requinquée & offensive: toutes griffes dehors
BONJOUR L’AFRIQUE | Onde de choc continentale : l’Afrique a faim
Publié le 3 avril 2008 à 9h54
Par Demba Ndiaye.
Depuis trois semaines maintenant, les peuples d’Afrique envoient des signaux à leurs dirigeants : ils ont faim. Ils l’expriment dans les rues de leurs capitales. Et c’est toujours la même réponse : la répression. Avec même des morts d’hommes et de femmes.
De Ouagadougou à Douala, en passant par Dakar, Bissau et Abidjan, c’est le même cri : "on a faim, que faites vous ?" Le plus souvent, les réponses de ceux qui nous gouvernent ont été la trique ; voire les balles et les lacrymos. De Douala à Dakar, on a toujours servi aux populations la même réponse : on n’y peut rien, c’est le pétrole qui a augmenté, c’est une affaire mondiale". La mondialisation donc ! A Dakar, le ministre en charge (il y a trois jours) du commerce, a dit aux sénégalais qu’ils devaient supporter cette situation encore pendant plusieurs années. Parce qu’on y pouvait rien ; parce que c’était la faute au pétrole. On lui a enlevé lundi dernier, tard dans la nuit, ce secteur du commerce. A Abidjan, après la colère des femmes lundi dernier, Gbagbo et Soro ont été obligés de prendre des mesures d’urgence (voir africanglobalnews.com). A Dakar par contre, après la manif des associations de consommateurs de dimanche dernier, l’Etat du Sénégal a préféré traduire les organisateurs en justice et,..annoncer dans la nuit du 31 mars au 1er avril un réaménagement gouvernemental qui ne réduit pas sa taille et donc pas d’économies. Vingt neuf ministres pour un pays de près de onze millions d’habitants ! Et sans ressources ! Il y a quatre mois, quand les prix des denrées de première nécessité avaient commencé à grimper pour atteindre le sommet de l’insupportable, le gouvernement avait annoncé "19 mesures " sociales qui ne sont toujours pas effectives. Le premier janvier était la date butoir annoncée.
Non seulement ces mesures n’ont pas été appliquées, mais on a eu "le courage" d’en remettre une couche en assumant encore d’autres hausses. Ce journal est pan-africaniste, mais nous ne comprenons pas que notre président s’intéresse plus aux soubre-sauts conflictuels entre le Tchad et le Soudan qu’au bien être de ses propres populations. Qui l’ont élu. Oh ! Il a bien annoncé une aide aux populations rurales en famine endémique (famine qu’il avait niée au départ) une aide de 10 milliards de FCFA (environ 4,5 millions d’euros) pour tenir jusqu’aux prochaines pluies. Si le bon Dieu nous est clément en pluies. Et puis, on se demande toujours ce qu’est devenu le plan dit "Bawnan" avec l’aide du royaume du Maroc. Il était censé provoquer des pluies artificielles. Ce sont peut être les inondations de la capitale, Dakar, qui freinent l’élan pluviométrique de ce fameux énième plan.
La presse d’hier nous apprend que le gouvernement du Bénin, lui aussi touché par cette onde de choc inflationniste, a décidé d’injecter 4 milliards de FCFA pour atténuer le choc de la hausse des prix des denrées vitales.
Du gouvernement sénégalais, mon pays, on attendait d’abord, qu’il rende effective l’application des 19 mesures qu’il avait annoncées en grandes pompes. En second lieu, qu’il ne divertisse pas son peuple (son électorat) par des reports d’élections municipales, des ballons de sonde pour un couplage d’élections, par un "réaménagement" gouvernemental qui en augmente la taille, au moment où des populations excédées par des hausses en continu des prix manifestent, et dont les leaders subissent les affres de la justice ; on attendait donc qu’il (le président ou le chef du gouvernement) parle à son peuple ; qu’il commence à mettre en œuvre les dix-neuf mesures annoncées ; qu’il réduise la taille du gouvernement... Le peuple l’attend ce soir pour son traditionnel discours du 3 avril, la veille de la fête de l’indépendance.
Et puis, maintenant, face à cette onde de choc continentale, on peut se demander à quoi sert l’Uemoa ? A quoi sert la Cedeao ? Ces structures sont elles incapables de trouver des mesures de régulation des coûts des prix des denrées dont se nourrissent leurs populations ? Deux semaines après le sommet de l’Oci on se demande bien où se trouve la solidarité islamique dont on se glose tant.
Oui, l’Afrique a faim. Non ! Ce sont les peuples d’Afrique qui ont faim. Et qui le disent. Et on les réprime. Pendant ce temps, leurs dirigeants exposent des signes de richesses qui heurtent la conscience du citoyen lambda.
Afrique debout ! La faim n’est pas une fatalité. Il semblerait même que c’est le continent qui nourrit le reste du monde...
Sénégal | L’intégralité du message à la Nation du chef de l’Etat
Publié le 3 avril 2008 à 20h54
Sénégalaises, Sénégalais, Chers frères et sœurs africains, Chers Enfants, Etrangers, Hôtes de notre pays,
Demain, mes chers compatriotes, nous célébrons, à l’unisson, le 48ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
En ces moments solennels où le devoir de mémoire s’harmonise à nouveau avec l’exigence d’introspection et de prospective, je voudrais d’abord implorer la grâce de Dieu pour nos morts, et prier afin qu’ils reposent en paix pour l’éternité.
J’ai une pensée affectueuse pour nos malades à qui j’adresse mes vœux ardents de prompt rétablissement.
La fête de l’indépendance, parce qu’elle commémore la dignité retrouvée du peuple sénégalais, est, par excellence, la fête de la Nation dans toutes ses composantes.
Cette fête, nous la devons à toutes les générations qui, avec foi et honneur, ont combattu, résisté contre l’oppression et exigé que notre peuple recouvre son droit et sa vocation naturels d’exister et de vivre libre.
Je vous salue avec respect, chers anciens combattants.
Au nom de la Nation, je vous dis notre admiration et notre gratitude.
Aux heures sombres de la guerre, quand le sort de l’humanité a failli basculer dans les ténèbres de la tyrannie, c’est dans la grandeur de votre courage que la flamme de l’espoir a su trouver refuge pour redonner un sens à la vie et au destin des peuples.
Puisant dans nos valeurs ancestrales la force dominatrice de l’adversité, vous avez ouvert à la Nation la voie de la liberté et de l’indépendance.
Puisse votre exemple servir de viatique aux générations actuelles et futures pour que tous, nous comprenions que c’est dans sa capacité à surmonter les épreuves que l’on mesure la grandeur d’un peuple.
La fête de l’indépendance est aussi celle de la jeunesse et des Forces Armées.
A vous, officiers, sous-officiers et hommes de troupes, je redis ma satisfaction et ma fierté.
Au-delà du devoir national, vous êtes, aujourd’hui encore, et suivant une tradition qui remonte à l’année de notre indépendance, au service de la paix en Afrique et dans le monde.
De différentes sources, me parviennent toujours des témoignages éloquents, sur la manière exemplaire dont le soldat sénégalais s’acquitte de sa mission.
Sauvegarder la paix, veiller sur la sécurité, protéger les populations vulnérables, soigner et réconforter les malades, voilà comment nos Jambaars sont connus, appréciés et respectés sur tous les théâtres d’opérations.
Il en est ainsi parce qu’en tout temps et en tout lieu, nos Forces Armées, inspirées par les vertus de la République, restent solidement enracinées dans le socle de nos valeurs traditionnelles et à l’écoute de la Nation.
C’est pourquoi j’apprécie positivement le thème retenu cette année pour la célébration de la fête de l’indépendance, à savoir « Jeunesse, Défense et Sécurité », thème qui doit être décliné dans ses aspects liés à l’émigration clandestine, à la problématique du genre, au développement et à la citoyenneté.
Ces questions sont à la fois d’actualité et au cœur de nos préoccupations.
Je me réjouis en particulier de la prise en compte progressive de la dimension genre par nos Forces Armées conformément à l’orientation politique donnée dans ce sens.
Dans tous les secteurs du développement économique et social, les femmes sénégalaises apportent une contribution inestimable à l’oeuvre de construction nationale.
Il est alors juste et légitime de leur donner la chance et la fierté de servir sous les Drapeaux.
Après la police et la gendarmerie, je suis donc heureux que des militaires du rang, féminins, participent pour la première fois, au défilé commémorant la fête nationale.
Mes Chers Compatriotes,
Les 13 et 14 Mars 2008, nous avons eu l’honneur d’accueillir, pour la deuxième fois, le Sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique.
Vous vous êtes mobilisés aux côtés du Gouvernement, dans un formidable élan patriotique et enthousiaste, pour faire de ce rendez-vous de la Oummah islamique un succès sur tous les plans.
Vous avez prié individuellement et collectivement. Certains ont même offert spontanément leur service, pour la réussite du Sommet. J’ai été particulièrement touché par cette mobilisation exceptionnelle.
Notre objectif a été atteint à la grande satisfaction des Etats membres. J’aimerais vous réitérer le témoignage de ma profonde gratitude et l’expression de mes chaleureux remerciements.
Je renouvelle au Gouvernement, aux structures et partenaires impliqués dans l’organisation du Sommet, toutes mes félicitations.
Comme chacun le constate, notre capitale a fait peau neuve avec des infrastructures routières de qualité.
Nous gagnons désormais plus de temps et de confort dans nos déplacements. Et avec l’amélioration consécutive de la mobilité urbaine, notre économie enregistre de substantiels gains de compétitivité.
Un premier défi, celui de la création d’infrastructures de classe internationale, est donc en voie d’être relevé.
Mais il en reste deux : le défi de l’entretien de ces infrastructures, qui incombe au Gouvernement, et, surtout, le défi de leur sauvegarde et de leur durabilité. Ce défi relève de notre responsabilité individuelle et collective.
C’est pourquoi, Dakar ayant fait peau neuve, je lance un appel solennel à tous, pour que chacun, dans le sursaut d’un nouvel état d’esprit, renonce à toute activité ou comportement de nature à dégrader notre patrimoine infrastructurel qui est aussi, ne l’oublions pas, un héritage que nous devons aux générations futures.
Je demande à tous, surtout aux jeunes, d’être les gardiens vigilants de nos murs, les murs des maisons, des mosquées, des lieux de cultes, des tunnels, pour qu’ils ne soient pas souillés, essentiellement de graffitis. Ecrire sur un mur, y coller des affiches, ou plus généralement le salir, c’est détruire une partie de notre patrimoine réalisé avec les sacrifices de vos parents.
Ce soir, mes chers compatriotes, je voudrais aussi vous annoncer que nous poursuivons notre élan vers un autre bond qualitatif avec le démarrage effectif des bateaux taxis, dès juillet prochain, sur l’axe Dakar Rufisque.
Je voudrais ici féliciter tous ceux qui ont participé à la réalisation d’une idée qui m’est chère : relier Dakar à sa banlieue rapidement, échapper aux risques d’embouteillage tout en participant à la fluidité du trafic.
Je citerai notamment le Conseil Sénégalais des Chargeurs, le secteur privé et certaines Collectivités locales de la région de Dakar.
Déjà, avant fin avril, il sera procédé aux essais techniques de quatre bateaux, précisément Malaaw, NDaté Yalla, Guellowaar, Mélax.
Ce projet, qui prendra une plus grande envergure avec l’acquisition d’un navire de grande capacité en 2009 pour desservir Dakar, Gorée, Saly Portudal et MBour, est une parfaite illustration de ce que nous pouvons faire en fédérant nos intelligences, nos efforts et nos ressources.
Je souhaite, une fois de plus, inviter toutes les forces vives de notre Nation à la conquête de nouveaux horizons.
Voyons grand, mes chers compatriotes.
Ne limitons pas nos ambitions.
Notre vision du Sénégal émergent nous engage tous à aiguiser sans cesse notre esprit d’initiative et notre sens de la créativité parce qu’en définitive, c’est dans notre état d’esprit et par nos propres mains que prendra forme notre aspiration commune au mieux être.
Personne en effet ne fera à notre place ce que nous ne sommes pas disposés à faire nous-mêmes.
Mes Chers Compatriotes,
Cette année, nous célébrons la fête de l’indépendance dans un contexte économique international difficile avec, comme vous le savez, une hausse continue du prix du pétrole et de ses produits dérivés.
De 29 dollars en décembre 2003, le baril se négocie aujourd’hui autour de 110 dollars.
Pour éviter aux consommateurs de supporter tout le fardeau de la facture pétrolière, le Gouvernement continue de consacrer d’importantes ressources financières à la subvention des produits pétroliers.
Parallèlement, la SENELEC accroît ses capacités d’approvisionnement et de distribution. C’est dans ce cadre que j’ai inauguré en janvier dernier la centrale de Kounoune, celle de Kahone devant être mise en service en Novembre prochain.
Nous poursuivons également la diversification de nos sources d’énergie, notamment par l’installation, en 2010, d’une centrale au charbon en plus des centrales hydroélectriques que nous envisageons de réaliser dans le cadre de l’OMVS et de l’OMVG.
Le Gouvernement est issu du peuple. Il connaît ses pulsions et ses réalités. Son credo restera toujours le même : être combatif et rechercher les solutions à nos problèmes.
C’est pourquoi, malgré les charges financières que lui impose la conjoncture mondiale difficile, l’Etat continuera à subventionner les prix des denrées de première nécessité pour contenir l’effet de la hausse généralisée des cours mondiaux. De même, la suspension des droits de douane et la baisse de la fiscalité sur ces produits seront maintenues.
S’agissant en particulier du monde rural, sur mes instructions, le Gouvernement, au titre des premières mesures nécessaires pour assister les populations affectées par la campagne agricole déficitaire 2007, a dégagé 10 milliards de francs pour l’achat de vivres de soudure.
Je demande au Premier Ministre de prendre toutes les mesures pour que les vivres arrivent directement à leurs destinataires du monde rural sans prélèvements indus au passage et de me rendre compte.
Au-delà de l’assistance d’urgence, notre objectif est d’assurer notre autonomie dans le domaine de l’agriculture
Tel est le sens du Programme National d’Autosuffisance en Riz à l’horizon 2015. Il faut reconnaître qu’il y a eu des retards dans la mise en oeuvre de ce programme que j’avais formulé déjà depuis deux ans.
Nous devons définitivement nous convaincre que l’indépendance, pour être pleine et entière, commence d’abord par la souveraineté alimentaire.
En conséquence, nous préparons actuellement notre agriculture et notre élevage à de grandes mutations.
Nous ne pouvons plus continuer à nous exposer aux effets aléatoires de prix fixés à l’extérieur, en important en moyenne 600.000 tonnes de riz par an, à coup de milliards, alors même que nous avons un potentiel largement inexploité dans la vallée du fleuve Sénégal et la région naturelle de la Casamance.
Le Gouvernement a donc fait le pari d’une rupture en profondeur avec une politique de soutien à la production rizicole, notamment par l’aménagement de nouvelles aires d’exploitation et la fourniture de matériel et d’engrais.
Le 20 Mars dernier, nous avons signé avec notre partenaire stratégique, le Mémorandum d’Accord pour la Phase II du Programme National d’Autosuffisance en Riz.
La même ambition nous anime pour la filière laitière. Là également, il s’agit de faire un choix entre l’importation de produits laitiers qui met en péril notre production locale, et l’appui à nos producteurs, par des mesures incitatives, pour réorganiser et relancer la filière laitière.
J’ai instruit le Gouvernement à l’effet de mobiliser les moyens nécessaires pour soutenir l’émergence d’une véritable industrie laitière locale, créatrice d’emplois et de revenus, et apte à satisfaire la demande.
Dans le même esprit, je renouvelle mon appel aux Sénégalais de l’extérieur, afin qu’ils investissent massivement dans l’agriculture et l’élevage par l’implantation de fermes modernes. Comme je l’ai déjà indiqué, le Gouvernement accordera les facilités requises pour le lancement des projets.
S’agissant du sauvetage des ICS, comme l’ont souhaité les travailleurs, j’ai une bonne nouvelle : les activités vont reprendre et je viens même de recevoir les félicitations du partenaire indien. La garantie bancaire est tombée et l’Etat ne couvre plus aucun risque particulier.
Les ICS sont donc sauvées.
Mes Chers Compatriotes,
En dépit de la conjoncture mondiale, notre économie reste performante et ses perspectives sont bonnes. Nous bénéficions de la confiance de nos partenaires au développement et des investisseurs privés.
C’est pourquoi d’ailleurs le Sénégal est cité par les bailleurs de fonds comme un des rares pays en Afrique au Sud du Sahara qui pourraient atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Je voudrais redire ici la priorité élevée que j’accorde à la réalisation des Objectifs liés à la santé.
Le Gouvernement a entrepris une évaluation globale de la réforme hospitalière mise en œuvre depuis dix ans, pour moderniser les structures, revoir en profondeur le système de santé publique, redéfinir les objectifs et mieux orienter les moyens vers la finalité ultime de toute politique de santé crédible, c’est-à-dire des soins de qualité, accessibles à tous.
Je souhaite qu’une attention particulière soit portée sur la santé maternelle et infantile par une prise en charge effective du cycle des vaccinations.
Rien n’est plus douloureux que de voir un enfant handicapé pour la vie par l’ignorance ou la négligence d’un adulte.
Je lance un appel solennel pour une mobilisation nationale et permanente en faveur de la vaccination.
J’invite la jeunesse, en particulier les élèves et les étudiants, ainsi que le mouvement Navétane, à s’investir massivement dans cette mobilisation en jouant le rôle d’avant-garde dans cette mobilisation.
Je demande à tous les partis politiques de s’investir dans la campagne préventive contre la poliomyélite. Au niveau de mon parti je vais réunir les femmes à cet effet.
Je souhaite que chaque jeune, chaque élève et chaque étudiant, parraine personnellement au moins un bébé ou un enfant en âge d’être vacciné, en s’assurant qu’il a un carnet de santé, et en veillant auprès des parents au respect des rendez-vous pour la vaccination.
Par cet engagement volontaire, patriotique et citoyen, en conformité avec le thème de notre fête nationale cette année, vous contribuerez, jeunes du Sénégal, élèves et étudiants, aux efforts que nous menons pour relever la qualité et l’espérance de vie de nos populations dans notre quête du Sénégal de nos rêves.
Mes Chers Compatriotes,
Depuis quelques temps, des enseignants mènent des grèves politiques, cherchent à perturber le système éducatif par des revendications sans fondement, harcelant sans cesse le Gouvernement. Les Sénégalaises et les Sénégalais en sont témoins.
La vérité, c’est qu’il y a quelques années, dans un Gouvernement de coalition que j’avais formé avec les alliés de l’époque, j’avais confié, en toute bonne foi, le Ministère de la Fonction publique à l’un d’entre eux. Mon partenaire que la bonne foi n’étouffe pas passe tout son temps à placer ses militants au cœur du système éducatif qu’il a fini par noyauter. Depuis que nous nous sommes séparés il manipule ses militants pour perturber le secteur de l’éducation. Il faut reconnaître qu’il y réussit malgré les milliers d’enseignements qui, de plus en plus, refusent les grèves de harcèlement politiques. Avec ce que je viens de dire, ils saisiront mieux la logique de ces grèves qui jurent avec les importants efforts que l’Etat consacre à l’éducation et aux enseignants.
C’est pourquoi, ce soir, c’est surtout à la très grande majorité des enseignants ayant refusé de suivre cette aventure sans lendemain que je voudrais m’adresser en leur rendant hommage.
Nous connaissons tous la noblesse et la délicatesse qui s’attachent au métier d’enseignant, parce que c’est la source d’où jaillit la lumière du savoir qui éclaire la pensée pour orienter l’action, surtout dans une société où, justement, le savoir et le savoir-faire commandent le progrès des Nations.
Je reste, pour ma part, un allié naturel pour les enseignants parce que mon pari pour des ressources humaines de qualité est un choix volontariste et stratégique.
L’option que j’ai assignée au Gouvernement pour l’éducation et la formation est sans conditions.
Elle n’a de limites que les possibilités du Budget national car je suis bien convaincu que chaque franc dépensé dans ce secteur est un investissement pour le futur.
Au demeurant, le Gouvernement reste fidèle à ses engagements, ouvert au dialogue et à la concertation. Mais il ne cédera ni au chantage, ni aux agissements illusoires d’une minorité de grévistes qui se trompent lourdement en croyant le prendre en otage.
Mes Chers Compatriotes,
En célébrant notre fête nationale, ayons à cœur de garder jalousement les fondements de notre symbiose nationale.
Animés par un désir partagé de vivre ensemble, nous avons la chance historique de constituer une nation avant l’Etat que nous nous efforçons de construire dans une démocratie apaisée.
Cette chance, d’autres peuples la cherchent encore.
Il nous faut alors sans cesse la cultiver par la vertu du dialogue, de la tolérance, de la coexistence pacifique et de l’unité dans le respect de nos diversités.
C’est ainsi que nous mériterons le précieux legs que nous ont laissé nos ancêtres.
S’il est vrai que le présent s’éclaire du passé pour illuminer le futur, chaque sénégalaise, chaque sénégalais doit être le gardien vigilant de cet héritage qu’il nous faut préserver et consolider pour que, de génération en génération, notre chère patrie reste toujours un havre de paix, de liberté et de prospérité croissante.
Garant de la cohésion nationale, je continuerai inlassablement à travailler à la sauvegarde de ces valeurs sublimes et je vous y convie tous, mes chers concitoyens, pour que vive le Sénégal dans une Afrique libre, unie et prospère.
Bonsoir.
SOURCE : APS
Nettali : Vendredi 4 Avr 2008
ATTAQUES CONTRE YERO DEH - REPLIQUES : Aboulaye Bathily : " Wade fait de la diversion pour éviter les affaires gênantes "
NETTALI - A l’absence de Yéro Deh, au Togo dans le cadre d’une mission de l’Union africaine, c’est le secrétaire général de la Ligue démocratique, mouvement pour le parti du travail (Ld-Mpt) qui est monté au créneau pour apporter la réplique au Président Wade. Face aux accusations du Président contre son ancien ministre Yéro Deh, accusé d’être l’instigateur des grèves dans le secteur de l’Education nationale, Bathily parle de diversion et veut poser les "vrais problèmes du pays".
Prenant la défense de l’ancien ministre de la Fonction publique, Yéro Deh, que Wade accuse d’être à l’origine des grèves dans le secteur de l’Education nationale, Bathily dégage en touche. "Les enseignants apprécieront. Si Wade pense qu’on peut demander aux syndicats d’aller en grève, c’est qu’il ne respecte pas les syndicalistes". Bathily inverse la perspective en évoquant le passé. "Plusieurs fois Abdoulaye Wade nous a demandé de mobiliser les syndicats pour rendre ingouvernable le Sénégal. Il me disait : "Abdoulaye, si j’avais vos syndicats, Abdou Diouf ne respirerait pas", rappelle Bathily qui cite les années 80, comme moment durant lequel, il a "reçu des pressions" du Président dans ce sens".
Mais Bathily ne crois pas que Wade lui-même accorde du crédit à ce qu’il dit. "Il (Me Abdoulaye Wade) fait de la diversion pour éviter les affaires gênantes", a déclaré le Professeur Abdoulaye Bathily, pour s’expliquer les sorties récurrentes de Me Wade qui a chargé tour à tour la presse, le Parti socialiste (accusé de préparer un complot au Sénégal avec la complicité de Gbagbo) et la Ligue démocratique, mouvement pour le parti du travail (Ld-Mpt). Pour le professeur Bathily, "Abdoulaye Wade ne veut pas que le débat soit centré autour ce ces questions. Hier le Ps, aujourd’hui la Ld-Mpt. Il fait de la diversion, une méthode de gouvernement", constate-t-il, en soulignant que "c’est la preuve qu’il (Wade) est aujourd’hui démasqué et dans le désarroi total".
Bathily évoque en effet les vrais problèmes que sont les Chantiers de l’Anoci. "On lui parle de bilan, il esquive la question car il ne veut pas que la lumière soit faite sur cette affaire". Bathily cite aussi des manoeuvres qui ont abouti à la faillite des Industries chimiques du Sénégal (Ics) en citant le nom de Gérôme Godard cité dans le dossier.
Le secrétaire général de la Ld-Mpt convoque aussi "le coût trop élevé de la vie". "Aucune mesure n’est prise pour faire face à la flambée des prix", dénonce Bathily qui réduit les promesses du gouvernement à du "bavardage". "Depuis quatre ans, il (Wade) parle d’autosuffisance sans suite. On leur propose de mettre en place une commission pour évaluer les problèmes du monde rural et proposer des solutions". Mais, regrette Bathily, "il ne dit rien sur cela".
Pour rappel le Président Wade a imputé ce jeudi 3 avril, la récurrence des grèves dans le secteur de l’Education nationale par une manipulation d’un de ses anciens ministres. "La vérité, c’est qu’il y a quelques années, dans un Gouvernement de coalition que j’avais formé avec les alliés de l’époque, j’avais confié, en toute bonne foi, le Ministère de la Fonction publique à l’un d’entre eux. Mon partenaire que la bonne foi n’étouffe pas passe tout son temps à placer ses militants au cœur du système éducatif qu’il a fini par noyauter", a accusé Me Wade dans son discours à la nation prononcé ce 3 avril 2008.
"Depuis que nous nous sommes séparés, il (Ndlr, l’ancien ministre de la Fonction publique Yéro Deh) manipule ses militants pour perturber le secteur de l’éducation", a-t-il ajouté. Reconnaissant "qu’il y réussit malgré les milliers d’enseignements qui, de plus en plus, refusent les grèves de harcèlement politiques".
Nettali : Jeudi 3 Avr 2008
[ Discours ] Wade accuse l’ancien ministre Yéro Deh d’être l’instigateur des grèves.
NETTALI - Le Président Wade impute la récurrence des grèves dans le secteur de l’Education nationale par une manipulation par un de ses anciens ministres. "La vérité, c’est qu’il y a quelques années, dans un Gouvernement de coalition que j’avais formé avec les alliés de l’époque, j’avais confié, en toute bonne foi, le Ministère de la Fonction publique à l’un d’entre eux. Mon partenaire que la bonne foi n’étouffe pas passe tout son temps à placer ses militants au cœur du système éducatif qu’il a fini par noyauter", a accusé Me Wade dans son discours à la nation prononcé ce 3 avril 2008.
"Depuis que nous nous sommes séparés, il (Ndlr, l’ancien ministre de la Fonction publique Yéro Deh) manipule ses militants pour perturber le secteur de l’éducation", a-t-il accusé. Reconnaissant "qu’il y réussit malgré les milliers d’enseignements qui, de plus en plus, refusent les grèves de harcèlement politiques".
Mais avertit Wade, si "le Gouvernement reste fidèle à ses engagements, ouvert au dialogue et à la concertation", "il ne cédera ni au chantage, ni aux agissements illusoires d’une minorité de grévistes qui se trompent lourdement en croyant le prendre en otage".
Le chef de l’Etat dit espérer que les enseignants "saisiront mieux la logique de ces grèves qui jurent avec les importants efforts que l’Etat consacre à l’éducation et aux enseignants".
Me Wade assure du reste être "un allié naturel pour les enseignants parce que mon pari pour des ressources humaines de qualité est un choix volontariste et stratégique". Car, poursuit-il, "je suis bien convaincu que chaque franc dépensé dans ce secteur est un investissement pour le futur".
BONJOUR L’AFRIQUE | Que reste t-il de l’espoir ?
Publié le 19 mars 2008 à 10h16
Par Demba NDIAYE.
Il y a huit ans, le 19 mars 2000, l’écrasante majorité du peuple sénégalais portait à la tête du pays, un quasi-messie qui leur avait tant fait rêver plus de deux décennies et demie d’un Sénégal meilleur. Dans leur grande misère, dans leur profond rejet d’un régime « socialiste » plus que quarantenaire, ils y avaient crû, comme on croit en la religion : sans discussions ni interrogations.
Ce 19 mars là, lors de ce deuxième tour historique, tel un prophète menant à la terre promise son peuple, le « Prophète du Sopi » avait laissé croire à son peuple qui avait tout donné, tout vécu, tout enduré pour la terre promise, qu’enfin l’aventure était terminée. Celle du Parti socialiste. Et commençait alors celle du paradis sur terre chanté sur tous les tons, 26 ans durant, par le « plus vieux opposant politique » de l’Afrique (Mandela excepté) : Me Wade.
Dans cette « folie-euphorique » de ce 19 mars-là, le peuple, dans la mosaïque de sa diversité et de ses intérêts aussi, souvent divergents aussi n’avait aucun doute : on accostait enfin sur les rives de la Terre promise ainsi que de son paradis annoncé.
Neuf ans plus tard, que reste – il de cet espoir. Que reste t-ils des promesses mirobolantes ? Du plein emploi ? Du kg de riz au prix que vous savez ? Du logement pour tous ? De l’éducation universelle ? Bref, que reste encore des rêves ?
Evidemment, (et j’en suis convaincu), à chacun son bilan d’étape. Et ils ne seront jamais les mêmes. Le pouvoir et ses thuriféraires en feront un des plus idylliques. L’opposition, nous le voyons sous nos yeux brocardent : rien n’a été fait. Les nouveaux maîtres du pays auraient même fait moins, voire pire, que leurs prédécesseurs en seulement huit petites années. Quant aux autres acteurs sociaux du pays, les enseignants qui alignent les jours de grève, les étudiants les « intifadas » aux abords de leurs facs, les médecins dans leurs blocs opératoires et autres services d’urgence, les paysans dans leur drame de la famine inévitable…
Evidemment, en dehors de toute prise de position partisane, il ne viendrait à l’esprit de personne de nier ce qui a été fait en huit ans. Des salaires ont été augmenté du simple au double ; des corps de l’Etat dont les émoluments stagnaient depuis des décennies ont vu une amélioration notable. De cela, les concernés et l’histoire en témoigneront.
Evidemment, il y a eu aussi des « générosités » mal placées. On a souvent été du côté du pouvoir plus généreux que juste. On a souvent préféré une politique plus tape-à-l’œil que celle qui soulage et/ou améliore le vécu de nos concitoyens.
Evidemment, on a souvent préféré choyer les adversaires d’hier, achetés ou venus avec armes et bagages, que se rappeler les compagnons des temps de braises ; manipulé plus souvent que de raison les institutions que de les faire respecter ; plus souvent que de raison, on a tenté de faire taire les voies qui criaient trop fort contre ce trop fort d’injustice. Oui, on trop souvent donné au peuple, l’impression qu’il fallait silence faire pour « bouffer tranquille ». Trop souvent, on a voulu incarcérer, ou, embastiller, qu’écouter ce que ces voix avaient à dire et les confronter à la réalité de la gestion quotidienne.
Huit ans après ces espoirs fanés, ces rêves déçus, il aurait été intéressant de savoir ce que les acteurs (les vrais) de ce séisme politico-social pensent de ce que leurs rêves et espoirs devenus. C’est déjà une bonne chose que les tintamarres habituels de célébration d’une victoire confisquée deviennent moins audibles, voire enterrés. Modestie ou parce qu’on sait que désormais, il n’y aura plus « deux millions » de sénégalais dans les rues de la capitale, même si cette capitale, semble t-il, vient de se doter de la « plus belle corniche de l’Afrique de l’Ouest ». Evidemment, nous ne sommes ni des « poilus » de la « guerre de l’alternance » ni des doux rêveurs aujourd’hui aigris qui tentent d’empêcher des « bâtisseurs » de « bâtir ». Mais juste des citoyens qui ont, constitutionnellement, le droit de regard sur la gestion de leur pays. Par des dirigeants qu’ils ont élu. Alors, que les usurpateurs aillent se voir ailleurs. Nous ne nous tairons pas.
D.ND
Sénégal | Message du chef de l’Etat à la Nation : Me Wade entre silences et accusations
Publié le 3 avril 2008 à 2h00
L’adresse traditionnelle du président de la République à la Nation était spécialement attendue ce 03 avril, veille de commémoration du 48eme anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Le Chef de l’Etat était attendu sur plusieurs questions dictées par un contexte politique et social plutôt tendu. Dialogue de sourds entre majorité et opposition depuis plus d’un an, mais surtout situations difficiles des ménages sénégalais ployant sous la hausse vertigineuse des produits de consommation courante, mais aussi, crise profonde dans l’enseignement avec les grèves d’enseignants et d’étudiants qui hypothèquent sérieusement l’année académique en cours. Sans les nommer, Me Wade s’en est pris violemment à Yoro Dé et à son parti, qui, à la tête du ministère de la Fonction publique, sont coupables à ses yeux d’avoir noyauté le système éducatif en y plaçant leurs militants.
L’opposition snobée Les partis politiques peuvent se mobiliser pour la réussite de la campagne de vaccination contre la poliomyélite, ainsi que les y invite le président de la République. Pour le dialogue politique, l’opposition devra encore attendre. Abdoulaye Wade n’a fait qu’effleurer le sujet, en des termes très généraux. Les élèves et étudiants ont été aussi invités à s’investir dans cette opération de santé publique ; en attendant que les gros nuages noirs qui menacent l‘année scolaire planent toujours.
Le moment n’est pas non plus favorable à la décrispation entre gouvernement et syndicats d’enseignants, si l’on s’en tient à la gravité des accusations formulées par le président de la République à l’encontre de syndicats d’enseignants et de certaines chapelles politiques. Aucune solution concrète ébauchée allant dans le sens d’une sortie de crise dans le secteur de l’Education, marqué par des séries de grèves depuis le début de l’année. Au contraire, le chef de l’Etat a plutôt ouvert un front.
Des grèves politiques…, Yoro Dé et la Ld au ministère de la Fonction publique accusés
Selon Me Wade, « des enseignants mènent des grèves politiques et cherchent à perturber le système éducatif par des revendications sans fondement ». Sans citer de nom, Abdoulaye Wade affirme : « un allié politique à qui j’avais confié de bonne fois le ministère de la Fonction publique, a placé ses militants au cœur du système éducatif qu’il a fini par noyauter ». Le chef de l’Etat d’ajouter que « depuis que nous nous sommes séparés, il manipule ses militants pour perturber le secteur de l’éducation ». Le premier magistrat du pays constatera que son ex-allié a plutôt réussi son manège.
Cependant, il s’est dit « ouvert au dialogue et à la concertation, mais ne cédera pas au chantage illusoire d’une minorité de grévistes ». Par ailleurs, le président de la République a justifié la cherté de la vie par la hausse continue du baril de pétrole qui est « passé de 29 dollars en 2003 à plus de 100 dollars aujourd’hui ».
Malaw, Guelwar, Ndaté Yalla, Mélakh : Les bateaux taxis arrivent en juillet
Le chef de l’Etat a également révélé le début de la desserte maritime de la région de Dakar, en bateaux taxis, dès juillet prochain. Quatre navires baptisés des patronymes historiques de Malaw, Guelwar, Ndaté Yalla et Mélakh seront mis à l’eau.
Le président de la République qui a confirmé l’octroi de 10 milliards pour appuyer le monde rural en vivres de soudure, a aussi révélé la reprise imminente des activités des industries chimiques du Sénégal (Ics). Le Sénégal célèbre ce 04 avril le 48eme anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Cette commémoration sera notamment marquée par un défilé civil et militaire sur le boulevard du Général De Gaulle à Dakar.
Cheikh Lamane DIOP
BONJOUR L’AFRIQUE | Karim Wade et les régimes totalitaires : l’ironie d’une coïncidence
Publié le 10 mars 2008 à 13h00
Par Babacar DIONE
Quelle place occupera, dans l’ordre protocolaire, le président de l’Anoci, Karim Wade, lors de la tenue du sommet de l’Organisation pour la conférence islamique à Dakar ? La question ne manque pas d’intérêt au vu du branle bas qui a accompagné la préparation du 11ième sommet de Dakar.
En 1991, le Sénégal a abrité le sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (Oci), pour la première fois de son histoire, sans tout ce tintamarre. Un commissariat général à la préparation de l’Oci avait été mis sur pied. Ses missions étaient ponctuelles, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Cette structure, alors dirigée par Abdoul Wahab Talla, gendre de feu Kéba Mbaye et par la suite Directeur du Miferso, disposait d’un personnel réduit. Elle n’avait pas nécessité l’instauration d’une commission culturelle, encore moins chargée de la Communication. Sa mission consistait tout au plus à l’édification d’infrastructures dont l’hôtel méridien Président évalué alors à 30 milliards de F Cfa.
Les cérémonies de récital du coran organisées présentement à travers toutes les régions du pays jurent d’avec la sobriété des prières de 1991 pour la bonne tenue du sommet. Le défunt Khalife général des Tidianes, Abdou Aziz Sy Dabakh, choisi pour s’acquitter de cette tâche avait alors désigné Ansou Niang de Sirmang (frontière entre le Sénégal et la Gambie) pour dire un Khalwa (Prières) sur le site du Méridien devant abriter le sommet.
Pourtant, le contexte était plus lourd de menaces en 1991, coïncidant avec la fin de la tempête du désert et des hostilités entre le Sénégal et la Mauritanie… Sans conduire le Président Abdou Diouf à l’alarmisme gratuit. Mais le sommet de 2008, celui de Wade, est bien plus qu’un simple sommet, pour être le point de départ de l’intronisation du Prince héritier. Car, la création d’un commissariat général en 1991, autant que celle d’une Agence nationale en 2008, ne devraient répondre qu’à un objectif précis : la préparation du sommet de l’Oci.
En termes clairs, la mise en oeuvre des conditions nécessaires pour accueillir les hôtes du Sénégal. Ce qui signifierait qu’à la veille du 8 mars, qui marque le début du sommet, Karim Wade et son staff devront rendre le tablier pour laisser la place à la diplomatie sénégalaise. Seule maîtresse d’œuvre en la circonstance. Il ne saurait en être autrement car, l’Anoci n’est qu’un organisme subsidiaire de l’Etat du Sénégal. La preuve : quel sera le rang de Karim dans le protocole durant la tenue du sommet ? On ne peut lui attribuer un quelconque rang sans faire fi de l’ordre de préséance.
Mais l’obstination du Président Wade à tenir un deuxième sommet à Dakar, puis a en confié l’organisation à son fils prendra bien le dessus sur tout autre obstacle. D’autant que le succès de cet 11ième sommet serait une formidable rampe de lancement pour Karim Wade dont les ambitions ne sont plus un secret pour personne.
Quoi de plus normal d’ailleurs qu’il ait choisi, dans le cadre d’une organisation de pays totalement ou partiellement islamiques où la souveraineté des peuples, pour ne pas dire la démocratie, est à rude épreuve, pour afficher ses ambitions. En effet, l’Oci, tout en étant un formidable creuset des nations islamiques, a également la spécificité d’être composée par des Etats où la succession au pouvoir est héréditaire. Les exemples sont légion : Abdallah a pris la place de son père Hussein de Jordanie, un autre Abdallah, cette fois ci en l’Arabie Saoudite a succédé au roi Fahd dans le cadre strictement familial, Moubarack fils et Saïfi Khaddafi sont sur les traces de leur père, notamment en Egypte et en Libye.
Mais le Sénégal a aussi sa spécificité, celle d’avoir été pendant de longues années une vitrine pour la démocratie en Afrique. Sans cela, Abdoulaye Wade n’aurait peut-être jamais accédé au pouvoir.
Afrique | L’Afrique piégée par la flambée des prix des aliments
Publié le 4 avril 2008 à 15h02
La rue africaine ne parle que de cela : les prix des denrées quotidiennes sont devenus fous. En quelques mois, la conjonction des hausses du blé, du riz, de l’huile sur les marchés mondiaux, de médiocres récoltes locales et l’absence de contrôle des prix, a accru les tensions sociales et compromis la stabilité politique.
Spectaculaire dans les villes africaines mais prégnante aussi en Asie, la flambée des prix a confirmé les propos de Jacques Diouf, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prophétisant, dès octobre 2007, des "émeutes de la faim" alors que le prix moyen d’un repas de base a augmenté de 40 % en une année."Beaucoup de gens ne mangent plus qu’un plat par jour", entend-on à Dakar. "Avec 1 500 francs CFA (2,25 euros) pour nourrir ma famille, je ne sais plus quoi faire", dit une ménagère sur un marché de Bamako, au Mali.
De Douala (Cameroun) à Abidjan (Côte d’Ivoire) et du Caire (Egypte) à Dakar (Sénégal), les manifestations de rues secouent les capitales africaines et contraignent les gouvernants à prendre des mesures pour contrôler les prix.
"Gbagbo, marché est cher", "Gbagbo, on a faim", clamaient lundi 31 mars des femmes d’Abdidjan à l’adresse du président ivoirien. Des affrontements avec la police ont causé la mort d’au moins deux personnes. De fait, le prix du kilogramme de riz est passé de 250 à 650 francs CFA (de 0,22 à 0,97 euro) au cours de l’année ; celui de l’huile a augmenté de plus de 40 %. Le savon, le lait, la viande ont suivi, ce dont ne rendent pas compte les chiffres officiels (8 % d’inflation en 2007 pour l’ensemble du continent noir). "Dans les pays de la zone CFA, la hausse serait encore plus importante si le franc CFA n’était pas accroché à l’euro, une devise forte. Le coût des importations en est diminué d’autant. Les pays dont la monnaie est accrochée au dollar souffrent davantage", assure un économiste de l’Agence française de développement (AFD).
Suppression des droits de douane et baisse de la TVA : le chef de l’Etat ivoirien, comme ses homologues camerounais, sénégalais ou égyptien confrontés eux aussi à la rue, s’est engagé à faire baisser les prix en jouant sur les rares leviers que l’Etat maîtrise encore. La recette n’est pas de celles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale préconisent car elle pèse sur les finances publiques.
Seule la gravité de la situation a amené les institutions financières à se montrer plus accommodantes vis-à-vis des pays en développement. Le gouvernement égyptien a ajouté une mesure plus radicale : l’interdiction temporaire d’exporter le riz produit localement.
Aucun pays n’est à l’abri de troubles. A Dakar, une manifestation interdite "contre la vie chère" a dérapé dimanche 30 mars, trois mois après l’annonce de mesures pour contenir l’inflation : suppression de taxes sur le riz, création de "magasins témoin" exemplaires par la modération de leurs prix, diminution du traitement des ministres et même du chef de l’Etat. Les mesures n’ont pas produit l’effet escompté. "Les commerçants n’ont pas joué le jeu et l’Etat n’a plus les moyens de contrôler", constate Mamadou Barry, de l’ONG sénégalaise Enda.
Au Maroc, secoué lui aussi par des manifestations "contre la vie chère", des rassemblements sont prévus en avril. La marge de manoeuvre du gouvernement est réduite. Cas rare en Afrique, une "caisse de compensation", prend partiellement en charge, au Maroc, la hausse des produits de première nécessité mais son enveloppe, augmentée dans le budget 2008, sera épuisée cet été.
En Mauritanie où l’autosuffisance alimentaire ne dépasse pas 30 %, la situation est encore plus dramatique. Incapable de financer l’importation de denrées agricoles, le pays va connaître "une crise alimentaire sérieuse en 2008", a prévenu le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
Au Burkina Faso, une commission parlementaire "contre la vie chère" a été installée après les manifestations de la mi-mars dans plusieurs villes . Les syndicats appellent à une "grève générale" les 8 et 9 avril pour réclamer des augmentations de salaires, le contrôle des prix et la réduction des taxes sur les carburants.
Conseiller pour l’Afrique au Fonds monétaire international (FMI), Eugène Nyambal estime que la situation est le résultat des politiques prônées par les institutions financières internationales. Depuis des décennies elles ont encouragé les cultures d’exportation comme le coton, au détriment des cultures vivrières qu’il était plus avantageux d’acquérir, à bas prix, sur le marché international. Elles ont aussi poussé au démantèlement des structures de contrôle des prix. "La plupart de ces pays attendent des solutions de la Banque mondiale ou du FMI qui sont eux-mêmes dépassés par les évolutions récentes", ajoute-t-il, insistant sur les conséquences des troubles actuels sur les régimes en place qui n’ont pas développé de politique de soutien à l’agriculture locale. Jeudi soir, à l’occasion de la fête de l’indépendance, le président sénégalais Abdoulaye Wade a ainsi annoncé la relance d’un "programme national d’autosuffisance" agricole.
La Banque mondiale a fait amende honorable dans son dernier rapport annuel et mis l’accent sur la renaissance des cultures vivrières. Il faudra des années pour modifier le modèle de développement.
Le Monde.fr
Aboulaye Bathily : "Wade fait de la diversion pour éviter les affaires gênantes"
vendredi 4 avril 2008
NETTALI - A l’absence de Yéro Deh, à la République démocratique du Congo (Rdc) dans le cadre d’une mission de l’Union africaine, c’est le secrétaire général de la Ligue démocratique, mouvement pour le parti du travail (Ld-Mpt) qui est monté au créneau pour apporter la réplique au Président Wade. Face aux accusations du président contre son ancien ministre Yéro Deh, accusé d’être l’instigateur des grèves dans le secteur de l’Education nationale, Bathily parle de diversion et veut poser les "vrais problèmes du pays".
Prenant la défense de l’ancien ministre de la Fonction publique, Yéro Deh, que Wade accuse d’être à l’origine des grèves dans le secteur de l’Education nationale, Bathily dégage en touche. "Les enseignants apprécieront. Si Wade pense qu’on peut demander aux syndicats d’aller en grève, c’est qu’il ne respecte pas les syndicalistes". Bathily inverse la perspective en évoquant le passé.
"Plusieurs fois Abdoulaye Wade nous a demandé de mobiliser les syndicats pour rendre ingouvernable le Sénégal. Il me disait : "Abdoulaye, si j’avais vos syndicats, Abdou Diouf ne respirerait pas", rappelle Bathily qui cite les années 80, comme moment durant lequel, il a "reçu des pressions" du président dans ce sens".
Mais Bathily ne crois pas que Wade lui-même accorde du crédit à ce qu’il dit. "Il (Me Abdoulaye Wade) fait de la diversion pour éviter les affaires gênantes", a déclaré le professeur Abdoulaye Bathily, pour s’expliquer les sorties récurrentes de Me Wade qui a chargé tour à tour la presse, le Parti socialiste (accusé de préparer un complot au Sénégal avec la complicité de Gbagbo) et la Ligue démocratique, mouvement pour le parti du travail (Ld-Mpt). Pour M. Bathily, "Abdoulaye Wade ne veut pas que le débat soit centré autour ce ces questions. Hier le Ps, aujourd’hui la Ld-Mpt. Il fait de la diversion, une méthode de gouvernement", constate-t-il, en soulignant que "c’est la preuve qu’il (Wade) est aujourd’hui démasqué et dans le désarroi total".
Bathily évoque en effet les vrais problèmes que sont les Chantiers de l’Anoci (Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique). "On lui parle de bilan, il esquive la question car il ne veut pas que la lumière soit faite sur cette affaire". Bathily cite aussi des manoeuvres qui ont abouti à la faillite des Industries chimiques du Sénégal (Ics) en citant le nom de Gérôme Godard cité dans le dossier.
Le secrétaire général de la Ld-Mpt convoque aussi "le coût trop élevé de la vie". "Aucune mesure n’est prise pour faire face à la flambée des prix", dénonce Bathily qui réduit les promesses du gouvernement à du "bavardage". "Depuis quatre ans, il (Wade) parle d’autosuffisance sans suite. On leur propose de mettre en place une commission pour évaluer les problèmes du monde rural et proposer des solutions". Mais, regrette Bathily, "il ne dit rien sur cela".
Pour rappel le Président Wade a imputé ce jeudi 3 avril, la récurrence des grèves dans le secteur de l’Education nationale par une manipulation d’un de ses anciens ministres. "La vérité, c’est qu’il y a quelques années, dans un gouvernement de coalition que j’avais formé avec les alliés de l’époque, j’avais confié, en toute bonne foi, le ministère de la Fonction publique à l’un d’entre eux. Mon partenaire que la bonne foi n’étouffe pas passe tout son temps à placer ses militants au cœur du système éducatif qu’il a fini par noyauter", a accusé Me Wade dans son discours à la nation prononcé ce 3 avril 2008.
"Depuis que nous nous sommes séparés, il (Ndlr, l’ancien ministre de la Fonction publique Yéro Deh) manipule ses militants pour perturber le secteur de l’éducation", a-t-il ajouté. Reconnaissant "qu’il y réussit malgré les milliers d’enseignements qui, de plus en plus, refusent les grèves de harcèlement politiques".
Des opérateurs économiques demandent la levée des taxes sur les produits sensibles
vendredi 4 avril 2008
NETTALI - L’Union des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) a appelé l’Etat à lever les protections sur certains produits de consommation courante comme l’huile, le sucre, au cours d’un point de presse, ce jeudi, à Dakar. Cela permettrait, selon eux, de soulager un peu les populations face à la tendance haussière des denrées de première nécessité.
Les responsables de cette organisation ont estimé que dans un contexte difficile, l’Etat doit se préoccuper du sort de la majorité de la population et non à vouloir sauvegarder à tout prix des intérêts privés. « La hausse de 52 % de taxes de protection sur les autres produits de consommation courante ne facilite pas la vie des aux Sénégalais », a dit Moustapha Lô, coordonnateur de ladite organisation, chargé de la communication.
A leur avis, la protection dont bénéficient des entreprises comme Suneor (Société des oléagineux) et la Compagnie sucrière sénégalaise ne se justifie plus. Et tant que l’Etat poursuivra cette politique, les prix du riz et de l’huile connaîtront une hausse, ont ajouté les commerçants de l’Unacois Jappo. Ils ont également demandé à l’Etat de baisser les droits de douane sur les denrées de première nécessité à défaut d’y renoncer.
Ces opérateurs économiques ont annoncé que d’ici trois mois, le marché national sera correctement approvisionné en riz, grâce, disent-ils, à leurs connaissances de la filière. Mais ils ont indiqué que le kilogramme ne pourrait pas coûter moins de 280 francs pour le riz parfumé et 290 francs pour le riz parfumé.
Au-delà de trois mois, ont-t-ils prévenu, les Sénégalais doivent s’attendre à acheter ce riz entre 450 francs et 500 francs. Ils ont également indiqué que dans le contexte international marqué par une flambée des prix, le riz produit localement est devenu compétitif, ajoutant même qu’ils sont disposés à mettre les moyens pour produire suffisamment de riz.
Prenant acte de la décision des autorités de relancer la culture de la céréale, ces opérateurs privés ont demandé à ce que le projet soit mené « sans calcul politicien et dans la transparence ».
FETE DU 4 AVRIL
L’opposition déroule sa caravane contre la vie chère
jeudi 3 avril 2008
NETTALI - Le président Wade ne les a pas cités dans son adresse à la nation pour renouer le dialogue avec eux, mais les leaders de l’opposition réunis au sein du « Front Siggil Sénégal » restent décidés à dérouler leur programme. Ce 4 avril, ils organisent une caravane contre la vie chère, dans le cadre de la prise en charge de la lutte des associations de consommateurs.
Loin des lambris de la République, le « Front Siggil Sénégal » a décidé de commémorer le 48e anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale à sa manière. Amath Dansokho et les autres leaders des partis membres de ce regroupement de l’opposition non parlementaire vont organiser ce 4 avril une caravane à travers la capitale pour protester contre la vie chère.
Le 30 mars dernier, le « Front Siggil Sénégal », par la voix de Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste, avait déclaré que l’opposition prenait en charge la question de la manifestation contre la vie chère. Après que soit dispersé, le même jour, le sit-in programmé par l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen) et l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs) et que les dirigeants de ces structures consuméristes avaient été interpellés.
Momar Ndao et Jean-Pierre Dieng, présidents respectivement de l’Ascosen et de l’Uncs, ont dans la foulée été présentés devant le juge du Tribunal des flagrants délits pour plusieurs chefs d’inculpation, hier, mais leur affaire a été renvoyée à huitaine.
En attendant, le « Front Siggil Sénégal » n’a donc pas tardé à passer à l’acte, prenant à son compte la lutte des consuméristes à travers la caravane qu’il organise ce 4 avril. Dans un premier temps, Dansokho et Cie sillonneront les artères de la capitale, en attendant d’élargir leur action aux autres régions.
Néanmoins, l’adresse à la nation du président de la République ce soir, en cette veille de fête de l’indépendance, n’a cité les partis politiques que pour les inviter à parrainer des enfants dans le cadre de campagnes de vaccination. Ou bien pour en indexer un qu’il désigne comme un ancien allié qui manipule les enseignants grévistes. Alors que, pour apaiser le climat délétère qui prévaut depuis l’annonce avortée du dialogue politique, les acteurs politiques espéraient un signe destiné à renouer le fil avec ceux-là qui étaient pour la plupart acteurs des changements survenus dans ce pays et ayant porté l’actuel président au pouvoir.