Quand l’outsider peut devenir leader
Quand l’outsider peut devenir leader
Aujourd’hui, le débat actuel de la classe politique sénégalaise, principalement de l’opposition, tourne autour de la candidature unique en vue de l’échéance présidentielle. Tous les esprits cogitent autour de la personne ou personnalité qui doit incarner cette posture symbolique et déterminante pour l’avenir de la politique voire de la société sénégalaise. Les noms qui sortent du lot font ressortir un «trio magique» incarné par Messieurs Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niass et Macky Sall. Chacun d’entre eux par presse opposée ou par leurs lieutenants respectifs s’octroie une légitimité historique pour porter le flambeau du changement dont le pays a largement besoin. Il serait intéressant de voir les atouts et les faiblesses de chacun avant de prédire (même si je ne suis pas un devin) un autre messie qui pourrait être sinon le candidat idéal du moins le candidat le moins imparfait du landerneau politique sénégalais.
M. Ousmane Tanor Dieng. Il a des atouts non négligeables. Parmi ceux-ci, on peut citer le fait que «la traversée du désert» lui a servi de leçon en ce sens qu’il a mûri politiquement et humainement. Il dispose, ensuite d’un réseau ou carnet d’adresses bien fourni découlant de la longue pratique administrative. Enfin, il a eu à gérer des dossiers importants au plus haut sommet de l’Etat sous le régime socialiste. Sa compétence dans ce domaine ne se discute point à moins de vouloir prêcher dans le désert ou de faire un pansement sur une jambe en bois. Ces atouts ne sont pas exhaustifs mais constituent les traits saillants et les aspects les plus pertinents du patron socialiste.
Pour nombreux qu’ils puissent être, ces atouts n’en cachent pas moins des faiblesses indiscutables. Parmi ces faiblesses, on peut citer le manque de charisme qui peut, cependant, être relativisé ; le fait qu’il soit redevable et comptable de la gestion socialiste pré-alternance. Cela il le traîne comme un boulet et les partisans du régime libéral actuel ne manquent pas de le lui rappeler à chaque fois que l’occasion se présente.
Une autre faiblesse du «patron» socialiste réside au fait que sa légitimité historique et électorale lui est contestée au sein même de sa propre formation politique.
M. Moustapha Niass. J’ai de l’admiration et de l’estime pour ce grand monsieur compétent, pertinent, intelligent et très cultivé (je touche du bois). Ce bref tableau, fait de sa personne, fait présumer un certain nombre d’atouts dont il est l’incarnation la plus parfaite à savoir la compétence, l’expérience, la droiture, l’ouverture d’esprit, un réseau d’amis influents et puissants, une présumée richesse …
Ses faiblesses tournent autour de la routine ou de l’usure politique ce qui fait qu’il est en train de livrer l’une de ses ultimes batailles politiques. Une autre faiblesse est liée au fait qu’il ne peut incarner l’homme du renouveau politique. Cependant, cet homme, compte tenu de ses qualités humaines et intellectuelles incommensurables aurait mérité d’être le premier des Sénégalais.
M. Macky Sall. De prime abord, il a un atout important en politique à savoir le courage. Il a su dire non à un moment déterminé de l’évolution de la politique sénégalaise. Il a su dominer le pouvoir, abandonner ses privilèges et ses mirages. Il a été ministre et même Premier ministre dans un passé plus ou moins récent. Il connaît donc la haute administration. Il a une base politique indiscutable. Il a un certain charisme malgré un calme olympien qui frise un peu la nonchalance. Cependant, malgré tous ces atouts, monsieur Sall traîne, à l’image de monsieur Dieng durant le régime socialiste, la gestion libérale post-alternance. Le fait qu’il ait quitté le navire Sopiste au moment d’une forte tempête ne le dédouane pas d’avoir été le commandant de bord adjoint. Il ne peut incarner l’alternance de l’Alternance face à des figures symboliques et emblématiques comme Niass, Dansokho, Bathily...
La politique est souvent cruelle : un seul acte posé ou une seule parole prononcée, une seule alliance faite ou défaite ou un seul geste émis peut influer positivement ou négativement sur toute votre carrière politique ou administrative ou sur votre vécu citoyen.
Tous ces trois personnages décryptés avec leurs qualités et défauts pourraient faire face au «Vieux» pour briguer ce poste tant convoité ; tant admiré ; tant rêvé de président de la République. Cependant, pour un renouveau de la classe politique ou pour une alternance générationnelle un autre candidat se profile au Nord : Cheikh Abiboulaye Dièye dit Bamba.
Il est un candidat potentiel et probable. Il continue son petit bout de chemin dans le calme, la sérénité et la discrétion. Il n’a pas que des qualités, loin de là, sinon il ne serait pas de ce monde. Cependant il a des atouts que les autres potentiels candidats n’ont pas en plus d’avoir les leurs. Ce qui fait qu’il marque une certaine différence, une certaine originalité par rapport à eux. Les principaux conseils que je pourrais lui donner humblement sont : de ne pas se verser dans une autosatisfaction ou autoglorification béate, puérile et stérile ; d’élargir sa base politique en portant ses «tentacules» dans le reste du pays ; de trouver de bons réseaux pour enrichir son carnet d’adresses en vue du financement de sa campagne électorale.
Par ailleurs, ses atouts exclusifs sont relatifs à sa relative jeunesse qui, pour ce cas précis, rime un peu avec sagesse, son érudition pour avoir été et continue d’être le fils de son feu père Cheikh Abdoulaye Dièye.
On peut, enfin, citer un atout déterminant à savoir le fait qu’il n’a pas été associé ni de près ni de loin aux gestions socialiste et libérale. Cette «pureté ou virginité» politique est un facteur qui peut faire basculer la balance de son côté si on ne se limite qu’à une analyse exégétique rationnelle de la politique sénégalaise. Même si, parfois, la politique a ses mystères, ses imprévues, ses renversements de situation que la raison ne pourrait ni admettre, ni prévoir, ni prédire…
Ousmane DIAGNE -Sor - Saint-Louis - Sénégal