Wade réélu au Sénégal ? Mathématiquement impo
Wade, la décennie de la décadence
Mais qui sont tous ces gens qui courent dans la rue sans savoir vraiment où ils se rendent ? Ils sont guidés par l’euphorie de la victoire et tels des détenus habités par un brusque sentiment de liberté et l’espoir d’une vie meilleure après quarante ans d’emprisonnement, ils ne se doutent donc pas qu’ils sont juste transférés de cellule. Ils font un signe étrange de la main, formant à l’aide de l’index et du majeur la lettre ‘V’ et criant Sopi à tout-va. On me dit alors que ce jour était un grand jour et que ce signe était synonyme de victoire et de réussite. Avec le recul, ce ‘V’ me rappelle étonnamment la forme des oreilles de l’âne. Tous ces gestes signifiaient inconsciemment que le peuple dupe allait alors connaître une décennie de bêtise et de profonde médiocrité. A cette échelle, nous ne pouvions pas mieux faire comme prémonition collective.
Dépité par ses quatre défaites précédentes et ‘réfugié’ en France, fuyant ainsi le fisc et les sollicitations de ses fidèles militants, mais toujours bavant devant les grilles de la présidence, l’indésirable dans la dèche devient comme par miracle la seule chance d’un peuple qui en avait déjà marre à l’époque de la monarchie socialiste. C’était évidemment en comptant sur la grande marche bleue dont malheureusement chacun d’entre nous fera partie. Oui nous l’avons tous aimé et nous l’avons tous applaudi ce jour où tout a commencé, au stade Léopold Sédar Senghor. Le poète pourtant nous avait bien mis en garde contre ‘Njombor’. En effet, le lièvre une fois au pouvoir s’est mis à bouffer de la viande. Le loup était déjà dans la bergerie. Il était bien trop tard pour rattraper notre erreur.
En ce 1er avril 2000, le discours d’investiture a été certainement le plus gros poisson d’avril de tous les temps. On nous demanda alors de ‘travailler, beaucoup travailler, toujours travailler’, mais on ne nous avait pas dit que nous serions les seuls à le faire. A l’époque où il savait encore faire des discours concis, il nous dit : ‘Dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel peuple tu seras’. Mais au lieu d’un stylo, ma jeunesse aujourd’hui a une pierre dans la main. Elle est orpheline de père et cherche par tous les moyens à fuguer, contre vents et marées, pour rejoindre la terre de ‘ses ancêtres les Gaulois’ qui ne veut plus d’elle. Ceux qui restent n’ont plus peur de la police. Le bruit des lacrymogènes devient agréable à leurs oreilles et ils respirent leur odeur comme un doux parfum d’air pur. Ils ne croient plus en aucune morale et si on en accuse un de ne pas tenir parole, il vous répond d’un ton narquois : ‘Wax Waxeet ! ’ A ton tour maintenant, dis-moi donc quel peuple nous serons.
Ainsi, la main droite levée il prêtait serment. Mais dans l’euphorie collective, personne ne remarqua qu’il avait croisé en même temps les doigts de sa main gauche. Nous autres jeunes n’avions pas été attentifs à la première leçon du Maître, le parjure. Cependant, comment pouvions-nous faire confiance à cet homme et penser qu’il nous apporterait bonheur et prospérité alors que son crâne dégarni même nous avertissait du danger de l’aridité extrême qui nous guettait ? Lors de discussions bruyantes et très agitées, ses partisans ne manquent jamais de me rappeler qu’il est le président le plus diplômé d’Afrique. Faute de mettre tout ce savoir-faire au service de son peuple, ce curriculum vitæ par ailleurs surfait ne lui aura finalement servi qu’à recevoir çà et là des distinctions obscures et des décorations de complaisance.
Ses premières années de pouvoir seront consacrées à trahir ses compagnons de route et frères victorieux devenus bien trop nombreux pour le partage du gâteau. Pendant que la discrète Mame Aïda fait son safari sur les pistes du Dakar, Meïssa, lui, apprend à devenir grand. Sentant la viande fraîche, Bouki s’est donc bien gardé de rester dans l’anonymat en tant que simple banquier au Royaume d’Elizabeth, sachant qu’il pouvait être digne héritier du trône au royaume de son père. Ayant à peine appris à marcher, il sait déjà compter jusqu’à quelques centaines de milliards mais ses multiples portefeuilles pèsent lourd sur ses jambes de nain. Lors d’une rencontre entre parents d’élèves et professeurs, le père, torse bombé, dit à son fils : ‘Karim, je dirai à ta mère que tu as bien travaillé.’ Le professeur interloqué réplique : ‘Monsieur, vous avez parlé trop vite, votre fils a falsifié son bulletin de notes’. Sourire en coin, papa lui répondit : ‘Je sais Monsieur, c’est même moi qui lui ai appris l’art de la tricherie.
Ainsi, dans cette version moderne des Fables de la Fontaine, où l’épouse du laboureur est bien trop présente à mon goût, le vieil homme, dont la mort est très loin d’être prochaine, demande à ses enfants de ne pas s’inquiéter devant des millions de témoins. Il s’occuperait de tout ! Il a peut-être raison de la jouer solitaire et de ne compter que sur les liens du sang, vu que hormis quelques compagnons de longue date, le champion du monde du remaniement ministériel ne peut compter sur un Parti démocratique sénégalais qui a plus des allures de carrefour de tous les traîtres et transhumants, hommes et femmes dénués de toute conviction politique ou personnelle.
Pour exemple, celle qui lui donna autrefois le surnom certes un peu dur mais alors bien cocasse de ‘Fantômas’, est la même qui aujourd’hui, en signe de soutien, n’hésite pas à agiter ses pagnes à la moindre occasion, telle une ‘Njeuké’ euphorique en plein mariage, soucieuse de faire bonne impression quitte à en faire trop.
Mais le bas peuple, lui, a bien d’autres soucis que d’assister à ce triste spectacle. C’est donc avec un pincement au cœur que je me souviens de ces hommes et femmes, arpentant les rues, casseroles et marmites vides à la main, pour manifester contre la faim. Nous n’avons pourtant pas des silhouettes de Somaliens mais les plats étaient de plus en plus vides tandis qu’au Palais, l’ambiance était celle des banquets.
Certains convives comme dans la tradition des Romains de la haute société, bien que rassasiés, n’hésitent pas à aller se faire vomir pour ensuite retourner s’empiffrer. Certes, certains hommes de l’appareil ont bien les qualités pour occuper les plus hautes fonctions de l’Etat. Mais nombre d’entre eux habitent les bas-fonds de la médiocrité intellectuelle. Et chaque jour, nous assistons des fenêtres de nos vieilles guimbardes cabossées, impuissants et quelquefois admiratifs, au ballet de leurs luxueux 4x4, que ceux qui les trouvent trop grands ont d’ailleurs rebaptisés 8x8. Ce véhicule est ainsi devenu au fil des années, aux yeux du petit peuple, celui des collaborateurs qui ont vendu leur âme au diable pour bénéficier de la reconnaissance du grand chef. Tandis que les L200 convoient les bourreaux du peuple, chargés d’effectuer le sale boulot.
Le peuple, donc faute d’avoir du pain, doit se contenter des jeux pour être heureux. Un peuple aveugle, mais bien malgré lui, car il est réellement dans l’obscurité. Ainsi, les populations de Ouakam dans le noir aperçoivent, émerveillés, au loin le monument de la Renaissance africaine éclairé de mille feux, tels ces pauvres persécutés à la veste étoilée ayant enfin en point de mire la terre promise. Et si par Renaissance, on veut nous faire comprendre que nous ressuscitons au même niveau d’avancement et de développement, en revenant à l’époque de la bougie et du charbon de bois, alors le concept a été bien choisi.
Les gosses sur les plages de la corniche Ouest n’ont certainement pas ouvert leurs cahiers de la journée, pourtant ils miment les gestes qu’ils auront vus la veille dans ‘Batamba’. Ils ne seront certainement pas tous lutteurs mais peut-on vraiment les empêcher de prendre comme modèles les seuls hommes publics qui font semblant de se battre, au moins durant quelques secondes, pour mériter leur succès ? Et pendant que j’admire le calme de la ville plongée dans le noir, une lumière vive vient m’éblouir, accompagnée d’une rumeur étrange, Aaaaahhhh !
C’est le son de communion de tous ceux qui voient le fameux ‘courant’ revenir enfin. Ce bien si rare arrive néanmoins à une heure bien embarrassante de la journée, celle de la prière mais aussi des feuilletons. Les plus superstitieux diront même que ce n’est pas une coïncidence mais un signe du ciel, le Seigneur voulant alors tester si notre foi est assez forte pour résister aux futilités de la vie. Bref, j’ai fait mon choix. Je n’aurai pas souvent l’occasion de voir Vaidehi, enveloppée dans son magnifique Sari et éblouissante de grâce et de sensualité. Dieu, lui, me verra prier même dans le noir, plus tard.
Ne soyons quand même pas si injustes, il n’y a pas que des zones d’ombre dans ce règne. A la longue, nous reconnaissons le refrain des inconditionnels du régime actuel : ‘Il a construit des routes’. Certes nous le remercions d’avoir réalisé cette mission que ces prédécesseurs n’ont jamais pu accomplir. Nous avons enfin notre autoroute de quelques kilomètres, notre trou à rats, je veux nommer le tunnel de Soumbédioune, ou même notre corniche Ouest dont certains n’ont pu s’empêcher de clamer qu’elle fait la fierté de notre nation. Même si après douze années de mandat, cet argument me semble assez léger pour garder sa Majesté à la tête du pays, ne faisons pas la fine bouche. Nous avons des routes, bouclons-la et roulons !* (A Suivre)
Pape Bamar KANE Etudiant en Licence 3 à l’Université des sciences et technologies de Lille (France)
Me Wade nous dit clairement que ses promesses n'engagent que ceux qui y croient
«Les dictatures fomentent l'oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu'elles fomentent l'idiotie. » de Jorge Luis Borges
Après de tels propos exprimés de vive voix et sans ambages à tous les Sénégalais sans exception, est-ce qu'il est raisonnablement et envisageable, que les citoyens électeurs vraiment conscients, se laisseraient abuser encore, par Me Wade, en nous débitant comme par le passé son catalogue de promesses ? Je pense intimement que non ! Par ailleurs, il ressort au regard de son attitude et à l'évidence du discours qu'il nous tient, que Me Wade n'a aucun respect pour le peuple sénégalais, et cette conviction est largement partagée aujourd'hui dans le pays et, même à l'Etranger, où l'image du Sénégal est totalement ternie. L'exception sénégalaise tant vantée, vire ainsi à ses antipodes en devenant une dictature pure. Mais si Me Wade ne nous respecte pas, c'est bien de notre faute. Il nous appartient souverainement de nous faire respecter, en l'obligeant à cesser de vouloir nous endormir comme ses petits-enfants. Nous devons tous ensemble, citoyens à part entière et démocrates, forts de nos droits et devoirs, ici et maintenant, que nous ne sommes ni ses obligés ni ses sujets.
Nous remarquons tous clairement, que rien, strictement rien, dans le discours de campagne de Me Wade n'a changé d'un iota. C'est toujours les mêmes rengaines qu'il nous sert, à savoir des promesses démagogiques depuis trente-huit ans (26 + 12) et nous continuons encore à le laisser toujours faire. Maintenant, ce n'est plus la fin de la récréation mais, la fin du match. C'est terminé pour lui, car il est out dans cette élection du 26 Février 2012. Il nous a assez gargarisé de promesse jamais tenues. Alors n'est-il pas l'heure enfin d'y mettre un terme ? Si ! C'est dans ce cas, maintenant ou jamais.
En écoutant Me Wade débiter, on se croirait être en face d'un enfant gâteux, inconscient, incohérent et incorrect, qui sort des boniments face à son monde. Son discours actuel est tellement empreint d'incohérences et de contradictions comme « Ma waaxon waxeet » que sa vacuité ne laisse plus aucun doute pour personne. C'est pourquoi, l'on se demande, comment pourrait-on imaginer raisonnablement, confier un pays comme le Sénégal, à un tel homme, qui porte difficilement ses 86 ans et semble pratiquement ne plus jouir de toutes ses facultés physiques et mentales.
Les Sénégalais conscients de leurs responsabilités, toutes catégories confondues au plan national, pour l'intérêt du peuple sénégalais, devraient-il laisser Me Wade mettre en application son intention insensée selon quoi, s'il partait du pouvoir maintenant, il laisserait notre pays dans le chaos ? Non bien entendu ! Alors nous devons absolument lui barrer la route, en quoi faisant ? En nous mobilisant massivement pour l'empêcher de prendre part à cette consultation électorale, dont il est exclu constitutionnellement, ou à défaut et au pire des cas, le battre à plate couture dans les urnes. Il n'est pas encore trop tard, si nous y mettions le prix que la situation exige, pour arrêter les menaces que Me Wade et sa coalition font peser sur le pays. Et tout cela, rien que pour se maintenir au pouvoir, même, contre la volonté populaire largement exprimée. Les manifestations massives et constantes des populations du Sénégal à travers tout le pays donnent la preuve du rejet du régime libéral et son chef Me Wade.
Alors, ceux qui prêchent ou prient pour la paix au Sénégal, parmi lesquels certains marabouts, devraient être conséquents avec eux-mêmes, en regardant la réalité et les faits concrets sur le terrain. Ils doivent chercher à savoir, qui fait quoi et qui subit quoi ? Au lieu de prêcher dans le vide ou de vouloir mettre sur le même pied, le pouvoir et ceux qui s'opposent à lui, ce qui n'est pas juste du reste. Il faut situer au paravent les responsabilités de part et d'autre, et des uns et des autres dans ce qui est arrivé à notre pays pour qu'on soit dans cette situation critique. C'est cela la question fondamentale. Toute cette violence qui est partie du 23 Juin contre le fameux ticket principal, est née du refus catégorique de l'application de la loi dans sa rigueur et son intégralité par les tenants du pouvoir. Et s'y ajoute, ses violations constantes à des fins personnelles de la constitution, rien que pour demeurer infiniment au pouvoir. Ne pas tenir compte de tous ces paramètres, c'est faire fausse route dans la recherche d'une solution de paix durable et d'une tenue régulière, transparente de l'élection présidentielle, dans la paix et la tranquillité. Si ces soi-disant prêcheurs ne dénoncent pas les violences récurrentes du pouvoir, exercées sur les paisibles manifestants, qui ne font que d'user d'un droit que la constitution leur reconnait, ensuite d'amener les autorités en place à faire un bon usage des forces publiques, mises à leur disposition pour la sécurité publique de tous les citoyens et non pour les jeter comme des chiens enragés, sur les populations aux mains nues ; et enfin, de dire au pouvoir de respecter scrupuleusement la forme républicaine de notre pays, qui n'est pas un bien familial des Wade ou un royaume conquis par eux. Tout le monde est témoin en ce moment, qu'en pleine campagne électorale, le pouvoir et sa police interdisent aux candidats déclarés de mener leurs manifestations publiques librement, comme ils l'entendent sur l'étendue du territoire national. Toutes ces violences que nous connaissons durant cette semaine, sont de la responsabilité de Me Wade à lui tout seul. Il parait même, qu'un des candidats à l'élection présidentiel en l'occurrence Cheikh Bamba Dièye ainsi qu'un responsable politique du PIT, Ibrahima Sène seraient arrêtés par la Police. C'est du jamais vu ! Même dans les dictatures les plus rétrogrades, pendant la période de campagne électorale, aucune manifestation publique n'est soumise à autorisation, durant celle-ci. Même la Zavia d'Elhadji Malick Sy n'a pas été épargnée par la police d'Abdoulaye Wade. Voici des faits patents palpables dont disposent les prêcheurs et autres avocats du diable pour la paix, s'ils voulaient réellement des preuves.
Ces prêcheurs de la « paix » liés au pouvoir ainsi que ces juges bien engraissés, doivent savoir une bonne fois pour toute, comme tous les Sénégalais le constatent aujourd'hui, qu'un pays ne peut être gouverné par le mensonge, dans le mensonge et pour le mensonge indéfiniment. La loi, impersonnelle en soi, est bien faite pour tous les Sénégalais sans exception aucune, son application ne doit faire aucune distinction ou souffrir d'une discrimination quelconque entre les citoyens. Dans le cas du Sénégal sous Me Wade, il y a justement deux poids et deux mesures dans l'application de la loi. Ainsi, ceux qui revendiquent légitimement leurs droits et protestent contre l'injuste sociale et la violation de la loi, sont réprimés sauvagement et mis en prison. Et dans le même temps, ceux qui violent la loi délibérément et quotidiennement, vaquent eux, en toute liberté à leurs besoins, dans une totale impunité. C'est une injustice caractérisée qui a été mise en place par Me Wade depuis son avènement, pour protéger les siens de toutes leurs forfaitures. Au nom de quoi alors, devrions accepter dans cette république du Sénégal, pour laquelle les générations passées et présentes se sont battues vaillamment, pour en faire un Etat démocratique et de Droit, que Me Wade tout seul veuille délibérément tout briser ?
Cette élection du 26 Février 2012, est un tournant décisif et historique pour notre pays. Il oppose précisément Me Wade contre toutes les forces vives et de progrès de notre pays, qui refusent l'inacceptable instauré par le régime libéral. Ce combat très juste est celui de tout Sénégalais qui cherche réellement une paix juste et qui veut sauver son pays d'un chaos, dans lequel Me Wade veut le plonger avant de disparaitre de la scène, dans un sens ou dans un autre. Nous avons le devoir et l'obligation patriotiques de nous y opposer à tout prix. Nous tous ensemble, forces vives réunies au sein du M23, dans un élan de patriotisme sans faille, de solidarité agissante, de générosité, d'une parfaite unité d'action et d'homogénéité, rien que pour la victoire du peuple sénégalais tout entier sur le régime honni de Me Wade.
Nous notons avec indignation, que tous ceux qui sont indifférents à la situation actuelle de notre pays, sont des complices potentiels objectifs du pouvoir, qu'ils en soient conscients ou inconscients, il en est ainsi. Comme on dit en Wolof : « Bu de jot te ku dundë do gor »
Je voudrais prier aux journalistes et hommes de la presse, de bien se souvenir, qui véritablement Me Wade. A cet effet, je rappelle que, quand il avait grand besoin de vous en 2000 et même à chaque fois que de besoin, il vous a encensé ou caressé dans le sens des poils, mais dès après, il vous jette en pâture. Ce jeu de duperie et d'hypocrisie dont il est coutumier en cas de besoin, devra être déjoué de manière nette et claire, par tous les professionnels de la communication, tout particulièrement, à cette étape cruciale de la vie de notre pays. Votre rôle est capital, surtout en de pareilles circonstances, pour informer juste et vrai, quand on sait encore que les médias d'Etat, sont caporalisés par le pouvoir et au service quasi exclusif du parti au pouvoir, en appui de ceux qui leur sont propres et déjà à leur disposition. Citoyens avant d'être journalistes, vous avez le devoir d'être du côté des intérêts supérieurs de la nation sénégalaise contre ses fossoyeurs. C'est grâce à vous, dans votre rôle de sentinelle, que les Sénégalais sont informés en temps réel de ce qui se passe dans le pays tout entier. Nul doute que vous poursuivrez cette tâche patriotique qui est la vôtre.
Nous connaissons tous à présent, les méthodes violentes et antidémocratiques du libéral en chef, qui consistent à utiliser le bâton et la carotte, autrement dit, l'utilisation de la corruption pour arriver à ses fins personnelles qui, naturellement, sont aux antipodes de l'intérêt du peuple sénégalais présentement.
Unis, nous vaincrons immanquablement le monstre, parce que la cause que nous défendons est juste et noble et de surcroit, c'est au service de notre peuple.
Par Mandiaye Gaye -
Email:Gaye_mandiaye@hotmail.com
Wade réélu au Sénégal ? Mathématiquement impossible !
La réélection de Abdoulaye Wade à la tête du Sénégal pour un 3e mandat, c’est ce que prédisent de nombreux observateurs avisés et probablement résignés. Au regard de l’histoire, cela paraît pourtant impossible. En 2000, au sommet de sa gloire d’opposant «historique», le candidat «libéral» Wade pesait exactement 30% des suffrages lors du premier tour d’une élection qui fut l’une des plus transparentes d’Afrique de l’ouest. L’arrivée au pouvoir du «Maître» a été grandement facilitée par la sagesse du Président Abdou Diouf qui, dès le lendemain du 19 mars 2000, a félicité son successeur, coupant ainsi l’herbe sous le pied de quelque jusqu’au-boutiste de son camp.
Le Sénégal n’étant pas à un paradoxe près, c’est majoritairement les jeunes, aspirant à un réel changement, qui ont élu ce septuagénaire au discours populiste voire racoleur se disant porteur de vision pour son pays… Mais comme cela a été le cas ailleurs, l’accession de l’opposant historique au pouvoir n’a pas été à la hauteur des attentes. Au contraire. L’Alter¬nance exemplaire du Sénégal est devenue très vite «alternoce» pour qualifier un train de vie de l’Etat caractérisé par un tourbillon de démesure et d’arrogance dans un pays marqué par une pauvreté endémique, un sous-emploi structurel et frappé de plein fouet par la crise mondiale… Qu’à cela ne tienne, le pouvoir a instauré l’unité de compte «milliard» dans ses effets d’annonce sur les «Grands Projets» du chef de l’Etat.
Dès son accession au pouvoir, Wade commande des audits pour procéder à l’analyse de la gestion des deniers publics par le régime de Abdou Diouf. Plusieurs de ceux qui auraient pu être mis en cause ont vite fait de transhumer vers les prairies libérales et, depuis lors, les Sénégalais n’ont plus jamais entendu parler de ces audits et de leurs résultats ! On n’ose pas imaginer ce que donnerait aujourd’hui un sérieux audit indépendant sur la gestion dispendieuse du «Maître»…
Tétanisé par le fait de vouloir marquer l’Histoire à tout prix, le «Maître» s’est illustré par une litanie de grands projets et de grands travaux. A son accession au pouvoir, la «Porte du troisième millénaire» est très vite sortie de terre au cœur de Dakar. Le dernier avatar de cette obsession est cet affligeant monument «nord coréen» démesuré à la gloire de la Renaissance africaine…un business dont il est lui-même actionnaire !
Pour financer toutes ces idées parfois innovantes et ces autres lubies visionnaires, un système parallèle au Trésor public a vu le jour à travers la multiplication d’agences nationales spécialisées dans tous les secteurs, pour alimenter un impressionnant circuit financier échappant aux rigueurs de gestion des bailleurs de fonds du développement.
Surfant sur un «Etat de grâce» qui n’a pas duré plus de deux ans, le «Maître», qui a amené dans son sillage de nombreux novices et autres opportunistes vers les marches du Palais présidentiel, s’est très vite illustré par son pilotage à vue dans la gestion des affaires de l’Etat. Durant ces douze dernières années, le Sénégal a connu plus d’une vingtaine de remaniements ministériels, le «Maî-tre» redisposant en permanence ses pions sur l’échiquier politique en fonction des circonstances et de ses ambitions. Elu par une vaste coalition de partis, les alliances se sont vite effritées et le cœur du pouvoir s’est progressivement resserré autour d’un Parti démocratique sénégalais dont la seule constante est, depuis toujours, le «Maître» lui-même. L’entourage étant constitué d’un mélange de suiveurs, de transhumants ou de laudateurs qui n’ont souvent pas d’autre conviction profonde que celle de servir le «Maître» et de tenter d’accomplir tant bien que mal ses visions, en se servant au passage comme il se doit en «mangercratie» ! Et les «indéboulonnables» constitués en garde rapprochée sont en général ceux qui sont chargés des basses besognes et qui en savent trop sur les coups tordus perpétrés par un régime prétendument libéral opérant en toute impunité.
Toujours très préoccupé par son aura internationale, le «Maître» en néglige parfois le landerneau politique national qui est en ébullition permanente. Au fil du temps, le régime accentue son contrôle malsain de toutes les institutions du pays. Tous les rouages de contrôle judiciaire, financier et opérationnel du pays passent aux mains libérales. Les gouverneurs, préfets et autres sont mis à l’abri du besoin par les largesses sonnantes et trébuchantes du «Vieux». Dans le même temps, Wade le rusé («Le lièvre» disait Senghor) se livre à un savant travail de sape et d’anéantissement de l’opposition, entre feintes propositions de dialogue et diatribes moqueuses, n’hésitant pas à acheter les plus faibles…
Abreuvé de milliards de francs Cfa, le pouvoir est trop doux pour envisager un instant de le céder. En 2007, l’élection présidentielle a eu tous les atours d’un hold-up électoral où le «Maître» passe au 1er tour avec 56% des voix. Qui peut croire à la transparence d’un tel scrutin ? Au lendemain, les rues de Dakar sont étrangement calmes. Comme quand on retient son souffle pour savoir si la manœuvre passe sans encombre… L’opposition dégoûtée par cette mascarade d’élection décide de boycotter les élections législatives organisées dans la foulée. Résultat ? Une As¬semblée nationale bleue à plus de 90% prête à entériner toutes les décisions du désormais seul maître à bord… L’opposition est réduite à néant et ceux qui ont le malheur de porter la contradiction au «Maître» s’exposent aux menaces en tous genres. Combien sont-ils à avoir défilé devant les limiers de la tristement célèbre Dic (Division des investigations criminelles) ?
Ce régime de Wade, avec la montée en puissance du fils Karim, sombre aussi dans un raidissement inquiétant, une fuite en avant progressive faite de corruption, de grands plans pharaoniques censés mettre le Sénégal sur la voie de la croissance, de la sécurité alimentaire ou à l’abri d’inondations récurrentes et de coupures de courant intempestives (Goana, Jaxaay, etc.). Le climat s’alourdit et il est marqué par l’intimidation et l’agression d’opposants, l’achat de consciences, quelques morts suspectes, une Justice mise au pas, des règlements de comptes politiques de plus en plus virulents, des distributions d’enveloppes érigées en mode de gouvernance, des bureaux de médias incendiés, des scandales financiers à répétition avec d’énormes sommes d’argent en jeu…
Le «Maître» a répété à plusieurs reprises qu’il ne voyait personne à la hauteur pour lui succéder. Hormis son fils, omnipotent ministre aux portefeuilles stratégiques cumulés, assurément trop lourds à porter pour ses jeunes épaules. Il semble qu’au fil des évènements, Wade ait tout de même compris qu’il ne pourra pas imposer cette dévolution monarchique du pouvoir aussi aisément qu’il l’aurait souhaité pour installer Karim Wade à la tête du Sénégal. Alors suivant sa logique très particulière et contre la Constitution du Sénégal qui limite le nombre de mandats à deux, il a décidé, à l’âge avancé de 85 ans au moins, de se représenter pour un 3e mandat de président de la République.
Pourtant dans une interview, il avait clairement déclaré qu’il ne pouvait pas se représenter une troisième fois puisque la Constitution limitait le nombre de mandats du président de la République à deux. Mais le «Maître», qui n’est pas à une contradiction près, a récemment expliqué que lorsque l’on se dédit, le seul en cause est celui qui a cru le propos. Stupéfiant ! Un peuple peut-il faire confiance à quelqu’un qui se donne le droit de dire une chose et son contraire ?
Démagogue à souhait, Wade a également déclaré un jour que des élections étaient superflues, tant les foules étaient nombreuses à venir le plébisciter lors de ses sorties médiatiques bien orchestrées. Aujourd’hui, il continue à prétendre que des millions de Séné¬galais sont derrière lui… mais c’est devenu un secret de polichinelle que ces foules sont peuplées de figurants transportés et rémunérés pour le rôle qu’ils doivent jouer dans ces mobilisations organisées avec des centaines de millions de francs Cfa qui pourraient être investis autrement dans un pays qui, loin d’être émergent, a des besoins énormes et pressants.
Probablement vaguement conscient du mé¬contentement de son peuple et pas si sûr de remporter un scrutin si facilement, il tente, le 23 juin 2011, de faire passer à l’Assemblée nationale une disposition légale faite sur mesure qui établit une élection présidentielle à un tour où le premier qui obtient 25% des suffrages remporte la mise. Les Sénégalais, restés relativement passifs jusque-là sont descendus dans la rue pour marcher sur l’Assemblée nationale afin de refuser ce premier coup de force pour se maintenir au pouvoir. Une fois n’est pas coutume, pris de court par la réaction de ses «sujets», le «Maître» fait marche arrière et le projet est retiré. C’est le point de départ d’une opposition qui dépasse les frontières de la politique, menée par de jeunes rappeurs rassemblés au sein du collectif qui traduit ce que la majorité des Sénégalais pensent : Y’en a marre !
Mais pour assurer la réussite du deuxième coup de force décisif, le «Maître» s’est offert, à coups de millions et de privilèges octroyés, un Conseil constitutionnel entièrement acquis à sa cause qui a déclaré, à un mois de l’échéance électorale, que la candidature du «Maître» étant légalement recevable. D’aucuns ont justement qualifié cet évènement majeur de coup d’Etat constitutionnel. C’est ce même Conseil qui devrait proclamer les résultats de la prochaine élection. Sinistre présage…
Wade n’a pas l’air de penser à son destin de mortel et il a bien peu de considération pour la mort des autres. Lors du deuxième anniversaire célébrant la tragédie du bateau Le Joola qui a coûté la vie a des centaines de Sénégalais, il était absent, trop occupé quelque part dans le monde à recevoir une distinction honorifique quelconque, bien plus pour ce qu’il représentait que pour ce qu’il a fait. Plus récemment, quand l’entêtement d’un seul homme, prisonnier de sa vanité, et la contestation de son coup d’Etat constitutionnel par la rue ont fait 5 morts, il a qualifié cela avec un cynisme bien à lui, de «brise légère qui souffle sur le Sénégal»…
Cet homme, qui n’hésite pas à prendre des libertés avec la vérité, n’a jamais eu peur de jouer avec le feu ; même s’il ne fut pas, autant qu’il aime à le proclamer, en première ligne lors des années de braise de la contestation. C’est lui qui, entre les deux tours de l’élection 2000 en a appelé à l’Armée -fait gravissime dans le contexte africain- si Abdou Diouf lui volait sa victoire. Plus récemment, faisant fi de toutes les instances continentales, il est parti en solitaire en Lybie pour demander à Kadhafi de quitter «sagement» le pouvoir…
Gageons que, malgré sa mémoire défaillante, il saura s’en souvenir…
Voilà comment le Sénégal a reculé pour entrer dans le 21e siècle… Et il y a, hélas, trois fois hélas, peu de chance que cette dixième élection présidentielle depuis l’Indépendance ne renverse le mouvement parce qu’il semble bien que les dés en soient pipés d’avance. Cet homme n’est pas du genre à se présenter à une élection pour la perdre. Très fier Docteur en Mathématiques appliquées à l’économie, le «Maître» entend faire parler les chiffres à sa façon. Un dispositif subtil de fraude massive est déjà en marche dans la distribution des cartes électorales pour garantir que le «Maître» ne soit pas contredit. Il n’a jamais supporté cela !
Boubacar DIALLO - Bruxelles
Sénégal : la situation se dégrade à une semaine de la présidentielle
R.F.I
A sept jours du premier tour de la présidentielle au Sénégal, la mobilisation d'une partie de la rue contre la candidature du président Wade ne faiblit pas. Des manifestants ont de nouveau dressé à Dakar des barricades, brûlé pneus et poubelles, et affronté la police anti-émeutes. Des heurts qui ont fait au moins une dizaine de blessés. Par ailleurs, un jeune est mort après avoir été blessé vendredi soir à Kaolack, au centre-ouest ; lors de la manifestation organisée pour protester contre ce qui a été perçu comme «la profanation» d'une mosquée de Dakar par la police.
A une semaine du scrutin, le climat reste plus ou moins tendu dans la capitale, où le Mouvement du 23-Juin continue d’appeler à manifester contre la candidature d’Abdoulaye Wade. Le M23 a franchi un pas dans ses actions, en déplaçant ses rassemblements au Plateau, au centre-ville de la capitale, où le préfet a interdit toute manifestation.
Le ton est monté d’un cran en fin de semaine, lorsque des policiers ont lancé une bombe lacrymogène dans une mosquée de la confrérie Tidiane, provoquant la colère des habitants de Tivaouane, ainsi que plusieurs soulèvements spontanés à Kaolack, où un manifestant a succombé à ses blessures.
Ce samedi, le ministre de l’Intérieur en personne s’est rendu à Tivaouane afin de calmer les esprits. Il a rencontré le khalife général de la confrérie Tidiane, qui a appelé au « calme et à la sérénité ».
Dans le même temps, on enregistre une série d’arrestations. Treize jeunes du mouvement « Y en a marre » sont en garde à vue, et sept autres devront comparaître mardi au tribunal, pour avoir participé à des manifestations non autorisées par le préfet de Dakar.
C'est dans ce contexte que plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont appelé les autorités sénégalaises à « cesser immédiatement la répression en cours». Parmi ces ONG, la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme, dénonce «des dizaines d'arrestations» depuis la fin du mois de janvier. Florent Geel, chargé de l'Afrique à la FIDH est inquiet.
Sénégal : la police disperse une manifestation interdite du M23 contre le président Wade
Une manifestation de l'opposition sénégalaise a été dispersée à Dakar le 17 février par la police. Une manifestation qui était interdite. La police a bouclé la place de l'Indépendance, près du palais présidentiel, et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires qui manifestaient depuis quatre jours consécutifs. Les opposants contestent toujours la candidature du président sortant Abdoulaye Wade pour l'élection du 26 février prochain. Parmi eux, le chanteur Youssou N'Dour et Cheikh Bamba Dièye, un candidat à la présidentielle qui a été brièvement interpellé.
La place de l'Indépendance a été complètement verrouillée dans l'après-midi du 17 février 2012 par les forces anti-émeutes. Aucun groupe n'a pu y accéder. Les leaders du M23 (le Mouvement du 23 juin) ont eux aussi été stoppés, comme Cheikh Bamba Dieye, l'un des candidats à la présidentielle, qui a été brièvement arrêté. C'est donc dans les rues environnantes, puis dans une partie du quartier du Plateau que la confrontation entre jeunes et policiers anti-émeutes s'est installée.
Le sol a très vite été jonché de pierres, tandis que la police tentait de repousser les manifestants à l'aide de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. « Il ne faut pas reculer » lançait un jeune à ses amis réfugiés dans l'entrée d'une maison près du marché Sandaga, « il faut leur barrer la route ».
En fin d’après-midi, des gaz lacrymogènes ont été envoyés dans la zaouiya -la mosquée- El Hadj Malick Sy du plateau. L’air y est devenu irrespirable. Les fidèles se sont alors installés sur la chaussée, à quelques mètres de manifestants restés près d'un brasier. La police a tiré d’autres bombes lacrymogènes, dispersant de manière indifférenciée manifestants et croyants. La nouvelle a provoqué une vive émotion au Sénégal et des manifestations ont éclaté à Tivaouane, l'une des villes saintes de la confrérie Tidjane. Certains croyants ont crié à la profanation.