Les leaders d’opinion face à leur histoire
Millicom & Etat du Sénégal : La stratégie de la fausse sortie et du faux faible par la multinationale américaine
Se rendant à l’évidence de renégocier leur concession acquise en 1998 au prix de 50 millions de francs Cfa et face à la détermination des autorités sénégalaises, représentées par le conseiller financier et le conseiller chargé des Tics du président de la République, assisté par la banque Rothschild et le cabinet Clifford Chance, la multinationale Millicom a décidé de faire recours à une pratique très courante dans les négociations de contrats internationaux, ‘la stratégie de la fausse sortie et du faux faible’. Comme il est connu et démontré que les Africains noirs négocient généralement en groupe avec un ‘décision maker’ à identifier, les nord Américains, selon Michel Delahaye dans son livre : ‘La négociation d’affaires : règles, pratiques et application, 2ème édition Dunod’, sont en général très surs d’eux et apparemment très décontractés, les relations sont faussement amicales. Ils se singularisent par la volonté de conclure très rapidement une affaire. Outre la fausse sortie, devant un mur, ils adoptent le profil du ‘faux faible’.
Si on remarque bien, dans l’article de Lawrence Delevingne publié sur le site businessinsider, outre le titre pompeux et provocateur, nulle part, il n’a mentionné que la délégation sénégalaise demandait l’argent pour des pots de vin ou des commissions. Mais l’intention d’affaiblir les plénipotentiaires sénégalais que sont M. Karim Wade et M. Thierno Ousmane Sy est manifeste. Le journaliste américain Delevingne a omis volontairement les titres de conseillers financiers et des Tics du président pour n’utiliser que ‘fils du président’ et ‘fils de l’ancien ministre de l’Intérieur’. Comme on dit en communication, l’angle de traitement de l’information varie selon la position et les sentiments de celui qui informe. C'est-à-dire, à partir du ton, des mots utilisés, on peut déceler l’intention. Delevingne dit avoir exploité un document du Congrès américain, suite à la plainte déposée par Milicom au Crdi (pas pour extorsion illégale de fonds, mais pour résiliation abusive de concession), mais si on exploite la correspondance de Millicom (Tigo) en date du 13 juillet 2009 adressée au président de la République, par laquelle, elle accepte de porter son offre de 60 à 100 millions de dollars, on remarque l’acceptation tacite de la renégociation du contrat. Ce qui est déjà un grand acquis pour la partie sénégalaise : de 50 millions de francs Cfa, le prix de la licence Tigo passerait à 55 milliards de francs Cfa. Le fait de mentionner cette proposition sur une correspondance officielle avec entête Tigo, pieds de page Millicom International Cellular Sa, montre la destination de cette somme (si c’était des commissions ou des pots de vin, cette forme n’allait pas être utilisée). Ainsi l’existence d’une clause hardship, autorisant ou pas la renégociation du contrat initial de 1998, n’est plus importante. Dans la pratique internationale, comme il est de coutume de provisionner des conflits et des procès, les ruptures éventuelles de contrat font l’objet de simulation financière. La comparaison, entre le prix de cession d’alors de la licence (50 millions de francs Cfa) et les cash flows que génère Tigo (après réduction drastique des investissements) contraint la multinationale américaine à la renégociation. Devant l’échec des différentes tentatives de fausses sorties et face à la détermination du Sénégal d’appliquer le même prix que celui de Sudatel, à savoir 200 millions de dollars, Millicom essaie d’adopter une autre stratégie très courante dans les négociations de contrat, à savoir ‘remuer l’eau pour faire peur aux poissons afin de réaliser une bonne pèche’.
Espérant pouvoir profiter des rapports Presse/Pouvoir, souvent marqué par l’incompréhension, le géant américain opte pour le discrédit et l’intimidation. Discréditer les plénipotentiaires sénégalais (MM. Karim Wade et Thierno Ousmane Sy) par le biais d’une certaine presse aiderait à les faire reculer et accepter la proposition basée sur un autre principe qui consiste à ‘donner une brique pour prendre une pierre de jade’, c'est-à-dire acheter des insertions publicitaires (logique commerciale oblige) sur presque tous les médias, espérant un jour le retour de l’ascenseur. S’agissant de la volonté de conditionner implicitement le Mca à l’acceptation de la proposition de Millicom, émise par le Sénateur républicain Ed Royce, il est important de rappeler que ce dernier est un habitué de l’intimidation. En effet, le 29 septembre 2009, le même Sénateur Edward Royce, se basant sur des bribes de la presse, intimait l’ordre au président vietnamien Nguyen Minh Triet de libérer des détenus, avant de se présenter à l’Assemblée générale des Nations Unies. La différence est qu’au Vietnam, il avait écrit directement au président alors qu’avec le Sénégal, il s’est adressé à la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Heureusement que les Etats-Unis disposent de sources efficaces et performantes pour apprécier l’opportunité de programmes comme le Mca. Toutes ces stratégies mises en branle par Millicom (fausse sortie, faux faible en se victimisant, etc.) risquent de jouer en leur défaveur si on se fie aux conseils du grand professeur Michel Delahaye : ‘Une règle doit être appliquée avec les Africains : ne jamais faire preuve de duplicité et ne pas employer l’intimidation ou le chantage qui se soldent irrémédiablement par un blocage’. Les Sénégalais, malgré les divergences internes, savent lire entre les lignes pour ne pas porter un combat qui n’est pas le leur et qui est contre les intérêts nationaux. Combien de multinationales, au nom de la création d’emplois, de la promotion des investissements, de l’amélioration de l’image de marque de nos sociétés, de la reprise d’activité, de la modernisation d’un secteur ou encore d’augmentation de la capacité de telle ou telle offre, sont venues faire semblant d’investir, piller nos maigres ressources, créer des conditions de rupture, toucher des dommages et intérêts et laisser en rade des milliers de pères de famille. Comme on dit en droit des contrats, le meilleur contrat est un contrat équilibré où les intérêts des parties signataires sont pris en compte, et qui est basé sur le win/win, surtout dans un monde où la connaissance est la chose la mieux partagée. ‘Un dragon ne se peint pas sur un coup de peinture’, l’Afrique a eu le temps d’être exploitée, de regarder faire, de comprendre pour bien préparer l’action.
Alioune Moussa FALL E-mail : dieugfal@gmail.com
LE WOLOF EST EN PERIL !
J’accuse la presse parlée
Dans la presse parlée comme à l’occasion des discours et autres communications en langue nationale wolof, les fautes de langage foisonnent ! Cela donne le vertige ! Cela écœure tous les pratiquants et défenseurs de la langue de Kocc Barma Faal. J’espère que mes amis al poularen, Diolas, Sarakholés et Mandingues ne subissent pas les mêmes épreuves que moi en entendant certaines personnes parler leurs langues respectives. Quand l’Etat du Sénégal à mis en œuvre une politique de promotion des langues nationales depuis plusieurs décennies déjà, j’avais applaudi en me disant « enfin nos langues nationales ne vont pas mourir ». Mais voilà que depuis quelques temps, je suis pris de rage et de désespoir face à la désinvolture avec laquelle le wolof est parlé ou écrit dans la quasi totalité des milieux de la communication, en particulier dans les radios et les télévisions de la place.
Je peux d’ores et déjà dire sans ambages que j’accuse les patrons de la presse parlée de ne rien faire pour arrêter le massacre et de laisser faire ceux qui torturent le wolof à travers les ondes des radios et télévisions du pays.
J’accuse les patrons de la presse parlée dans la mesure où je sais que dans toutes les rédactions de journaux en français, il y a toujours un correcteur chargé de veiller au bon usage du Français. Mais pourquoi bon sang ! dans la même logique, les radios et télévisions n’embauchent presque jamais un homme ou une femme pour corriger le wolof truffé de fautes, de contre sens et d’inexactitudes de certains présentateurs de ces organes de presse ?
Exaspéré par ce wolof urbain, médiocre, créolisé, je devrais dire « toubabisé », il m’est arrivé à plusieurs reprises et en toute amitié de téléphoner, d’envoyer un SMS ou un mail à un (e) journaliste pour le/la corriger et lui suggérer le terme approprié. À ma grande désolation, le journaliste en question fait souvent fi de mes remarques et continue allègrement dans son erreur. Et pourtant, s’il s’agissait de la langue de Molière, ces mêmes journalistes ne se seraient pas permis autant de libéralité et de légèreté.
À titre d’exemple, il m’est arrivé d’envoyer un SMS à une présentatrice d’une radio de la place pour lui faire savoir qu’elle commettait trop de fautes sur les articles wolof. En effet, elle répétait de manière intempestive « mbir gui » ou « mbir googou » au lieu de « mbir mi » ou « mbir moomou ». La présentatrice en question m’a répondu sans gêne : « Dieu sait que je fais des efforts mais je n’y parviens pas ! » Depuis lors, j’ai arrêté de lui faire des suggestions. Un autre journaliste ne semblait pas connaître la traduction de « pirate » qui n’est rien d’autre que « addu kalpé ». Les exemples sont inépuisables ! J’ai entendu l’un d’entre eux dire à l’antenne : « saxaar si » (la fumée) alors qu’il voulait dire « saxaar gui » (le train).
Dans la langue wolof, l’usage inapproprié d’un article, peut changer totalement le sens d’un mot ou la nature de l’objet visé. En effet, quand on dit « xar bi » cela signifie un récipient en bois, pour le wolof de Toro Bèye ou de Thilmakha. Si l’on veut parler du mouton, il faudrait alors dire : « xar mi ». Seuls les articles ont changé.
L’usage d’un terme ou d’un article inapproprié se traduit souvent par une faute grave. C’est ce qui se produit avec le terme souvent usité, mais impropre comme : « gnou ngui lène di jaajëfël » pour traduire l’expression « nous vous remercions » que le wolof authentique exprime par le terme « gnou ngui lène di gërëm di lène santt » ou bien « am nguène jaajëf » ou « thiantt ak ngërëm gneel na lène » ou « am nguène jaaraama ». L’expression « gnou ngui lène di jaajeufeul » qui semble vouloir dire littéralement « nous disons jaajëf pour vous » et non « nous vous disons « jaajëf » est reprise par la plupart des présentateurs en wolof, or il ne correspond pas à l’expression usitée en wolof traditionnel. Il peut être rapproché aux termes « gnou ngui lène di défal », « gnou ngui lène di démal », « gnou ngui lène di ligeeyal » » En réalité, « Jaajëf » est une expression d’encouragement à un acte ou un travail qu’on lance à un ouvrier ou un paysan à la tâche : « Jaajëf waay !!! » a-t-on coutume de dire dans le Cayor et le Ndiambour et la réplique est « jaajëf sa walle ». Cela ne veut pas dire forcément « Jërëjëf » un mot qui veut dire tout simplement « merci ».
Un autre exemple est celui qui consiste à dire à l’antenne : « gnou ngui lène di jox dox dajé » au lieu de « gnou ngui lène di dig jokko » pour dire « nous vous donnons rendez-vous à l’antenne ». Dans cette expression il n’est pas question de rencontre physique « dajé » mais d’une relation par la parole à travers les ondes radiophoniques ou par téléphone entre l’animateur ou le journaliste et ses auditeurs. Donc, il s’agit bien de « jokko » ou communication à distance par la radio ou le téléphone et non de « dajé » (rencontre physique entre deux ou plusieurs personnes). Ainsi, le terme approprié est « Gnou ngui lène di dig jokko ».
Un autre terme impropre est utilisé pour traduire le mot « sport ». Il s’agit de l’expression « taggatt yaram ». En vérité, taggatt veut dire en wolof entrainer une personne, pratiquer la culture physique ou dresser un animal dans le but d’accomplir des performances hors du commun. Le mot sport devrait donc logiquement se traduire en wolof par « jonganté ci kattan ak mën mënu nitt ». C’est long mais c’est cela.
J’accuse les patrons de la presse parlée car même si je considère que l’aide à la presse devrait être augmentée, j’estime qu’une bonne part des fonds qui leur sont alloués, devrait essentiellement servir à améliorer le niveau et les performances des journalistes et autres animateurs de l’audio visuel. Cela est d’autant plus nécessaire que quand un journaliste commet une faute, par la puissance de l’onde radiophonique, il fait la publicité et la promotion de cette faute et tout le monde à tendance à dire pareil. Quand un journaliste fait une faute et persiste dans l’erreur, l’auditeur ou le lecteur non averti a tendance à l’imiter et cela peut entacher la pureté d’une langue et contribuer à sa déliquescence.
A l’instar des membres du Corps de la Paix américain qui fournissent l’effort nécessaire et arrivent en quelques mois à parler correctement le wolof, le poular, le diola et autres, les sénégalais de l’audio visuel qui ont choisi le wolof ou les autres langues comme outil de travail, devraient s’inspirer de cet exemple afin de maitriser cet outil là.
Pour terminer, je voudrais féliciter particulièrement, les présentateurs wolof comme Ndiaya Diop, Sophie Ahodécon, Elhadj Assane Guèye, Diègo Mbaye, Reine Marie Faye, Oustaz Alioune Sall, Ibrahima Ndiaye Mame Yaxi Laalo, Khadim Samb, Abdoulaye Lam et Pape Dioukhané qui à mon avis et avec l’aide d’experts de la langue de Kocc tels que Cheik Aliou Ndaw, le Professeur Sakhir Thiam, Marouba Faal, Aram Faal et Younouss Dieng, pourraient parfaitement aider les jeunes journalistes qui présentent des émissions en wolof, à se bonifier, à condition, bien entendu, que les autorités chargées de la promotion des langues nationales y mettent les moyens et que les patrons de la presse et leurs jeunes employés aient l’humilité de tenir compte des critiques qu’on leur fait et fassent le minimum d’effort tout en interrogeant sans relâche ceux qui parlent le vrai wolof.
P.S. Pour aider à la lecture, certains mots Wolof n’ont pas respecté l’orthographe conventionnelle.
• Moumar GUEYE
• Ecrivain
• E-mail : moumar@orange.sn
Les leaders d’opinion face à leur histoire
Les échéances électorales de 2012 arrivent à grands pas dans un contexte marqué par une crise aigue qui astreint les ménages sénégalais à vivre le martyre, du fait d’un déséquilibre dans la redistribution des richesses. Le peuple, dans sa trop grande majorité a faim, a soif et vit une pénombre exacerbée par d’incessants délestages, n’épargnant aucun secteur de la vie socioéconomique ! Les secteurs de la santé et de l’éducation sont en lambeau ! Le milieu rural vit ses pires moments ! Le bilan est très loin d’être exhaustif.
Bien loin d’une tentative pour trouver des solutions à ces difficultés qui assaillent des citoyens, par moments stoïques, nos hommes politiques n’ont de cesse de se crêper le chignon dans des querelles de chiffonniers !
A quoi assistons-nous en réalité ?
Deux camps se font face par le biais d’une théâtralisation exubérante et répugnante, dont le but ultime n’est rien d’autre que l’affirmation de leur ego au détriment de ceux pour qui ils sont censés agir !
La mouvance présidentielle, par un tour de passe-passe, a sorti de son chapeau un tout nouveau parti (Pdsl) qu’elle tente, tant bien que mal, de mettre en place. Leur chef, n’a pour unique objectif, que de trouver le subterfuge à même de lui permettre de dérouler le tapis rouge à son fils prodigue, celui-là même qui affirme être «en route vers le sommet».
Cela passera nécessairement, comme cela se dessine d’ailleurs, par d’incessants tripatouillages de la Loi fondamentale dans le souci exclusif d’élargir sa capacité de manœuvre au profit d’une infime minorité.
La mouvance présidentielle n’est mue que par cette volonté de conserver le pouvoir !
L’opposition, également, ne semble mue que par cette volonté de conquête du pouvoir. On nous sérine, à souhait, cette volonté d’unité vers une hypothétique candidature unique de l’opposition ! Toutes les interventions des leaders de l’opposition sont, certes, en réaction à des problèmes vécus par les populations mais s’apparentent néanmoins à de la politique politicienne dont le but est juste de se donner de la visibilité !
Nous notons, sur le plan des principes, que toutes leurs agitations s’articulent autour du processus électoral ou de critiques ponctuelles et politiciennes.
Les Assises nationales pouvaient, pourtant, être le point de départ d’une nouvelle démarche républicaine. Nous ne voyons, malheureusement pas, en quoi les résultats de ces Assises ont pu leur être bénéfiques. Dans leur posture d’opposants, ces Assises devraient leur permettre de prendre des raccourcis à même de nous donner des gages quant à leur réelle volonté de changer le vécu des populations.
Nous constatons, malheureusement, que jusqu’à présent personne ne nous dit comment ils comptent mettre en œuvre les conclusions des Assises.
Il est, pourtant, temps d’opérer des ruptures dans le discours politique qui devrait être centré sur la résolution effective des problèmes des Sénégalais ! La politique ne doit plus et ne peut plus être un moyen de promotion sociale !
Il me revient encore cette merveilleuse phrase du Président Obama prononcée dans son discours du Caire : «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes.»
Nos hommes politiques, plus particulièrement ceux de l’opposition, devraient s’atteler à la rédaction d’une nouvelle Constitution consensuelle et qui prenne exclusivement en compte les intérêts des populations. Il s’agit, en fait de redorer le blason de toutes les institutions, si tant est qu’ils ne sont en réalité mus que par la volonté de résoudre les problèmes des populations !
Ceci pour dire qu’il ne devrait point s’agir d’une distribution des rôles dans l’optique d’un partage du gâteau pour satisfaire les composantes d’une coalition.
Il est temps d’opérer des ruptures dans la gestion de la cité !
L’espoir ne peut être permis que si nous percevons cela dans le discours politique.
Notre préoccupation n’est pas de savoir qui gérera les affaires de la cité, mais comment seront gérées les affaires de la cité !
Notre souci n’est pas de savoir si Wade, Karim, Tanor, Niasse, Idrissa ou je ne sais qui d’autres sera aux commandes !
Notre souhait est de savoir, qu’effectivement, le pays sera géré de manière républicaine, dans le respect des droits de chacun !
Notre espoir réside dans le fait de savoir que chaque institution aura la latitude de jouer pleinement son rôle en toute indépendance.
Notre amertume sera amoindrie par l’éventualité de voir, qu’enfin, cette séparation des pouvoirs va devenir effective au Sénégal !
Notre désir, le plus ardent, est de voir naître au Sénégal un consensus articulé autour d’une gestion transparente, efficiente, républicaine, uniquement centré sur la résolution des problèmes auxquels sont confrontées les populations !
Le temps devrait être révolu où les leaders entretiendraient encore le culte de la personnalité !
Il y va de la survie d’une Nation et d’un legs aux générations futures !!!
Il appartient, donc, aux hommes politiques de tous bords, aux chefs religieux, aux intellectuels et à tous ceux qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice, de s’engager pour que le tir soit rectifié et que la République du Sénégal devienne ce qu’elle aurait dû toujours être : un Etat respectable et respectueux du citoyen.
«Demos-cratos» et «res-publica» ne peuvent être de vains mots dans un Etat qui se respecte.
Amou DIAKHATE
Pays à la dérive
Chaque jour un pas de plus dans les ténèbres
Voilà le chaos qui s’en vient au galop
Des illuminés tristement célèbres
Prétendent sauver le bateau qui prend l’eau
Mais ce n’est pas avec des incantations
Que l’on peut guérir les maux et les plaies
Du pays aux mains d’hommes sans vision
Qui l’ont détruit pillé défiguré
Comme le radeau de la Méduse
Sénégal sunugal va à la dérive
Malgré les cris d’alerte qui fusent
Pour le faire voguer vers la bonne rive
Le spectacle est proprement hallucinant :
Acculés au désespoir, les pauvres gens
Bravent la mort pour que soient reconnus
Leurs droits par ceux qu’ils ont élus
Des lois plus que scélérates sont votées
Pour absoudre les crimes de sang
Par un Parlement croupion d’invertébrés
Ignorant ce que leur commande, leur rang
Les hôpitaux sont devenus des mouroirs
Où les malades agonisent et trépassent
Sans rien comprendre à ce qui se passe
Pendant que leurs parents crient leur désespoir
Au lieu de leur assurer la sécurité
Les gendarmes tirent sur les citoyens
Qui ne savent plus à quel saint se vouer
Parce que menacés dans leur vie et leurs biens
L’Ecole et l’Université sont en lambeaux
Les maîtres et professeurs rongent leur frein
Car les potaches leur ont tourné le dos
Pour s’élancer sur de périlleux chemins
Drapés dans leur longue robe noire
Les serviteurs de Thémis, l’air sévère
Se demandent pourquoi ils légifèrent
Si les lois doivent changer du matin au soir
Pendant ce temps les tenants du pouvoir
S’arrogent d’exorbitants privilèges
Qui ont un fort relent de sacrilège
En vérité la situation est grave
Et de jour en jour le marasme s’aggrave
Mais nos loups affamés n’en ont cure
Eux qui ne pensent qu’à leurs sinécures
Déchirant la chair du peuple à belles dents
Les voilà qui festoient sans retenue
Pareils à des vampires suçant un corps nu
Sourds aux mugissements du feu ardent
Il viendra pourtant le jour du châtiment
Et chacun recevra la rétribution
Sans le secours d’aucune intercession
Des actes commis par lui de son vivant
Abou DIARRA - Le poète du peuple / aboudiarra99@yahoo.fr