WADIENNE
STATUE DE LA REMINISCENCE WADIENNE : 35%, c’est trop peu !
par SUDONLINE.SN , dimanche 23 août 2009
Ils sont vraiment radins, les Sénégalais. Avec tout ce qu’Abdoulaye Wade représente dans le monde démocratique, ils ne daignent pas lui accorder plus de 35% des recettes émanant de la Statue de la Renaissance, ce symbole de la trinité Sénégalaise, un pays où l’on jure au nom du Père, du Fils et de la Sainte Vert, malgré les 95% de musulmans qui composent son univers.
Papi, on est enfin rentrés dans l’histoire
L’histoire du Sénégal a commencé en 2000, sans aucun doute, avec l’avènement d’Abdoulaye Wade au pouvoir. Elle s’arrêtera probablement avec la fin de ce dernier (longue vie à lui). Voilà pourquoi son règne a besoin d’être perpétué, pour que sa miséricorde et sa bénédiction demeurent dans nos cœurs et dans nos esprits, et ceci, pendant 1200 ans, ou plus. Les Sénégalais qui ont fait preuve de générosité, avec un sens aigu des priorités, ont gracieusement mis à la disposition du père de Rimka, la somme minable de 12 milliards de Francs, uniquement pour faire renaître l’Afrique à partir…d’une statue.
Loin d’être un fantasme, ce monument que l’intelligence wadienne a conçu, est une véritable « demande sociale », une œuvre d’art qu’il faudra protéger des pirates intellectuels et auteurs éventuels de plagiat. Son objectif premier est de permettre à l’Afrique, déjà morte et incinérée, de « renaître » de ses cendres, ou « des entrailles de la terre », pour reprendre les termes de son concepteur hors pair. Un « farceur » s’est permis, avant même que la construction ne soit achevée, de copier et de « dénaturer » l’œuvre illustre de notre Président, dont les brillantes idées ne pouvaient offrir aux Sénégalais mieux qu’une statue pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Espérons que Samuel Sarr et les comédiens de la Sénélec trouveront le moyen d’approvisionner suffisamment cette œuvre d’art, en énergie, pour que les pèlerins qui quitteront les quatre coins du monde pour aller se recueillir devant la Tour Eiffel à la sénégalaise, ne soient pas obligés de s’y rendre avec des bougies dans la main.
Touche pas à ma statue !
Très symbolique, cette « huitième Merveille du monde » met en exergue les trois éléments représentatifs de l’oligarchie et de la Trinité sénégalaise, ce dont le ministre de la communication refuse d’entendre parler. Sans le vouloir, ce dernier a fait de la publicité et contribué à la promotion et à la diffusion d’images qui « tournent en dérision » le symbolisme que revêt notre bien aimé papi président que le monde entier nous envie autant. Le ministre devrait tout de même être poursuivi pour participation à la « diffusion d’images caricaturales » de nature à porter atteinte à l’image du père ou grand père de la nation.
De tous les présidents au monde, le nôtre demeure le seul, l’unique à avoir des idées aussi brillantissimes. En tout cas, bravo ! Wade est un don du ciel. Si Dieu ne l’avait pas créé, nous l’aurions inventé sans hésiter. Lorsqu’on a le président le plus instruit, le plus diplômé, le plus intelligent et sans doute…le plus beau au monde, on est plus que choyés, il faut en remercier le ciel. Voilà pourquoi ses concitoyens lui proposent mieux. A la place des 35%, il faudrait faire signer une pétition pour que Wade et sa famille bénéficient de 65% des recettes, voire même de l’intégralité des retombées.
C’est la seule façon de le rétribuer, de lui rendre hommage pour les 10 glorieuses années qu’il a régnées sur le Sénégal, et au cours desquelles il a sorti le pays des ténèbres socialistes vers les lumières « éblouissantes » de l’alternance. Et prions, entre temps, que le volcan qui somnole sous le « monument » érigé sur l’une des collines des Mamelles, ne se réveille point. Prions aussi, qu’après le départ de Wade, que cette œuvre colossale ne soit pas démolie, comme ce fut le cas en Irak où une statue qui a longuement veillé sur les sujets du Roi, a été traînée de bout en bout, en direct, devant les caméras du monde entier, symbolisant la décadence d’un régime. Malgré les cheveux blancs, certains s’obstinent et refusent de voir les signes de leur fin. Lorsqu’on approche son centième anniversaire, et qu’on est incapable de voir les signes imminentes de sa fin, ce n’est pas parce qu’on est immortel, c’est parce qu’on n’a pas de cheveux.
* Momar Mbaye
* mbayemomar@yahoo.fr
* http://mbayemomar.over-blog.net
Note : (1) Réminiscence : mot appartenant au langage de la philosophie et des arts libéraux. Employé dans la langue commune, il désigne le plus faible, le plus imparfait des souvenirs, celui qu’on ne reconnaît pas, même pour idée qu’on a déjà eue.