et c’est moche pour un président
Vulgaire, corrupteur, maître chanteur, c’est choquant et c’est moche pour un président
A se rappeler le visage du chef de l’Etat, au sortir de la présidentielle de 2007, vociférant contre son fils putatif et quelques leaders de l’opposition me l’avait rendu pitoyable. Je m’étais mise à me demander où étaient ses conseillers, au rang desquels devait se trouver sa famille (ses nièces et petits-enfants notamment). La bouche et les yeux grands ouverts, le doigt pointé vers une cible visible de lui seul, la tête désertée, il n’était pas loin de rappeler Fantomas, comme disait une de ses bien chères collaboratrices. A savoir qu’il ne flinguait ce fils que pour en positionner et valoriser un autre, nous l’avait rendu vulgaire parce que le népotisme n’est pas une belle chose ; il n’est pas une valeur, il est une insulte à notre code moral.
Depuis lors, la justice divine a dû s’en mêler puisque les mécomptes (comme dirait l’autre) sont tellement nombreux qu’ils en refusent de nous présenter les comptes ! A ce propos, c’est toute honte bue (il a dû bien apprendre) que ce garçon, plus perdu qu’effronté, s’entête à se taire. C’est pathétique, mais il est heureux de constater que cela ne fait pas fléchir l’opinion qui exige la reddition des comptes.
Et puis, intervient l’épisode Ségura, le piment dans la potion ! D’après les aveux circonstanciés, ce ne fut pas la première fois ‘c’est notre tradition de remettre des cadeaux à nos hôtes’. Il n’est pas de notre tradition de voler pour offrir. Et cet argent qui est celui du contribuable, n’appartient pas à ces gens ! Pas plus que les milliards qui auraient pris la route des paradis fiscaux !
A essayer de corrompre tout ce qui bouge, même son ombre, le sieur Président, en plus d’avoir exaspéré les bailleurs de fonds, bien des fois fort complaisants avec ce régime, a permis de mettre à nu les tares toujours dénoncées par la presse et par l’opposition. L’opinion a eu les preuves qu’elle réclamait souvent alors que les marabouts et autres dignitaires continuent de se remplir les poches et les panses, ainsi que les magasins.
Mais, l’actualité, et le plus grave aujourd’hui, c’est qu’on le disait maître et que nous le découvrons maître-chanteur ! Je ne trouve pas d’autre qualificatif sur le dossier de Mbane qui, décidément, est une anthologie ! Sur ce dossier et en dépit du bon sens, on a essayé d’utiliser la justice pour empêcher l’expression de la voix du peuple. Cette même justice, dans un sursaut salutaire d’honneur, s’est prononcée par sa Cour suprême pour rétablir les populations dans leur droit. L’administration fait la sourde oreille, s’assied sur les décisions jusqu’à ce que sa majesté daigne lever le menton et ordonner l’application de la loi. Triste République et bel aveu ! L’ordre est en effet accompagné d’un autre, tout aussi inacceptable, en direction des autorités locales, pour qu’elles couvrent le vol et la spoliation ! Ces autorités ne s’y plieront certainement pas et appelleront, s’il y a lieu, à une consultation populaire pour que le monsieur soit définitivement édifié sur le peu d’estime que lui portent les populations du Walo, contrairement aux contrevérités qui lui sont servies tous les jours à ce sujet.
Au total et très sérieusement, je pense que nous avons à la tête de ce pays un dirigeant en fin de vie politique, et dont tous les derniers actes et déclarations sont un appel au secours qu’il nous faut entendre ; pour l’aider à partir. Il reporte tous les jours son Fesman et l’inauguration de son ‘œuvre forfaitaire’ et ne trouve rien d’autre à faire que de souiller une dernière fois l’honneur de tous et la foi de certains, en calant cette manifestation impie et orgie de milliards sur l’anniversaire de notre indépendance. C’est l’occasion pour les Sénégalais et les Dakarois, jeunes et femmes, de lui montrer que cette injure-là est indépassable et impardonnable : que c’est la goutte d’eau qui fera déborder le vase et qu’il ne doit pas se réfugier derrière la sacralité de ce jour pour profaner nos âmes.
Khoudia MBAYE