Toujours divertir le peuple
PRÉSIDENT, JE NE ME NOMME PLUS QUATRIÈME POUVOIR !«Plus vous prétendez comprimer la presse, plus l’explosion sera forte. Il faut donc vous résoudre à vivre avec elle». Chateaubriand
[ 21/03/2008 ]
Jadis considérée comme le quatrième pouvoir, la presse d’aujourd’hui, de par son influence et son rôle avant-gardiste, occupe la seconde place du maillon derrière le pouvoir économique, devançant ipso facto l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. C’est justement ce nouveau chamboulement dans la hiérarchie des pouvoirs qui hante le sommeil de beaucoup de régimes dictatoriaux et monarchiques comme le nôtre.
Si en Chine, les autorités enferment les journalistes dans leurs hôtels et leur interdisent de sortir, au Sénégal, depuis 2001, notre presse nationale vit au rythme de bâillonnement, d’emprisonnement arbitraire et d’agressions multiples de la part du régime et de ses souteneurs. Comme si cela ne suffisait pas, Me Wade, à l’occasion de sa dernière conférence de presse, n’est pas allé avec le dos de la cuillère en déversant un torrent de boue sur nos journalistes, ces sentinelles de notre démocratie lézardée. Au point où nous en sommes, c’est une lapalissade de dire que la presse dérange sous nos cieux. Celle-là libre et professionnelle s’entend. Ils sont au nombre de combien, ces journalistes surtout d’investigation qui ont mis à nu les scandales économiques, moraux, et politico-financiers répétitifs comme le fameux protocole de Reubeus sous le magistère de Wade ? Ils sont combien à nous aider à comprendre et à décrypter les manœuvres politico-politiciennes de nos gouvernants ? Ils sont combien à dénoncer les entorses faites en permanence à notre Constitution ?
Et comble pour comble, c’est Me Wade qui, à la clôture du 11e sommet de l’OCI, avance ces propos : « … comme en football, la démocratie suppose le respect des règles ». On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer quand le véritable objecteur de notre petite démocratie s’érige en donneur de leçon. Là, Monsieur le Président, vous ne faites que frapper au coin du bon sens. Nous avons beau écarquiller les yeux, mais depuis 2001, vous ne faites que niveler notre démocratie naissante par le bas et sans scrupule. Dans un pays où la parole de l’autorité suprême ne vaut même plus un clou, où la fonction de Président est constamment désacralisée, où les hommes politiques, pour l’essentiel, ne sont plus crédibles, la presse sera forcément le grand rempart attendu par les Sénégalais plongés dans un profond désarroi politique par l’absence de repères acceptables. Et ce n’est pas la faute aux journalistes si aujourd’hui ils sont plus écoutés que les politiques. Loin s’en faut ! En définitive, dans la corporation journalistique, on trouvera toujours des plumes vendues, domestiquées ou peu soucieuses de déontologie.
Comme partout ailleurs dans le monde de la presse. Quant à vouloir en faire l’apanage de la presse sénégalaise, il faut vraiment être malhonnête. D’autant que c’est l’alternance politique qui a inauguré l’ère de cette nouvelle forme de journalisme dit des caniveaux avec « IL EST MIDI et LE MESSAGER » plus enclin à insulter et à diffamer qu’à informer juste et vrai. On se souvient encore de la tentative de corruption à renfort de 200 millions de nos francs dans l’affaire Madiambal Diagne et Thierno Lô, ancien ministre de l’environnement sous Wade. De même, la RTS, le patrimoine de tous les Sénégalais, est devenu un instrument de propagande et un sac de mensonges au profit de la classe dirigeante et curieusement avec des journalistes dits « qualifiés ». Président, Il n'y a pas d'avenir à répéter les vieilles recettes qui ont toujours échoué. La seule chose à faire c’est de balayer d’abord devant votre porte. A bon entendeur !
Regards, Moustapha DIOP
Moustapha DIOP elhadjdiop@yahoo.com Membre du Parti citoyen, Genève, SUISSE.