à grande eau !
LE REGARD DE FALLOU Dieu n’est pas un parent
Article Par Fallou Mbacké Diallo, fmdiallo1@yahoo.fr,
Paru le Lundi 4 Fév 2008
Serions-nous tous devenus des enfants de Caïn ? Pour qui le mal participe, tout à la fois, de la prédestination et du libre-arbitre. Et à propos de qui le poète se demande : «Race de Caïn, ton supplice aura-t-il jamais une fin ?» Avant de reprendre en ces termes la malédiction divine : «Race de Caïn, sur les routes, traîne ta famille aux abois». De fait, aujourd’hui, partout à travers le monde, «les sanglots longs» de tous les peuples, semblent résonner dans le vide de l’inconscience des hommes. Les balles de tous les tueurs, les vociférations hypocrites de tous les politiciens, le pouvoirisme sanguinaire de tous les gouvernants, les assourdissantes réjouissances des nouveaux riches, font s’élever de partout une clameur étouffante. Une seule voie est ainsi indiquée. Une seule voix s’élève, celle des puissances de l’argent. Pour imposer à tous une humanité uniformisée, totalement déshumanisée. Fondée sur cette terrible trilogie : conquête-possession-domination. C’est dans cette froide perspective que s’inscrit la guerre en Irak. A propos de laquelle le congrès américain a récemment révélé que depuis son déclenchement, 1000 milliards 860 millions de dollars y ont été investis ! Avec pour seul résultat concret, la mort de près de 4000 soldats américains ! Quant au nombre d’Irakiens tués depuis le début du conflit, personne ne s’aventure à en faire le recensement. C’est dans ces circonstances que lors de son dernier discours à la nation, le Président Bush a dit ce qu’il dit depuis toujours : «Nous avons gagné la guerre en Irak. Reste seulement à y instaurer la démocratie». Mais, les mots des politiques coïncidant rarement avec la réalité de la vie, une semaine seulement après ce discours triomphaliste, au cœur de Bagdad, deux femmes kamikazes se font sauter avec leurs bombes au milieu d’un marché. Bilan : 80 morts, des centaines de blessés. En vérité, au nom de la lutte contre la Mal, on engendre un Mal encore plus grand. En effet, la terre irakienne est aujourd’hui l’espace symbolique d’un monde où la fraternité cède toute la place à l’adversité. Si bien qu’en l’occurrence, les envahisseurs comme les Irakiens eux-mêmes, ne vivent plus que pour tuer. Tuer pour vivre. Vivre sans autre perspective que la conservation de soi. Ainsi, sur les fondations schismatiques de la société irakienne, surgissent toutes sortes de groupuscules, dont la seule raison d’être est de chercher et trouver des ennemis à abattre. Sunnites, Chiites, insurgés, seigneurs de guerre, mercenaires, bandits sanguinaires et autres collaborateurs, jouent, au quotidien, sur la scène irakienne, une tragédie à plusieurs voix, où la seule certitude est la mort. Au Kenya, par contre, il n’y a aucune force d’occupation. Ce sont plutôt des frère de sang, comme Caïn et Abel, Etéocle et Polynice, qui se massacrent si consciencieusement, que la réalité dans ce pays ressemble à la fiction ainsi représentée par Voltaire dans Candide : «Ici, des vieillards criblés de coups, regardaient leurs femmes égorgées, qui tenaient encore leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là, des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs (…)». En se livrant à cette «boucherie héroïque», Kikuyus et Luos ne s’aperçoivent même pas que leur sacrifice ne fera que légitimer le partage du pouvoir. Entre un Président mal élu et un opposant qui ne s’oppose pas à leur folie meurtrière. Au Sénégal, point de nettoyage ethnique. Mais une hypocrisie et une inconséquence pathologiques. Un peuple, qui, en permanence, s’en remet à une ascendance glorieuse, sans jamais se donner les moyens d’en être digne. C’est dans cette optique qu’en fanfaronnant, les Lions sont allés à la Can. Confiant leur sort dans cette compétition sportive, à des «marabouts» ! Qui, à leur tour, se sont fait passer pour des Surhommes. Nous faisant oublier et oubliant eux-mêmes que tout ce qui est dans les cieux et sur la terre appartient à Dieu. Nous faisant oublier et oubliant eux-mêmes que Dieu n’est pas un parent. Ou que, ce qui reviendrait au même, s’il devait y avoir une quelconque parenté entre Dieu et les hommes, Il aurait été le parent de tous. Si bien qu’en vérité, si nous voulons cesser de passer notre temps à justifier nos échecs, si nous voulons que tout échec éveille en nous le goût de la réussite, il faut que nous le sachions, pour une fois, et une fois pour toutes : Dieu n’est pas un parent.
Lavage à grande eau
Ca y est, la dernière goutte du «bissap» vient de tomber. La bouteille est vide. Le Sénégal est devant un vide plein, oui, plein d’amertume, de tristesse, de déception, de sentiments de trahison, de désillusion, de colère rouge, de désespoir et de brutalité interne. Avant de remplir la bouteille d’eau pure teintée d’espoir, il faudra la laver 7 fois à grande eau. L’eau impure a éclaboussé tout sur son passage : nos jolis boubous et robes immaculés sont «thioubés» (teintés) de par des salissures footballistiques effrontées. Il faut laver, tout laver et laver à nouveau.
Le rêve était beau ………, le réveil brutal. L’eau froide et nauséabonde a fouetté les visages naïfs et innocents des Sénégalais. Il faut nettoyer, beaucoup nettoyer et encore nettoyer mais, surtout à grande eau.
Aujourd’hui, pour ne pas maintenir la jeunesse dans la désillusion et le découragement, pour lutter contre tout défaitisme et comportement d’abandon, il s’avère urgent, nécessaire et indispensable d’opérer un déclic.
Aujourd’hui, le meilleur signal que la Fédération peut envoyer aux millions de Sénégalais, est de rendre le tablier. Aujourd’hui, le meilleur service que le staff administratif, technique et médical peut présenter au peuple, est la démission collective.
«Allez Messieurs, soyez grands et osez pour une fois quelque chose. Vous avez regardé faire, impuissants devant les comportements des jeunes. Complices silencieux des frasques répétées et puériles, vous avez montré vos limites. Messieurs, le peuple mérite mieux…… Quand même merci.»
Aujourd’hui, point de règlements de la Caf, point de directives de la Fifa : la Fédération ne doit pas s’abriter derrière ces Institutions du ballon rond pour convoquer une impunité. De grâce, que ces messieurs qui ont largement bénéficié des dividendes de l’Equipe nationale, nous épargnent un contentieux qui alourdirait l’ardoise et plongerait davantage la crise dans des tréfonds nébuleux.
Aujourd’hui, il n’est pas permis d’accepter les critiques d’un quelconque membre du staff pour se dédouaner : il aurait fallu le faire avant ; le même procédé a été utilisé au moment du départ du précédent sélectionneur. La responsabilité est collective dans ce naufrage.
Aujourd’hui, il est constaté que la Tanière était un monde irréel, atypique où tout fonctionnait à l’envers. Les adultes avaient peur des moins âgés ; les jeunes n’avaient pas de cadre, de contenant ; les valeurs culturelles et traditionnelles étaient interdites ; les xons s’étaient substitués au savoir-faire ; la profession football avait gommé le patriotisme et, ce qui est interdit en club était autorisé ici. Ce théâtre magique était un mélange de duperies, de leurres, de tourisme sexuel, de vagabondage alcoolique, sans oublier le zeste de cinéma.
Tout peuple a besoin de héros …. Que sont les nôtres devenus ?
Ces faux lions n’ont pas de tanière, ils sont libres, dans le vent, leur sort entre des pattes coupables de n’avoir pas su défendre le territoire.
Aujourd’hui, il faut aux jeunes d’autres modèles identificatoires qui pourront à nouveau les stimuler et leur permettre de retrouver cette magnifique verve positive de la réussite.
Aujourd’hui, l’Etat, à son tour, devra prendre des mesures pour un meilleur encadrement des jeunes et surtout, pour inscrire ces derniers dans une voie de persévérance et d’identification pertinente.
Le président de la République devra laisser au ministre de tutelle la remise des drapeaux. Il est préférable, au vu des résultats, de remettre les choses à leurs niveaux respectifs. L’Institution «Président» elle, distribuera les récompenses après les grandes victoires.
Aujourd’hui, l’Etat devra prendre toutes ses responsabilités pour faciliter :
- l’arrivée de nouveaux dirigeants (administratifs, techniques et médicaux) à la tête de la Fédération ;
– la nomination d’un sélectionneur national sénégalais ;
– le renforcement et la meilleure organisation des petites catégories afin d’avoir, en équipe A, un noyau dur constitué de locaux ;
Aujourd’hui, il n’est de place à la théorie ou à la désignation d’un bouc-émissaire en la personne du sélectionneur démissionnaire.
Aujourd’hui, il faut surtout et surtout, éviter un quelconque replâtrage.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’eau pour laver et nettoyer les errements, les impolitesses, le manque de rigueur et les tâtonnements.
Aujourd’hui, l’heure est à la reconstruction... qui prendra peut être du temps mais, avec l’aide de Dieu… lion accroupi… se mettra debout.
Omar NDOYE - Psychothérapeute à Fann