« LA SENEGALAISE DE DELESTAGES »
ARGUMENTS TECHNIQUES CONTRE ARGUTIES POLITICIENNES Le Dsrp 2 tranche le débat sur les inondations
Article Par PAPA SOULEYMANE KANDJI,
Paru le Jeudi 25 Juin 2009
Les questions de croissance, de protection sociale, de gestion des risques majeurs et autres catastrophes naturelles incombent à l’Etat et non aux Collectivités locales. C’est la conviction d’un économiste, Alpha Ousmane Aw, qui tire ses arguments du Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté au Sénégal (Dsrp), notamment en sa phase 2. Le problème de la gestion des inondations ne devrait pas susciter autant de débats. Inondant, du coup, les populations dans un flou total. En effet, ce débat, qui a fini de prendre des relents politiciens indéniables, est tranché, de façon nette et sans équivoque, par le Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté au Sénégal (Dsrp), notamment sa phase 2, qui comprend la séquence temporelle comprise entre 2006 et 2010. En effet, il est écrit, noir sur blanc, dans sa partie portant sur les «défis de l’élaboration d’une politique de protection sociale», que : «Réduire la vulnérabilité est plus complexe que de juste réduire la pauvreté monétaire. Elle évolue dans le temps ! Elle varie selon le contexte local géographique». Il s’y ajoute que, lit-on dans le document ci-dessus cité, les objectifs visés sont divers et variés. Et le législateur d’en dresser une liste non exhaustive : ruptures dans l’écosystème et ses conséquences, sécheresses successives, érosion côtière, intrusion marine, salinisation des terres, dégradation des terres, inondations, péril acridien, etc. Une avancée notoire, par rapport au Dsrp 1, qui s’explique par le fait que les experts avaient jugé opportun de remplacer l'axe «amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables» par un autre prenant en compte «les nouvelles priorités de l'Etat et des populations en matière de gestion des risques et catastrophes auxquelles elles ont été confontées ces dernières années (naufrage du bateau le Joola, inondations, invasions acridienne, pluies hors-saison…)». Il n’en fallait pas plus pour inspirer à un économiste le commentaire que voici : «Si c’était une impression, elle est devenue une réalité : l’Etat a une mémoire courte et fuit ses responsabilités». Convoquant le chapitre 4 du Dsrp 2, notre interlocuteur renvoie l’opinion à la partie portant «Prévention et gestion des risques et catastrophes» qui précise que «l’Etat avait élaboré un programme de prévention et de gestion des risques majeurs et catastrophes qui vise principalement la maîtrise des accidents industriels majeurs et les inondations». Curieusement, au moment où l’Etat entretient cette «polémique puérile», pour paraphraser le ministre Abdoulaye Makhtar Diop, les populations vivant dans les zones inondées s’enfoncent davantage dans la précarité et l’extrême pauvreté. Il s’y ajoute que, vu leurs conséquences désastreuses sur les ménages et l’environnement, les inondations feront perdre à l’économie nationale d’importants points de croissance. C’est ce que le Pr Abdoulaye Bathily de la Ligue démocratique (Ld) définit à travers le concept de «stratégie de décroissance accélérée du régime Wade».
AFP : Vendredi 26 Juin 2009
Abdou Diouf pour un respect des mandats électoraux en Afrique
YAMOUSSOUKRO, (AFP) Le secrétaire général de la Francophonie et ancien président du Sénégal (1981-2000) Abdou Diouf a plaidé jeudi à Yamoussoukro (centre) pour un respect des mandats électoraux tel que prévus par les Constitutions en Afrique, soulignant qu'"il y a une vie après le palais".Le secrétaire général de la Francophonie et ancien président du Sénégal (1981-2000) Abdou Diouf a plaidé jeudi à Yamoussoukro (centre) pour un respect des mandats électoraux tel que prévus par les Constitutions en Afrique, soulignant qu'"il y a une vie après le palais".
De la même manière que la vocation d'un avocat ne prend pas fin avec son activité, les responsabilités et l'engagement d'un homme d'Etat, ce en quoi il croit, ne s'achèvent pas avec son mandat", a déclaré M. Diouf, parrain des manifestations marquant le 50e anniversaire de l'ordre des avocats ivoiriens.
Le président ivoirien Laurent Gbagbo et l'ancien président ghanéen Jerry Rawlings ont également participé à cette cérémonie.
S'exprimant sur le thème: "Y a-t-il une vie après le palais?", M. Diouf a répondu sans l'ombre d'une hésitation: "Oui!"
"Je peux vous dire que je ne me suis jamais senti aussi libre que quand j'ai transmis les rênes du pouvoir à maître Abdoulaye Wade" l'actuel président sénégalais, a-t-il poursuivi, sous des applaudissements de près d'un millier de participants venus d'Afrique et d'Europe.
Pour lui, "c'est une chance inédite pour ce monde nouveau encore en gestation, que de pouvoir s'appuyer sur des hommes (...) qui, dégagés des contingences du pouvoir et de la politique politicienne, peuvent développer une réflexion libre, et se faire ainsi les avocats de tous les Hommes sur la voie du progrès".
La déclaration de l'ancien président sénégalais coïncide avec l'intention déclarée depuis quelques jours du chef de l'Etat nigérien Mamadou Tandja de se maintenir au pouvoir.
M. Tandja, 71 ans, avait annoncé début mai la tenue d'un référendum portant sur une nouvelle Constitution qui lui permettrait de rester au pouvoir au-delà des deux mandats successifs actuellement autorisés. Mais, saisie par des partis d'opposition, des ONG et des syndicats, la Cour constitutionnelle avait annulé le 12 juin la tenue d'un tel référendum.
Les décisions de la Cour sont sans appel et s'imposent au président Tandja.
Cependant, mercredi, le chef de l'Etat a adressé une requête à la Cour pour lui demander de se rétracter en l'accusant d'avoir outrepassé ses compétences.
© 2009 AFP
Auteur: AFP via TV5 Monde
WALF FADJRI :
Quand la structure officielle des prix des hydrocarbures enrichit illégalement la Société africaine de raffinage
Au moment où le gouvernement se met à la vérité des prix avec la suppression des subventions, les consommateurs se doivent d’être beaucoup plus vigilants par rapport à la fixation de ces prix. C’est dans ce cadre que j’ai eu à analyser les structures des prix des hydrocarbures publiées depuis le début de l’année 2009. Résultat : Sur les six structures publiées, les trois (structures du 21 mars, du 18 avril et du 16 mai 2009) ne sont pas conformes à la réglementation en la matière. Sur la période, les prix fixés par les structures officielles ont illégalement octroyé à la Société africaine de raffinage (Sar) 3,7 milliards de francs Cfa de surplus de recettes, supportés en partie par les consommateurs et en partie par le Trésor public.
Comment est déterminé les prix des hydrocarbures ?
Le décret n°2009-952 du 26 septembre fixe les modalités de détermination des prix des hydrocarbures. Il définit de façon précise les prix sur le marché international devant servir pour le calcul du Prix parité importation (Ppi) qui constitue le prix de vente, hors droits et taxes, de la Sar. A ce Ppi, s’ajoutent les droits et taxes qui reviennent à l’Etat et les marges (distributeurs, grossistes et détaillants) encaissées par les opérateurs.
La pratique illégale
Pour la fixation des prix des hydrocarbures des structures du 21 mars, 18 avril et 16 mai 2009, les Ppi normaux (obtenus sur la base des dispositions du décret) ont été remplacés par des valeurs purement arbitraires qui ont permis de transférer illégalement des ressources à la Sar.
La structure des prix du 21 mars 2009
Pour tous les produits, le Ppi a été fixé au niveau où il se situait pour la structure des prix du 21 février 2009. De ce fait, comme l’illustrent les chiffres ci-après, tous les prix qui devaient baisser sont restés au même niveau.
PRODUITS PRIX NORMAL PRIX APPLIQUE SURPLUS Gaz butane 9 kg 4 289 F Cfa 4 820 F Cfa 531 FCFA la bouteille Gaz butane 12,5 kg 6 770 F Cfa 7 510 F Cfa 740 F Cfa la bouteille Gaz butane 38 kg 20 581 F Cfa 22 825 F Cfa 2 244 F Cfa la bouteille Essence super 580 FCFA 582 FCFA 2 FCFA le litre Essence ordinaire 547 F Cfa 550 F Cfa 3 F Cfa le litre Essence pirogue 400 F Cfa 402 F Cfa 2 F Cfa le litre Pétrole lampant 345 F Cfa 367 F Cfa 22 F Cfa le litre Gasoil 462 FCFA 491 FCFA 29 FCFA le litre Diesel 323 390 F Cfa 354 224 F Cfa 30 834 F Cfa la tonne Fuel oil 180 235 736 F Cfa 244 645 F Cfa 8 909 F Cfa la tonne Fuel oil 380 230 703 F Cfa 236.897 F Cfa 6.194 F Cfa la tonne Fuel Senelec 202 100 F Cfa 208 409 F Cfa 6 309 F Cfa la tonne Distillat TAG 329 225 F Cfa 361 530 F Cfa 32 305 F Cfa la tonne
Avec la structure de prix du 21 mars 2009, 2,2 milliards de francs ont été gracieusement offerts à la Sar, dont 1,7 milliard payé par les consommateurs et 0,5 milliard supporté par le Trésor public à travers la subvention verser pour maintenir les bouteilles de gaz butane de 2,7 kg et 6 kg à 1 000 F Cfa et 2 500 F Cfa respectivement ; avec un surplus de subvention de 59.000 la tonne.
La structure des prix du 18 avril 2009
Pour le gaz butane et le gasoil, le PPI a été fixé au niveau où il se situait pour la structure des prix du 21 février 2009 et leur prix maintenu alors qu’il devait baisser.
PRODUITS PRIX NORMAL PRIX APPLIQUE SURPLUS Gaz butane 9 kg 3 850 F Cfa 4 820 F Cfa 970 F Cfa la bouteille Gaz butane 12,5 kg 6.160 F Cfa 7 510 F Cfa 1 350 F Cfa la bouteille Gaz butane 38 kg 18 728 F Cfa 22 825 F Cfa 4 097 F Cfa la bouteille Gasoil 483 F Cfa 491 F Cfa 8 F Cfa le litre
De la même manière, 1,3 milliard de francs a été gracieusement offert à la Sar par la structure des prix du 18 avril 2009, dont 0,4 milliard payé par les consommateurs et 0,9 milliard supporté par le Trésor public pour soutenir les prix des bouteilles de gaz butane de 2,7 kg et 6 kg ; le surplus de subvention atteint 107 820 F Cfa la tonne.
La structure des prix du 16 mai 2009
La mesure a été maintenue pour le gasoil, ce qui a conduit à un prix de 491 F Cfa le litre alors qu’il devait être de 487 F Cfa, soit un surplus de 4 F Cfa le litre. 0,2 milliard de francs a ainsi été gracieusement offert à la Sar, totalement supporté par les consommateurs
La conclusion
Sur une base parfaitement illégale, les consommateurs ont enrichi la Sar de 2,3 milliards de francs Cfa indus. L’effet de la Tva sur ce surplus de recettes est de 0,4 milliard au profit du Trésor public. Par la même occasion, l’Etat a enrichi la Sar de 1,3 milliard de francs Cfa par le versement d’un surplus de subvention de 1,5 milliard pour compenser le surplus sur le prix de vente de la Sar et le surplus de Tva qui en découle. Au total le Trésor public perd dans l’opération quelque 900 millions de francs Cfa en déduisant le surplus de Tva (600 millions) de la subvention anormalement supportée.
Ce petit exercice pousse à réfléchir et à se poser la question : ‘A qui profite le crime ?’, car si le ministère de l’Energie peut fermer les yeux sur les pratiques peu orthodoxes qui avantagent une de ses sociétés, la question se pose pour le ministère des finances qui y perd des ressources au même titre que les consommateurs et pour le ministère du Commerce chargé de veiller sur les prix.
En tout état de cause les associations consuméristes doivent se doter des moyens nécessaires pour vérifier que les prix publiés sont conformes à la réglementation et au besoin les faire annuler.
Mamadou NDIAYE Consultant Email : njieconsulting@gmail.com
Gestion de la Senelec : Nous ne comprenons pas !
Combien de fois M. Samuel A. Sarr s’est adressé au peuple sénégalais pour l’assurer de la fin des délestages et d’une meilleure qualité du service ? Certes en autant de fois que nous ne nous souvenions pas, mais jusqu’à présent le mal persiste. Aminata Mbengue Ndiaye le disait : ‘Il y a des difficultés à choisir les gens qu’il faut…’ Mais pour nous, ‘le bas peuple’, le débat est de dire comment en est-on arrivé à une hausse de 20 n si peu de temps et pourquoi les risques n’ont pas été prévus.
Monsieur le Président, Samuel a eu tout le temps de démontrer ses carences depuis le début de l’alternance. Pourquoi ne pas lui chercher un poste de ministre conseiller sur les dix millions de postes disponibles à votre côté mais, de grâce, qu’il soit très loin de la gestion de l’énergie.
Quels sont aujourd’hui les montants des investissements consentis par l’Etat pour la Senelec et combien de redevances cette société n’a pas payé au trésor public ? Or voilà un secteur stratégique mais qui, depuis bientôt dix ans, est victime d’une très mauvaise gestion. N’est-ce pas ce Samuel qui, en tant que directeur général, a commandé beaucoup de véhicules pour ses ‘cadres’ dans un contexte de liquidité où l’orthodoxie d’une gestion rationnelle dictait des gros investissements sur un matériel qui a commencé à vieillir. Tout ceci était prévisible si les charges récurrentes de fonctionnement étaient bien analysées. Apparemment, M. Sarr manque de vision stratégique pour ce secteur.
Si gérer c’est prévoir les risques et incertitudes, pourquoi vous ne vous gênez jamais pour expliquer vos difficultés de management par des conditions extérieures (prix du pétrole, crise, etc.). Rappelons que tous les pays vivent cette conjoncture, mais la seule différence est la compétence. On ne change pas une équipe qui gagne, mais pour autant, une équipe qui perd doit être remplacée. Monsieur le Président, le Sénégal regorge de compétences qui pourraient nous donner plus de satisfaction. Alors, pensez à changer d’équipe.
Nous avons été atterrés par les propos du ministre qui disait que lors du premier contrat avec le fournisseur : daf nû nax (il nous a dribblé) avec une telle aisance que cela ressemble à une plaisanterie de mauvais goût car, après tout, c’est nous qui allons payé les pots cassés. Comme du reste M. Sarr ne s’est pas entouré de gens avertis et compétents. Les Sénégalais qui prétendent nous diriger doivent intérioriser définitivement qu’à certaines stations de décision, l’erreur est impardonnable. Monsieur le Ministre est à la limite arrogant vis-à-vis du peuple sénégalais. Certainement vous n’avez jamais connu la souffrance comme le bas peuple, mais cela ne vous dédouane pas de nous respecter.
Sur un autre registre, nous avons l’impression que les autorités n’ont aucune connaissance des incidences de ces délestages sur le matériel des pauvres goorgorlus, sur l’économie informelle et, de manière générale, sur notre économie. Avez-vous une idée claire de la part de l’électricité sur nos maigres budgets et comment l’attente d’une facture d’électricité hante notre sommeil. Que certainement Non ! Non parce qu’en partie, toute la discussion engagée par les associations de consuméristes et la commission de régulation est presque inutile à notre entendement, car jamais ces rencontres n’ont permis de mettre au cœur des stratégies les avantages des consommateurs. Si vous êtes conscients que demain, vous répondrez de votre gestion devant le peuple souverain, faites l’effort de nous parler un langage moins ésotérique et plus véridique. Contrairement à ce que vous pouvez penser, le peuple est loin d’être amnésique et passif. L’histoire nous édifiera.
Mbaye NIANG Mbayeniang22@yahoo.fr Wakhinane
Lettre-réponse de Benno à Wade : La charte fondamentale des assises, préalable au dialogue
Pour définir les ‘préalables et conditions’ au dialogue politique, les opposants n’ont pas cherché loin. Amath Dansokho et Cie font de la charte de gouvernance des assises la référence à tout dialogue ou concertation.
Comme prévu, la coalition Benno Siggil Senegaal a défini les ‘préalables et conditions’ au dialogue politique, dans sa lettre-réponse qu’elle fera parvenir au chef de l’Etat. Au cœur de ce dispositif, la charte fondamentale des assises nationales occupe une place centrale. Abdoulaye Bathily, sans trop entrer dans les détails, l’a fait savoir, hier, au sortir de la rencontre des leaders. ‘Nous avons rencontré le président Amadou Makhtar Mbow pour lui faire état de la lettre (les invitant au dialogue, Ndlr) d’Abdoulaye Wade. Il nous a accueillis favorablement et s'est félicité que les conclusions des assises soient incluses dans notre préoccupation. Ce qui est tout à fait normal car nous nous sommes engagés autour d'une charte pour la gouvernance’. Et, cette charte poursuit le leader de la Ld, porte-parole du jour des leaders, ‘décline tous les grands problèmes de notre pays et les propositions de solutions.
Alors, nous entendons faire de cette charte de gouvernance la référence à tout dialogue ou concertation avec qui que ce soit dans le pays’. En termes clairs, le ‘Jallarbiste’ en chef indique que les partis de l’opposition ne peuvent pas discuter sans cette charte de gouvernance qui, rappelle-t-il résume, un ensemble de solutions consensuelles dans différents domaines. Aux pourfendeurs de Benno Siggil Senegaal, Bathily fait savoir que sa coalition ne peut pas être contre les principes d'un dialogue. Parce que ‘c'est le dialogue qui a permis à Abdoulaye Wade d'être président de la République’. Il s’agit, précisément, se souvient-il, ‘du dialogue autour du système électoral. Le code consensuel de 1992 que Abdou Diouf a appliqué après la réunion des plénipotentiaires des partis, assistés des éléments de la société civile. C’est ce dialogue qui a permis de faire les élections de 1998 et de 2000 en corrigeant après chaque élection les imperfections.’ Suffisant selon lui pour comprendre que le dialogue n'est pas quelque chose de nouveau, inventé par Abdoulaye Wade. Au contraire, ‘il a bloqué le dialogue depuis son arrivée au pouvoir’.
La question des inondations a, aussi, été abordée au cours de cette rencontre. Le porte-parole des leaders d’informer, à ce propos que mandat a été donné au groupe de travail chargé de la question des inondations d'organiser une mobilisation populaire autour du sujet. Aussi a-t-il demandé à ce groupe de se rapprocher des parties prenantes des assises nationales pour trouver des solutions de sortie de crise ? Car, rappellent les opposants, ‘dans les consultations citoyennes au niveau de ces localités, la problématique des inondations a été longuement abordée’. Quant au gouvernement d’Abdoulaye Wade, Amath Dansokho et ses camarades l’invitent à prendre ses responsabilités sur la question. Et c’est pour ‘trouver des solutions immédiates mais surtout des solutions à long terme pour éradiquer définitivement ce fléau’. Les opposants ne comprennent pas qu’Abdoulaye Wade et son gouvernement veuillent dégager leur responsabilité de la gestion des inondations. Alors que, rappelle Bathily, ‘en 2005, le chef de l’Etat avait soustrait du budget de l'Etat plus de 50 milliards, disant que c'est la responsabilité du gouvernement de régler la question des inondations’.
Yakhya MASSALY
Serigne Mame Mor Sall (Spécialiste en gestion du trafic routier) : ‘Les embouteillages à Dakar coûtent 4 milliards par an aux usagers’
Serigne Mame Mor Sall est un ingénieur, spécialiste en gestion du trafic routier. Manager général de la société Transecor, il s’est entretenu avec nous à l’occasion de la clôture de la 13e semaine de l’Association des gestionnaires et partenaires africains des routes (Agepar), des conséquences des embouteillages dans la capitale. Ainsi, cet ingénieur, qui note des inadéquations entre les nouvelles infrastructures routières et celles qui existaient déjà, soutient que les embouteillages, en dehors des conséquences négatives sur la santé, coûtent plus de 4 milliards de francs Cfa par an.
Wal Fadjri : Quelles sont les conséquences des embouteillages à Dakar ?
Serigne Mame Mor Sall : Ils ont principalement deux conséquences. Ils induisent des effets économiques et sanitaires négatifs. Du point de vue économique, ils coûtent cher aux Dakarois, même si le coût par personne et par an est difficilement modulable. Néanmoins, nous avons pu quantifier les pertes. Quand on modélise, on peut connaître la valeur financière perdue à cause des embouteillages. Le carburant et le temps perdus par les usagers avoisinent les 4 milliards. Du point de vue de la santé, le logiciel que nous avons utilisé pour construire le modèle existant sur la chaussée, nous a fourni toutes les informations sur les émissions de gaz : monoxyde de carbone, azote par gramme. Ces embouteillages, avec les émissions de carbone, causent des maladies liées le plus souvent à la respiration.
Wal Fadjri : Quelles sont les solutions préconisées ?
Serigne Mame Mor Sall : Depuis 40 années, tous les pays sont dans la gestion des réseaux, en termes de trafic routier. Les pays se sont rendu compte que l’on peut construire autant de routes que l’on veut, mais, il y aura toujours des points de conflits, de stationnements anarchiques, des encombrements sur les voies. Par conséquent, la clé est dans la gestion du trafic. Quand vous avez un réseau routier, il faut gérer les flux pour pouvoir bien les maîtriser. Et ce sont les systèmes de transports intelligents (Sti) qui permettent de le faire. Il s’agit de la détection des incidents, du comptage des véhicules et des vitesses, de leurs fréquences, de manière permanente, pour savoir les facteurs de croissance et de pic. Il y a aussi la coordination entre la police et les équipes de secours en cas d’accident ou de panne. Aux Etats-Unis et au Canada, en 2004, quand un incident se produisait sur une route, accident ou panne, il fallait en moyenne 15 minutes pour rétablir la circulation. Aujourd’hui, on n’est pas efficace si l’on se bat en 13 minutes 50 secondes. Au Sénégal, un véhicule peut tomber en panne sur la chaussée pendant une demi-journée, alors que la route est bien conçue. De manière géotechnique, sa capacité normale est réelle. Il n’y a pas de saturation, la route peut écouler deux mille véhicules. Malheureusement, elle n’écoule que la moitié. Il y a donc un problème d’exploitation du réseau, qui peut être résolu par la gestion du trafic. Il n’y a pas de problème d’infrastructures. Les routes sont fiables et aptes, elles sont mal gérées.
Wal Fadjri : Pourquoi tant d’embouteillages, vu le nombre de routes construites ?
Serigne Mame Mor Sall : Dans le cadre des projets de l’Anoci, on a réglé le problème de la périphérie de Dakar. Il est très facile maintenant de faire le tour de la ville. Dans la nomenclature des routes, il y a ce qu’on appelle les routes locales, les correctrices, les artères et enfin les autoroutes, qui peuvent être des voiries urbaines d’écoulement ou de très haut débit. Maintenant, ce qu’on a construit est plus proche des autoroutes. On a les autoroutes comme Malick Sy - Patte d’Oie, Patte d’Oie - Yoff. Ensuite, on a les autres routes qui ressemblent à des autoroutes, parce que leurs caractéristiques géométriques, en termes de visibilité, de capacité de voies et de vitesses, sont des caractéristiques d’une autoroute, mais, on ne peut pas les classer parmi les autoroutes. C’est le cas des tronçons Patte d’Oie-Cices, Aéroport-Bloc des Madeleines et la Vdn puisqu’ils ont des carrefours, des dos d’âne et les piétons sont autorisés à traverser la chaussée. Ce sont des voies rapides, des express way chez les anglo-saxons.
Ces routes sont très utiles pour écouler rapidement le trafic. Mais le problème se pose aux niveaux des artères et des correctrices, qui jouent leur rôle de transition, selon l’heure de la journée. On transite d’une autoroute à une artère, d’une artère à une correctrice et d’une correctrice à une locale. Et le matin, quand les gens vont au travail, c’est le sens contraire. Par conséquent, si on facilite la circulation sur les autoroutes, sans pour autant en faire autant sur les correctrices et les locales, cela pose problème. C’est ce que nous avons actuellement à Dakar. Vous allez faire des passerelles et des trémies, parce qu’une artère se gère avec des feux de signalisation, des ronds-points…
Wal Fadjri : Pouvez-vous donner un cas concret ?
Serigne Mame Mor Sall : L’étude présentée sur le carrefour Front de terre-Bourguiba est un exemple concret. Sur cette avenue, le comptage fait en 2007 par l’Aatr montre 29 mille véhicules par jour, 27 mille sur la corniche et 24 mille sur la Vdn. Le carrefour Bourguiba-Front de terre s’est positionné comme la route qui a plus de véhicules sur tout le réseau national, mais cela n’a pas été pris en compte. Puisque certains soutiennent que le traitement des carrefours et des correctrices ne relève pas des qualifications de l’Etat, mais plutôt des collectivités locales. Mais les rôles, l’espace et le cadre ne sont pas bien définis. Il y a un problème institutionnel. La gestion des feux tricolores est transférée aux collectivités locales, malheureusement, ces dernières n’ont pas les ressources humaines et financières nécessaires. Ensuite, il y a un manque de coordination entre les collectivités locales et les autorités routières. En définitive, c’est surtout l’exploitation et moins la mise en œuvre qui pose problème.
Pour revenir au cas de Front de terre-Bourguiba, il y a l’échangeur de Hann qui est à côté et qui a coûté des milliards, mais le carrefour Bourguiba-Front de terre constitue un goulot d’étranglement. On a des files d’attente entre la route qui va de l’avenue vers l’hôpital de Grand Yoff. Il y a ensuite un autre goulot à partir de ce carrefour jusqu’à l’échangeur de Hann. Et, quand on franchit cet échangeur pour entrer dans Hann Mariste, c’est la croix et la bannière. Jusqu’à Capa aussi, on a des files d’attentes. Et il y a beaucoup d’autres.
Prenez l’autoroute Patte d’Oie-Malick Sy, c’est pratiquement impossible d’entrer dans l’avenue Lamine Guèye. Bloc des Madeleines, pareil. On gagne peut-être 20 minutes sur la corniche, mais une fois arrivé au Bloc, on ne peut pas entrer en ville. Or, un système routier c’est un ensemble et chaque élément joue son rôle. Si on met l’accent sur un seul élément visible et on laisse un autre élément invisible, qui a un rôle primordial, il y a problème.
Wal Fadjri : N’y aurait-il pas de cohérence entre les travaux dernière génération et ceux qui étaient là avant ?
Serigne Mame Mor Sall : Si vous posez la question aux gens qui s’occupaient de ces travaux, ils vous diront que ces routes ne faisaient pas partie de leur projet ou bien elles relèvent de la compétence des mairies. Mais, en tout état de cause, cela démontre l’incohérence entre les services de l’Etat et de la municipalité. L’échangeur de la place Omvs coûte dans les 4 milliards (vous pourrez vérifier les chiffres auprès de l’Anoci), alors que le carrefour Aimé Césaire-Cheikh Anta Diop n’est toujours pas régulé. Des policiers ont été mis pour gérer le trafic, alors que l’on pouvait le faire avec des outils modernes, en cohérence avec le niveau de qualité du pont, qui est juste à côté. Cela aurait évité des problèmes. Quand on fait des projets pareils, il faut prendre en compte toutes les situations annexes.
Propos recueillis par Charles Gaiky DIENE
Construction d'infrastructures routières en Afrique : Les recommandations des experts africains
Les routes sont indispensables à tout développement économique. D’après les experts, la faiblesse du réseau routier africain constitue l’un des obstacles à l’essor économique du continent. Cependant, la construction des routes coûte très cher. Et malgré leur coût exorbitant, ces infrastructures ne sont pas durables. Cela est dû, entre autres causes, à l’utilisation de matériaux non adaptés et de mauvaise qualité, d’une main-d’œuvre sous-qualifiée, à un manque de transparence dans la passation des marchés. C’est pourquoi, la 13e semaine de l’Association des gestionnaires et partenaires africains des routes (Agepar) a recommandé aux Etats des solutions, pour les aider à avoir des infrastructures routières de qualité à l’image de celles du Nord.
Ainsi, l’association, qui considère que la mise en place d’un système de normalisation propre à l’Afrique est une activité complexe, qui requiert des moyens financiers élevés et des ressources humaines compétentes, recommande aux Etats de se pencher ‘très sérieusement’ sur la question des normes et standards harmonisés, en vue de créer les conditions favorables à des études de conception d’infrastructures routières répondant aux problèmes de mobilité. De plus, les experts, qui estiment que la bonne qualité des études et des travaux exige la mise en place d’une démarche qualité, exhortent les pays à intégrer, dans la conception des projets routiers, des audits externes de sécurité routière avant, au cours et après les travaux. Ces contrôles ont pour objectif de s’assurer de la mise en place d’infrastructures routières sures et durables.
A propos du financement des routes, l’association insiste sur la nécessité de recourir davantage à des mécanismes de partenariats public-privé et à davantage faire appel au secteur privé. Et pour favoriser ce mécanisme de partenariat public-privé, l’Agepar conseille aux Etats de développer des dispositifs institutionnels et législatifs suffisamment incitatifs.
Au sujet de l’exploitation routière, vu que celle-ci requiert peu d’attention dans les différentes activités de gestion du réseau routier et que chaque Etat a besoin d’infrastructures routières sûres et durables, l’association invite les pays à la poursuite des efforts d’amélioration des routes en vue de réduire les risques d’accidents et à prendre en compte des équipements de stationnement et de repos lors de l’élaboration des projets. Enfin, il est conseillé l’instauration d’un système de planification à l’échelle spatiale du système routier et des modes de transport.Cependant, de l’avis des participants à ces assises, les pays ne sauraient avoir des routes fiables sans un certain sens civique des automobilistes.
Ch. G. DIENE
LE SOLEIL :
Moustapha Guirassy, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement : « L’appel au dialogue s’inscrit dans une totale cohérence avec l’attitude du chef de l’Etat »
Le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, M. Moustapha Guirassy explique dans cet entretien, le sens du dialogue politique et invite l’opposition à saisir cette main tendue du président de la République.
Le président de la République vient de lancer un appel au dialogue politique avec l’opposition. Comment percevez-vous le sens de cette initiative ?
Je la vois inscrite dans une totale cohérence avec l’attitude du président de la République depuis qu’il est au pouvoir. Ce que le président Wade n’a cessé de dire, c’est que la démocratie exige la concertation et la libre expression des points de vue. On ne dira jamais, parlant du Sénégal sous la présidence de son Excellence Me Wade, que nous sommes dans un Sénégal où la parole politique est étouffée. Les partis politiques se réunissent, se regroupent, s’expriment partout et il en est de même des citoyens et de la presse. Personnellement, je préfère le terme de concertation politique à celui de dialogue politique. Le terme de dialogue politique serait approprié dans le discours politique à des moments de grande tension, de grande crise, de désordre économique et social. Et ce n’est pas le cas aujourd’hui au Sénégal. Pensez à notre récent succès à Genève auprès du Fmi, à nos progrès sur la protection des droits de l’Homme. Pensez aussi à la fiabilité de notre fichier électoral, à la réputation de stabilité politique et sociale du Sénégal et à ses succès diplomatiques qui amènent plusieurs pays à faire confiance à la sagesse de notre président pour régler des conflits internationaux. Malgré ce que veulent faire croire certains, nous vivons une période positive de décrispation sociale et politique et de bonne réputation internationale et cela est propice à la concertation.
Vous semblez dire que le Sénégal est un pays sans problèmes...
Je ne dis pas que le Sénégal est sans problème mais nous sommes dans une meilleure période de paix sociale et politique et le Premier ministre et son équipe sont résolument tournés vers ce qui est le plus important pour la population : travailler et être à l’écoute. Je garde quand même, pour les besoins de l’interview, le mot dialogue en rappelant toutefois que ma préférence va à l’expression concertation pour désigner l’initiative du président de la République.
Pourquoi dialoguer avec l’opposition en ces moments précis ?
La mise en œuvre des changements souhaités par le président rend incontournable l’articulation d’une vision mobilisatrice impliquant toutes les forces vives du pays. Quelle valeur donner par exemple au Fesman ou à la Révolution rurale ou à la célébration prochaine de nos cinquante années d’existence comme pays indépendant sans l’adhésion de tous les Sénégalais ? Mais aussi quelle valeur donner au sens de la responsabilité et de la citoyenneté des hommes politiques, de la Société civile s’ils ne répondaient pas aux appels républicains du chef de l’Etat ?
Le président a toujours su qu’il ne suffisait pas de donner « l’ordre » du changement pour que les acteurs du pays, en provenant d’obédiences diverses antérieurement autonomes, se sentent liés par le changement proposé. Aux actions hautement symboliques que le premier des Sénégalais se doit de poser pour signaler l’enclenchement du changement, aux efforts que ce dernier doit consacrer pour « influencer » les Sénégalais et les amener à s’approprier le changement, s’ajoutent des actions à caractère politique dont l’objectif est de permettre aux acteurs, symbolisant l’opposition, d’effectuer un passage aussi harmonieux que possible vers la nouvelle culture d’émergence.
Cette rencontre devrait aussi permettre à l’opposition d’avoir le sentiment réel de contribuer non seulement à l’actualisation du changement mais aussi à son élaboration. Cette rencontre donne, par ailleurs, à l’opposition, une présence politique que, dans l’imaginaire des Sénégalais, elle avait perdue suite aux dernières législatives. C’est aussi là une ouverture généreuse du président de la République.
Le dialogue a-t-il des chances de réussir ?
Le dialogue politique est le moment d’une prise de parole plurielle et celle-ci ne s’identifie ni au bavardage collectif, ni à une séance de défoulement verbal collectif. Le dialogue politique, qui a des chances de réussir, est un échange traversé par le principe de reconnaissance, c’est-à-dire la reconnaissance des statuts et des prérogatives des uns et des autres. Nous avons un pouvoir exécutif légitime, une Assemblée nationale légitime et des élus locaux légitimes. Ce que confirment un fichier électoral fiable et le regard de toute la communauté internationale. Nous avons une opposition qui découle du jeu démocratique. Certains, en toute liberté démocratique, ont choisi de boycotter les législatives, tandis que d’autres, en toute liberté, ont participé aux élections. Les élections locales ont encore prouvé la fiabilité de notre fichier électoral et ont permis une percée notable de l’opposition, même s’il est avéré que la coalition reste plus que jamais majoritaire dans le pays. La crédibilité de notre démocratie est reconfirmée. Ce sont des programmes politiques, des orientations de gestion du pays qui ont été présentés à la population par les partis politiques et la population a fait son choix souverain. Si chaque partie met en avant la République, ses institutions, ses intérêts, ses usages et convenances, cette concertation connaîtra alors un grand succès pour le grand bonheur des Sénégalais. Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, est à l’écoute des idées de tout bord, de toute allégeance qui puissent l’accompagner dans sa volonté de développer concrètement le Sénégal. Aujourd’hui plus qu’hier, les conditions sont davantage réunies pour un dialogue politique responsable et constructif. Nous ne pouvons dialoguer et en tirer des bénéfices pour la population que lorsque les conditions pour le succès de l’entreprise existent. Nous ne pouvons pas nous permettre des rencontres qui ne confirmeraient que les polarisations de points de vue.
Et si l’opposition mettait des conditions à ce dialogue ?
La légitimité des uns et des autres acceptée, l’intention de chaque acteur n’étant pas de s’accaparer des attributs de l’autre, la volonté commune n’étant pas de considérer les convictions d’un groupe particulier de la population comme le référentiel de l’échange, mais le mobile premier étant de dialoguer avec celui que le peuple souverain a choisi pour définir la politique de la nation sur des idées, sur des propositions qui renforceraient la paix sociale, la démocratie et le développement économique et social du pays ; les paramètres peuvent être réunis pour que les différents acteurs de la scène politique et sociale puissent se concerter.
Quelqu’un qui se lance dans un dialogue politique en disant que le seul critère de succès réside dans la totale satisfaction de ses attentes, celui-là n’a pas compris ce qu’est le dialogue politique ou n’est pas disposé au dialogue. Quelqu’un dont la motivation est de substituer son programme politique à celui défini par la personne que le peuple souverain a choisi, ne donne pas chance au dialogue. De plus, l’esprit du dialogue politique demande que le consensus total ne soit pas l’étalon de mesure du succès. Il faut s’attendre dans un dialogue à ce que certains consensus se fassent et que des divergences puissent subsister mais qui pourraient être levées à d’autres moments du débat démocratique. Il faut éviter de mettre en avant des conditions qui conduiraient à une impasse. Et si en ces temps ci, son Excellence le président de la République appelle l’opposition à la concertation, c’est qu’il se dit que nous Sénégalais, avons le patriotisme fort, assez déterminant pour pouvoir toujours nous retrouver autour de valeurs fortes, autour d’actions concrètes qu’il met en avant pour construire le pays.
N’est-ce pas par contrainte que... ?
(Il coupe. Non !) Dans le contexte des grandes mutations économiques, des grandes transformations industrielles que le Sénégal vit, que le Sénégal vivra, il nous faut anticiper aussi sur les mutations sociales et culturelles, celles des valeurs que ces transformations apporteront. Car développer, c’est prévoir, c’est anticiper autant sur les aspects positifs que sur les problèmes potentiels. Sa démarche nous parle au contraire de notre responsabilité, de la responsabilité des actions que nous posons pour l’avenir, donc pour les générations futures.
Cette ouverture par le président Wade est le signe d’un Sénégal qui ne se contente pas de dire qu’il est démocrate. C’est le signe d’un Sénégal qui montre dans l’action qu’il respecte les citoyens et est fortement attaché à la paix sociale. Avec cette démarche et avec ce qui est à venir comme décrispation, c’est le Sénégal qui, dans l’action, construit avec responsabilité l’inclusion politique. Aucune contrainte. C’est librement qu’il dit oui au dialogue. Et c’est parce qu’il est aussi libre de dire non que son oui a tant de valeur.
Encore des manœuvres du président disent certains ?
Il est impératif pour le chef de l’État impliqué dans le changement d’élaborer une stratégie politique, s’il souhaite éviter la politisation de la mise en œuvre du changement envisagé. C’est différent de la manœuvre politicienne. Oublier l’impact politique d’un changement aurait des conséquences tout aussi tragiques que de piloter un changement sans proposer une vision mobilisatrice.
Y aura-t-il vraiment entente ?
Ils ne pourront pas, à coup sûr être, d’accord sur tout mais dans l’approche du chef de l’Etat, il s’agira de proposer une vision ouverte qui, à la fois, sache être à l’écoute des éléments des visions défendues par l’opposition mais en même temps, sache marquer son territoire par la mise en avant d’éléments spécifiques qui sont incontournables dans la nouvelle politique de relance du développement économique et social qu’il conduit depuis l’avènement de l’alternance.
M. le ministre, est-ce que la question de l’institutionnalisation d’un chef de l’opposition ou de l’opposition officielle pourrait faire partie des éléments de discussion ?
Je ne sais pas. Je ne peux anticiper sur les éléments précis de contenu de ce dialogue. Ce qui se dessine, c’est que le questionnement pourrait être ouvert. Personnellement, je vois ce statut du chef de l’opposition comme un enjeu important de notre démocratie. Le Secrétaire général du PS, M. Ousmane Tanor Dieng, a fait récemment référence à cette question. Le président Wade a toujours accordé une grande importance à la valorisation de l’opposition. Il a été longtemps dans l’opposition pour comprendre les besoins de ces élus du peuple qui portent une partie de la volonté de la population.
Le statut de l’opposition se trouve dans nos textes. Quant au statut du chef de l’opposition, depuis son accession au pouvoir, le président de la République en parle et réfléchit aux conditions de son instauration pour renforcer la position de l’opposition.
Vous n’oubliez pas que le président avait chargé, je crois, le professeur El Hadj Mbodj de réfléchir au statut du chef de l’opposition et à la manière d’institutionnaliser son leadership dans un contexte d’émiettement, d’inflation des partis politiques, pouvant occasionner un certain désordre. C’était donc dans le souci d’optimiser la cohérence et le rendement de l’opposition que le président de la République avait pensé à ce statut du chef de l’opposition et au statut d’opposition officielle. On avait beaucoup parlé à ce moment de l’exemple canadien. L’institutionnalisation d’une opposition officielle et d’un statut du chef de l’opposition est une démarche de valorisation de la volonté populaire parce qu’elle permet de reconnaître que, lors des élections, le peuple a désigné un second issu d’un parti politique qui mérite de détenir un statut particulier, des privilèges et de bonnes conditions de travail. C’est un geste fort de reconnaissance de la volonté du peuple. Nous ne sommes pas au Canada, bien sûr et c’est pour cela que nous devons réfléchir aux conditions sénégalaises d’instauration de ce statut d’opposition officielle et de chef de l’opposition. Faut-il rappeler que la révolution démocratique initiée par le chef de l’Etat et cristallisée dans la Constitution de 2001 a été, en son temps, fortement soutenue par la majorité de l’opposition (le Parti socialiste compris).
L’opposition y voit des manœuvres !
Ne soyons pas Cassandre en cherchant à dénaturer une proposition qui cherche à valoriser l’opposition et qui fait ses preuves ailleurs. Il y a là une volonté d’innovation démocratique qui ne peut déranger que ceux qui veulent continuer de vivre dans la confusion politique et la non décantation des leaderships.
Un autre sujet brûlant. Que pensez-vous de la polémique opposant ministres et élus locaux sur la prise en charge des inondations ?
Tout d’abord, nous prions Dieu pour avoir une excellente saison des pluies et pour que la population soit épargnée des inondations. C’est là le souhait de la population, des élus locaux, du gouvernement et le souhait le plus fort du chef de l’État, Me Abdoulaye Wade. Nous avons tous à cœur le bien-être de la population. Nous parlons déjà d’inondation parce que ceux qui gouvernent ont une mission d’anticipation. Donc parler des inondations, c’est assumer cette mission d’anticipation. Il faut nous préparer à toutes les éventualités. L’État reste logique, conséquent avec ce qu’avait énoncé son Excellence le président de la République. Il avait dit qu’il veillera à ce que rien ne fasse obstacle à l’exercice des fonctions dont les collectivités locales ont été investies. Celui qui dit cela n’est pas dans un esprit de ressentiment, de blocage ou de mise en otage. Ce qui est important, c’est que, selon les niveaux de compétence, que chacun travaille à assumer pleinement son rôle de satisfaction des besoins des populations. Si à ce moment-ci, certains élus locaux et quelle que soit leur allégeance politique, prennent l’initiative de s’adresser au gouvernement pour les appuyer dans leurs actions, alors chaque partie aurait joué son rôle pour le grand bonheur des Sénégalais.
Ce qui est sûr, c’est que l’État jouera son rôle et assumera pleinement ses obligations. Les différents niveaux administratifs ont chacun leur rôle et pourront collaborer. Le gouvernement y veillera. Il saura être à côté des collectivités et des populations. Il ne se défilera pas, mais s’assurera qu’il n’y a pas de confusion de compétences mais cohabitation de compétences, parce qu’en définitive, l’Etat et les collectivités relèvent d’une même entité. La population ne doit pas souffrir d’une confusion dans les obligations.
On a l’impression de trop politiser cette question qui semble pourtant être prioritaire et urgente ?
Il nous faut savoir lire, avec objectivité, les résultats des élections de mars 2009. Elles constituent indéniablement une percée de l’opposition mais elles sont loin de signifier que celle-ci contrôle la volonté des Sénégalais. L’opposition, se basant sur son relatif succès aux locales et sur ses assises, pense que le chef de l’État, dont le programme politique a été validé en juin 2007, ne peut entreprendre sa politique du changement en vue d’améliorer les conditions de vie des Sénégalais sans prendre en charge, sans faire de leur référentiel, la base du changement. C’est un peu le monde à l’envers : plutôt qu’un travail « d’incubation politique » de la vision du chef de l’État, ce serait l’incubation politique de la vision de ceux à qui le peuple, par des élections démocratiques, n’a pas remis la direction de son destin. A défaut de faire de son référentiel la base des discussions, elle ne se sentirait par liée par la mise en œuvre et les conséquences du changement. Ce que l’opposition n’a pas obtenu lors des élections présidentielles, c’est-à-dire le pouvoir de définir la politique de la nation, elle veut l’obtenir par des stratégies politiciennes qui risqueraient de créer l’impasse. Je dirai pour conclure que l’appel à la concertation du chef de l’État est responsable, ouverte et généreuse. Mettre en priorité le Sénégal, mettre en priorité la République commandent de répondre à l’appel républicain du chef de l’État. Le peuple ne comprendra pas que l’on refuse l’appel à la concertation de celui qui a en charge de définir la politique de la nation.
A quand la rencontre avec l’opposition ?
Les usages et les convenances de la République permettent au président, comme l’a rappelé le Premier ministre, il y a quelques jours, de convoquer ou consulter tout citoyen ou groupe de citoyens. Le citoyen ne pourra alors que répondre à l’invite du chef de l’Etat pour ne pas perdre la bataille de l’opinion, pour ne pas avoir à manquer de respect à l’institution présidentielle et pour ne pas avoir à refuser la concertation dans un pays qui a le dialogue comme credo.
Dialogue ou concertation ?
Je parlerai plutôt de concertation en précisant que c’est une déclinaison pratique de la vision du président. On parle de dialogue quand il y a conflit, alors que concertation est une chose normale et courante.
Propos recueillis par DAOUDA MANE
RÉPONSE A L’APPEL DU CHEF DE L’ETAT : L’opposition tient à un « dialogue inclusif et sincère »
La coalition « Bennoo Siggil Sénégal », un regroupement de plusieurs partis politiques de l’opposition, a répondu à la lettre d’invitation pour le dialogue politique que le chef de l’Etat lui avait récemment envoyée. Selon le Pr Abdoulaye Bathily, Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), parti membre de « Bennoo », l’opposition veut un « dialogue inclusif et sincère ». Sa réponse contient des préalables, avant d’entamer des discussions avec le chef de l’Etat.
« Il faut que le dialogue politique soit inclusif et sincère. Il faut aussi qu’il soit engagé autour de problèmes qui concernent tous les segments de la société. Et au terme de ce dialogue, les conclusions qui sont retenues soient appliquées sans y enlever un mot, conformément à notre tradition de dialogue ».
Ce sont là les préalables posés par la coalition « Bennoo Siggil Sénégal », avant d’entamer un dialogue avec le président de la République. Ils sont contenus dans la lettre réponse que cette coalition de partis politiques membres de l’opposition va envoyer au chef de l’Etat dans les prochaines heures, selon le Pr Abdoulaye Bathily, porte-parole hier, de la conférence des leaders de Bennoo, qui a eu lieu hier chez Amath Dansokho.
Le Pr Abdoulaye Bathily rappelle que les grands sujets qui peuvent être l’objet de dialogue ont déjà été abordés par les Assises nationales. C’est pourquoi, il estime que l’opposition reste fidèle à ces Assises. "Nos référentielles uniques, ce sont les Assises nationales", avertit-il.
Les leaders de l’opposition déclarent également que leur perspective principale, « c’est de consolider l’unité, la victoire et aller vers de nouvelles victoires ». « Nous ne pouvons pas être divertis par une initiative qui n’est pas de nous », fait remarquer le Pr Bathily. Et d’ajouter : « nous avons engagé les perspectives qui pour nous sont incontournables pour aller au dialogue".
En attendant une réponse du côté de la mouvance présidentielle, l’opposition s’est engagée dans une autre bataille, « la défense des terres des populations de Mbane ». "C’est une vaste entreprise de spoliation foncière qui est mise en oeuvre dans cette localité avec l’octroi de milliers d’hectares à des responsables du régime", dénonce le Pr Bathily. Le Pr Bathily a annoncé une campagne nationale et internationale de dénonciation de la « spoliation des terres de Mbane ».
La conséquence de cette "forfaiture", selon le leader de la Ld, c’est " l’annulation des bureaux de Diamaguène et de Ndome dans cette localité. Ce qui a entraîné la perte de cette Communauté rurale au profit de la Coalition Sopi 2009 ».
Par ailleurs, la coalition de l’opposition va organiser ses maires en mettant en place « l’Association des maires Bennoo ».
La gestion des inondations sera certainement au coeur des combats de cette association. Il s’agit, selon le Pr Bathily, d’organiser la mobilisation contre la décision de l’Etat de se désengager de la gestion des inondations.
Babacar DIONE