de GORGUI
Voilà bientôt 10 ans que le peuple sénégalais est ballotté entre mal gouvernance, approximation, prédation, spoliation, intimidation, corruption, prévarication, inondations improvisation, etc. S ‘il est vrai que l’Alternance survenue en 2000 a permis à notre démocratie d’être mise à l’épreuve, il n’en demeure pas moins que l’accession des libéraux aux commandes du Sunugal aura été une erreur historique pour ne pas dire un malheur public. Depuis qu’ils sont au pouvoir, Wade et son régime d’affairistes ne cessent de poser des actes qui risquent de priver le Sénégal de son bien le plus précieux : la stabilité et la sécurité du lendemain, si nécessaires au travail et aux affaires.
Aujourd’hui, l’inquiétude et l’angoisse sont les choses les mieux partagées par le peuple, car le vase peut déborder à tout moment tout simplement parce que le peuple attendait de Wade qu’il fasse du pouvoir un instrument de progrès en le sortant de la galère. Malheureusement, il en a fait un moyen de domination, accentuant sa misère matérielle et morale. Les valeurs morales et spirituelles de notre pays ont cédé la place à une société de l’argent facile, où l’on pille sans vergogne les maigres ressources, où l’on brade sans retenue l’espace vital de ses habitants. En somme, le régime libéral est devenu une menace pour nos deniers, nos libertés, notre intégrité physique et morale, notre avenir…
Actuellement, le Sénégal est devenu méconnaissable à cause des libéraux qui en ont fait un pays sans foi, ni loi, une jungle où les supposés forts écrasent les faibles. Sous l’Alternance, l’appartenance à un clan ou à une lignée confère une certaine impunité. L’agression contre Talla Sylla, contre des journalistes, la loi Ezzan, le saccage des locaux de l’As, 24H chrono, et récemment celui de Walfadjri sont des exemples assez éloquents. Notre Sunugal a certes changé, mais dans le mauvais sens, il est depuis 2000 devenu une rue publique où l’on ne parle plus de président de la République mais de Gorgui. Gorgui par çi, Gorgui par là, Gorgui mo ko yor, bayiléne Gorgui mou liggéye, Gorgui dolli niou, Gorgui patati, Gorgui patata.
L’Etat est devenu le premier secteur informel, les secrets d’Etat sont étalés dans la rue, le Parlement et le Sénat sont transformés en repaires de mercantis où l’on monnaye la crédibilité et la dignité de nos Institutions pour des prébendes, où l’on s’injurie copieusement. Après avoir vilipendé la gestion des socialistes, les libéraux sont en train de vivre de manière plus infâme. Raison pour laquelle, les Sénégalais sont fatigués, fauchés, fâchés, déprimés et frustrés par les excès, l’impunité et la désinvolture des libéraux qui ont fini de transformer le pays de la téranga en pays de la terreur.
Notre inquiétude est d’autant plus grande que ce régime fait la promotion des anti-valeurs. Chez les libéraux, la trahison est loyauté, l’incompétence récompensée. Pour preuve, tous les responsables désavoués par le peuple lors des Locales se sont vus octroyer des postes juteux. Mais l’exemple le plus patent est celui de l’ancien Dg de la Senelec nommé ministre de l’Energie pour s’être illustré par son incapacité à régler le problème des délestages. Vraiment surréaliste ! Pendant ce temps, des hommes de la trempe de Bara Tall, patriotes et compétents jusqu’au bout des ongles sont asphyxiés. Leur seul tort aura été d’être compétents et honnêtes.
C’est pourquoi, le peuple doit sortir de sa léthargie, car le seuil du tolérable a été franchi depuis longtemps et le Sénégal n’est la propriété privée de personne. Il regorge de talents capables de le sortir de l’obscurantisme dans lequel veut le plonger ce régime sans horizon. Il urge de remettre le pays sur le chemin de la démocratie et de la bonne gouvernance. D’ailleurs, Wade en est conscient, lui qui déclarait lors de son discours d’investiture en 2000 : «La démocratie est une valeur universelle (…) Valeur trop souvent cachée ou annihilée par les régimes. Sa reconquête doit être pacifiste et progressiste, et s’étaler dans le temps (…). La démocratie est donc accessible aux peuples africains. Il suffit d’en payer le prix patiemment. Le prix en termes de privations, souvent arbitraires, de liberté, parfois de brutalités et de vies humaines toujours en temps (…) La démocratie est accessible aux Africains. Les Sénégalais l’ont prouvé.»
«Notre plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de nous relever à chaque fois», disait Confucius. Certes avec les libéraux, nous sommes tombés dans le panneau, car le Sopi tant vanté n’était qu’un conte. Mais les prochaines échéances électorales seront l’occasion pour le peuple de solder ses comptes avec ce régime corrompu et corrupteur, incapable de distinguer ce qui lui appartient et ce que le peuple lui a confié ; incapable de mener une bonne politique de jeunesse, raison pour laquelle tous les jeunes sont aujourd’hui à la retraite.
Le mot de la fin, nous l’emprunterons au sage Mamadou Dia (paix à son âme) : «Lorsque l’Etat est en pleine décomposition et que les Institutions sont discréditées par ceux-là même qui ont la charge de les protéger, il faut rendre la parole au peuple.»
EL Hassane SALL -Journaliste