des 8&9 juin 2007
LA JEUNESSE LIBERALE DE DAKAR JETTE DES PIERRES DANS LES JARDINS DE KARIM WADE «Etre fils du président ne veut pas dire être président du Pds»
Article Par HAROUNA FALL,
Paru le Samedi 9 Juin 2007
Face à la presse hier, le coordonnateur de la jeunesse libérale de Dakar (Jld a lancé des piques à la génération du concret. Pour lui si Karim Wade a des ambitions politiques qu’il crée son parti et qu’il descende sur le terrain. Etre fils du président ne veut pas dire être président du Pds.
La génération du concret avec à sa tête le président de l’agence pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci), Karim Wade, est de plus en plus très mal accueillie dans les milieux libéraux. Ceux- ci ne ratent aucune occasion pour brocarder les concepteurs de ce slogan. Hier, Alboury Diop, le coordonnateur de (Jld ) qui regroupe l’ensemble des comités de liaisons communales (Clc), par ailleurs proche du Premier ministre Macky Sall, répondant à une question sur la position de cette structure sur la génération du concret, a indiqué que si Karim Wade a des ambitions politiques, qu’il crée son parti politique. Pour Alboury Diop, être fils du président de la république ne veut pas dire être président du parti démocratique sénégalais (Pds). A l’en croire, la jeunesse libérale de Dakar ne reconnaît pas la génération du concret. Pour Alboury Diop, c’est trop facile de lancer des slogans, s’ils veulent travailler concrètement qu’ils viennent dans le parti. Et qu’il concrétise le travail qui lui est confié au lieu de faire de l’agitation politique.
Pape Diop taclé, Ablaye Faye sous perfusion, Niasse, Tanor flingués Tout en se gardant d’être une jeunesse qui s’attaque à des responsables politiques du parti démocratique sénégalais (Pds), Alboury Diop, analysant le faible taux de participation lors des élections législatives, a indiqué que pour ce qui du taux de Dakar (25%) la dernière de la classe, le maire Pape Diop est en partie responsable. A l’en croire, le maire de Dakar a mené une campagne en solo. Il n’y a pas associé les jeunesses de Dakar. Les jeunes se sont contentés des thé-débats en lieu et place de la grande caravane de la jeunesse de 2001. Il a également fustigé l’administration du Pds. Pour lui, un homme politique ne pas être administrateur du parti. Parce qu’il a des ramifications et des ambitions politiques. Il peut financer telle structure au détriment de telle autre selon ses sensibilités. Pour mettre fin à cette pratique, la Jld a fait une proposition au parti de nommer un administrateur du parti neutre. Qui pourra gérer de manière professionnelle le Pds. A l’en croire, Ablaye Faye reçoit l’argent pour financer les structures du parti, mais la Jdl n’a rien vu.
Le front « Siggil Sénégal » en a aussi pris pour son grade. Pour Alboury Diop, la Jld ne laissera personne s’attaquer au chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade. Et qui tentera de déstabiliser le pouvoir de Wade la trouvera sur son chemin. À l’endroit de Niasse, Tanor et Dansokho, il a indiqué qu’ils ne peuvent pas s’attaquer à Wade le jour, et demander des audiences la nuit.
Il n’a jamais été question d’audiences avec Wade
Joint au téléphone, Abdoulaye Wilane, le chargé de la communication du Ps a indiqué que dans le landerneau politique, Ousmane Tanor Dieng est celui dont la ligne politique est claire, nette et précise : il n’a jamais fait dans la compromission et il n’est pas atteint de la maladie de la complotique. Il n’a jamais demandé à rencontrer Wade parce que cela ne l’intéresse pas. Pour sa part, Mbaye Dione, le responsable des jeunes de l’Afp a indiqué qu’il n’a jamais été question pour Moustapha Niasse de demander une audience avec Wade, ni de lui envoyer un émissaire. S’il y a des gens qui tapent à sa porte nuitamment, cela ne regarde pas Moustapha Niasse. Il ne négocie rien et il est un opposant farouche au régime de Wade. Nos tentatives d’entrer en contact avec Cheikh Diallo, le conseiller en communication de Karim Wade, de Seydina Oumar Touré, le directeur de cabinet du maire de Dakar Pape Diop et de Ablaye Faye, administrateur du Pds, ont été vaines.
Gadio à la primature, Macky à l’Assemblée, Pape Diop au Sénat, Karim à l’économie et aux finances Le schéma de Wade à l’étude au sommet de l’Etat
Article Par Latir MANE,
Paru le Samedi 9 Juin 2007
Il y a eu beaucoup de schémas qui ont été avancés à la veille de l’installation d’un nouveau gouvernement. Mais la dernière, qui est à l’étude, reste celle-ci : Cheikh Tidiane Gadio à la Primature, Macky Sall à la présidence de l’Assemblée nationale, Pape Diop au Sénat, et l’entrée en jeu de Karim Wade, comme Ministre de l’économie et des finances.
À chaque semaine sa donne. Et «ce sera ainsi jusqu’à la mise en place définitive du prochain gouvernement» confie une source basée au palais présidentiel. Avant d’ajouter que Cheikh Tidiane Gadio, actuel Ministre des affaires étrangères a la côte. Non seulement Me Abdoulaye Wade est très content du travail qu’il abat, mais il y a un lobby très puissant qui veut le pousser vers le sommet. Parlant des retombés d’une diplomatie active, notre source a cité le sommet du G8, comme le fruit d’une bonne politique étrangère de Cheikh Tidiane Gadio. Le chef de l’Etat qui tient beaucoup à son image sur le plan international et chez ses pairs l’a reçu en audience dans le cadre des audiences qu’il a accordées dernièrement à des personnes ministrables.
Pour ce qui est de Macky Sall, actuel Premier ministre, c’est la présidence de l’Assemblée nationale qui lui est réservée. Un de ses proches a d’ailleurs signalé que présentement cette décision ne lui a pas été dite par Me Wade. Mais il confie que cette idée a été déjà agitée avant les élections législatives. Mais Wade avait en son temps confié à Macky que si tel devait être le cas, il va l’avertir et ils trouveront le consensus à ce sujet. Ce que Macky a accepté avant de dire qu’il s’en remet à la décision de Me Wade.
Il reste alors le cas Pape Diop, président de l’Assemblée nationale sortant. «Cet homme de confiance de Me Wade sera logé au Sénat». Pour avoir été dans toutes les batailles, Me Wade a demandé qu’on le récompense. Il restera toujours la deuxième personnalité de l’Etat. Mais avec la guerre de succession qui a été lancée, personne ne sait pour combien de temps il va demeurer à ce poste.
Enfin la dernière nouveauté reste l’entrée en jeu de Karim Wade. Ne pouvant pas d’un coup se retrouver à un haut poste de responsabilité, son père veut le mettre dans le bain dans le prochain gouvernement. Et c’est le poste de Ministre de l’économie et des finances qui correspond à ses compétences. D’ailleurs un leader politique de l’opposition avait confié qu’au lendemain de l’alternance déjà, Wade voulait mettre son fils à ce poste. Maintenant qu’il commence à faire ses preuves, pour son père , le temps est venu de le jeter à l’eau. Comme dans tout choix, certaines personnes vont se sentir lésées et feront tout pour être dans ce nouveau schéma, quitte à jeter le discrédit chez certains promus. Ou à rappeler à Me Wade ses promesses de mettre à la primature une femme. Mais comme d’habitude, Wade a toujours eu, a et aura le dernier mot.
Législatives 2007 : L’acteur contre le système (des partis) Un signal fort des Electeurs à toute la classe politique traditionnelle
Article Par Pr. Malick Ndiaye, Coordonnateur du Bloc des Citoyens,
Paru le Mercredi 6 Juin 2007
Rien ne sera plus comme avant. La guerre des partis du Pouvoir et de l’Opposition, avec la complicité de la société civile institutionnelle, a conduit à une chute de l’offre politique globale. Celle-ci doit être repensée de manière approfondie, sur le plan de la méthode, du contenu, de l’orientation et des méthodes. Tel est le résultat combiné du «maa tey» de la Coalition Sopi et de l’incivisme de l’Opposition boycotteuse. Ce 3 juin 2007 est donc avant tout un acte de défiance de la Citoyenneté émergente, non vis-à-vis de la Démocratie, mais à l’égard du système des partis, système verrouillé, exclusif et péremptoire, qui a fait la pluie et le beau temps entre 1974 et 2007. Si, jusqu’ici les citoyens avaient suivi les appareils des partis, à présent, les partis sont sommés d’écouter les masses, de se réformer, d’être à l’écoute des citoyens, dont les problèmes quotidiens et les exigences les plus élémentaires : hausse des prix, éducation, santé, sécurité, ont été délaissés. L’Assemblée Nationale-caisse de résonance est finie, et avec elle, le député sans obligation de résultats, le parti comme outil de promotion privée, etc.
Le système des partis est frappé à mort par le Citoyen devenu majeur, un acteur à part entière, dont les comportements et les choix viennent de bouleverser l’ancienne donne politique. Le Citoyen ne veut plus être un instrument de promotion entre les mains des partis, des coalitions ou des opérateurs de la société civile.
Ce qui est frappé de nullité, ce sont non seulement les exécutifs des partis qui ont dominé la vie politique sénégalaise depuis un quart de siècle, mais aussi le régime interne de ces mêmes partis, dont les règles et les procédures de désignation des responsables, la gestion des fonds, le financement, le contrôle sur les instances et la tenue régulière de congrès, la mobilité des Secrétaires généraux et le mode de composition des bureaux politiques, n’ont fait qu’éloigner la base du sommet, tout en creusant le fossé entre les partis et les masses. Cet effondrement de l’offre politique globale est le résultat le plus élaboré du régime des partis caractérisés par les SG inamovibles (à vie), l’élévation des partis au-dessus des citoyens, le mépris de l’électeur assailli de problèmes en tous genres alors que les députés et les nantis des appareils de partis paradent parce qu’ils contrôlent les ressources publiques et s’en servent de manière égoïste et arrogante.
Sans démocratie interne dans les partis et sans contrôle de leur fonctionnement et de leurs orientations par les instances, les partis se reproduisent comme patrimoine privé, familial ou clanique d’un individu, d’une clique ou d’une coterie. Ce n’est pas seulement un problème de participation à un scrutin qui est posé, mais, au-delà, celui de la conception même de la politique, qui faut-il le rappeler, est d’abord citoyenne avant d’être partisane.
Au total, c’est bien la démocratie représentative, de l’ancien et du nouveau régime, qui vient de montrer ses limites, par suite de cette révolte du Citoyen, qui n’entend plus subir le diktat des politiques et a commencé par cet acte significatif à renégocier les conditions de sa participation comme membre de l’Etat.
Repenser l’action démocratique, redonner du sens à la politique et à l’action politique, à commencer par la fonction et les missions des partis, dans le respect du sentiment des citoyens, tels sont les premiers enseignements de ce scrutin. Ce dernier marque un tournant dans les Annales de la démocratie sénégalaise, un tournant caractérisé par l’irruption sur la scène politique du citoyen moderne, qui définit à présent les termes de sa participation volontaire au jeu démocratique, au lieu de subir ce dernier. Et pour cause, après avoir voté massivement à la présidentielle du 25 février, il se prononce de façon tout aussi remarquable trois mois après. Un nouvel acteur est donc bien né qui fait basculer le Sénégal sur la pente de sa modernité politique et démocratique : le Citoyen libre, qui choisit de dire Oui, Non ou qui s’abstient, en fonction de son appréciation de l’offre politique globale. Le régime des partis a atteint ses limites. Il faut en tirer toutes les conséquences. C’est toute une époque de la vie politique sénégalaise qui est révolue, et avec celle-ci, les figures et les symboles du passé dont les électeurs viennent de tourner la page. Les nouvelles élites sauront-elles déchiffrer le message ? Là est la question.
Scrutin du 03 Juin Entre aberration démocratique et hérésie politique
Article Par Seybatou SENE,Élève ingénieur en planification économiq,
Paru le Vendredi 8 Juin 2007
Le faible taux de participation enregistré lors dernières élections législatives mérite une analyse profonde. Ce à quoi nous avons assisté Dimanche n’est ni plus ni moins qu’un fiasco électoral. A l’instar d’une bonne partie de mes compatriotes soucieux du devenir de notre jeune nation, j’ai eu un sentiment de honte et de dégoût. Par ce scrutin, notre pays signe son recul démocratique et confirme sa place de pôle position dans ce j’appelle l’indice de développement de la honte par opposition à l’Indice de Développement Humain.
La première explication qu’il faut donner à ce faible taux est évidemment le boycott de l’opposition face au refus du pouvoir de négocier pour trouver une solution face à l’imbroglio politique né des présidentielles de Février dernier. Ce refus de dialogue apparaît comme un précédent dangereux et ne saurait s’expliquer. D’autant plus que le code électoral ,qui a vu la victoire du Pésident Wade en 2000, fut le fruit d’un dialogue de tous les acteurs politiques au premier rang desquels le régime socialiste au pouvoir à l’époque. Que gagne donc Wade en refusant de recevoir l’opposition alors qu’il le fait chaque pour des gens moins charismatiques et moins emblématiques que les chefs de l’opposition? L’Assemblée Nationale issue de ce scrutin va souffrir d’une illégitimité congénitale. On ne saurait prétendre parler et agir pour un peuple qui s’est abstenu à plus de 60%. C’est à la fois une aberration démocratique et une hérésie politique. Les explications alambiquées des libéraux et de leurs alliés cachent un malaise profond et nous renseignent à suffisance sur leur conception de la chose politique. C’est une situation qui décrédibilise et ternit fortement l’image du Sénégal. Cette attitude du régime fragilise gravement aussi la stabilité nationale. Elle contredit en même temps les identités et les valeurs spécifiques qui ont fait jusqu’ici, de notre jeune nation, un miroir de la démocratie, un îlot de paix dans une Afrique soumise aux turbulences de toutes sortes. Par de tels agissements, le pouvoir est en train d’entraver la marche démocratique du pays. Une marche démocratique qu’on croyait pourtant parachevée au soir du 19 Mars 2000. Dès lors, il est évident que la crise de la représentation marquée par la délégitimation de l’assemblée Nationale, le délitement des fondamentaux démocratiques, ont ramené le Sénégal à l’état de nature.La gestion de l’exclusion et l’achat d’une illusoire tranquillité par la généralisation de la corruption et du népotisme, sont parvenus aux limites de leur efficacité. Cette façon d'agir érigée en forme de gestion, porte en elle des germes destabilisateurs ; de la stabilité nationale car elle nourrit la haine, entretient la violence et alimente une suspicion dans toutes les sphères de l’Etat et au sein du Pds. Aujourd’hui, il est unanimement admis que nous tournons en rond dans l’inertie d’un présent régressif marqué par un climat sociopolitique fortement plombé de caillots d’incertitudes à l’image des caillots sanguins présents dans les poumons du jeune et brave leader du Jef jeel, en qui nous saluons le courage et la détermination Dans un contexte marqué par une aggravation de la pauvreté, de la faim, de l’état de santé, de l’analphabétisme et la détérioration continue du pouvoir d’achat de nos concitoyens, le Sénégal a besoin de dirigeants qui inspirent une culture du dialogue, une pédagogie du consensus. Et non la promotion de leaders qui excellent dans le primat de calculs partisans .Le dialogue entre le pouvoir et l’opposition s’avère donc plus que nécessaire. Il est la condition première d’une paix sociale et un levier majeur de notre démocratie en construction. Notre conviction est qu’il doit être pour les gens qui nous dirigent, la mesure qui bat le rythme de leurs activités quotidiennes comme le sont la diastole et la systole pour le coeur. A cet égard, le président de la République ,détenteur de la légitimité populaire, a un rôle fondamental à jouer s’il veut léguer à la postérité l’image d’un homme d’Etat exemplaire. Il doit faire sienne ces paroles de Charles MAURAS selon qui « la subordination d’un chef aux désirs de son peuple, n’est pas de la servitude et que l’autorité n’est pas la tyrannie ». Le Sénégal n’a pas le droit et ne peut plus faire l’économie d’un dialogue consensuel entre ses différents acteurs politiques ; à moins que nous choisissions d’être la risée de la planète si nous ne le sommes pas déjà.
LA CHRONIQUE DE BABACR JUSTIN NDIAYE Macky est sur la margelle
Article Par BABACAR JUSTIN NDIAYE,
Paru le Vendredi 8 Juin 2007
En niant une évidence aussi nettement visible qu’une bosse sur le dos d’un dromadaire, Macky Sall et ses co-équipiers du directoire de campagne, s’adonnent à une pratique fort bien tournée en dérision par le défunt humoriste Coluche : « Fermez les yeux pour voir ». En effet, il faut recevoir des gouttes d’acide dans l’œil et avoir le cerveau en liquéfaction, pour « être comblé » (Macky dixit) par cette défaite politique et psychologique qui réduit à néant toute victoire d’ordre électoralement arithmétique. Et qui écorne la légitimité qui est – non seulement supérieure à la légalité – mais donne plus de poids et de force en politique. En vérité, l’enjeu a, dès le départ, changé de cap et de couleurs. La compétition strictement électorale ayant cédé la place à un duel éminemment politique, entre le défi de l’insuccès (par le boycott) lancé par l’opposition et le pari du succès (par la participation) assumé par la majorité. D’où l’impact, l’importance, la signification et valeur du taux de participation dans la lecture ultime de l’évènement. Si le taux de participation était tangent, c’est-à-dire situé à la hauteur de 50 %, il renverrait dos à dos les deux protagonistes de l’épreuve de force. Mais officiellement très bien calé en dessous de 40 %, les observateurs y voient en vrac, donc sans aucune hiérarchie, les effets cumulés du boycott activement et heureusement pacifique ; de la demande sociale devenue une braise sociale ; et de la somme de frustrations dérivées des investitures houleuses sur les listes libérales. Mais cette soudaine inertie du corps électoral – pourtant hyperactif le 25 février dernier – ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des réalités dévoilées par le scrutin du 3 juin. Bien au contraire. En fonctionnant comme un révélateur, il restitue la photographie de la démocratie sénégalaise qui s’en va en eau de boudin, faute de démocrates farouches et fervents. A cet égard, on recense des faits plus parlants que des hauts parleurs. En tête, figure le brouillard qui enveloppe la victoire du Président Wade, pourtant validée aussi bien par les observateurs que par le Conseil constitutionnel. Ensuite, le mélange de choc et de malaise causé par la contre performance d’un ficher totalement nouveau qui a coûté 22 milliards de francs au contribuable et escamoté un million de cartes d’électeurs dès son baptême de feu, à l’occasion de la présidentielle du 25 février 2007. Enfin, moult micmacs comme l’alibi du Plan Jaxay, les prorogations de mandats parlementaires et les décrets répartissant de façon volontairement tâtonnante puis récidivante, le nombre de sièges de députés à pourvoir dans certains départements etc. Bref, un festival de ruses qui tient lieu de vie politique nationale depuis l’aube de l’alternance. Voilà qui explique l’apathie électorale du citoyen ; voilà qui renseigne sur son aplatissement civique. Et voilà qui signale quelque chose de pourri au royaume (sénégalais) de la démocratie. Preuve qu’on frôle le fond de l’abîme, en attendant de le toucher : cette noria de cars disséminés dans les quartiers et mis gracieusement à la disposition de citoyens plus portés sur le repos dominical que sur le vote…dominical. C’est effarant, 47 ans après l’indépendance, dans la patrie de Me Lamine Guèye, grand parlementaire devant l’Eternel, qui a donné son nom à une Loi votée par l’Assemblée nationale française. C’est incroyable dans un pays qui n’a jamais connu un régime d’exception ; qui n’a jamais enregistré un coup d’Etat militaire (à la différence du Niger qui a subi la dictature du Général Seyni Kountché) ; et qui n’a pas attendu l’écroulement du mur de Berlin pour vivre son printemps démocratique. D’où l’urgence d’un aggiornamento (mot italien plus fort que le sursaut) au niveau du personnel politique afin de conjurer les périls qui ont pour signes annonciateurs, le déficit démocratique. Car le déroulement de ces législatives du 3 juin, a précipité notre option démocratique à la croisée des chemins : ou c’est le glissement dans l’agonie ; ou c’est le basculement dans l’âge d’or. Quant à l’argument anti-législatif qui dépeint le député analphabète et amorphe, il est injuste. Puisque les élus du Niger plus analphabètes que leurs homologues sénégalais, ont balayé le chef du gouvernement issu de la majorité. Morale : un universitaire peut être un béni-oui-oui dans l’hémicycle ; tandis qu’un illettré peut, a contrario, y être un frondeur. Dans l’immédiat, l’implacable loi de la politique balise le chemin de l’abattoir pour Macky Sall qui, vérifiera incessamment – et à ses dépens – la sentence de Kennedy : « La victoire a mille pères, la défaite est orpheline ». Pour l’instant, Macky est sur la margelle du puits. Et cela, malgré les félicitations et remerciements appuyés de Wade. Combien de généraux ont reçu leurs bâtons de maréchal à titre posthume ? D’ores et déjà, le journal Express News qui est le meilleur baromètre des humeurs et, surtout, des coups en gestation au Palais, a titré dans son édition du lundi 4 juin : « Macky Sall défend son taux de 34 % ». Admirez l’adjectif possessif SON. Comme quoi, le Premier ministre en sursis n’a qu’à se débrouiller, pour traîner son boulet de taux ou son taux de boulet qui n’est ni celui du Parti ni celui du Président de la république et non moins Secrétaire général de la formation libérale. Dur métier(la politique) où « les vertus ne sont pas toujours récompensées, mais les fautes se payent » selon Léon Blum. Même catapulté à la tête d’une Assemblée nationale rétrogradée derrière le Sénat, Macky Sall ne fera que transiter par le purgatoire, non loin de cet enfer où une motion de défiance bien téléguidée, le précipitera fatalement. Habib Thiam et Daouda Sow ont parcouru ce chemin de croix qui passe souvent par le perchoir de l’hémicycle Et pourtant, le camouflet du boycott et l’ankylose de notre système démocratique ont la même source, à savoir la gestion au sommet de l’Etat de deux agendas : le calendrier républicain et le calendrier successoral. Au demeurant, le contexte n’est-il pas du pain bénit pour saborder le vieillissant Pds et propulser la naissante « Génération du concret », hier, en route et, aujourd’hui, en fusée (avec son récépissé) vers le sommet de l’OCI et de…l’Etat ?
ENTRETIEN AVEC… Doudou Wade, président du Groupe parlementaire Libéral et démocratique : «Les traîtres méritent pire que l’exclusion»
Dans une boutique quelconque du Plateau où il passe ses heures perdues, au moment où Dakar-ville se vide de ses commerçants et bureaucrates, le président sortant du groupe libéral et démocratique à l’Assemblée nationale défend le taux de participation aux législatives, fustige les traîtres tapis dans son camp et se dit fier de Karim Wade, son jeune frère.
Comment le patron des députés libéraux que vous êtes analyse-t-il le faible taux de participation des sénégalais au dernier scrutin législatif ?
Je ne suis pas allé aux élections pour analyser des taux d’abstention. Nous nous sommes investis pour gagner, pour avoir une majorité qualifiée qui permette au président de la République de gouverner en toute sérénité. Nous avons gagné et nous avons bien gagné ! Pour la première fois de notre histoire, un parti remporte l’ensemble des sièges au scrutin majoritaire, et avec la proportionnelle. Je pense que nous allons en sortir avec 43%. Donc j’applaudis et je félicite l’ensemble des sénégalais qui ont permis cette belle victoire.
N’est-ce pas une victoire exprimée par la minorité des Sénégalais, vu le faible taux de participation ?
C’est dans les normes. Il faut se souvenir que jamais les élections législatives n’ont connu un taux supérieur à 40, 98%, quand la présidentielle et les législatives ont été découplées. Il est arrivé même que les élections présidentielle et législatives soient couplées et que ce soit la présidentielle qui tirait sur les législatives. Les Sénégalais sont, beaucoup, plus enclins à participer aux élections présidentielles où il y a un combat politique entre deux hommes, des individus sur une base programmatique. Les législatives, c’est rechercher une majorité pour permettre à celui qui a été élu de pouvoir gouverner. Mais, depuis 1993, les taux de participations tournent autour de 39% à 40%. Aujourd’hui, nous avons eu près de 35% dans un contexte où tous les partis politiques ne sont pas allés aux élections.
Pourtant, en 2001, les législatives ont enregistré un taux de participation de 67, 71%.
Le contexte de 2001 est différent. Nous sommes partis aux élections présidentielles le 19 mars 2000 et il y a eu une chose inédite au Sénégal : l’alternance que les Sénégalais ont cherchée pendant 40 ans. Le président, après ces élections, a dissout l’Assemblée nationale, ce qui fut, également, une chose inédite. Alors, le torrent présidentiel a entraîné les législatives pour permettre d’obtenir un taux de 67%.
Est-ce que les dernières législatives ne sont pas, également, inédites dans la mesure où le peuple venait de réélire son Président à 55, 5 % avec un taux de plus de 70 % ?
Je suis totalement d’accord !
Alors, pourquoi ce que vous appelez torrent pour la présidentielle du 25 février n’a pas entraîné les législatives ?
Vous oubliez un autre facteur. Un facteur qui est venu amoindrir cet effet. C’est que nous sommes partis aux législatives, après la présidentielle et nous avons des partis politiques qui ont participé aux élections présidentielles, notamment, le deuxième et le troisième, mais qui ont boycotté les législatives.
Donc, vous reconnaissez la force de l’opposition qui a boycotté le scrutin ?
Du tout ! (Il se répète) La norme, les références, c’est les 41%.
Et pourquoi pas les 67 % de 2001 ?
Je dis bien que sur ces 41% qui est la norme, l’opposition, avec 38%... (Ndlr : confus)… C’est-à-dire que le boycott, dans la norme qui est dégagée, ne représente que 3% de l’électorat. C’est simplement 3% de l’électorat, de mon point de vue, qui n’est pas allé aux élections.
Ce que l’opinion ne comprend pas, c’est pourquoi vous ne prenez pas le taux de 2001 comme la référence d’autant plus que c’est la plus récente élection.
Vous avez des élections en 1993 et en 1998 où nous étions à 38, 39 et 40,98%. Aucun parti n’avait boycotté. Quand tous les partis vont aux élections, c’est 40%, quand vous avez une dizaine de partis qui ne vont pas aux élections, vous êtes à 38%. Le taux de participation est un excellent taux. Et puis, attendez de voir ce qui va se passer en France. C’est parce que les élections législatives constituent le choix d’un outil parlementaire pour appuyer un Président. Ensuite, vous savez que dès l’annonce du boycott, les choses étaient déjà faites. C’était un combat sans adversaire et certains se sont dits que cela ne valait pas la peine. C’est pourquoi, il n’y a pas eu d’engouement.
Est-ce qu’il ne faut pas, aussi, expliquer ce manque d’engouement pas les difficultés que vivent les populations avec les délestages, les coupures d’eaux et la hausse des prix de denrée de première nécessité ?
Je vous dis toute suite que le taux est bon. Mais, compte tenu de la massification du Pds, de ce que les Sénégalais nous ont vu faire depuis le 19 mars 2000, nous pouvions espérer aller à 50% de participation et avoir 10 points de différence entre la présidentielle et les législative. C’était possible. Mais, vous avez la situation interne du parti qu’il ne faut pas ignorer. Il y a des personnes qui ont eu des positions contraires à la position du parti. Il y a, aussi, le fait que tous les partis politiques n’ont pas participé aux élections, et cela il faut l’estimez à environ 3% représentant ceux qui ont suivi le boycott. Et il y a le contexte ! Quand quelqu’un se lève pour aller voter le matin et qui trouve qu’il y a une pénurie d’eau pour des raisons indépendantes de notre volonté, il peut prendre la décision de ne plus aller voter. Ensuite, il faut remarquer que les jeunes ont préféré aller aux élections présidentielles pour élire le président de la République. Je pense qu’ils n’ont pas eu le même engouement. Mais, je ne pense pas que le Pds pût atteindre les 60% de la présidentielle. Entre le Président d’une part, et le Parlement et ses députés d’autre part, il y a une différence. Le chef de l’Etat a été élu par 1,900 million de voix et que le Pds a eu 1,190 million de voix. Et il faut défalquer les associations et partis politiques qui étaient avec nous, lors de la Présidentielle et qui sont allés seuls sur les Législatives.
Pour revenir sur le Pds, Me Abdoulaye Wade a parlé de traîtres pour évoquer les membres de son parti qui auraient joué pour le boycott.
Le Pds a ses règles. Il investit ses militants, certains vont aux élections et votent contre ceux qui ont été investis par le parti. Ce sont des traîtres. Il n’y a pas d’autres mots.
Qu’est que le Pds va faire, alors, contre ses traîtres ?
Le parti prendra des sanctions nécessaires contre toutes les personnes qui ont trahi les orientations et les décisions du parti.
Quelle sera la nature de cette sanction ?
Je ne peux pas vous le dire, ce sera une décision du parti.
Une exclusion ?
En tout cas, trahir son parti mérite pire que l’exclusion.
Thierno Lô a accusé l’administrateur du Pds, M. Ablaye Faye d’être à l’origine de son échec à Darou Mouhty.
Je ne connais pas les raisons pour lesquelles le Pds a perdu à Darou Mouhty. Je sais que la différence de voix qu’il y a entre Waar-wi et nous n’atteint pas les 150 voix. Modou Diagne Fada comme Thierno Lô sont de Darou Mouhty. L’essentiel, c’est que la circonscription électorale a été gagnée par le Pds. Le département de Kébémer, qui était l’enjeu, a été gagné par le Pds. Thierno Lô a avancé des accusations, peut-être qu’il en apportera les preuves, il est membre du Comité directeur. Ce que je sais, c’est que le budget de campagne a été établi en fonction des rubriques qui ont été examinées et autorisées. Je ne pense pas que le Président Ablaye Faye puisse aller au-delà des instructions du parti.
Etes-vous d’accord avec Thierno Lô qui dit que Me Wade ne maîtrise plus le Pds ?
C’est exagéré. (catégorique) Je pense que c’est exagéré. Je n’ai pas entendu cette déclaration, j’attendrais Thierno Lô au Comité directeur qu’il le dise. Le Pds est bien maîtrisé. Il a traversé des situations, extrêmement, difficiles, parce que Idrissa Seck a voulu le confisquer. Vous vous êtes rendu compte que tout ce qu’on disait sur son poids sur le parti, des députés qui ont voulu créé un groupe à l’intérieur de notre groupe… tout cela est de la fable. Encore une fois, le parti est bien maîtrisé. C’est parce que nous connaissons notre parti que, trois jours après les élections, nous disons qu’il y a des problèmes et nous allons les régler. Nous connaissons le comportement de nos militants. Il y a des gens qui n’ont pas mouillé le maillot. Quand vous êtes dans des législatives, vous avez des cadres du parti, des militants qu’on n’a pas vus, qui ne se sont pas battus, qui n’ont pas participé, c’est une faute.
Macky Sall a-t-il échoué avec le faible taux de participation des Sénégalais aux législatives ?
Le Premier ministre a été choisi pour conduire la politique du pésident et il l’a réussi. Tout ce qui est visible dans ce pays, c’est Macky Sall et tout ce qui n’a pas été réalisé, c’est les parenthèses primatorales. Alors, nous sommes partis aux élections pour gagner et Macky a gagné l’ensemble des départements devant 13 autres partis et coalitions en compétition. Aujourd’hui, nous allons avoir une bien meilleure Assemblée nationale avec 13 partis politiques présents sur les 14 qui se sont engagés.
Awa Diop a déclaré que les députés devraient travailler à refaire leur propre image.
C’est, d’abord, un problème individuel. Moi Doudou Wade, choisi par les populations de Dakar, je me considère plus important que toute autre personne qui sera choisie dans un cabinet ministériel, dans une société ou par le Premier ministre pour entrer dans un gouvernement. Je suis issu du suffrage universel, ce sont les populations qui ont décidé que je sois à l’Assemblée nationale. Cette situation, je la porte et je me sens investi. Je me sens gonflé par ce choix politique. Et cela demande aussi des responsabilités, c’est-à-dire d’être présent au parlement, travailler, participer aux débats, aux travaux des Commissions, poser des questions au gouvernement et regarder l’intérêt des sénégalais.
Est-ce que ce n’est pas aussi éviter les petites querelles comme on l’a vu avec cette dernière législature ?
Il y a toujours eu des débats de bas étage à l’Assemblée nationale. Il y a des débats que je n’ose même pas répéter avant nous à l’Assemblée. Mais, le débat politique est ainsi dans toutes les assemblées. Maintenant, il faut que les députés se sentent plus responsables. Il faut améliorer la présence des parlementaires, notamment au niveau des plénières. Vous savez qu’à la plénière, il y a des gens qui viennent parler pendant trois minutes pour faire leur show à la télévision, alors qu’en commission technique vous n’êtes pas limités par le temps. Si vous abandonnez un ministre en commission, où vous avez le droit de parler pendant des heures pour venir en plénière pendant trois minutes et gesticuler… Heureusement que tous ces députés absentéistes ne sont plus à l’Assemblée. C’est les Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily. C’est fini ça.
Comment comptez-vous améliorer le travail parlementaire ?
Nous allons vers une amélioration de nos conditions de travail. Nous allons améliorer la communication parlementaire avec une radio parlementaire et avant la fin de la législature, par l’installation d’une télévision parlementaire (…) Et nous allons vers un contrôle beaucoup plus accentué du gouvernement.
Le Front Siggil Sénégal, ragaillardi par le taux élevé du boycott, demande le départ du chef de l’Etat.
L’opposition est en train de rêver. Cela va durer 15 jours au grand maximum.
Vous pensez que l’opposition va croiser les bras pendant ces cinq ans ?
Que l’opposition croise les bras ou pas, peu importe. D’ailleurs, l’opposition n’a pas de bras à croiser. Ce qui y importe, c’est que nous allons nous mettre au travail et nous allons faire plus pendant ces cinq ans et la République saura se défendre.
Et vous allez certainement travailler avec Karim Wade et la Génération du concret ?
La génération du concret est un facteur positif dans l’évolution de notre pays. Cela veut dire qu’il y a des jeunes, qui, quand on leur confie des responsabilités, savent les assumer. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur ces garçons-là ? Plusieurs procès les ont opposés à une partie de la presse, ils les ont tous gagnés. Et les gens ont fini par demander pardon et chercher des excuses, parce qu’ils étaient condamnés au tribunal. Je me réjouis que la génération du concert existe, je suis fier d’eux. Je me réjouis que ce soit lui (Ndlr : Karim Wade). C’est pour moi une très grande satisfaction, un honneur d’avoir un jeune frère comme lui, qui fait son travail dans les délais requis et avec la qualité demandée.
Cheikh Fadel BARRO -
FATOU NIANG - Une citoyenne scandalisée : «Il faut savoir dire : ça suffit !»
«Après que Talla Sylla a annoncé sa retraite politique pour raison de santé, je me suis remise en question parce que je me suis demandée si un Sénégalais qui a aujourd’hui 41 ans peut mourir ou risquer de mourir à cause de ses idées. Je croyais qu’avec toutes les traditions républicaines que nous avions, le Sénégal avait dépassé ce stade-là. Je ne fais pas de la politique, je ne milite dans aucun organisme ou quoi que ce soit. Je parle à titre purement privé, dans mon rôle de citoyen. Je pense quand même qu’il est temps que les gens sortent des salons pour dire publiquement ce qu’ils pensent. Je suis vraiment scandalisée par les dérives que l’on vit aujourd’hui au Sénégal. Dans le domaine de la justice, de la gestion des affaires publiques, je trouve qu’il y a des comportements et des actes vraiment inadmissibles. Il y a un bouillonnement dans cette affaire de Talla Sylla ! Que les gens sortent alors et arrêtent de tenir des discours tout crus. Qu’on essaie d’agir !
(…) Ce n’est pas seulement la classe politique qui est interpellée. Et de toutes les façons, elle est complètement décrédibilisée. Le peuple est souverain, il faut donc que toutes ses composantes se lèvent. Si un traitement pareil est jugé normal pour quelqu’un à cause de ses idées, tant pis pour nous !
Des constats sont durs à faire dans notre pays. S’il y a un cas d’agression physique, le dossier est rangé aux oubliettes. Une agression de type économique ou financier ? On s’assied dessus. Qui croit encore en cette justice-là ? Il faut que les gens acceptent de sortir et de dire leur colère face aux injustices. Des marches pacifiques, ça existe ! On en a vues en Turquie et partout dans le monde. Quand un pays est en crise comme le Sénégal, il faut que les gens sachent marcher et dire : ça suffit ! C’est une question de volonté.
Aliou SANE -
DECLARATION - Emergence à pas feutrés de la Génération du concret : Waccook Alternance en guerre contre «l’usurpation»
L’analyse du comportement des électeurs sénégalais aux législatives du 3 juin continue de susciter les curiosités. Dans une déclaration rendu public hier, le mouvement Waacook Alternance, proche du Parti démocratique sénégalais, a déroulé son «indice d’appréciation» relative au très faible taux de participation aux scrutins. Ainsi, la «perspective» de lecture du phénomène se lit sous plusieurs angles. «Le manque d’enjeu consécutif à l’absence aux compétitions électorales» de dimanche dernier de Rewmi, du Parti socialiste, de l’Alliance des forces de progrès, entre autres, reste un fait irréfutable, selon Waacook Alternance. Au plan social, «la (…) cherté (du coût) de la vie», «les récentes hausses survenues» à propos de plusieurs denrées de première nécessité «sont (…) perçues aux yeux de l’opinion comme un coup de Jarnac dans son dos» après qu’elle a «plébiscité» Abdoulaye Wade.
Dénichant d’autres raisons à l’échec de la participation, Waacook alternance ak Sopi met en accusation le caractère dégradé que les populations ont de la fonction parlementaire, d’une part, et «le niveau élevé du loyer immobilier qui grimpe de manière exponentielle sans que l’Etat ait le souci d’y remédier», d’autre part. Mais il subsiste également des causes internes au Pds. L’une d’elles «(…) participe d’actes autoritaires posés» par le président Wade «depuis l’an 2000» et «susceptibles de favoriser l’émergence d’une organisation à court de repères». Assimilant le leader du Pds à «un chef de tribu (…) sans vouloir le mettre en cause», Waacook alternance cible un autre facteur lié au «flou artistique entretenu» autour de la «Génération du concret». Or, «Karim Wade et ses hommes», par «l’ambiguïté dans laquelle ils ont confiné leur position», installent «la confusion (laquelle) influence la mise en place d’un sentiment de déception et de trahison.» D’où la détermination de Waacook alternance ak Sopi à barrer la route à «toute tentative d’usurpation aussi longtemps que l’obscurité s’amoncellera»
Momar DIENG
CLASSE POLITIQUE - L’Union européenne lance un appel : «Surmonter les différends»
Cinq jours après l’organisation des élections législatives dans une «atmosphère paisible», l’Union européenne, tout en constatant une «faible participation», exprime sa «satisfaction». Mais «dans ce contexte», elle «encourage toutes les forces politiques du Sénégal à surmonter leurs différends et à renouer et intensifier leur dialogue afin de maîtriser ensemble les importants défis qui attendent le pays.»
Par Bocar SAKHO
Talla Sylla est mourant et Wade est son bourreau
Les propos de Talla Sylla quant à sa retraite politique ont secoué les fibres affectives des Sénégalais qui, jusqu’à ce jour, n’avaient, véritablement, pas pesé l’état de santé déclinant du jeune leader de l’Alliance Jëf Jël. Les paroles de Talla sont terribles et font vibrer de compassion tout citoyen épris de paix et de justice : «Aujourd’hui, je suis malade, épuisé et je ne me sens plus la force de continuer.» Les coups de marteaux de ses agresseurs ont eu raison de lui. Talla est connu pour sa verve satirique et son énergie bouillonnante. Très engagé à bas âge, il a passé toute sa jeunesse à combattre le régime socialiste pour le triomphe des libéraux, c’est-à-dire ceux qui ont attenté à sa vie le 03 octobre 2003. Il a été le premier à renier le tyran et despote Abdoulaye Wade en 1996, convaincu du danger qu’il représentait pour le Sénégal. En effet, Wade et ses criminels sont une épidémie de mal, un fléau et une calamité pour le Sénégal. Incompris hier, l’histoire lui donne raison aujourd’hui, car il reste l’unique opposant à rejeter la Constitution qui donnait au monarque Wade des pouvoirs exorbitants. Le grand baobab s’est affaissé. Pour qui connaît l’énergie débordante du jeune leader, vif, vivant et tenace, doit savoir qu’il traverse les prairies de l’agonie. L’ancien étudiant de l’Université de Dakar toujours gai, dansant, chantant et faisant rire tout le monde par son humeur, a effleuré la mort. Talla est mourant et Wade est son bourreau. Quand Talla a reçu des coups mortels de marteaux, Wade a minimisé l’agression en parlant de quelques égratignures. Ce jeune leader politique devenu squelettique et maladif hante-t-il, véritablement, la conscience des libéraux ? Je ne pense pas que ça soit le cas pour des gens habitués à tuer et qui portent en bandoulière le lourd fardeau de multiples assassinats et agressions, depuis la création du parti démocratique sénégalais. Les libéraux ont les mains maculées de sang, habitués qu’ils sont à commettre des meurtres qui sont toujours masqués sous le sceau de l’impunité.
Que dire du meurtre de Maître Babacar Séye qui demeure entouré de mystère après que Wade eut décidé de gracier les meurtriers qui ne sont rien d’autre que ses hommes de mains ?
Que dire de l’assassinat de l’étudiant Balla Gaye, entouré aussi du plus grand mystère. Sa famille pleure toujours ce crime impuni rangé dans les tiroirs de l’oubli ? Que dire de l’agression de Pape Cheikh Fall restée sans suite ? Depuis, le journaliste, très traumatisé par les coups de barres de fer, a perdu de sa pugnacité. Que dire du crime ignoble du jeune Dominique Lopy de Kolda, tabassé à mort par les matons du pouvoir ? Que dire de l’assassinat tragique de Oumar Lamine Badji, président du Conseil régional de Kolda ? Que dire du suicide de Abba Diédhiou, un de ses supposés meurtriers ?
Que dire de l’assassinat du jeune Modou Diop à Darou Mousty, lors des élections législative ? Meurtre qui sera sans nul doute classé sans suite.
Que dire de la blessure par balle de l’élève Ousmane Diaw qui se meurt sous les draps de l’hôpital régional de Kolda depuis deux mois ? Que dire de l’infanticide sur le bébé la radio Première Fm ?
Aujourd’hui, c’est un Talla Sylla affaibli, épuisé et fatigué, victime du régime mafieux de Wade qui s’en va sur la pointe des pieds. Ces quelques rappels témoignent, si besoin en est, de la nature véritable de ces hommes plutôt de ces tueurs, professionnels qui dirigent le pays.
Talla est mourant et Wade est son bourreau. Lorsque, consigné à siéger, j’ai rencontré Talla Sylla le jour des élections législatives au centre de vote Abdoulaye Yakhine Diop, il n’était que l’ombre de lui-même et avait la peau sur les os. Talla est mourant, tellement faible et squelettique que les femmes qui étaient venues accomplir leurs droits civiques n’ont manqué de verser de chaudes larmes. Et en substance, il me dit : «Je remercie le bon Dieu. Cependant, si leurs manœuvres (les libéraux) avaient abouti, je serai sous terre depuis longtemps.» Ces termes poignants, prononcés par un Talla assis sur une chaise incapable de tenir longtemps debout, témoignent de l’état psychologique et déclinant du jeune leader de la Cité du Rail. Talla est mourant et il appartient à l’Etat sénégalais de le soigner, sinon il ira de vie à trépas. Mais, aussi, le geste doit venir de tous les sénégalais surtout des leaders de l’opposition Niasse, Idy, Tanor, Bathily… Si Talla n’est pas pris en charge, son état de santé ira de mal en pis. Et que l’on m’annonce - je ne le souhaite pas - son décès ne serait pas une surprise. Talla est en train de mourir à petit feu. L’aîné Talla débordant de vie et de souffle que j’ai connu hier au Lycée Malick Sy n’est plus celui d’aujourd’hui, affaibli et agonisant.
Et il me confie encore : «Ceux qui m’ont agressé le paient aujourd’hui.» En effet, toutes les pistes incriminaient l’ancien garde du corps du Président Wade, Ismaëla Mbaye qui est mort, tragiquement, sur la route de Touba. Et la famille de ce dernier réfute toujours l’hypothèse de l’accident pour dire que cette mort encore est entourée du plus grand mystère. Que de mystères ! Ou celui qui hier a inscrit son nom, honteusement, dans les registres de l’histoire en proposant la loi Ezzan qui couvre les meurtres des libéraux qui rivalisent de belles voitures, de belles maisons ou qui organisent des «sabars tatunénes» dans leurs maisons au grand dam des Sénégalais qui pleurent leurs morts ou ploient sous la misère. Aucun Sénégalais n’est à l’abri des marteaux ou des coups de feu du régime apocalyptique de Wade. Un régime violent, chaotique, nul et incompétent. Et quand le président de la République, très louche, douteux et trop contesté, n’est plus en mesure d’assurer un grain de sécurité à ses sujets, il a le devoir moral de rendre les rênes du pouvoir au profit de leaders propres et intègres.
Talla est mourant et Wade est son bourreau. Pour qui se donne la peine d’observer notre société, nous sommes sur le chemin d’un monde dans lequel la conduite de l’homme est guidée par l’argent, le pouvoir et la force. Aveuglés par l’argent et le pouvoir, les gouvernants se précipitent droit vers un univers où la vie humaine est assimilable à celle d’un mouton, puisqu’ils tuent et massacrent des innocents sans état d’âme. La fin étant le seul baromètre de l’acte, de la parole ou du comportement. Dans un tel monde, on va droit à l’échec, car c’est un monde qui engendre tous les jours, l’injustice, la violation des droits de l’homme et pour finir le meurtre…
Ousseynou Massèrigne GUEYE - Rewmi - Thiès - Professeur consultant / profgueye@yahoo.fr -
Un «Radiothon» pour Talla Sylla
C’est un euphémisme que de dire que l’état actuel de Talla Sylla a ému plus d’un Sénégalais.
Eu égard à son statut de «militant de l’intérêt général» comme le définit Demba Ciré Bathily, Talla mérite d’être soigné par tous les Sénégalais quelle que soit leur obédience politique, religieuse ou confrérique.
L’appel lancé hier par Momar Dieng du Quotidien pourrait être réorienté vers les Sénégalais pour mesurer notre degré de solidarité, notre capacité à être reconnaissants envers les personnes qui se sont battues et qui se battent pour l’avènement d’un renouveau démocratique au Sénégal. Pour ce faire, je propose un «Radiothon» pour Talla Sylla qui pourrait être tenu dans l’une des radios privées de la place dès aujourd’hui sans attendre vu son état de santé très dégradé. Un compte bancaire pourrait également être ouvert dans une banque de la place qui avancera des fonds avec la caution d’un bénévole qui se porterait garant pour qu’il puisse commencer très rapidement son traitement, en attendant la réaction des Sénégalais face à ce qu’il faut qualifier de drame. Et je suis sûr qu’ils réagiront. Il suffit que quelques personnes se portent volontaires pour coordonner le travail de collecte d’argent.
C’est vrai que les Sénégalais sont rudement touchés par la cherté de la vie mais on reconnaît «la grandeur d’un peuple par sa capacité à être soudée et à demeurer solidaire dans des moments difficiles». Ce genre d’actes (levée de fonds auprès du public) permet de consolider les liens sociaux, de maintenir l’esprit de solidarité entre les groupes sociaux quelle que soit leur origine ou appartenance. Nous devons développer cette culture de solidarité nationale chez nos concitoyens.
L’heure n’est pas aux commentaires et analyses. Aidons-le d’abord à retrouver sa santé avec l’aide du Tout-Puissant.
Aliou BASSOUM / Bassoum_aliou@yahoo.fr - Dakar -
APRES LE BOYCOTT « REUSSI » DES LEGISLATIVES
L’opposition accentue la pression
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | samedi 9 juin 2007 | 147 lectures
Après le boycott des élections législatives du 3 juin dernier jugé « réussi » par l’opposition dite significative, le « Front Siggil Sénégal » ne compte pas s’en limiter là. Tout au contraire, il envisage de faire monter d’un cran la pression. Un autre plan d’action a été ainsi élaboré et sera mis en œuvre dans les tous prochains jours. Cette décision a été prise hier, vendredi 8 juin chez Amath Dansokho, lors de la réunion d’évaluation des chefs de partis qui composent le front.
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L’étau se resserre autour du pouvoir avec sa nouvelle majorité « écrasante » issue du scrutin législatif du dimanche 3 juin dernier. Le « Front Siggil Sénégal » a décidé de maintenir la pression et ne transiger sous aucun prétexte. Les leaders et responsables de partis qui composent ce front ont, lors de leur réunion-bilan d’hier, vendredi 8 juin chez Amath Dansokho sis à Mermoz, d’organiser une nouvelle tournée pour remercier les militants et les populations qui leur ont prêtés une oreille attentive par rapport au boycott qui a abouti à « une réussite ». De plus, ils sont en train d’élaborer un autre mémorandum sur le sens et la portée des résultats issus des élections législatives. Selon le porte-parole du jour et Premier secrétaire du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, « c’est sur la base de ce document que le « Front Siggil Sénégal » va à nouveau rencontrer le corps diplomatique et le chefs religieux ». Des discussions, a-t-il, ajouté, sont ainsi engagées pour retenir des éléments de synthèse.
L’opposition significative trouve, par ailleurs inacceptable la rupture « unilatérale » du dialogue politique. Elle ne parle même plus de dialogue ou simplement de concertations politiques, mais va plus loin. Ousmane Tanor Dieng a déclaré que les leaders du front ont exigé la convocation des assises nationales, non pas seulement sur les questions électorales et politiques, mais aussi économiques en référence du train de vie « dispendieux » de l ’Etat. A travers cette action, les camarades de Ousmane Tanor Dieng veulent exiger la baisse des prix des denrées de première nécessité. Le Premier secrétaire du Ps persiste et signe que cette pression, cette étreinte sera maintenue pour amener Abdoulaye Wade à la table de négociation. Le porte-parole du jour du « Front Siggil Sénégal » a souligné que « d’autres types de manifestations vont aussi être envisagées et programmées de manière graduelle ». Ils sont en train de réfléchir sur un échéancier et les plénipotentiaires se chargent de les peaufiner.
Les jeunes du « Front Siggil Sénégal » ne veulent pas laisser ce faible taux de participation au scrutin législatif du dimanche 03 juin après leur boycott sans le fêter. Ils ont décidé d’organiser une grande manifestation pour fêter cette « victoire ». Les leaders de l’opposition ont estimé que les populations leur ont apporté leur soutien et que le régime, ou du moins la « Coalition Sopi 2007 » a tiré autant qu’il a pu et laborieusement pour arriver à ce taux de 34 % qui a été gonflé car il devrait tourné autour de 22 %. « Cela n’a jamais été vu dans aucun pays », se désole Ousmane Tanor Dieng. Pour lui, « la comparaison doit se faire à partir des piques, mais pas comme cela est en train d’être fait par la Coalition Sopi 2007 ». Le porte-parole du jour du « Front Siggil Sénégal » a indiqué que « malgré tout, ces explications les ridiculisent davantage parce que tout le monde sait que cela a abouti à un échec surtout qu’ils avaient tout au long de la campagne situé l’enjeu au niveau du taux de participation ».
Par rapport à la décision de Talla Sylla, président de l’Alliance Jëf jël de quitter la scène politique pour des raisons de santé, suite à l’agression dont il a fait l’objet le 5 octobre 2003 par des individus supposés proches du pouvoir, les leaders ont ainsi constitué une délégation pour lui rendre visite aujourd’hui, samedi 09 juin. Ils ont profité de cette brèche pour dénoncer la violence politique qui a encore fait irruption dans le jeu politique jusqu’à aboutir à la mort du jeune Modou Diop à Darou Mousty. « Ce que nous avions l’habitude de dire s’est confirmé, le Parti démocratique sénégalais (Pds) est un parti de violence. Il a été presque seul lors des législatives et cela n’empêche il y a eu du sang. Le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités », a indiqué le leader des socialistes sénégalais.
ENTRETIEN AVEC… Serigne Mbaye Thiam, du « Front Siggil Sénégal »
« Le taux de participation de 38% avancé est préfabriqué »
Par Bakary DABO | SUD QUOTIDIEN | vendredi 8 juin 2007 | 765 lectures
Le « Front Siggil Sénégal » se réunit aujourd’hui, pour tirer le bilan des élections législatives du 03 juin dernier. L’occasion sera ainsi donnée aux leaders de l’opposition n’ayant pas participé à ces joutes électorales de « boycotteuse » de mesurer l’effet du boycott et d’apprécier les résultats fournis par les autorités. En prélude à cette rencontre, Serigne Mbaye Thiam, membre du bureau politique du Parti socialiste livre une première lecture du scrutin.
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DOSSIERS
LEGISLATIVES 2007
Quel bilan tirez-vous des élections législatives du dimanche 03 juin dernier et comment appréciez-vous l’effet du boycott ?
Du point de vue du « Front Siggil Sénégal », du Parti socialiste aussi et de l’ensemble des militants du front, c’est un bilan qui est satisfaisant. Certains militants et responsables de parti avaient émis des réservesquand la décision de boycott avait été prise. Le Président de la République lui-même avait dit que c’était un bluff. On se rend compte maintenant après l’analyse des résultats des élections législatives du trois juin 2007, que le boycott a été une décision politique majeure qui a permis d’exprimer une position politique des partis qui composent le « Front Siggil Sénégal ». Au delà des partis, ces élections ont permis à des citoyens sénégalais d’exprimer une position politique. Vous vous souvenez que lorsque la décision a été prise, le pouvoir menaçait l’opposition en disant que de toute façon, le « Front Siggil Sénégal »n’est pas autorisé à mener campagne. Nous avons mené campagne comme nous l’avions souhaité. En plus, nous avons mené un pré-campagne en étant présents dans tous les départements du Sénégal. Les structures départementales qui ont été mises en place ont fonctionné partout avec des dynamiques locales et un programme d’actions qui a été déroulé. Ce qui fait que l’ensemble des activités qu’on a prévu a été mené avec des meetings, des conférences, des rencontres avec les autorités morales et religieuses, le corps diplomatique, la mobilisation et l’implication des femmes et jeunes au niveau de la campagne. Il est aisé de se rendre compte que le mot de boycott a été largement suivi. Maintenant, il n’est pas nécessaire d’épiloguer longtemps les raisons pour lesquelles les sénégalais ne se sont pas rendu aux urnes même si, comme d’aucun l’avance, il y’a un malaise qui était perceptible mais justement le rôle des formations politiques c’est de cristalliser en un moment donné les conditions objectives et subjectives qui existent au plan politique et de donner une direction politique à la population. Les résultats permettent maintenant à tous les sénégalais d’attester que l’élection présidentielle du 25 février 2007 a été frauduleuse et qu’il y’a eu un gonflement du score candidat Abdoulaye Wade. On se rend compte que son slogan de campagne c’était « Gorgui doli gnou » donc il a fait du « doli » sur son score, lors de la présidentielle et il est en train de faire pareil sur le taux de participation. C’est pas le type de « doli » que les Sénégalais attendent de lui.
Pourtant les autorités jugent normale la faiblesse du taux de participation et sont même formelles dans leurs explications ?
Je crois que le ministre de l’intérieur et le pouvoir comparent à tord le taux de participation qu’ils se sont fabriqués. A supposer même qu’on leur accorde le bénéfice de ce taux de 39% enregistré en 1998. Lors de cette année, il y’avait un nombre d’électeurs inscrits de 3,22 millions qui comprenait un lot important de stock-mort. Parce que le fichier de 1998, on se souvient vient de 1976. Il y’avait un certain nombre de sénégalais qui était dans le fichier et depuis lors, qui n’était pas radié et qui figurait dans le fichier. Pour l’élection présidentielle de 2000, ce nombre d’électeurs est passé à 2,700 millions s parce qu’entre temps on a fait une refonte partielle du fichier électoral pour enlever le stock-mort. En réalité, si on ramène le nombre de votants en 1998 par rapport à la réalité du fichier de cette même année qui correspond un peu au stock-mort qui a été enlevé, on se rend compte qu’on est à un taux de participation beaucoup plus élevé. En ce moment là, le dénominateur qui est le nombre d’inscrits va être diminué.
Au regard du nombre de votants et des abstentions, étes-vous convaincu que dans le fichier électoral on retrouve cinq millions d’électeurs ?
Ce qui est certain c’est que, nous l’avons montré dans le mémorandum qui a été élaboré à la suite de l’élection présidentielle du 25 février 2007. Dans ce document, il est écrit que la population du Sénégal qui a 18 ans et plus représente à peu près 27% de la population totale c’est-à-dire les onze millions et quelques de sénégalais soit 5,400 millions personnes. Nous avons montré que le nombre de Sénégalais sur le fichier électoral soit cinq millions à peu près représentaient 92 % de la population qui a 18 ans et plus. Mathématiquement ce n’est pas possible en dix-huit mois de mener une opération de refonte total du fichier et d’arriver à un taux d’inscription de 92% de la population en age de voter. Dans des pays comme la France et d’autres démocraties, on atteint pas ces taux-là. Quand on va plus loin dans le détail, on se rend compte que ce sont des inscriptions multiples, également des inscriptions d’étrangers qui expliquent cela. Nous avons donné des cas précis. Si vous prenez la commune d’arrondissement de Malika, lors des élections législatives de 2001, il y’avait 4886 inscrits lors de la présidentielle. Après l’opération de refonte sur le fichier électoral, rien que pour cette commune d’arrondissement, il y’a 17660 inscrits. Si vous regarder les résultats publiés par l’Agence nationale de la démographie et de la statistique au 31 décembre 2006, la population de Malika fait 15600 habitants. C’était pas possible. Ce qui veut dire qu’au niveau de cette commune d’arrondissement-là, si on donne du crédit au fichier du ministère de l’intérieur, les nouveaux nés, jusqu’aux vieilles personnes tout le monde est dans le fichier. Il y’a deux mille personnes qui sont venus se rajouter en plus. Lors que vous faites le même exercice pour la commune d’arrondissement de Plateau, vous vous rendez compte que c’est 98% de la population qui a 18 ans et plus, que deux pour cent ont entre 0 et 17 ans. C’est la même situation pour Mermoz, Les Almadies. Ce qui montre que la population électorale a été gonflée par des inscriptions multiples et par l’inscription d’étrangers. La question de l’inscription des étrangers qui détiennent des cartes nationales d’identités au delà des élections, pose un problème de sécurité nationale que les Sénégalais doivent regarder sans xénophobie mais en toute responsabilité.
Qu’est ce que cela fait de constater que le Parti socialiste n’aura pas de député dans la nouvelle Assemblée nationale ?
Le legs le plus précieux que le Ps a laissé à ce pays c’est justement d’avoir un Etat qui est debout avec ses institutions, ses organes et d’avoir une démocratie. Les fondements ont été patiemment et méthodiquement bâtis. Aujourd’hui donc, aucun sacrifice n’est de trop pour le Ps pour préserver la République, l’État de droit et la démocratie. La décision de boycott qui a été prise est une décision qui, en dernier ressort vise à préserver la démocratie au Sénégal.
Quelle est la prochaine étape de votre plan d’action que vous comptez mettre en œuvre si l’on sait le Chef de l’État vous a encore une fois fermé ses portes pour un dialogue ?
Il sera difficile au Président de la République, s’il veut être à la hauteur de la fonction d’avoir une attitude de refus du dialogue. La République du Sénégal, son État et sa démocratie ont été construits par le dialogue, le consensus. Plus particulièrement, le consensus en matière électoral. Si notre système électoral n’avait pas été amélioré, fiabilisé pour faire en sorte que l’expression du suffrage des Sénégalais soit sincère, soit régulière, M. Wade ne serait pas président de la République. Il a deux alternatives, dont la première c’est de se braquer et d’avoir un orgueil mal placé. Ce qui ne doit pas être la cas pour la fonction qu’il incarne et de dire dans ce cas là, je ne reçois pas l’opposition. La deuxième c’est de constater la réalité politique du terrain et de se dire que je ne peux pas gouverner en laissant des millions de Sénégalais de côté qui se reconnaissent dans des leaders politiques même s’ils ne sont pas au parlement et de chercher les voix et moyens pour sortir de cette crise politique. Je pense que ce dernier attitude est la plus sage correspondant à sa fonction. Aujourd’hui, nous sommes dans la phase d’évaluation en ayant la remontée des informations de l’ensemble de nos structures départementales et locales. Dès vendredi prochain (Ndlr : aujourd’hui), les leaders du « Front Siggil Sénégal »vont se réunir pour indiquer les prochaines étapes de ce plan d’action. Ce qu’on peut dire d’avance c’est que le taux avancé pour la participation sont préfabriqués comme celui qu’il s’est octroyé pour le 25 février passé.
Votre stratégie ne peut-elle pas déboucher sur la violence ?
Nous demandons aux Sénégalais de porter un témoignage sur l’opposition actuelle au chef de l’État depuis 2000. On a eu à mener des marchés, des manifestations et jamais des bus n’ont été cassés ou bien des biens d’autrui détruits. Au contraire, les seules fois que le paysage politique à connu de la violence, je fais référence à l’incendie de la Bourse du travail, l’incendie du siège du Psd/ Jant Bi, le siège de Walfadri, aux menaces de morts qui ont été proférées contre des personnalités politiques et religieuses, à la tentative d’assassinat sur la personne de Talla Sylla. Chaque que des actes de violences ont été commis depuis 2000, l’opposition n’a pas été maillée à cela. Donc aujourd’hui, comme cela a été indiqué dans la lettre du 22 mars 2007 que les leaders ont envoyé aux président de la République, « Front Siggil Sénégal » continue à penser que la voix la plus appropriée pour se maintenir ou pour conquérir le pouvoir, c’est la voix de l’expression démocratique régulière et sincère du suffrage des Sénégalais. Maintenant si le président de la République, le pouvoir Pds, poussent le bouchon jusqu’à pousser le Sénégal dans une situation violente, en ce moment-là toutes les partis seront obligées de prendre leur responsabilité. Et on ne le souhaite pas pour notre pays.
NDEYE FATOU TOURE, FUTURE DEPUTE DU MOUVEMENT TEKKI UNP
« L’Assemblée nationale n’a pas joué son rôle »
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | samedi 9 juin 2007 | 31 lectures
La onzième législature va accueillir un député qui a l’ambition de redorer le blason de la fonction parlementaire. La tête de liste du « Mouvement Tekki », Union nationale patriotique (Unp), Ndèye Fatou Touré a, lors d’une conférence de presse organisée hier, vendredi 8 juin décliné ses ambitions pour l’Assemblée nationale, tout en revenant sur les raisons du faible taux de participation.
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Une Assemblée nationale de rupture. Tel est le souhait et le plus grand vœu de la tête de liste du « Mouvement Tekki », de l’Union nationale patriotique (Unp), Me Ndèye Fatou Touré. Cette dame n’épouse pas du tout le fonctionnement et le rôle que le présent Parlement qui prend fin dans quelques jours a joué au sein de l’Etat. « L’Assemblée nationale est fondamentale, mais n’a pas pleinement joué son rôle dans le fonctionnement de l’Etat », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse organisée hier, vendredi 8 juin au siège de leur jeune parti.
En effet, l’avocate et député a estimé que c’est l’une des principales raisons qui font que les électeurs dans leur écrasante majorité ont préféré rester chez eux. D’où le faible taux de participation de près 35 %. Tirant les enseignements du scrutin législatif du dimanche 3 juin dernier, Ndèye Fatou Touré a expliqué que « les populations ont boycotté les urnes parce qu’elle ne voient pas l’intérêt de l’Assemblée nationale.
C’est parce que les projets de loi, émanation de l’exécutif sont homologués et avalisés de manière mécanique ». Elle est, aussi d’avis que « les deux prorogations du mandat des députés a, également, été un facteur décourageant pour les citoyens électeurs. Sans oublier la cherté du coût de la vie qui a été accentuée par une hausse du prix du riz, huit jours après l’élection présidentielle. L’autre explication majeure, c’est le boycott des partis politiques traditionnels qui ont une expérience politique de 40 ans ou en tout cas de plusieurs années et qui ont des militants et des sympathisants convaincus qui ont respecté le mot d’ordre ».
La tête de liste du « Mouvement Tekki » a, par ailleurs, évoqué les difficultés et les frustrations de la « Coalition Sopi 2007 » découlant des investitures, ce qui a été un motif de boycott au niveau du camp de la mouvance présidentielle.
La seule élue sur la liste du « Mouvement Tekki » de l’Union nationale patriotique (Unp) plaide pour l’émergence d’une nouvelle citoyenneté qui s’explique par l’implication des citoyens à la vie publique. Selon elle, « ce siège est symbolique et fondamental. Nous allons pouvoir influer dans le fonctionnement et le rôle de l’Assemblée nationale. Nous voulons lui insuffler une nouvelle dynamique ». Me Ndèye Fatou Touré a souligné que des dossiers ont été déjà ficelés dans ce sens. Par des propositions de loi, des questions orales et des adresses aux ministères concernés, elle estime pouvoir donner plus de sens à la fonction parlementaire et promouvoir une bonne image du député. Avec une ambition « débordante », l’avocate entend défendre le « grand » dossier des populations à l’Assemblée nationale, en se battant pour l’abrogation des lois scélérates et pour l’application de certaines lois déjà votées comme le code de l’environnement et celui de l’urbanisme. De tels textes peuvent, selon elle, épargner le peuple de certains « déboires » qu’il est en train de vivre.
Me Ndèye Fatou Touré a évoqué, pour le déplorer, le cas de Talla Sylla qui a décidé de quitter la scène politique, à la suite de sa maladie . Elle a, en outre, précisé que le « Mouvement Tekki » lancé en janvier 2007 a connu une évolution de 30 % au niveau des voix par rapport à la présidentielle. Le mouvement prône une vision de la politique basée sur le respect de la parole donnée et fait le pari d’être présent aux prochaines élections locales.
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE, ASSEMBLEE NATIONALE
« Victimes d’une crise de légitimité », selon la Ld/Mpt
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | jeudi 7 juin 2007 | 340 lectures
La Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (Ld/Mpt) se félicite du boycott « réussi » du Front « Siggil » Sénégal lors des élections législatives du 3 juin dernier. Elle tire ainsi les conséquences de ce faible taux de participation qui selon le secrétariat permanent des « jallarbistes » entraîne une « crise de légitimité » au niveau des institutions comme la présidence de la République et l’Assemblée nationale. Cela s’est justifié parce que selon les camarades de Abdoulaye Bathily, « jamais dans l’histoire politique de notre pays une élection législative n’a connu un tel niveau de désaffection dans toutes les localités du pays et à l’étranger ! ».
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Dans un communiqué parvenu hier, mercredi 6 juin à la rédaction, ils ont souligné que « malgré les centaines de millions dépensés, les immenses moyens logistiques déployés, la débauche d’affiche et l’implication personnelle et illégale de Abdoulaye Wade dans la campagne, le peuple sénégalais a infligé à Abdoulaye Wade lui-même et à son régime un cinglant désaveu, comme le présageaient la campagne électorale sans relief et le vote des militaires et paramilitaires ». Après leurs analyses, les jallarbistes ont estimé que « la double signification de ce désaveu est que,d’une part, le peuple sénégalais a rejeté sans équivoque les sept ans d’incompétence, de gabegie et de gestion monarchique de Abdoulaye Wade et de son régime, d’autre part, il a révélé que les élections présidentielles du 25 février étaient manifestement frauduleuses ».
Le Secrétariat de la Ld/Mpt invite ses partenaires du Front « Siggil » Sénégal à ne pas dormir sur lauriers. Pour lui, « il sera nécessaire de poursuivre la lutte en l’intensifiant davantage afin de conquérir un système électoral transparent, des institutions légitimes et surtout pour diminuer les souffrances du peuple sénégalais qui ploie sous le joug d’un régime minoritaire dont le train de vie est devenu indécent au regard de la pauvreté où il a installé toutes les couches de la population ».
LEGISLATIVES/MBAO, RUFISQUE, BARGNY, YENE
Le fief lébou conforte le boycott
Par Ibrahima Lissa FAYE | SUD QUOTIDIEN | lundi 4 juin 2007 | 33 lectures
Les Sénégalais ont presque boudé les urnes. Ils ont été nombreux parmi les 5 millions d’inscrits, à ne pas se rendre aux bureaux de vote, à la différence de l’élection présidentielle du 25 février dernier.
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DOSSIERS
LEGISLATIVES 2007
Ce constat est plus que réel dans la banlieue, notamment de Mbao à Toubab Dialaw en passant par Rufisque, Diamniadio, Yène, Bargny et toutes les localités environnantes. La plupart des centres de vote visités sont resté quasiment vides à défaut d’être inoccupés plongeant les membres des bureaux dans une certaine somnolence. Le refrain est quasiment le même. « Les électeurs arrivent au compte-goutte ; il n’y a pas d’affluence comparé à la présidentielle », ont signalé une bonne partie des présidents de bureau de vote. Le président du bureau de vote numéro 4 du centre Mame Wassor Seck de Mbao a, sans fioriture indiqué qu’il « n’y a pas du tout une grande affluence par rapport à la présidentielle, cela est peut être dû au boycott comme également on peut invoquer des raisons de voyage pour certains électeurs ».
Ses pairs ont été plus nuancés. Ils se sont juste limités à constater et à déplorer le faible taux de participation. Au centre de vote Serigne Niang des Parcelles assainies précisément à l’unité 1, seuls cinq votants ont été enregistrés sur 675 inscrits après une heure de vote. Le président de bureau de vote qui a requis l’anonymat a souligné qu’à « pareille heure, il avait frôlé la centaine. Pour les cinq minutes de retard accusé à la présidentielle, il y a eu beaucoup de bruit alors que cette fois-ci on a démarré à 8 heures 30 minutes ». Les bureaux de vote numéro 1 et 2 de l’école Serigne Niang n’ont pas eu de président. Ce sont finalement les assesseurs qui ont géré la situation à leur place.
Cette absence des présidents de bureau de vote n’a pas été remarquée à Rufisque. Au centre de vote de la cité Radio, c’est un calme plat qui y règne. Seules les forces de l’ordre meublent la grande cour de cet établissement scolaire. Les membres des bureaux de vote, pour l’essentiel, se tournent les pouces. Le bureau de vote numéro 4 a battu le record de votants avec plus de 80 électeurs à 12h. Tandis qu’à l’école Matar Seck toujours de la même la ville, les électeurs se comptent du bout des doigts. Le bureau de vote 2 a ravi la palme aux alentours de 12h 30mn avec 61 votants sur 602 inscrits.
Le bureau suivant arrive en deuxième position avec 55 votants sur 604 inscrits au même moment. Les présidents des autres bureaux de vote se gardent de donner des chiffres sur le nombre de votants, mais ils ont tenu à expliquer que, « jusqu’à présent, les électeurs se font désirer. Peut-être, qu’ils viendront dans l’après-midi. En tout cas, il n’y a pratiquement pas d’électeurs. On peut rester 15mn sans voir un électeur ».
MBAYE JACQUES DIOP :
« Il faut arrêter cette mascarade intellectuelle »
Ce vide noté un peu partout n’épargne pas le centre de vote où le président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) et ancien maire de Rufisque, Mbaye Jacques Diop a accompli son devoir de citoyen. Au bureau de vote numéro 5 qui comptait quelque 676 inscrits n’a enregistré que 84 votants à 12 heures. Alors que pour le bureau de vote numéro 2, sur 82 électeurs ont voté sur 677 inscrits.
Au moment de notre passage, les militants affidés de Mbaye Jacques Diop ont chauffé à bloc ce centre avec des chants et danses favorables à leur mentor tout en faisant fi de la loi qui interdit ces activités en période de scrutin. Le président du Craes qui s’est acquitté de son devoir citoyen a été retenu pendant un laps de temps par la prestation de ses militants.
Ce qui a profité à la presse qui s’est ruée sur lui pour lui poser quelques questions par rapport aux enjeux de ces élections législatives en rapport avec le boycott de l’opposition et le taux de participation encore faible. « Le taux de participation faible n’explique pas que l’opposition a gagné, mais elle a plutôt perdu. Le suffrage universel veut dire la volonté du peuple de s’exprimer par la voix des urnes », a avancé Mbaye Jacques Diop. Et de marteler : « il faut arrêter cette mascarade intellectuelle qui consiste à dire qu’on aura une assemblée nationale mal élue si le taux de partition est faible. On ne juge pas des élections législatives de cette nature à l’aune de la participation ».
Ce faible taux de votants s’est aussi vérifié à Bargny où à midi, les scores des différents bureaux de vote n’arrivaient pas à dépasser 90 alors que le nombre d’inscrits oscillaient entre 491, 493 à l’école Mixte. Au Cem, c’est une trentaine de votants aux alentours de 13 sur des totaux qui avoisinent 409, 220, 222 entre autres dans les six lieux de vote que compte cet établissement scolaire.
Cette basse affluence est partout la même dans ses environs. A Diamniadio, les écoles sont vides. Les électeurs se fait désirer toute la journée. Les membres des bureaux de vote chôment. Ce décor assez lugubre a été animé par les forces de l’ordre qui ont palabré dans la cour de l’école toute la journée. A Yène et à Toubab Dialaw, cette faible participation a été aussi notée dans tous les lieux de vote. L’arrivée des électeurs qui se faisait au compte-goutte explique que le peu de nombre de représentants de partis et de coalitions trouvés dans les bureaux de vote dormaient sur leur table-bancs ou se prélassaient dans les salles de classe ou dans la cour.
Présidence du sénat : Doudou Wade et Abdoulaye Faye, candidats des soutiens de Karim
Craignant qu'il fausse le jeu en cas de vacance du pouvoir, les soutiens de Karim Wade au palais de la République penchent pour Doudou Wade ou Abdoulaye Faye, qu'ils jugent plus sûrs que Pape Diop, pour le poste de président du Sénat.
Le très stratégique fauteuil de président du Sénat ne manque pas de candidats. Non pas parce que ceux qui sont pressentis se bousculent au portillon, mais pour la raison bien simple que c'est le président Abdoulaye Wade, lui-même, qui cherche encore le profil idéal. Mais, ‘idéal’ est pris ici dans le sens d'un homme sans ambition pour le poste de président de la République. En somme, il doit être un homme de paille pour juste chauffer le fauteuil présidentiel pour Karim Wade.
Dans les tablettes du président Wade, Pape Diop figure en bonne place.
L'encore président de l'Assemblée nationale et non moins maire de Dakar fait partie du cercle restreint des confidents du chef de l'Etat. Et il a le profil de l'emploi eu égard aux critères qu'aurait définis le président Wade. Mais, Pape Diop traîne un handicap : son amitié avec Idrissa Seck, même s'il a pris, depuis les bisbilles entre celui-ci et Me Wade, ses distances avec l'ancien Premier ministre. Les ultras de l'entourage de Me Wade ont toujours en mémoire que c'est Idrissa Seck qui l'avait imposé au perchoir en faisant démissionner Youssou Diagne. A la vérité, ces derniers craignent, en cas de vacance du pouvoir, qu'il fausse le jeu.
Cependant, Pape Diop n'a jamais été pris la main dans le sac. Il s'est gardé d'afficher un quelconque sentiment envers Idrissa Seck lorsque celui-ci avait maille à partir avec la justice et subissait les affres de l'incarcération.
Mais, c'est justement cette neutralité que lui reprochent ses détracteurs qui auraient souhaité qu'il condamne, ouvertement, la ‘perfidie’ du maire de Thiès. Chose qu'il s'est toujours gardé de faire, non sans réitérer à plusieurs occasions sa fidélité au chef de l'Etat. De source sûre, et malgré ce handicap, Me Wade l'a retenu pour le poste de président du Sénat.
Toutefois, indiquent des sources proches du palais de la République, bien qu'il ait jeté son dévolu, pour le moment, sur Pape Diop, le chef de l'Etat n'en examine pas moins les dossiers de Doudou Wade, actuel président du groupe Libéral, et Abdoulaye Faye, président du Conseil régional de Dakar. Et cela, sur inspiration de certains membres du proche entourage du président Wade, indiquent nos sources, qui soulignent que Doudou Wade et Abdoulaye Faye bénéficient de l'appui des soutiens de Karim Wade au palais de la République parce que jugés plus ‘sûrs’. En effet, Doudou Wade est le neveu du chef de l'Etat et, au surplus, il a fini de prouver sa fidélité et son engagement auprès de son oncle de président. Durant la législature finissante, il en a administré la preuve à la tête du groupe Libéral. Doudou Wade a fait passer tous les projets de loi du président de la République et propositions de loi faites par la majorité parlementaire. L'un des faits les plus marquants de cette législature aura été, sans nul doute, le vote de la ‘résolution de mise en accusation’ contre Idrissa Seck. Doudou Wade a, en effet, su faire face à la fronde des députés proches du maire de Thiès et aux menaces d'implosion du groupe Libéral. La bourrasque passera sans que la ‘majorité dormante’ dont les frondeurs se sont prévalus, ne prouve son existence.
Quant à Abdoulaye Faye, sa mère a été l'une des premières militantes du parti du président Wade dès sa création en 1974. Icône du Pds, le président du Conseil régional a été de tous les combats de Me Wade et, à aucun moment, son chemin ne s'est séparé de celui du Pape du Sopi. Aussi Abdoulaye Faye est-il réputé être un inconditionnel du chef de l'Etat pour qui il serait même prêt, disent ses proches, à ouvrir sa poitrine. Et puis, le président du Conseil régional de Dakar est un ami de la famille Wade dont il est devenu membre pour avoir gagné la sympathie de l'épouse du président de la République et de ses enfants. En fait, les relations entre les famille Wade et Faye datent de très longtemps. D'ailleurs, récemment, le chef de l'Etat, en signe de reconnaissance, a décerné une distinction à la mère du président du Conseil régional. En outre, Abdoualye Faye n'a jamais eu d'ambitions démesurées et s'est toujours acquitté, avec passion, des tâches à lui confiées par Me Wade. Maintenant, la question est de savoir si le président Wade cèdera à la ‘pression’ des soutiens de Karim Wade au palais de la République ou s'il va maintenir son choix sur Pape Diop.
Amadou DIOUF
Karim Wade : Questions autour d'une ambition présidentielle
Le 3 juin 2007, Karim Wade a voté, et cela s’est su. Depuis quelques années, les actes les plus anodins du fils du président de la République sont connus du grand public. Pour ce qui est des actes à conséquence importante… Karim Wade a donc voté, mais il a voté seul. Dans sa toute nouvelle entreprise de revendication du statut de Sénégalais ordinaire, on aurait aimé qu’il votât accompagné. L’image aurait été, en effet, appréciée des Sénégalais si Karim s’était présenté au bureau de vote avec son épouse. Elle s’appelle Karine. La seule différence entre les deux prénoms tient aux lettres n, pour l’une, et m pour l’autre. Ténue, au son, cette nuance alphabétique n’en est pas moins une large différence. Pourquoi les deux n’ont pas voté ensemble ? Peut-être parce que cette Mme Wade-là n’a pas sa nationalité sénégalaise exigible pour être électeur. A moins qu’on ait évité, pour quelqu’un à qui on prête des ambitions de succéder à son père, une image qui dépare : celle d’un métis, au bras d’une Française toute blanche, élisant des députés du Sénégal.
‘J’ai de l’ambition pour mon pays’, a dit le fils Wade, dans une interview à la Rts (les questions étaient simples : sujet, verbe, compliment). Grand bien fasse au fils de Viviane Wade. Seulement, à l’heure d’une désenghorisation prononcée, avec notamment une wolofisation tous azimuts (ce qui n’est pas en soit une mauvaise chose), il faudra bien du travail pour faire accepter un président de la République ne parlant aucune langue du pays. Il semble que, pour un Wade, il est en plein cours de wolof dispensés par un professeur… américain (vive le Peace Corps). Attendons d’entendre les constructions grammaticales qui en sortiront, autres que la seule qu’il maîtrise pour le moment, selon ceux qui le connaissent, à savoir : ‘Ouaay yow !!!’. Avouons qu’il faut certainement plus que cette exclamation pour charmer l’auditoire d’un meeting. A moins que ce Wade-là veuille diriger les Sénégalais sans parler à l’écrasante majorité d’entre eux.
Suffira-t-il, pour se faire accepter comme un citoyen ordinaire, d’offrir une obole de 50 millions à une mosquée, de multiplier les sorties et de ‘réseauter’ la presse ? Abdoulaye Wade, expert dans la compréhension de la psychologie de ses concitoyens, a éprouvé le besoin de coller Abdoulaye Baldé à son fils, pour faire… couleur locale, lorsqu’il a fallu le mettre au devant de la scène des affaires publiques, à travers l’Anoci. Dans le duo de siamois de la pompe à financements arabes, le commissaire de police sert uniquement à ‘sénégaliser’ l’image du président Wade de l’Anoci.
Karim Wade, un citoyen ordinaire ? Ses ‘amis’, tout nouveaux, ne sont pas seulement nombreux. Ils ont poussé la vulgarité à son comble, en créant le Fan’s club Syndjély et Karim Wade. Si, si ! cela existe. Et la structure est domiciliée à la cité Golf Nord, au numéro 15… selon ce qu’en dit une grande banderole déployée dans une rue de ce quartier où vit ma famille. Qu’est-ce que donc les enfants Wade ont prouvé comme compétence pour susciter une telle pamoison ?
Ses thuriféraires présentent Karim comme un brillant financier. Il faut convenir qu’on n’a pas besoin de dépasser le statut de courtier d’une banque, ce qu’il est, pour courir les pays arabes, avec l’attestation de filiation présidentielle en guise de sésame pour ouvrir les palais royaux. N’importe qui serait apte à faire autant, sinon plus que lui, comme envoyé très spécial de son père de président auprès des émirs. Lesquels lui donnent du ‘Karim Ibn Abdallah Wade’.
Il se trouve, hélas, des cercles de corrompus pour, non pas penser, mais tenter de faire croire que, dans ce Sénégal du troisième millénaire, il est fort aisé de passer du statut de courtier de son président de père à celui de personnalité toute indiquée pour être le prochain chef de l’Etat.
Quel mérite y a-t-il à être fils de chef d’Etat ? Il faut qu’on arrête la farce, car elle est grosse de dangers.
Un fils de président de la République n’est jamais un citoyen ordinaire. Il est à une position de privilège que ne lui confère rien d’autre que son ascendance. Toute entreprise de le positionner emportera un qualificatif : le népotisme. Ensuite, dans ce Sénégal de Ndiadiagne Ndiaye, d’El Hadji Omar Tall, de Maba Diakhou Bâ et autres, on aurait l’impression d’être revenu à une autre époque si l’on devait avoir comme couple présidentiel Karim et Karine au palais du gouverneur Roume.
Il faudra bien qu’on se le dise : on assiste à une gigantesque conspiration de corruption des esprits tendant à imposer au président Wade et à l’opinion nationale l’idée de la normalité d’une mise sur orbite de Karim Wade. Rien n’est plus dangereux pour un chef que le zèle de ses collaborateurs. Quand Wade se veut l’égal de Mandela, il s’en trouve pour le ramener à l’échelle d’un Eyadéma. Les marchands d’illusions veulent supplanter le projet démocratique du Sénégal pour tenter une dangereuse aventure monarchique. Ce n’est pas qu’ils ignoreraient le risque pour le pays, la vérité est que leur seule préoccupation tient à leurs subsides du moment. Joueurs, ils misent sur un fait : la légendaire sensibilité de Me Wade aux louanges. Après le célèbre ‘Africain le plus diplômé de Tunis au Cap’, ils veulent trouver une formule à son fils. Lequel a le mauvais goût de se proclamer leader de la ‘Génération du concret’ au moment où les adversaires de son père indexent son âge. Génération !!! Comme si la compétence était une affaire d’âge ! Sait-il seulement, le fils Wade, que la jeunesse n’est en rien une qualité ?
Aujourd’hui, la seule chose qu’il a réussie, en fait de concret, c’est d’être lui-même un bon thème de campagne électorale contre son père, malgré les réalisations de celui-ci. Les chantiers de l’Anoci ? C’est, principalement, un bout de la corniche, d’une longueur de moins de 10 km, facturé à 22 milliards de francs Cfa. L’équivalent exact du coût de la route Linguère-Matam.
Françoise Gisèle DIEME Rue de Doudeauville, Paris 18 ème Frangisèle01@yahoo.fr
Forte abstention au scrutin législatif : Il s'agit d'une ‘non participation’, selon Decroix
Pour la Coalition And Défaar Sénégal de Landing Savané, il est incorrect d'attribuer le fort taux d'abstention des électeurs sénégalais noté dimanche dernier à l'appel au boycott lancé par une certaine partie de l'opposition. Mieux, pour les ‘Follistes’ il s'agit plutôt d'une ‘non participation’ qui découle de plusieurs facteurs sans lien avec le mot d'ordre de boycott du Front Siggi Sénégal.
Le Directeur de campagne de la Coalition And Défaar Sénégal, l'ancien ministre Mamadou Diop Decroix a fait hier le bilan de la campagne des élections législatives du 3 juin dernier pour le compte de son camp, sorti troisième avec 3 députés et 84 951voix. Soit 5 % des suffrages exprimés. Mais, pour l'esssentiel du temps de sa confèrence de presse, l'ancien directeur de campagne de Landing Savané a parlé de ce qui a été la surprise de ces élections législatives. A savoir la faible participation des électeurs sénégalais: 34,75 % des inscrits. ‘Il est important de se pencher sur la non participation au lieu de parler de boycott’, a nuancé le numéro 2 d'Aj-Pads. Ce dernier invite plutôt les intellectuels et la presse à étudier en profondeur ce qui s'est passé le 3 juin dernier. ‘ Il faut apprécier les éléments qui composent ce taux de participation de 34, 75 %. La presse et l'intelligensia ont un rôle à jouer pour donner les différentes composantes. Au sein de la classe politique ce sera une bataille politicienne pour analyser cette non participation’ indique Mamadou Diop Decroix qui semble minimiser l'effet du mot d'ordre de boycott des partis du Front Siggil Sénégal.
Du point de vue du numéro 2 de Aj/Pads, plusieurs facteurs ont été à l'origine de ce qu'il appelle la ‘non participation’ des électeurs aux législatives du 3 juin dernier. ‘ Il y a ce que j'appelle le boycott externe des autres partis de l'opposition et le boycott interne de certains responsables du Pds qui sont accusés à tort ou à raison d'avoir lancé à leurs militants des mots d'ordre de boycott’ explique t-il. A cela, il ajoute d'autres facteurs comme le manque d'enjeu des législatives, la lassitude des électeurs sénégalais aprés une ‘campagne présidentielle époustouflante’, la demande sociale non satisfaite et la perception négative du député. A ce propos il reconnaît que ‘le député (sénégalais) renvoie l'image de quelqu'un qui est payé pour dormir’ .
Néanmoins de l'avis de Mamadou Diop Decroix, cette Assemblée nationale qui vient d'être élue n'a pas de complexe à se faire. ‘Dans un pays où le vote n'est pas obligatoire, même si une instititution est élue avec 10 %, elle est légitime’ déclare t-il. Pour le second d'Aj, ‘l'Assemblée nationale est non seulement légale mais légitime . Nous avons 13 listes là-bas.’
Revenant sur les résultats des législatives, l'ancien directeur de campagne de Landing Savané se félicite des 20 % de progression que sa coalition a enregistrée par rapport à la présidentiellle et les percées notables dans 29 départements et à l'extérieur. Mais il regrette l'absence de moyens. ‘Les élections, c'est d'abord des moyens. Si vous avez les meilleures idées du monde sans pouvoir couvrir le pays, il ne faut pas vous faire d'illusion. Ce n'est pas pour nous dédouaner. Car si l'on fait de la politique, on doit trouver les moyens’, admet-il. Un clin d'œil au pouvoir pour mettre en place un système de financement des partis politiques.
Evoquant la situation politique nationale marquée par l'absence de dialogue entre le pouvoir et l'opposition, Mamadou Diop ‘Decroix’ dira que ‘ la situation appelle à un dialogue’. Mais, ‘ il faudra que chacun y mette du sien. Il faut que les discours va-t-en guerre arrêtent de part et d'autre. Il faut une posture de dialogue de part et d'autre’, dit-il . Optimiste, il déclare : ‘ s'il y a un bémol dans les sorties guerrières , nous pensons que nous allons vers un dialogue ‘.
Mamadou SARR
Cherté du coût de la vie, respect des règles démocratiques : ‘Siggil Sénégal’ exige la tenue d'une assise nationale
La cherté du coût de la vie semble désormais être le cheval de bataille du Front Siggil Sénégal. A leur rencontre d'hier, les leaders de ce Front ont décidé d'exiger d'Abdoulaye Wade la tenue d'une assise nationale sur des questions économiques, notamment le coût élevé des denrées de première nécessité...
Renouer le fil du dialogue entre le pouvoir et l'opposition à travers une assise nationale est désormais la condition que posent les leaders du Front ‘Siggil Sénégal’ au chef de l'Etat Abdoulaye Wade. L'annonce a été faite par le Premier secrétaire du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, au nom dudit Front. C'était hier, au sortir de leur rencontre portant sur l'évaluation du scrutin du 3 juin 2007, au domicile d'Amath Dansokho. ‘Nous exigeons de lui (Abdoulaye Wade : Ndlr) la convocation d'un dialogue politique, d'assise nationale non seulement sur les questions politiques mais aussi et surtout sur des questions économiques... Que le fil du dialogue soit renoué à travers une assise nationale’, a déclaré Ousmane Tanor Dieng.
Ce préalable posé par le Front Siggil Sénégal s'expliquerait par la cherté du coût de la vie, notamment des denrées de première nécessité, ‘la pré-famine’ qui s'annonce dans les campagnes..., selon le porte-parole du jour des leaders du Front. Et Ousmane Tanor Dieng de promettre que leur Front va continuer à mettre la pression sur le chef de l'Etat pour qu'il accepte ce dialogue. De l'avis du socialiste, d'autres formes de manifestation contre la cherté du coût de la vie vont être envisagées et organisées de manière graduelle. Et de renseigner à ce propos que ‘nous réfléchissons sur un calendrier sur lequel les plénipotentiaires doivent travailler...’.
Revenant sur le scrutin du 3 juin 2007, le porte-parole du Front indique que ‘dans aucun pays du monde, jamais la participation à l'élection présidentielle n'a chuté de 40 % aux élections législatives’. Selon lui, c'est parce que ‘le régime de Wade a tiré autant qu'il a pu arriver laborieusement à 34 %’ mais, estime le socialiste ‘le vrai taux de participation tourne autour de 22 à 23 %’. Selon Ousmane Tanor Dieng, les arguments selon lesquels l'enjeu des legislatives n'était pas la participation, avancés par la coalition Sopi 2007 les ‘ridiculisent davantage’. Ca, ‘c'est le Premier ministre Macky Sall lui-même qui avait dit que le défi, c'est celui de la participation. Et que c'est l'opposition boycotteuse qu'il fallait combattre’, a-t-il rappelé.
Convaincu que son appel au boycott a été entendu par le peuple, le ‘Front Siggil Sénégal’ a décidé d'organiser une tournée des leaders pour ‘remercier les militants, les Sénégalais pour l'oreille attentive prêtée à notre mot de boycott’. Et le Premier secrétaire du Parti socialiste d'informer dans la foulée : ‘Nous allons élaborer un mémorandum dans lequel nous analyserons le sens et la portée des résultats du scrutin du 3 juin’. Ledit document sera remis et expliqué aux représentations diplomatiques et aux chefs religieux.
Par ailleurs, le Front Siggil Sénégal a décidé d'envoyer aujourd'hui une délégation qui sera conduite par certains de ses leaders auprès du secrétaire général du Jëf jël, Talla Sylla pour lui exprimer sa solidarité. Et exiger de l'Etat sa prise en charge, a informé Ousmane Tanor Dieng.
Yakhya MASSALY
Le Pit sur le fort taux d'abstention : Une confirmation du caractère frauduleux de la présidentielle
Le faible taux de participation noté aux élections législatives continue d'alimenter le débat politique. Pour le Pit d'Amath Dansokho, le boycott ou l'abstention des électeurs le jour du scrutin n'est rien d'autre qu'une confirmation du caractère ‘frauduleux’ des résultats de la présidentielle.
Le faible taux de participation aux élections législatives est une confirmation du ‘caractère frauduleux et inacceptable des résultats de l'élection présidentielle du 25 février 2007’, indique un communiqué signé par le secrétariat du Comité central du Pit. Lequel estime que désormais, tous les doutes sont levés sur cette question. Car, expliquent Amath Dansokho et ses camarades, ‘la journée du 3 juin qui a mis à nu la mécanique du hold-up électoral du 25 février 2007’, démontre par la même occasion ‘l'isolement total’ du pouvoir d'Abdoulaye Wade. Et que cela s'est illustré par le boycott massif des forces de sécurité et des paramilitaires, ‘complètement en phase avec le comportement électoral des civils’. Ce qui est, de l'avis du Pit synonyme d'unité profonde des différentes composantes de la nation contre le régime d'Abdoulaye Wade et ‘l'échec total de ses manœuvres d'instrumentalisation de la religion’.
Se fondant sur le faible taux de participation au scrutin du 3 juin, le secrétariat du Comité central du Pit indique que ‘le peuple sénégalais considère comme illégitime aussi bien le pouvoir d'Abdoulaye Wade et l'Assemblée croupionne qu'il veut installer. De même qu'il considère comme inadmissible la poursuite de sa politique de désorganisation, de destruction de la vie économique, d'accaparement des ressources publiques’. Il s'y ajoute, poursuivent Amath Dansokho et ses camarades, ‘leur folle dilapidation ainsi que l'augmentation vertigineuse des prix pour financer le train de vie dispendieux’. Sur ce point, le Pit soutient que cette politique ‘désastreuse’est le soubassement de la crise actuelle des finances publiques et de la misère que connaît le pays. Et le secrétariat du Pit estime que le peuple a condamné sans équivoque cette politique et exige un changement radical de cap au plan de la gouvernance comme dans les solutions des difficultés d'existence des populations.
Le secrétariat du Pit, fort du succès du boycott, réaffirme la nécessité de développer la mobilisation populaire pour, indique-t-il, ‘obliger Abdoulaye Wade à prendre la mesure exacte du rejet de sa politique sur tous les plans. Et d'en tirer, sans tarder, toutes les conséquences, avant qu'il ne soit trop tard’. Et, c'est pourquoi, Amath Dansokho et ses camarades pensent qu'il est important que le dialogue politique intervienne le plus rapidement possible, conformément à ‘l'exigence qui monte de partout’, notamment de la restauration des valeurs et institutions républicaines. Du respect rigoureux de la constitution et des lois.
En outre, le secrétariat du Pit insiste pour qu'ensemble avec ses alliés, des mesures d'urgences soient prises. Lesquelles sont, entre autres, une réduction immédiate des prix des denrées de première nécessité, un programme alimentaire d'urgence de réhabilitation de la force de travail du monde rural, le respect scrupuleux des accords avec les enseignants.
Dans ses évaluations des élections législatives, le Pit n'a pas épargné la Cena de même que le Conseil constitutionnel et le Conseil d'Etat. Selon Amath Dansokho et ses proches, les résultats de ces élections constituent ‘un véritable camouflet pour la Cena et les institutions judiciaires qui ont couvert de leurs arrêts les dérives d'Abdoulaye Wade’.
Y. MASSALY
Après la résistance passive, l’insurrection ?
Le plus vieux de la scène politique rempile alors que l’un des plus jeunes se retire dans des conditions que nul ne saurait agréer. Où va le Sénégal ? A quoi sert un Etat, s’il ne peut plus protéger ses citoyens et que ceux-ci sont battus (le jeune leader politique), voire abattus (le juge, l’étudiant et maintenant leur propre militant) ? Pourquoi continuer à être républicain et obéir à des lois si ceux qui les font voter, sont les plus prompts à les transgresser ?
Dépités, beaucoup d’entre nous avaient décidé d’observer notre pays aller où l’entraîne son destin. Mais le destin a parfois besoin qu’on lui donne un coup de pouce. Nous ne pouvons plus être de simples spectateurs attendant sagement la fin du film. Si nous sommes bons, nous nous attaquerons inévitablement aux brutes et aux truands. L’indifférence est-elle plus acceptable que la transhumance ? Est-elle une arme ? En l’espèce, nous ne le croyons pas. Ne rien faire, c’est laisser faire ; et laisser faire, c’est se laisser faire.
A propos des transhumants, qu’ils soient contraints par un chantage basé sur des dossiers accablants ou qu’ils soient raisonnés par des espèces sonnantes et trébuchantes, une question nous interpelle : en cas d’invasion par une puissance étrangère, ne feraient-ils pas partie des collaborateurs à l’image de ce qui s’est passé dans la France de Vichy ? Comment peut-on fouler aux pieds certaines valeurs juste pour sauvegarder ou améliorer sa position sociale, renier subitement et publiquement ceux qu’on adorait et adorer tout autant ceux qu’on reniait ? Valeurs ! Oh valeurs ! Quelles sont devenues une denrée rare !
Si, en face, ils s’arrogent le droit de violer la loi, arrogeons-nous le droit de résister, voire riposter. C’est aux Sénégalais de sauver le Sénégal. Ce n’est pas seulement l’affaire des politiciens. Les enseignants, artistes, écrivains, journalistes, ouvriers, paysans, sportifs, élèves et étudiants, tous les civils, militaires et paramilitaires, travailleurs comme chômeurs, doivent pouvoir dire non aux dérives autoritaires. Il convient de féliciter les institutions armées pour leur comportement lors des élections législatives, car certains commençaient à douter d’eux mais ils ont montré qu’on les tue, on ne les déshonore pas. Nous pensons que Dame Justice ne manquera pas, dès que l’occasion se représentera, de montrer, par son indépendance, qu’on doit pouvoir continuer de parler d’un ‘pouvoir’ judiciaire. Mais que d’hommes et de femmes y sont valeureux et méritent un grand respect !
Concernant l’Exécutif, une dernière question avant de finir : que faire si on se trouve en face d’un président de la République qui ne respecte pas la loi électorale et la Constitution qu’il a fait voter ? S’il devient dictateur sourd au dialogue ? S’il ne sait ni décoder un message, ni lire entre les lignes ? Si le peuple souffre en silence et qu’il défie ce même peuple ? Et s’il n’est plus responsable de ses actes ? Faudra-il le contenir pour sauver la République ? Et s’il ne vous laisse que le choix de la violence en vous ôtant toute arme politique (absence de dialogue et d’opposition à l’Assemblée) et judiciaire (toujours débouté même si tout pouvait laisser croire à l’autorité de la chose jugée) ?
La rébellion et l’anarchie risquent également d’installer leurs quartiers sur notre sol et au plan individuel, on peut être tenté par l’autodéfense et se faire justice soi-même si l’impunité est le sentiment le mieux partagé face aux agressions (par marteaux, donc par des barbares), à la pédophilie, au meurtre, au pillage des deniers publics. Y aurait-il moins de risques à voler des milliards plutôt qu’une poule pour se nourrir?
Ce tableau qui prend de plus en plus forme quelque part en Afrique de l’Ouest, n’est pas une fiction. La scène aurait pu se dérouler dans les années soixante comme elle peut bien avoir lieu en 2007. Tous les hommes et femmes encore debout et libres doivent s’offrir en bouclier. Agressez, tuez ! Il en restera toujours.
Vous reviendrez Talla Sylla, vous reviendrez sûrement. Présent physiquement ou dans les esprits. Nous n’étions pas toujours d’accord avec le style, mais nous respectons l’homme et avons définitivement de la sympathie et de la solidarité pour lui après ce qui s’est passé. Honte aux bourreaux ! Et que Dieu nous garde des pires extrémités !
Biram Ndeck NDIAYE
Elections législatives du 3 juin : Un cinglant camouflet à Me Wade
Me Wade a reçu le 3 juin 2007, date des élections législatives, un cinglant revers dont il se souviendra encore et pour longtemps pour avoir pris part de manière active à la campagne électorale. En effet, le faible taux de participation des Sénégalais à ces élections estimé à environ 34,74 % selon les résultats provisoires (loin des 64 % de 2001), est un désaveu de la politique libérale. Galvanisé par l'élection présidentielle de février dernier dont il est sorti vainqueur dès le 1er tour (verdict du Conseil constitutionnel), Me Wade s’est imaginé que la suite allait être une promenade de santé d’autant plus que l’opposition significative avait appelé au boycott pour ces législatives. Un président de la République n’est pas concerné par des élections législatives au point qu’il apparaît au premier plan pour faire campagne pour son parti. Sur les affiches de la coalition Sopi, Me Wade est apparu devant Macky Sall, la tête de liste, comme pour dire à l’opinion : il s’agit encore de moi, allez-y encore, voter pour moi et qu’on n'en finisse à jamais avec nos adversaires boycotteurs. Nous l’avons vu aussi sortir pour procéder çà et là à des soi-disant inaugurations et clôturer la fin de la campagne de la coalition Sopi en appelant à une participation massive des Sénégalais à ce scrutin. C’est dire que l’enjeu de ces élections législatives était réel pour Me Wade qui a pris une part active à la campagne électorale faisant parfois ombrage à Macky Sall, tête de liste de la coalition Sopi.
Qu’allez-vous imaginer. Notre président bien aimé est la seule personne valable et indispensable au Pds de telle sorte que rien ne peut se faire sans lui. Il s’est vu même décerné le titre de seule constante de ce parti au point de reléguer au second plan tous les autres membres. Comment une association composée d’hommes et de femmes qui se respectent et qui travaillent et apportent une valeur ajoutée à l’association, peut concéder qu’une seule personne en est la seule constante. C’est d’abord manquer de respect et de considération à sa propre personne et créer un mythe vivant autour de cette personne. C’est dire que ces gens- là ont une faible estime de soi et en sont encore à la base de la pyramide de Maslow pour avoir satisfait uniquement leurs besoins physiologiques.
C’est vrai que Me Wade a toujours utilisé pour le management de son parti le style du leadership autoritaire et exploiteur. Il impose ses décisions et tout le monde est obligé de se soumettre, les récalcitrants sont simplement démis de leur fonction ou exclus du parti selon son bon vouloir. Rien ne se fait, ni se décide au Pds et dans sa coalition sans sa bénédiction. Les textes du parti ne s’appliquent pas à lui, mais seulement aux autres.
Cependant, l’opposition et une bonne partie des sénégalais viennent de lui rappeler par ce boycott actif que l’on ne peut diriger le pays comme on dirige un parti politique. C’est aussi un signal fort du rejet de la politique libérale de paupérisation de la masse tandis que le train de vie de l’Etat ne fait que s’accentuer. La création du Sénat pour caser des frustrés et autres souteneurs en mal de popularité entre dans ce cadre.
Ce faible taux de participation des Sénégalais à ces élections est aussi pour dire à Me Wade que malgré le fait qu’il soit réélu au 1er tour en février dernier, les Sénégalais ne lui ont pas signé un chèque en blanc pour faire tout ce que bon lui semble, mais a contrario ce que souhaite le peuple pour son devenir. L’opposition avec laquelle il était en compétition a gagné le ‘deuxième tour de la présidentielle’ pour lui avoir rendu la pièce de sa monnaie avec ces législatives. Nous sentons notre président bien aimé atteint au plus profond de lui-même par ces résultats pour s’être investi personnellement dans cette compétition. Qui plus est, des moyens énormes étaient déployés pour l’achat de consciences, comme à la présidentielle, pour rendre le boycott insignifiant et la victoire encore plus belle afin de discréditer l’opposition boycotteuse aux yeux de l’opinion. Un tel cas de figure serait plausible si les résultats escomptés étaient au rendez-vous après le verdict des urnes. Hélas, il en est autrement et Me Wade doit en tenir compte en respectant le choix des Sénégalais pour un dialogue franc et sincère avec toutes les forces vives de ce pays afin de remettre le Sénégal sur les rails de la compétitivité et du développement.
C’est là tout le sens du combat de l’opposition significative pour un appel au dialogue et les Sénégalais ont répondu à cet appel avec la manière, en observant un boycott actif, renvoyant ainsi notre président bien aimé à revoir sa copie. Espérons que l’esprit l’emportera sur la raison de Me Wade pour épargner à notre cher Sénégal des lendemains incertains.
Aboubakrine SAMB bcar25@hotmail.com
Hommage à Talla Sylla : Au revoir grand frère
Encore une fois, il nous aura dribblé comme ce virevoltant ailier face à un défenseur dépassé par la rapidité et le génie de son vis-à-vis. Talla a encore une fois de plus fait preuve d’un patriotisme et d’un honneur sans nul autre pareil. Il nous aura encore une fois administré une leçon, mais malheureusement, ce peuple immature et sans repères ne saura en tirer aucun bénéfice. Le matérialisme a castré nos cœurs. Nous sommes vraiment vils !
Il est venu une génération trop tôt ou trop tard ; c’est selon : trop tôt, car nous qui sommes de son époque ne sommes toujours pas capables de comprendre le sens de son combat ; trop tard, car venu à une époque où la vertu est devenue un vain mot.
Talla, tu fais partie des plus dignes fils de ce pays et les générations futures devront s’inspirer de cette conduite exemplaire qu’est la tienne. Tu aurais pu comme ces meurt de faim t’aggriper à ce poste de député qui te tend la main, mais tu as compris qu’un salaire se mérite et ta dignité ne saurait te permettre de manger de ce pain là. Merci pour ce bel exemple de vertu et de sagesse. Soigne-toi et reviens-nous vite.
Alioune Badara BEYE