Gassi !
Seulement, si vous le souhaitez, malgré toutes les erreurs commises en fragilisant nos Institutions, en cautionnant des actes de farbarie, en protégeant des corrompus, vous pouvez redresser la barre en rendant le pouvoir de la même façon qu’il vous a été attribué, à savoir dans la paix. Auparavant, étant donné que vous tenez à tout prix à entrer dans l’histoire, vous pouvez procurer au Sénégal une hygiène institutionnelle plus prononcée que celle qui vous a permis d’accéder au sommet. Il vous suffira juste de vous demander comment faire pour que le prochain Président ne puisse pas manipuler le pays autant que j’ai eu à le faire. Pour avoir été le virus le plus corrosif pour nos Institutions, il est facile de prévoir que vous pouvez en être l’antivirus le plus bienveillant pourvu que vous en ayez la volonté. C’est la meilleure option qui s’offre à vous. Tous vos plans en vue d’accaparer le pouvoir (éviction de Idrissa Seck, de Macky Sall… pour libérer la voie à votre fils) ont échoué. Se resoudre au verdict de la nature n’est que sagesse. Aller à l’encontre, c’est opter pour une peine plus affligeante.
Après être arrivé au sommet grâce à une échelle portée par les épaules du peuple, vous avez décidé de la retirer et de créer des raccourcis. Tout le monde sait que vous voulez faire du pouvoir une affaire familiale et le transmettre à une personne qui n’est pas à la hauteur et ainsi empoisonner notre pays à jamais. Nul ne fermera les yeux sur cette ignominie. L’autre élément que vous devrez prendre en compte est que l’administration Obama ne restera pas les bras croisés face à un peuple déterminé à prendre son destin des mains de politiciens pernicieux. Elle sera un renfort et sera notre meilleur soutien car en ce qui concerne Sarkozy, en ces périodes de février 2012, s’il ose se présenter, il sera sur le point de subir la plus grande humiliation qu’un Président sortant n’ait jamais eue à savoir son élimination au premier tour.
Compte tenu de tout cela, le deal est simple : pour ses deux prochaines années, nettoyez votre arrière cour afin que le prochain Président n’y trouve pas trop d’ordures, remettez votre fils à la place qui lui convient (la bamboula parisienne et londonienne) et adressez un message de remerciement et de mea culpa au peuple sénégalais puis laissez les meilleurs venir faire le travail tel que souhaité. Vous bénéficierez sans doute de circonstances atténuantes.
S’il vous tente de procéder autrement, bonne chance !
Ousmane Thiané DIOP -Université du Québec à Trois Rivières
ALTERNANCE 2000
Deux leçons majeures pour 2012
Lorsqu’après les élections législatives de juin 1998, And-Jëf/PADS a analysé les résultats pour prendre la décision historique de proposer à Me Abdoulaye Wade d’être le candidat commun de l’opposition en février 2000, notre parti voulait surtout éviter à notre pays une crise politique grave après celles consécutives aux élections présidentielles de 1988 et 1993.
Nous pensions alors que, malgré nos différences de perception et nos divergences sur bien des questions, il serait possible de travailler ensemble et de réaliser un programme minimum de remise en état de notre pays et de son économie. C’est sur cette base que notre parti a entrepris de convaincre ceux qui allaient constituer avec nous le pôle de gauche et plus tard la CA 2000.
Après la mise en ballotage du Président Abdou Diouf au premier tour, Moustapha Niasse leader de l’AFP viendra constituer, avec la CA 2000, le FAL qui allait assurer la victoire historique de Me Wade au second tour sur son adversaire. Jamais victoire électorale ne fut aussi belle au Sénégal et tous les espoirs semblaient permis.
Me Abdoulaye Wade avait tenté de nous rassurer en affirmant qu’il se contenterait d’un seul mandat de transition pour assurer la transmission du pouvoir aux plus jeunes générations.
Malgré notre scepticisme, nous espérions que l’âge et la lucidité politique de l’homme l’aideraient, peut-être, à tenir ces engagements. Comme nous l’avons tous constaté, il n’en fut rien. Après son élection, les programmes retenus par le FAL et basés sur les accords de la CA 2000 furent gravement édulcorés avec l’indulgence et l’accord des partis alliés dont AJ/PADS.
Au moment de la constitution du premier gouvernement, les partis initiateurs du soutien à Wade (AJ/PADS, PIT, LD/MPT) négocièrent individuellement leur participation, fragilisant ainsi le bloc qu’ils ont constitué. Par la suite, utilisant cette attitude, Me Wade réussissait à diviser ses alliés de la coalition en privilégiant les relations bilatérales avec chacun d’eux plutôt qu’un dialogue pluri-partisan plus contraignant réussissant ainsi à les diviser et à se défaire d’eux, l’un après l’autre, sur divers prétextes.
La nouvelle constitution ne mit pas en place un régime parlementaire. Elle maintint pour l’essentiel le régime présidentiel. Le PIT eut raison de s’en démarquer.
Seul And-Jëf/PADS réussit au prix de concessions nombreuses et malgré diverses crises dans ses relations avec le président Wade à rester dans la coalition présidentielle pour respecter l’engagement pris devant nos compatriotes de rester à ses côtés pendant toute la durée du mandat présidentiel pour défendre les intérêts des populations dans un régime que nous avons pris, volontairement, la responsabilité de contribuer à installer à la tête du pays.
Ce furent sept années inédites d’expérience gouvernementale instructive à bien des égards mais que de couleuvres avalées ! Quant nous rappelâmes au président, en 2005, que le parti avait décidé depuis 1998 de ne pas soutenir sa candidature éventuelle pour 2007, les relations se dégradèrent entre lui et notre parti dans lequel il travailla à installer et à soutenir un groupe fractionniste.
La suite du complot ourdi dès cette époque, on la connait aujourd’hui. L’exclusion du groupe liquidateur en février 2009 a représenté pour le parti un grand combat qu’il fallait remporter pour ne pas périr. Heureusement le complot présidentiel a échoué lamentablement. Après des mois de lutte, le congrès de décembre 2009 allait consacrer la victoire et la pérennité de notre parti qui allait rejoindre le camp de l’opposition sénégalaise afin d’y poursuivre son combat de toujours pour la démocratie politique et le développement économique et social de notre pays.
Aux côtés de la gauche historique, (PIT, LD, RTAS, YAW et tout le pôle de gauche de 2000), des courants socialistes Senghorien (PS, AFP…) avec l’APR née des flancs du PDS, notre parti travaille avec l’ensemble des forces politiques et sociales membres de Benno Siggil Senegal et les parties prenantes aux Assises Nationales à écrire une nouvelle page de l’histoire politique de notre pays par la bataille pour une nouvelle alternance à la tête de notre pays.
Le Président Wade d’abord confiant dans sa popularité après sa victoire de février 2007 sait depuis la débâcle des élections locales du 22 mars 2009, que les temps ont changé et que l’heure de l’impopularité est venue. Cependant avec sa légendaire pugnacité, il continue de se battre pour imposer sa vision et son projet de dévolution monarchique du pouvoir à notre pays et à notre peuple.
L’opposition, elle, a cristallisé son énergie sur les problèmes du moment à savoir les modalités les meilleures pour battre Wade ou son candidat en 2012. Mais d’ores et déjà se pose la question du régime futur. Comment faire en sorte que le Président qui sera élu, tienne ses engagements et réalise enfin les réformes que les Assises Nationales et Benno Siggil Senegal ont promises aux sénégalais et aux sénégalaises ? Il faut d’abord que BSS exige de tous ses membres l’adoption formelle des conclusions des Assises Nationales comme programme minimum. Mais il faut surtout prendre les deux mesures essentielles suivantes :
1) Adoption et publication avant les élections d’un accord politique électoral, un programme de gouvernement et une constitution instaurant un régime parlementaire que tous les candidats et chefs de parti devront s’engager solennellement et publiquement à mettre en œuvre en cas de victoire.
2) Adoption d’une Charte de la coalition électorale assurant une coopération étroite et loyale des parties prenantes de l’alliance qui, au premier ou deuxième tour, portera le candidat commun au pouvoir pour éviter le piège de « diviser pour régner » qui a si bien réussi à Me Abdoulaye Wade.
Ces deux leçons fondamentales, l’opposition actuelle ne devra pas les oublier si elle veut être à la hauteur de la mission historique que le futur proche va lui confier, Inch Allah. Telle est, en tout cas, ma conviction profonde.
Landing Savané Secrétaire Général An-Jëf/PADS
Dakar, Avril 2010