Transformer 2012 en référendum
Transformer 2012 en référendum
Les récentes sorties de certains hommes et femmes politiques de Bennoo Siggil Senegaal semblent sonner le glas de la candidature unique de l’opposition pour la présidentielle de 2012. Dans deux contributions sur la question, nous posions déjà les difficultés liées à cette candidature unique du fait d’un choc des ambitions. Pour certains leaders historiques de Bennoo, 2012 sera la der des ders durant laquelle le baroud d’honneur sera certainement tenté même au risque de voir le Sopi rempiler dans la cacophonie de la multitude de candidatures. Pour de jeunes leaders de Bennoo, la volonté de constance dans la participation est une sorte de gage pour des succès ultérieurs. Ils peuvent même se payer le luxe de perdre en 2012 avec un statut honorable de première ou deuxième force de l’opposition.
Il sera difficile pour Bennoo d’avoir une candidature unique politique, si la réflexion et les calculs des hommes politiques stagnent sur ces deux axes. Le calendrier social du peuple souffrant n’est souvent pas forcément celui des politiques qui procèdent plus par calculs que par choix juste.
Bennoo Siggil Senegaal n’est pas d’une homogénéité idéale. Il est en fait la rencontre de trois types de blocs :
- Le Parti socialiste déchu en 2000 et qui estime être la force principale de l’opposition,
- Les ex-membres du Fal qui se sentent trahis par le Sopi et qui sont dans une logique de rectification de l’histoire,
- Les ex du Sopi chassés durant la longue période folle (qui n’est pas finie, mais simplement reportée) de phagocytage du Pds par la Génération du concret Une chose est sure, le peuple majoritairement a vomi le Sopi. Mais adhère-t-il pour autant à l’un quelconque de ces trois blocs qui, quoi que l’on puisse dire, drainent chacun des handicaps historiques pour faire seul la foule intégrale nécessaire à une conquête solitaire du pouvoir en 2012. Le Parti socialiste ne peut pas gagner seul en 2012. Les ex-membres du Fal, même s’ils ont la possibilité de s’unir autour d’une candidature, ne pourront pas passer seuls en 2012. Les ex du Sopi aussi bénéficient de l’effet de victimisation, mais pourront difficilement d’ici 2012 bâtir une candidature de rupture pour passer.
Les candidatures multiples, en plus de disperser les moyens de l’opposition dans le contrôle du processus électoral, sont un facteur qui favorise l’abstention. Aujourd’hui, ceux qui ne vont jamais voter Sopi, sont majoritaires dans ce pays. Les partis ont intérêt à canaliser ce vote vers un même but dès le premier tour pour éviter la surprise désagréable de 2007. Le risque est grand que la concurrence rude et inélégante entre les membres de l’opposition pour la conquête de cet électorat unique majoritaire et non Sopi agace et fasse franchir le pas vers une abstention par dépit. Pour drainer l’électorat vers soi, il faudra dire les raisons du non choix de l’autre qui sera plus enfer que paradis. Les séquelles de cette lutte fratricide seront difficilement cicatrisables entre deux tours.
Pour faciliter les choses, les trois pôles de fait de Bennoo doivent s’entendre sur un dénominateur commun, même civil. Ils doivent s’unir autour d’une personne à l’envergure nationale et internationale capable de créer l’émotion et l’action nécessaire à faire du premier tour de 2012 un référendum simple pour ou contre le Sopi. Cette personne aussi doit présenter suffisamment de garantie au peuple pour ne pas reproduire le film d’un Sopi qui s’est vu pousser des ailes jusqu’à oublier l’intérêt des populations.
L’enjeu de 2012 n’est pas uniquement le choix d’un président de la République du Sénégal. En 2012, il s’agira de mettre un coup d’arrêt à certaines dérives jusque-là inconnues dans la gestion des affaires publiques et qui font que tous, nous semblons perdre de plus en plus la fierté d’être des exemples en Afrique. Les erreurs monumentales de nos dirigeants ne font pas que les accabler eux seuls. Elles nous mettent, ces erreurs, dans une situation de honte généralisée impactant sur nos actes. Quel est le Sénégalais qui n’a pas éprouvé une honte après les premiers éclaircis de l’affaire Segura ?
En définitive, il est tout à fait normal que les leaders politiques de Bennoo nourrissent chacun l’espoir de présider un jour aux destinées de ce pays. Il est clair que ces mêmes leaders n’ont pas des motivations identiques et chacun d’entre eux croit d’abord en ses capacités propres. S’ils ont tous le droit de se présenter, ont-ils pour autant le droit de donner au Sopi le prétexte d’une conservation du pouvoir dans le flou de la meute de candidatures, comme c’était le cas en 2007 ?
2012 est un référendum pour ou contre le Sopi. Les leaders de Bennoo Siggil Senegaal, quelles que soient leurs ambitions individuelles, ne doivent pas la transformer en guerre fratricide des chefs. Cela peut être frustrant pour le peuple qui risque de recourir à l’arme de l’abstention.
Mamadou NDIONE Mandione15@gmail.com