responsabilités désertées
APS : Dimanche 22 Fév 2009
Mamadou Diop Decroix préconise la limitation du mandat des chefs de parti
Dakar, 22 fév (APS) – Mamadou Diop Decroix, récemment déchu de son poste de secrétaire général adjoint de And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS, mouvance présidentielle) préconise la ‘’limitation’’ de la durée et du nombre de mandats des chefs de parti.
’Je considère qu’on devrait limiter les mandats de chefs de parti. Il faut limiter la durée des mandats des chefs de parti et limiter aussi leur nombre de mandats. Ça je le proposerai dans le cadre de mon programme électoral pour le prochain congrès’’, a dit M. Diop, qui était dimanche l’invité de l’émission Grand Jury de la RFM.
Mamadou Diop Decroix, accusé ’’d’activités fractionnistes’’, est opposé au secrétaire général du parti, Landing Savané, depuis qu’il a annoncé publiquement sa volonté de briguer le poste de secrétaire général national de Aj/PADS au prochain congrès du parti.
Selon Bassirou Sarr, administrateur général d’And-Jëf/PADS, Mamadou Diop Decroix a aussi été exclu pour avoir créé des ‘’blocages’’ dans le fonctionnement du parti et essayé de saper ‘’l’autorité morale’’ de son secrétaire général, Landing Savané.
Les partisans du ministre du Commerce soutiennent, de leur côté, que le différend entre les deux hommes est ’’politique’’.
‘’Quand vous avez fait 27 ans de légalité, vous avez participé à de nombreuses élections et que vous n’arrivez jamais à dépasser 4 pour cent – ce n’est pas seulement AJ, c’est toute la gauche – il y a lieu de s’arrêter pour prouver le mouvement et regarder ce qui ne va pas. C’est notre position moi et d’autres amis qui sommes dans le parti’’, a estimé M. Diop, ministre du Commerce.
Mamadou Diop Decroix s’est en outre défendu d’être dans ‘’des luttes de personnes’’. Selon lui, ‘’nous sommes dans des logiques politiques fondamentales pour réformer la politique, réformer les projets, les visions, les programmes et être au diapason du peuple qui vote’’.
Il a soutenu que si ‘’on ne rectifie pas, le parti va disparaitre’’, estimant le parti dirigé par Landing Savané ‘’va à vau-l’eau’’.
‘’Nous devons avoir un parti ambitieux (…). Il faut redresser le parti’’, a estimé M. Diop qui a dit toutefois ‘’assumer sa part de responsabilité dans la situation actuelle du parti’’.
Auteur: AD
Pressafrik : Dimanche 22 Fév 2009
Répression d’un sit-in à Dakar: un blessé par balle et cinq interpellations .
Le leader du parti des écologistes, Aly Aïdar a été touché par une balle tandis que cinq responsables des jeunes de Benno Siggil Senegaal (opposition) ont été interpellés ce samedi lors d’un sit-in non autorisé du collectif René Sanchez pour la sauvegarde du stade Assane Diouf. Les forces de l’ordre n’y sont pas allées du dos de la cuillère face à la détermination des jeunes de Dakar-plateau soutenus par l’opposition. Six véhicules et deux camions remplis d’éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) et fortement armés ont sévèrement réprimé la manifestation.
La police a durement réprimé la manifestation du collectif René Sanchez pour la sauvegarde du stade Assane Diouf appuyé par l'opposition L’Avenue Malick Sy a vécu un après-midi de tension ce samedi. Le collectif René Sanchez pour la sauvegarde du stade Assane Diouf est passé à l’acte en organisant un sit-in sans autorisation de l’autorité administrative. La manifestation a démarré après la conférence de presse de la coalition Benno Siggil Senegaal pour présenter ses candidats dans les 19 communes de Dakar. Ces jeunes sont vêtus de t-shirt sur lesquels on pouvait lire : «Touche pas à mon stade, Non à la spéculation…». Ils n’ont cessé de scander des slogans fustigeant la démolition du stade Assane Diouf situé à quelques mètres du centre ville et en face de la corniche ouest. Cependant, quand les manifestants ont pris la direction du stade Assane Diouf, les forces de l’ordre sont entrées en action. Une pluie de grenade lacrymogène a commencé à s’abattre sur les manifestants. Une course poursuite s’en est suivie.
C’est dans la foulée que le leader de la Fédération des Ecologistes du Sénégal (FEDES) a été blessé par balle. Il a, en effet, été touché par une balle de type «Flash balle calibre 44/83» au bas ventre. Alors que la tête de liste de la Coalition Benno Siggil Senegaal à Dakar, Khalifa Ababacar Sall et responsable socialiste a été violenté, brutalisé. En plus de ces violences, cinq jeunes de la coalition Benno Siggil Senegaal ont été interpellés par la police. Birame Sassoum Sy, Babacar Thioye Ba et Bira Kane Ndiaye et Ndiogop Ndiaye du Convergence socialiste ont été acheminés à la police de Médina avant d’être transférés au commissariat Central de Dakar.
Excédé par la tournure des événements, le responsable du Parti Socialiste (PS), Khalifa Ababacar Sall a déclaré : «ils ont intérêt à les laisser, car s’ils veulent les garder nous serons dans la rue toute la nuit (samedi)». Selon la tête de liste de Dakar de la coalition Benno Siggil Senegaal, «ils (les forces de police) ont cherché à nous blesser mais c’est cela le combat il faut accepter de souffrir».
Le leader du parti des écologistes est revenu sur les conditions dans lesquelles il a été blessé par balle. «Pour nous empêcher de marcher, de manifester, ils nous ont donnés des coups de cross, ils nous ont même tirés dessus», a indiqué Aly Aïdar.
Pour contrer la détermination du collectif René Sanchez pour la sauvegarde du stade Assane Diouf, les autorités policières ont utilisé la méthode forte. C’est aux environs de 15h qu’un impression dispositif a pris d’assaut l’avenue Malick Sy, la rue 6, le boulevard du Dr Samba Guèye, Rue Médonne Mbengue. Six véhicules et deux camions remplis d’éléments de forces de l’ordre ont été mobilisés.
Auteur: Ibrahim Saandi Kemba (Stagiaire )
Ferloo.com : Samedi 21 Fév 2009
Pour la sauvegarde et la réhabilitation du Stade Assane Diouf : Premier affrontement entre forces de l’ordre et manifestants.
Comme prévu, lors de la conférence de presse du Collectif René Sanchez pour la sauvegarde et la réhabilitation du Stade Assane Diouf, les populations de Reubeuss et de la Médina et certains membres de la classe politique ont tenu leur sit-in à l’avenue Malick Sy.
Tout s’est bien passé au début. Mais la manifestation a fini par dégénérer quand les jeunes ont pris la direction du Stade Assane Diouf où les éléments de la police étaient, déjà, pré-positionnés. C’est ainsi qu’ils ont fait usage de leur gaz lacrymogène pour disperser la foule en colère contre le projet Kawsara.
D’ailleurs, selon des sources en place, la police a procédé à des arrestations de plusieurs manifestants. Cependant, malgré la forte présence des éléments de force de l’ordre aux alentours du Stade Assane Diouf, les jeunes n’ont pas voulu pas quitter les lieux.
xibar.net : Samedi 21 Fév 2009
LOCALES: Wade distribue plus d’un demi milliard de FCFA au PDS.
En attendant les fonds de campagne, les libéraux ne lésinent pas sur les moyens en perspective des élections locales. En guise d’exemple, un million de FCFA a été donné à chaque commission locale d’investiture. Au total, cela fait une grosse manne financière rien que pour mettre ceux qui sont chargés d’élaborer les listes au niveau local dans « de bonnes conditions ».
En attendant d’autres décaissements pour les préparatifs de la campagne en direction des élections locales, la direction nationale du Parti démocratique Sénégalais (Pds) a tenu à mettre dans de bonnes conditions… financières les commissions locales d’investiture chargé de la confection des listes électorales. En effet, chacune de ces commissions a reçu un million de FCFA. Somme qui a été discrètement remise aux différents responsables à la permanence feu Omar Lamine Badji. Si on sait que le Sénégal compte 543 collectivités locales, on peut dire sans risque de se tromper que la direction nationale du Pds a décaissé, rien que pour ces « avances », plus d’un demi-milliard de FCFA. Car, comme le précise une source sûre, chaque commission locale (ce qui est différent de chaque fédération) a reçu un million de FCFA pour préparer ses listes dans de bonnes conditions. Il reste maintenant à savoir combien les différentes fédérations vont recevoir pour la campagne électorale. En tout cas, le Pds compte aller aux locales avec toute l’armada qu’il faut. Comme révélé en exclusivité par L’As, la direction nationale du Pds a entamé une tournée depuis hier. La descente des responsables libéraux a débuté à Kolda et devrait se poursuivre jusqu’au 26 février prochain. Avant cette tournée, la même direction nationale a multiplié les tractations et manœuvres. Dans un premier temps, les différents responsables libéraux ont été reçus à la permanence feu Omar Lamine Badji par la commission nationale d’investiture. Il s’était agi, lors de ces rencontres, d’aplanir surtout les angles entre les différents responsables qui se crêpaient le chignon mais aussi de tuer dans l’œuf certaines velléités de listes parallèles. Les cas les plus « difficiles » ont été réglés par le secrétaire général national du Pds qui a eu à s’entretenir avec des responsables comme Aminata Lô Dieng qui, lors de la rencontre avec la direction nationale, avait ouvert le feu sur certains responsables.
Auteur: Cheikh Mbacké GUISSE - L'As
LE QUOTIDIEN :
Le Sénégal d’aujourd’hui : Etat des lieux
21-02-2009 Le Sénégal est un endroit de ce monde où on arrive à provoquer des débats corneculesques sur
des questions qui, elles, sont loin de l’être.
Sénégal est un endroit de ce monde où on arrive à provoquer des débats corneculesques sur des questions qui, elles, sont loin de l’être. Un espace de la planète où, on adore lancer de petits conflits tournant à la guerre mémorielle des paroles par refus d’aborder les problèmes en temps et en urgence. Le lieu où on préfère l’étripage au dialogue, l’enlisement à la réforme, les paroles aux gestes, l’hypocrisie à la franchise des convictions, l’abandon et l’insouciance à la recherche des solutions à nos soucis quotidiens. Pourtant, le Sénégal est un pays riche en couleurs (vert, jaune, rouge), mais seule la couleur de l’argent reste et demeure la plus visible.
L’ancienne opposition ne ratait jamais l’occasion entre poire et fromage d’attirer l’attention du monde sur la manière des Socialistes de dépenser l’argent du contribuable. Ces millions, à l’époque, représentaient une sérieuse hypothèque prise sur le mode de vie et l’avenir des Sénégalais était-il dit en substance. Des années plus tard, avec l’avènement de l’Alternance, la boule de neige a largement doublé. On ne parle plus que de milliards qui sont certes sympathiques et non négligeables, mais il devient urgent de sonner l’alerte, de développer l’effet de pédagogie nécessaire afin de faire comprendre a nos compatriotes que chaque franc Cfa dépensé est utile au peuple, que le Sénégal n’est pas en mesure de vivre au -dessus de ses moyens, que les facilités et le laxisme d’aujourd’hui constituent les impôts de demain. Et pourtant, les sénégalais doivent redoubler d’effort pour analyser, afin de mieux comprendre ce qui se passe actuellement dans notre pays. Oui, le Sénégal, c’est le Sénégal, un pays avec une âme propre qui devrait faire d’elle un porte-étendard du panafricanisme, des droits de l’Homme, de la solidarité et surtout de la dignité politicienne. L’actualité est riche et sachons l’interpréter : la vie est chère, l’enseignement va mal, la santé à la traîne, la croissance languissante, le coût du logement au seuil de la tolérance et un grave épisode d’inondations venu s’ajouter à l’atmosphère de déprime dans laquelle se languit le pays… Rien n’indique a priori que 2009 sera meilleure que les 365 jours l’ayant précédé. Car, les conditions pour repartir du bon pied ne seront réunies que si les politiciens cessent de nous leurrer… Les Sénégalais peinent à joindre les deux bouts s’ils ne sont pas anxieux face à la situation de l’emploi, de l’habitat social, de la sécurité et des transports. Dans leur détresse, les populations sinistrées ont eu, au moins, le réconfort de constater l’immense vague de solidarité. Une compassion qui tient sans doute plus pour les Sénégalais à un réflexe de «proximité» envers des compatriotes brutalement piégés par un hivernage que par un souci de l’Etat d’être coupable d’avoir laissé si longtemps des hommes, des femmes et des enfants vivre sur des terres d’eaux. Il faut se rendre à l’évidence que la fatalité n’explique pas tout et ne peut servir d’alibi face à l’absence de volonté politique, d’anticipation, d’organisation. Encore faut-il accepter de braver, non pas l’opinion publique qui est acquise au principe d’une saine gestion, mais d’innombrables résistances émanant d’hommes nuisibles à notre société et que cessent les interminables promesses pour rendre la machine de l’Etat plus performante. Car, la persistance de certaines méthodes a deux inconvénients au moins : elle hypothèque notre avenir, puisqu’il faudra bien régler la note, et elle empêche l’Etat d’être au service du peuple. Dans ce jeu dangereux auquel se livrent certains politiques, j’ai bien peur que ce soit là le vrai visage du Sénégal du XXe siècle : un pays, qui a peur, en manque d’ambition, incapable d’assumer son histoire, et qui se renferme sur lui-même… Cette manie bien de chez nos politiciens de tout faire passer par une loi que chacun s’empresse de nous imposer, traduit le niveau d’abaissement de l’institution parlementaire. Une reprise en main de notre destin serait de nature à panser bien des plaies et à revigorer quelques plans de carrière. Une économie qui tourne est le gage d’une situation politique apaisée. Et pour que la conjoncture prenne du muscle, il suffit que naisse cette confiance entre l’Etat et le peuple. Que les Sénégalais retrouvent leur fierté nationale, leur union autour de l’essentiel. Qu’ils sortent de la mélancolie et de l’auto-flagellation dans lesquelles se languit le pays. Dans un pays où députés et sénateurs sont dotés de véhicules de luxe alors que, le Sénégal ne comptent pas 250 ambulances médicalisées, ni de 250 camions poubelles encore moins de 250 véhicules de patrouilles pour nos forces de l’ordre. Que ces élus se réjouissent certes mais, qu’ils sachent aussi que dans ce Sénégal d’aujourd’hui des femmes vont accoucher en taxi, en charrette, à pieds et que d’autres accouchent sans assistance médicale, que des nourrissons manquent de couveuses, de vaccins et de premiers soins. La mer nous prend notre jeunesse désespérée, l’insécurité routière avec plus de 800 morts par an est un bilan de guerre. Tous les jours des morts, des blessés. Combien d’enfants ne grandiront pas ? Combien d’enfants ne connaîtront pas l’amour paternel ou maternel ? Pour un chef de famille décédé ou inapte à la vie active suite à un accident, combien de familles sont brisées ? Combien d’enfants sortiront du circuit éducatif pour être reversés dans la «rue»? Est-ce que tous ces hommes et femmes qui se tiraillent à la veille de ces élections locales pensent, une fois élus à recenser dans leurs communes, le nombre de femmes enceintes dont les états sont à surveiller, de nourrissons à vacciner en luttant contre la mort et la maladie infantile, d’enfants à mettre sur les rails de l’éducation. Vont-ils initier une union des cœurs, Etat, parents, enseignants autour de l’essentiel ? Un trio de choc pour lutter contre l’insouciance et l’abandon qui n’ont fait que miner notre société depuis la nuit des temps. Toutes ces questions sans réponses au risque d’exploser, qu’Allah nous en préserve, sur la tête de nos descendants.
Houleuse et mouvementée, l’histoire de notre pays démontre que c’est à chaud que des réformes et bouleversements d’ampleur sont, en effet, nécessaires pour revoir l’architecture des pouvoirs, leurs fonctionnements, et leurs manières de s’équilibrer les uns des autres. A froid, c’est compliqué comme le prouvent les états d’âmes des parlementaires de la majorité, juste soucieux de leur existence qui ne cessent de nous démontrer une mauvaise foi éhontée. Le contexte doit évoluée, le Sénégal est comme frappé de sclérose institutionnelle. Des propositions genres nouvelles doivent être retenues et mises en œuvre pour contribuer enfin à la séparation des pouvoirs dans un pays où nous devrions tous cesser de croire que notre modèle séduit le monde. Le Parlement retrouverait ainsi sa dignité et, l’Exécutif serait moins soumis à la tentation du hold-up des institutions dans lequel le Président Wade s’est voluptueusement coulé après l’avoir si longtemps attaqué.
Il faut se rendre à l’évidence ; la politique nous a toujours habitué à des comédies qui devraient être jugées avec autant de sévérité que de dédain et que c’est bien le sentiment de bazar que nous donne le régime libéral ce qui loin de nous réjouir commence à nous inquiéter. Tout ceci est un véritable révélateur des contradictions qui minent la société sénégalaise et de la crise d’identité qui l’a ronge. Cette situation ouvre un boulevard à ceux qui se croient capables d’entrer dans le cercle restreint des présidentiables. Mais, ils devront compenser une fulgurante ascension par un art surhumain de l’équilibre, en ne fautant pas aux yeux de l’opinion et en évitant de froisser un Wade qui n’a nullement envie d’être relégué au magasin des accessoires. Pourtant, il devrait savoir que la fonction présidentielle a ceci de cruel : qu’à la surexposition liée à l’occupation du Palais, succède un début médiatique frôlant la mort politique pure et simple. Avec son style si particulier, il risque de connaître le sort du Président Diouf qui, venu jeune aux affaires et désavoué en 2000 par les électeurs, vit l’existence fantomatique d’ancien chef d’Etat. Surtout qu’il tarde à réagir notamment sur l’épineuse question du pouvoir d’achat qui pourrait être pour lui ce que la fracture sociale fût en son temps pour Diouf. Un boulet !
Mais l’essentiel n’est pas là. Alors que le Président Abdoulaye Wade essaye de maintenir un espace politique jusqu’à l’expiration de son mandat, l’opposition tente de s’ouvrir un espace d’attente vers un éventuel assaut menant au pouvoir. Sans oublier Macky Sall qui doit concilier audace dans ses intentions et prudence dans l’action. Et, surmonter la contradiction entre son passé libéral et une rivalité programmée avec Wade pour incarner l’innovation en donnant le rythme à sa nouvelle vie de meneur d’hommes. Suffisant pour se coller à l’opposition en jouant les amphétamines dans l’explosif cocktail de la précampagne électorale permanente que vit le Sénégal d’aujourd’hui. Alors des idées, des convictions, des intentions et une bonne dose de provocation : rien de tel pour cueillir l’adversaire là où il ne vous attend pas et le forcer à se positionner en conséquence.
Mamadou Oumar WANE
Consultant Cabinet Audits qualité client mesures réseaux télécoms
France
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DETTE INTERIEURE - Le Sénégal dans un cercle… vicieux : Si loin de la fin
21-02-2009 Devant les députés venus voter le projet de loi n°08-2009 modifiant certaines dispositions de la loi n° 2004-13 du 1er mars 2004, relative aux contrats de construction-exploitation-transfert d’infrastructures, le ministre de l’Economie des Finances ne pouvait pas échapper à la question du règlement de la dette intérieure publique du Sénégal, qui à son avis «ne finira jamais».
Par Safiétou KANE
«La dette intérieure ne finira, jamais.» C’est par cette phrase, que le ministre de l’Economie et des Finances, M. Abdoulaye Diop a commencé sa réponse. Il était interpellé par les députés, Me Abdoulaye Babou sur le règlement de cette dette intérieure qui fait l’actualité. En réalité, le député Babou voulait connaître les noms des entreprises qui ont été payées et celles qui ne l’ont pas encore été. «Il faut que nous soyons édifiés, parce que nous continuons à penser que nous sommes tous égaux devant la loi.» «Je ne fais pas de partie pris, mais juste l’écho des Sénégalais qui se posent la question de savoir pourquoi Bara Tall n’a pas été payé», précise-t-il.
Mais au moment de répondre, le ministre fera dans la généralité : «Chaque jour, nous faisons des appels d’offres, les entreprises du secteur privé soumissionnent, gagnent des marchés et nous les payons en conséquence, après. Donc, ça ne finira jamais. Il m’est difficile chaque fois de faire le point, de revenir à chaque fois devant l’Assemblée nationale pour voir où en est justement la dette intérieure.» Cependant, une réunion s’est tenue, en début de semaine avec l’ensemble des partenaires au développement pour faire le point sur cette dette intérieure. Il existe un document détaillé sur les entreprises, personnes publiques ou morales, toute la liste de ceux qui ont été payés depuis le 31 octobre. Ce document a aussi été envoyé au président de la Commission des finances de l’Assemblée et du Sénat. «Nous avons l’intention, à la fin du mois, de faire la même chose, de réunir encore nos partenaires au développement parce que c’est important, parce qu’ils nous donnent leur argent, ils nous ont appuyés quand ils ont su qu’il y avait une dette intérieure à payer et il est normal que je leur donne des informations», explique M. Diop. Ces informations, à la fin du mois, seront remises au président des Commissions des finances de l’Assemblée.
En faisant le point sur la situation de cette dette, il en est ressorti que l’Etat du Sénégal est «à 65 milliards de mandats au Trésor. Et ce n’est pas uniquement la dette intérieure ancienne. Les engagements qui étaient en procédure de liquidation et d’ordonnancement se montaient à 27 milliards. Nous étions à 65 milliards, que nous étions en train de payer depuis hier, parce que nous avons signé avec certaines banques de la place, un emprunt de 80 milliards plus les 21 milliards que l’Afd reste nous devoir», poursuit le ministre d’Etat Abdoulaye Diop. Et, le gouvernement s’est arrangé pour que l’Afd règle les 21 milliards. «Ces deux jours, nous sommes en train de payer.»
Tout en promettant que le point sera fait à la fin du mois parce que ne pouvant pas le faire au jour le jour, il informe quand même : «Nous avons assez d’argent pour payer ce qu’il y a au Trésor. En plus de ça, nous avons durant cette période d’échéance recouvré l’acompte provisionnel dans des proportions satisfaisantes, au deuxième jour on est à une quarantaine de milliards recouvrés. Je ne suis pas cela au jour le jour, mais je me ferais un devoir de vous informer à travers la Commission des finances.»
sakane@lequotidien.sn
SUD QUOTIDIEN :
KOLDA : CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE Les bons impayés hantent le sommeil des producteurs
par Cheikh Omar seydi | SUD QUOTIDIEN , samedi 21 février 2009
Démarrée le 8 Décembre dernier, la campagne de commercialisation de l’arachide bat de l’aile dans le Fouladou. Les raisons sont à rechercher dans les dysfonctionnements du système carreau usine qui amènent ainsi les paysans à brader leurs productions à de vils prix (100 F ou 115 FCfa ou 135 FCfa le Kg) dans les loumas.
Dans la communauté rurale de Ndorna située vers la frontière Gambienne, nombreux sont les producteurs qui traînent encore comme une bosse, leurs bons impayés d’arachides, faute d’argent dans les points de collecte officiels. Une situation dont se plaignent vivement les populations qui s’interrogent d’ailleurs sur ce qu’elles appellent « le silence coupable de l’Etat » qui devait jouer à leurs yeux le rôle de régulateur pour protéger la filière arachidiere et les intérêts des producteurs. Selon Boubacr Baldé le Chef de village de Ndorna « depuis plus de trois semaines nous courrons derrière nos bons impayés.
Dans les seccos il n y a pas d’argent, toutes nos productions sont « notées » c’est – à – dire vendues sans argent. Pendant ce temps beaucoup de commerçants et opérateurs scionnent nos villages avec beaucoup d’argent mais des prix dérisoires (100 F, 115 F ou 135 F Cfa) ». Il ajoute, « tous ceux qui ont des besoins urgents se voient ainsi obligés de vendre leurs arachides à ces vils prix ». Même son de cloche du côté de Soulabaly où le producteur Souleyane Diamanka dénonce également avec la dernière énergie les nombreux bons impayés dans son village.
Interpellé sur la question, le sous – Préfet de Ndorna M. Gano reconnaît l’état de fait mais non sans affirmer que les producteurs avaient été prévenus d’éviter tout contact avec les opérateurs véreux. Ce à quoi a répondu ironiquement la productrice M. Baldé pour dire que face à deux maux, on choisit le moindre. Pendant ce temps, les populations menacent de descendre dans la rue les jours à venir, pour dénoncer ce qu’elles appellent « un mal – vivre récurrent »
WALF FADJRI:
Les bizarreries du nouveau découpage territorial et du nouveau fichier électoral
Avant les élections présidentielles, nous avions démontré et dénombré un certain nombre de bizarreries dans le fichier électoral concocté par le ministère de l'Intérieur à la veille des élections présidentielles de 2007. Nous avions à l'époque repris le fichier arrêté par le Mint et publié sur le site elections.sn pour constater un certain nombre de faits troublants (voir : http://www.socialisme-republiquesn.org/old/spip.php?article351). Une rapide analyse du JO publiant les textes du découpage territorial et du ‘nouveau’ fichier électoral publié sur ledit site pour les élections locales à venir, nous amène à faire un certain nombre de constats, dont la conclusion saute aux yeux : la réforme des collectivités locales sénégalaises a des motivations bassement électoralistes.
Constats tenant au nouveau découpage territorial
En effet, fin 2008, le pouvoir a pris un certain nombre de décrets charcutant le territoire national et créant trois nouvelles régions. A la lecture de l'exposé des motifs des différents textes, on a pu et on peut se poser la question des motivations réelles de ce nouveau redécoupage. Dans tous les Etats civilisés, la création de nouvelles régions obéit le plus souvent à des soucis d'économie, ou tient compte de l'accroissement de la population et de son intérêt. En France, par exemple, un groupe de travail a été mis sur pied pour la réforme des collectivités locales, dont l'objectif sera de proposer une simplification de l'organisation du territoire et de la rendre notamment moins coûteuse. Tout le contraire de la réforme effectuée par le régime libéral. Au Sénégal, point de loi, ni de groupe de travail associant les populations. Il a suffi de quelques textes réglementaires. Il apparaît dans le cas de figure sénégalais que les populations n'ont même pas été consultées.
Absence de concertation avec les populations
Les manifestations de populations reprises dans la presse ont démontré, dans certaines régions, qu'elles n'ont pas été consultées ou associées à ce nouveau découpage. Des aberrations ont été notées par les populations elles-mêmes. Ainsi, par exemple, à Kédougou, ‘à partir du village de Dar Salam, devenu chef-lieu de préfecture, on aperçoit le collège de Salémata, chef-lieu de département. Dans le secteur de Saraya, les populations du Dentila devront dévorer de nombreux kilomètres pour répondre à la sous-préfecture de la petite bourgade de Bembo, non sans avoir traversé Saraya. Khossanto, chef-lieu de la communauté rurale du même nom, ancienne capitale du Bélédougou, est aussi laissé sur le carreau au profit de Sabodala. Mieux, il est amputé de treize villages’, souligne-t-on sur le site tambacounda.info.
Le problème du coût des infrastructures, des équipements et des services On ne crée pas de nouvelles régions sans se poser la question des infrastructures. Après avoir gaspillé et concentré des centaines de milliards sur Dakar pour un sommet de l'Oci qui a duré à peine deux jours, où l'Etat va-t-il trouver de l'argent pour équiper comme il se doit les nouveaux bâtiments administratifs qu'il va falloir construire ou louer et permettre l’exercice des pouvoirs régaliens dans les nouvelles régions. La multiplication des régions et départements ne peut se faire sans les moyens financiers adéquats. Non seulement, il faut de l’argent pour faire fonctionner les nouveaux départements, mais il faut également payer les nouveaux agents. Quand on sait que les cadres de l'administration territoriale ne sont pas payés avec des lance-pierres, ces nouvelles charges financières ne vont pas dans le sens d'une politique d'austérité prônée par tous les observateurs avertis. Si c'est pour payer des préfets du genre de ceux de Ndoulo ou de Ndindy, nous disons merci. Toutes ces dépenses ont-elles d'ailleurs été prévues dans le budget 2009 ?
Il est quasi certain que les nouvelles préfectures n'ont pas pu être installées et fonctionnelles à temps pour s'occuper du processus électoral, des nouvelles inscriptions sur le fichier, en passant par l'établissement des listes de candidats et l'organisation des opérations de vote. Ce désordre organisé entraînera de facto l'exclusion de milliers de Sénégalais des opérations de vote parce que ces derniers n'ont pas pu savoir où s'inscrire ou ne sauront pas dans quelle localité voter. Cela nous emmène à parler des bizarreries du fichier électoral.
Constats tenant au fichier électoral
Comparativement au fichier de 2007 publié sur le site gouvernemental ‘elections.sn’, il faut d'abord noter que le nouveau fichier électoral publié sur le même site connaît un accroissement net de 142 136 nouvelles inscriptions (comparaison faite sur une base ne tenant pas compte des Sénégalais de l'extérieur qui ne votent pas aux locales). Les Sénégalais de la région de Dakar (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque) ont été apparemment moins mis en mesure de s'inscrire ou de régulariser leur situation que ceux de l'intérieur. En effet, seules 5 435 nouvelles inscriptions ont été notées en net alors que des régions beaucoup moins peuplées que Dakar ont vu leur nombre d'inscrits augmenter en net de 22 000 pour Diourbel, 16 420 pour Thiès (la ‘réconciliation’ est sans doute passée par là) ou Matam avec 7 131 nouvelles inscriptions et Saint-Louis qui compte 8 598 nouvelles inscriptions. A-t-on voulu neutraliser une banlieue qui s'est révoltée sous la conduite des imams en évitant aux jeunes ayant atteint l'âge de le faire de s'inscrire sur les listes ?
Kédougou, érigée en nouvelle région (comprenant Kédougou, Salemata et Saraya) compte moins de 40 000 inscrits sur une population dont on ne connaît pas encore la taille. Faut-il rappeler que Kédougou est la ville d’Amath Dansokho et où une manifestation populaire a été récemment réprimée dans le sang ? L'érection de Kédougou en région ne se justifie pas à notre sens ne serait-ce que du point de vue du nombre d'habitants. Cette situation a créé plus de problèmes qu'il n'en résout (voir plus haut). La présence de richesses minières y est certainement pour quelque chose…
Que dire de Fatick ? Voilà une région qui, à périmètre constant, soit avec le même nombre de départements qu'avant la réforme, se retrouve amputée de 20 000 électeurs (soit 10 % des inscrits de 2007). A-t-on voulu réduire la force de frappe du fief de Macky Sall que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Ce procédé nous rappelle étrangement celui utilisé pour la région de Thiès qui comptait en 2007 moins d'inscrits que des villes moins peuplées (lire notre article : http://www.socialisme-republiquesn.org/old/spip.php?article351) Une dernière remarque quand même qui peut faire sourire. Nous avions fait état sur notre site du cas de fraude manifeste matérialisé par ce Bissau-Guinéen qui avait et son passeport et ses cartes d'électeurs et d'identité sénégalaises (http://www.socialisme-republiquesn.org/la-grande-fraude/la-preuve-par-lexemple-les-etrangers-du-fichier-electoral-senegalais.html). Des documents qui l'avaient fait naître à deux endroits différents, le même jour… Eh bien, il a disparu du fichier publié sur le site elections.sn !. ‘On’ l'a enlevé ! C'était trop flagrant pardi et le cas avait fait le tour du monde. Mais gageons que c'était l'arbre qui cachait la forêt de fraude du régime qui a ‘libéralisé’ la fraude informatique.
Ibrahima NDIAYE Socialisme et République http://www.socialisme-republiquesn.org
Reed BRODY (Porte-parole de Human right watch) : Ce qui attend le Sénégal s’il ne se conforme pas aux décisions de la Cij
‘La Charte des Nations-Unies stipule que les Etats s'engagent à se conformer aux décisions auxquelles ils sont parties. Si la Cour condamne le Sénégal (ce qui ne fait guère de doute) et l’enjoint soit à juger Habré, soit à l’extrader, le Sénégal sera tenu de se conformer à cette décision. Selon l’article 94 de la Charte des Nations Unies, s’il ne met pas cette décision en œuvre, le Conseil de sécurité pourrait décider des mesures appropriées contre le Sénégal.
‘C’est la Belgique qui a saisi la Cij, pas les victimes ou les Ong. Mais je peux vous témoigner du désarroi des victimes qui s’interrogent après 18 ans sur la volonté politique du Sénégal de diligenter le procès. Et le temps leur est compté. Deux des sept survivants qui ont déclenché les poursuites à Dakar en 2000, sont déjà morts. Je sais que le président Wade est contre l’impunité, mais à moins que le Sénégal n'agisse vite, il risque de ne plus y avoir de victimes vivantes le jour du procès.
’Nous mesurons l’ampleur du défi pour le Sénégal qui doit instruire des crimes de masse, commis dans un autre pays il y a plus de dix-sept ans. Aussi avons-nous anticipé l’importance de l’aide extérieure pour le Sénégal et encouragé les bailleurs des fonds à soutenir le procès. L’Union européenne a déjà annoncé qu’une somme de 2 millions d’euros est disponible pour la phase préliminaire de l’instruction. Le Tchad a débloqué 3 millions d’euros, mais à notre connaissance, les autorités sénégalaises n’ont pas contacté les Tchadiens pour les modalités de versement. En outre, la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse ont également déclaré leur disponibilité à soutenir financièrement le Sénégal. Ce que nous contestons, c’est que le Sénégal demande d’obtenir la totalité du financement alors qu’il n’a même pas présenté de budget. La France a rappelé, il y a quinze jours, qu’elle attendait toujours un budget et un calendrier crédibles’.
Propos recueillis par El H. G. W. NDOYE
Immigration africaine en France : Un mythe s’effondre
L’Afrique subsaharienne est la région du monde d’où l’on émigre le moins vers l’Europe, révèle une étude menée par deux chercheurs, David Lessault et Cris Beauchemin, pour le compte de l’Institut national des études démographiques (Ined).Elle a été publiée avant-hier, jeudi, dans la revue Population et société.On est bien loin de la déferlante décrite par certains politiques et médias en France.
L’idée reçue selon laquelle les Africains immigrent massivement en France et en Europe vient d’être battue en brèche. ‘Il n’y a pas plus d’exode en Afrique subsaharienne qu’il n’y a d’invasion de Subsahariens en Europe’, révèle une étude parue le 19 février dans la revue Population et sociétés, de l’Institut national des études démographiques (Ined). Chiffres à l’appui, l’étude, menée par David Lessault et Cris Beauchemin, tous deux chercheurs à l’Ined, démontre ainsi que l’immigration subsaharienne reste ‘minoritaire en France ou en Europe, que l’on considère les entrées annuelles de migrants ou la population immigrée’. ‘Récente’ et d’un apport ‘modeste’, elle représentait, en 2004, 12 % seulement de l’ensemble des immigrés en France, soit trois fois moins que l’immigration maghrébine et européenne, et ce bien qu’elle ait fortement augmenté ces dernières décennies, se multipliant par 27 depuis 1962 (de 20 000 en 1962 à 570 000 en 2004). Une hausse ‘certes spectaculaire, mais on partait de très bas’, indiquent les chercheurs.
Entre 1997 et 1998, époque du lancement d’une campagne de régularisations par le gouvernement Jospin, un ‘pic d’entrée’ a été enregistré. Mais celui-ci correspond en réalité à ‘une augmentation du nombre de titres (de séjour, Ndlr) délivrés à des personnes entrées sur le territoire national depuis plusieurs années (en moyenne six)’. Au final, les bénéficiaires subsahariens du fameux sésame à cette époque représentaient seulement 40 % de l’ensemble des ressortissants régularisés. ‘Quelle que soit la période considérée, aucun pays d’Afrique subsaharienne ne figure dans le trio de tête des bénéficiaires des régularisations ; ce sont l’Algérie, le Maroc et la Chine qui y figurent’, poursuit l’étude. Même en incluant les irréguliers qui n’avaient pu obtenir de titre de séjour en 1998, ‘les Africains représentaient en 1999 moins de 11 % de la population immigrée totale’. Sur l’ensemble des pays de l’Ocde, les Subsahariens ne formaient pas plus de 4 % des immigrés en 2000, soit ‘moins d’une personne sur cent née au Sud du Sahara et âgée d’au moins 25 ans’.
Selon cette étude, les migrations à l’intérieur des pays africains sont beaucoup plus importantes que vers l’Europe : ‘En 1990, le réseau d’enquêtes sur les migrations et l’urbanisation en Afrique de l’Ouest (Remuao) a enregistré 22 000 migrations de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe, contre 258 000 migrations entre pays de cette région africaine’. Autre mythe qui s’effondre : les réfugiés fuyant les conflits dans certaines régions d’Afrique sont beaucoup plus nombreux à rejoindre des pays voisins qu’à se rendre en Europe, qui n’accueille ‘finalement qu’une infime partie’ d’entre eux. Ainsi, ‘en 1999, neuf réfugiés sur dix originaires de la République démocratique du Congo étaient restés en Afrique. Il en était de même pour 96 % des réfugiés libériens, 93 % des Tchadiens et 88 % des Rwandais’.
Le vieux continent reste toutefois la première destination de la ‘minorité’ migrante qui décide de quitter l’Afrique. Mais la France, autrefois destination première des Subsahariens, a reculé à la deuxième place, tandis que de nouveaux pays de destination ont récemment émergé, comme l’Espagne et l’Italie. Mais même dans ces pays, les Subsahariens restent bien peu nombreux par rapport aux autres populations immigrantes (4 % en Espagne et 8 % en Italie). On est bien loin de l’image d’immigrants africains débarquant en masse sur les plages du nord de la Méditerranée, souvent véhiculée par les médias en Europe.
Djamel BELAYACHI (Afrik.com)
Basculement des pensions de l'Ipres à la Cncas : Le troisième âge de Saint-Louis crie sa colère
Les retraités de Saint-Louis sont dans la tourmente. L'origine de leur malaise est le basculement de leurs ‘maigres’ pensions de l'Ipres à la Cncas. ‘Depuis le mois de décembre, nous percevons nos pensions à la Cncas. Et, depuis lors, nous sommes confrontés à de nombreuses tracasseries alors que notre situation commençait à s'améliorer à l’Ipres, au moment de percevoir nos pensions’, explique Amadou Sèye alias Kim. ‘Aujourd'hui, notre ardent désir, c'est de revenir à l'ancienne formule qui se présentait avec moins de problèmes’, a-t-il certifié. Cette situation, a poursuivi le sexagénaire, ‘nous est tombée dessus sans qu'on ne comprenne pourquoi on a changé la donne. Il aurait été plus logique de nous associer à la prise de décision et de nous demander notre avis. Avant, il suffisait juste de deux à trois jours pour percevoir nos pensions. Maintenant, ce sont de longues queues qui n'en finissent pas et des scènes de bousculade. Ici, on ne maîtrise pas le processus. En tout cas, nous sommes dans le désarroi et souhaitons être édifiés sur les tenants et aboutissants de cette affaire’.
Relayant le cri du cœur de ses camarades du troisième âge de la capitale du Nord et son arrière-pays, Amadou Sèye semble déceler un coup fourré dans cette nouvelle démarche : ‘Nous trouvons bizarre que les gens se lèvent un beau jour pour nous faire quitter l'Ipres pour la Cncas. Il y a quelque chose de pas clair dans cette histoire. Nous voulons comprendre’.
Gabriel BARBIER
NETTALI.NET :
dimanche 22 février 2009 - MOR FAYE ET BOUNA MANEL FALL
Regards croisés sur l’actualité nationale à Remue-ménage
NETTALI.NET- L’émission Remue-ménage animée par Alassane Samba Diop, recevait ce dimanche le professeur de sociologie des médias à l’Université de Saint-Louis, Mor Faye auteur de "Presse privée en Afrique francophone" et Bouna Manel Fall, professeur de droit des médias au Cesti. Les deux hommes ont posé un regard critique sur l’actualité nationale marquée par la polémique née de la démolition du stade Assane Diouf, du dialogue politique et de l’état actuel de la presse privée.
« On ne peut pas se réveiller un jour et construire un stade sans tenir compte de l’entourage. Tout est question de démarche. Une autre démarche aurait permis de s’entendre en respectant les lieux de culte. L’approche doit être collectivement imposé », a soutenu Mor Faye sur les ondes de la radio Futurs Médias.
« Il faut faire très attention à l’équilibre religieux. Le Sénégal s’est construit à partir d’une base sociale qui a permis de construire un équilibre religieux. L’Etat n’est ni religieux ni antireligieux, mais il est areligieux. Je comprends la famille omarienne. Nous avons un chef d’Etat qui a affiché sa couleur confrérique. Cela constitue un boulevard dans lequel, on peut s’engouffrer pour fustiger son parti pris », a affirmé Bouna Manel Fall.
« C’est à tort de dire que l’Etat est favorable à une telle confrérie car c’est cet Etat qui a réhabilité la mosquée des Tall. Il faut que l’Etat s’entoure de garantie juridique pour qu’il n y ait pas retour de bâtons », a-t-il par ailleurs ajouté.
Sur la question de savoir si la question religieuse peut être un danger pour la cohésion nationale, Mor Faye affirme : « je pense que la question religieuse n’est pas un danger. Si on a une stabilité politique, c’est grâce aux forces sociales, mais pas seulement grâce à la constitution et aux mécanismes démocratiques. Par contre si la question religieuse est utilisée à des fins politiques, elle devient un danger. Les familles religieuses ne sont pas dupes ils font souvent des sorties pour fustiger la manipulation, dont elles sont l’objet ».
En ce qui concerne la reprise du dialogue politique annoncée par Mbaye Jacques Diop, Bouna Manel Fall estime que c’est une question d’opportunité. « L’acte qui est posé, doit avoir le maximum de garantie politique. Ce que je retiens, c’est que quand Dansokho a dit qu’il n’accorde aucun crédit à ce que Mbaye Jacques Diop, ce dernier n’a pas répondu. Ce qui est étonnant d’ailleurs. C’est grave car, ça aurait mérité une réaction. S’il ne se défend pas c’est que Dansokho a raison. Le refus de dialoguer du pouvoir a un fondement politique, mais il ne peut pas régler les problèmes du Sénégal sans discuter avec tous les sénégalais » analyse-t-il.
Mor Faye a quant à lui indiqué : « je pense que le dialogue politique n’est pas à traiter avant ou après des élections, mais il doit être permanent. Dans les grandes démocraties, c’est comme ça que cela se passe. Sur le cas du Sénégal, le problème est un problème de confiance qui est rompue. Il me semble fondamentale que le pouvoir donne suffisamment de garantie pour qu’il y ait rétablissement de cette confiance. Cela passe par la stabilisation des institutions de ce pays. On ne peut pas changer comme ça des textes. Vu que tout change et que l’on peut revenir sur des engagements pris, l’opposition a raison de refuser de reprendre le fil du dialogue ».
Et Bouna Manel Fall de poursuivre : « le consensus politique est fortement bafoué au Sénégal. Lorsqu’il y a rupture de communication, il n’y a plus possibilité de dialogue ou de discussion. Il faut retourner à une certaine orthodoxie dans la conduite des affaires de ce pays. Il ne faut pas qu’il y ait conflit entre la force et la loi. On a plus le droit de perdre notre temps, dans des conflits stériles, l’heure est à la construction d’un pays développé ».
« Ce n’est pas la faute aux politiques, si la question politique occupe tous les espaces d’expression. Il y a un vide intellectuel par rapport aux autres questions. La presse est fortement politisée. Les intellectuels ne s’expriment pas assez sur d’autres questions. C’est à ces segments de réorienter le débat et permettre aux forces alternatives de s’exprimer. Le milieu universitaire et la société civile peuvent aider à dépolitiser le débat », propose Mor Faye, professeur de sociologie des médias à l’université Gaston Berger de Saint Louis.
Analysant le livre que Mor Faye a consacré à la presse privée en Afrique francophone, Bouna Manel Fall affirme que la corruption est une question importante car la critique de la presse n’a pas bonne presse au Sénégal. « Il ya des facteurs économiques qui fragilisent les médias. Nous avons un espace publicitaire très étroit et qui s’effrite de plus en plus. La presse a ainsi du mal à trouver des fonds. Quand un homme politique investit dans un médium privé, il attend en retour de l’influence. Les lecteurs, auditeurs ou spectateurs sont dans une pollution médiatique déplorable ».
Mor Faye abonde dans le même sens, en déclarant que le facteur économique est extrêmement important, mais il entre en rapport avec d’autres facteurs. « Le problème économique a fragilisé le secteur. C’est avec l’arrivée des marchands (homme d’affaires) dans le secteur de la presse que la fragilisation s’est accélérée. Ces marchands n’ont pas innové. Ils sont venus et ils se sont rendus compte de leur influence. C’est avec eux, que des jeunes sans formations journalistiques sont venus dans le secteur. Cela aussi participe à la fragilisation, car ces personnes ne sont pas dotées des outils leur permettant de résister à la corruption ».
Bouna Manel Fall pense par ailleurs que l’état a un rôle central à jouer dans la mesure où, il devrait mettre en place un cadre juridique régissant l’exercice du métier de journaliste. L’Etat a failli car il n’a fait que mettre en place un organe de régulation dont l’action est décriée. Il y a eu une compromission de la presse avec le pouvoir politique et les religieux. Ceux que Mor Faye appelle marchands, vendent en effet des canons de manipulation. C’est cette forte manipulation qui fait que la presse est fragilisée », commente le professeur de droit des médias au Cesti.
Mor Faye fustige par ailleurs le fait que des journalistes parfois écrivent des articles dont ils ne comprennent pas les contours. « Il faut qu’il y ait, au sein des entreprises de presse, des gardes fous. Si un journaliste est bien formé ou s’il a un bon niveau, il est bien préparé à faire face à la corruption. La profession a besoin de journalistes solides » conclut-il.
« Le savoir c’est le pouvoir. Il faut que les journalistes prennent le pouvoir dans ce pays. Il faut qu’ils le prennent dans les rédactions », prône Bouna Manel Fall.
- Par Béatrice L. -
Karim Wade : leurres et lueurs
Si le dernier déplacement de Wade à Touba n’est pas une preuve d’une montée en puissance de Karim dans la succession à son père, ça y ressemble beaucoup. Et pourtant le président s’est toujours défendu de vouloir propulser son fils au cœur de la scène politique. Comment le croire ?
« Je dirai à ta mère que tu as bien travaillé ». Cette phrase résume toute l’ambiguïté du discours de Wade, lorsqu’il évoque le cas Karim Wade. Accusant la presse de créer os et chair son fils. Mais, à y regarder de plus près, c’est lui-même qui pose les actes qui désorientent l’opinion. La preuve par Touba, où le président, prenant la main de son fils, a loué devant le Khalife général des mourides, les qualités de son fils. Il lui fait confiance. Karim est patriote. Le jeune financier a tout lâché à Londres pour travailler au service de son peuple. Quel sacerdoce !
Si on sait que Touba est une terre de légitimation des politiques, l’attitude de Wade et les mots choisis pour « confier » son fils à Serigne Bara Mbacké sont loin d’être forfuits. Le message qui a fait le tour de la presse, constitue à n’en pas douter, un jalon important dans cette entreprise familiale. Pourquoi alors confier son fils au Khalife si tant est qu’il n’aurait aucune ambition politique ? Est-ce pour le positionner réellement ou pour le faire bénéficier du « bouclier » de Touba, en prévision de poursuites contre son fils, au cas où le vent tournerait en défaveur de la famille Wade ? Qui sait ?
En vérité, cette posture de Gorgui, consistant à passer la béquille à Karim, n’est pas si nouvelle. Chronique des faits…bien concrets. Les premières « manœuvres » se sont faites sentir lorsque publiquement, Me Wade a confié à Karim, les chantiers de l’ANOCI en 2004. Au moment du sommet de l’organisation de la conférence islamique, il lui tresse publiquement des lauriers. Ça choque mais ça passe.
Après suivent des messages clairs-obscurs distillés par ci, par là. La récente sortie de Wade à Paris, organisée par Meïssa Touré, au plus fort de la crise avec Macky Sall, a davantage semé le doute dans l’esprit des sénégalais. Il aura démenti l’idée d’une éventuelle succession par Karim, avant d’éveiller à nouveau des soupçons : « Lorsque j’entends les gens dire que je veux me faire remplacer par Karim… Personne ne m’a jamais entendu dire cela de ma bouche. Je ne crois pas aussi que Karim le dise… ». Il avait même ajouté : « si mes deux collaborateurs que sont Idrissa Seck et Macky Sall s’étaient comportés comme il le faut, aujourd’hui, on ne parlerait pas de Karim Wade… La constitution est claire sur ce point. Quiconque veut être Président de la République, peut être présenté par un parti politique et avoir l’âge électoral ». Voilà, la réponse de Wade, une information qu’on savait depuis. Il suffisait juste de lire le code électoral !
Il y a ensuite eu ce retour d’Idrissa Seck à la maison familiale, annoncé dans les médias, à la sortie d’une audience avec Wade. On s’est dit : « tiens, peut-être que Wade a changé d’option, si Idy revient à la maison du « père », c’est bien parce que Wade a changé de fusil d’épaule ». Le comité directeur qui jusqu’ici, devait se réunir, pour avaliser ce retour dans la grande famille libérale, ne l’a toujours pas fait. Idy ira même jusqu’à égratigner un peu la « Génération du Concret » en lui demandant de rentrer dans les rangs et de faire comme tout le monde.
Au fur et à mesure que les investitures relatives aux élections locales pointaient à l’horizon, l’idée de plus en plus répandue était d’investir Karim à Dakar, afin de mieux le mettre en orbite dans cette succession tant évoquée. Alioune Sow qui a un pied à la GC, en étant au PDS, a estimé que ce dernier a embelli Dakar avec ses échangeurs et ponts, ôtant du coup, tout mérite à Pape Diop, l’actuel maire de la ville. Normal, Pape Diop, a décidé de s’effacer et de baliser la voie à Karim, d’user de son influence et de son argent, ainsi qu’il l’avait déclaré dans les colonnes de Jeune Afrique. Et finalement, Karim finit, comme on semblait bien le prédire, par figurer en bonne place, sur les listes de Dakar.
Mais il faut dire que la roue de la politique n’est pas si homogène. Ceux qui connaissent bien Gorgui disent de lui qu’il teste toujours le terrain avant de prendre une décision. C’est peut-être le cas avec son fils. Si donc les conditions de l’imposer sont possibles, il plongera sans état d’âme. Sinon, en fin manœuvrier, il pourrait toujours se rabattre sur qui vous savez. Devinez bien !
Le « descendant de roi remet Karim Wade à sa place
S’il y en a beaucoup qui ont décidé de se ranger derrière Karim, au sein du PDS, cet homme là n’en fait sûrement pas partie, si on le juge en tout cas, selon ses propres termes. On rarement de lui, et le voilà qui apparaît subitement, pour asséner ses quatre vérités, non pas sur sa fonction ministérielle, mais sur le débat relatif à l’éventuelle succession du Président par son fils. Cet homme, c’est Souleymane Ndéné Ndiaye, ministre d’Etat, ministre de l’économie maritime et membre du comité directeur du PDS.
On pensait en effet que jusqu’ici, en dehors de Macky Sall, Idrissa Seck et Moustapha Diakhaté, il n y avait plus homme à s’opposer à Karim Wade. Eh bien non, on s’est lourdement trompé. Si Pape Diop a choisi de continuer à vivre tranquillement, en balisant la voie à Karim, si d’autres membres du PDS, se font en silence, leur propre opinion sur le sujet, sans oser s’épancher dessus, Jules Ndéné lui, en bon « descendant de roi », a osé aborder si directement et crûment, le sujet, dans les colonnes de Week-end magazine du 02 au 08 février. Ces personnes qui assument leurs responsabilités, il en fait partie puisque après tout, il a du « sang royal » qui coule dans ses veines : « je suis un acteur politique qui assume ses responsabilités chaque fois que de besoin ». Maintenant peu m’importe les conséquences des actes politiques que je pose… ».
Tendre, il ne l’a pas été en tout cas avec Karim, celui qu’il considère juste comme son petit frère et rien de plus : « je le vois comme mon petit frère. Karim Wade ne peut être que mon petit frère… ». M. Ndiaye ne pense d’ailleurs pas une seconde, se ranger derrière lui : « Nooonnnnnnn !!! Ce n’est pas possible ! C’est irréalisable. Ce n’est pas possible ça. ». Wadiste pur et dur, il s’en réclame pour avoir longtemps cheminé avec le président. C’est pourquoi estime t-il : « je ne vois pas pourquoi je me mettrai derrière une autre personne que le Président de la République ». Il ne se voit pas membre de la « Génération du Concret », ce mouvement créé par Karim Wade : « … D’ailleurs je ne crois pas que des gens qui ont mon passé, mon vécu, puissent appartenir à ce mouvement de la « Génération du Concret ». Je ne crois pas. Faites le tour, vous ne verrez jamais quelqu’un qui a le même parcours que moi dans ce mouvement là. Il y en aura pas… Pourquoi je me retrouverais derrière ces gosses là ? Je ne peux pas ! ».
Il estime juste que pour qu’il puisse se retrouver derrière une personne, il faut que cette personne soit plus avisée, plus expérimentée que lui : « je ne peux pas me retrouver derrière une personne qui a une expérience moindre que la mienne. Franchement, je suis un militant du PDS, quoi. ». Comme quoi, la prospérité de la Génération du Concret risque de ne pas être aisée. Sa légitimité aussi. Mais Karim est certes jeune, mais il est aussi le fils du Président. Et dans nos démocraties à l’africaine, être fils de président, ça compte beaucoup.
- Par Nettali -
CONTRIBUTION DE HAMIDOU DIA, ECRIVAIN, POETE ET CRITIQUE LITTERAIRE - SENEGAL : LA CROISEE DES CHEMINS
Il n’y a pas de destin forclos ; il n’y a que des responsabilités désertées.
De bonnes âmes m’ont fortement déconseillé d’écrire cet article de peur d’encourir les foudres du Prince. Il s’agit de ne pas hurler avec les loups sans cautionner les flagorneurs. Je n’ai donc pas de crainte et je vais aller droit au but. Sans broncher aux conséquences.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Partout surgissent des foyers de tensions lourds de tous les dangers. Crise économique, impitoyable guerre de successions avec un parti au pouvoir cannibale qui donne l’impression d’être peu soucieux du destin du pays, révolte des marchands ambulants, répression des manifestations de Kédougou, radicalisation de l’opposition un peu hébétée, querelle avec la presse nationale, révolte des imams, banlieues-poudrière, demande sociale accrue, veille d’élections de tous les périls et le sentiment générale que le pays est à l’orée de grandes séditions dont nul ne peut prévoir de quoi elles sont porteuses, etc. Le tout sur fond de peur, de terreur molle, d’incertitudes et d’inquiétudes. Tel est le constat qu’aucune rhétorique ne pourra occulter. Si dire cela me ferait courir des dangers, alors j’en accepte le risque. Car ce n’est pas faire du catastrophisme ou de la vaine critique ni de la subversion que de dire qu’il y a trop de foyers de tension dans ce pays sur fond d’un affaissement éthique et d’un renoncement intellectuel sans précédent.
Nous ne sommes pas au bord du gouffre, mais le Président de la République ne doit pas accepter que l’œuvre de toute une vie, avec des réalisations incontestables, soit dangereusement hypothéquée. Lui qui est entré dans l’Histoire par la grande porte doit en sortir par un vaste boulevard. Cela est encore possible. Il est possible de ne pas forclore la grande espérance de mars 2000. On a ri, pleuré, dansé, repris espoir ; portés par l‘immense espérance qu’une aurore boréale venait de se lever sur le Pays.
Et voici qu’ « au bout du petit matin », la gueule de bois pour beaucoup. Et au sein du Pouvoir, une atmosphère étrange, surréelle de fin de règne, de méfiance, de peur larvée, de discours désarticulés, de culte de la médiocrité, de trafics d’influence, de luttes fratricides, de petites combines et de grandes magouilles.
Faut –il ajouter à cet inventaire à la Prévert, la très prématurée guerre de succession ; « les visiteurs du soir » qui défont ce que certaines bonnes volontés essaient de construire en plein midi, prenant ainsi le risque d’opprobres futurs ? Point n’est besoin d’être prophète pour prédire que si le navire venait à prendre eau – ce que personne ne devrait souhaiter – les thuriféraires transis d’aujourd’hui seront les procureurs implacables de demain expliquant qu’ils ont toujours été contre certaines choses mais qu’ils ne pouvaient pas faire autrement ! Ah les grandes habilités ! Oui les premières félonies viendront de ceux qui feignent être des inconditionnels (il y en a qui le sont vraiment) du Président tout en travaillant à le miner : la ruse et la duplicité sont incontournables en politique, mais l’intelligence politique des circonstances historiques, que Machiavel appelle virtù, c’est encore mieux.
Le Président, en homme intelligent, saura se garder de ses amis-là, car ce ne sont pas eux dont l’Histoire retiendra le nom, mais lui et lui seul. Et les historiens pourraient se demander, - terrible question - en parodiant Alain Badiou, de quoi Maître Abdoulaye Wade est –il le nom ? Pas d’attaques ad hominem : je m’intéresse à la dynamique d’ensemble, disant, en passant, que la fureur qui a saisi le PDS, soudainement pris dans un « cannibalisme tenace », et qui rejaillit forcément sur la marche du pays, m’exaspère prodigieusement.
Je sais toute la difficulté de se livrer à l’exercice de la pensée libre – il n’est d’ailleurs de pensée que libre – dans ce Pays, sans que ne se lève le Soupçon fétide, à la mauvaise haleine. A cause des logiques partisanes : tout est mauvais ou tout est bon : ce qui est excessif, donc insignifiant. Penser, c’est penser dans le gris, comme les chats, la nuit ; accepter le labeur et la claudication qu’il présuppose ; travailler à rendre intelligibles nos réalités. L’intellectuel, à qui on ne cesse de demander d’élever la voix, est en mauvaise posture : quoi qu’il dise ou fasse, il serait toujours classé en pro ou en contre. Jamais en celui qui réfléchit à haute voix pour instaurer un débat fécond et heuristique ; pour tirer la sonnette d’alarme en cas de périls majeurs. Sans compter ceux qui vouent au fait même de penser une haine incandescente et vindicative !
Je me suis même demandé si, sous nos tropiques blafards, la parole de l’intellectuel est attendue et, si par aventure elle l’était, est-elle entendue ? Cependant, je suis résolu à penser en toute indépendance. Mon vœu secret est que ce propos que je n’assène pas, mais propose, soit le point de départ d’un débat loyal, sincère : sans injures, ni vociférations. Fraternellement. J’en rêve. De toute façon, les voix qui crient dans le désert finiront par être, un jour, reconnues, malgré tous les Hérode du monde ! « Le service de la vérité est le plus dur des services », a dit Nietzsche. Conseiller le Prince ce n’est pas lui dire qu’il est un nouveau Dieu – il ne vous croirait pas – mais lui dire ses convictions, ce qui paraît utile pour le pays ; lui dire ce qu’ont croit être juste, vrai, même si on se trompe : un Prince éclairé peut être « offusqué » par ce genre de Conseilleur, mais l’appréciera en son for intérieur, plus que les flagorneurs, plus que le Conseiller larbin, duplice et dissimulateur.
Je l’ai dit : il peut y avoir écart, béance entre conviction et vérité : mais le Pays ne mérite pas d’être laissé en déréliction par la faillite de ses élites. De toutes ses élites : politiques, intellectuelles, religieuses, etc. Or et hélas, la pensée dans notre pays, souvent fourbe, est serve. Serve de l’argent, de l’ambition personnelle, duplice, versatile, velléitaire, incapable d’aller au bout de ce qu’elle pense. Grandiloquente aussi pour mieux occulter sa vacuité qu’une vaine rhétorique essaie de masquer : « je ne pense pas un traître mot de ce que je dis, l’essentiel est que le Prince se dise voilà quelqu’un qui me défend qui a compris ma vision (jamais précisée du reste) peut être serais-je récompensé et pourquoi pas par un poste ministériel ou par toute autre sinécure ? ». Ou « elle est bien tournée ma petite phrase assassine, violente ma diatribe ; peut –être que le Prince pour fermer ma grande gueule, essaierait – il de me faire taire par quelques espèces sonnantes et trébuchantes qui me permettront d’achever ma résidence secondaire de Saly, d’épouser la femme (ou l’homme) que je convoite et de m’acheter la voiture de mes rêves ? ».
Quant au Souci du pays, il pourra attendre. Et que de discussions sans lendemain dans les salons feutrés, les alcôves bancals et les bars miteux ! Que d’aveux murmurés à voix basse, « des critiques » couchés et cachés qu’il ne faut surtout pas ébruiter quand ils viennent des supposés serviteurs du Pouvoir, de dénigrements et discours variables en fonction de l’auditoire, quand ce n’est pas le renfermement dans un silence prudent. Cela est rendu possible, je le réitère de nouveau, parce que notre société est malade de ne plus savoir d’où elle vient ni où elle va. Oublieuse de sa culture de paix et de dialogue. C’est cette maladie qu’il faudrait nommer si nous voulons avoir une chance de rémission ; d’autant que je pressens que ce que j’essaie d’articuler n’est que l’écume visible de cette maladie. Les assises nationales, pour ce que j’en comprends – ne sont ni pro ni anti Pouvoir, mais s’efforcent de poser le bon diagnostic. Elles n’en ont pas cependant le monopole. Y – a – t – il un choix possible entre soigner une maladie scrupuleusement diagnostiquée et « mourir guéris » ?
Or rien n’est perdu si Le Président de la République, soucieux du Pays et de l’Histoire, je le sais, prend les mesures idoines. En jetant les bases d’un dialogue sérieux avec l’opposition ; en réduisant le train de vie de l’Etat, en normalisant ses relations avec la Presse mais surtout en faisant de la résorption de la demande sociale la surpriorité de son gouvernement, en endiguant les dérives, en « civilisant » davantage son parti, en mettant fin aux gabegies de toute sorte. En tournant le dos à ceux qui lui disent que tout va bien dans le meilleur des mondes avec une tranquille une mauvaise foi de même qu’à ceux qui prédisent l’imminence de l’Apocalypse, en luttant de toutes ses forces pour l’émergence de consensus forts. En restaurant le dialogue social ; en muselant tous les pêcheurs en eaux troubles de tous les bords qui rêvent de plaies et de bosses ; en faisant appel à toutes les compétences du pays avec comme unique principe, l’instauration de la paix : condition de l’émergence et d’une démocratie consolidée. Le faisant, il s’assure une place enviable dans la postérité en laissant une marque définitive que rien ne saurait ternir. Il partira sans crainte pour lui-même et sa famille pour incarner la figure tutélaire du Grand Mawdo, du Patriarche.
Nul ne peut gouverner dans la tourmente. Si des situations inédites venaient à se produire lui seul en serait responsable devant l’Histoire. « Il ne suffit pas d’être un grand homme ; il faut l’être au bon moment ». Sachons raison garder pour que rien n’aveugle ou n’obère les nécessaires lucidités. Il y a dans notre pays une triple urgence : politique, économique et surtout éthique. Le Chef de l’Etat, dont l’ambition pour un grand Sénégal dans une Vaste Afrique libre et prospère ne fait pas de doute, est aujourd’hui face à son peuple et à l’histoire. Face à moment décisif son Destin.
- Par Nettali -