Debout Sénégalais et marchons!
Une évolution prévisible
La devise des libéraux était: vaincre ou périr, travailler pour changer, alterner pour mieux faire. Alors souhaitons-leur de ne pas mourir car ils n'ont ni vaincu, ni travaillé ni fait mieux. Tout au contraire ! Voyons le bilan : 4000 yeux de Caïn qui les regardent du fond de l'océan, 15 meurtres par balles, 10 campagnes non agricoles, 17 balafres sur la Constitution qu'eux-mêmes ont élaborée et fait voter, 408 ministres en 10 ans ,13 ministres d'État ! Fait unique au monde. Une école et une santé à terre, une misère sociale endémique, une fracture politique saignante.
La grande euphorie et l'enthousiasme qui ont suivi les lendemains de l'alternance avaient suscité beaucoup d'espoir et fait croire à beaucoup de Sénégalais y compris les politiques les plus avertis, que le grand soir était arrivé .Cette alternance tant souhaitée a été chantée et saluée ici comme ailleurs car l'espoir était grand. Des hommes politiques à l'expérience avérée, dans le même mouvement d'enthousiasme populaire ont sabordé leur idéologie sans avoir, à l'exception de quelques uns, analysé de façon lucide et approfondie la situation d'alors et les perspectives.
Ce fut une erreur politique qui s'est avérée grave pour l'évolution démocratique du Sénégal.La CA 2000 a été une alliance contre nature disait certains. L'histoire leur a donné raison .La stature, les gestes et le ton de Wade lors de sa prestation de serment de 3 avril 2000 au stade Léopold Sédar Senghor, annonçaient la couleur. Utilisant un populisme et une démagogie sans retenue, il disait au Sénégal et ce qu'ils voulaient bien entendre, aux jeunes désabusés ce qu'ils aimaient écouter. Les faits et résultats ont démontré qu'il n'y croyait pas, et que plus il en parlait, moins il y croyait. Et pourtant, la situation dramatique que nous vivons aujourd'hui était prévisible et inscrite dans le tempérament de cet homme ombrageux, égoïste, assoiffé de pouvoir personnel, dépourvu d'éthique politique et qui n'a aucun scrupule pour se maintenir au pouvoir.
De la suppression du quart bloquant au projet de loi portant ticket présidentiel, tout démontre qu'il ne reculera devant rien pour conserver le pouvoir. Pourtant, quelques sages sénégalais et rares hommes politiques avaient senti dès le départ cette propension de l'homme à la trahison. Aussi, se sont-ils évertués à avertir, à dénoncer ce qu'ils voyaient poindre à l'horizon. Personne ne voulut les entendre. La formidable clameur née de l'alternance avait couvert leur voix. Le référendum de janvier 2001 a été révélateur de la naïveté peut-être d'une certaine classe politique. À l'exception du PIT, du Jëf Jël et du Niax Jariñu qui avaient appelé au boycott, aucun autre parti n'a voulu entendre raison ; or, il était clair que le projet portait en lui-même les germes de la monarchisation du pouvoir, parce qu'octroyant au président de la République des pouvoirs que ni Senghor, ni Diouf ne s'étaient donnés.
À l'alternance, le PDS était confronté à un déficit de cadres et de compétences. Le sachant Wade et Idrissa Seck de ont utilisé la manière de la Gestapo avec l'utilisation des audits pour encourager la transhumance, pratique politique déshumanisante, infamante et avilissante. Alors que des hommes et des femmes patriotes, désintéressés, aux mains propres et à la compétence et à l'expérience confirmées sont laissés à la périphérie. Il inaugure ainsi la promotion de ses adversaires de toujours. Poursuivant sa logique du service bien fait, il promeut des minables, des individus étroits d'esprit, bourrés de complexes. Ce sont ces gens qui sont nommés ministres, PCA, directeurs de société, ambassadeurs, sénateurs… Tout le monde se rappelle ce président du groupe parlementaire esquissant des pas de danse à l'assemblée Nationale lors de la mise en accusation d'Idrissa Seck. Quelle insulte au peuple sénégalais!
L'alternance n'a été pour Wade et compagnie qu''une aubaine pour réaliser leurs rêves de jeunesse. Prenant le Sénégal comme leur bien propre, ils ont installé la foutaise au sommet de l'État. Aujourd'hui, on y assiste à une fantasia à la mexicaine, à une bamboula à l'italienne, au rire jaune des mafieux d'une camorra tropicale.
Pour mettre fin au je-m'en-foutisme de ces magouilleurs, détourneurs des deniers publics, de ces francs-maçons, ceux-là qui, il y a peu, vivaient de pitance, il faut une alternative. Le mouvement né du 23 juin 2011, en est un jalon important.
Pour stabiliser la paix sociale et la démocratie au Sénégal, il faut barrer la route aux tontons macoutes. Pas de Duvalier ni d'Eyadema ou de Bongo fils au Sénégal. C'est pourquoi 2012 et un test grandeur nature. Benno, la société civile et tous les autres patriotes avec comme tableau de bord la Charte de bonne gouvernance des Assises Nationales, peut être une solution .Les réformes institutionnelles, fondées sur le nécessaire équilibre des pouvoirs sont un gage de sécurité.
L'absolue séparation des pouvoirs, avec comme corollaire la primauté du législatif et l'indépendance totale du judiciaire doit être de mise. La limitation en amont et en aval de l'âge auquel tout candidat doit se soumettre est un impératif. Les sénégalais ont appris à leurs dépens qu'il n'est ni bien ni politique, pour une démocratie qui ne soit pas de façade, qu'un seul homme se pérennise pour pouvoir. "La sorcellerie est née à la suite d'un isolement durable dans un manoir, car on y développe des réflexes haineux" dit un proverbe breton.
La refondation de l'État est donc un impératif; car sous Wade, il s'est étiolé aussi bien dans l'esprit des citoyens que dans la réalité quotidienne. C'est ce dépérissement de l'État qui favorise les desseins machiavéliques pouvoir libéral.
Debout Sénégalais et marchons!
Par Abdoulaye DIALLO, professeur, Rufisque
Un mort à Dakar après de nouvelles violences
DAKAR (Reuters) - Une personne a été tuée mardi à Dakar lors de nouveaux incidents entre manifestants et forces de sécurité sénégalaises en marge d'un rassemblement de protestation contre la candidature d'Abdoulaye Wade à un troisième mandat présidentiel lors de l'élection du 26 février.
La victime, un étudiant âgé de trente ans, a été écrasé par un camion alors que la manifestation dégénérait, a déclaré à Reuters un responsable du gouvernement sous couvert d'anonymat.
Le Conseil constitutionnel, dont les cinq magistrats ont été nommés par Abdoulaye Wade, a jugé dimanche que le président sortant était habilité à briguer un troisième mandat et que sa candidature était conforme à la règle limitant les mandats présidentiels.
La décision du Conseil constitutionnel a provoqué des manifestations à travers le pays.
Mardi, de nouveaux incidents ont éclaté à Dakar entre des manifestants lanceurs de pierres et les policiers, qui ont riposté à coups de matraques et de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de Reuters.
Les manifestants et les dirigeants de l'opposition, rassemblés au sein du Mouvement du 23-Juin (M23), s'étaient donné rendez-vous dans le centre de Dakar pour presser le chef de l'Etat, âgé de 85 ans, de revenir sur sa décision.
"Wade, dégage maintenant! Le peuple en a assez", entendait-on à la manifestation, selon des images diffusées par la chaîne de télévision TFM, qui appartient au chanteur Youssou N'Dour, dont la candidature à la présidentielle a, elle, été rejetée par le Conseil constitutionnel.
Pour les dirigeants du M23, qui ont menacé de rendre le pays ingouvernable, la décision du tribunal suprême équivaut à un "coup d'Etat constitutionnel"
"Lorsqu'on parle d'un coup d'Etat, on pense à l'armée. Mais un coup d'Etat civil est bien plus dur parce que c'est une chose que nous ne voyons pas, mais dont nous faisons l'expérience", a déclaré Youssou N'Dour lors d'une conférence de presse, mardi, avant de prendre la parole devant les manifestants.
"IL FAUT DIRE LA VÉRITÉ À WADE"
A New York, les Nations unies ont appelé mardi les parties à s'abstenir de toute violence. Dans un communiqué, les services de Ban Ki-moon font savoir que le secrétaire général de l'Onu "est préoccupé par la montée des tensions au Sénégal".
Lundi, les Etats-Unis avaient estimé que la décision d'Abdoulaye Wade risquait de mettre en danger la démocratie sénégalaise.
Abdoulaye Wade, qui a été réélu en 2007, argue que son premier mandat, qui a débuté en 2000, ne doit pas être pris en compte dans l'application de la règle introduite en 2001 dans la Constitution qui limite l'exercice du pouvoir suprême à deux mandats.
Les "sages" lui ont donné raison en considérant que la réforme constitutionnelle ne couvrait pas ce premier mandat.
Depuis les premières manifestations contre sa nouvelle candidature, qui ont débuté vendredi, quatre personnes ont été tuées, dont une femme et un lycée lundi à Podor, une ville frontière qui borde la Mauritanie.
Vendredi soir, un policier avait été tué lors d'émeutes dans les rues de Dakar.
Alioune Tine, président du réseau des droits de l'homme Raddho et coordinateur du M23, a déclaré au micro de la radio RFM que la seule manière d'apaiser la situation était que Wade retire sa candidature.
"Il faut dire la vérité à Wade. Il doit se retirer pour préserver la paix et la sécurité", a-t-il dit.
Avec Joe Penney, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français
© Thomson Reuters 2012 Tous droits réservés.
Le Point.fr - Publié le 01/02/2012 à 12:17
Ban Ki-moon exhorte tous les acteurs à créer les conditions propices à des élections "transparentes, crédibles et pacifiques".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "préoccupé par la montée des tensions" au Sénégal à l'approche de l'élection présidentielle du 26 février, exhortant les acteurs politiques à s'abstenir de toute violence, indique un communiqué diffusé mercredi. Le secrétaire général de l'ONU "est préoccupé par la montée des tensions au Sénégal à l'approche" de la présidentielle, indique ce communiqué de son porte-parole transmis à l'AFP à Dakar. "Le secrétaire général exhorte tous les partis politiques et acteurs nationaux à s'abstenir de toute violence dans la poursuite de leurs objectifs et à résoudre tous griefs électoraux par des moyens pacifiques", poursuit le texte.
Ban Ki-moon "appelle tous les acteurs concernés à créer les conditions propices à des élections transparentes, crédibles et pacifiques qui reflètent les préoccupations et aspirations légitimes du peuple sénégalais". Il a souligné par ailleurs "la nécessité pour les autorités d'agir de manière à préserver et à consolider les traditions démocratiques du Sénégal qui sont aux fondements de sa longue histoire de stabilité et de cohésion sociale", conclut le communiqué.
Quatre personnes tuées depuis le 27 janvier
À l'appel du Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe des représentants de l'opposition et de la société civile, des milliers de personnes se sont rassemblées mardi à Dakar pour exiger le retrait de la candidature à la présidentielle du chef de l'État sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, dont 12 au pouvoir, candidature dont la validité a été confirmée le 29 janvier par le Conseil constitutionnel. Après plusieurs heures sans incident, le rassemblement a été dispersé par la police à coups de grenades lacrymogènes en début de soirée. Un jeune a été tué lors de la dispersion, renversé par un véhicule.
Ce rassemblement s'est tenu après des violences qui ont éclaté le 27 janvier à Dakar et dans d'autres villes à l'annonce de la validation de la candidature Wade. Au total, ce sont quatre personnes, dont un policier, qui ont été tuées depuis le 27 janvier dans des violences liées à ces tensions politiques.