Il est temps d’assainir et de soutenir l’ense
temps d’assainir et de soutenir l’enseignement privé laïc
Quand on parle généralement des perturbations du système éducatif sénégalais, on pense essentiellement aux mouvements de grève des enseignants ou des apprenants. On oublie alors les nombreux dysfonctionnements qui contribuent autant, sinon plus que les grèves, à dégrader les conditions de travail dans la plupart des établissements scolaires. L’objet de cette présente contribution est de parler d’un de ces graves dysfonctionnements. Il s’agit précisément du laisser-aller, du laisser-faire qu’on constate de plus en plus dans le secteur de l’enseignement privé. Ce secteur, du fait de la précarisation de l’enseignement public, connaît actuellement une grande expansion. De plus en plus de parents, même ceux dont les revenus sont modestes, envoient leurs enfants vers les établissements d’enseignement privé qui sont épargnés par les grèves et qui, dans l’ensemble, affichent aux examens des résultats bien meilleurs que dans le public. Mais il faut bien distinguer dans ce secteur, deux sous-secteurs : celui de l’enseignement religieux (essentiellement catholique) et celui de l’enseignement laïc. Si le premier est mieux organisé et dispose de plus de moyens, ce n’est pas le cas hélas, du second qui se distingue en général par ses conditions de fonctionnement difficiles. D’ailleurs, beaucoup d’établissements de ce sous-secteur naissent et meurent peu de temps après. A la tête de la plupart de ces établissements, on trouve des enseignants retraités, toujours attachés à leur métier et qui ont choisi d’y investir à la fois leurs maigres revenus et leur expérience.De quelle nature sont ces difficultés ? A quoi sont-elles dues ? La concurrence déloyale d’établissements clandestins
Parmi ces établissements, il faut distinguer ceux qui sont d’apparition récente et qui pratiquement foisonnent. Ils ont à leur tête des déclarants responsables bien à la retraite, mais derrière lequel se trouvent en fait des enseignants qui sont toujours en activité. Ceci est interdit par les textes de telle sorte que ces établissements privés, malgré les apparences, ne remplissent pas les conditions exigées par la réglementation pour exister. Ils fonctionnement dans une parfaite clandestinité. Au vu de tous, mais hélas peu savent ce qu’en dit la loi. Des parents et même des enseignants de bonne foi se posent des questions sur cette ‘bizarrerie’ qui ne peut manquer d’étonner tout observateur vigilant et soucieux du bon fonctionnement de nos institutions scolaires. En effet, la défense de l’intérêt étant naturelle et donc inévitable, ces enseignants hommes d’affaires ne peuvent manquer d’être dans une posture ambiguë et ne peuvent accéder à la neutralité nécessaire lors de certains moments de leurs activités au sein de leur établissement public. Par exemple, lors des conseils de fin d’année. Il y a eu ainsi des cas bizarres de renvoi massif d’élèves du public et suivi de propagande d’élèves ou de parents par des enseignants à s’inscrire dans tel ou tel établissement privé. Cela, reconnaissons-le, est illégal, injuste et déloyal ! D’ailleurs, si certains sont prudents et discrets, d’autres affichent un activisme qui ne peut manquer de donner des soupçons. Sans compter que dans certaines localités, il y a eu des cas de conflits entre le déclarant responsable et les autres membres ‘invisibles’ du Gie. Certains de ces conflits se sont même terminés par des procès ! Sous peu de temps, on risque d’en voir d’autres…
Il y a aussi d’autres types d’établissements d’enseignement privé qui ne disent pas leur nom et qui également se livrent à une concurrence déloyale vis-à-vis des structures légales. Ce sont les écoles dénommées généralement ‘Acapes’ ou ‘Cours sociaux’. Eux aussi sont en train de proliférer dangereusement. A leur tête, on trouve parfois des enseignants en activité dans des collèges ou des lycées. Beaucoup d’entre eux, malgré la dénomination, ne sont pas affiliés à l’Acapes mère basée à Dakar. Et pourtant, les élèves qui les fréquentent versent une ‘participation’ mensuelle pouvant s’élever jusqu’à 30 000 F par an. Une forte somme à la gestion très souvent nébuleuse et source de conflits entre les ‘responsables’. Dans ces établissements, les conditions d’enseignement sont loin d’être bonnes, et pour cause! Les apprenants ne sont pas du tout administrés. Ils sont laissés à eux-mêmes. Les enseignants qui y dispensent des cours, très souvent par solidarité, n’étant pas financièrement assez motivés, ne sont pas assidus. Plus grave, l’établissement ne dispose même de cachet ! Et aux examens, ils sont tout simplement présentés comme candidats individuels. Et pourtant, des parents y envoient leurs enfants, car c’est moins cher et, très souvent, ils sont mal informés.
La gestion des enfants dans une structure scolaire comporte des risques et donc des responsabilités énormes. C’est les méconnaître ou les prendre à la légère que de s’aventurer à mettre en place une école privée dans de telles conditions d’illégalité, de précarité et surtout d’insécurité ! Quels que soient par ailleurs les enjeux financiers. Des parents suffisamment avertis, même sans assez de moyens, n’envoient pas leurs enfants dans de telles structures Mais dans ce Sénégal de nos jours, la crise économique et surtout la déliquescence de l’Etat ont bon dos ! Ceux qui parlent d’intérêt général ou de justice sont regardés comme des extraterrestres. Mais quand on a une conscience aiguë des enjeux de l’éducation et qu’on est véritablement engagés pour sa défense, on reste sourds aux observations de détracteurs intéressés. (A suivre)
Babacar BARRY Ancien Principal de Cem Déclarant Responsable et Directeur des Cours Privés ‘Cheikh Amadou Barry’ à Meckhé 76 690 44 30 ou 77 274 10 62 babacar_barry@yahoo.fr