au sénégal
SENEGAL-AGRICULTURE
L’ex-directeur de l’Isra, Jacques Faye passe au crible la politique agricole de Wade
mercredi 27 février 2008
NETTALI - Les agriculteurs ont de plus en plus du mal à « assurer le minimum de repas pour se nourrir », selon l’ex-Directeur général de l’Isra, Jacques Faye. Il a tiré cette sonnette d’alarme au cours d’une conférence de presse après une tournée dans le monde rural de plusieurs mois.
A en croire M. Faye, les paysans « n’auront pas de semences pour la campagne agricole prochaine, car il n’existe pas aujourd’hui dans le pays assez d’arachides pour un approvisionnement normal en semences ». De fait, la récolte prochaine risque fort d’être plus mauvaise que celle de 2007, prévenant un exode rural massif vers les grands centres urbains du Sénégal si l’on y prend garde.
De l’avis de l’ancien directeur de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), le gouvernement est Le seul responsable de cette situation en ayant pas initié de « programme de distribution de vivres de soudure, un programme de réparation des forages pour que les paysans puissent faire du maraîchage et surtout un programme de production en intersaison ».
M. Faye explique que cette production au permis de disposer « de semences de mil, de niébé, d’arachide, pour essayer au moins de pallier cette question d’insuffisance de semences qui va se poser ».
Jacques Faye a aussi regretté la faiblesse des surfaces cultivées aujourd’hui au Sénégal actuellement à 3 millions d’hectares avec autant de rendements faibles. La production oscille entre 400 à 500kg à l’hectare, alors qu’elle pourrait passer à 2 tonnes à l’ha.
M. Diouf a également critiqué le plan Reva (Retour vers l’agriculture, soutenant que c’est plutôt « une promesse électorale qu’un programme sérieux ». Pour lui « rien » de ce qui a été annoncé cela n’a été fait 18 mois après.
Le Sénégal vers une impasse ...
La prochaine tenue des assises nationales devra constituer sans nul doute un moment fort et un évènement inédit dans l'histoire politique du Sénégal, de par son format, de par son objet, mais particulièrement aussi de par ses constituants. Il est vrai que, et de quelque bord que l'on soit, la pudeur, l'honnêteté intellectuelle et le respect de sa patrie et de ses compatriotes, obligent de reconnaître que le dialogue politique est devenu, indépendamment de sa consubstantialité avec le concept de démocratie, un impératif et une urgence pour notre pays. Cela est d'autant vrai que les enjeux et les défis qui interpellent actuellement la nation sénégalaise, dans sa globalité et dans sa totalité, militent en faveur d'une véritable concertation à grande échelle.
Toutefois, et malgré les luttes et les querelles politiciennes et/ou politiques, malgré les chocs des idées et ou des projets et programmes, la raison nous commande à toutes et à tous, de transcender les limites de l'impossible pour mieux cerner et avec précision, le possible. Car, en réalité, Me Wade a été réélu démocratiquement le 25 février 2007 pour un mandat de cinq ans. Même et je dis bien même, si une partie de l'opposition a dû contester le processus électoral, les élections et les résultats de ces élections; si une partie de l'opposition a dû dénier à Me Wade son statut de président de la République, en droit; il se trouve qu'une année après, cette opposition reconnaît en fait, Me Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal. Et ce statut lui confère légitimité et légalité, encore que, théoriquement, sa légitimité puisse faire l'objet de spéculations au sein de cette opposition. Cette situation me pousse à des questionnements, moi profane et non constitutionnaliste, quant à l'issue de la trajectoire qu'emprunte mon pays en ces instants où il a plus besoin de la jonction des convergences de ses fils, que de l'antagonisme de leurs divergences.
Mais comment en arriver à cela? Des assises nationales. Certes. En tout état de cause, ces concertations auront le mérite, avec le concours d'experts et spécialistes émérites de toutes branches confondues, de dresser un état des lieux et une analyse situationnelle très certainement rigoureux et pertinents de tous les secteurs d'activités : politique, économique, social, culturel, éducationnel, agricole, sanitaire, environnemental ... du pays. D'une manière générale, de l'Etat sénégalais et de la nationale sénégalaise. Il est évident que la logique scientifique de la démarche débouchera sur des propositions de plateformes stratégiques et des recommandations.
Néanmoins, et ne nous y trompons pas, ces concertations auront aussi le mérite de faire le procès des huit années de règne de Me Wade et de son régime. Et voilà que paradoxalement, Me Wade devra y être et ne pas y être. Il devra y être, y participer, lui et/ou son équipe parce que facilitateur naturel, mais aussi et surtout, parce que tenant de la vérité de sa gestion. Mais comment répondre à un procès où l'avocat de la partie civile est lui-même, et en même temps, le juge? De surcroît, organiquement, la légitimité de ces assises nationales n'est-elle pas en conflit avec la légalité des institutions républicaines, avec la légitimité des institutions républicaines ? Plus loin encore, devant, juridiquement, cette instance parce que pourvue d'une personnalité morale, celle-ci fût-elle non formelle, n'étant dotée d'aucun pouvoir ni décisionnel ou délibératoire, ni même consultatif, quel est le lien administratif ou réglementaire, matériel ou immatériel, ayant habilitation d'assumer le transfert des résultats des travaux de cesdites assises vers l'Etat dans sa fonction de puissance publique mère ? Vers le chef de l'Etat ? Car, si tenir des assises nationales et même les réussir est une chose, assurer l'application totale, ou serait-ce partielle de ses conclusions et recommandations en est une autre, dans un Etat de droit qui se respecte.
Aussi, je pense profondément, qu'il est encore possible de reconceptualiser le dialogue politique en refondant la terminologie, en élargissant ses acteurs… Je pense profondément, qu'il est encore possible de réinventer un cadre institutionnel et juridique et des conditions réglementaires prompts à anticiper et à résorber les éventuels chocs et/ou conflits de compétences futurs, mais également, de prendre en charge de manière effective et efficiente, dans l'unique et ultime intérêt de la nation sénégalaise, la contribution communautaire. Je pense profondément, eu égard des résultats attendus, et tant il est vrai que les intentions des uns et des autres s'avèrent être la recherche du consensus national dans la complémentarité et la coresponsabilité face à l'Etat et à la Nation, qu'il serait dommage que le produit de telles assises soit dédié à des campagnes de partage, de sensibilisation et de dissémination à travers le pays et le monde.
El Hadji DRAME Militant du Parti démocratique sénégalais Fatick
Pour prévenir tout mouvement d'humeur : Wade met le Sénégal au chômage
Après les élèves et étudiants, qui sont en vacances du 10 au 14 mars, le gouvernement vient de déclarer la journée du jeudi 13 mars chômée et payée. Si, du côté des chefs d’entreprise, cela grogne ferme à cause des grosses pertes économiques que cela va engendré, chez les syndicats d’enseignants aussi, on rue dans les brancards pour critiquer les vacances scolaires.
La journée du jeudi 13 mars 2008 est déclarée jour férié, chômé et payé, en raison de la tenue à Dakar du 11e sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (Oci). L’annonce a été faite hier par le gouvernement dans un communiqué de presse. Les autorités justifient cette décision par la nécessité ‘de permettre à toutes les composantes de la nation de communier avec cette importante rencontre’, qui s’ouvre jeudi à Dakar. En outre, les ‘contraintes de mobilité (…) inhérentes’ à l’organisation d’un évènement comme le sommet de l’Oci, motivent également cette décision.
Certaines catégories de travailleurs ne manquent pas de voir là une occasion de mettre les Sénégalais au chômage forcé au grand dam des patrons d’entreprise qui vont subir de grosses pertes économiques. Déjà, dans les organisations patronales, cela grogne ferme depuis que cette décision a été rendue publique hier soir. Avec le Magal qui a freiné les activités économiques, voilà que, pour les beaux yeux des souverains et chefs d’Etat membres de l’Oci, on les prive d’une journée de travail alors que se dessinent le Gamou, les fêtes de Pâques et de l’Indépendance. ‘C’en est trop’, selon les patrons d’entreprise interpellés. Pour le gouvernement, du moins ceux qui sont chargés de l’organisation du 11e sommet de l’Oci, c’est une occasion en or massif de désengorger Dakar, le jour de l’ouverture de ce sommet, pour prévenir toute manifestation d’humeur de travailleurs bloqués dans une circulation qui sera ainsi fluide dans les artères de la capitale qui ont fait peau neuve. Reste que la grande inconnue est de savoir si les commerçants ambulants dont le déguerpissement était prévu en direction du sommet et qui avaient violement manifesté pour s’opposer à une telle mesure, vont rester chez eux, le temps du séjour des hôtes du Sénégal. Ensuite quelle sera la réaction des populations des Almadies, de Ouakam et d’une partie de Ngor contraints de rester chez eux pour les besoins du sommet.
En tout état de cause, du côté des syndicats d’enseignants, la décision du ministre de l’Education d’accorder des congés scolaires du 10 au 14 mars aux écoles et universités du pays, à cause du sommet de l’Organisation de la conférence islamique, n’est pas du goût des organisations syndicales. Et elles le font savoir de vive voix. Joints par téléphone hier, les responsables de ces organisations syndicales ruent dans les brancards. ‘C’est catastrophique !’, s’exclame Marième Dansokho du Syndicat des professeurs du Sénégal (Sypros). En écho, Mamadou Diop ‘Castro’ de l’Union démocratique des enseignants du Sénégal tonne : ‘C’est irresponsable et inopportun !’.
‘Je ne vois pas comment une rencontre de chefs d’Etats de la Ummah islamique peut suspendre la vie de tout un peuple. Ils peuvent se réunir dans leur coin et laisser les autres vaquer à leurs occupations. Cela montre une fois encore que l’école ne les intéresse pas’, remarque Marième Dansokho, la patronne du Sypros. Pour elle, c’est la preuve palpable qu’’une fois encore, l’école n’intéresse pas les autorités’. ‘On vient de compter deux mois durant lesquels, il n’y a pas eu de cours dans les écoles du public. La semaine prochaine, ce sera le 17 mars et le 22 du même mois, les élèves vont repartir en congé de pâques et de fête de la jeunesse. C’est irresponsable !’, fait-elle remarquer. Ajoutant que ‘c’est une fuite en avant du gouvernement pour torpiller le quatrième plan d’actions de l’Intersyndicale enseignante’.
Son collègue Mamadou Diop ‘Castro’ de l’Uden ne dit pas autre chose et embouche la même trompette. Pour lui, ces congés scolaires accordés aux élèves et aux étudiants dont le quantum horaire a été mis à rude épreuve par les grèves, dénotent du peu de ‘souci que le gouvernement fait de l’avenir du système éducatif’. Et d’avertir : ‘Si c’est pour torpiller le mouvement de grève de l’Intersyndicale, il ne fait qu’amplifier la lutte’. ‘Il était plus judicieux de convoquer des négociations. Ces congés, c’est pour tromper l’opinion et montrer que tout est calme dans ce pays. Les autorités se trompent. Après l’Oci, nous poursuivrons notre plan d’actions et la lutte’, martèle le numéro un de l’Uden.
Mamadou SARR
YOUSSOU NDOUR AU SUJET DE SA RÉCONCILIATION AVEC LE FILS DU PRÉSIDENT WADE :
« Il ne s’agit pas de soutenir Karim Wade pour aller aux élections »
Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE (ContinentPremier.Com) | | mardi 11 mars 2008
Annemasse (France)- C’est dans sa loge au Château-Rouge où se tenait le 8 mars, Journée internationale de la Femme, l’un des plus grands concerts du Festival Voix de Fête que Youssou Ndour nous a accueilli avec un sourire très fraternel. Il y a deux ans, il nous confiait ses « affinités avec le Président Wade ». Une querelle avec le fils du Chef de l’Etat l’avait mis hors de la sphère présidentielle. La réconciliation annoncée à quelques jours du Sommet de l’OCI et dans un contexte marqué par des supposées ambitions présidentielles de Karim Wade, a créé la suspicion au niveau de certains de nos compatriotes. Qu’en est-il ? Le promoteur de « Birima », homme d’affaires et artiste majeur qui a donné un concert exceptionnel de 24 chansons, s’explique.
Certains ne comprennent pas les raisons de votre réconciliation avec le fils du Président. Youssou Ndour, allez-vous soutenir Karim Wade ?
Ma réconciliation avec Karim Wade n’a rien de politicien. Tous les gens qui me connaissent savent que moi, je suis un homme de paix. J’avance et j’avance dans la paix. Le Sénégal est un pays de paix. Je sais ce que je représente. Je sais aussi ce que représente Karim Wade. Nous avons aujourd’hui dépassé nos différends et nous sommes ensemble. Maintenant, une réconciliation est une réconciliation. Il y a beaucoup de gens qui sont très contents. Bien sûr d’autres sont mécontents. Au niveau de nos proches entourages, tout le monde a salué cette réconciliation. Maintenant il ne s’agit pas de soutenir Karim Wade pour aller aux élections.
C’est donc une réconciliation entre Frères ?
Effectivement. C’est une réconciliation entre Frères. D’ailleurs, c’est ce que le Président Wade et mon père ont dit. Mon père a fait les mêmes commentaires que le Président Wade. Ce dernier a dit : « Deux Frères se sont retrouvés ». Vous savez tout cela est bien et très important car il faut avancer. Moi je suis conscient d’une chose : le Sénégal et ce qui s’y passe m’intéressent mais pas la politique. Je sais aussi quelque part que pour soutenir mon pays, je dois me mettre dans une logique de paix. C’est ce qui nous permet d’être dynamiques et d’avancer. Je ne vais plus m’occuper de détails. Mon ambition, c’est faire avancer le Sénégal.
Pouvez-vous à présent nous parler de votre projet « Birima » ?
C’est une manière pour moi de lutter contre la pauvreté. Le microcrédit est un instrument très important pour que les gens puissent travailler, garder leur dignité –je l’ai vécu personnellement. J’ai pensé qu’il fallait partir sur des bases qui respectent nos traditions, la parole donnée, pour ces gens qui ne parlent pas beaucoup mais quand ils disent quelque chose ils le font. Le microcrédit n’implique pas de grosses sommes donc les gens vont tout faire pour rembourser. J’avais un peu d’argent, et je l’ai mis dans ce projet. Je remercie Benetton qui m’ont fait bénéficier de leur campagne mondiale. Les réactions autour de ce projet Birima sont très positives. Ce que je recherche à travers ce projet, c’est que les bailleurs de fonds, qui ont l’habitude de prêter aux banques traditionnelles, puissent aussi en même temps prendre en compte le microcrédit, c’est à dire que qu’une banque d’ici puisse aller vers un Birima et accorde un microcrédit. Dès le lancement, des milliers de personnes se sont inscrites sur Birima, environ 3,000 personnes et si nous ne trouvons pas les institutions financières, ça va être difficile, au Sénégal comme ailleurs en Afrique. Nous voulons rebooster ce label Birima qui existe déjà et marche bien. Avec cette multinationale, nous bénéficions de leur savoir-faire et eux aussi retire un profit. Tout le monde y gagne. Mon rôle s’arrête à la promotion de ce projet ; j’ai pris des gens avertis, qui connaissent très bien le microcrédit, qui pourront répondre aux questions techniques ce que je ne peux moi-même fairee. Il y déjà une équipe dirigée par Malick Thioune. Ce sont des jeunes qui ont reçu une bonne formation bancaire et juridique. Beaucoup de gens viennent déposer un peu d’argent, quelquefois beaucoup d’argent, en disant qu’ils croient en ce projet, d’autres présentent un projet de financement. Notre but c’est de voir s’installer ces petites banques partout en Afrique.
Vous dites que l’Afrique n’a pas besoin de charité ?
Birima est un projet qui veut retourner aux gens leur Dignité. Vous savez, j’ai dit dès le départ à tout le monde que cette opération n’est pas une œuvre de charité. Nous ne demandons rien à personne. Nous recherchons plutôt à mettre en jonction les gens. L’Afrique n’a pas besoin de tendre la main. Ce dont elle a besoin c’est de travailler. Et si on en donne les moyens à l’Afrique, elle travaille.
Jusqu’ici ce sont les Etats qui s’endettaient mais il est temps que les populations s’endettent directement. Et je pense que cela peut être différent.
Etes-vous soutenu par le gouvernement du Sénégal ?
J’ai déjà eu les encouragements et les félicitations du Président Wade directement, de Jacques Attali qui est un ami et celles du Président Diouf, secrétaire général de la Francophonie et de diverses personnalités des milieux des affaires et des finances aux Etats-Unis, en Italie avec notamment M. Alessandro Benetton qui croit fermement à ce projet. Ce dernier s’est investi personnellement pour que les institutions financières puissent faire confiance à Birima.
Vous- êtes membres, comme Fatou Diome, Ousmane Sow, Patrick Pivre d’Arvor, de « Génération-Afrique » lancée par le secrétaire d’Etat français à la coopération, Jean-Marie Bockel, de quoi s’agi-il ?
C’est une initiative de la coopération française qui regroupe entre autres des Africains issus de divers milieux représentatifs de l’Afrique. Génération Afrique est une boîte à idées pour conseiller la France et l’accompagner dans son engagement et son comportement envers l’Afrique. Nous essayons aussi d’appuyer la Francophonie au niveau culturel. Génération Afrique a demandé au Gouvernement français d’assouplir les visas. Ce qui est en train de se réaliser. Les artistes ont par exemple plus de facilité pour obtenir des visas. D’autres visas sont concernés, comme pour les études.
Le report est la dernière née des techniques de fraude
Il n’y a guère longtemps, le spécialiste de droit public et criminologue Souleymane Ndiaye invoquait la ‘mentalité délinquante des hommes politiques sénégalais’. L’assassinat impuni du juge Babacar Sèye, la tentative d’assassinat du jeune opposant Talla Sylla, les coups reçus dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale par le député Aminata Mbengue Ndiaye, ceux assenés par le président du groupe parlementaire libéral et démocratique Doudou Wade au député de son propre camp Aliou Sow pour cause de désaccord sur la manière, le squat violent des commissions électorales du Parti démocratique sénégalais par les voyous de la ‘Génération du concret’, les insultes que le ministre Farba Senghor destine régulièrement aux rédactions de la presse privée, l’assimilation facile de toute critique à une déclaration de guerre émanant d’un ennemi à abattre, les menaces de mort régulièrement déposées dans les boîtes vocales de quelques abonnés impénitents conquièrent définitivement les faits sur les préjugés. Et le chef du camp majoritaire use du report des élections pour démobiliser les troupes de l’adversaire et préparer la fraude.
Abdoulaye Wade perpètre lui-même le report délictueux ou encourage une initiative similaire venant d’un de ses amis politiques. La dernière proposition de report en date - concernant les locales du 18 mai 2008 - est celle faite par le député et maire de Dioubel, Aminata Tall. L’intéressée s’en explique dans les colonnes du quotidien L’As daté du vendredi 7 mars 2008 : ‘Ce n’est l’idée ni du président de la République, ni du gouvernement, encore moins de l’Assemblée nationale. C’est ma propre idée. Je l’ai mûrie, élaborée et soumise à mes collègues sous forme de proposition de loi’. Peu importe. L’esprit retors contente le chef revêche, qui dit vouloir renouer le dialogue avec son opposition décapitée par la rumeur et le report effectif d’élections aussi cruciales que les législatives initialement prévues en avril 2006. Les épisodes croustillants du report à deux reprises des élections législatives en disent long sur la nature du délit politique perpétré par le gardien même de la Constitution. La manœuvre se couvre d’abord du voile hypocrite du couplage de l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec les législatives pour venir en aide aux sinistrés de la banlieue de Dakar. Aujourd’hui, la proposition de loi pour la tenue des élections locales le 22 mars 2009 - au lieu du 18 mai 2008 - se couvre du voile hypocrite de l’égalité en droit de toutes les régions du Sénégal (anciennes et nouvelles).
Face aux délinquants, les rares députés honnêtes doivent entreprendre une bataille juridique implacable en saisissant le Conseil constitutionnel. L’article 96 (alinéa 2) de la Constitution stipule, entre autres, que le Conseil constitutionnel ‘est compétent en dernier ressort dans le contentieux des inscriptions sur les listes électorales et des élections aux conseils des collectivités territoriales’. Nicolas Sarkozy, monté récemment au créneau pour rendre la loi sur la ‘rétention de sûreté’ des criminels dangereux rétroactive en dépit de la décision contraire du Conseil constitutionnel français, n’aurait pas non plus gain de cause chez nous. En effet, au Sénégal ‘les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d'aucune voie de recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités exécutives’. Aucun député n’a le droit de s’arrêter tant qu’il n’a pas exploré toutes les voies de recours qui s’offrent à lui dans sa poursuite ininterrompue de l’intérêt général.
Tant qu’il y a des pays qui respectent le calendrier démocratique par souci d’équité et de clarté, le Sénégal doit s’en inspirer. L’exemple des Etats-Unis d’Amérique est à ce sujet révélateur. En conformité avec le système électoral, les citoyens américains élisent, tous les quatre ans, le mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre, les ‘grands électeurs’ qui ont pris l’engagement de voter, le lundi qui suit le second mercredi du mois de décembre, pour le candidat démocrate ou républicain à l’élection présidentielle. Le nouveau président élu prête serment devant le président de la Cour suprême le 20 janvier après la proclamation officielle, le 6 janvier, par le Congrès, des résultats du vote des ‘grands électeurs’. Immuable ! En plus de leur mentalité délinquante tout ou presque de la géographie.
Couvrant un territoire d’une superficie de 1,2 million de kilomètres carrés, vingtième pays au monde par sa superficie, le Tchad est le cinquième plus grand d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, le Congo-Kinshasa et la Libye. Depuis 2003, le Tchad est divisé en 18 régions administratives dirigées par des gouverneurs nommés par le gouvernement tchadien. Le Sénégal qui ambitionne d’en disposer au moins d’une vingtaine, est six fois plus petit que le pays des ancêtres Sao des Tchadiens d’aujourd’hui. Le report sous prétexte d’érection de trois nouvelles régions (Kédougou, Kaffrine et Sédhiou) permet d’affiner une technique de fraude électorale ou d’en concocter une nouvelle. Le Camerounais Hilaire Kamga, auteur d’une étude sur ‘les techniques de la fraude électorale en Afrique’, dénombre 32 artifices dans l’escarcelle des fraudeurs. Le report à la sénégalaise est la dernière née des méthodes de vol éprouvées. Aussi la renaissance de l’opposition démocratique sénégalaise passe-t-elle aussi par sa capacité à s’y opposer par tous les moyens.
Abdou Aziz DIOP Politologue
Le Soleil : Mardi 11 Mar 2008
CONTRE LE REPORT DES ELECTIONS LOCALES : Le Front “ Siggil Sénégal ” déroule un plan d’action à partir du 18 mars
L’opposition n’entend pas s’arrêter à une condamnation du report des élections locales. Selon Ali Aïdar, le porte-parole du jour de la Conférence des leaders du Front « Siggil Sénégal », elle déroule à partir du 18 mars un plan d’action. Des manifestations sont prévues dans les départements.
Le Front « Siggil Sénégal » va dérouler un plan d’action pour dire non au report des élections locales qui devaient avoir lieu le 18 mai prochain. Cette lutte débute à partir du 18 mars prochain avec des manifestations devant les Préfectures et sous-Préfectures du Sénégal, selon Ali Aïdar, le porte-parole du jour qui a animé le point de presse qui a suivi la réunion de la conférence des présidents.
Les responsables effectueront également « des tournées au niveau des départements pour parler au Front au niveau national, régional et départemental ».
« Nous allons leur demander de travailler dans l’unité comme si les élections vont avoir lieu, parce que nous allons tout faire pour que les élections aient lieu », a martelé M. Aïdar. Le leader des écologistes poursuit : « nous n’allons pas baisser les bras. Le président a décidé d’une manière unilatérale de reporter les élections parce que son parti est en décrépitude. Ils sont en train de s’entredéchirer. Parce que nous avons trouvé dans la coalition « And Siggil Sénégal » l’unité de l’opposition. Ce qui était une réponse pour prendre les locales », a averti le porte-parole du Front.
Des dénonciations se feront également dans les représentations diplomatiques accréditées à Dakar, à en croire le porte-parole.
L’opposition soupçonne des manœuvres du pouvoir avec ce report. « Si le président reporte les élections dans un an cela veut dire que cela fera deux ans qu’il est élu. Il pourra aussi demander une démission de l’Assemblée nationale et proposer son fils pour le remplacer », souligne-t-il.
C’est pourquoi M. Aïdar appelle les Sénégalais à prévenir, soulignant que l’opposition va continuer le travail dans le cadre des assises. « Nous avons fait de grands pas en avant vers l’organisation des assises nationales pour qu’avec toute la Société civile, les syndicats nous puissions donner une réponse aux dérives qui sont en train de se passer dans notre pays », déclare-t-il.
Amath Dansokho, du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) ajoute que des personnalités de premier plan participeront aux assises. « Wade sera obligé de se soumettre ou de se démettre », a lancé M. Dansokho.
Aussi le leader du Pit, prévient-il que le report des élections locales « ne restera pas impuni ». « On va riposter. Nous avons eu des discussions très sérieuses sur tous les plans », a dit M. Dansokho qui poursuit que la réussite des actions dépendra de la population. Et, selon lui, « les militants sont déterminés à faire face ».
Les responsables de l’opposition ont en outre désapprouvé la mobilisation organisée samedi dernier pour soutenir le sommet l’Oci. Ali Aïdar parle « de meeting pharaonique » qui, selon lui, « a mobilisé 800 millions de Fcfa ». Pourtant, déplore-t-il, « à l’intérieur du pays, les paysans sont dans le désarroi. Les pêcheurs démissionnent. La santé va mal ».
Bataille pour le respect du calendrier républicain à Kaolack
La Coalition « And Siggil Sénégal » de la commune de Kaolack annonce la couleur dans la lutte contre le report des élections locales. Dans une déclaration rendue publique dont copie nous est parvenue, la Coalition « And Siggil Sénégal » de la commune de la capitale du Saloum « dénonce et condamne avec la dernière énergie toute décision de report des élections ». Selon la déclaration, l’instance kaolackoise « mènera le combat pour le respect du calendrier républicain ».
Pour la Coalition à Kaolack, « l’Assemblée nationale, largement dominée par les libéraux, vient encore une fois de plus de montrer à la face du monde qu’elle est au service d’un seul homme, Abdoulaye Wade et de son parti, le Pds ».
L’opposition estime que : « la situation du pays est grave et préoccupante. L’Etat de droit est de plus en plus bafoué, la démocratie recule, les libertés sont violées, les marches interdites. C’est plus que jamais le règne du pouvoir personnel, de l’arbitraire et des constructions antidémocratiques de succession », dénonce le communiqué.
Face à cette situation, la Coalition « And Siggil Sénégal » de Kaolack appelle « les Sénégalais à se mobiliser afin de restaurer la démocratie et de sauver la République ».
REPORT DES ELECTIONS LOCALES EN MARS 2009
Les Femmes de Tekki qualifient de « honte » l’initiative de Aminata Tall
Par Bacary Domingo MANE | SUD QUOTIDIEN | mardi 11 mars 2008
Au moment où les femmes députés libérales se félicitent de l’initiative de leur sœur, Aminata Tall, l’auteur de la proposition de loi sur le nième report des élections locales fixées le 18 mai prochain, celles du Mouvement Tekki – Emergence Citoyenne parlent de « honte ».
« Nous, femmes engagées dans le sursaut citoyen avec le Mouvement Tekki, réunies pour honorer en ce jour les batailles héroïques des femmes ici et ailleurs pour la liberté, le respect de nos droits et la démocratie, reprenons le flambeau des mains de notre députée Ndèye Fatou Touré et protestons devant une telle forfaiture.
Nous appelons nos sœurs et frères, citoyennes et citoyens de notre République malmenée, à dire non aux fossoyeurs de la nation et à défendre nos droits de contrôle sur les collectivités locales par le choix à date échue des conseillères et conseillers à qui nous voulons confier leur gestion », renseigne un communiqué envoyé à notre rédaction. Pour ces femmes, « d’abord la loi créant ces régions n’existe pas, parce qu’elle n’est même pas encore votée par le Sénat, sans parler de sa promulgation. Ensuite, au moment de faire voter la loi le gouvernement avait prétendu que toutes les dispositions étaient prises pour que des élections locales se tiennent à bonne date dans des conditions transparentes »
Nul doute qu’il s’agit encore et toujours, selon les femmes du Mouvement Tekki, de « manœuvres politiciennes visant à empêcher les citoyennes et les citoyens de reprendre la gestion de leurs collectivités locales des mains d’élites rentières réactionnaires spécialisées dans la spéculation foncière. Encore une fois, le Maître du PDS dévoile qu’il « parle en démocrate et se comporte en autocrate », ne se gêne pas pour donner un coup de pied au 08 mars, journée symbole de l’affirmation des droits et libertés des femmes ».
SOCIÉTÉ ET VIOLENCE
« Les cadres sociaux sont déréglés » (suite)
Par Cherif FAYE | | mardi 11 mars 2008
« La violence s’explique par le dérèglement de la solidarité organique dû à la déconfiture des cadres d’intégration sociaux ». C’est la principale idée à retenir de la 2e partie de l’entretien que le sociologue Hadiya Tandian a accordé à Sud Quotidien dans son édition du vendredi 7 mars dernier.
Le dérèglement de la solidarité organique est-elle dès lors le problème dans nos sociétés post-modernes ?
La solidarité organique se conçoit comme la coopération nécessaire entre les individus différenciés d’une société donnée pour permettre un bon fonctionnement de tous les secteurs vitaux de la collectivité. Le problème de notre société actuelle, c’est le dérèglement de cette coopération qui doit fonctionner de manière organique. La solidarité organique est propre à la modernité, elle est la forme de coopération que prennent les rapports sociaux suite à une différenciation plus ou moins achevée des ambitions sociales. Or, toute société où domine la solidarité organique comporte des risques de désagrégation ou d’anomie. La société moderne implique de nouveaux comportements, de nouvelles aspirations qui conduisent à une nouvelle solidarité qui creuse l’écart entre la classe portant la culture dominante et celle qui la subit. L’absence ou l’insuffisance du nombre de cadres sociaux nécessaires pour corriger cet écart, ou pour satisfaire ces aspirations est à craindre. Dans notre société, il y a une disproportion à cet égard. Le problème que pose la solidarité organique est celui des relations entre l’individualisme et le socialisme. Lorsque nous parlons de socialisme, c’est dans le sens Durkheimien du terme. Le socialisme, dit-il, « ne se réduit pas à une question de salaire, ou, comme on a dit, d’estomac. C’est une organisation plus achevée de la vie collective, qui aurait pour objet et pour conséquence d’intégrer les individus dans les cadres sociaux ou dans des communautés dotées d’autorité morale pour parvenir à un réarrangement du corps social ». Or, dans la société à solidarité organique, il existe des tendances individualistes qui éloignent de ces sentiments. Finalement, c’est l’anomie sociale qui fait sa loi. Pour corriger les « effets pervers » de la solidarité organique, il importe donc de donner un contenu assez large et une autorité suffisante à la conscience collective. Notre problème aujourd’hui, c’est de corriger les « effets pervers » de la solidarité organique.
Comment expliquez-vous que les anciens cadres d’intégration ne sont plus opérationnels ?
Nous avons fait une étude sur les comportements conjugaux à Dakar. L’observation portait sur les divorces prononcés au tribunal départemental de Dakar entre 1988 et 1997 ; soit dix ans. Deux questions avaient motivé nos recherches. La première question consistait à savoir pourquoi la famille ne joue plus son rôle régulateur dans la vie conjugale. La seconde question concernait la répudiation qui, malgré son interdiction par le code de la famille, les Sénégalais le pratiquaient dans leur généralité. Pour la première interrogation, nous avons constaté que les mariages contractés au niveau de la famille ou de la mosquée, sont généralement dissouts au niveau du tribunal, non parce que c’est la volonté des deux parties, mais c’est en fonction du caractère contentieux de leurs rapports. Cela s’explique d’abord par la perte de valeur des institutions sociales comme la famille. Celle-ci a perdu de sa notoriété sur son membre. Ensuite, lorsqu’un mariage tourne au litige, les instances sociales de règlement des conflits domestiques qui sont de type patriarcal où la prééminence est donnée à l’homme sur la femme favorisent plutôt l’homme et lèsent la femme par rapport aux conséquences du divorce. Ainsi, la femme ne trouve plus en ces cadres un interlocuteur favorable qui puisse défendre ses intérêts en cas de dissolution du mariage. L’homme parfois, trouve que la femme n’a pas été suffisamment découragée dans son intention de rompre le lien conjugal. Et finalement, le tribunal devient l’ultime recours pour la femme qui est socialement isolée. Généralement, ce sont les femmes qui introduisent les demandes de divorce contentieuses au tribunal. Dans l’étude que j’avais faite, les demandes de divorce étaient introduites généralement par les femmes, surtout par celles qui avaient moins de trois enfants. Donc la famille qui était le cadre domestique où le sentiment d’équité et de solidarité devait prévaloir sur l’égoïsme et l’injustice fournit un visage étranger à ses membres Pour la seconde question, nous avons constaté que la répudiation était la forme de dissolution du mariage la plus répandue chez les sénégalais malgré son interdiction. D’abord, les Sénégalais bénéficient de la complicité de trois cadres moraux pour régler leurs conduites conjugales : ce sont les lois coutumières, les lois religieuses et enfin le code de la famille. Mais généralement, les Sénégalais ne distinguent pas avec évidence les dispositions réglementaires de chacun de ces cadres. Pour une même activité, ils recourent indistinctement tantôt aux lois coutumières, tantôt aux règles religieuses ou tantôt au code de la famille. Lorsqu’un conjoint transgresse les sentiments défendus par un de ces cadres, il trouve une échappatoire dans leurs conflits juridiques pour échapper aux sanctions adéquates. Ainsi le code de la famille ne parvient pas à imposer son modèle, non plus les lois musulmanes et coutumières. Or, de tels comportements tiennent la femme dans un rapport de violence latent ou réel, surtout dans une société patriarcale. Donc en plus de la famille, les cadres normatifs sociaux perdent également leur consistance chaque fois qu’un criminel se faufile entre ces zones d’incertitude.
Qu’est ce qui est à l’origine des violences dans le champ politique ?
Il faut savoir que nous vivons dans une société qui comprend deux types de structures. Le premier type est d’origine monarchiste, moulé dans des sociétés de castes et d’ordre où les différents segments sociaux fortement différenciés vivent sous des rapports de conflits et de tensions à tous les niveaux de la société. Cette structure est appelée par le Pr. Malick Ndiaye le « type agonistique » ; c’est-à-dire « qui combat dans les jeux ». Le second type quant à lui, est éduqué dans les puissants liens communautaires des sociétés sans castes fortement égalitaires sur le plan du statut social. Ces sociétés sont de type « irénique » ; c’est-à-dire qui prône la « paix ». Or, le comportement moyen de la majorité des Sénégalais d’aujourd’hui est fortement déterminé par les manières de penser d’agir et de faire propre au type agonistique dont les structures connaissent le mépris de castes. Aussi, le personnel politique des partis qui se font la concurrence pour l’exercice du pouvoir se recrute majoritairement dans ce groupe. Ainsi, ses agents transposent dans le jeu démocratique leurs façons de faire qui se nourrissent de rivalités, d’outrages, de défis ou de duels physiques et mystiques. La démocratie, selon le professeur Raymond Aron, est une organisation qui permet « la concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir » ; donc c’est un jeu essentiellement pacifique dont le principe réside dans la vertu. La démocratie n’autorise pas la violence. La présence de la violence dans le jeu démocratique s’explique par la nature des structures sociales des classes dirigeantes. Ce sont les acteurs issus des sociétés de type agonistique qui sont généralement à l’origine des comportements violents dans le jeu démocratique. Mais, nous dira-t-on, que la violence se constate également chez le type irénique ! Mais lorsque des segments sociaux vivent en communauté, le groupe dominant exerce sur les autres une coalescence, telle sorte que ces derniers finissent par adopter les manières de penser, d’agir et de faire propres au groupe dominant. Ainsi le jeu démocratique se trouve être déterminé par la nature des rapports des structures sociales dans lesquelles la majorité des acteurs politiques est produite. Maintenant où se situe la difficulté ? Pourquoi notre système démocratique fonctionne comme si la violence lui était normale ? Il peut y avoir au moins deux raisons. L’une tient aux principes de la démocratie elle même, et l’autre, à la nature de notre état social. Pour la première raison, selon Raymond Aron, le régime démocratique est le seul qui, par principe, n’est pas tenu de se défendre contre ses ennemis. La démocratie étant définie comme « l’organisation de la compétition pacifique », on ne voit pas comment peut-elle interdire à ceux qui n’aiment pas le système d’y participer à leur façon. Les acteurs politiques issus des sociétés inégalitaires adoptent le principe du jeu démocratique pour seulement arriver au pouvoir, mais sans y croire naturellement. La seconde raison s’explique par le fait que chez nous, c’est notre état politique qui prône la démocratie. Mais notre état social est essentiellement inégalitaire, par conséquent, il ignore les règles de la démocratie. C’est pour cela qu’il est important de veiller sur les relations objectives entre les différentes institutions de la république. Car, comme le dit Charles-Louis de Secondât, Baron de Montesquieu, « nulle âme n’est assez vertueuse pour ne pas se corrompre », il faut toujours veiller sur les acquis démocratiques.
Comment expliquez-vous la récurrence des violences malgré les sanctions pénales infligées aux criminels ?
Quand le sociologue dit que la violence est un phénomène normal à la vie des sociétés, cela ne veut pas dire que les criminels soient forcément des gens normaux. Pour que les criminels disparaissent, il faut que les sentiments qu’ils froissent soient ressentis avec la même intensité dans les consciences individuelles. Dans une société, les individus n’ont pas le même niveau, ils ne sentent pas les mêmes choses avec la même intensité. Il y a toujours des gens qui s’approchent du type normal et d’autres qui s’en écartent. C’est pourquoi, malgré les sanctions répétitives, les gens commettent toujours des crimes. Je prends un exemple. La maladie est haïssable. Mais tous les jours, les docteurs de la santé trouvent des remèdes à ces maladies. Et ce n’est pas pour autant que la maladie disparaît. La maladie est même quelque part importante pour que l’on connaisse l’état de santé. Par ricochet, le crime est important pour que l’on puisse connaître le degré de santé de la société. Cela ne veut pas dire que nous encourageons le crime.
HUMEUR - Huit milliards presque partis en fumée !
Au lendemain du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique, la location du bateau Msc Musica accouchera d’une terrible évidence : elle coûte au Sénégal une ardoise de 8 milliards de francs Cfa, mais elle ne laissera aucune trace dans notre pays. Huit milliards sans un cm2 d’infrastructure palpable ! Huit milliards sans lien physique durable avec les intérêts pratiques d’une nation ! Huit milliards qui rapportent des broutilles ailleurs ! Huit milliards investis dans du prestige absolu ! Huit milliards de francs Cfa qui, au final, se transforment en vraie fumée ! Il faut être d’une absolue ingéniosité pour avoir l’idée de couler, de cette façon, une somme si faramineuse dans les méandres d’une manifestation qui n’en demandait pas autant. Peut-être bien que l’échelle d’appréciation par rapport à un investissement de ce niveau, de même que les motivations qui le sous-tendent, échappent au petit bon sens du gentil petit peuple. Peut-être bien aussi que notre perspective critique est bien trop étroite pour appréhender la grande vision des décideurs de l’Anoci pour l’avenir du Sénégal. Il n’empêche, on est choqué !
Avec 8 milliards de francs Cfa, que n’aurait-on pu réaliser dans ce pays qui a mal presque partout ! De petites choses certes, mais en tout cas de petites choses utiles aux millions de Sénégalais qui souffrent, dans les villes et dans les campagnes, dans les quartiers dits huppés comme dans les bidonvilles, partout et nulle part, à des degrés divers. Huit milliards pour un gros navire dans un pays où des paysans et leurs familles se nourrissent d’aliment de… bétail faute de mieux. Huit milliards, c’était utile pour les innombrables «routes» ensablées des coins et recoins de la capitale, pour les bidonvilles urbains qui puent du mal-assainissement, pour les zones abonnées au noir faute d’éclairage, pour les poubelles à ciel ouvert que sont les canaux et égouts.
Huit milliards, c’était utile pour réparer les milliers de forages en panne dans le monde rural, subventionner les produits pétroliers sur lesquels l’Etat fait son beurre, donner un vrai visage d’école à ces multiples paillotes à ciel ouvert qui pullulent dans les campagnes, secourir les pauvres malades sans le sous qui périclitent après avoir été trimballés de centres de santé en hôpitaux et ceux qui rendent l’âme entre deux morgues inaccessibles… Les conditions dans lesquelles a été organisé le sommet de la conférence islamique sont déjà extrêmement contestables avec les tensions infligées aux finances publiques, les désagréments décrétés en matière de circulation, pour que les flamboyants patrons de l’Anoci n’aient jamais pu avoir en eux la grande idée de consacrer huit milliards de francs Cfa à un bateau qui reprendra le large. C’est franchement dramatique et, surtout, impitoyable pour ce pays. Au matin du 15 mars, on se demandera : «Mais où sont passés les 8 milliards de francs Cfa versés à ce veinard propriétaire du Msc Musica ? »
Momar DIENG
11 mars 2008 | 13:07
SENEGAL - TUNNEL DE SOUMBEDIOUNE - EOULEMENTS D’EAU
Les chantiers de Karim manifestent leurs premières failles mardi 11 mars 2008
NETTALI - Selon la Rfm, le tunnel de Soumbédioune qui a été ouverte à la circulation commence à manifester des défaillances techniques. Des écoulements d’eau ont été constatés par un reporter de la Rfm. L’entreprise qui a construit le tunnel dédramatise alors qu’un technicien contacté à la radio estime qu’il s’agit là de défaillances sérieuses.
Le "bijou" a coûté 9.802.204.286 de francs Cfa. Il s’agit d’un tunnel long de 300 mètres dont les travaux ont duré 14 mois. Et Karim Wade déclarait que "ces travaux, qui ont commencé il y a exactement six mois, ont été réalisés dans les délais. A cet effet, je tiens à féliciter personnel de l’Anoci, le consortium Cde-Al Kharafi et l’ensemble des bonshommes de la route qui font un travail impressionnant et efficace pour atténuer les nuisances en matière de circulation".
Le consortium Cde-Al Kharafi parle dans cette affaire de "situation maîtrisée" alors qu’une des sources de la Rfm qui a préféré garder l’anonymat évoque des défaillances techniques. Elle estime que c’est parce qu’il y a des problèmes au niveau de l’étanchéité ou d’isolement du béton par d’autres moyens techniques qui sont à la base de ces écoulements d’eau.
Les difficultés enregistrées dans la finalisation de la construction du tunnel avaient justifié au dépassement de 8.208.748.755 F Cfa Htva sur les travaux de la Corniche ouest, selon un rapport du contrôle de gestion sur l’exécution des projets d’infrastructures routières de l’agence nationale de l’Oci au 30 juin 2007 réalisé par la Compagnie internationale de conseil et d’expertise (Cice). Ce qui avait fait grimper le montant global et initial de 18. 717. 647. 407 francs Cfa Htva, à 26.926.396.162 francs Cfa Htva ; d’où un dépassement de, correspondant à un taux de 44%.