Projet mort-né : Le ticket scélérat à la poub
Dans la capitale sénégalaise, les manifestants ont obtenu le retrait d'un projet de loi qui modifiait le mode de scrutin. Reportage.
(De Dakar) Plusieurs blessés, des jets de pierre, des tirs de grenades lacrymogènes, des canons à eau, bastonnades et voitures brûlées… La situation a tourné à l'émeute, jeudi dans le centre-ville de Dakar, lors de manifestations contre un projet de loi perçu par l'opposition comme préparant une succession « monarchique » au pouvoir du président Abdoulaye Wade. Ce dernier a entendu le message, et a annoncé jeudi soir le retrait pur et simple de son projet.
Crainte d'une « dévolution monarchique du pouvoir »
Jeudi, l'Assemblée nationale, dont les membres sont à 88% membres du PDS, le parti au pouvoir, examinait le projet de loi du président Wade, qui institue en particulier l'élection au suffrage universel d'un président et d'un vice-président, un « ticket » qui remplace la désignation du seul président.
Le projet de loi prévoyait :
« En cas de démission, d'empêchement définitif ou de décès en cours de mandat, le président de la République est remplacé par le vice-président. »
Une décision qui a suscité la polémique alors qu'opposition et société civile craignent depuis des mois une « dévolution monarchique du pouvoir » d'Abdoulaye Wade, 85 ans, au profit de son fils Karim, 42 ans, actuellement à la tête de pas moins de quatre ministères.
Une autre disposition prévoyait l'instauration d'un « quart bloquant » : un ticket était déclaré élu s'il réunissait au moins 25% des suffrages exprimés. Opposition et société civile considèrent qu'il s'agit ni plus ni moins d'une suppression du second tour.
Coup de théâtre jeudi soir, puisque la réforme du mode de scrutin a été retirée. La prochaine élection présidentielle sénégalaise, en 2012, se fera donc sous l'ancien système, comparable au modèle français.
Il reste désormais à voir si ce recul du président Wade suffira à apaiser le climat particulièrement tendu.
La « préoccupation » (...)
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Dans la capitale sénégalaise, les manifestants ont obtenu le retrait d'un projet de loi qui modifiait le mode de scrutin. Reportage.
(De Dakar) Plusieurs blessés, des jets de pierre, des tirs de grenades lacrymogènes, des canons à eau, bastonnades et voitures brûlées… La situation a tourné à l'émeute, jeudi dans le centre-ville de Dakar, lors de manifestations contre un projet de loi perçu par l'opposition comme préparant une succession « monarchique » au pouvoir du président Abdoulaye Wade. Ce dernier a entendu le message, et a annoncé jeudi soir le retrait pur et simple de son projet.
Crainte d'une « dévolution monarchique du pouvoir »
Jeudi, l'Assemblée nationale, dont les membres sont à 88% membres du PDS, le parti au pouvoir, examinait le projet de loi du président Wade, qui institue en particulier l'élection au suffrage universel d'un président et d'un vice-président, un « ticket » qui remplace la désignation du seul président.
Le projet de loi prévoyait :
« En cas de démission, d'empêchement définitif ou de décès en cours de mandat, le président de la République est remplacé par le vice-président. »
Une décision qui a suscité la polémique alors qu'opposition et société civile craignent depuis des mois une « dévolution monarchique du pouvoir » d'Abdoulaye Wade, 85 ans, au profit de son fils Karim, 42 ans, actuellement à la tête de pas moins de quatre ministères.
Une autre disposition prévoyait l'instauration d'un « quart bloquant » : un ticket était déclaré élu s'il réunissait au moins 25% des suffrages exprimés. Opposition et société civile considèrent qu'il s'agit ni plus ni moins d'une suppression du second tour.
Coup de théâtre jeudi soir, puisque la réforme du mode de scrutin a été retirée. La prochaine élection présidentielle sénégalaise, en 2012, se fera donc sous l'ancien système, comparable au modèle français.
Il reste désormais à voir si ce recul du président Wade suffira à apaiser le climat particulièrement tendu.
La « préoccupation » des Etats-Unis
Mercredi soir, l'ambassade des Etats-Unis à Dakar avait exprimé sa préoccupation face à ce projet de loi qui menace de plonger le Sénégal, l'un des pays-clés de l'Afrique de l'Ouest, dans une période de profonde instabilité. Les affrontements avaient commencé la veille dans la capitale sénégalaise, avec l'apparition de pancartes inspirées par la révolution tunisienne : « Wade dégage ! »
Plusieurs personnes ont été blessées dans les nouveaux affrontements de jeudi. Parmi les blessés, selon l'AFP, figure Alioune Tine, président de la Rencontre africaine des droits de l'homme, à la pointe de la contestation contre le projet de réforme constitutionnelle.
Alioune Tine se trouvait en compagnie de l'ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio lorsqu'il a été attaqué par des présumés « hommes de main » d'un responsable du parti présidentiel.
Les émeutiers s'en sont notamment pris à l'hôtel des députés, qui se trouve à Dakar Plateau, à coté du marché Sandaga, qui a été incendié.
VOTE DU TICKET PRESIDENTIEL Le peuple sénégalais sort de sa torpeur
par Denise ZAROUR MEDANG
Le peuple sénégalais s’est opposé farouchement au projet de loi du président de la République pour un ticket président et un vice président pour la présidentielle de 2012. De jeunes manifestants ont réclamé le départ du président Wade. Des altercations ont fait plusieurs blessés, des dégâts matériaux et dit-on, mort d’homme.
Place Sowéto, ce site est connu des citoyens. Situé en plein centre ville, il fait face à l’Assemblée nationale. Hier, jeudi 23 juin, elle a été le lieu de convergence du peuple sénégalais. Très tôt le matin, les riverains ont été surpris par le dispositif de sécurité. Les forces du Groupement mobile d’intervention de la police (Gmi) se sont déportées massivement avec tout l’équipement nécessaire. Armés de lacrymogène et autre moyen de sécurité, les forces de sécurité ont fait face aux manifestants venus protester contre le projet de loi sur le ticket président et vice président qui est soumis à l’examen des députés.
Le peuple sénégalais s’est signalé vers les environs de 08 heures. Par petit groupe, des citoyens ont pris d’assaut la devanture de l’Assemblée nationale et occupé tout le centre ville. Très déterminés dans leur lutte, ils se sont déplacés avec des pancartes, des brassards rouges pour protester contre ce ticket. Avec des slogans « Ne touche pas à ma Constitution ». « Libérons notre démocratie », « Non à l’autocratie », « Non au tripatouillage.»
Une jeunesse très déterminée. Les partisans de l’Alliance pour la République (Apr) de la Médina font partie des premiers à donner le ton de la rencontre. Ils ont été stoppés dans leur allure par les forces de l’ordre qui leur ont demandé de changer de position.Quelques instants après c’est Me Aissata Sall Tall qui arrive sur les lieux. Elle a fait un tour d’honneur, avant d’accueillir le leader de l’Afp, Moustapha Niasse de l’Alliance des forces du progrès vers 08h 30, qui vient de rejoindre les manifestants. Jusque là, les forces de l’ordre ont contrôlé la situation, il a fallu l’arrivée de Farba Senghor pour que la situation dégénère. Ce dernier a tenté de provoquer les manifestants en faisant un tour avant d’entrer dans l’hémicycle. Une attitude qui a déplu aux jeunes qui l’ont hué avant de lui jeter des pierres et des sachets contenant des urines.
L’heure fatale
La confrontation entre les forces de l’ordre et les manifestants a commencé à 10 heures. Après l’arrivée de Cheikh Tidiane Gadio et de Macky Sall, les manifestants ont sauté les grilles pour s’approcher de l’hémicycle. Les forces de l’ordre, incapables de gérer la situation, ont lancé des grenades lacrymogène. C’est le sauve-qui-peut pour les protestataires et les leaders politiques qui cherchaient à se sauver. Les manifestants ont riposté en jetant des pierres. Ils reviennent toujours sur les lieux après un repli tactique, pour réclamer le retrait de la loi, ainsi que la démission du président Wade.
Le Pds envenime la situation
Les jeunes libéraux ont composé un front pour riposter contre les manifestants. Ils ont occupé la ruelle qui mène vers l’hôpital le Dentec. Ces derniers se sont attaqués à Alioune Tine de la Raddho, non sans le blesser. N’eut été l’intervention des forces de sécurité, la vie du patron du Raddho était sérieusement menacée. Jusqu’au moment où nous rédigeons cet article, Alioune Tine se trouve au service d’urgence de l’hôpital principal. Une réaction qui a envenimé la situation. Les manifestants les ont chargés, avant de saccager la maison de Farba Senghor qui se trouvait à une dizaine de mètres de l’Assemblée nationale.
Les nervis trouvés sur place auraient tiré sur la foule. Les altercations ont fait des blessés, noire des morts, selon des témoins trouvés sur place. Il y a eu beaucoup de dégâts matériels dont des voitures calcinées.
Projet mort-né : Le ticket scélérat à la poubelle
Alors que les évènements de Sangalkam, nés de raisons purement politiciennes et qui ont abouti à la mort regrettable du jeune père de famille Malick Bâ ne se sont pas estompés, Wade, pour accélérer la cadence et comme à son habitude, a cru devoir introduire encore en procédure d’urgence une loi instituant un ticket aux prochaines joutes électorales et se glorifier d’avoir «assommé» l’opposition quand les réactions ont commencé à fuser au sein de cette même opposition.
Dans mon article publié en octobre 2010 et intitulé : Plaisants père et fils et parfum de Président à mort, je disais que Wade ne transmettra pas le pouvoir dans la paix et dans l’élégance comme son devancier et comme nous l’avons vu au Ghana entre John Kuffor et Atta Mills. Il fera tout pour rempiler, et le dispositif qu’il est en train de mettre en place renseigne parfaitement sur cette volonté. Tous les moyens seront utilisés à cet effet (chantage, corruption, intimidation, menaces).
La journée du 23 juin sera à jamais gravée dans l’histoire politique, tellement la détermination du peuple a été forte. Il passera une mauvaise soirée, c’est sûr, avec son fils, ce petit «toubab» au cœur de la République. C’est sûr que si ce projet était voté, c’est même l’Assemblée nationale qui allait être détruite par ce peuple maintenant debout. Et comme le rappelait le Président Senghor dans un discours mémorable au Brésil devant Castelo Branco en citant l’avocat bordelais Gara Ainé, détruire l’institution et la reconstituer sur d’autres bases, mais y croire.
Le maintien de Cheikh Tidiane Sy à son poste trouve maintenant toute sa justification.
La jeunesse combattante est à féliciter et à encourager dans son rôle de sentinelle. Cette jeunesse qui avait les bretelles, est au devant de la lutte pour stopper ce pouvoir fou, sanguinaire et prédateur qui ne fait qu’enrichir un clan et des enfants.
Notre premier Président a quitté volontairement le pouvoir ; le second a perdu le pouvoir à la suite d’élections transparentes et régulières ; lui veut transmettre le pouvoir par un schéma absurde de dévolution monarchique.
«Nous allons élire Me Abdoulaye Wade qui, après cette élection va passer le pouvoir à cet homme qui est là devant vous, Karim Meïssa Wade.» Voici ce que Awa Ndiaye a théorisé publiquement et sans vergogne. Elle est devenue ministre d’Etat pour cela malgré les grosses casseroles qu’elle traîne.
Wade n’a pas digéré la défaite familiale de 2009 et c’est la raison du renforcement des pouvoirs de son rejeton préféré, de la promotion de ses obscurs amis, et de la mise à la tête du ministère des Collectivités locales d’un jeune sauvageon libéral rien que pour rendre la vie dure aux mairies gagnées de haute facture par Bennoo. Mais il se rendra à l’évidence que son choix est mauvais, absurde et insultant pour le pays.
Si Wade savait combien le peuple a du mépris pour sa gouvernance, pour parler comme son fils mal éduqué qui fait l’apprentissage de l’insolence, il allait rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.
Il a l’avantage d’avoir dans son pouvoir des hommes sans foi ni loi, des transhumants répugnants, de grands prédateurs qui vont précipiter la chute de son pouvoir pour des intérêts bassement matériels.
Comment comprendre que cette Assemblée qui a eu à voter un poste de vice-président depuis mai 2009 dans les mêmes formes (procédure d’urgence), qu’il n’a jamais pourvu, se permette de légiférer encore sur un même poste ?
Dans son pouvoir il y a des individus dont les pères se remuent dans leur tombe chaque fois qu’ils défendent certaines positions de Wade.
Tous ceux qui ont porté, soutenu et défendu ce poste de vice-président sont les pires fumiers de notre cher pays.
Et maintenant où est le Premier ministre qui bombait son torse à la «jango» pour dire que le projet sera voté ?
C’est maintenant clair dans leur tête que «leur peuple» est différent du vrai peuple qui était dans la rue partout dans le pays pour dire «y’en a marre de vous !»
C’est cela aussi la prouesse de Wade, parvenir à dévaloriser la fonction ministérielle à un niveau jamais égalé dans aucun pays sérieux, avec la promotion de vulgaires individus à des postes aussi stratégiques, faire place et promouvoir tout transhumant ou «fossiles politiques», surtout venant du Ps ou de l’Afp rien que pour entendre ceux-la, ravaler toute honte bue ce qu’ils ont jadis admiré et servi. Entendre des «venant de» ou «revenant de» qui, comme du bétail, lui faire acte d’allégeance, lui donnent du baume au cœur et pour cela, il est prêt à tout. C’est triste et révoltant. Mais comme on dit dans les grandes révolutions, on trouve deux catégories de gens, ceux qui les font et ceux qui en profitent.
Voici une journée avec tout ce que nous avons vécu en direct comme gâchis, rien que pour imposer par la force son fils et son clan à la tête du pays.
Wade doit limoger son incompétent de fils qui ne réussira rien dans ce pays et ne le dirigera jamais.
Il est plus que temps pour Wade d’être sage. Et comme le disait André Chénier, le temps d’être sage est voisin du tombeau.
Salif NDIAYE - Dieuppeul2 - Salifn2000@yahoo.fr
Nous ferons face, Monsieur le Président de la République, quel qu'en soit le prix
Monsieur le Président de la République,
Je suis arrivé ce matin au bureau, pressé de finir des tâches importantes, mais, le cœur gros, dépité, je me suis donné la liberté de m'inviter à ce débat qui agite le pays dans son ensemble. Monsieur le Président de la République, je me permets de vous adresser cette lettre ouverte afin de vous donner mon sentiment sur ce qu'il convient, désormais, de considérer comme un coup d'Etat honteux contre la démocratie et la grandeur du Sénégal forgée par vos prédécesseurs et d'illustres Sénégalais, avec minutie, patience, ténacité, esprit d'ouverture et de dialogue.
Monsieur le Président de la République, le Sénégal est un pays qui s'est illustré depuis des lustres comme une marque de fabrique que nous envie le monde entier, surtout en Afrique où nous étions un modèle dans presque tous les domaines avec des hommes de grande envergure qui n'ont eu comme seule préoccupation que de polir cette image reluisante. Malheureusement, depuis votre accession à la tête de ce pays, porté par une légitimité populaire incontestable à la suite d'une élection calme, paisible et transparente sur la base d'un code électoral consensuel, vous avez pris le parti de déconstruire tout ce qui a été méthodiquement mis en place par le peuple sénégalais à travers des luttes épiques.
Vous avez vous-même activement pris part à cette lutte du peuple pour plus de liberté, de démocratie pour qu'au bout nous ayons des élections crédibles qui reflètent la volonté populaire maintes fois bafouée dans le passé. Votre lutte acharnée de 26 ans, combinée à celle des autres partis politiques, de la société civile et de tous les patriotes a permis d'aboutir aux résultats qu'attendait le peuple sénégalais. Cependant, il aura fallu pour cela, et il est important de le saluer et de le magnifier, la lucidité, la grandeur et l'envergure d'un homme d'Etat comme le président Abdou Diouf pour espérer arriver à ces compromis. Je disais tantôt que, malheureusement, vous allez à contre-courant de l'histoire de votre pays en prenant date avec la mesquinerie, l'instinct sordide de conservation du pouvoir par tous les moyens, même ceux qui peuvent mener le pays au chaos.
Monsieur le Président de la République, il est sûrement sans effet de vous rappeler que les hommes passent et que les institutions demeurent, puisque vous avez décidé de faire changer les institutions à travers vos innombrables agressions contre notre Constitution pour faire demeurer votre clan au pouvoir pendant 50 ans contre la volonté du peuple sénégalais ; ce même peuple qui a placé sa confiance en vous en 2000 et qui l'a renouvelée en 2007, malgré les protestations de l'opposition. Je vous rappelle que ces élections se sont déroulées avec des dispositions constitutionnelles démocratiques, avec l'élection du président de la République à deux tours, si aucun des candidats n'obtient plus de 50 % des voix au premier tour. Ces dispositions sont en vigueur dans la plupart des pays qui aspirent à donner une plus grande légitimité populaire à leur président.
Les Sénégalais ne pourront jamais vous pardonner de rabaisser leur système démocratique au niveau de pays, dont le Sénégal a toujours constitué une vitrine et un exemple à suivre, avec une alternance démocratique paisible où un Grand Monsieur par la taille et l'élégance républicaines, Abdou Diouf, vous a cédé le pouvoir dans des conditions saluées par tous et qui ont fait la fierté de tous les Sénégalais. Le 19 mars 2000 (jour du 2e tour) et le 20 mars de la même année (jour de délivrance pour tous ceux qui aspiraient à la première alternance par les urnes) resteront gravés à jamais dans la mémoire collective des Sénégalais qui ont osé regarder le monde entier avec le buste droit et la tête haute.
Monsieur le Président de la République, l'écrasante majorité des Sénégalais est dans le plus grand désarroi, après avoir entendu à travers la presse, qu'un projet de modification de la constitution a été adopté lors du dernier Conseil des ministres et est en voie d'être voté par le Parlement en procédure d'urgence. Cette façon de faire n'est pas celle qu'on attendait de vous puisque nous pensons que vous ne pouvez pas faire moins que votre prédécesseur qui s'est évertué pendant la décennie précédant sa sortie honorable, à rendre notre système démocratique plus crédible.
Votre prédécesseur a été jusqu'à accepter le principe de créer un organe de contrôle et de supervision des élections et de nommer un militaire à la tête du ministère de l'Intérieur pour apaiser les craintes de l'opposition et de la société civile qui en avaient fait un point d'honneur de ne pas impliquer un ministre partisan dans le processus électoral. Abdou Diouf pouvait refuser, mais il en a accepté le principe et nommé le Général Lamine Cissé à cette fonction. Avec la présence de vos anciens partenaires du Fal dans vos premiers gouvernements, vous aviez encore nommé un Général à ce poste, mais seulement pendant la durée éphémère de la présence de vos anciens alliés dans ces gouvernements. Après cet épisode, vous avez patiemment, mais obstinément déroulé votre plan de confiscation du pouvoir par vos affidés, dont l'un des plus illustres est votre actuel ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, connu comme étant un serviteur zélé puisque repêché après avoir soutenu votre adversaire lors de la présidentielle de 2000.
Monsieur le Président de la République, nous vous avons entendu récemment taxer votre ancien ami Kadhafi de dictateur, mais à y regarder de plus près, vous être pire que lui puisque vous êtes un dictateur qui veut se couvrir d'un manteau de démocrate qui pense qu'avec les mallettes d'argent distribuées avec une facilité déconcertante, vous arriverez à avoir le silence de vos compatriotes. Je vous rappelle que l'argent n'a jamais tout donné. Si c'était uniquement la puissance de l'argent qui permettait d'accéder au pouvoir ou de le conserver, vous n'auriez jamais eu l'honneur de diriger notre pays. Vous êtes véritablement en train de passer à côté d'un destin fabuleux qui vous était destiné si vous aviez ce brin de sagesse qui illumine les grands hommes d'état qui sont cités partout dans le monde.
Vous avez décidé de rester un président hors norme, mais dans le mauvais sens (malheureusement pour un grand pays comme le Sénégal), qui passe tout son temps à s'enorgueillir d'avoir réalisé tant de choses qui n'ont pu l’être pendant les 40 ans de régime socialiste. Seulement, les Sénégalais dans leur écrasante majorité auraient préféré ne pas avoir d'autoroute à péage, ni de corniche (la plus belle d'Afrique), mais de garder intacts les acquis de son système démocratique qui vous ont permis d'accéder au pouvoir.
Monsieur le Président de la République, cette proposition de ticket à la présidentielle et la suppression de fait du second tour avec l'élection possible du président et de son colistier avec seulement 25 % des voix au premier tour n'est pas acceptable. Les Sénégalais combattront votre projet de toutes leurs forces puisque vous savez pertinemment que si ce projet passe, nous risquons de supporter pendant 7 ans un ticket présidentiel que l'écrasante majorité des Sénégalais aura rejeté.
Vous avez sans doute mesuré le degré de mécontentement des Sénégalais par rapport aux multiples complaintes de vos compatriotes venant de presque tous les secteurs et à l'impopularité de votre fils pour en arriver à cette extrémité. Je sais que vous êtes sourd aux récriminations provoquées par votre entêtement à vouloir coûte que coûte assurer vos arrières afin de ne pas rendre des comptes.
Monsieur le Président, ces comptes, vous allez inéluctablement les rendre, vivant devant les hommes ou mort devant Dieu. Les meurtres qu'on vous impute à tort ou à raison, la corruption généralisée que vous avez institutionnalisée dans ce pays, la concussion, les détournements à grande échelle, les scandales fonciers dont le plus illustratif demeure celui des terres jouxtant l'aéroport de Yoff (vente confiée à un énergumène qui est loin d'être un exemple de probité), tout cela ne peut être passé en pertes et profits, même si nous devrions être peinés de voir un vieillard rendre des comptes devant la justice.
Vous prenez le peuple sénégalais comme un peuple amorphe, hâbleur à souhait, sensible à l'argent, surtout les chefs religieux que vous considérez comme des faire-valoir, juste bons à donner des consignes de vote en votre faveur. A ce sujet, je vous fais observer que la conscience politique des Sénégalais a beaucoup évolué, n'étant plus aussi dociles que vous ne pouvez le penser.
Je sais que vous comptez beaucoup sur le vote confrérique pour vous tirer d'affaire, car vous ne vous êtes même pas gêné d'allouer une somme de 50 millions pour massifier les inscriptions à Touba, pensant que l'essentiel du vote de cette cité religieuse vous est définitivement acquis. Vous vous trompez lourdement et je vous laisse à vos petits calculs sournois. Pourquoi n'avez-vous pas fait la même chose à Pikine, Guédiawaye, Thiaroye, par exemple, préférant y faire organiser des séances de ‘Sabar’ afin de distraire les laborieuses populations de la banlieue. Elles vous apporteront, j'en suis persuadé, le 26 février prochain, une réponse adéquate à cette ultime provocation. Cela dénote d'une peur qui s'est emparée de vous et de votre camp de perdre la prochaine présidentielle et de débarrasser le plancher. Ce que vous ne pouvez envisager car vous avez décidé, comme le disait l'autre, de mourir au pouvoir ou d'imposer votre fils-chéri (le plus brillant d'entre tous) par tous les moyens, même délictuels, ce qui est le cas actuellement.
Monsieur le Président de la République, j'ai suivi avec effarement les images du sommet du G8 où votre fils, par l'entremise de son agent marketing (Sarkozy), a été présenté au président Obama pour un malheureux coup médiatique qui ne servira pas à grand-chose, tant le rejet massif d'une dévolution dynastique ou monarchique du pouvoir est ancré dans la conscience collective des Sénégalais. J'ai également suivi les autres images encore plus honteuses, d'un vieil homme dans son palace volant, entouré d'une escorte de mirages de l'armée française, qui allait délivrer un message des autorités françaises (après avoir reçu sa feuille de route lors de son entrevue avec Alain Juppé à Paris) à son ancien allié et ami Kadhafi.
Toutes ces sorties intempestives agrémentées de deals et de diplomatie-spectacle pour faire avaliser et faire taire les chancelleries occidentales sur vos petites combines n'auront aucun effet sur la volonté inébranlable du peuple sénégalais à garder jalousement ce legs que lui ont laissé de dignes fils de ce pays, mais que vous voulez malheureusement fouler au pied du seul fait d'un entourage désemparé et d'un fils gâté qui veut prendre le pouvoir par défaut. Nous ferons face, Monsieur le Président de la République, quel qu'en soit le prix.
Je terminerais cette présente lettre ouverte, en espérant qu'elle vous trouve encore en état de lucidité pour vous dire ceci à titre de conclusion : Le Sénégal est plus important que tous les saints hommes dont une bonne partie des Sénégalais se réclame, plus important que tous les hommes politiques d'envergure que ce pays a connus, donc évidemment, bien plus important encore que vous et votre famille.De grâce, laissez-nous le Sénégal tel que vous l'aviez trouvé et nous vous en serions éternellement reconnaissants.
Etre rangé dans la catégorie des Gnassingbé Eyadema, Idi Amin Dada, Mobutu et autres ex-présidents de cet acabit vaut mieux que se retrouver en plus, à la fin de ses jours, devant la Cour pénale internationale (Cpi) au moment où vous devriez jouir d'une retraite paisible, car les Sénégalais répondront énergiquement à cette énième provocation, celle de trop.
Cheikh Tidiane NDIAYE Nord Foire - Dakar Adressemail: tidiane.ndiaye73@hotmail.com
Sénégal : Faut-il envisager un coup d’Etat ?
L’idée d’un coup d’Etat qui a jusqu’ici été épargné au Sénégal, plane en ce moment dans bon nombre d’esprits devant un entêtement téméraire dont font preuve le président Wade et son entourage à instaurer un ticket présidentiel qui ferait élire le président de la République avec seulement 25 % des suffrages, soit le quart de la population.
Certains leaders de l’opposition s’en remettent à Dieu, alors que d’autres de manière explicite en appellent à l’Armée nationale, garant de stabilité pour qu’elle prenne ses responsabilités, ce qui revient à accorder du crédit à ce qui jusqu’ici était impensable dans le cas du Sénégal : un coup d’Etat, une alternative désormais crédible et envisageable puisque Wade ne reculera devant rien, si ce n’est pour mieux sauter. Parce qu’il demeure convaincu de son impopularité, qui lui affecte moins de 25 % d’opinions favorables. Les onze années d’exercice du pouvoir sonnent un désaveu pour celui qui a trahi son serment et prouvé son incapacité à se porter garant de la Constitution et du bon fonctionnement des institutions républicaines.
‘L’armée issue du peuple ne bronchera pas’, estime une certaine catégorie de citoyens qui, sans se résigner, émettent l’idée d’un soulèvement dans un sursaut populaire, ou d’un blocage du pays pour contrecarrer le projet de forfaiture. Toutefois, est-il souhaitable que l’armée républicaine sonne la fibre patriotique et prenne ses responsabilités ? Deux options s’offrent au peuple : descendre massivement dans la rue, jeudi – quoi que cela puisse coûter - et exiger de Wade qu’il respecte les textes et institutions, qu’il retire immédiatement son projet de loi. Autre option, faudrait-il abdiquer une fois que la loi aura été votée ?
Wade aura lancé un défi à tout un peuple : à nous d’être à la hauteur, de relever ce défi, de réussir une Marche du Million, à l’image de l’Egypte de la Place Tahrir. A Barthélémy Dias et aux leaders de l’opposition d’inviter le peuple à descendre massivement dans les rues, et obliger Wade à nous restituer les clés de la République avant qu’il ne les égare pour toujours. Parce que la liberté se conquiert, au besoin s’arrache : elle a un prix, aussi se paie-t-elle par le sang ou par la voie du martyr. Encore faudrait-il que l’on ait la volonté de briser nos chaînes et de nous affranchir à l’image des vaillants patriotes qu’on tue, mais qu’on ne déshonore pas. Car si les Egyptiens avaient fléchi malgré le nombre croissant de martyrs tombés sous les balles de l’armée et de la police, ou si les Tunisiens s’étaient résignés devant la violence inouïe des forces de l’ordre, les régimes Ben Ali et Moubarak perdureraient encore et continueraient d’opprimer le peuple, ou de régler des comptes à ceux qui ont initié la révolution du Jasmin. Certes, le Sénégal n’est pas l’Egypte, encore moins la Tunisie, mais il n’y a pas de différence entre les peuples qui aspirent à la liberté et résistent à l’oppression, ni entre Moubarak, Ben Ali, et Wade aujourd’hui dans une certaine mesure. Parce que Wade aussi, aura emprisonné et tué des innocents, dont les esprits le hanteront jusque dans l’au-delà.
Au nom de quoi devrions-nous accepter que le président de la République soit élu par une minorité ? Comment oserions-nous demain, regarder nos enfants et petits-enfants dans les yeux, et leur dire que nous étions là, présents, dans l’inertie, lorsqu’Abdoulaye Wade a fait voter cette loi inspirée de Satan ? En tout état de cause, il ne faudrait pas se plaindre au lendemain du 26 février 2012, parce qu’avec une loi de cette nature, le président le plus impopulaire de toute l’histoire de notre pays, et dont la candidature est plus qu’irrecevable pour mille et une raisons, passerait au premier tour haut la main. Avec ou sans fraude. En définitive, il est à se demander si l’on n’est pas en train d’assister à la fin de ce qui était jusqu’alors considéré l’’exception sénégalaise’ en Afrique : la démocratie.
Momar MBAYE http://mbayemomar.over-blog.net